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Agathon (pape)

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Agathon
Image illustrative de l’article Agathon (pape)
Le 79e pape Agathon
Biographie
Nom de naissance Agatho(s)
Naissance
Sicile
Ordre religieux Ordre de Saint-Benoît
Décès
Rome
Pape de l'Église catholique
Élection au pontificat
Fin du pontificat

(en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

Agathon (mort le ) fut le 79e pape de 678 à 681.

Sans doute d'origine orientale, il vécut longtemps à Palerme (Sicile) avant de venir à Rome. Il est surtout connu pour avoir fait condamner le monothélisme au concile de Constantinople (680-681), et pour avoir soustrait l'Église de Rome aux impôts de l'empereur. Il fit également reconnaître l'autorité du siège de Rome par l'archevêque de Ravenne et accrut l'influence romaine sur le clergé d'Occident.

Son nom vient du grec ἀγαθός agathos qui signifie « bon, brave ». Canonisé, il est fêté le 10 janvier. Il est le patron de la ville de Palerme.

Biographie

Agathon était grec, né en Sicile, de parents riches et pieux. On dit qu'il distribua leur héritage après leur mort pour se retirer dans un monastère de Palerme. Cette croyance se fonde sur une lettre de saint Grégoire le Grand à l'abbé de Saint-Hermès à Palerme, un monastère bénédictin, où il parle d'Agathon. Dans cette lettre, Grégoire a écrit que l'abbé pourrait recevoir Agathon dans son monastère si sa femme était disposée à entrer dans un couvent. Dans la mesure où il y a des raisons de croire que ce moine était le pape Agathon, il aurait eu plus de 100 ans au moment de son élection.

Peu de temps après qu'Agathon fut devenu pape, saint Wilfrid, archevêque d'York, arriva à Rome pour demander l'aide de l'autorité du Saint-Siège. Il avait été déposé de son siège par Théodore, archevêque de Cantorbéry, qui avait partagé son diocèse, nommant trois évêques aux nouveaux sièges. Dans un synode que le pape Agathon convoqua au Latran pour étudier l'affaire, il fut décidé que le diocèse de Wilfrid devrait effectivement être partagé, mais que c'est Wilfrid lui-même qui devrait nommer les évêques.

L'événement important de son pontificat fut le sixième concile œcuménique (680-681), qui mit fin à l'hérésie monothélite, tolérée par les papes précédents (dont Honorius). Le concile commença avec l'envie de l'empereur Constantin IV de mettre fin au schisme qui séparait l'Église en deux. Il écrivit au pape Donus pour lui suggérer une conférence sur le sujet, mais Donus était mort quand la lettre arriva. Agathon cependant se hâta de saisir le rameau d'olivier offert par l'empereur. Il ordonna que des conciles se tinssent dans tout l'Occident pour que les légats pussent présenter la tradition universelle de l'Église occidentale. Alors il envoya une grande délégation à Constantinople pour rencontrer les Orientaux.

Les légats et les patriarches se rassemblèrent au palais impérial le . Les Monothélites exposèrent leur point de vue. Alors fut lue la lettre du pape Agathon qui expliquait la croyance traditionnelle de l'Église selon laquelle le Christ avait deux volontés, divine et humaine. Le concile conclut que Pierre avait parlé par la bouche d'Agathon. Le patriarche Georges de Constantinople accepta cette lettre d'Agathon, comme le firent la plupart des évêques présents. Le concile proclama l'existence dans le Christ de deux volontés et condamna le monothélisme, incluant le pape Honorius dans sa condamnation. Quand le concile prit fin en , les décrets furent envoyés au pape, mais Agathon était mort en janvier. Le Concile n'avait pas seulement mis fin à l'hérésie monothélite, mais avait guéri le schisme.

Agathon engagea aussi des négociations entre le Saint-Siège et Constantinople, concernant les rapports de la Cour byzantine avec les élections papales. Constantin promit à Agathon d'abolir ou de réduire la taxe que les papes devaient payer à la trésorerie impériale à l'occasion de leur intronisation.

Il est vénéré comme un saint tant par les Latins que par les Grecs.

Certains Catholiques traditionalistes disent qu'il fut le premier pape à prêter, au cours de son intronisation, ce qu'ils appellent le serment pontifical.

Les lettres de saint Agathon au IIIè Concile de Constantinople (VIè œcuménique)

Au moment du IIIè concile de Constantinople (680-681), ce Pape envoya deux lettres aux empereurs Constantin IV Pogonat de Constantinople, Héraclius et Tibère. La deuxième est signée des cent vingt-cinq évêques d’un concile tenu à Rome. Voici des extraits des chacune d'elles.

Lettre Consideranti mihi aux empereurs de saint Agathon seul (27 mars 680)

Extraits sur l'autorité et l'infaillibilité du Pape

« [Les légats envoyés au concile avaient les pouvoirs requis] à la condition toutefois de ne rien ajouter, retrancher ni altérer dans la foi. Ils doivent simplement exposer la tradition du Saint-Siège apostolique, telle qu’elle a été établie par les papes antérieurs. [...] C’est à la tradition des apôtres et de l’Evangile, que conserve l’Eglise apostolique du Christ, qui est la mère spirituelle de votre empire très heureux. Voilà ce que professe en toute vérité et en toute pureté la religion chrétienne ; ce n’est pas l’artifice des hommes qui l’a inventé, mais c’est le Saint-Esprit qui l’a enseigné grâce à la prédication des tout premiers apôtres. […] C’est pourquoi, je vous en supplie avec un cœur contrit et en versant des larmes, humblement prosterné en esprit : daigne secourir la doctrine apostolique que l’apôtre saint Pierre nous a transmise, pour qu’elle ne soit pas cachée sous le boisseau mais qu’elle soit prêchée dans le monde entier, sur un ton plus retentissant que la trompette. En effet, saint Pierre a professé la vraie foi qui lui fut révélée par le Père céleste et cela lui valut d’être proclamé bienheureux par Notre-Seigneur. Et il se vit confier à trois reprises par le Rédempteur la charge de paître les brebis spirituelles de l’Eglise [Jean XXI, 15-17]. C’est grâce à sa protection que cette Eglise apostolique n’a jamais dévié de la voie de la vérité, et n’est jamais tombée dans l’erreur, de quelque côté que ce fût. C’est son autorité, celle du prince des apôtres, que toute l’Eglise catholique et tous les conciles ont reconnue fidèlement et ont toujours suivie en tout, et tous les saints Père en ont embrassé et soutenu avec zèle la doctrine comme venant des apôtres, doctrine qui a fait la gloire de tous les docteurs qui ont brillé dans l’Eglise, tandis qu’elle a d’un autre côté fait le tourment des hérétiques, qui n’ont cessé de la décrier et de la calomnier. […] Voilà la véritable règle de la foi, que notre mère spirituelle a toujours conservé et défendue dans le succès comme dans l’adversité. Par la grâce du Dieu tout puissant, cette Eglise ne tombera jamais dans l’erreur et ne s’écartera jamais du droit chemin de la tradition apostolique. Elle n’a jamais succombé et ne s’est jamais trouvée corrompue par les nouveautés des hérétiques. Au contraire, dès les origines de la foi chrétienne, elle a reçu le soutien de ses fondateurs, les princes des apôtres du Christ, et elle demeure sans tache jusqu’à la fin, conformément à la promesse de Notre-Seigneur et Sauveur, et à la parole qu’il adressa à saint dans les saints Evangiles au prince de ses disciples : « Pierre, Pierre, voilà que Satan vous a recherché pour vous cribler comme on crible le froment ; mais j’ai prié pour vous, afin que votre foi ne défaille point : lors donc que vous vous serez converti, ayez soin d’affermir vos frères. » [Luc XXII, 32] Que Votre Clémence considère donc cet avertissement de Notre-Seigneur et Sauveur, l’auteur de notre foi : en promettant à saint Pierre que sa foi ne défaillirait pas, il l’engagea à confirmer ses frères. Tout le monde sait bien que les pontifes du siège apostolique, ceux qui ont précédé mon humble personne, ont réalisé cette tache sans douter de cette parole. [...] Aucun autre motif plus approprié ne saurait recommander à la divine majesté votre force absolument invincible : combattez ceux qui se sont écartés de la règle de la vérité, faites connaître et proclamez partout l’intégrité de notre foi évangélique et apostolique. » (Lettre I Consideranti mihi aux empereurs, 27 mars 680, PL, 87/1165, 1168-1169, 1212 ; LABBE, Sacrosancta concilia, t. VI, col. 635 et 636 et MANSI, Sacrorum Conciliorum nova et amplissima collectio, t. XI, col. 234 et suivants)

Extraits sur les deux volontés du Christ

« Voici donc en quoi consiste la foi évangélique et apostolique et la tradition qui est la règle : nous confessons que la Trinité sainte et indivisible, c'est- à-dire le Père et le Fils et l'Esprit Saint, est d'une unique divinité, d'une unique nature et substance ou essence, et nous proclamons également qu'elle est d'une unique volonté naturelle, d'une unique force, opération, seigneurie, majesté, puissance et gloire. Et tout ce qui est dit de cette même sainte Trinité quant à l'essence instruits en cela par la doctrine qui est la règle, nous voulons le comprendre au singulier comme de l'unique nature des trois personnes consubstantielles.

Mais lorsque nous professons notre foi au sujet de l'une de ces mêmes trois personnes de cette Trinité sainte le Fils de Dieu, Dieu Verbe, et du mystère de son économie adorable dans la chair, nous expliquons, conformément à la tradition de l'Evangile, tout ce qui appartient à l'unique et même Seigneur, notre Sauveur Jésus Christ, d'une double manière c'est-à-dire que nous proclamons ses deux natures, à savoir la divine et l'humaine, à partir desquelles et dans lesquelles il existe également après l'union admirable et inséparable. Nous confessons également que chacune de ses natures a sa propriété naturelle : que la divine possède tout ce qui est divin, et l'humaine tout ce qui est humain, à l'exception du péché. Et nous reconnaissons que les deux appartiennent à l'unique et même Dieu, Verbe incarné, c'est-à-dire devenu homme, sans confusion, sans séparation, sans changement - l'intelligence seule discernant ce qui est uni, en raison de l'erreur que représenterait la confusion. Car nous rejetons de la même façon le blasphème de la division et celui du mélange.

Mais lorsque nous confessons deux natures ainsi que deux volontés naturelles et deux opérations naturelles dans notre unique Seigneur Jésus Christ, nous ne disons ni qu'elles sont contraires ou qu'elles s'opposent l'une à l'autre [...], ni qu'elles sont comme séparées en deux personnes ou hypostases, mais nous disons que le même Jésus Christ, de même qu'il a deux natures, a également en lui deux volontés et deux opérations naturelles : c'est-à-dire qu'il a la volonté et l'opération divine en commun de toute éternité avec le Père coessentiel, et que la volonté et l'opération humaine il les a prises temporellement de nous avec notre nature. [...]

De plus l'Eglise apostolique du Christ [...] reconnaît, en raison des propriétés naturelles, que chacune de ces natures du Christ est complète, et tout ce qui a trait aux propriétés des natures, elle le confesse comme donné deux fois, puisque notre Seigneur Jésus Christ lui-même est aussi bien Dieu complet qu'homme complet, aussi bien à partir qu'en deux natures [...]

En conséquence [...] elle confesse donc et proclame qu'il y a aussi en lui deux volontés naturelles et deux opérations naturelles. Car si quelqu'un comprenait la volonté comme personnelle, il faudrait aussi, puisqu'on parle de trois personnes dans la sainte Trinité, qu'on parle de trois volontés personnelles et de trois opérations personnelles (ce qui est absurde et totalement impie). Mais si, comme le comporte la vérité de la foi chrétienne, la volonté est naturelle, là où l'on parle de cette unique nature de la Trinité sainte et inséparable, il faudra reconnaître aussi, par conséquent, une unique volonté naturelle et une unique opération naturelle. Mais là où nous confessons dans l'unique personne de notre Seigneur Jésus Christ, le médiateur de Dieu et des hommes [I Timothée II, 5], deux natures, à savoir la divine et l'humaine, dans lesquelles il existe également après l'union admirable, de même que nous confessons deux natures de l'unique et même, nous confessons également ses deux volontés naturelles et ses deux opérations naturelles. » (Lettre I Consideranti mihi aux empereurs, 27 mars 680, PL, 87/1215-1230 ; HARDOUIN, t. III, col. 1119 et MANSI, Sacrorum Conciliorum nova et amplissima collectio, t. XI, col. 290 ; DS, 542-545)

Lettre synodale Omnium bonorum spes aux empereurs de saint Agathon au nom d’un Concile de Rome réunissant 125 évêques (27 mars 680)

Extraits sur l'autorité et l'infaillibilité du Pape

« Nous croyons que Dieu fera à votre trône, qu’il a élevé lui-même, la faveur si rare, et qui est le privilège du très-petit nombre, d’être le moyen dont il se servira pour faire briller aux yeux de tous la lumière de la foi catholique et apostolique, qui, ayant pour principe la source même de la vraie lumière dont elle est comme le rayon, nous a été transmise par le ministère des princes des apôtres saint Pierre et saint Paul, et par les hommes apostoliques leurs disciples et leurs successeurs, et est parvenue ainsi intacte, grâce au secours divin, jusqu’à notre médiocrité, sans que les ténèbres des hérésies aient pu l’obscurcir, sans qu’aucune erreur ait pu l’altérer, et Dieu veuille bénir les efforts que fait votre autorité providentielle pour la conserver toujours inaltérable ! Tel a été aussi l’objet constant de la sollicitude du siège apostolique, et de tant de pontifes auxquels nous succédons malgré notre indignité : et tel est le but qu’ils se sont proposé, tantôt dans leurs décrets rendus de concert avec leurs collègues, successeurs comme eux des apôtres, tantôt dans leurs définitions synodales par lesquelles ils faisaient connaître à tous la règle de la vérité ; et ils ont maintenu jusqu’à la mort les bornes qu’il n’est pas permis de remuer, sans se laisser ni séduire par les caresses, ni effrayer par les menaces, mettant ainsi en pratique le précepte qui nous a été imposé en ces termes par notre divin maître : Celui qui me confessera devant les hommes, je le confesserai devant mon Père ; et échappant par-là même à l’anathème contenu dans ces autres paroles : Celui qui me reniera devant les hommes, je le renierai devant mon père. Car la vraie foi ne sait point varier avec les temps, pas plus que ne peut souffrir que la vérité change celui-là même que la vraie foi a pour objet, et qui a dit : Je suis le Seigneur, et je ne change point. [...] Nous avons prévu d’envoyer auprès de votre puissance, que Dieu protège, des membres, des membres de notre humble condition, afin qu’ils vous présentassent notre avis à tous, c’est-à-dire celui de tous les évêques du nord et de l’occident, dans lequel nous avons exprimé la profession de notre foi apostolique. Cet avis, ils ne doivent pas le défendre comme on le ferait d’une opinion incertaine. Ils doivent l’exprimer dans une définition concise, comme on le ferait des vérités indubitables et immuables.  » (Lettre III Omnium bonorum spes aux empereurs, PL, 87, 1217, 1220 et 1225 ; LABBE, Sacrosancta concilia, t. VI, col. 635 et 636 et MANSI, Sacrorum Conciliorum nova et amplissima collectio, t. XI, col. 234 et suivants)

Extraits sur les deux volontés du Christ

« Nous croyons en Dieu Père... et en son Fils... et en l'Esprit Saint, Seigneur et qui donne la vie, qui procède du Père, qui est coadoré et coglorifié avec le Père et le Fils : la Trinité dans l'unité et l'unité dans la Trinité, c'est-à- dire l'unité de l'essence, mais la Trinité des personnes ou hypostases ; Nous confessons Dieu Père, Dieu Fils et Dieu Esprit Saint, non pas trois dieux, mais un seul Dieu, Père et Fils et Esprit Saint ; non pas l'hypostase de trois noms, mais une seule substance des trois hypostases ; elles possèdent une seule essence ou substance ou nature, c'est-à-dire une unique divinité, une unique éternité, une unique puissance, une unique seigneurie, une unique gloire, une unique adoration, une unique volonté essentielle et une unique opération de la même Trinité sainte et indivisible, qui a tout créé, l'ordonne et le conserve.

Nous confessons que l'un de cette même Trinité sainte et coessentielle, Dieu Verbe, qui est né du Père avant les siècles, dans les derniers temps est descendu des cieux pour nous et pour notre salut, et est devenu chair de l'Esprit Saint et de la Sainte, immaculée et glorieuse Marie, toujours vierge, notre Dame, vraiment et proprement Mère de Dieu selon la chair, c'est-à-dire qu'il est né d'elle et est devenu vraiment homme ; le même est vrai Dieu et le même est homme vrai, Dieu de Dieu Père, mais homme de la Vierge mère, incarné de cette chair qui avait une âme rationnelle et intellectuelle ; le même est consubstantiel à Dieu selon la divinité et consubstantiel à nous selon l'humanité, semblable à nous en tout à l'exception du seul péché ; il a été crucifié pour nous sous Ponce Pilate, a souffert et a été enseveli et est ressuscité [...]

Nous reconnaissons donc qu'un seul et même Jésus Christ notre Seigneur, Fils de Dieu unique engendré, existe de deux et en deux substances sans confusion, sans changement, sans division et sans séparation, la différence des natures n'étant jamais supprimée du fait de l'union, mais au contraire les propriétés des deux natures restant sauves et concourant en une unique personne et une unique hypostase ; il n'est pas partagé ou divisé en une dualité de personnes, ni confondu en une unique nature composée : mais nous reconnaissons qu'un seul et même Fils unique, Dieu Verbe, notre Seigneur Jésus Christ, n'est ni un autre dans un autre, ni un autre et un autre, mais le même en deux natures, c'est-à- dire dans la divinité et l'humanité, y compris après l'union hypostatique ; car ni le Verbe n'a été changé en la nature de la chair, ni la chair n'a été transformée en la nature du Verbe les deux en effet sont demeurés ce qu'ils étaient par nature car la différence des natures unies en lui, à partir desquelles il est composé sans confusion, sans séparation, sans changement, nous ne la reconnaissons que par la réflexion : un seul en effet à partir des deux, et les deux par un seul parce que l'élévation de la divinité aussi bien que l'humilité de la chair sont en même temps, chacune des deux natures gardant intacte sa propriété y compris après l'union, et "l'une et l'autre forme faisant en communion avec l'autre ce qui lui est propre : le Verbe opérant ce qui appartient au Verbe, et la chair exécutant ce qui appartient à la chair : l'un resplendit dans les miracles, l'autre succombe sous les outrages".

Par conséquent, de même que nous confessons qu'il a véritablement deux natures ou substances, c'est-à-dire la divinité et l'humanité, sans confusion, sans division et sans changement, de même aussi nous confessons qu'il a deux volontés naturelles aussi bien que deux opérations, puisque la règle de la piété nous apprend qu'un seul et même Seigneur Jésus Christ est Dieu parfait et homme parfait ; car il nous est montré que cela a été établi par la tradition apostolique et évangélique et l'enseignement des saints Pères que reconnaissent la sainte Eglise catholique et apostolique et les vénérables synodes. » (Lettre III Omnium bonorum spes aux empereurs, PL, 87, 1217, 1220 et 1225 ; DS, 546-548)

Souscription du VIè Concile à ces lettres

Le 15 novembre 680, lors de la 4è session de ce concile réunissant surtout des évêques Orientaux, une lecture fut donnée de la première lettre (PL, 87/1168-1169 et MANSI, 11/239-254). Puis, lors de la 18è session, le 16 septembre 681, ce fut au tour de la seconde lettre d’être lue en public et les Pères du concile l’approuvèrent et l’insérèrent dans les actes du concile. Ils déclarèrent :

« C’est le souverain prince des apôtres qui a agi de concert avec nous. Nous avons eu, pour nous aider, le pape dont la conduite est conforme à la sienne et qui lui succède sur son siège, le pape qui dans ses lettres déclare le mystère de la vérité divine et sacrée. Rome, cette ville antique, nous a transmis la profession de foi que Dieu avait dictée à saint Pierre. La feuille sur laquelle fut inscrit le dogme a honoré la fin de ce jour ; sur cette feuille on voyait de l’encre, mais c’est réalité c’est saint Pierre qui parlait au travers de l’écriture du pape Agathon. […] C’est à toi, évêque du premier siège de l’Eglise universelle, que nous nous abandonnons pour savoir ce que nous devons faire, puisque tu es établi sur le ferme rocher de la foi. […] Tous unis sous l’inspiration du Saint Esprit, tous d’accord et tous du même avis, acquiesçant tous aux lettres que Notre Très Saint Père et Souverain pontife le pape Agathon a envoyées à Votre Puissance [ndlr : les empereurs], reconnaissant la sainte décision du concile qui dépend de lui et qui rassemble cent-vingt-cinq prélats, etc. » (MANSI, 11/666, 684 et 686)

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