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Étant la seule course à la voile autour du monde en solitaire et sans escale, la Velux 5 Oceans se réalisant par étapes, le Vendée Globe est une épreuve d'endurance d'un tel niveau de difficultés qu'elle est surnommée « L'Everest de la mer » ou « L’Everest des mers ». Un seul marin, Michel Desjoyeaux a réussi à gagner la course deux fois, en 2001 et en 2009. Le record de la circumnavigation dans cette épreuve est la propriété de François Gabart en 78 jours, 2 heures 16 minutes et 40 secondes, lors de l'édition 2012-2013
Parcours
La ligne de départ et celle d'arrivée sont situées aux larges des Sables-d'Olonne en France. Le parcours consiste à faire le tour de l'Antarctique en laissant sur bâbord (à gauche) les trois caps que sont le cap de Bonne-Espérance, le cap Leeuwin et le cap Horn. Au cours des différentes éditions, des bouées de passage ou des portes virtuelles, ont été placées soit pour créer un parcours côtier devant les Sables-d'Olonne, soit pour obliger les concurrents à ne pas descendre trop au sud dans leur tour de l'Antarctique avec le risque de percuter des icebergs ou growlers (petits morceaux d'iceberg à peine visibles). La distance est évaluée à 40 075 kilomètres soit 21 638 milles : telle est la circonférence de la Terre et la distance autour du monde de référence.
Dans la réalité lors des sept précédentes éditions du Vendée Globe 2016, la plupart des concurrents ont parcouru parfois plus de 28 000 milles (soit quasiment 52 000 kilomètres).
Histoire et enjeux
Le Vendée Globe est créé en 1989 à l'initiative de Philippe Jeantot, aussi organisateur de l'évènement, avec le soutien de Philippe de Villiers, président du Conseil général de la Vendée. Cette course au large est inspirée du Golden Globe Challenge de 1968, et du BOC Challenge (depuis 1973) auquel participa Philippe Jeantot.
Le départ de la course est donné des Sables d'Olonne, à une date choisie au mois de novembre pour les conditions météorologiques du Grand Sud (été austral), un dimanche pour la couverture médiatique.
Le Vendée Globe répond à un engouement particulier en France à partir des années 1960 (Tabarly, Moitessier), autour de l'exploit solitaire et de la « voile spectacle »[1], avec des bateaux open, de très grande taille, coûteux et construits spécialement pour ces courses. Ce type d'évènement sportif est plus adapté à la médiatisation et au sponsoring en France, au contraire des courses internationales les plus célèbres (séries internationales et olympiques, Coupe de l'America, RORC, Velux…)[1].
Au fil des années, l'implication de l'industrie nautique française devient de plus en plus importante, suivie d'importants financements par les sponsors (banques, assurances, industrie alimentaire). Le Vendée Globe représente ainsi d'énormes enjeux économiques pour la région, l'industrie nautique (soit 6 à 10 % de l'industrie vendéenne), le port et la ville des Sables d'Olonne (attractivité et tourisme)[2].
Boudé par les participants d'autres nations, le Vendée Globe reste la course la plus médiatisée en France, où elle apparait comme l'évènement majeur de la voile sportive, auprès des passionnés de voile et du grand-public[3]. Les retombées médiatiques sont ainsi analysées comme importantes et bénéfiques pour les principaux sponsors[2], qui investissent de 2 à 4 millions d'euros pour chaque participant (budget sur 3 ans, pour le bateau, l'équipe et la communication). Le Vendée Globe est ainsi très populaire en France et véhicule des valeurs jugées positives, se démarquant d'autres compétitions de voile (Coupe de l'America, voile olympique) ignorées des Français. Le Vendée Globe est ainsi suivi par des milliers de journalistes, et donne lieu en France à des centaines d'heures de télévision et radio, et des milliers d'articles dans la presse[2].
L'impact technique du Vendée Globe est plus difficile à analyser. Mais l'implication des architectes et de l'industrie nautique française dans la conception de bateaux destinés à la course autour du monde a créé un indéniable savoir-faire technique pour les classes open.
En 2004, la société de Philippe Jeantot est placée en liquidation judiciaire. Le Vendée globe est menacé. Les Vendéens, emmenés par Philippe de Villiers, se battent pour sa survie et parviennent à éviter un arrêt de la course[4]. Depuis, la course est gérée par une SEM, dont le capital est majoritairement contrôlé par le département, auquel sont associées les principales entreprises vendéennes, la ville des Sables-d'Olonne, le conseil régional et la chambre de commerce et d'industrie.
Règlement
Le Vendée Globe est une course en solitaire, sans escale et sans assistance. Ces termes sont définis par le règlement de l’organisation[5] :
en solitaire : le concurrent ne peut embarquer aucune autre personne sur le bateau, sauf en cas d'urgence avérée, par exemple le naufrage d'un autre concurrent. Lors de la troisième édition, Pete Goss a sauvé Raphaël Dinelli en l'accueillant à son bord et en le déposant à Hobart. De même durant la sixième édition, Vincent Riou a secouru Jean Le Cam, chaviré non loin du Cap Horn.
sans escale : les concurrents ne peuvent mettre pied à terre au-delà de la limite de la plus grande marée haute. Lors du Vendée Globe 2000, Yves Parlier a effectué une réparation de son bateau en s'abritant dans une crique. Il a pu rejoindre la terre sans dépasser la limite des plus hautes marées afin de déséchouer son bateau et de pêcher des moules géantes. Après avoir remâté, il est reparti en course. Il est toutefois possible pour un concurrent connaissant une avarie de retourner aux Sables d'Olonne et de refranchir la ligne de départ, dans une limite de 10 jours après le départ officiel. Ainsi lors de l'édition 2008, Michel Desjoyeaux était revenu réparer un problème électrique et de ballast avant de repartir avec 40 heures de retard, ce qui ne l'empêcha pas de remporter l'épreuve.
sans assistance :
l’assistance médicale ne peut prendre la forme que d'un conseil à distance pour aider un concurrent à se soigner : lors de l'édition de 1992, Bertrand de Broc s'est recousu la langue à l'aide d'un miroir et avec les conseils du docteur Chauve, médecin de la course. L'intervention directe d'un médecin à bord est interdite, de même que tous les conseils à distance qui visent à améliorer les performances d'un skipper. En cas d'urgence, cependant, un concurrent peut être autorisé à recevoir des médicaments d'une tierce personne.
l’assistance matérielle ou technique est strictement interdite. Les concurrents ne peuvent accoster d'autres navires ou se faire ravitailler (sauf aux Sables d'Olonne dans les conditions détaillées plus haut). Les communications sur des problèmes techniques sont néanmoins autorisées avec l'architecte naval, le maitre-voilier ou l'informaticien.
le routage est interdit. La direction de course transmet chaque jour aux concurrents un bulletin météo et des fichiers numériques de champs de vent, ainsi qu'une analyse (images satellites + fronts) deux fois par jour[6]. Les skippers peuvent également accéder à des informations complémentaires, gratuites ou payantes, dans la mesure où celles-ci sont accessibles à tous les concurrents et ne comportent pas d'analyse ou de conseils personnalisés.
Palmarès
Le record de durée a été battu à presque toutes les éditions. À ce jour, seul le vainqueur de la deuxième édition n'a pas établi de record.
Le premier événement de cette première édition est le sauvetage de Philippe Poupon par Loïck Peyron qui a filmé toute la scène[10]. Couché par une vague, le bateau de Philippe Poupon était resté bloqué à 90 degrés. Loïck Peyron a alors pris le bateau en remorque et, après que Philippe Poupon eut largué le mât d'artimon, celui-ci a réussi à se redresser.
absent au départ (bateau retrouvé abandonné pendant la course)
Événements marquants :
Mike Plant, de retour pour un deuxième tour, disparaît en mer alors qu'il ralliait les Sables-d'Olonne. La coque de son Coyote retourné est repérée le jour du départ.
La disparition de Nigel Burgess lors de la première nuit de la course au large du golfe de Gascogne[11].
Démâtage de Philippe Poupon le 11 mars, il terminera la course sous gréement de fortune.
Autour de la course :
C'est la première fois qu'un voilier dessiné par le groupe Finot-Conq remporte le Vendée Globe, ce qui est également le cas lors des éditions 1996-1997, 2000-2001 et 2004-2005.
Naufrage de Raphaël Dinelli : le 25 décembre 1996, Algimouss chavire et perd son mât dans l'Océan Indien, au Sud de l'Australie. Le bateau, abîmé, se remplit progressivement d'eau et commence à couler. Raphaël Dinelli, debout sur le pont de son bateau, lutte 36 heures durant dans une eau à 3 degrés. L'anglais Pete Goss, concurrent le plus proche, se déroute et navigue contre le vent dans une mer épouvantable avant de récupérer Dinelli le 27 décembre.
Chavirage de Thierry Dubois et de Tony Bullimore : le dimanche 5 janvier 1997, Thierry Dubois et Tony Bullimore naviguent à 15 milles de distance par 52° S, 100° E, à 2 500 kilomètres au Sud de l'Australie, dans une mer énorme et 65 à 70 nœuds de vent[12]. La goélette Exide Challenger chavire et reste à l'envers ; son skipper, Tony Bullimore, actionne le signal de détresse de sa balise Argos et trouve refuge dans une poche d'air de son bateau, sans lumière ni vivres. Thierry Dubois, hors-course à la suite d'un arrêt technique en Afrique du Sud 15 jours auparavant, chavire également et démâte, mais le bateau parvient à se redresser ; il actionne alors sa balise en position « alerte ». Ce n'est que le lundi 6 janvier qu'Amnesty International est retourné par une vague et demeure à l'envers. Thierry Dubois sort de son bateau et est repéré par un avion de la marine australienne qui lui largue un radeau de survie, le sien n'ayant pas fonctionné. Le bateau de Bullimore est également repéré, sans signe de vie. Les deux navigateurs sont secourus le 9 janvier par la frégate Adelaïde qui les ramène à Fremantle[13].
Disparition de Gerry Roufs : le 7 janvier 1997, la balise Argos de Gerry Roufs, alors deuxième derrière Christophe Auguin, cesse d'émettre. Une terrible tempête fait rage sur le Pacifique (dernière position connue : 55° 01,3′ S, 124° 22,5′ O). Le dernier message de Gerry témoigne de la violence des éléments : « Les vagues ne sont plus des vagues, elles sont hautes comme les Alpes »[14]. Isabelle Autissier, hors-course après avoir été contrainte à faire escale au Cap pour réparer son safran endommagé, navigue dans la même zone. Les deux navigateurs échangent des messages de soutien, jusqu'à ce que Gerry Roufs cesse de répondre : « C'est la guerre... Mer énorme... Gerry introuvable... Je crains un chavirage pour Gerry... »[15]. Isabelle Autissier entame des recherches sur zone, et son bateau chavire à plusieurs reprises dans des vents atteignant 80 nœuds ; affaiblie, elle doit se résoudre à reprendre sa route - ce qui fait malheureusement polémique[16]. Des cargos sont déroutés et Marc Thiercelin et Hervé Laurent quadrillent eux aussi la zone, sans succès. La coque retournée de Groupe LG 2 est retrouvée le 16 juillet 1997 et formellement identifiée le 29 août au large du Chili. Des morceaux de l'épave du voilier ont été retrouvés sur l'île Atalaya, située au sud du Chili.
Autour de la course :
Yves Parlier sur Aquitaine Innovations est le premier navigateur à utiliser un mât-aile profilé sur un monocoque 60 pieds Open[17]. Cette innovation, inspirée des multicoques fera école et de nombreux 60 pieds IMOCA utilisent aujourd'hui ce type de mâts.
C'est également la première fois que les quilles pendulaires font leur apparition sur le Vendée Globe, PRB, le voilier d'Isabelle Autissier, et Geodis, de Christophe Auguin, étant les premiers à avoir expérimenté cette technologie.
En terminant sixième, Catherine Chabaud devient la première femme à réaliser un tour du monde à la voile en solitaire, sans escale et sans assistance en course.
À la suite de cette édition endeuillée, de nouvelles règles de sécurité seront progressivement adoptées. Les appendices du bateau (quille, safrans) ainsi qu'une partie de la coque devront être peints de couleur fluorescente. Les bateaux devront êtes capables de se redresser après un chavirage. Enfin, des marques de parcours seront instaurées afin d'éviter que les concurrents atteignent des latitudes trop dangereuses. L'édition 1996-1997 du Vendée Globe est donc la dernière dont le parcours consistait simplement à laisser les 3 caps à bâbord.
Yves Parlier, dans le trio de tête au passage de la Nouvelle-Zélande, casse son mât. Il est obligé de s'arrêter une dizaine de jours pour réparer, seul, son bateau et terminera la course sous gréement de fortune, arrivant 33 jours après le vainqueur.
Lors de la remontée de l'Atlantique vers les Sables-d'Olonne, Nick Moloney constate que la quille de son bateau, fragilisée par les conditions éprouvantes de l'Océan Indien et du Pacifique Sud, est à la limite de la rupture. Il doit abandonner, et se déroute vers le Brésil, où il laisse son bateau en réparation. Plusieurs mois passent, puis il revient chercher son bateau réparé, reprend la mer seul à bord, et rejoint Les Sables-d'Olonne un an après en être parti, bouclant ainsi son tour du monde en solitaire.
À la suite d'un différend avec le propriétaire de son bateau, Charles Hedrich part sans rallier le port des Sables-d'Olonne[18]. Hors-course, il termine son tour du monde en 122 jours, sans escale.
Le départ est donné le samedi 10 novembre 2012 aux Sables-d'Olonne.
Le 27 janvier 2013, l'écart d'un peu plus de 3 heures entre le vainqueur François Gabart et le deuxième Armel Le Cléac'h est le plus faible de l'histoire de la course.
le 22 février 2013, la course se conclut avec l'arrivée d'Alessandro Di Benedetto 11e, 26 jours et 17 minutes après François Gabart, ce qui constitue également le plus faible écart entre le premier et le dernier.
↑ ab et cMarie-Madeleine Damien, « Le Vendée Globe, or bleu de la Vendée et des Sables d'Olonne ? » dans L'évaluation de l'événementiel touristique, 2009. ISBN 978-2-296-10239-2