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Niphargus

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Niphargus est un genre de crustacés amphipodes.

Ils sont très diversifiés dans les milieux cavernicoles et interstitiels. C'est un animal typique des grottes d'Europe, qu'on peut parfois trouver dans certains puits, fontaines ou résurgences après les grosses pluies.

Description

Il mesure de 4 à 10 millimètres environ (± 12 mg), C'est un carnivore quand des proies sont disponibles, mais il peut se nourrir de débris organiques, voire d'argile provisoirement, s'il n'a pas d'autre choix. Il peut survivre 200 jours sans manger et 6 mois hors de l'eau, mais dans une zone humide. Il ne supporte pas la lumière (20 000 lux) qui peut le tuer en quelques jours.

Biologie

Les niphargus sont anophtalmiques, c'est-à-dire qu'ils ont perdu leurs yeux - comme beaucoup d'autres espèces cavernicoles strictes, au cours de l'évolution. Seules subsistent quelques reliques de cellules optiques, sous la cuticule, connectées au cerveau. Ils réagissent pourtant non seulement à la lumière, mais aux couleurs, semble-t-il grâce aux cellules de la cuticule qui perçoivent les couleurs.

En laboratoire, ils fuient la lumière blanche, et les lumières bleues et vertes. Quand cette possibilité leur est offerte, les niphargus gagnent les zones non éclairées, ou les zones éclairées en jaune orange ou rouge[1].

Leur odorat, ou des capteurs de vibrations, leur permet de détecter proies et autres nourritures[1].

La femelle peut pondre toute l'année, mais préférentiellement vers mai-juin et décembre[1].

À la différence de ses cousins gammares de la surface (qui sont le moins actifs vers midi et le plus actifs vers minuit), le niphargus ne semble pas avoir de rythme circadien. Il se montre beaucoup plus résistant à l'anoxie que les gammares, mais à la différence de ces derniers, il ne semble pas capable d'augmenter son rythme respiratoire quand la température de l'eau augmente[1].

Vivant dans des eaux souterraines de température moyenne de l'ordre de 11 °C, Niphargus supporte mal les élévations thermiques et ne survit pas au-delà de 15 °C[2]. À l'inverse, bien qu'il ne gèle pas dans les cavernes souterraines où il est le plus présent, il survit quand il est pris dans la glace, et reprend son activité dès qu'il peut en dégager ses appendices[1]. Ceci lui a probablement permis de mieux survivre aux dernières glaciations.

Certaines espèces supportent des eaux très dures et survivent quand on y rajoute progressivement du sel. Mais certaines espèces vivent dans des eaux très acides (dans l'eau souterraine de massifs granitiques)[1].

Espèces

On distingue de nombreuses espèces. Cette diversité biologique est probablement le fruit d'une faible capacité de dispersion et de la spéciation dans les réseaux hydrologiques[3].
Chaque espèce endémique a évolué dans des groupes séparés. La plupart ont donc un statut de conservation classé « vulnérable ».

Bibliographie

  • Ginet, R. (1971) - « Biogéographie de Niphargus et Caecosphaeroma (Crustacés troglobies) dans les départements de l'Ain et du Jura. Origine. Influence des glaciations », Actes du 4e congrès national suisse de spéléologie, Neufchâtel, p. 186-198
  • Hamon, B. :
    • (2013) - « Niphargus virei (Chevreux, 1896) et lignées cryptiques », Le P'tit Usania no 175 (ISSN 1292-5950), Union spéléologique de l'agglomération nancéienne, Nancy, p. 4-6
    • (2013) - « Niphargus fontanus (Bate, 1859) : situation de l'espèce dans le département de Moselle », Le P'tit Usania no 176 (ISSN 1292-5950), Union spéléologique de l'agglomération nancéienne, Nancy, p. 1-3
    • (2013) - « Le genre Niphargus en France et en Lorraine », Le P'tit Usania no 184 (ISSN 1292-5950), Union spéléologique de l'agglomération nancéienne, Nancy, p. 4-6
    • (2014) - « La station de Niphargus virei (Chevreux, 1896) de Villers-lès-Nancy », Le P'tit Usania no 188 (ISSN 1292-5950), Union spéléologique de l'agglomération nancéienne, Nancy, p. 1-3
    • (2014) - « L'amphipode Niphargus aquilex, Schiödte (1855), en Lorraine : le point sur les connaissances acquises », Spéléo L no 23 (ISSN 0758-3974), LISPEL, Tomblaine, p. 5-12
    • (2015) - « L'amphipode Niphargus fontanus, Bate (1859), en Lorraine : le point sur les connaissances acquises en 2014 », Spéléo L no 24 (ISSN 0758-3974), LISPEL, Tomblaine, p. 5-18
  • Jeannel, R. (1926) - Faune cavernicole de la France, Ed. Lechevallier, Paris
  • Sarrazin, J. (2012) - « Découverte fortuite en exploration souterraine… », Bulletin de l'Association pour le Développement de l'Archéologie sur Niort et les Environs no 24, extrait [1]

Notes et références

références taxinomiques

  1. a b c d e et f Vidéo pédagogique intitulée Niphargus, animal cavernicole (03/01/1973)], 19 min, réalisé par Philippe Bouvet sous la direction scientifique de Marie-Josée Turquin, par SFRS / Université Claude Bernard (Lyon I)
  2. Husson, R. (1957) - « Considérations sur la biologie des Crustacés cavernicoles aquatique (Niphargus, Caecosphaeroma, Asellus) », 1er Congrès international de spéléologie, tome III, C.N.S., Paris, p. 65-70
  3. T. LEFÉBURE, C. J. DOUADY, M. GOUY, P. TRONTELJ, J. BRIOLAY, J. GIBERT ; Phylogeography of a subterranean amphipod reveals cryptic diversity and dynamic evolution in extreme environments ; online: 13 APR 2006 ; DOI: 10.1111/j.1365-294X.2006.02888.x Issue Molecular Ecology Molecular Ecology Volume 15, Issue 7, pages 1797–1806, June 2006 (résumé)

Voir aussi

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Articles connexes

Vidéographie