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Stèles

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Stèles est un recueil de poèmes à thème chinois publié par Victor Segalen en 1912.

Genèse

Ce livre, dont Segalen conçoit le projet dès 1909, fut rédigé durant son premier voyage en Chine. L'édition originale date de 1912 aux Presses du Pei-t’ang, Pékin avec une présentation à la chinoise, soit 81 exemplaires hors commerce sur papier de Corée et environ 200 exemplaires sur vélin parcheminé). Les 81 exemplaires hors commerce furent envoyés en « potlatch » à diverses personnalités, dont Gilbert de Voisins, Claude Debussy, Georges-Daniel de Monfreid, Saint-Pol Roux, Remy de Gourmont, Nathalie Barney, Claude Farrère, Jules de Gaultier, Edmond Jaloux, Elémir Bourges, Pierre Loti, Albert de Pouvourville, Paul Claudel, à qui le recueil est dédié, et André Gide. En 1914, une édition augmentée de 16 nouveaux poèmes est imprimée. Cette édition fut republiée en 1922 chez Georges Crès à Paris.

Originalité formelle

Estampage d'une stèle chinoise du XIVe siècle.

Une stèle se présente sous la forme suivante :

  • titre
  • cadre rectangulaire qui délimite le poème et qui figure les arêtes des stèles de pierre
  • épigraphe en caractère chinois
  • strophes parfois séparées les unes des autres au moyen d'un petit cercle

Structure

Précédés d'une préface, les poèmes sont répartis en six ensembles :

  • Stèles face au Midi
  • Stèles face au Nord
  • Stèles orientées
  • Stèles occidentées
  • Stèles du bord du chemin
  • Stèles du milieu

Certaines stèles ont été écartées du recueil et sont publiées en annexe dans les éditions modernes.

Contenu

Stèle nestorienne de Xi'an

Malgré sa couleur nettement chinoise (épigraphes en mandarin, calligraphie chinoise, encadré aux proportions de la stèle nestorienne de Si Ngan-fou (Xi'an), patronymes chinois, thèmes...) Stèles est un bien le recueil d'un poète français très informé de la littérature contemporaine. Selon Segalen lui-même, aucune stèle n'est une traduction, certaines « à peine une adaptation ». En fait, son projet poétique relève d'une sorte de syllepse généralisée aux dimensions du recueil : « J'ai tenté que tout mot soit double et retentisse profondément », écrit-il à son ami Henri Manceron, le 23 septembre 1911, à propos de la Préface.

Dans une lettre à Claude Debussy, il précise son projet en ces termes : « un recueil de proses courtes et dures dans le genre de deux ou trois que j'ose vous soumettre. Cela serait précédé d'un essai sur la `Stèle' comme je l'entends. J'y dirais toutes sortes de pensées miennes, vêtues de notions et d'habits archaïques chinois, mais dépouillées de toute chinoiserie » (V. Segalen, lettre à Claude Debussy, Pékin, 6 janvier 1911).

Extrait

Des lointains

Des lointains, des si lointains j'accours, ami, vers toi, le plus cher. Mes pas ont dépecé l'horrible espace entre nous.

De longtemps nos pensers n'habitaient plus le même instant du monde : les voici à nouveau sous les mêmes influx, pénétrés des mêmes rayons.

Tu ne réponds pas. Tu observes. Qu'ai-je déjà commis d'inop- portun ? Sommes-nous bien réunis : est-ce bien toi, le plus cher ?

Nos yeux se sont manqués. Nos gestes n'ont plus de symétrie. Nous nous épions à la dérobée comme des inconnus ou des chiens qui vont mordre.

Quelque chose nous sépare. Notre vieille amitié se tient entre nous comme un mort étranglé par nous. Nous la portons d'un commun fardeau, lourde et froide.

Ha ! Hardiment retuons-la ! Et pour les heures naissantes, prudemment composons une vivace et nouvelle amitié.

Le voulez-vous, Ô mon nouvel ami, frère de mon âme future ?

Liens externes

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