Voir la source de Ronce commune


{{sous-titre/Taxon|ns1=Rubus fruticosus}}
{{Taxobox début | végétal | ''Rubus fruticosus'' | Rubus fruticosus — Flora Batava — Volume v15.jpg |[[Planche botanique]] de la Ronce commune.}}
{{Taxobox | sous-règne | Tracheobionta }}
{{Taxobox | division | Magnoliophyta }}
{{Taxobox | classe | Magnoliopsida }}
{{Taxobox | sous-classe | Rosidae }}
{{Taxobox | ordre | Rosales }}
{{Taxobox | famille | Rosaceae }}
{{Taxobox | genre | Rubus }}
{{Taxobox taxon | végétal | espèce | Rubus fruticosus | [[Carl von Linné|Linnaeus]], [[1753]] }}
{{Taxobox phylogénie bandeau}}
{{Taxobox | ordre | Rosales }}
{{Taxobox | famille | Rosaceae }}
{{Taxobox fin}}

La '''Ronce commune''', '''Ronce des bois''' ou '''Ronce des haies''' ('''''Rubus fruticosus'''''), est une [[espèce]] de plantes à fleurs de la famille des [[Rosaceae|Rosacées]].

Cet [[arbrisseau]] épineux est très commun dans les régions tempérées. Il y produit un [[fruit (botanique)|fruit]] comestible : le [[Mûre (fruit de la ronce)|mûron]] ou [[Mûre (fruit de la ronce)|mûre]]. Il est parfois appelé '''mûrier des haies''', '''mûrier sauvage''' ou '''ronce ligneuse'''.

== Phytonymie ==
Le [[nom vernaculaire]] « ronce » vient du latin ''{{lang|la|[[rumex]], rumicis}}'' qui signifie « dard » (allusion à la présence d'[[Épine|aiguillons]], et non d'épines, sur les rameaux). Quant au [[nom scientifique]] ''Rubus fruticosus'', l'étymologie ''Rubus'' est peut-être à rattacher au latin ''{{lang|la|ruber}}'', « rouge », pour la couleur des fruits (voire de leur jus) ou des feuilles à l'automne de certaines espèces<ref>{{Ouvrage|auteur1=Jean-Claude Rameau, Dominique Mansion, G. Dumé|titre=Flore forestière française|sous-titre=Région Méditerranéenne|éditeur=Forêt privée française|année=1989|passage=903|isbn=}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[François Couplan]]|titre=Les plantes et leurs noms. Histoires insolite|éditeur=Éditions Quae|année=2012|passage=107-108|isbn=|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=upZddPJu3l4C}}</ref>. L'épithète ''{{lang|la|fruticosus}}'' signifie « en arbrisseau, buissonnant, plein de rejetons » (d'où l'adjectif [[fruticuleux]])<ref>{{Ouvrage|auteur1=G. Lorougnon|titre=Le vocabulaire de botanique systématique|éditeur=Les Nouvelles Editions Africaines|année=1985|passage=51|isbn=}}.</ref>.

== Description ==
[[Fichier:Rubus fruticosus 15 ies.jpg|vignette|[[Port (botanique)|Habitus]].]]

=== Appareil végétatif ===
[[fichier:Blackberry Leaf Rust pustules (6710108837).jpg|vignette|gauche|redresse=0.6|Face inférieure de la feuille : masse de « spores » orange<ref>Elles sont noires en automne (processus de [[Mélanine|mélanisation]] des spores de résistance).</ref>, expulsées des spermogonies<ref>Petites cavités [[Thalle|thallines]] dans lesquelles des [[hyphe]]s particulières, produisent pas [[mitose]]s successives, des [[spermatie]]s (les « spores » ayant une grande analogie avec ces gamètes) expulsées à maturité par l'[[ostiole]] sommital.</ref>, montrant le phénomène de compensation parasitaire<ref>Surinvestissement dans la reproduction en raison de la discontinuité dans l'espace et dans le temps des milieux que représentent l'hôte de ce parasite. {{Cf.}} {{Ouvrage|auteur1=[[Claude Combes]]|titre=Interactions durables. Écologie et évolution du parasitisme|éditeur=Masson|année=1995|passage=19|isbn=}}</ref>.]]

La ronce commune est un [[sous-arbrisseau]] vivace plus ou moins épineux dont la hauteur varie de 1 à {{unité|7|m}}. Sa souche ligneuse produit chaque année des [[Rejet (botanique)|rejets]], appelés [[turion]]s, [[sarment]]s (le terme scientifique de primocanne est également utilisé), à section anguleuse<ref name="Amor">{{Article|langue=en|auteur=R.L. Amor & B.A. Miles|titre=Taxonomy and distribution of Rubus fruticosus L. agg. (Rosaceae) naturalized in Victoria|périodique=Muelleria|date=1974|volume=3|pages=39}}.</ref>. Ces [[tige]]s aériennes bisannuelles (plus rarement vivaces<ref>Les racines sont vivaces, la succession d'unités bisannuelles fait que la partie aérienne peut être considérée comme globalement vivace.</ref>) et feuillées, de 3 à {{unité|4|m}} de longueur (pouvant atteindre dix mètres) sont d'abord dressées puis à la fin de la première année se recourbent<ref name="Amor"/>. Lorsque leur extrémité apicale rejoint le sol ([[géotropisme]] positif)<ref>{{Article|auteur=Léon Wehrlen|titre=La ronce (Rubus fruticosus L. agg.) en forêt|périodique=Revue Forestière Française|date=1985|volume=37|numéro=4|pages=293|url texte=http://documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/2042/21810/RFF_1985_4_288.pdf?sequence=1?}}.</ref>, elles s'enracinent par [[marcottage]], puis développent la seconde année, à partir de bourgeons axillaires, des tiges florifères (appelées aussi floricannes) qui colonisent rapidement le terrain pour former des [[fourré]]s impénétrables appelés [[roncier]]s. Ces jeunes pousses fleurissent au cours de la deuxième année, se lignifient et meurent après la fructification<ref>{{Article|auteur=Paul Barnola|titre=Recherche sur le déterminisme du marcottage de l’extrémité apical des tiges de ronce (Rubus fructicosus L.)|périodique=Revue générale de botanique|date=1971|volume=78|pages=185–199}}.</ref>. La plante peut également se reproduire par [[bouturage]] et [[drageonnage]] (en moyenne 3 [[drageon]]s/m{{2}})<ref>{{Article|auteur=Léon Wehrlen|titre=La ronce (Rubus fruticosus L. agg.) en forêt|périodique=Revue Forestière Française|date=1985|volume=37|numéro=4|pages=294}}.</ref>. Les tiges ont un diamètre de 2 à {{unité|3|cm}} à leur base et sont angulaires à faces planes jusque vers leur mi-longueur<ref name="Tonelli">{{Ouvrage|auteur1=Nicole Tonelli|auteur2=François Gallouin|titre=Des fruits et des graines comestibles du monde entier|éditeur=Lavoisier|année=2013|passage=456|isbn=|lire en ligne={{Google Livres|A0-wAgAAQBAJ}}}}.</ref>. Vertes, elles ont des teintes rouge violacé au niveau des faces exposées au soleil en raison de la présence d'[[anthocyane]]s qui ont un rôle [[Photoprotection|photoprotecteur]] : en absorbant les UV, ces pigments réduisent la [[photo-oxydation]], agissant en bouclier pour l'[[ADN]] et les composants cellulaires (comme le bronzage qui correspond à une augmentation de la [[mélanine]] [[Épiderme (anatomie)|épidermique]])<ref>{{en}} Burger J & Edwards GE, « Photosynthetic efficiency, and photodamage by UV and visible radiation, in red versus green leaf Coleus varieties », ''Plant Cell Physiol'', 37, 1996, {{p.|395–399}}</ref>.

Les [[feuille]]s typiques, alternes, pétiolées et stipulées, sont composées palmées, à 3-5 (7) folioles ovales (caractère trifolié, pentafolié ou même heptafolié selon la position des feuilles et l'année de la pousse<ref>Feuilles pentafoliées pour les rameaux de la première année, feuilles trifoliées avec folioles plus petits pour les rameaux de la seconde année. Cf {{Ouvrage|auteur1=[[François Couplan]]|titre=Aimez vos plantes invasives|éditeur=[[Éditions Quæ|Quae]]|année=2015|passage=116|isbn=}}</ref>) denticulées et acuminées, les latérales étant plus ou moins [[Pétiole|pétiolulées]]. Elles sont épineuses sur le pétiole et les nervures principales. Les stipules linéaires font moins de {{Unité|1|mm}} de large, contrairement à la [[ronce bleue]]<ref name="Jauzein2013p394"/>.

Les tiges épineuses portent également des [[Aiguillon (botanique)|aiguillons]] acérés recourbés ([[acicule]]s plus ou moins droits chez les autres ronces du genre ''[[Rubus]]'', ils hérissent les angles et souvent les faces des tiges) vulnérants à base dilatée<ref name="Amor"/>. Ces aiguillons, issus de poils épidermiques très développés qui se lignifient, assurent une [[Défense des plantes contre les herbivores|défense mécanique passive contre les herbivores]]. Les ronces dans des zones plus paturées ont des aiguillons plus longs et acérés, ce qui montre le contrôle [[épigénétique]] de la [[plasticité phénotypique des plantes]]<ref>{{Article|langue=en|auteur=Susan M. CooperNorman Owen-Smith|titre=Effects of plant spinescence on large mammalian herbivores|périodique=Oecologia|date=septembre 1986|volume=68|numéro=3|pages=446–455}}.</ref>.

<gallery mode=packed>
Rubus fruticosus 18 ies.jpg|Section transversale de la tige.
Nationaal Park De Alde Feanen. Locatie, It Wikelslân. Bloem van braam.JPG|Feuilles trifoliées, bouton floral et fleur.
Radevormwald - Rubus fruticosus 01 ies ies.jpg|Feuille attaquée par l'[[anthracnose]]<ref>La [[Résistance des plantes aux maladies|plante réagit]] en synthétisant des pigments rouges, les [[anthocyane]]s, déposés dans les vacuoles cellulaires et qui ont un rôle de défense contre les pathogènes des plantes ([[phytoalexine]]s).</ref>.
Blackberry Leaf Rust Fungus (6710089489).jpg|Face supérieure de la feuille de ronce en fin d'été. La [[Rouille (maladie)|rouille]] de ronce ''{{lien|fr=Phragmidium violaceum|lang=en|trad=Phragmidium violaceum}}'' induit une réaction de [[Résistance des plantes aux maladies|défense contre le parasite]]<ref>Cette défense se traduit par l'accumulation de [[tannin]]s rouges toxiques (des [[anthocyane]]s à l'origine des [[Macule (botanique)|macule]]s foliaires) dans les [[vacuole]]s des [[Cellule végétale|cellule]]s colonisées, mais elle reste sans effet. En effet, le [[Haustorium|suçoir]] de ce parasite pompe des petites molécules de la cellule, sans altérer sa membrane et sa vacuole, restées intactes, les tannins n'étant ainsi pas libérés. {{Cf.}} {{Ouvrage|auteur1=[[Marc-André Selosse]]|titre=Les Goûts et les couleurs du monde. Une histoire naturelle des tannins, de l'écologie à la santé|éditeur=Actes Sud Nature|année=2019|passage=87|isbn=}}</ref>.

</gallery>

=== Appareil reproducteur ===
La floraison s'étend sur plusieurs mois. De 20 à 30 [[fleur]]s [[hermaphrodite]]s [[actinomorphe]]s, blanches ou blanc rosé, de deux à trois centimètres de diamètre, sont regroupées en une [[inflorescence]], [[corymbe]] ou [[cyme]] pyramidale ou cylindrique lâche. Fleurs [[périgyne]]s, elles ont un [[hypanthium]] plat. [[Polymérie|Pentamères]], [[dialysépale]]s et [[dialypétale]]s, elles ont cinq [[sépale]]s, cinq [[pétale]]s. L'[[androcée]] est composé de nombreuses [[étamine]]s cycliques (les verticilles staminés se dédoublent et portent chacun dix étamines, ce qui conduit à la [[méristémonie]])<ref>{{Ouvrage|auteur1=Denis Bach|auteur2=Marcel Mascré|auteur3=Guy Deysson|titre=Cours de botanique générale|éditeur=Société d'édition d'enseignement supérieur|année=1965|passage=226}}.</ref> à développement centripète, aux [[Filet (botanique)|filets]] minces blancs (plus rarement roses) et aux [[anthère]]s jaunes, [[introrse]]s et [[dorsifixe]]s, à [[déhiscence (botanique)|déhiscence]] longitudinale (attachés par le milieu au sommet du long filet qui facilite leurs oscillations, ils sont dits anthères versatiles). Fleur [[dialycarpellé]]e, son gynécée est constitué de nombreux [[carpelle]]s libres, aux [[Style (botanique)|styles]] subterminaux blanc-verdâtre à roses, surmontés d'un stigmate bilobé. La [[placenta (botanique)|placentation]] est axile avec deux [[Ovule (botanique)|ovules]] [[anatrope]]s par loge dont l'un avorte, l'autre donnant une graine (de {{unité|2|mm}} de long et pesant 2 à {{unité|4|mg}}) sans albumen, à petit embryon droit<ref name="Amor"/>{{,}}<ref name="Wehrlen_292">{{Article|auteur=Léon Wehrlen|titre=La ronce (Rubus fruticosus L. agg.) en forêt|périodique=Revue Forestière Française|date=1985|volume=37|numéro=4|pages=292}}.</ref>.

Les [[fruit (botanique)|fruits]] rouges de 0,5 à {{unité|3|cm}} de diamètre deviennent noir bleuâtre à maturité, vers septembre. Ce sont des fruits composés formés de l'agrégation des [[carpelle]]s modifiés et transformés en petites [[drupe]]s ([[drupéole]]s de 2 à {{unité|4|mm}} de diamètre) qui restent adhérentes au [[réceptacle floral]] conique, en emportant une partie quand on les cueille, ce qui les distingue du framboisier<ref>{{Ouvrage|auteur1=Philippe Jauzein|auteur2=Olivier Nawrot|titre=Flore d'Île-de-France|éditeur=Editions Quae|année=2013|passage=393|isbn=}}.</ref>. Ce type de fruit, appelé [[syncarpe]] ou [[Glossaire de botanique#P|polycarpe]], est botaniquement une polydrupe car formée de carpelles presque séparés. À maturité, chaque drupéole est surmontée par le reste desséché du style et du stigmate en forme de point d'interrogation qui était au sommet du carpelle qui lui a donné naissance. Une drupéole est constituée d'un épicarpe mince, d'un mésocarpe charnu (le globule charnu) et d'un endocarpe lignifié (sorte de granule osseux que l'on retrouve entre les dents après avoir mangé les drupéoles, il est lui-même constitué d'un noyau réticulé contenant une graine). Les sépales rabattus et desséchés ainsi que les étamines persistent à la base de la polydrupe<ref>{{Ouvrage|auteur1=Nicole Tonelli|auteur2=François Gallouin|titre=Des fruits et des graines comestibles du monde entier|éditeur=Lavoisier|année=2013|passage=457|isbn=}}.</ref>.

Plusieurs milliers de graines peuvent être produites par {{m2}} de roncier. Leur dispersion est assurée par [[barochorie]] et [[endozoochorie]] (consommation des mûres par des mammifères carnivores<ref>En pleine période de fructification, le pourcentage de déjection de renard contenant des semences varie de 50 à 90 %. Cf. {{en}} Brunner H, Harris RV, Amor RL 1976, A note on the dispersal of seeds of blackberry by foxes and emus, ''Weed Research'' 16, {{p.|171–173}}</ref> ou des oiseaux [[frugivore]]s, les noyaux contenant les graines suivent le transit intestinal et, non digérés, retournent dans la terre dans les déjections animales). Mais le taux de [[germination]] est faible (10 %) si la graine n'a pas suivi ce transit intestinal, aboutissant dans ce cas à un taux 2 à 3 fois plus élevé<ref>{{Ouvrage|auteur1=Antoine Gama|titre=Utilisation des herbicides en forêt et gestion durable|éditeur=[[Éditions Quæ|Quae]]|année=2006|passage=221|isbn=}}.</ref>.

<gallery mode=packed>
RubusFruticosus FlowerAndUnripenFruits 01.jpg|Inflorescence.
Blackberries (Rubus fruticosus).jpg|Mûrons.
Rubus fruticosus flowerdiagram.png|[[Diagramme floral]].
</gallery>

=== Confusions possibles ===
Cette ronce est parfois confondue avec le [[framboisier]] et le [[mûrier]], dont le [[fruit (botanique)|fruit]] est également nommé « mûre » qui se ressemble par l'aspect et par le goût. Les fruits du framboisier se séparent du [[réceptacle floral]] lorsqu'ils sont cueillis tandis que le mûrier a des feuilles simples, entières ou plus ou moins lobées.

Certaines distinctions restent parfois difficiles car les ''Rubus'' sont un genre [[polymorphisme génétique|polymorphe]], en processus d'évolution active par voie de mutation, la formation de nombreux [[hybride]]s instables et de taxons [[Apomixie|apomictiques]]<ref name="Jauzein2013p394"/>, ce qui explique l'existence spécifique d'une discipline, la [[batologie]] (du [[grec]] {{Grec ancien|βάτος|bátos}}<ref>Ce terme se retrouve dans plusieurs sous-genres de ''[[Rubus]]'' : ''Eubatus'', ''Anoplobatus'', ''Chamaebatus'', ''Idaeobatus''.</ref>, « ronce »), étude [[taxonomie|taxonomique]] des taxons rattachés au [[genre (biologie)|genre]] ''[[Rubus]]'' par les batologues.

== Faune et flore associées ==
Certains animaux sont amateurs de mûres ou de feuilles de ronce. La ronce est [[Liste de plantes mellifères en Europe|mellifère]] et est la plante hôte des [[Chenille (lépidoptère)|chenilles]] de plusieurs papillons, comme le [[bombyx de la ronce]], le [[bombyx du chêne|minime à bande jaune]], la [[petite violette]], le [[nacré de la ronce]], le [[nacré de la sanguisorbe]], l'[[hespérie du faux-buis]], l'[[hespérie des sanguisorbes]]. Elle constitue aussi une source de nourriture pour les [[Phasme|phasmes]], dont on dénombre trois espèces françaises, toutes amatrices de feuilles de ronces. En dehors des [[insecte]]s, le mûrier est une des nourritures appréciées en hiver par les [[chevreuil]]s en forêt et le [[Muscardinus avellanarius|muscardin]], un petit [[rongeur]] roux, vit souvent dans les ronciers où il construit parfois son nid<ref>{{Ouvrage|auteur1=Maurice Dupérat|titre=Mammifères de France|éditeur=éditions Artemis|année=1999|passage=43|isbn=}}.</ref>. Bon nombre d'[[oiseaux]] se nourrissent des fruits, se chargeant ainsi de la dissémination des graines.

De plus, les ronciers abritent certains grands mammifères, tels que les [[sangliers]] et les [[renard]]s. La ronce présente donc un intérêt écologique dans son aire d'origine. Mais dans les pays où elle se présente comme une [[espèce invasive]], en [[Australie]] notamment, elle favorise la prolifération de ces animaux eux aussi invasifs et nuisibles.

Injustement redoutée et combattue, la ronce, [[espèce pionnière]] des haies, des lisières boisées et des coupes forestières, est une plante importante des [[fruticée]]s à [[Prunus spinosa|prunelliers]] qui modifient le milieu<ref>Les puissantes racines de la ronce [[Compaction du sol|décompactent]] le sol profondément et la décomposition de ses feuilles fournit un [[humus]] riche en rééquilibrant le sol. Réservoir de biodiversité, elle abrite de nombreux mammifères qui déposent de multiples graines (phénomène d'[[épizoochorie]] et d'[[endozoochorie]]) qui donnent des jeunes plants naturellement protégés par ses épines. Cf {{Ouvrage|auteur1=Brunon Sirven|titre=Le génie de l'arbre|éditeur=[[Actes Sud|Actes sud]]|année=2016|passage=118-119|isbn=}}</ref> et le préparent pour atteindre le [[Cycle sylvigénétique|stade forestier]]. La végétation exubérante permet aux graines de germer à l'abri du mauvais temps ou de la sécheresse, tandis que les ronces munies d'aiguillons permettent aux plantules de pousser sans être mangées par les herbivores. Chez les essences [[héliophile]]s (frêne, chêne, merisier, bouleau), le couvert n'est toléré qu'en prime jeunesse. Une fois le stade [[fourré]] atteint ([[Chablis (arbre)|chablis]], [[lisières]] forestières), le forestier opère des dégagements pour détruire la végétation adventice (ronces, orties, fougères, graminées) et favoriser la croissance de ces arbres, selon le processus de [[succession végétale]] de type [[sylvigenèse]]. Ce milieu favorable à l'établissement d'un stade pré-forestier explique, lorsque la ronce n'exerce pas une degré de compétition trop élevé, que les sylviculteurs reconnaissent l'action bénéfique de cette plante, indicatrice de station riche. La ronce est le « berceau du chêne », disent les forestiers lorrains (dicton qui s'applique aussi à l'[[ortie]] au rôle protecteur analogue avec ses poils urticants)<ref>{{Ouvrage|auteur1=Nicole Tonelli|auteur2=François Gallouin|titre=Des fruits et des graines comestibles du monde entier|éditeur=Lavoisier|année=2013|passage=463|isbn=}}.</ref>, la « mère du hêtre », précisent les Normands<ref>{{Article|auteur=Léon Wehrlen|titre=La ronce (Rubus fruticosus L. agg.) en forêt|périodique=Revue Forestière Française|date=1985|volume=37|numéro=4|pages=288}}.</ref>.

== Écologie ==
Cette ronce appartient au type biologique ou à la {{lien|fr=Forme de vie (plante)|lang=en|trad=Plant life-form|texte=forme de vie}} appelé [[chamaephyte]] [[frutescent]] herbacé à base ligneuse. Les « ronces sont ainsi des buissons arqués à [[Plante bisannuelle|pousses bisannuelles]] se renouvelant par la base de leurs pousses ou par la souche initiale et par marcottage naturel ». Elles forment « un tapis régulier d'une hauteur variant de {{unité|0.20|m}} à {{unité|1.50|m}} de haut, mais elles peuvent également former des fourrés impénétrables de plusieurs mètres de haut »<ref name="Wehrlen_292"/>.

=== Distribution géographique ===
Cette espèce est originaire d'[[Eurasie]]. Très commune, à [[répartition cosmopolite]] jusqu'à {{unité|1600|m}} d'altitude (étage collinéen et montagnard), elle s'est naturalisée un peu partout. Elle fait partie des ronces appartenant au groupe d'espèces du genre ''Rubus'' sous-genre ''Rubus'' [[Section (biologie)|section]] '' Rubus'' (soit ''Rubus fruticosus'' lato sensu) qui contient des milliers d'espèces ({{unité|2000|espèces décrites}} en Europe) et d'innombrables [[wikt:biotype|biotypes]]<ref>{{Chapitre |langue= en|auteur1= C. Kalkman|titre chapitre= Rosaceae|auteurs ouvrage= Kubitzki (Hrsg.)|titre ouvrage= The Families and Genera of Vascular Plants. Volume 6: Flowering Plants, Dicotyledons: Celastrales, Oxalidales, Rosales, Cornales, Ericales|éditeur= Springer|année= 2004|passage= 370}}</ref>. Ce qui fait dire au botaniste [[Paul-Victor Fournier]] : {{Citation|Si les ronces constituent pour le botaniste un épouvantable maquis, pour le vulgaire la chose est beaucoup plus simple}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Paul-Victor Fournier]]|titre=Dictionnaire des plantes médicinales et vénéneuses de France, p. 833|éditeur=Omnibus|année=2010|passage=833|isbn=}}.</ref>.

Elle est souvent considérée comme [[Espèce invasive|plante envahissante]], colonisant les haies, les lisères forestières, les [[friche]]s [[Espace rudéral|rudérales]] annuelles. Espèce [[nitrophile]] comme toutes les ronces, elle se développe en effet aux alentours des habitats campagnards, des enclos d'animaux mais aussi des parkings et aires de pique-nique, partout où l'homme et les animaux abandonnent déchets et déjections<ref>{{Ouvrage|auteur1=Nicole Tonelli|auteur2=François Gallouin|titre=Des fruits et des graines comestibles du monde entier|éditeur=Lavoisier|année=2013|passage=462-463|isbn=}}.</ref>.

L'arbuste présenté au [[monastère Sainte-Catherine du Sinaï]] comme étant le « [[Buisson ardent (Bible)|Buisson ardent]] » de la [[Bible]] est une ronce commune.

=== Exigences écologiques ===
La ronce commune est une espèce [[héliophile]] (elle ne fructifie abondamment qu'à plein découvert) mais tolérant l'ombre. Elle est [[mésophile]] et [[acidicline]]<ref name="Rameau">{{Ouvrage|auteur1=[[Jean-Claude Rameau]], Dominique Mansion, Gérard Dumé|titre=Flore forestière française|sous-titre=Plaines et collines|éditeur=Forêt privée française|année=1989|passage=611|isbn=}}.</ref>.

=== Phytosociologie ===
Elle est rattachée aux [[alliances phytosociologiques]] suivantes : divers types forestiers ([[Quercus|Querco]]-[[Fagus|Fagetea]]) et [[fruticée]]s ([[Crataegus monogyna|Crataego monogynae]]-[[Prunellier|Prunetalia spinosae]])<ref name="Rameau"/>.

=== Ennemis naturels ===
Les feuilles des ronces font partie du [[régime alimentaire]] de nombreux mammifères herbivores (consommation occasionnelle chez le mouton, la chèvre, le renard, le putois, la fouine, la martre, le blaireau ; consommation de base chez le cerf et le chevreuil, de fortes densités de ces [[cervidés]] pouvant freiner l'extension des ronces). Leurs mûres sont consommées par les oiseaux frugivores (il est possible qu'elles « contribuent à assurer la survie automnale des [[sylviidés]] et du [[rouge-gorge]] »). 

La plante est également victime d'agents parasitaires (bactérie, virus, champignons dont certains comme ''{{lien|fr=Septocyta ruborum|lang=en|trad=Septocyta ruborum}}'' et ''Phragmidium violaceum'' ont un rôle néfaste sur le végétal)<ref>{{Article|auteur=Léon Wehrlen|titre=La ronce (Rubus fruticosus L. agg.) en forêt|périodique=Revue Forestière Française|date=1985|volume=37|numéro=4|pages=295-297}}.</ref>.

=== Lutte contre la ronce ===
La lutte contre cette végétation [[adventice]] comprend de nombreuses méthodes<ref>{{Article|auteur=Léon Wehrlen|titre=La ronce (Rubus fruticosus L. agg.) en forêt|périodique=Revue Forestière Française|date=1985|volume=37|numéro=4|pages=299-301}}.</ref> : lutte mécanique par [[Fauchage (agriculture)|fauchage]] (manuel ou à la [[débroussailleuse]] portative), [[gyrobroyage]], [[labour]], [[pâturage]] ; [[lutte biologique]] (avec le champignon ''Phragmidium violaceum'') ; lutte chimique ([[herbicide]]s)<ref>{{Article|auteur=P. Arbonnier|titre=L'arme chimique au service du forestier|périodique=Revue forestière française|date=1957|volume=IX|pages=439-441|url texte=http://documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/2042/27315/RFF_1957_6_439.pdf?sequence=1}}.</ref> ; [[lutte intégrée]].

== Variétés ==
Il existe quelques variétés horticoles, notamment ''Inermis'', variété sans épines. On la trouve spécialement dans les forêts d'[[Allemagne]] et d'[[Autriche]]{{refnec}}.

Faute de recherches plus complètes sur les vestiges végétaux dans les [[wikt:dépotoir|dépotoirs]] médiévaux, les [[archéobotaniste]]s admettent que les tentatives de [[domestication]] de cette espèce ont commencé relativement tard en Europe (car l'espèce sauvage était facilement cueillie dans la nature), vers le {{sp-|XIV|-|XV|s}}, la domestication du genre ''Rubus'' ne se développant qu'au {{s-|XVIII}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=Michel Colardelle|titre=L'homme et la nature au Moyen Âge|éditeur=Editions Errance|année=1996|passage=96|isbn=}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Daniel Zohary|auteur2=Maria Hopf|titre=Domestication of Plants in the Old World : the Origin and Spread of Cultivated Plants in West Asia, Europe and the Nile Valley|éditeur=[[Oxford University Press|Clarendon Press]]|année=1993|passage=199-200|isbn=|lire en ligne={{Google Livres|}}}}.</ref>.

== Utilisations ==
[[Fichier:Blackberry (Rubus fruticosus).jpg|vignette]]
[[Fichier:Halved blackberry (Rubus fruticosus).jpg|vignette]]

=== Alimentaires ===
==== Feuilles ====
* À l'état de [[bourgeon]] (à la saveur fruitée et tanisée), ainsi qu'à l'état de jeunes pousses et de pétales de fleurs, la plante est comestible crue (ajoutée aux salades de légumes ou de fruits pour les décorer)<ref name=PhillipsFoy1990>Phillips R & Foy N (1990). Herbs Pan Books Ltd. London</ref>. Les jeunes pousses de l'année, dites « [[turion]]s », qui ont une saveur de [[noisette]] ou [[noix de coco]], avec une note [[Framboise|framboisée]] ; 
* Les feuilles étaient récolée et utilisées comme [[fourrage]] pour le bétail<ref>Humayun M (2003). Medicinal Folk Recipes, Ethnobotanical studies of some useful shrubs and trees of District Buner NWFP, Pak. J. Ethnobot. Leaf, SIUC USA.</ref> ; 
Selon Enache et Iancu (1981)<ref>Enache G & Iancu M (1981) Composition for treating digestive disorders
of calves and piglets, Rom. Ro 75: 752.</ref> elles servaient à traiter les troubles digestifs des [[veau]]x et des [[porc]]elets, et selon Simoni et Guarrera (1994)<ref>Simoni DE, Guarrera PM (1994). Ethnobotany survey in the province of Teramo. Applied Environmental Botany Notebooks., 5, 3-10. El- Fattah HA (1997) Chemistry of Asphodelus fistolusus, Int. J. Phcog., 35: 274-277.</ref> à soigner les blessures des animaux ;  
* Le ''thé de ronce'' est une tisane au goût et au parfum fruités et boisés, préparée à partir des feuilles séchées<ref>Bown D (1995) The Royal Horticultural Society encyclopedia of herbs & their uses. Dorling Kindersley Limited.</ref>. 
* Les feuilles et les tiges plus âgées deviennent plus riches en tanins et plus astringentes, mais on peut encore les faire cuire à plusieurs eaux pour les adoucir<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[François Couplan]]|titre=Aimez vos plantes invasives|éditeur=[[Éditions Quæ|Quae]]|année=2015|passage=116|isbn=}}</ref> puis les consommer. 
* On peut aussi les faire sécher et fermenter<ref>{{Citation|Pour ce faire, on entoure les pousses d'un linge humide pendant quelques jours, jusqu'à ce qu'elles noircissent ; puis on les sèche soigneusement pour les conserver}}. Cf. {{Ouvrage|auteur1=[[François Couplan]], Eva Styner|titre=Guide des plantes sauvages comestibles et toxiques|éditeur=[[Delachaux et Niestlé]]|année=1994|passage=100|isbn=}}.</ref> pour en faire une infusion au goût de framboise ou de thé noir<ref>{{Ouvrage|auteur1=Michel Botineau|titre=Guide des plantes comestibles de France|éditeur=[[Humensis]]|année=2013|passage=197-198|isbn=|lire en ligne={{Google Livres|UR6WDgAAQBAJ}}}}.</ref>. (le terme « fermenter » ici est probablement un abus courant, par analogie avec le [[thé noir]] il s'agit bien plus probablement d'une oxydation<ref>{{Lien vidéo|titre=tisane de ronce fermentée ou oxydée|url=https://www.youtube.com/watch?v=bV_1_odpmf0|date=2021-04-21|consulté le=2024-08-03|auteur=jean-claude claes|durée=25:33}}</ref>) 
* Dans l'Orléanais, on prépare un « vin de pousses de ronce »<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[François Couplan]]|titre=Le régal végétal|sous-titre=plantes sauvages comestibles|éditeur=Editions Ellebore|année=2009|passage=264|isbn=}}.</ref>.

==== Fruits ====
Les mûres ou mûrons, très riches en différentes formes de [[vitamine B]] (sauf B12) et [[vitamine C]] ({{unité|36|mg}}/{{unité|100|g}}), sont consommés crus, seuls ou dans des salades de fruits, ou cuits en tartes, sirops, sorbets, gelées et confitures. 

Ils se congèlent bien. 

Leur fermentation donne une boisson alcoolisée, la ''crème de mûre'', à la base de variante de [[kir]], un vin de mûre et du vinaigre ou des liqueurs aromatisées à la mûre<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[François Couplan]], Eva Styner|titre=Guide des plantes sauvages comestibles et toxiques|éditeur=[[Delachaux et Niestlé]]|année=1994|passage=100|isbn=}}</ref>.

Les fruits de toutes les autres espèces de ronce sont eux aussi comestibles. Leur composition varie dans de fortes proportions (en moyenne 85% d'eau, 4 à 7% de sucre ([[dextrose]] et [[lévulose]], des traces de [[saccharose]]), un peu d'acides succinique, malique, oxalique, citrique, salicylique, un peu d'inosite, de la gomme, de la pectine…. 

Les noyaux ou pépins donnent environ 13 % d'huile grasse composée surtout d'oléine et de linoléine »<ref>{{Ouvrage|auteur1=Paul Fournier|titre=Le livre des plantes médicinales et vénéneuses de France|éditeur=P. Lechevalier|année=1948|passage=341}}</ref>.

La cueillette des mûres est déconseillée près des bords de route ou des zones de culture conventionnelle<ref>{{Lien web|url=https://www.sciencesetavenir.fr/sante/peut-on-savourer-les-fruits-rouges_29064|titre=Peut-on savourer les fruits rouges ?|auteur=Marie-Noëlle Delaby|date=7 juin 2015|site=sciencesetavenir.fr}}.</ref>, car elles sont susceptibles d'être contaminées par des pesticides<ref>{{Article|langue=en|auteur=Jolanta Wieczorek, Monika Pietrzak, Adam Osowski & Zbigniew Wieczorek|titre=Determination of Lead, Cadmium, and Persistent Organic Pollutants in Wild and Orchard-Farm-Grown Fruit in Northeastern Poland|périodique=Journal of Toxicology and Environmental Health|date=2010|volume=73|numéro=17-18|pages=|doi=10.1080/15287394.2010.492009}}.</ref> ou par des métaux lourds (mercure, cadmium, plomb des échappements de moteur, source de pollution repérées dès les années 1970<ref>{{Article|langue=en|auteur=Gerald W.A.Fowles|titre=Lead content of roadside fruit and berries|périodique=Food Chemistry|date=juillet 1976|volume=1|pages=33-39|doi=10.1016/0308-8146(76)90012-1}}.</ref>).

=== Propriétés médicinales et pharmaceutiques ===
La ronce est une [[plante médicinale]] très appréciée, réputée diurétique, carminative et antidiabétique<ref name=RiazAl2011/>.

Elle et utilisée, au moins depuis dans l'[[Antiquité]] {{Citation|pour son action astringente, antidiarrhéique et antihémorragique}}<ref name="Bardeau">{{Ouvrage|auteur1=Fabrice Bardeau|titre=La pharmacie du Bon Dieu|éditeur=Fernand Lanore|année=1977|passage=238|isbn=}}.</ref> : 
* [[Pline l'Ancien]] la vante pour ses vertus anti-inflammatoires de l'intestin et de la bouche, décrit un sirop à base de mûre de ronce (le ''panchrestos'', littéralement « bon à tous maux »). Et en Grèce, Dioscoride ({{s-|I}} après J.-C.) conseillait d'en mâcher les feuilles pour raffermir les gencives, 
* Au Moyen Âge Hildegarde « rapporte que la Ronce (feuille) est usitée contre les douleurs des dents, de la langue, de la poitrine, contre la toux, la dysenterie hémorrhagique et ses fruits comme fortifiants »<ref> Cf {{Ouvrage|auteur1=Paul Fournier|titre=Le livre des plantes médicinales et vénéneuses de France|éditeur=P. Lechevalier|année=1948|passage=340}}.</ref>; l'[[école de médecine de Salerne]] et [[Hildegarde de Bingen]] au {{s-|XII}} la préconisent aussi, outre contre les douleurs dentaires, buccales et thoraciques<ref name=MedicinalRusticArchiv2023/>, contre les ''hémorragies du fondement'' ([[hémorroïde]]s)<ref>{{Ouvrage|auteur1=Marie d'Hennezel|titre=Les plantes pour tout guérir|éditeur=[[Fleurus (maison d'édition)|Fleurus]]|année=2015|passage=83|isbn=}}.</ref>{{,}}<br>Dans l'esprit de la [[pensée magique]] médiévale reposant sur la [[théorie des signatures]] (plaies sur la peau analogues à la piqûre des aiguillons), la ronce était réputée soigner les affections de peau de celui qui rampe sous ses arceaux, et être le meilleur antidote aux morsures de serpents<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Henri Leclerc]]|titre=Les fruits de France|éditeur=Legrand et Cie|année=1900|passage=30}}.</ref>. L'occident médiéval la juge néanmoins ambivalente : les mûres cueillie trop tardivement sont accusées « de nuire à la santé, d'engendrer des maux de tête et de la fièvre » ; réputation peut-être liée à son surnom de « ronce de renard » (animal qui en « cueille » les fruits et peut souiller de ses déjections la base du roncier)<ref>{{Ouvrage|auteur1=Paul Fournier|titre=Le livre des plantes médicinales et vénéneuses de France|éditeur=P. Lechevalier|année=1948|passage=340}}</ref>. Une [[croyance populaire]] au [[Royaume-Uni]] voulait qu'après la [[Michaelmas|fête des Archanges]] ({{date-|29 septembre}}) ou une date ultérieure selon les régions, ces fruits ne soient pas cueillis, le diable ayant craché dessus, ce qui les rend inconsommables. Cette superstition fait probablement référence à la pourriture grise des fruits (''[[Botrytis cinerea]]'') qui se développe par temps pluvieux durable en arrière-saison<ref>{{Lien web|langue=en|url=https://www.theguardian.com/lifeandstyle/2010/sep/08/seasonal-food-blackberries|titre=Seasonal food: blackberries|auteur=Rick Peters|date=9 septembre 2010|site=theguardian.com}}.</ref>. 
* au {{s-|XVI}} les botaniste [[Leonhart Fuchs|Fuchs]] et [[Rembert Dodoens|Dodoens]] lui reconnaissent des vertus médicinales<ref name="Bardeau"/> ; elle est dite à bon droit, au même titre que les roses et les [[épervière]]s, « la croix des botanistes », les anciens voyant en elle une [[panacée]] pour guérir presque toutes les maladies<ref>{{Ouvrage|auteur1=Paul Fournier|titre=Le livre des plantes médicinales et vénéneuses de France|éditeur=Naturegraph Publishers|année=1948|passage=102}}.</ref>. 

Pour leur richesse en tanins astringents, les jeunes pousses fermentées (ou une infusion de feuilles) sont utilisées en [[gargarisme]]s [[wikt:détersif|détersifs]]<ref name=MedicinalRusticArchiv2023/>, et en bain de bouche contre le [[muguet buccal]], les [[gingivite]]s et les [[aphte]]s<ref name=RiazAl2011/>. 

Les feuilles séchées sont réputée avoir des propriétés diurétiques, carminatives et antidiabétiques<ref name=RiazAl2011/> ; elles sont utilisées en [[tisane]]s contre les [[angine]]s<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[François Couplan]]|titre=Aimez vos plantes invasives :|éditeur=[[éditions Quæ]]|année=2015|passage=117|isbn=}}.</ref> et plus généralement (en infusion) contre les maux de gorge et la toux<ref name=MedicinalRusticArchiv2023>{{Lien web |titre=Se soigner naturellement avec la ronce à mûres |url=https://web.archive.org/web/20230727170636/https://www.rustica.fr/plantes-medicinales/bienfaits-ronce-a-mures,15486.html |site=web.archive.org |date=2023-07-27 |consulté le=2023-07-27}}</ref>. 
Les feuilles servaient autrefois à soigner la fièvre, la gastrite, la diarrhée et la dysenterie<ref name=RiazAl2011/>. 

En voie externe, elle ont autrefois servi à panser les ulcères et les plaies rebelles<ref name=MedicinalRusticArchiv2023/>. Une lotion à base de feuille a des propriétés astringentes qui seraient bonnes pour le peaux grasses<ref name=MedicinalRusticArchiv2023/>. Elles apportent aussi de la [[vitamine C]] qui a des vertus antiscorbutique.

==== Racine ====
* Dans les années 1980/1990, au moins 5 auteurs (Launert, 1981 ; Chiej, 1984 ; Grieve, 1984 ; Mills, 1988 ; Chevallier, 1996), cités par Riaz & al.(2011)<ref name=RiazAl2011/>, estiment que l'écorce prélevée sur la racine (de même que les feuilles) sont fortement astringentes, dépuratives, toniques et vulnéraires. 
* en décoction, la racine est utilisée contre la phase spasmodique la coqueluche (Sher, 2011). 

==== Fruit ====
* Il a des vertus laxatives<ref name=RiazAl2011/>.
* mûr, il aide à contrôler les maux d'estomac et à faciliter la digestion<ref name=RiazAl2011/>. 

==== Extraits méthanoliques ====
Des tests faits à partir d'extraits méthanoliques bruts extrait des fruit, feuilles, racine et tige de ronce sur huit souches bactériennes (''[[Escherichia coli]], [[Salmonella typhi]], [[Streptococcus aureus]], [[Proteus mirabilis]], [[Micrococcus luteus]], [[Citrobacter]], [[Bacillus subtilis]] ''et'' [[Pseudomonas aeruginosa]]'') par la méthode Kirby-Bauer ont (2011) confirmé un effet antimicrobien notamment pour l'extrait de racine qui a un effet comparable à celui de l'[[ampicilline]] standard appliquée. L'extrait de tige (à 20 μg) était efficace contre toutes les souches testées, les autres extraits ayant des valeurs seuil d'efficacité variant selon la bactérie testée. <br>L'ordre d'efficacité est le suivant<ref name=RiazAl2011/> : 
: Tige > racine > feuille > fruit. 
<br>La même étude a aussi recherché une éventuelle activité antifongique via des tests contre neuf souches fongiques pathogènes (''[[Aspergilus parasiticus]], [[Aspergillus niger]], [[Yersinia aldovae]], [[Candida albicans]], [[Aspergillus effusus]], [[Fusarium solani]], [[Macrophomina phaseolina]], [[Saccharomyces cerevisiae]] ''et'' [[Trichophyton rubrum]]''), mais sans résultat probant dans ce cas<ref name=RiazAl2011>Riaz M, Ahmad M & Rahman N (2011) [https://www.researchgate.net/profile/Najmur-Rahman/publication/274248214_Antimicrobial_screening_of_fruit_leaves_root_and_stem_of_Rubus_fruticosus/links/552abb050cf2e089a3aa0f4c/Antimicrobial-screening-of-fruit-leaves-root-and-stem-of-Rubus-fruticosus.pdf Antimicrobial screening of fruit, leaves, root and stem of Rubus fruticosus]. J. Med. Plants Res, 5(24), 5920-5924</ref>.

=== Autres ===
* On utilise aussi depuis l'Antiquité les rameaux (après avoir retiré les aiguillons) pour faire des {{page h'|Éclisse|éclisses}} pour la [[vannerie]] (paillassons, corbeilles)<ref>{{Ouvrage|auteur1=Magali Cullin-Mingaud|titre=La vannerie dans l'Antiquité romaine|éditeur=Publications du Centre Jean Bérard|année=2015|passage=41|isbn=}}.</ref> ;
* Le bois de ronce était aussi employé pour le chauffage des fours<ref>{{Article|auteur=Léon Wehrlen|titre=La ronce (Rubus fruticosus L. agg.) en forêt|périodique=Revue Forestière Française|date=1985|volume=37|numéro=4|pages=296}}.</ref> ;
* les feuilles peuvent entrer dans la composition d'un produit désodorisant à base de plantes, selon Kazumasa et al. (2003)<ref>Kazumasa S, Yuichi M, Kenji O, Susumu S (2003). Deodorants for allyl methyl monosulfide and foods beverages and deodorant composition containing them. Jpn. Kokai. Tokkyo Koho JP, 335: 647.</ref>. 

== Notes et références ==
{{Références nombreuses|taille=30 | références=

<ref name="Jauzein2013p394">{{Ouvrage|auteur1=Philippe Jauzein|auteur2=Olivier Nawrot|titre=Flore d'Île-de-France|éditeur=Editions Quae|année=2013|passage=394|isbn=}}.</ref>

}}

== Voir aussi ==
{{Autres projets
|wiktionary=ronce
|commons=Category:Rubus fruticosus
|wikispecies=Rubus
}}
=== Bibliographie ===
* ''Pour l'amour d'une ronce'', Bernard Bertrand, 01/01/2008, Terran (Éditions de) {{ISBN|978-2-913288-79-9}}

=== Articles connexes ===
* [[Glossaire de botanique]]
* [[Ronce bleue]]
* [[Mûre (fruit de la ronce)|Mûre]]

=== Liens externes ===
* {{CatalogueofLife espèce|Rubus|fruticosus|L.}}
* {{Tela-métro|58089|''Rubus fruticosus''  L., 1753}}
* {{ITIS|504851|''Rubus fruticosus''  L.}}
* {{NCBI|211815|''Rubus fruticosus''}}
* {{GRIN espèce|419819|''Rubus fruticosus''  aggr.}}
* Les [[Jardins de Valloires]] dans la [[Somme (département)|Somme]] sont le conservatoire national des ronces. [http://www.jardinsdevalloires.com]
* [http://www.diete-sante.com/pg_composition/Fruit/compo_mure_cr_dk.htm Tableau de composition détaillée]

{{Palette|Fruits sauvages}}
{{Portail|botanique|pharmacie|Protection des cultures}}

[[Catégorie:Rubus|+]]
[[Catégorie:Espèce de Rosaceae (nom vernaculaire)]]
[[Catégorie:Dicotylédone d'Europe]]
[[Catégorie:Dicotylédone d'Asie]]
[[Catégorie:Plante médicinale]]
[[Catégorie:Plante mellifère]]
[[Catégorie:Plante comestible]]
[[Catégorie:Adventice]]