Modification de Dimitri Mitropoulos

{{Infobox Musique classique (personnalité)
| charte              = classique
| nom                 = Dimitri Mitropoulos
| nom autre           =
| image               = Dimitri Mitropoulos.jpg
| légende             = Dimitri Mitropoulos (dessin).
| surnom              =
| nom de naissance    = Δημήτρης Μητρόπουλος
| date de naissance   = 1 mars 1896
| lieu de naissance   = [[Athènes]], {{Royaume de Grèce}}
| date de décès       = 2 novembre 1960
| lieu de décès       = [[Milan]], {{Italie}}
| activité principale = [[Chef d'orchestre]]
| tessiture           =
| style               = [[Musique classique|Classique]], [[Musique romantique|romantique]]<br />[[Musique contemporaine|contemporain]]
| genre               =
| activités autres    = [[compositeur]], [[pianiste]]
| lieux d'activité    = [[1926 en musique classique|1926]]–[[1937 en musique classique|1937]] : [[Athènes]]{{-}}[[1937 en musique classique|1937]]–[[1949 en musique classique|1949]] : [[Minneapolis]]{{-}}[[1949 en musique classique|1949]]–[[1960 en musique classique|1960]] : [[New York]]
| années actives      = 1926–1960
| collaborations      = [[Orchestre symphonique du Minnesota|Symphonique de Minneapolis]], [[Orchestre philharmonique de New York|Philharmonique de New York]], [[Metropolitan Opera]]{{-}}[[Joseph Szigeti]]{{-}}[[Robert Casadesus]]{{-}}[[David Oïstrakh]]
| éditeurs            = [[Columbia Records|Columbia]], [[Philips Records|Philips]]
| formation           = [[Conservatoire d'Athènes]]
| maîtres             = [[Armand Marsick]], [[Ferruccio Busoni]]
| enseignement        =
| élèves              = [[Leonard Bernstein]]
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* [[Concerto|Musique concertante]]
* [[Musique contemporaine]]
* [[Opéra (musique)|Opéra]]
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'''Dimitri''' (Dmitri ou Dimitris) '''Mitropoulos''' (en {{Langue avec nom|el|Δημήτρης Μητρόπουλος}}) né le {{date|1|mars|1896|en musique classique}} à [[Athènes]] et mort le {{date|2|novembre|1960|en musique classique}} à [[Milan]], est un [[chef d'orchestre]], [[pianiste]] et [[compositeur]] [[Grèce|grec]], naturalisé [[États-Unis|américain]] en 1946.

Dimitri Mitropoulos est l'un des grands musiciens charismatiques que la Grèce ait donné et, avec [[Maria Callas]], le musicien classique le plus important issu de ce pays au {{s-|XX|e}}.

Ayant commencé sa carrière par un tour de force qui plut au public en jouant le [[Concerto pour piano nº 3 de Prokofiev|troisième concerto]] de [[Sergueï Prokofiev|Prokofiev]], en tant que pianiste et dirigeant l'orchestre en même temps, sa personnalité et ses dons ont produit sur les orchestres – et l'auditeur – d'exceptionnels résultats artistiques. Pourvu d'une phénoménale mémoire qui lui permettait de diriger sans [[partition (musique)|partition]], il aborde le répertoire dans une esthétique engagée et incisive, arrachant aux musiciens qu'il dirige tout leur potentiel.

De ses trente-cinq ans de carrière, effectuée pour les deux tiers aux [[États-Unis]], et grâce à l'enregistrement, il reste de lui quelques interprétations majeures, immortalisant des collaborations avec des solistes, des œuvres symphoniques et des témoignages lyriques qui font date pour le discophile.

== Biographie ==
Dimitri Mitropoulos naît à [[Athènes]] dans une famille de la classe moyenne non musicienne et très religieuse. Son père, Yannis, est pope et tient une boutique de maroquinerie dans le centre-ville. Sa mère, Angeliki, est ambitieuse pour son fils et facilite une bonne éducation en langues et en musique. Très précoce dans ce domaine, Dimitri sculpte une petite flûte à cinq ans et se met au piano, dès l'âge de sept ans, avec le pianiste italien Achilleas Delbuono.

L'enfant voulait d'abord entrer dans les ordres – quelques-uns de ses aïeux y étaient et son oncle était évêque. Mais il abandonne ce plan lorsqu'il apprend qu'il ne pourra pas emmener au monastère son bien le plus précieux, un petit [[harmonium]], les instruments de musique étant proscrits des rites orthodoxes grecs<ref name="secrest">[[Meryle Secrest]], ''Leonard Bernstein, a life'', Bloomsbury, 1995 {{p.|49-51}}.</ref>.

Avant d'étudier au conservatoire, Mitropoulos composait déjà. La première œuvre connue date de ses douze ans : une sonate pour violon et piano – hélas perdue. De onze à quatorze ans, il profite d'après-midi musicaux stimulants chez lui, chaque samedi.

À seize ans, lors d'un voyage à [[Rome]] pendant l'été [[1912]], il découvre son idéal de vie mis en pratique : [[François d'Assise|Saint-François d'Assise]]. Les austères règles de vie [[Ordre des frères mineurs|franciscaines]] deviendront pour lui naturelles, parce qu'issues d'une dimension spirituelle. Comme François s'est donné au Christ, Dimitri se donne entièrement à la musique, à l'essence de chaque partition nouvelle, avec autant de foi que le Saint prêchant aux oiseaux<ref name="trotterM">William R. Trotter (1995), ''The Forgotten Giant'', in livret du coffret Mahler, chez Music & Arts CD 1021.</ref>.

=== Formation ===
==== Athènes, 1910–1919 ====
Mitropoulos entre au [[Conservatoire d'Athènes]] en [[1910 en musique classique|1910]]. Il étudie l'[[Harmonie tonale|harmonie]] et le [[Contrepoint rigoureux|contrepoint]] avec le belge [[Armand Marsick]] (1877–1959), compositeur, violoniste et chef d'orchestre dès 1912. Marsick, lui-même élève de [[Vincent d'Indy|d'Indy]], a participé de manière décisive au goût du jeune compositeur en le familiarisant avec la culture musicale française<ref name="belonis">Yannis Belonis, ''Dimitri Mitropoulos, Lonesome passage to modern music'', Muzikologija 2008, {{p.|45-53}}.</ref>, [[César Franck]], [[Claude Debussy|Debussy]] et les compositeurs de [[Schola Cantorum de Paris|Schola Cantorum]] notamment. Il reçoit l'enseignement de Ludwig Wassenhoven pour le piano (1913–1919) et pratique aussi la [[Instrument de percussion|percussion]].

Le jeune Dimitri se produit sur scène pour la première fois au piano en [[1913 en musique classique|1913]], avec une de ses compositions en compagnie de son professeur. Le {{date|29|avril|1915}}, à tout juste dix-neuf ans<ref name="mitropouloscompetition">[http://www.mitropouloscompetition.gr/bio.html Voir sur ''mitropouloscompetition.gr''.]</ref> aux concerts réguliers de l'Orchestre du conservatoire, il dirige une de ses premières œuvres symphoniques, « La mise au tombeau » [Ταφή], pièce d'une veine post-romantique et impressionniste, influencée par la musique française. Enfin, il fait ses débuts de pianiste [[soliste]] en [[1918 en musique classique|1918]] avec une œuvre de d'Indy.

La même année il compose une grande œuvre sur un livret de [[Maurice Maeterlinck|Maeterlinck]], ''Sœur Béatrice'', opéra en trois actes – une heure et demie de musique – créé l'année suivante à l'Odéon avec [[Katina Paxinou]] dans le rôle-titre<ref>À Athènes le {{date|20|mai|1919|en musique classique}}.</ref>, en présence de [[Camille Saint-Saëns|Saint-Saëns]]. Enthousiasmé par ce qu'il a entendu, le musicien français écrit un long article élogieux, lui propose de partir étudier la [[Composition musicale|composition]] avec [[Paul Gilson]] à [[Bruxelles]] et engage le conservatoire d'Athènes à lui offrir une bourse. En [[1919 en musique classique|1919]], après dix ans d'études, il obtient sa médaille au piano avec brio. En [[1920 en musique classique|1920]], il se rend en Belgique et poursuit sa formation au [[Conservatoire royal de Bruxelles]]. Il étudie aussi l'[[orgue]] avec [[Alphonse Desmet]].

==== Berlin, 1921–1924 ====
En [[1921 en musique classique|1921]], Mitropoulos se rend à [[Berlin]] pour se perfectionner au piano à la ''Hochschule für Musik'' dans la classe du compositeur et professeur [[Ferruccio Busoni]]. En 1922, il lui présente ''Eine Griechishe Sonate'' (1920–21), une œuvre pour piano composée à Bruxelles, sa plus vaste par ses dimensions à cette date. Busoni la reçoit mal et cela provoque chez Mitropoulos un choc qui le prive pour longtemps de l'envie de composer. Busoni le pousse à abandonner la composition et à choisir la direction d'orchestre. Si l'opportunité de diriger ne s'était pas présentée, il aurait pu abandonner ses études<ref>Apostolos Kostios, ''Dimitris Mitropoulos'', {{p.|251-52}}, rapportant une interview de Mitropoulos pour la NDR en 1959, qui est publié, notamment, par William R. Trotter, ''Le prêtre de la musique'', Athènes, Potamos 2000.</ref>. Malgré cette critique négative et son impact, Mitropoulos est profondément influencé par l'esthétique de Busoni et on en retrouve des éléments tout au long de sa carrière d'artiste.

De [[1922 en musique classique|1922]] à [[1924 en musique classique|1924]], il travaille comme assistant (''Korrepetitor'') du ''Generalmusikdirektor'' [[Erich Kleiber]] au prestigieux [[Staatsoper Unter den Linden]] (l'Opéra d'État de Berlin), y découvrant les subtilités de la scène. Il a l'occasion d'y briller dans les solos de piano de [[Petrouchka]] ou de [[Prométhée]] de [[Alexandre Scriabine|Scriabine]]<ref name="christodoulou">Nikos Christodoulou (1998), livret du disque Sony S2K 89658, {{p.|26-37}}.</ref>. Il passe aussi beaucoup de son temps à [[improvisation musicale|improviser]] à l'[[orgue]] dans une église<ref name="mitropouloscompetition"/>.

À Berlin, il loge avec son collègue grec [[Nikos Skalkottas]] (1904–1949), compositeur encore méconnu de nos jours. En [[1924 en musique classique|1924]], Skalkottas orchestre une de ses pièces pour piano, ''Fête crétoise'' ([[1919 en musique classique|1919]]), créée à Athènes deux ans plus tard. Par la suite, Mitropoulos programme au concert quelques-unes de ses populaires ''Danses grecques'', qu'il enregistra dans les années 1950 à New York.

À l'été [[1924]], il rentre à Athènes et, muni d'une recommandation de Kleiber, prend le poste d'assistant à l'Orchestre du Conservatoire d'Athènes. Après quatre ans de silence, il se remet à composer avec une sensible transformation dans l'idiome musical : sa ''Passacaglia, Intermezzo e Fuga'' pour piano (1924) est la première de ses compositions de style [[Musique atonale|atonal]]. Malgré tout, l'influence de Busoni s'y fait encore ressentir dans le choix de formes [[Musique baroque|baroques]], la [[passacaille]] et la [[fugue]]. En [[1925 en musique classique|1925]], il compose un cycle de mélodies sur des textes du poète [[Constantin Cavafy|Cavafy]] ''14 Inventions''. Là encore, chaque pièce emprunte à une forme baroque : par exemple canon, fugue ou passacaille. Le matériau musical, rythmique ou tonal, utilisant pour sa part des procédés de diminution et d'augmentation par rapport à la mélodie. Suit son ''Ostinata'' pour violon et piano ([[1927 en musique classique|1927]]), première composition usant des techniques [[Musique sérielle|sérielles]] – les publications de [[Arnold Schoenberg|Schoenberg]] datant de 1925.

Ces trois œuvres sont jouées le {{date|5|juin|1927}} à Athènes, devant un public réticent à ce nouveau langage dissonant et atonal. Mais ce qui cause le scandale, c'est surtout la mise en musique des textes de Cavafy. Ces derniers évoquent l'incertitude du lendemain, la moralité, les plaisirs sensuels, l'homosexualité, et font référence à des personnages réels ou de la littérature. C'était beaucoup pour le milieu conservateur. La critique qualifia le tout d'« esthétique psychopathe »<ref>H. Xanthoudakis, ''Introduction'' à la partition des ''14 Inventions sur des poèmes de C. P. Cavafy pour voix et piano'' Corfou, 2010, Ionian University, {{p.|23–31}}</ref>.

L'année suivante, il écrit son ''Concerto Grosso'' ([[1928 en musique classique|1928]]) pour orchestre, considéré comme sa meilleure œuvre<ref name="archiv">[http://www.arkivmusic.com/classical/Name/Dimitri-Mitropoulos/Conductor/8191-3  Voir sur ''arkivmusic.com'', Dimitri Mitropoulos.]</ref>. Dans cette pièce, il revient à un style atonal, mais juxtapose des éléments d'esthétiques opposées : consonant/dissonant, homophone/contrapuntique, néoclassique/moderniste<ref name="belonis"/>.

=== Débuts ===
Dès [[1926 en musique classique|1926]], à tout juste trente ans, on lui confie tour à tour les divers orchestres de la capitale grecque, et ce jusqu'en [[1937 en musique classique|1937]]<ref>Orchestre du Conservatoire d'Athènes, 1924-1925 ; La Société des Concerts Symphonique, 1925-1927 ; et L'[[Orchestre national d'Athènes|orchestre Symphonique d'État d'Athènes]] de 1927 à 1937, d'abord en collaboration avec [[Jean Boutnikoff]] jusqu'en 1929.</ref>. En [[1930 en musique classique|1930]], il est nommé professeur de composition au Conservatoire ; il a trente-quatre ans.

La même année, sa carrière est propulsée par un heureux concours de circonstances. Invité par l'[[Orchestre philharmonique de Berlin]] pour un concert avec le pianiste [[Egon Petri]] (lui aussi élève de Busoni), il a l'occasion de marquer les esprits. Au programme, la création allemande de trois œuvres : le [[Concerto pour piano nº 3 de Prokofiev|troisième concerto de Prokofiev]], la ''Symphonie'' de [[Paul Dukas]] et son ''Concerto grosso'' pour orchestre ([[1928 en musique classique|1928]]). Le soliste, Egon Petri étant indisposé quelques jours avant le concert, Mitropoulos décide de le remplacer. Il connaissait la partition qu'il avait créée le {{date|17|novembre|1929|en musique classique}}, lors d'un concert à Athènes. Les répétitions s'engagent avec bonheur et le concert est un succès ({{date|27|février|1930|en musique classique}}), augmenté par une publicité sur le remplacement au pied levé de Petri. Mitropoulos devient le premier soliste de son époque à diriger l'orchestre du piano dans ce répertoire moderne si exigeant pour le soliste ''et'' le chef<ref>On peut écouter l'enregistrement du {{date|26|juillet|1946|en musique classique}} [https://www.youtube.com/watch?v=EIWIt2ZVu-I avec le l'Orchestre de Philadelphie, sur YouTube].</ref>. Pour lui ce n'était cependant pas une première. Le {{date|18|décembre|1927|en musique classique}} à Athènes, il avait déjà donné ainsi les ''Variations Symphoniques'' de [[César Franck]], jouant et dirigeant en même temps. La pratique est d'ailleurs courante pour les Concertos de Mozart ou même la ''[[Rhapsodie in Blue]]'' de [[George Gershwin|Gershwin]]. Mais dans une œuvre complexe, virtuose, « épuisante » pour le pianiste, c'est une gageure. Pendant la pause, le pianiste [[Frederic Lamond]] vient le féliciter de sa performance<ref name="christodoulou"/>.

Il semble que Prokofiev fut un peu gêné par la concurrence de la renommée offerte à Mitropoulos par la publicité du concert de Berlin ; le musicien russe gagnait lui-même sa vie en exécutant cet impressionnant concerto. Il fut ainsi poussé à écrire un autre concerto<ref name="eder">Bruce Eder, [http://www.answers.com/topic/dimitri-mitropoulos-classical-artist Dimitri Mitropoulos.]</ref>.

==== Tournées ====
Fort du succès berlinois, Dimitri Mitropoulos entreprend une carrière internationale de pianiste et de chef d'orchestre. Le {{date|14|février|1932}} à [[Paris]], il joue ce même concerto avec l'[[Orchestre des Concerts Lamoureux]]<ref>Norman Lebrecht, ''Maestro. Mythes et réalités des grands chefs d'orchestres'', J.-C. Lattès, 1996.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Le Menestrel, compte-rendu des concerts de février 1935 |url=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5617081b/f6.image |date=février 1935|site=Gallica |consulté le=17 mars 2015}}. Le contenu du concert est celui-ci : Symphonie de [[Pierre-Octave Ferroud]], la Symphonie concertante de [[Florent Schmitt]] et la Suite en ''fa'' d'[[Albert Roussel]].</ref>, dans les mêmes conditions, ce qu'on lui demande de faire souvent<ref>L'histoire ne dit pas s'il touchait un cachet majoré.</ref>. De [[1932 en musique classique|1932]] à [[1936 en musique classique|1936]], il dirige aussi régulièrement l'[[Orchestre des concerts Straram|Orchestre Straram]] et l'[[Orchestre symphonique de Paris]] – créé en octobre [[1928 en musique classique|1928]] par [[Pierre Monteux|Monteux]] et [[Ernest Ansermet|Ansermet]]. Quinze jours plus tard, il se produit en Angleterre. En février 1933, il fait ses débuts en Italie, invité à diriger l'Orchestre de l'Académie Sainte Cécile et à la Scala de Milan. L'année suivante, il joue de nouveau en France, en Italie, mais aussi en Belgique et en Pologne. En mai, il est en Russie pour diriger les Philharmoniques de Moscou et de Leningrad. Il est également invité à diriger plusieurs saisons à Monte Carlo.

À Athènes, pendant une dizaine années, il crée de nombreuses œuvres en premières dans la cité hellène : [[Claude Debussy|Debussy]], [[Maurice Ravel|Ravel]], [[Igor Stravinsky|Stravinsky]], [[Arthur Honegger|Honegger]], [[Sergueï Prokofiev|Serge Prokofiev]], [[Richard Strauss|Strauss]], [[Manuel de Falla|Falla]], [[Paul Hindemith|Hindemith]] et bien d'autres, réformant le répertoire symphonique familier des auditeurs. Pendant ces années, il a invité des solistes du moment à se produire en Grèce : [[Camille Saint-Saëns]] (mort en 1921), [[Alfred Cortot|Cortot]], [[Jacques Thibaud|Thibaud]], [[Pablo Casals|Casals]], [[Bronisław Huberman|Huberman]], [[Alexander Brailowsky|Brailowsky]], [[Ernst von Dohnányi|Dohnányi]], [[Fritz Kreisler|Kreisler]] et [[Nathan Milstein]]. Il a aussi laissé diriger son orchestre par des chefs aussi prestigieux que [[Jean Martinon|Martinon]], [[Bruno Walter|Walter]], [[Eugen Jochum|Jochum]] ou [[Hermann Scherchen|Scherchen]]<ref>{{en}} [http://www.musicportal.gr/greek_modern_music_athens_conservatoire/?lang=en The Athens Conservatory.]</ref>.

Il forme de jeunes artistes grecs, tel Théodore Vavayiannis, élève et assistant de Mitropoulos à l'orchestre du conservatoire. Sous sa direction, il a appris à mémoriser les partitions et plus tard Vavayiannis dirigera sans partition et sans baguette, comme son maître<ref>[http://www.ascsa.edu.gr/index.php/archives/theodore-vavayannis-finding-aid Voir sur ''ascsa.edu.gr''.]</ref>.

Après l'avoir vu diriger en Europe, [[Serge Koussevitsky]] l'invite à faire ses débuts aux États-Unis, avec l'[[Orchestre symphonique de Boston]], le {{date|24|janvier|1936|en musique classique}}. Mitropoulos revient l'année suivante pour une deuxième série de concerts à [[Boston]], encore plus vivement acclamée que la précédente.

=== Minneapolis, 1937–1949 ===
<!-- [[Fichier:Minneapolis Auditorium.jpg|thumb|Le Minneapolis Auditorium]] -->
[[Fichier:Northrop Auditorium Minneapolis 1.jpg|thumb|Le Northrop Auditorium à Minneapolis, où a été enregistré la première Symphonie de Mahler en novembre 1940.]]
En janvier [[1937 en musique classique|1937]] à la suite d'[[Eugene Ormandy|Ormandy]], il est nommé directeur musical de l'[[Orchestre symphonique du Minnesota|Orchestre symphonique de Minneapolis]] aujourd'hui appelé ''Minnesota Orchestra'', mais assume son poste à Athènes encore jusqu'en janvier 1938. Au lendemain de sa première soirée à Minneapolis le {{date|27|janvier|1937}}, le journaliste et écrivain John K. Sherman écrit : {{Citation bloc|Mitropoulos apparaît comme un fanatique qui a vendu son âme à la musique et dirige son orchestre comme un homme possédé<ref>Texte original : {{Citation|Mitropoulos appeared to be a fanatic who had sold his soul to music and conducted the orchestra like a man possessed.}}.</ref>{{,}}<ref name="sherman">John K. Sherman, ''Music and Maestros - The Story of the Minneapolis Symphony Orchestra, Minneapolis'', University of Minnesota Press, 1952</ref>.}}

Mitropoulos transforme rapidement un orchestre provincial de bonne stature, en un grand orchestre américain reconnu internationalement comme centre de musique contemporaine. À la grande confusion du public, il choisit de jouer des compositeurs du {{s-|XX|e}}, [[Gustav Mahler]] en particulier. Cette tendance se trouve renforcée par ailleurs : de 1942 à 1947, [[Ernst Křenek|Křenek]] se trouve en résidence à la [[Université Hamline|Hamline University]] de [[Saint Paul (Minnesota)|Saint Paul]], « ville jumelle » de Minneapolis et, en 1944, [[Louis Krasner]] – commanditaire et dédicataire du [[Concerto à la mémoire d'un ange|Concerto]] d'[[Alban Berg]] – devient [[premier violon]] de l'orchestre, si bien que les « ''Twin Cities'' étaient l'un des sièges et une citadelle de la musique atonale », comme le dit John K. Sherman<ref name="sherman"/>.

Il participe au développement de la culture musicale à l'université, suscitant parfois des vocations<ref name="eder"/>. En janvier [[1937 en musique classique|1937]], il rencontre pour la première fois [[Leonard Bernstein]], encore étudiant à Harvard, vingt ans tout juste. Lors d'une réception, Mitropoulos a entendu L. Bernstein jouer une sonate. Il en était tellement stupéfait que sur le coup, il a invité Bernstein à passer une semaine pour assister aux répétitions et aux concerts de l'orchestre. C'est ainsi que Bernstein s'est passionné pour la direction. Lorsque Mitropoulos est retourné à Minneapolis, il a envoyé de l'argent à Bernstein pour lui permettre de venir pendant les vacances d'hiver. De retour à Harvard, Bernstein décide d'étudier la direction d'orchestre alors qu'il voulait initialement devenir pianiste<ref>Barry Seldes, ''Leonard Bernstein, The political life of an american musician''. University of California Press, 2009, {{p.|8}}</ref>.

La même année, il dirige la création de la première ''[[Bachianas brasileiras]]'' de [[Heitor Villa-Lobos]] et du ''Concerto pour violon et orchestre'' d'[[Ernest Bloch]], aux côtés de [[Joseph Szigeti]] à Cleveland<ref>Le {{date|15|décembre|1938}}.</ref>. Toujours à Minneapolis, en 1941, il crée des œuvres de John Verrall (1908-2001) aux saisons 1940–41, et la Symphonie en mi bémol de [[Paul Hindemith]]<ref>Le {{date|21|novembre|1941}}</ref>.

Mitropoulos vivait de façon très austère, se contentant pendant longtemps d'une petite cave dans un bâtiment de l'université, qui ne contenait qu'un lit, un piano droit et quelques affaires personnelles. Son divertissement préféré est le cinéma et tout spécialement les [[western]]s<ref name="glickman">Loren Glickman, in ''The Many Careers of Bassoonist Loren Glickman''. Interview mené par Nora Post (16 octobre 2011).</ref>{{,}}<ref>Voyez aussi le reportage de LIFE du 18 février 1946, cité dans les articles, où l'on peut voir quelques photographies de l'homme décontracté chez lui.</ref>. Dès son arrivée à Minneapolis, il soutient moralement et financièrement nombre de jeunes musiciens, tel [[David Diamond]] à qui il commande en tout huit œuvres nouvelles et L. Bernstein<ref name="trotterM"/>.

Dès [[1940]], Mitropoulos commence à enregistrer avec son orchestre: Franck (Symphonie<ref>Enregistrée le {{date|8|janvier|1940}}.</ref>), Prokofiev (première Symphonie<ref>Enregistrée le {{date|10|janvier|1940}}.</ref>) Mendelssohn (Capriccio brillant avec Joanna Graudan<ref>Enregistré le {{date|4|décembre|1940}}.</ref>). Après une bataille avec le conseil d'administration de l'orchestre pour l'autoriser à produire une œuvre de Mahler, il enregistre la [[Symphonie nº 1 de Mahler|première symphonie]] le ({{date|4|novembre|1940}})<ref>William R. Trotter, livret du CD Sony Masterworks Heritage MHK 62342.</ref>, un des premiers enregistrements de l'œuvre. Il poursuit avec des Mozart (Entr'actes de Thamos<ref>Enregistré le {{date|3|décembre|1940}}.</ref>), Mendelssohn (troisième Symphonie<ref>Enregistrée le {{date|6|décembre|1941}}.</ref>), Borodine (deuxième Symphonie<ref>Enregistrée le {{date|7|décembre|1941}}.</ref>), sa transcription de la Fantaisie et fugue de Bach<ref>Enregistrée deux fois le {{date|4|décembre|1940}} et le {{date|6|avril|1942}}.</ref>, [[Darius Milhaud|Milhaud]] (Le bœuf sur le toit – une première au disque<ref>Enregistré le {{date|3|février|1945}}.</ref>). En concert il laisse aussi de mémorables Berg avec le NBC (Concerto pour violon avec [[Joseph Szigeti]]<ref>Enregistré le {{date|11|décembre|1945}} et le {{date|30|décembre|1945}}.</ref>). Puis ce sera Tchaikovski (deuxième Symphonie<ref>Enregistré les 10 et {{date|11|mars|1946}}.</ref>), Massenet (Scènes alsaciennes<ref>Enregistré le {{date|11|mars|1946}}.</ref>), Schumann (Troisième Symphonie<ref>Enregistré le {{date|20|janvier|1947}}.</ref>), le premier Concerto de Tchaikovski avec [[Artur Rubinstein]]<ref>Enregistré le {{date|16|novembre|1947}}</ref> et le Concerto pour deux pianos de Poulenc<ref>Enregistré le {{date|15|décembre|1947}}.</ref>.

À part Szigeti, Rubinstein et Joanna Graudan, il collabore avec [[Rudolf Serkin]], [[Robert Casadesus]], [[Claudio Arrau]], pour la seule saison 1938–39. Dans les années quarante avec [[Josef Hoffmann]] (quatrième Concerto de Beethoven<ref>Enregistré le {{date|22|août|1943}} à New York avec le Philharmonique.</ref>), [[Yehudi Menuhin]], dans le [[Concerto pour violon nº 2 de Bartók|Concerto]] de [[Béla Bartók|Bartók]] en [[1943]] ainsi que Rachmaninov qui, en tant que compositeur, entendit interpréter sa troisième symphonie et en 1944, sur ses derniers jours, la création de ses ''Danses Symphoniques''. Mitropoulos accompagne aussi de jeunes solistes : [[Zino Francescatti]] (mars 1943), [[Isaac Stern]] dans le Concerto de Mendelssohn (décembre 1943), [[Ginette Neveu]] dans Brahms et [[William Kapell]] dans le premier concerto de Khatchaturian (janvier 1945).

Il est chef invité du [[NBC Symphony Orchestra|NBC Symphony]] en 1939, en 1945<ref>Enregistré le {{date|16|décembre|1945}} avec le NBC; il existe également un enregistrement du Troisième concerto pour piano de Prokofiev.</ref> et pour la saison 1940–41 à la tête du Philharmonique de New York, le plus important orchestre des États-Unis. Il participe notamment à un concert commémoratif du {{75e|anniversaire}} de la naissance de [[Ferruccio Busoni]], avec [[Egon Petri]] et [[Joseph Szigeti]], tous les trois étant élèves du maître italien, et Szigeti le créateur du concerto pour violon en [[1912]], sous la direction du compositeur<ref>Enregistré le {{date|28|décembre|1941}} au Carnegie Hall. Il présentait la Fantaisie Indienne op. 22, le Concerto pour violon op. 35, et des Études du Doktor Faust op. 51, ainsi qu'une orchestration "busonienne" de l'Ouverture d'Idomeneo de Mozart.</ref>.

[[Fichier:Dimitri-Mitropoulos-Signature.png|thumb|Signature de Dimitri Mitropoulos (1947).]]
En [[1946 en musique classique|1946]], il est naturalisé citoyen américain.

Pour les saisons de [[1944 en musique classique|1944]] à [[1948 en musique classique|1948]], il est chef et directeur artistique des concerts d'été du [[Orchestre de Philadelphie|Philharmonique de Philadelphie]]. C'est à ces occasions qu'est capté un Troisième concerto de Prokofiev<ref>Enregistré le {{date|26|juillet|1946}} avec ''The Robin Wood Dell Orchestra of Philadelphia'', nom de l'Orchestre de Philadelphie pour leurs sessions d'été.</ref> dont il assure évidemment la partie soliste et la direction de l'orchestre. Il est aussi invité à Boston et, comme à Philadelphie, il impressionne beaucoup les musiciens. Il est même pressenti pour devenir chef principal à Philadelphie mais [[Eugene Ormandy]] y fait obstacle et quelques jalousies de [[Serge Koussevitsky]] l'empêchent également à Boston<ref name="trotterM"/>.

Pendant la saison 1948–1949, il prend un congé de six mois et dirige conjointement avec Leopold Stokowski le Philharmonique de New York. À la fin de cette période, Mitropoulos laisse son poste de Minneapolis à [[Antal Doráti]], après douze années de collaboration.

=== New York, 1949–1958 ===
Mitropoulos commence son travail avec le prestigieux [[Orchestre philharmonique de New York]] en [[1949 en musique classique|1949]]<ref name="nypo">[http://nyphil.org/about-us/ArtistDetail?artistname=dimitri-mitropoulos Site du New York Philharmonic]</ref> succédant à [[Artur Rodzinski]] en tant que [[directeur musical]], et dirige au côté de [[Leopold Stokowski]]. Il devient chef principal dès [[1951 en musique classique|1951]].

À l'époque l'organisation de l'orchestre est différente d'aujourd'hui. Il ne fonctionne que cinq mois dans l'année et Mitropoulos se contente d'un salaire relativement faible, malgré les pressions et le stress important<ref name="eder"/>. Cette tension en fait partir certains – [[John Barbirolli|Barbirolli]]<ref>Barbirolli a été directeur musical du philharmonique en 1936 et 1941.</ref> – ou même refuser ce poste à d'autres, tel Monteux<ref>Monteux a dit en refusant la proposition qui lui était faite {{Citation|''parce qu'en moins de quatre années, on vous y descend !''}} Mitropoulos a résisté sept ans.</ref>. George Szell pour sa part a eu ce mot : {{Citation bloc|Ne me parlez pas du Philharmonique de New York ! L'orchestre est une rangée de meurtriers ! Si vous ne me croyez pas, regardez ce qu'ils ont fait au pauvre Mitropoulos<ref>{{harvsp|Trotter|1995|p=}}</ref>{{,}}<ref>Texte original : {{Citation|Don't speak to me about the New York Philharmonic! That orchestra is Murderers' Row! If you don't believe me, just look at what they did to poor Mitropoulos.}} George Szell.</ref>.}}

Le Philharmonique a un concurrent important : l'[[orchestre symphonique de la NBC]] jouit d'une notoriété renforcée par les diffusions radiophoniques et, à partir de 1958, à la télévision. Mitropoulos cherche à attirer un nouveau public à la musique grâce à des apparitions télévisées ou en investissant pendant une semaine une salle de cinéma populaire, le ''Roxy Theatre''. Il a en outre élargi le répertoire de l'orchestre – ''[[Un survivant de Varsovie]]'' de [[Arnold Schönberg|Schönberg]] (dès 1950), la [[Symphonie de Webern|Symphonie op. 21]] de [[Anton Webern]], non sans mal d'ailleurs, puisqu'au cours d'une répétition le harpiste lui jeta sa partition aux pieds et partit dans les coulisses<ref>Joseph Horowitz, ''Artists in Exile''. Harper Collins 2007, {{p.|107}}</ref> –, commandant pour son orchestre de nouvelles œuvres à des compositeurs et poursuit la défense des symphonies de [[Gustav Mahler]]. Il est toutefois regrettable que la firme [[Columbia Records|Columbia]] n'ait pas profité de l'occasion pour effectuer des enregistrements commerciaux de ces œuvres dans de bonnes conditions. L'unique enregistrement officiel est celui de la première à Minneapolis en 1940 ! Il grave néanmoins en studio, la [[Symphonie nº 10 de Chostakovitch|dixième Symphonie de Chostakovitch]]<ref>Enregistré le {{date|18|octobre|1954}} juste après la création de l'œuvre.</ref>, des symphonies de [[Felix Mendelssohn|Mendelssohn]] et de [[Piotr Ilitch Tchaïkovski|Tchaikovski]].

Les programmes de Mitropoulos à New York étaient exigeants et le public, comme les musiciens, exprimaient souvent leurs difficultés à laisser de côté les habitudes esthétiques dominantes et attendues. Ses concerts – constitués d'une bonne dose de Krenek, Schoenberg, Session, Boris Blacher – étaient source de réactions négatives. Et lorsqu'il créait des œuvres inconnues de Vaughan Williams, Mahler, Morton Gould, Diamond, Malipiero, Respighi, Prokofiev, Chostakovitch ou Milhaud, il exigeait de son public de la curiosité. Cependant les musiciens rapportent leur évolution d'état d'esprit. Par exemple, lors du travail pour la création de Wozzeck en [[1951]], Harry Zaratzian, un des altistes de l'orchestre témoigne :
{{Citation bloc|Il a étonné tout le monde lorsqu'il s'est présenté aux répétitions ayant tout mémorisé. Lors de la première répétition, j'ai détesté ça. […] Dès la troisième, je commençais à comprendre – et je peux dire que les autres musiciens passaient par le même processus. Lors du concert, je pensais que Wozzeck était l'une des plus grandes œuvres jamais composées. La capacité de Dimitri à expliquer et à démystifier la complexité de ces partitions modernes, était tout simplement incroyable<ref>Texte original : {{Citation|He astonished everyone by showing up for the first rehearsal with the whole thing memorized. At that first reharsal, I hated it. What sort of piece was this ? What was so crazy and I thought I was going to go trying to play it. My God, why do we have do it was all put together, what each detail meant, just patiently untying the knots in the score. By the third rehearsal, I was really starting to understand it - and I could tell the other players were going through th same process. And by the time we actually performes it, I thought Wozzeck was one of the greatest pieces ever composed. Dimitri's ability to explicate and de-mystify these complex modern scores was just unbelievable.}}</ref>{{,}}<ref name="trotterM"/>.|Harry Zaratzian}}

==== Tournées et invitations ====
En [[1951 en musique classique|1951]], il part pour une tournée européenne avec l'Orchestre de New York, la première après la [[Seconde Guerre mondiale]], et dirige en alternance avec [[Bruno Walter]]. <!-- De passage en France il reçoit la [[Légion d'honneur]]. Problème de date 1951 d'après http://www.nndb.com/people/958/000196370/ mais j'ai un document de 43 qui le cite déjà … -->

Il effectue aussi des tournées américaines avec l'orchestre en [[1954 en musique classique|1954]] en compagnie du jeune chef [[Guido Cantelli]] (1920–1956). En [[1955 en musique classique|1955]], toujours avec Cantelli, il entreprend un autre tournée européenne qui l'emmène d'abord à Paris en septembre. Il y grave en studio un grand [[Concerto pour piano nº 5 de Beethoven|Cinquième Concerto]] de Beethoven avec [[Robert Casadesus|Casadesus]]<ref>Enregistré le {{date|19|septembre|1955}} à la Maison de la Mutualité.</ref>. Puis à Athènes en octobre codirigeant avec Cantelli et [[Georg Szell]], où ses concerts sont un triomphe<ref>Cette étape, non prévue à l'origine, a été financée par un généreux mécène (Vasilios Goulandris) qui a payé les frais de deux jours pour l'orchestre. Sur l'épisode et ses détails révélant la générosité du chef, consultez {{harvsp|Trotter|1995|p=376–377}}</ref>. Il n'y avait pas dirigé depuis janvier 1938.

Il participe aussi à des concerts symphoniques avec le [[Philharmonique de Vienne]], l'[[Orchestre philharmonique de Berlin]], le [[Concertgebouw d'Amsterdam]] ou l'[[Orchestre de la Radio bavaroise]] (1956, 1957, 1958). Chacun de ses passages étant source de témoignages historiques. Il dirige aussi au festival de musique contemporaine de Venise et au festival d'Athènes.

[[Fichier:Metropolitan opera 1937.jpg|thumb|Le Metropolitan opera en 1937.]]
Dans son travail avec le Philharmonique ou à l'occasion de ses tournées, il collabore régulièrement avec des solistes : notamment avec les pianistes [[Robert Casadesus|Casadesus]], [[William Kapell]] (premier Concerto de Brahms à peine six mois avant son décès<ref>Enregistré le {{date|12|avril|1953}}.</ref>) [[Glenn Gould]], et les violonistes [[Zino Francescatti|Francescatti]] ([[Concerto pour violon nº 1 de Paganini|premier Concerto]] de [[Niccolò Paganini|Paganini]] dès 1950, Concerto de Brahms<ref>Enregistré le {{date|26|août|1958}} avec la Philharmonie de Vienne.</ref>), [[David Oïstrakh|Oïstrakh]] ([[Concerto pour violon nº 1 de Chostakovitch|Concerto pour violon nº 1]] de [[Dmitri Chostakovitch|Chostakovitch]]<ref>Enregistré le {{date|2|janvier|1956}}.</ref>), Isaac Stern ([[Concerto pour violon nº 1 de Prokofiev|premier Concerto]] de [[Sergueï Prokofiev|Prokofiev]]<ref>Enregistré le {{date|3|mars|1958}}.</ref>). En 1954, il accompagne le jeune [[van Cliburn]] (1934–2013) pour son premier concert au [[Carnegie Hall]], dans le [[Concerto pour piano nº 1 de Tchaïkovski|premier Concerto]] de [[Piotr Ilitch Tchaïkovski|Tchaïkovski]]<ref>Enregistré en novembre 1954 ([[Tahra]] TAH724). Cliburn venait de remporter un prix, nettement moins prestigieux, le ''[[Concours Leventritt|Prix Leventritt]]''. Mitropoulos participait au jury avec, entre autres [[William Steinberg|Steinberg]], [[Rudolf Serkin|Serkin]] et [[Georg Szell|Szell]] (Horowitz, 2007 {{p.|92}}).</ref> – qui sera son cheval de bataille lors du [[Concours Tchaïkovski]] à [[Moscou]] quatre ans plus tard.

==== Chef lyrique ====
Parallèlement à son travail avec le Symphonique, Mitropoulos a une carrière importante dans le répertoire [[Opéra (musique)|lyrique]] et y connaît ses plus grands triomphes, même à l'heure des attaques de la presse en 1957 (ce sont les mêmes critiques qui le contestaient à la direction du Philharmonique qui relaient les succès au Met).

Il a fait ses débuts comme chef d'opéra en mai [[1950 en musique classique|1950]], avec ''[[Elektra (opéra)|Elektra]]'' de [[Richard Strauss|Strauss]]. De [[1954 en musique classique|1954]] à [[1960 en musique classique|1960]], il occupe le poste de chef principal au [[Metropolitan Opera]] de New York en remplacement de [[Bruno Walter]]. Il y a fait ses débuts le {{date|15|décembre|1954}} en montant ''[[Salome (opéra)|Salomé]]'' de Strauss avec [[Christel Goltz]] et [[Ramón Vinay|Vinay]].

En [[1955 en musique classique|1955]], il dirige ''[[Un ballo in maschera]]'' de Verdi avec [[Richard Tucker]], [[Leonard Warren]], [[Marian Anderson]] et [[Roberta Peters]]<ref>Enregistré le {{date|22|janvier|1955}} (Longanesi GML13 ou Cetra LO 004) et aussi une reprise, le {{date|10|décembre|1955}} (Sony).</ref> et ''[[Tosca]]'' de [[Giacomo Puccini|Puccini]], avec [[Renata Tebaldi]] et Richard Tucker<ref>Enregistré le {{date|8|décembre|1955}} (Paragon DSV 52003) et le {{date|7|janvier|1956}} avec les mêmes (Discocorp 143/2 ERR)</ref> et ''[[Madame Butterfly]]'' avec [[Licia Albanese|Albanese]], Daniele Barioni, [[Rosalind Elias|Elias]]<ref>Enregistré le {{date|15|décembre|1956}} (Movimento Musica 03 027)</ref>. En [[1956 en musique classique|1956]], ''[[Boris Godounov (opéra)|Boris Godounov]]'' et ''[[Manon Lescaut (Puccini)|Manon Lescaut]]'' avec [[Fernando Corena|Corena]]<ref>Enregistré le {{date|31|mars|1956}} (Fonit cetra DOC09)</ref> ; ''[[Ernani]]'' de Verdi avec [[Mario Del Monaco]] et ''[[Cesare Siepi]]''<ref>Enregistré le {{date|14|juin|1957}} (Longanesi GML33)</ref> ; ''[[Carmen (opéra)|Carmen]]'' avec [[Risë Stevens]] et [[Mario del Monaco|del Monaco]]<ref>Enregistré le {{date|12|janvier|1957}} (Cetra LO 048)</ref>, ''[[Die Walküre]]'' [[Ramon Vinay]]<ref>Enregistré le {{date|2|février|1957}} (Melodram 004)</ref> et ''[[Eugène Onéguine (opéra)|Eugène Onéguine]]''<ref>Enregistré le {{date|7|décembre|1957}}, unique représentation de l'œuvre (Great Opera Performance GOP 50).</ref>.

En [[1956 en musique classique|1956]] il dirige [[Maria Callas]] dans [[Tosca]]. 

En [[1958 en musique classique|1958]], il crée ''[[Vanessa (opéra)|Vanessa]]'' opéra de [[Samuel Barber]] avec [[Eleanor Steber]], [[Regina Resnik|Resnik]], [[Nicolai Gedda]]<ref>Enregistré le {{date|15|janvier|1958}} à la création (chez RCA) et le {{date|1|février|1958}} avec la même distribution.</ref> ; le {{date|27|octobre|1958}} pour l'ouverture de la saison 1958-59 c'est ''[[Tosca]]'' avec Tebaldi et [[Mario del Monaco|del Monaco]], mais aussi ''[[Gianni Schicchi]], [[Cavalleria rusticana]]'' et ''[[Pagliacci]]'' avec del Monaco, [[Lucine Amara|Amara]], [[Mario Sereni|Sereni]]<ref>Enregistré le {{date|3|janvier|1959}} (Longanesi GML 11)</ref>.

En [[1960 en musique classique|1960]], il monte ''[[Simon Boccanegra (opéra)|Simon Boccanegra]]'' avec [[Frank Guarrera|Guarrera]], [[Giorgio Tozzi|Tozzi]], [[Ezio Flagello|Flagello]], [[Zinka Milanov|Milanov]], [[Carlo Bergonzi|Bergonzi]]<ref>Enregistré le {{date|2|avril|1960}} (Foyer 1023)</ref>.

En [[1958 en musique classique|1958]] il participe à la tournée estivale des villes américaines de l'orchestre.

Ses interprétations sont musicalement et dramatiquement, vives et incisives. Ses [[Giacomo Puccini|Puccini]], [[Giuseppe Verdi|Verdi]] ou [[Richard Strauss]] par exemple, sont des modèles de l'art de la direction. Le Metropolitan Opera possède heureusement beaucoup d'enregistrements d'archives de ces intenses moments artistiques. De décembre [[1954 en musique classique|1954]] à avril [[1960 en musique classique|1960]], il y a dirigé 208 représentations. Mitropoulos a réalisé quelques enregistrements pour ''[[Columbia Records|Columbia]]'' avec le Philharmonique de New York, notamment un merveilleux ''[[Wozzeck]]'' d'[[Alban Berg]].

==== Chef lyrique invité ====
Outre son activité new-yorkaise et américaine ([[La fanciulla del West]] avec [[Eleanor Steber]], [[Mario Del Monaco]], [[Tito Gobbi]] à [[Chicago]] le {{date|10|octobre|1956}}), dès le début des années 1950, il est invité régulièrement en Europe, lorsqu'il n'est pas en déplacement avec son orchestre. Il dirige en Italie, notamment à [[La Scala]] où le {{date|5|juin|1952}}, il propose pour la première fois dans la salle milanaise, le ''[[Wozzeck]]'' de [[Alban Berg|Berg]] avec [[Tito Gobbi|Gobbi]] et [[Italo Tajo]] ; en [[1954 en musique classique|1954]] c'est ''[[Elektra (opéra)|Elektra]]'' de [[Richard Strauss|Strauss]] avec [[Ramon Vinay]] et le {{date|26|mai|1954}} ''[[Arlecchino]]'' de [[Ferruccio Busoni]] avec [[Giulietta Simionato]], [[Rolando Panerai]] et [[Fernando Corena]], [[Petre Munteanu]] et Petri. À [[Florence]] en 1953, il monte ''[[La Forza del Destino]]'' avec [[Renata Tebaldi|Tebaldi]], [[Aldo Protti]], Del Monaco, Barbieri et Siepi et l'année suivante ''[[La fanciulla del West]]'' avec Steber, Del Monaco et [[Giangiacomo Guelfi|Guelfi]]. En 1958 ''[[Ernani]]'' avec [[Anita Cerquetti|Cerquetti]], Del Monaco, [[Ettore Bastianini|Bastianini]] et [[Boris Christoff]].

Il est aussi invité en Autriche, à Vienne et au [[Festival de Salzbourg|Festival d'été de Salzbourg]], où il laisse de mémorables productions (''[[Vanessa (opéra)|Vanessa]]''<ref>Enregistré le {{date|16|août|1958}}</ref> de [[Samuel Barber|Barber]] toujours avec [[Eleanor Steber]] dans le rôle-titre, [[La Forza del Destino]]<ref name="destino">Enregistré le {{date|23|septembre|1960}} à Vienne avec Harald Pröglhöf, Walter Kreppel, Ettore Bastianini, Giulietta Simionato et Giuseppe Di Stefano (Orfeo 681062)</ref>, ''[[Don Giovanni]]'' et ''[[Elektra (opéra)|Elektra]]'').

En [[1957 en musique classique|1957]], victime d'une virulente campagne de presse touchant à sa vie privée, qualifié d'homme solitaire, sans femme, il abandonne son poste à la Philharmonie de New York et est remplacé par son élève et protégé [[Leonard Bernstein]]<ref>''La Symphonie des chefs. Entretiens avec 70 grands mæstros'', [[Robert Parienté]], Éditions de La Martinière, 2004 {{p.|108}}.</ref> qui codirigeait avec lui cette saison-là. Après une tournée en Amérique latine avec Bernstein en [[1958 en musique classique|1958]], il ne dirigera plus cet orchestre qu'en tant que chef invité. Par exemple, le {{date|2|janvier|1960}} à Carnegie Hall, lors d'un festival consacré à [[Gustav Mahler|Mahler]], une [[Symphonie nº 5 de Mahler|Cinquième Symphonie]], qui a été enregistrée. Il poursuit néanmoins son travail au Metropolitan Opera.

Mitropoulos ne s'est jamais marié ; il était {{citation|connu comme homosexuel » et « n'éprouvait pas la nécessité d'un mariage cosmétique}}<ref>''Classical Music In America: A History Of Its Rise And Fall'', Joseph Horowitz, W. W. Norton & Company, 2005 {{ISBN|0-393-05717-8}}, {{p.|323}}.</ref>. Il aurait eu une relation avec [[Leonard Bernstein]] selon Norman Lebrecht<ref>''The Maestro Myth: Great Conductors in Pursuit of Power'', Norman Lebrecht, Citadel Press, 2001 {{ISBN|0-8065-2088-4}}, {{p.|259}}.</ref> ; Leonard Burkat, un ami d'enfance de Bernstein, va dans ce sens et Kiki Speyer Fouré, qui s'est presque fiancée à Bernstein, en était persuadée ; David Diamond, un ami intime de Mitropoulos, était certain du contraire<ref name="secrest"/>. Discutant avec Maxim Gershunoff (futur agent musical<ref>[http://www.gershunoff.com/ Voir sur ''gershunoff.com''.]</ref>), Mitropoulos a déploré : {{Citation bloc|Quel dommage que je sois condamné pour de la luxure. Je n'ai pas le temps de me le permettre !}}<ref>Texte original : {{Citation|What a pity that I am condemned for luxuries I do not have the time to afford!}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Trotter|1995|p=396}}</ref>

=== Fin de vie ===
[[Fichier:Emil Orlik Gustav Mahler 1902.jpg|left|thumb|Gustav Mahler en 1902.]]
Ayant déjà souffert de deux attaques au cœur en décembre 1952 et janvier 1959<ref>Dates précises : {{date|7|décembre|1952}} et {{date|23|janvier|1959}}</ref> suivies de longues hospitalisations qui l’empêchent de diriger la moitié de la saison, les médecins lui conseillent d'abandonner la direction, ce que Mitropoulos ne pouvait envisager. Il accepte toutefois de diriger avec une [[Baguette de chef d'orchestre|baguette]] pour économiser ses forces<ref name="trotterM"/>. Il déclare cependant que {{Citation|la baguette peut réaliser l'ensemble, mais elle ne peut pas être aussi expressive que les mains et le corps<ref>Texte original : {{Citation|The baton can achieve ensemble but it cannot be as expressive as hands and body}}.</ref>}}, ou bien {{Citation|diriger avec une baguette c'est un peu comme jouer du piano avec des gants<ref>texte original : {{Citation|Conducting with a stick is something like playing the piano with gloves on.}}</ref>{{,}}<ref name="sherman"/>.}} Après sa convalescence, il reprend sa carrière internationale au même rythme.

Une troisième crise cardiaque l'emporte le {{date|2|novembre|1960|en musique classique}}. Âgé de 64 ans, le mæstro s'effondre lors de la première répétition de la [[Symphonie nº 3 de Mahler|troisième symphonie de Mahler]] à [[La Scala]] de [[Milan]]. Sa dépouille, transportée en Suisse est incinérée, conformément à ses vœux, et ses cendres sont rapatriées au cimetière d'Athènes. Un hommage donné par l'Orchestre d'État d'Athènes en novembre 1960, comportait la marche funèbre de la [[Symphonie nº 3 de Beethoven|Troisième]] de Beethoven, jouée sans chef.

On peut trouver un enregistrement de la Troisième symphonie de Mahler donnée par Mitropoulos avec l'Orchestre Symphonique de la Radio de Cologne, le {{date|31|octobre|1960|en musique classique}}, deux jours avant sa mort. Seul enregistrement complet de l'œuvre : l'enregistrement de 1956 à New York, est amputé en raison des limites de temps accordé par la radio américaine. Au cours de ce concert Mitropoulos fut déjà victime d'un malaise cardiaque dont le public ne vit rien. À l'interruption à la fin du premier mouvement de la Symphonie, le médecin le pressa de mettre fin au concert. Il concéda seulement de s'asseoir sur une chaise haute le reste de la soirée. L'orchestre de Cologne lui portait un attachement profond et de nombreux témoignages évoquent son humanité et sa générosité, par exemple quand il offrit un piccolo au flûtiste.

Son dernier enregistrement officiel est ''[[La forza del destino]]'' de Verdi avec [[Giuseppe Di Stefano]], [[Antonietta Stella]] et [[Ettore Bastianini]] à Vienne<ref name="destino"/>.

Bien vite, Mitropoulos fut virtuellement oublié aux États-Unis. Quelques années après sa disparition, le livre d'un critique américain consacré aux grands chefs d'orchestre, lui consacrait deux paragraphes. Lors du {{150e|anniversaire}} de l'orchestre Philharmonique de New York en [[1992 en musique classique|1992]], la presse citait le nom de Mitropoulos uniquement – et rarement – en tant que mentor de Bernstein. En 1996, le centenaire de sa naissance fut totalement oublié<ref name="trotterM"/>. En Europe en revanche, la parution régulière de disques a entretenu sa mémoire, à l'instar d'autres chefs de la même période.

== Technique ==
Quand il était adolescent, Dimitri fait pèlerinages et retraites au [[Mont Athos]] avec les moines et parle avec eux intensément de sujets spirituels. Une partie de sa future conception de la vie est marquée de ces expériences d'isolement. Choisissant la carrière musicale, Mitropoulos ne renonce cependant pas à la conception sacrificielle de la vie de l'homme vouée à l'Église. Sa vision personnelle de Dieu transparaît dans sa relation avec le monde extérieur, sa direction et sa vie matérielle quasi monastique. Il considérait son activité musicale et chaque concert comme un acte porté par une nécessité spirituelle, comme un rite, un sacre<ref name="trotterM"/>.

Le compositeur et critique [[Virgil Thomson]] le décrivait comme un chef {{Citation|hypersensible, démesuré, brutal, très intelligent, peu confiant et totalement sans compromis... Son excitation était à la limite de l'hystérie et il modelait passionnément et nerveusement la musique<ref>Texte original : {{Citation|oversensitive, overweening, over brutal, over intelligent, under confident and wholly without ease... His personal excitement borders on hysteria and he distorted music with nervous passion.}}.</ref>{{,}}<ref name="archiv"/>}}. Les journalistes qualifiaient sa direction « d'étrange » ou de « non-orthodoxe » et ajoutaient que c'était un « individu inquiétant ». Il expliquait lui-même qu'{{Citation|il est plus facile pour le public de comprendre la signification de la musique si le chef est un peu un acteur<ref>Texte original : {{Citation|I Wouldn't recommend it is easier for the audience to understand the meaning of the music if the conductor is a bit of an actor.}}</ref>.}}

Dimitri Mitropoulos était donc un chef charismatique et se donnait à la musique et à son travail entièrement. Son style de direction était à la mesure de son engagement total, physique et plein de mouvements intenses. Il conduisait de tout son corps, de la tête aux pieds, spontanément, comme un miroir de la partition. Toute la dynamique interne des informations données par la partition prenait entièrement et irrésistiblement possession de lui, chaque geste étant une analogie du texte, auquel l'orchestre donnait vie.

De multiples témoignages d'auditeurs rapportent sa gestuelle particulière :
{{Citation bloc|Mitropoulos sur l'estrade semblait donner une autre dimension à la musique, une transcendance au-delà d'elle-même. Dès la première mesure, il battait l'air à mains nues, déclenchant un répertoire bizarre de gestes frénétiques, froncements de sourcils et grimaces qui traduisaient toutes les émotions, de la terreur à l'extase. Son corps frémissait et ses poings s'agitaient ; c'était comme un homme sous l'emprise d'un forme particulière de paralysie ; comme si la musique était un courant électrique passant au travers de son corps, le secouant et le faisant vibrer. L'impression était celle d'un chef tirant le son de quatre-vingt dix<!-- et pourquoi pas "nonante"? tiens … ~ ben oui, pourquoi pas septante-et-vingt --> instruments par une contrainte presque physique, attaché par des liens invisibles à chacun des musiciens face à lui<ref>Texte original : {{Citation|Mitropoulos on the podium seemingly had given music another dimension, a transcendence above and beyond itself. With the first down beat he started punching the air bare handed, unleashing a weird repertoire of frenzied gestures and scowls and grimaces that registered every emotion from terror to ecstasy. His quivering frame and flailing fists gave the picture of a man quaking with a peculiarly vital and rhythmic form of palsy. It was as if the music were an electric current that passed through his body to make it jerk and vibrate. The impression was that of a leader pulling tone from ninety instruments by almost physical coercion that tied him by invisible bonds to each musician before him.}}</ref>{{,}}<ref name="sherman"/>.|John K. Sherman (1952)}}

Charismatique, mais sans l'autorité de bien des chefs de l'époque (Toscanini ou Rodzinski). C'est d'ailleurs une des raisons qu'il donne de l'absence de ''bâton'', comme disent les anglo-saxons pour désigner la baguette. Mitropoulos était très proche des musiciens et voulait un travail partagé, n'être qu'une aide dans le processus de création musicale.

=== La mémoire ===
Mitropoulos dirigeait sans partition. Lorsqu'on l'interrogeait sur ce point, il faisait la réponse suivante : {{Citation|Vous n'attendez pas qu'un acteur sur scène joue Hamlet avec son script à la main<ref>Texte original : {{Citation|You don't expect an actor to come on stage to play Hamlet while still carrying the script.}}</ref>{{,}}<ref name="trotterM"/>}}, ou plus ironique encore : {{Citation bloc|Je n'utilise jamais de partition quand je dirige mon orchestre. Est-ce qu'un dompteur de lions entre dans la cage tenant un livre sur l'art d'apprivoiser les lions ?}}

Bien qu'il ne soit pas le seul à en disposer, Dimitri Mitropoulos était connu pour sa [[Mémoire eidétique|mémoire photographique]] (Toscanini avait ce don), ce qui lui a permis de diriger la quasi-totalité de son répertoire par cœur et ce même en répétitions<ref>Apostolos Kostios, [http://www.dimitrimitropoulos.gr/index.php?option=com_content&view=article&id=20&Itemid=43&lang=en The uniqueness of the Greek musician].</ref>. Ainsi, pour une œuvre nouvelle, à défaut de conducteur d'orchestre, il était capable de visualiser intérieurement la [[partition (musique)]] en étalant au sol la totalité des parties séparées d'orchestre pour les mémoriser. Certains musiciens de l'orchestre racontent aussi ses pratiques : {{Citation bloc|Il n'a jamais de partition aux répétitions, ni de partition sur son pupitre. Pourtant, il pouvait compter les mesures. Il était capable de s'arrêter et de dire : "Seconde flûte, quatre mesures avant la lettre A"<ref name="glickman"/>…}}

Mais Mitropoulos lui-même conteste cette définition de « photographique » et explique les mécanismes de son assimilation étonnante : {{Citation bloc|Mon subconscient travaille sur les partitions pendant que je dors. Ce n'est pas photographique. Mon secret avec les partitions, c'est juste de se donner une concentration absolue. Je prends autant de temps que je veux, je prends une année si je veux. De temps et de moi, il n'y a pas de fin. Si bien que j'arrive à assimiler, sans me forcer. C'est ainsi que les choses se font. Dès que je reçois une partition, je la mets en morceaux, comme un enfant une horloge. Ensuite je remets les pièces ensemble, et mon cher, je sais alors comment la partition est faite. Tout ne se tient pas toujours la première fois, ni même la deuxième. J'ai peut-être laissé les mesures 155 et 223. Ils sont les rouages de l'horloge et je dois trouver l'endroit où ils vont. Et en répétition je serre chaque vis, comme un mécanicien<ref>Texte original : {{Citation|My subconscious works on the scores while I sleep. It is not photographic. My secret with the score is just a gift of complete concentration. I take as long as I want, I take a year if I want. Of time and myself, there is no end. Little by little, I arrive at an understanding, without forcing myself. It goes by itself. As soon as I receive a score, I take it to pieces, just as a child takes a clock apart. Then I put it back together, and then, my dear, I know how it is made. Not always everything fits when I put it together for the first time, or second. I may have left over bar 155 and bar 223. They represent bits of the clock and I have to find where they go. And when I rehearse, I tighten up every screw, just like a mechanic.}}</ref>.|Dimitri Mitropoulos<ref>{{harvsp|Trotter|1995|p=296}}.</ref>}}

===Répertoire et créations ===<!-- A recaser ailleurs -->
Dimitri Mitropoulos est un chef qui a surtout excellé dans le champ du dernier romantisme et la musique du {{s-|XX|e}}. Il a défendu précocement les symphonies de [[Gustav Mahler]], notamment par le disque (la première de Minneapolis), mais aussi [[Symphonie nº 6 de Mahler|la sixième]]<ref>[http://archives.nyphil.org/index.php/artifact/da7e19b9-5d7f-4e7f-b5a2-b8e732bdfc1d/fullview Partition de Mitropoulos] et aussi {{date|31|août|1959|en musique classique}} à la radio de Cologne (inclus dans l'album Grands chefs du {{s-|XX|e}} chez IMG Artists).</ref> qu'il a donné en création à New York en décembre 1947, ainsi que les premier et troisième mouvements de la [[Symphonie nº 10 de Mahler|dixième]]<ref>Enregistré les {{date|16|mars|1958}} et le {{date|16|janvier|1960}}. Les dates de Peter Fülöp (1995) ici, sont fausses en raison des publications en LP et CD des deux concerts qui donnaient des dates fantaisistes. Cf. Sedgwick Clark (1998), ''Mahler's American Voice'', in livret du coffret Mahler de la Philharmonie, "The Mahler Broadcasts 1948–1982", {{p.|37}}.</ref>. Pour son travail de promotion de la musique du compositeur il a reçu la Médaille d'Honneur Mahler américaine en 1950<ref name="archiv"/>.

À New York, Mitropoulos a créé près de cinquante œuvres contemporaines<ref name="nypo"/>. On peut citer les créations américaines de la [[Symphonie nº 10 de Chostakovitch|Dixième Symphonie]] (1954) et du [[Concerto pour violon nº 1 de Chostakovitch|premier Concerto pour violon]] (1956) de [[Chostakovitch]] (avec Oistrakh), d'œuvres de [[Gian Francesco Malipiero|Malipiero]]<ref>Mitropoulos a commandé et créé beaucoup d'œuvres de Malipiero : Premier Concerto pour piano le {{date|25|avril|1936|en musique classique}} à Naples ; Troisième Concerto à Minneapolis le {{date|22|novembre|1946|en musique classique}} et le Quatrième le {{date|29|mars|1951|en musique classique}} à New York. Mitropoulos étant [http://www.dimitrimitropoulos.gr/index.php?option=com_content&view=article&id=101%3Acompisitionsforpianoandorchestraaggliko&catid=15%3A5&Itemid=51&lang=en chef et soliste dans les trois cas].</ref> et [[Albert Roussel|Roussel]]<ref>Concerto pour piano opus 36, créé à Monte Carlos le {{date|13|mars|1936|en musique classique}}.</ref> ; et les premières mondiales de ''[[Vanessa (opéra)|Vanessa]]'' de [[Samuel Barber|Barber]] ({{date|15|janvier|1958|en musique classique}}), la Quatrième Symphonie ([[1947]]) et Concertos pour piano d'[[Ernst Křenek]] avant d'en réaliser un enregistrement. Il a également défendu les contemporains américains tels [[Eliot Carter]]<ref>''Holiday Overture'' créé à New York en avril 1957.</ref> [[Roger Sessions]], [[Peter Mennin]], [[Stefan Wolpe]], [[Morton Gould]]<ref>Huit création de Gould à New York !</ref> ou [[Philip Bezanson]].

{{boîte déroulante|align=justify|titre= Créations d'œuvres par Mitropoulos |contenu=
{{colonnes|nombre=2|
# 1936, [[Albert Roussel]] : Concerto pour piano opus 36 - {{date|13|mars|1936}} À Monte Carlo
# 1936, [[Gian Francesco Malipiero|Malipiero]] : Premier Concerto pour piano - {{date|25|avril|1936}} À Naples. Mitropoulos étant chef et soliste.
# John Verrall
# [[Heitor Villa-Lobos]] : Bachianas brasileiras {{numéro}}1
# 1938, Bloch : Concert pour violon - {{date|15|décembre|1938}} À Cleveland avec Joseph Szigeti
# 1942, Krenek : ''I Wonder as I Wander'', variations - {{date|10|décembre|1942}} Avec le New York Philharmonic
# 1946, Malipiero : Troisième Concerto - {{date|22|novembre|1946}} À Minneapolis. Mitropoulos étant chef et soliste.
# 1947, [[Gustav Mahler]] : Symphonie {{numéro|6}} - {{date|11|décembre|1947}}. Création américaine
# 1950, Session : Symphonie {{numéro|2}} - {{date|12|janvier|1950}}. Enregistrée le 16 janvier suivant en studio.
# 1951, Malipiero : Quatrième Concerto pour piano - {{date|29|mars|1951}} Mitropoulos étant chef et soliste.
# 1951, Roy Elihu Travis : Symphonic Allegro - {{date|1|décembre|1951}}
# 1953, Malipeiro : Vivaldiana - {{date|22|octobre|1953}} Création américaine
# 1953, [[Philip Bezanson]] : Concerto pour piano - {{date|12|novembre|1953}} Première mondiale
# 1953, Blacher : Ornaments - {{date|15|novembre|1953}} création américaine
# 1954, [[Dmitri Chostakovitch]] : Symphonie {{numéro|10}} Création américaine
# 1954, [[Richard Mohaupt]] : Concerto pour violon - {{date|29|avril|1954}} Avec [[Michael Rabin]].
# 1954, Roy Harris : Symphonic Epigram - {{date|14|novembre|1954}}
# 1955, [[Peter Mennin]] : Symphonie 6 - {{date|17|février|1955}}
# 1956, Dmitri Chostakovich : Concerto pour violon {{numéro|1}} Création américaine
# 1956, Leon Kirchner : Concerto pour piano {{numéro|1}} - {{date|16|février|1956}} Enregistré en studio le lendemain
# 1956, Ralph Shapey : Rituals, pour grand orchestre (février 1956). Commande de Dimitri Mitropoulos. Pendant les répétitions, le chef dit au compositeur présent dans la salle : « Pourquoi devez-vous écrire si compliqué ? C'est tellement inutile ! »
# 1957, Morton Gould : Jekyll and Hyde Variations - février 1957. Commande de Mitropoulos
# 1957, Kubik : Symphonie 3 - {{date|28|février|1957}}
# 1957, Schuller : Dramatic Ouverture - {{date|7|mars|1957}}Création américaine. Schuller était corniste au Metropolitan de 1949 à 1959.
# 1957, [[Elliott Carter]] : Holiday Overture (avril 1957)
# 1958, [[Samuel Barber]] : Vanessa, Opéra - {{date|15|janvier|1958}} au Metropolitan Opera
# 1958, George Sicilianos : Symphonie {{numéro|1}} - {{date|1|mars|1958}} - enregistrée)
# 1960, Schuller : Spectra - {{date|16|janvier|1960}} - enregistrée. L'œuvre est dédiée à Mitropoulos. Avant-dernier concert de la saison avant sa mort, avec la {{10e}} de Mahler.
}}
}}

=== Répertoire lyrique ===<!-- Idem, à recaser ailleurs -->
Dimitri Mitropoulos était aussi un homme habité par « le démon du théâtre<ref>Pierre-Jean Rémy, ''Callas, Une vie''. Albin Michel, 1997</ref> », il a dirigé de nombreux [[Opéra (musique)|opéras]], d'abord en [[Italie]], puis au [[Metropolitan Opera]] de New York de [[1954]] à sa mort, en [[1960]]. Ses interprétations des opéras de [[Giacomo Puccini]], [[Giuseppe Verdi]] et [[Richard Strauss]] restent dans les mémoires. Son enregistrement, en concert le {{date|12|avril|1951}}, consacré au ''[[Wozzeck (Berg)|Wozzeck]]'' d'[[Alban Berg]] avec [[Friedrich Jagel]], [[David Lloyd (ténor)|David Lloyd]] et [[Edwina Eustis]], le premier de l'œuvre, est considéré comme une référence<ref>{{en}} [http://www.arkivmusic.com/classical/album.jsp?album_id=58749 Voir sur ''arkivmusic.com''.]</ref>.

Le disque nous a également légué une interprétation du ''[[Don Giovanni]]'' de [[Wolfgang Amadeus Mozart|Mozart]] qui constitue aussi une référence (Salzbourg, [[1956]], l'année du bicentenaire de Mozart).

== Concours Mitropoulos ==
[[Fichier:Zorach medal.JPG|thumb|alt=photo : médaille|Médaille du concours international de direction d'orchestre (bronze de William Zorach, 1963 – [[Smithsonian Museum]])<ref>Il faut remarquer la baguette que tient Mitropoulos, symbole de la [[direction d'orchestre]], pour un chef qui ne l'a quasiment jamais utilisée.</ref>.]]
Un concours Mitropoulos a été créé à New York dans les [[années 1960]]<ref name="archives">[http://archives.nyphil.org/index.php/ Voir dans ''archives.nyphil.org''.]</ref>. D’abord consacré au piano en 1961, remporté par [[Agustin Anievas]], il est devenu un concours de direction d’orchestre en 1963. De jeunes chefs de plusieurs pays y ont gagné un premier prix et la médaille d'or<ref>{{Lien web|langue=en|url=https://archives.nyphil.org/index.php/search?search-type=singleFilter&search-text=mitropoulos+competition+first+prizes&search-dates-from=&search-dates-to|site=archives.nyphil.org|titre=Les Premiers prix du concours Mitropoulos|consulté le=24 décembre 2020}}.</ref>, tels [[Claudio Abbado]], [[Pedro Ignacio Calderón]] et [[Zdeněk Košler]] en 1963, [[James DePreist]], [[Jacques Houtmann]] et [[Edo de Waart]] en 1964, [[Alain Lombard]] en 1966, [[Boris Brott]] et [[Gaetano Delogu]] en 1968, [[Philippe Bender]] en 1970 et [[Jacques Delacôte]] en 1971 ; puis le belge [[François Huybrechts]].

Ce concours s'est ensuite tenu à Athènes (''Dimitri Mitropoulos International Competition''), couronnant de jeunes chefs mais aussi des compositeurs.

== Compositeur ==
Mitropoulos a écrit 48 pièces, notablement influencées par son maître [[Ferruccio Busoni|Busoni]] et la [[Seconde école de Vienne]]. Œuvres pour piano, avec ou sans accompagnement orchestral, œuvres symphoniques, œuvres vocales et un opéra de jeunesse, ''Sœur Bérénice'' (sur un livret de [[Maurice Maeterlinck]]). À l'exception des [[musique de scène|musiques de scènes]], fruits de commandes, Mitropoulos arrête de composer après 1930, se consacrant uniquement à la direction. Cependant, parmi les 48 numéros de son catalogue, il a réalisé ensuite quelques [[Transcription (musique)|transcriptions]] d'œuvres de [[Johann Sebastian Bach|Bach]] de [[Ludwig van Beethoven|Beethoven]] (''Grande fugue'', enregistrée plus tard par Bernstein), de [[César Franck|Franck]] et de [[Edvard Grieg|Grieg]]. Ainsi que des arrangements d'opus contemporains de [[Sergueï Prokofiev|Prokofiev]] ou d'[[Howard Swanson]] enregistrés en 1950.

=== Piano ===
* ''Rêveries au Bord de la Mer'' (1912–1915)
* ''Un poème triste (''A la chère Madame Sampieri Marsick 1912)
* Trois pièces pour piano
** ''Béatrice'', en ''mi'' majeur (1915)
** ''Scherzo – étincelles de joie !'' en fa mineur (1916)
** ''Fête Crétoise'' [{{Lang|el|texte=Κρητική Γιορτή}}] (1919)
** Orchestrée par son ami [[Nikos Skalkottas|Skalkottas]] en 1924 et créée dans sa version orchestre à Athènes en 1926 par Mitropoulos.
* ''Eine Griechische Sonate'' [''Sonate Grecque''] (1920)
: La sonate grecque est une grande œuvre ambitieuse de plus de quarante minutes, composée pendant ses études à Bruxelles. Elle fut présentée à Busoni qui la critiqua très négativement pour son esthétique post-romantique. Ce fut un choc difficile pour le jeune homme, qui arrêta de composer pendant quatre ans.
# I. Allegretto non troppo (ma con passionne)
# II. Allegretto
# III. Lento
# IV. Maestoso - Allegro non troppo
* ''Passacaglia, Preludio e Fuga'' (Berlin, et achevé à Athènes le {{date|26|juin|1924}})
* ''Klavierstück I'' (1925)
* ''4 Danses de Cythère'' (1926)

=== Musique de chambre ===
* ''Un morceau de concert'' pour violon et piano (1913)
* ''Danse du faune'' pour quatuor à cordes (1915)
* ''Ostinata in tre parti'', pour violon et piano (1925–1926) Création {{date|5|juin|1927|en musique classique}}

=== Orchestre ===
* ''Burial'' [{{Lang|el|texte=Ταφή}}] (1915)
* ''Concerto Grosso'' (1928)

=== Musique de scène ===
* ''Electra'' (1936)
* ''Hyppolytus'' (1937)

=== Vocale ===
* ''Sœur Béatrice'', Miracle en trois actes sur un livret de [[Maurice Maeterlinck]]. Opéra représenté à [[Athènes]] en 1919<ref>Marc Honegger, ''Dictionnaire de la musique'', Bordas, 1993.</ref>
* ''[[L'Alouette et ses petits, avec le maître d'un champ]]'', pour voix et piano (1920, pub. 1928 Paris chez M. Senart) Sur une fable de [[Jean de La Fontaine|La Fontaine]] (Livre IV).
* ''Vénus céleste'' [Αφροδίτη Ουράνια] pour voix et piano (1925) Sur une poésie Angelos Sikelianos.
* ''14 Inventions'' pour soprano et piano (1925–26, 10 publiées en 1927)
: Composés sur des sur des textes de [[Constantin Cavafy]]. Le titre évoque immédiatement les [[Inventions et symphonies (J. S. Bach)|Inventions à deux et trois voix]] de [[Johann Sebastian Bach|Bach]]. Mitropoulos reprend en outre les formes baroques du [[Canon (musique)|Canon]], [[Passacaille]] et [[fugue]]. Il présente lui-même son œuvre ainsi : {{Citation|Chacun des poèmes a pour base une structure formelle différente, dans laquelle la voix, dit le texte, mais fait également partie de la structure. Ce n'est ni du chant, ni une stricte récitation avec l'accompagnement. Il ne faut pas chanter ou simplement réciter, mais plutôt quelque chose entre les deux. Peut être une forme stylisée de récitation avec des rythmes qui correspondent à la prosodie du texte. [...] Toutefois, les autres aspects probablement indéfinissables, mais importantes du poèmes sont ce qui, j'imagine, donne l'occasion de prendre vie a des structures techniques et musicales. Plus brièvement : 10 formules mathématiques artistiques avec des sons et des mots<ref>Cité par Diane Touliatos-Miles. Texte original : {{Citation|Each of the poems has as its basis a different formal structure, in which the voice, the remitter of the poem, is but a particle of the structure. It is neither a song nor a dry recitation with accompaniment. One should neither sing them or simply recite them, but rather something between the two. Pehaps a stylized form of recitation with rhythms that correspond to ‘meter of the text.’ However, the other, probably indefinable, but important aspects of the poems are what, I imagine, created the opportunity for the clearly technical and musical structures to become alive. And even more briefly... 10 artistic mathematical formulae with sounds and words.}}</ref>. Dimitri Mitropoulos, ''Tragoudia tou Cavary Melopoiemena apo ton Mitropoulo,'' Nea Estia, vol. 12 ({{date|15|novembre|1932}}).}}
# I. Preludio a 4 Voci [{{Lang|el|texte=Ἡδονῆ}} / Plaisir sensuel] (écriture du poème, 1913)
# II. Canon a 3 Voci [{{Lang|el|texte=Γία νά  ̓ρθουν}} / Évoquer les ombres] (c.1920)
# III. Prologo – Fughetta – Epilogo a 4 Voci [{{Lang|el|texte=Μιὰ νύχτα}} / Une nuit] (1907)
# IV. Prologo – Fughetta – Epilogo a 4 Voci [{{Lang|el|texte=Ἡ ἀρχή των}} / Leur début] (1915)
# V. Canon a 2 Voci [{{Lang|el|texte=Νὰ μείνει}} / Immobile] (1918)
# VI. Canon [{{Lang|el|texte=Ἐν ἀπογνώσει}} / En désespoir] (1923)
# VII. Passacaglia a 3 Voci [{{Lang|el|texte=Γκρίζα}} / Grisaille] (1917)
# VIII. Passacaglia a 2 Voci [{{Lang|el|texte=Μέρες τοῦ}} 1903 / Jours de 1903] (1919)
# IX. Canon a 2 Voci [{{Lang|el|texte=Τὸ διπλανὸ τραπέζι}} / Le tableau d'à côté] (1918)
# X. Canon a 2 Voci [{{Lang|el|texte=Μακρυὰ}} / Jadis] (1914)
# XI. Preludio (Scherzino) a 1 Voce [{{Lang|el|texte=Ἐν τῆ ὡδῶ}} / Dans la rue)] (1916)
# XII. Fuga 4 Voci [{{Lang|el|texte=Ὁ ἥλιος τοῦ ἀπογεύματος}} / Le soleil d'après-midi] (1918)
# XIII. Pedale a 3 Voci [{{Lang|el|texte=Ἔτσι πολὺ ἀτένισα}} / J'ai beaucoup regardé] (1911)
# XIV. Coda (Finale) a 2 Voci [{{Lang|el|texte=Ἐπῆγα}} / Je suis allé] (1905)
* ''Mélodies Grecques'' (pub. 1960 Universal)

=== Transcriptions ===
* [[Jean-Sébastien Bach|Bach]], ''Fantasia & Fugue'' en sol mineur, Bwv 542
* [[Ludwig van Beethoven|Beethoven]], [[Quatuor à cordes no 14 de Beethoven|Quatuor à cordes, opus 131]]
* Franck,
* Grieg,
* Prokofiev,
** ''[[Quintette en sol mineur de Prokofiev|Quintette]]'', opus 39
** ''[[Ouverture sur des thèmes juifs]]'', opus 34
* Howard Swanson (1907–1978), ''Night Music''

== Discographie de référence ==
Mitropoulos, comparativement à la plupart de ses collègues chefs d'orchestre de son époque ([[Eugene Ormandy|Ormandy]], [[Leopold Stokowski|Stokowski]], [[Pierre Monteux|Monteux]], [[Bruno Walter|Walter]]…) a peu enregistré en studio. C'est donc souvent par les enregistrements en concert que l'on trouve telle ou telle œuvre.

Le legs de Mitropoulos au disque est grossièrement divisé en trois. Il a enregistré avec l'Orchestre de Minneapolis à l'époque 78 tours pour Columbia (1), et lorsqu'il était à New York (2). L'essentiel ayant été republié par Sony et divers éditeurs dès que les enregistrements tombaient dans le domaine public. Et en outre, on trouve une grande quantité de bandes radios de concerts (3) publiées par le label ''Orfeo'' pour Vienne ou Salzbourg, et d'autres à Cologne, Amsterdam et avec le Philharmonique de New York et le Metropolitan Opera. Voici une large sélection, avec des dates précises, selon un découpage de formes : symphonies, concertos et opéras.

=== Symphonique ===
* [[Hector Berlioz|Berlioz]]
**''[[Le Roi Lear (Berlioz)|Le Roi Lear]],'' opus 4, ouverture, NBC Symphony Orchestra (30/12/1945)
**''[[Symphonie fantastique]]'', opus 14, ''[[Benvenuto Cellini (opéra)|Benvenuto Cellini]], opus 23, Rob Roy, opus...,'' ouvertures - New York ({{date|27|février|1957|en musique classique}})
**''[[Roméo et Juliette (Berlioz)|Roméo et Juliette]],'' Symphonie dramatique, opus 17 (extraits) - New York ({{date|27|octobre|1952|en musique classique}})
**''Roméo et Juliette,'' Symphonie dramatique, opus 17 (intégrale) - New York (1953)
**''[[Requiem (Berlioz)|Requiem]],'' Nicolas Gedda, ténor, Hamburg Radio Chorus, Cologne, Radio Chorus, Cologne Radio Symphony Orchestra - Cologne 1956.
**''Requiem,'' Léopold Simoneau, ténor, Wienner Staatsopernker, Wienner Philarmoniker,Vienne 1956
* [[Ernest Chausson|Chausson]] : ''[[Symphonie en si bémol majeur de Chausson|Symphonie en si bémol majeur]]'' - Minneapolis ({{date|9|mars|1946|en musique classique}})
*[[Camille Saint-Saëns|Saint-Saëns]], ''poèmes symphoniques, [[Le Rouet d'Omphale]] op.31, [[La Jeunesse d'Hercule]] op. 50, [[Danse macabre (Saint-Saëns)|Danse macabre]] op. 40, [[Phaéton (Saint-Saëns)|Phaéton]] op. 39,'' New York (1951)
{{encadré | titre= Orchestres | contenu=
* '''Columbia''' : [[Columbia Symphony Orchestra|Orchestre Symphonique Columbia]]
* '''Florence''' : [[Orchestre du Mai musical florentin]]
* '''NBC''' : [[Orchestre symphonique de la NBC]]
* '''New York''' : [[Orchestre philharmonique de New York|Philharmonique de New York]]
* '''Met''' : [[Metropolitan Opera]]
* '''Minneapolis''' : [[Orchestre symphonique du Minnesota|Orchestre Symphonique de Minneapolis]]
* '''Vienne''' : [[Orchestre philharmonique de Vienne|Philharmonique de Vienne]]
* '''Robin Hood Dell''' : Robin Hood Dell S. = [[Orchestre de Philadelphie]]
}}
* [[Gustav Mahler|Mahler]]
** ''[[Symphonie no 1 de Mahler|Symphonie {{numéro|1}}]]'' « Titan » - Minneapolis ({{date|4|novembre|1940|en musique classique}} - Sony)
** ''[[Symphonie no 5 de Mahler|Symphonie {{numéro|5}}]]'' - New York ({{date|2|janvier|1960|en musique classique}})
** ''[[Symphonie no 6 de Mahler|Symphonie {{numéro|6}}]]'' « Tragique » - New York ({{date|10|avril|1955|en musique classique}})
** ''Symphonie {{numéro|6}}'' « Tragique » - Cologne ({{date|31|aout|1959|en musique classique}})
** ''[[Symphonie no 8 de Mahler|Symphonie {{numéro|8}}]]'' « Des Mille » - Vienne ({{date|28|août|1960|en musique classique}})
** ''[[Symphonie no 9 de Mahler|Symphonie {{numéro|9}}]]'' - New York ({{date|23|janvier|1960|en musique classique}})
** ''Symphonie {{numéro|9}}'' - Vienne ({{date|2|octobre|1960|en musique classique}})
* [[Sergueï Prokofiev|Prokofiev]] : ''[[Roméo et Juliette (ballet)|Roméo et Juliette]]'' (Suites) - New York ()
* [[Sergueï Rachmaninov|Rachmaninoff]] : ''[[L'Île des morts (poème symphonique)|L'Île des morts]]'' - Minneapolis ({{date|2|mars|1945|en musique classique}})
* [[Ralph Vaughan Williams|Vaughan Williams]]
** ''[[Fantaisie sur un thème de Thomas Tallis]]'' - New York ({{date|3|mars|1958|en musique classique}})
** ''[[Symphonie no 4 de Vaughan Williams|Symphonie {{numéro}}4]]'' - New York ({{date|5|avril|1953|en musique classique}})

=== L'accompagnateur ===
* [[Ludwig van Beethoven|Beethoven]] : ''Concerto pour piano {{numéro|5}}'' - Robert Casadesus, New York (1955)
* [[Alban Berg|Berg]] : ''Concerto pour violon'' - NBC (1945)
* [[Hector Berlioz|Berlioz]] : ''Les Nuits d'été'' - [[Eleanor Steber]], soprano, Columbia ({{date|21|janvier|1954|en musique classique}})
* [[Johannes Brahms|Brahms]] : ''Concerto pour violon'' - Zino Francescatti, violon, Vienne ({{date|24|août|1958|en musique classique}})
* [[Max Bruch|Bruch]] : ''Concerto pour violon'' - Zino Francescatti, violon, New York ({{date|2|février|1952|en musique classique}})
* [[Sergueï Prokofiev|Prokofiev]] : ''Concerto pour piano {{numéro|3}}'' - Robin Hood Dell ({{date|26|juillet|1946|en musique classique}})
* [[Piotr Ilitch Tchaïkovski|Tchaïkovski]] : ''Concerto pour violon'' - Zino Francescatti, violon, New York (1954)
*[[Édouard Lalo|Lalo]] : ''Symphonie Espagnole -'' Zino Francescatti, violon, New York (1960)
*[[Camille Saint-Saëns|Saint-Saëns]] : ''Concerto pour violon N° 3'' - Ziino Francescatti, violon, New York (195..)
*Saint-Saëns : ''Concert pour piano N° 2'' - Athur Rubinstein, piano, New York (19/04/1953)
*Franck : ''Variations symphoniques'' - Athur Rubinstein, piano, New York (19/04/1953)

=== Opéra ===
* [[Alban Berg|Berg]] : ''Wozzeck'' - Mack Harrell, Eileen Farrell, Frederick Jagel, Joseph Mordino, David Lloyd, New York (1951)
*[[Georges Bizet|Bizet]] : ''Carmen -'' Risë Stevens, Mario del Monaco, The Metropolitan Opéra Orchestra and Chorus (195?)
* [[Wolfgang Amadeus Mozart|Mozart]] : ''Don Giovanni'' - Cesare Siepi, Léopold Simoneau, Fernando Corena, Elisabeth Grümmer, Lisa Della Casa, Rita Streich, Gottlob Frick, Walter Berry, Vienne (1956)
* [[Giacomo Puccini|Puccini]] : ''La Fanciulla del West'' - Eleanor Steber, Mario Del Monaco, Florence (1954)
* [[Richard Strauss|Strauss]]
** ''Elektra'' - [[Astrid Varnay]], Elena Nicolaidi, Irene Jessner, Herbert Janssen, Frederick Jagel, New York (1949)
** ''Elektra'' - [[Inge Borkh]], [[Lisa Della Casa]], [[Max Lorenz]], [[Jean Madeira]], [[Kurt Böhme]], Vienne (1957)
** ''Salome'' - Christel Goltz, [[Ramón Vinay]], Blanche Thebom, [[Paul Schöffler]] - Met (1955)
** ''Salome'' - Inge Borkh, [[Ramón Vinay]], Blanche Thebom - Met (1958)
* [[Giuseppe Verdi|Verdi]]
** ''Ernani'' - Mario Del Monaco, Zinka Milanov, Leonard Warren, Cesare Siepi, Met (1956)
** ''La Forza Del Destino'' - Mario Del Monaco, Renata Tebaldi, Aldo Protti, Florence (1953)

== Discographie des œuvres de Mitropoulos ==
* [[Leonard Bernstein]] a enregistré la version pour orchestre du Quatuor, opus 131 pour [[Deutsche Grammophon|DG]].
* Le pianiste {{lien|lang=ja|trad=ジャン・チャクムル|fr=Can Çakmur}}, a enregistré , ''Passacaglia, Intermezzo e Fuga'', pour le label [[BIS Records|BIS]] (2021).

== Notes et références ==
{{Références nombreuses|taille=24}}

== Voir aussi ==
{{Autres projets
| commons = Category:Dimitri Mitropoulos
}}
=== Bibliographie ===
* {{ouvrage| langue =en | auteur1=William R. Trotter | titre =Priest of Music |sous-titre=The Life of Dimitri Mitropoulous | éditeur =Amadeus Press | année =[[1995]] | ISBN =0-931340-81-0 | pages totales =495 | id =Trotter1995 | plume=oui }}
* {{el}} Apostolos Kostios, ''Écrits de Dimitri Mitropoulos'', Athènes, Orchestre des Couleurs, 1997 (titre original : {{Lang|el|texte=Απόστολος Κώστιος, ''Κείμενα Δημήτρη Μητρόπουλου''}})
* {{el}} Apostolos Kostios, ''Dimitri Mitropoulos'', Athènes, {{Lang|el|texte=Μορφωτικό Ίδρυμα Εθνικής Τραπέζης}}, 1985 (titre original : {{Lang|el|texte=Απόστολος Κώστιος, ''Δημήτρης Μητρόπουλος''}})
* {{en}} Stathis A. Arfanis, ''The Complete Discography of Dimitri Mitropoulos''. Athènes, Irinna S.A., 1990, 111 p. {{ISBN|960-7110-00-5}}

=== Filmographie ===
* ''Naked Hands'', documentaire de Giorgos Skevas, avec Lefteris Voyiatzis, 2013 {{commentaire|On peut traduire le titre par ''À mains nues'', allusion à sa direction sans baguette.[http://www.sgt.gr/en/programme/event/1032 Présentation sur ''sgt.gr''.]}}

==== Articles ====
* {{en}} Yannis Belonis, ''Dimitri Mitropoulos, Lonesome passage to modern music'', Muzikologija 2008, {{p.|45–54}} {{plume}}
* {{en}} Diane Touliatos-Miles, ''The Cavafy – Mitropoulos Connection: Poetry Set to Music'', 8 p. {{plume}}

=== Articles connexes ===
* [[Chef d'orchestre]]
* [[Directeur musical]]
* [[Orchestre symphonique du Minnesota]]
* [[Orchestre philharmonique de New York]]
* [[Metropolitan Opera]]
* [[Nikos Skalkottas]]

=== Liens externes ===
{{Liens}}
* {{en}} [https://hellenic-music-lab.music.uoa.gr/dimitri-mitropoulos/en/ https://hellenic-music-lab.music.uoa.gr/dimitri-mitropoulos/en/]


==== Article ====
* {{en}} [https://books.google.fr/books?id=_0cEAAAAMBAJ&lpg=PA60&dq=mitropoulos%20baton&hl=fr&pg=PA57#v=onepage&q=mitropoulos%20baton&f=false ''LIFE'', 18 février 1946], article de Winthrop Sargaent, {{p.|57-64}}


{{Début dynastie}}
{{Insérer dynastie | nom =[[Orchestre symphonique du Minnesota|Chef principal, Orchestre symphonique du Minnesota]] | avant =[[Eugene Ormandy]] | période =1937–1949 | après =[[Antal Doráti]]
}}
{{Insérer dynastie | nom =[[Orchestre philharmonique de New York|Directeur musical, Orchestre philharmonique de New York]] | avant =[[Bruno Walter]] | période =1949–1958 | après =[[Leonard Bernstein]]
}}
{{Fin dynastie}}

{{Portail|musique classique|Grèce}}

{{DEFAULTSORT:Mitropoulos, Dimitri}}
[[Catégorie:Naissance en mars 1896]]
[[Catégorie:Naissance à Athènes]]
[[Catégorie:Chef d'orchestre grec]]
[[Catégorie:Chef d'orchestre américain]]
[[Catégorie:Pianiste classique]]
[[Catégorie:Artiste de Columbia Records]]
[[Catégorie:Artiste de Philips Records]]
[[Catégorie:Compositeur grec]]
[[Catégorie:Compositeur américain]]
[[Catégorie:Élève du Conservatoire royal de Bruxelles]]
[[Catégorie:Décès en novembre 1960]]
[[Catégorie:Décès à Milan]]
[[Catégorie:Décès à 64 ans]]
[[Catégorie:Mort d'une crise cardiaque]]
[[Catégorie:Personnalité liée à la musique classique décorée de la Légion d'honneur]]
[[Catégorie:Personnalité inhumée au premier cimetière d'Athènes]]