Aller au contenu

Philippe IV le Bel

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 19 juin 2020 à 15:29 et modifiée en dernier par 41.213.242.26 (discuter). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.

Philippe IV
Illustration.
Gisant de Philippe le Bel
(basilique de Saint-Denis).
Titre
Roi de France

(29 ans, 1 mois et 24 jours)
Couronnement ,
en la cathédrale de Reims
Prédécesseur Philippe III
Successeur Louis X
Roi de Navarre de iure uxoris

(20 ans, 7 mois et 17 jours)
Avec Jeanne Ire
Prédécesseur Jeanne Ire
Successeur Louis Ier
Biographie
Dynastie Capétiens
Date de naissance
Lieu de naissance Château de Fontainebleau
Drapeau du Royaume de France Royaume de France
Date de décès
(à 46 ans)
Lieu de décès Château de Fontainebleau
Drapeau du Royaume de France Royaume de France
Sépulture Basilique de Saint-Denis
Père Philippe III le Hardi
Mère Isabelle d'Aragon
Fratrie Louis de France
Charles de Valois
Louis d'Évreux
Marguerite de France
Blanche de France
Conjoint Jeanne Ire de Navarre
Enfants Louis X
Philippe V
Charles IV
Isabelle de France
Héritier Louis X
Résidence Château de Fontainebleau
Château de Vincennes

Philippe IV le Bel
Rois de France
Rois de Navarre

Philippe IV, dit « le Bel »[1] et « le Roi de fer » (né à Fontainebleau en avril/juin 1268 – mort à Fontainebleau le ), fils de Philippe III le Hardi et de sa première épouse Isabelle d'Aragon, est roi de France de 1285 à 1314, onzième roi de la dynastie des Capétiens directs.

Devenu roi à l'âge de dix-sept ans, à la mort de son père en , l'importance de Philippe le Bel dans l'histoire de France est reconnue par les historiens.

Sous son règne, le royaume de France atteignit l'apogée de sa puissance médiévale. Avec entre seize et vingt millions d'habitants[2], c'était l'État le plus peuplé de la Chrétienté, il connaissait une grande prospérité économique, le pouvoir royal se renforce considérablement, si bien qu'on voit dans Philippe IV, entouré de ses « légistes », le premier souverain « moderne » d'un État puissant et centralisé.

Philippe IV eut des difficultés à reprendre la maîtrise des finances de son royaume et à mettre fin aux mutations monétaires. Pour cela, il a cru bon d'abattre l'ordre du Temple qui était devenu une puissance financière internationale, d'expulser les Juifs, de procéder à une dévaluation en rétablissant une monnaie d'or qui restera ferme pendant plus d'un siècle. À la fin du règne, les foires champenoises sont concurrencées par le commerce maritime direct de l'Europe du Nord avec l'Italie.

Plusieurs affaires marquent le règne de Philippe IV. Le procès de l'évêque de Troyes, Guichard, accusé d'avoir tué la reine par sorcellerie, le procès de l'évêque de Pamiers, Bernard Saisset, qui ne fit qu'aggraver les démêlés du roi avec le Saint-Siège, l'affaire de la tour de Nesle (l'emprisonnement des brus du roi et l'exécution de leurs amants), mais surtout le célèbre procès des Templiers.

Philippe le Bel est appréhendé comme n'étant plus un souverain « classique » du Moyen Âge. Bien qu'il ait été reconnu comme un roi pieux et que son gouvernement ait continué l'évolution vers la centralisation de l'État amorcée un siècle plus tôt, bien qu'il ait eu une révération particulière pour son grand-père Louis IX dont il obtint la canonisation en 1297, Philippe IV apparaît comme un roi symbole d'une rupture avec le passé, particulièrement sur les liens entretenus entre les rois de France et la papauté. Ses contemporains déplorèrent les détériorations survenues depuis « le temps de monseigneur Saint-Louis », considéré comme un âge d'or. On pressentait ainsi un roi d'un nouveau type, annonciateur d'une autre époque.

Jeunesse

Naissance

Philippe IV le Bel est le second fils de Philippe III le Hardi, après Louis (1264-1276). Il a deux frères cadets, Robert (1269 - av. 1276) et Charles, comte de Valois. Par le remariage de son père, il a, en outre, trois autres demi-frères et demi-sœurs : Louis, comte d'Évreux, Marguerite qui épouse en 1299 Édouard Ier, roi d'Angleterre, et Blanche (1278-1306), qui épouse en 1300 Rodolphe III d'Autriche, duc d'Autriche.

Héritier du trône

Son père confie une partie de l'éducation du jeune Philippe à Guillaume d'Ercuis, son aumônier. À la différence de son père, Philippe le Bel reçoit par le soin de son précepteur une bonne éducation[3]. Il comprend le latin et aime étudier.

Personnalité

Surnommé par ses ennemis tout comme par ses admirateurs le « roi de marbre » ou « roi de fer », il se démarque par sa personnalité rigide et sévère. L'un de ses plus farouches opposants, l'évêque de Pamiers Bernard Saisset, dit d'ailleurs de lui : « Notre roi ressemble au duc, le plus beau des oiseaux, et qui ne vaut rien ; c’est le plus bel homme du monde, mais il ne sait que regarder les gens fixement sans parler. »[4] Philippe le Bel est un roi qui soulève au cours de son règne beaucoup de polémiques, le même Bernard Saisset le traitant par exemple de « faux-monnayeur ».

Roi de France

Accession au trône et couronnement

Le roi Philippe III meurt le 5 octobre 1285 à 40 ans, après quinze années de règne. Philippe devient alors le nouveau souverain et succède à son père, à l'âge de 17 ans, sous le nom de Philippe IV.

Le , en la cathédrale de Reims, Philippe IV le Bel est sacré et couronné par l'archevêque Pierre Barbet.

Désordre et instabilité monétaire

Sous le règne de Philippe IV, les traditions féodales sont abandonnées pour mettre en place une administration moderne. Mais la centralisation monarchique mécontente les grands seigneurs et les nouveaux impôts dressent les bourgeois contre le pouvoir royal.

À l'aide de juristes, notamment de son fidèle collaborateur Guillaume de Nogaret, Philippe IV transforme un État encore féodal en une monarchie moderne où la volonté du roi s'impose à tous (où par exemple la justice royale prévaut), et un impôt national est prélevé sur tout le royaume de France.

Son règne est particulièrement agité sur le plan monétaire. Le roi et ses conseillers multiplient les émissions de nouvelles monnaies. Aux dévaluations succèdent les réévaluations, qui donnent un sentiment d'incohérence de la politique royale. Ces mutations monétaires aboutissent à un mécontentement général dans le Royaume. Entre 1306 et sa mort, le roi fait face à des émeutes populaires mais aussi à des ligues nobiliaires qui exigent, entre autres, le retour à la bonne monnaie.

Dans la pratique, le roi ne contrôle pas tous les paramètres de la politique monétaire. Les assemblées de prélats et de barons, convoquées périodiquement au début du XIVe siècle pour donner leur avis sur la question monétaire, réclament toutes le retour à la bonne monnaie de Saint Louis, quelque peu idéalisée. Il est vrai que la politique monétaire de Philippe le Bel est très instable. Le système monétaire a été bouleversé de fond en comble. Cette situation, qui n'avait pas de précédent historique, contraste fortement avec les pratiques monétaires de ses prédécesseurs, Saint Louis et Philippe le Hardi, dont les monnayages sont alors considérés comme des modèles de stabilité. Pour l'opinion publique, le résultat des mutations est facile à comprendre : bien que le roi agisse selon son bon droit, toute transformation de la monnaie est assimilée à un abus déloyal, voire à une falsification pure et simple.

Masse d'or de Philippe le Bel (7,04 g).

Par ailleurs, le règne de Philippe le Bel se traduit par une période de changements majeurs. L'innovation la plus remarquable de cette période est sans doute l'apparition durable d'émissions de monnaies d'or. Le retour à un vrai bimétallisme s'est accompagné de sévères crises monétaires, attisées par la spéculation internationale, la concurrence des monnaies seigneuriales et les incohérences du système monétaire. La carence en métaux précieux provoque une forte dévaluation de la monnaie de compte, qui se traduit dans la pratique par de nombreuses émissions de nouvelles monnaies. L'inflation, provoquée par ces mutations, mécontente la noblesse, les bourgeois des bonnes villes et l'Église qui voient leurs revenus diminuer considérablement. Des réévaluations des pièces d'argent et de billon sont tentées mais leur résultat est plus que mitigé : des émeutes populaires éclatent, et surtout, l'argent finit par ne plus être monnayé, car son prix d'achat est fixé trop bas. Le roi, après avoir tenté en vain de stabiliser sa monnaie, se trouve dans une position politique difficile. À la fin de son règne, il doit affronter la fronde d'une partie de ses sujets.

Assainissement des finances du Royaume

Lettres de Philippe IV par lesquelles il reconnaît devoir à son frère Charles de Valois 20 000 l.t. pour les Juifs de tous ses comtés qu'il a vendus.

Pour assainir les finances et acheter le Quercy aux Anglais contre une rente de 3 000 livres, il s'attaque à ceux qui ont de l'argent, y compris aux religieux de l'Église catholique, aux Lombards, aux Juifs (« Don de joyeux avènement » en 1285[5]) et aux Templiers.

Pour pallier ses difficultés financières, il établit des impôts réguliers, taxant lourdement les Juifs et les Lombards, confisquant parfois leurs biens, et pratique les dévaluations monétaires. Il conserve les richesses monétaires de l'ordre des Templiers après l'avoir dissout. Il centralise également le pouvoir royal. La dure crise économique que subit le royaume de France sous son règne provoque de vastes mouvements de révoltes de la part du peuple mais aussi des nobles et de l'aristocratie. Pour contrer ces graves difficultés économiques, il altère le cours de la monnaie.

Vers un État centralisateur et administrateur

Philippe IV s'entoure de légistes, des conseillers compétents qui jouent un rôle décisif dans sa politique. Les légistes appartiennent pour la plupart, au début, à la petite noblesse puis à la bourgeoisie ou à la noblesse de robe. Les légistes, apparus sous Philippe Auguste, sont formés au droit romain pour faire évoluer une monarchie féodale, où les pouvoirs du roi sont limités par ses vassaux, vers une monarchie absolue. Il termine cette centralisation commencée par son grand-père, Louis IX, mais ce système sera remis en cause par les Valois directs. Outre les légistes, le roi est entouré de ses héritiers et de sa famille.

L'administration du Royaume, limitée à la cour du roi chez ses prédécesseurs, se spécialise en trois sections sous le règne de Philippe le Bel :

  • le Grand Conseil qui examine les dossiers politiques ;
  • le Parlement, responsable de la justice ;
  • la Chambre des comptes, spécialisée dans les affaires financières, elle établit des taxes pour les exportations, soumet les terres de l'Église à une redevance (les décimes), introduit une taxe pour toute vente, et réalise des manipulations monétaires en changeant le poids ou le taux des métaux précieux des pièces sans en changer la valeur, ce qui fait donner à Philippe IV le surnom de « faux-monnayeur » par ses détracteurs.

Ces transformations rendirent Philippe le Bel très impopulaire dans toutes les couches de la société.

Philippe IV a aussi créé l'embryon des états généraux, en ordonnant la tenue d'assemblées formées de représentants des trois ordres : le clergé, la noblesse et la bourgeoisie. Ces assemblées, très peu réunies, seulement lors de crises, n'avaient pas beaucoup de pouvoir, leur rôle n'étant que d'approuver les propositions du roi et de ses conseillers.

Sous le règne de Philippe IV, la France abandonna ses traditions féodales pour devenir un État avec une administration moderne. Mais la centralisation monarchique mécontenta les grands seigneurs, les nouveaux impôts dressèrent les bourgeois contre le pouvoir, et les paysans, accablés de taxes diverses, se révoltèrent.

Occupation de la Guyenne (1294-1305)

Philippe IV le Bel profite d'un incident pour confirmer sa suzeraineté sur le duché de Guyenne gouverné par le roi d'Angleterre Edouard Ier, ce qui provoque un conflit militaire opposant les deux royaumes rivaux de 1294 à 1297. Il se traduit notamment par l'occupation française de Bordeaux, capitale de la Guyenne, jusqu'en 1303, soldée par le traité de Paris qui rétablit la situation antérieure, les Plantagenêt reprenant possession de leur fief, à la grande satisfaction des Bordelais[Qui ?].

Cet affrontement franco-anglais est l'un des prémices de la guerre de Cent Ans (1337-1453).

La conquête de la Flandre

La bataille de Courtrai, en 1302, est une lourde défaite de l'armée de Philippe le Bel en Flandre, mais qui est lavée par la victoire de Mons-en-Pévèle en 1304.
Statue équestre de Philippe IV à Notre-Dame de Paris.

Lorsque le comte de Flandre, Gui de Dampierre, allié à Édouard Ier (roi d'Angleterre), rompit son hommage de vassal au roi de France en 1297, Philippe IV mobilisa 70 000 hommes pour envahir son comté. Cette rivalité avec le roi d'Angleterre pousse le roi à développer le premier arsenal de marine aux Clos aux galées et à se doter d'une flotte de guerre. Après l'abandon du projet d'invasion de l'Angleterre, Philippe IV tourne son armée contre les Flamands révoltés. Après une conquête relativement facile, prise de Lille en 1297, de Courtrai, Furnes, Bergues et Bruges, une trêve fut signée en 1300 aux termes de laquelle Philippe IV conservait ces conquêtes. Philippe subit ensuite deux échecs en 1302 avant d'être finalement victorieux des Flamands :

  • Les matines de Bruges : à l'aube du à Bruges, des insurgés flamands armés attaquèrent une des garnisons françaises de la ville. Selon la tradition, pour distinguer les Français, ils auraient abordé les occupants des chambres en leur demandant de répéter après eux le shibboleth : « schild en vriend », difficile à prononcer pour un francophone car le « ch » transcrit un son guttural inconnu en français, le « r » est roulé et « ie » se prononce « i » et qui signifie « bouclier et ami ». Cette version couramment admise manque cependant de crédibilité. Une autre version, nettement plus crédible et logique, dit qu'il s'agirait plutôt de la phrase « des gildens vriend », « ami des guildes ». Environ mille[6] soldats français de la garnison sont démasqués et assassinés au pied du lit. On appelle cette journée « matines de Bruges » ou « matines brugeoises », par analogie aux « Vêpres siciliennes » qui chassèrent les Français de Sicile vingt ans plus tôt.
  • La bataille des éperons d'or : le , les chevaliers français menés par Robert II d'Artois furent écrasés ce jour-là près de Courtrai par des milices communales flamandes de la même façon que la bataille de Mansourah et comme celles futures de Crécy et d'Azincourt.
  • La victoire navale de Zierikzee le . Une escouade de Français avait réussi à crever les tonneaux de bière placés sur un petit tertre par les Flamands pour se désaltérer : ceux-ci n'ont plus à boire. Cette après-midi-là, le roi échappa à la mort : 600 Flamands, en désespoir de cause, firent un ultime raid vers le camp royal. Par chance, Philippe s'était dévêtu de son armure royale. Les Flamands ne le reconnurent pas et il réussit à sauter sur un cheval et se dégager à grands coups de hache d'armes. « Le roi se combat ! le roi se combat ! » criait-on dans le camp des Français. De nombreux seigneurs perdirent la vie, dont le vicomte de Turenne et Mathieu IV de Montmorency[réf. nécessaire]. Le roi attribua cette victoire à la protection de la Vierge et dans la nef de la cathédrale Notre-Dame de Paris, accolée au premier pilier oriental côté sud, il fit dresser une statue équestre en bois en ex-voto face à l'autel de Marie[7],[8],[9],[Note 1].
  • La bataille de Mons-en-Pévèle : le . Malgré l'issue indécise du combat (centre de l'armée royale enfoncée et ailes de celle des Flamands en déroute), le roi parvient à exploiter la situation en sa faveur par la prise de Lille le après un siège de 3 semaines, suivie par la reddition de Douai[10].

À l'issue de ce conflit, Lille et la Flandre wallonne restèrent dans le royaume de France jusqu'en 1369.

Rapport avec les Mongols ilkhanides

Lettre d'Arghoun à Philippe le Bel, 1289, conservée aux Archives nationales.

En 1289, Arghoun, khan des Mongols ilkhanides, gouvernant la Perse, envoie un message à Philippe le Bel lui demandant son alliance contre les Mamelouks et les Kiptchaks, l'année suivante il fait la même demande au pape Nicolas IV. Cette demande d'alliance reste sans réponse de la part de Philippe le Bel.

Conflit de pouvoir avec le pape

Philippe IV le Bel d'après le Recueil des rois de France de Jean du Tillet, vers 1550, (BnF).

Le règne de Philippe IV le Bel est marqué par ses différends avec le pape Boniface VIII, dont le point central est le droit que s'attribue le roi de France d'imposer les biens de l'Église situés dans son royaume, la France. Ce que va contester le Pape, soucieux de conserver la force du principe de pré-éminence du pape sur les rois, du pouvoir spirituel sur le pouvoir temporel. La décrétale Clericis laicos du est le point de départ. Boniface VIII, qui a alors d'autres préoccupations (conflits avec les Aragonais de Sicile et les Colonna), se trouve dans l'embarras et, en dépit de son caractère hautain, cède bientôt. Les bulles Romana mater (février 1297) et Etsi de statu (en) (juillet 1297) donnent au roi gain de cause. Ce dernier document contient une renonciation formelle aux prétentions émises pour la défense des biens ecclésiastiques contre l'arbitraire des rois dans la décrétale Clericis laicos.

Cependant, en 1302, par la bulle Unam Sanctam, Boniface VIII déclare la supériorité du pouvoir spirituel sur le pouvoir temporel, et par ce biais la supériorité du pape sur les rois, ces derniers étant responsables devant le chef de l'Église. Philippe le Bel réunit un concile des évêques de France pour condamner le pape, ainsi que des assemblées de nobles et de bourgeois à Paris (précurseurs des états généraux, qui apparaissent pour la première fois sous son règne). Le roi cherche l'appui de tous ses sujets afin de légitimer la lutte qu'il mène contre le pape. Ce dernier menace de l'excommunier et de jeter l'interdit sur le royaume de France.

Fort du soutien de la population et des ecclésiastiques, le roi envoie alors son conseiller (et futur garde des Sceaux), le chevalier Guillaume de Nogaret, avec une petite escorte armée vers l'Italie, dans le but d'arrêter le pape et de le faire juger par un concile. Nogaret est bientôt rejoint par un ennemi personnel de Boniface VIII, Sciarra Colonna, membre de la noblesse romaine, qui lui indique que le pape s'est réfugié à Anagni, résidence d'été du pape, proche de Rome, et fief des Caetani, la famille du pape.

Le , Nogaret et Colonna arrivent à Anagni et trouvent le pape seul dans la grande salle du palais épiscopal des Caetani abandonné par ses partisans. Le vieil homme de 68 ans est assis sur un haut siège, en habit de cérémonie, et ne réagit pas à l'irruption de la troupe armée. En voyant Guillaume de Nogaret et Sciarra Colonna approcher, il incline légèrement la tête et déclare : « Voilà ma tête, voilà mon cou, au moins je mourrai en pape[11] ! »

Guillaume de Nogaret recule, impressionné, tandis que Sciarra Colonna, dans sa haine de Boniface VIII, se serait avancé insolemment et lui aurait, dit-on, donné une gifle avec son gantelet de fer.

Peu de temps après le , la population de la ville d'Anagni se révolte et dégage le pape des mains des Français, mais le souverain pontife tombe malade et meurt un mois plus tard à Rome le .

Cet énorme scandale éclabousse Philippe le Bel, bien qu'il n'en soit pas directement responsable, mais ceux qui ne le savaient pas encore comprennent qu'il vaut mieux ne pas s'opposer au roi de France. D'après Jean-François Chantaraud dans L'État social de la France, cette partie d'échecs remportée par Philippe IV contre le Pape constitue la clé de voûte de la fusion française des pouvoirs temporel et spirituel : dès lors, le chef de l'exécutif détient le monopole de la légitimité à dire le juste et l'État va devenir le producteur des justifications sur lesquelles il fait reposer ses propres décisions.

Anéantissement de l'ordre du Temple

Mise à mort des Templiers.

Après le très court pontificat de Benoît XI, Clément V, archevêque de Bordeaux, est couronné pape à Lyon. Après une longue itinérance, il s'installe dans le Comtat Venaissin. Comptant sur son appui, mais sans lui demander la permission, le roi met en marche l'anéantissement de l'ordre du Temple. Le vendredi , les Templiers sont mis en prison puis torturés pour leur faire admettre l'hérésie dans leur ordre. Le maître de l'ordre, Jacques de Molay, périt sur le bûcher à Paris en 1314 après avoir été déclaré relaps. Selon Geoffroi de Paris, témoin oculaire[12] de l'événement et chroniqueur de l'époque, ses dernières paroles auraient été[12] :

« Je vois ici mon jugement où mourir me convient librement ; Dieu sait qui a tort, qui a péché. Il va bientôt arriver malheur à ceux qui nous ont condamnés à tort : Dieu vengera notre mort. »

Une succession de malheurs touchait alors la famille royale capétienne, dont la plus célèbre reste l'affaire des deux brus adultères du roi (affaire de la tour de Nesle). Marguerite de Bourgogne, capétienne, fille du duc Robert II de Bourgogne (1248-1306) et d'Agnès de France (1260-1325), Jeanne de Bourgogne et Blanche de Bourgogne, toutes deux filles du comte Othon IV de Bourgogne et de la comtesse Mahaut d'Artois, épousent respectivement les rois Louis X, Philippe V le Long et Charles IV le Bel, les trois fils de Philippe le Bel.

Expulsion définitive des juifs

Philippe le Bel prit, comme plusieurs des rois ses prédécesseurs, une mesure d'expulsion des Juifs du Royaume parce qu'ils pratiquaient l'usure, mais cette fois la mesure sera définitive. Ceux-ci avaient en France le statut d'étrangers résidant avec la permission — et sous la juridiction directe — du roi. Les étrangers, ou aubains, pouvaient posséder des immeubles, mais ils ne pouvaient pas les léguer à leurs héritiers, ceux-ci revenant à leur mort au ban du seigneur, c'est-à-dire au roi en ce qui les concernait. En 1289, Philippe le Bel expulse les Juifs du Poitou. En 1306, il promulgue un édit d'expulsion général dont Juliette Sibon estime qu'il a concerné 100 000 juifs[13]. Ensuite, les droits que leurs communautés avaient sur certains immeubles qui leur avaient été affectés pour leur servir par exemple de synagogues, furent remis en adjudication au profit du trésor royal. On trouve plusieurs exemples de ces adjudications :

  • La synagogue-de-Dun-le-Roi (actuellemement commune de Dun-sur-Auron). Vidimus et confirmation de l'adjudication après enchères du [acte en français] par Hugues Gouhaut, bailli de Bourges, à Jean de Patinges, de la synagogue de Dun le Roy, sise dans le pourpris du chasteau, pour le prix de 11 livres tournois, qui seront rendues par led. Hugues dans les comptes des biens des juifs, février 1310 (Archives Nationales-JJ 41, fol. 103, no 192 = 42B, fol. 91, no 191) ;
  • La synagogue-de-Janville : commune de Janville. Adjudication à Jean Le Grand, de la Synagogue de Yenville, avec deux places en dépendant, la 2de appelée la Miquerie, janvier 1313 (Archives Nationales-JJ 48, fol. 95 v°, no 167) ;
  • La Petite-Synagogue-d'Orléans : commune d'Orléans. La Petite Synagogue des juifs, sise à Orléans, (Archives Nationales-JJ 44, fol. 23-24, no 37, vidimus de décembre 1317).

Accroissement du domaine royal et de l'influence française en Europe

Le roi de France, Philippe IV le Bel, achète le comté de Chartres à sa tante Jeanne de Blois-Châtillon. Paris, juillet 1286. Archives nationales de France.
Enluminure des XIVe et XVe siècles : Hommage d'Édouard Ier d'Angleterre à Philippe le Bel, dans les Grandes Chroniques de France.

Pendant le règne de Philippe le Bel, le domaine royal (voir Domaine de la Couronne) s'est agrandi grâce à la politique d'assujettissement des grands féodaux et aussi :

Affaire de la tour de Nesle

En avril 1314, année même de la mort de Philippe le Bel, un énorme scandale éclate : Marguerite de Bourgogne, épouse de Louis X, déjà roi de Navarre à la mort de sa mère Jeanne Ire de Navarre, et Blanche de Bourgogne, femme de Charles (futur Charles IV le Bel), sont dénoncées par Isabelle de France (fille de Philippe le Bel et reine consort d'Angleterre) dans l'affaire de la tour de Nesle. Elles auraient trompé leurs maris avec les frères Philippe et Gauthier d'Aunay, tous deux chevaliers de l'hôtel royal. Une enquête est menée et les deux frères avouent, sous la torture, entretenir des relations adultérines avec deux des belles-filles du roi. Les deux amants sont jugés et condamnés pour rapt d'honneur sur personne de majesté royale ; ils sont exécutés sur-le-champ en place publique à Pontoise : dépecés vivants, leur sexe tranché et jeté aux chiens, ils sont finalement décapités, leurs corps traînés puis pendus par les aisselles au gibet. Une telle cruauté s'explique par l'affront fait à la famille royale, mais aussi par l'atteinte aux institutions du Royaume : cet acte met en péril la dynastie capétienne et le royaume de France. « Quelles auraient été la légitimité et l'autorité d'un futur souverain dont on aurait pu mettre en doute la royale paternité ? »

Les implications politiques sont si graves que le châtiment se doit d'être exemplaire. Marguerite de Bourgogne est condamnée à être tondue et conduite dans un chariot couvert de draps noirs à Château-Gaillard. Occupant une cellule ouverte à tous vents au sommet du donjon, elle y meurt en 1315. Dans Les Rois maudits, Maurice Druon laisse entendre qu'elle fut étranglée afin que son mari, Louis X, puisse se remarier avec Clémence de Hongrie[14], mais ses conditions d'incarcération ne mettent pas en doute une mort d'épuisement.

Blanche de Bourgogne est aussi tondue mais bénéficie d'un « traitement de faveur » : elle est emprisonnée pendant sept ans, puis obtient l'autorisation de prendre l'habit de religieuse. Femme du cadet et non du futur roi de France (du moins, c'est ce que l'on croit, puisque son époux deviendra le roi Charles IV le Bel en 1322), Blanche a donc un traitement moins cruel que sa belle-sœur. Elle devient reine de France en prison le 21 février, jusqu'à ce que la nullité de son mariage soit prononcée 19 mai par le pape Jean XXII.

Quant à la troisième, la comtesse Jeanne de Bourgogne et d'Artois, femme du futur Philippe V le Long, elle est enfermée à Dourdan pour avoir gardé ce secret. Soutenue par sa mère Mahaut d'Artois, elle se réconcilie avec son mari le roi Philippe le Long et devient reine de France en 1317.

Fin de règne et mort

Mort de Philippe le Bel.
Gisant de Philippe Le Bel (basilique Saint-Denis).

Le , Philippe le Bel rend visite à son oncle le comte Robert de Clermont[réf. nécessaire] et c'est lors d'une partie de chasse en forêt de Pont-Sainte-Maxence (forêt d'Halatte) qu'il fait une chute de cheval. Blessé à la jambe, il « éprouv[e] un saisissement subit, avec impossibilité de prononcer une parole »[15] (un probable accident cérébro-vasculaire, qui frappe également son frère Charles de Valois plus tard, est évoqué sans que l'on puisse dire si cette atteinte cérébrale est antérieure, contemporaine ou consécutive à la chute). Les chroniques du temps se partagent entre l'accident ou la maladie inexplicable[16]. Transporté en bateau à Poissy[15], puis porté en litière à Fontainebleau, il meurt quelques semaines plus tard, à 46 ans, dans la journée du , après 29 années de règne[17],[18]. Il est le premier roi de France qui naît et meurt au Château de Fontainebleau[19].

Charte de Philippe le Bel confiant, en cas de décès, la régence du Royaume et la tutelle de son fils aîné à la reine Jeanne ou à défaut à son frère Charles de Valois, . Archives nationales J/401/5.

Son cœur et ses entrailles furent déposés séparément à l'église du prieuré de Poissy, le cœur dans une urne retrouvée le lors de travaux dans un des caveaux. Philippe reconnaissait ainsi l'importance du prieuré de cette ville, où il était déjà venu plusieurs fois. Il y avait par ailleurs fait bâtir, près de la collégiale, un couvent ouvert en 1304 pour honorer son grand-père Saint-Louis, qui y était né. Philippe offrit par la suite aux religieuses une relique (un bout de la mâchoire du saint), rattachant ainsi ce lieu à sa mémoire, et y fit enterrer son jeune fils Robert. L'endroit où est inhumé le cœur est surmonté d'un gisant réalisé en 1327 et détruit sous la Révolution : il représentait Philippe sur une lame de marbre noir. Couronné, la statue tenait le sceptre dans sa main droite et la main de justice dans sa main gauche, contrairement au gisant de Saint-Denis, où la main de justice n'apparaissait pas. Pour l'historien Alexandre Bande, cela sert à distinguer les deux sépultures : « [la main de justice] était alors assimilée à l'équité, forme la plus élevée de justice, et à la charité, une des valeurs essentielles du cœur du roi : les contemporains pouvaient ainsi déchiffrer aisément ces sépultures et leurs différences »[20].

Son corps sera inhumé dans la basilique de Saint-Denis. Sa sépulture, comme celles des autres princes et dignitaires reposant en ce lieu, sera profanée par les révolutionnaires en octobre 1793. Il s'agissait d'un gisant en marbre blanc, commandé par son fils Charles IV, également en 1327[20].

Il fut le premier roi de France à demander par testament une tripartition de son corps (dilaceratio corporis, « division du corps » en cœur, entrailles et ossements) avec des sépultures multiples[Note 2]. Cette pratique devint à partir du XIIIe siècle un privilège[Note 3] de la dynastie capétienne dans le royaume de France (majoritairement les rois, parfois les reines ou les proches, et ce malgré l'interdiction par une décrétale en 1299 du pape Boniface VIII qui voyait cette pratique se répandre chez certains membres de la Curie romaine[Note 4]) qui permettait la multiplication des cérémonies (funérailles du corps, la plus importante, puis funérailles du cœur et funérailles des entrailles) et des lieux (avec un tombeau de corps, un tombeau de cœur et un tombeau d'entraille, comme les gisants royaux à entrailles de l'abbaye de Maubuisson[21]) où honorer le roi défunt[22].

Les Grandes Chroniques de France signalent que Pierre de Latilly, évêque de Châlons, fut emprisonné un moment en 1315, soupçonné d'avoir empoisonné le roi défunt[23].

Ascendance

Mariage et descendance

Le , Philippe épouse à l'âge de 16 ans Jeanne Ire de Navarre, comtesse de Champagne et reine de Navarre qui en a 11. La princesse a succédé à son père sur les trônes de Champagne et de Navarre (elle régnera de 1274 à 1305).

De cette union, qui confère au roi le titre de roi de Navarre (Philippe Ier, voir Liste des monarques de Navarre) jusqu'à la mort de la reine en 1305, naissent sept enfants :

Bien que veuf encore jeune (37 ans), Philippe IV ne se remarie pas et restera fidèle au souvenir de son épouse décédée.

Postérité

La nature même du pouvoir de ce grand souverain reste une énigme : fut-il le jouet de ses ministres ou le premier « roi absolu » ? La plupart des analyses tendent vers la seconde proposition, au vu de sa politique au long terme qui témoigne d'une volonté unique et cohérente (alors qu'il changea souvent de conseillers), et de son caractère intransigeant.

Grâce à l'aide de juristes, il transforme véritablement un État encore féodal en une monarchie moderne où la volonté du roi s'impose à tous, et un impôt national est prélevé sur tout le royaume de France.

Il agrandit également le territoire du Royaume, notamment avec l'annexion de Lille après la signature de la guerre de Flandre.

Ses contemporains le jugent comme étant d'une rare beauté, et son physique tout entier « semblait une vivante image de la grandeur et de la majesté des rois de France » (d'après une chronique médiévale)Interprétation abusive ?.

Notes et références

Notes

  1. La statue qui disparut sous la Révolution représentait un chevalier casqué, monté sur un cheval richement caparaçonné.
  2. Pratique initiée au milieu du XIe siècle par les chevaliers et souverains du royaume d'Angleterre et du Saint-Empire romain germanique morts en croisade ou loin de leur lieu de sépulture choisi, tel Henri III du Saint-Empire.
  3. Le premier roi capétien dont la tripartition du corps — subie et non demandée — est bien attestée est Philippe III le Hardi.
  4. Dans la pratique, beaucoup bénéficieront de bulles d'exemption de la part des papes pour pouvoir pratiquer la dilaceratio corporis.

Références

  1. (en) Généalogie de Philippe IV sur le site Medieval Lands.
  2. Jacques Le Goff, Le XIIIe siècle, l’apogée de la chrétienté, Paris, Bordas, , 127 p..
  3. (en) Frantz Funck-Brentano, The Middle Ages, 1925, p. 854.
  4. Charles-Victor Langlois, Histoire de France depuis les origines jusqu'à la Révolution. 3, Saint Louis, Philippe le Bel, les derniers capétiens directs (1226-1328).
  5. Histoire des Juifs en France - Les origines et le Moyen Âge, Privat, 1972, [lire en ligne], p. 42.
  6. Jean Favier, Philippe le Bel, Fayard, rééd. 2005, p. 220.
  7. M. Aubert, La cathédrale Notre-Dame de Paris (855), p. 18.
  8. Mme F. Baron, « Le cavalier royal de Notre-Dame et le problème de la statue équestre au Moyen Âge », dans Bulletin Monumental, tome 126, 1968, p. 140-150.
  9. Robert Gane, Le chapitre de Notre-Dame de Paris au XIVe siècle, Étude sociale d'un groupe canonial, Publications de l'université de Saint-Étienne, 1999, p. 57.
  10. Alexandre de Saint-Léger, Histoire de Lille. Tome I, Éditions de régionalismes, 2011 (réédition d'un ouvrage paru en 1942) (ISBN 978 2 8240 0173 9), p. 53 et 54.
  11. Antoine de Lévis-Mirepoix, Le siècle de Philippe le Bel, Le Livre Contemporain, 1961, [lire en ligne], p. 98.
  12. a et b Geoffroi de Paris, témoin oculaire, L'information historique pour l'enseignement, [lire en ligne], p. 70.
  13. Juliette Sibon, « 1306, l'expulsion des juifs du Royaume de France », Cahiers de recherches médiévales et humanistes, no 16,‎ .
  14. Maurice Druon, Les rois maudits : roman historique, Le livre de poche, 1970-1977 (ISBN 9782253003069, OCLC 15320495, lire en ligne), Tome 2 - La reine étranglée.
  15. a et b Charles Baudon de Mony, Bibliothèque de l’École des Chartes, no 58, 1897, p. 9.
  16. Charles Baudon de Mony, Bibliothèque de l’École des Chartes, no 58, 1897, p. 8.
  17. Maur-François Dantine, L'Art de vérifier les dates des faits historiques, des chartes, des chroniques et autres anciens monumens, depuis la naissance de Notre-Seigneur, 1818, [lire en ligne], p. 21.
  18. Jules Viard, Les Grandes chroniques de France 1934, p. 303.
  19. Augustin Cabanès, Les Morts mystérieuses de l'histoire, Éditions de l'Opportun, , p. 112.
  20. a et b Alexandre Bande, « 1314, les doubles funérailles de Philippe Le Bel », L'Histoire no 405, novembre 2014, p. 70-74.
  21. Armelle Alduc Le Bagousse, Inhumations de prestige ou prestige de l'inhumation : expressions du pouvoir dans l'au-delà, IVe-XVe siècle, Publications du CRAHM, , p. 233.
  22. Alexandre Bande, Le cœur du roi. Les Capétiens et les sépultures multiples, XIIIe – XVe siècles, Tallandier, , 250 p..
  23. Les grandes chroniques de France, publiées par Paulin-Pâris, Paris : Techener, 1836-1838, t. 5, p. 221.

Sources primaires imprimées

Bibliographie

Études historiques

  • Robert-Henri Bautier, « Diplomatique et histoire politique : ce que la critique diplomatique nous apprend sur la personnalité de Philippe de Bel », Revue historique, Paris, Presses universitaires de France, t. 259,‎ , p. 3-27 (lire en ligne).
  • Robert-Henri Bautier, Études sur la France capétienne : de Louis VI aux fils de Philippe le Bel, Ashborne, Variorum, coll. « Collected Studies Series » (no 359), , X-322 p. (ISBN 0-86078-306-5, présentation en ligne).
  • Marc Bloch, La France sous les derniers Capétiens 1223-1328, Paris, Armand Colin, (présentation en ligne).
  • (en) Elizabeth A. R. Brown, « Philippe le Bel and the remains of saint Louis », Gazette des Beaux-Arts, 1980-1981, p. 175-182.
  • (en) Elizabeth A. R. Brown, « The Prince is Father of the King' : the Character and Childhood of Philip the Fair of France », Medieval Studies, no 49, 1987, p. 282-334.
  • (en) Elizabeth A. R. Brown, « Moral Imperatives and Conundrums of Conscience : Reflections on Philip the Fair of France », Speculum, no 87, 2012, p. 1-36.
  • (en) Elizabeth A. R. Brown, « Unctus ad executionem justitie : Philippe le Bel, Boniface VIII et la grande ordonnance pour la réforme du royaume (du ) », dans Silvère Menegaldo et Bernard Ribémont (dir.), Le roi fontaine de justice. Pouvoir princier et pouvoir royal au Moyen Âge et à la Renaissance, Klincksieck, 2012, p. 145-168.
  • Philippe Contamine, Jean Kerhervé, Albert Rigaudière et Xavier Hélary (dir.), Monnaie, fiscalité et finances au temps de Philippe Le Bel, La Documentation Française, coll. « Histoire économique et financière de la France », Paris, 2007 (ISBN 9782110953827).
  • Alain Erlande-Brandenburg, « Le palais des rois de France à Paris par Philippe le Bel », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 151e année no 1, 2007, p. 183-194, [lire en ligne].
  • Jean Favier, « Les légistes et le gouvernement de Philippe le Bel », Journal des savants, no 2, 1969, p. 92-108, [lire en ligne].
  • Jean Favier, Un Conseiller de Philippe le Bel : Enguerran de Marigny, Paris, Presses universitaires de France, (Mémoires et documents publiés par la Société de l'École des chartes), 1963, 254 p.
  • Jean Favier, Philippe le Bel, Paris, Fayard, , V-584 p. (ISBN 2-213-00664-4).
    Êdition revue : Jean Favier, Philippe le Bel, Paris, Fayard, , V-589 p. (ISBN 2-213-60095-3).
  • Frantz Funck-Brentano, Les origines de la guerre de Cent Ans : Philippe le Bel en Flandre, Paris, Honoré Champion, 1896, XXXIX-707 p., présentation en ligne, lire en ligne.
  • Danielle Gaborit-Chopin (dir.), L'art au temps des rois maudits. Philippe le Bel et ses fils (1285-1328), Paris, RMN, 1998.
  • Élisabeth Lalou, Itinéraire de Philippe IV le Bel (1285-1314), vol. 1 et 2, Paris, De Boccard, coll. « Mémoires de l'Académie des inscriptions et Belles-Lettres » (no 37), , 382 + 427 (ISBN 2-87754-187-8 et 2-87754-187-8, présentation en ligne).
  • Élisabeth Lalou, « Les questions militaires sous le règne de Philippe le Bel », dans Philippe Contamine, Charles Giry-Deloison et Maurice H. Keen (dir.), Guerre et société en France, en Angleterre et en Bourgogne, XIVe – XVe siècle, Villeneuve-d'Ascq, Centre d'histoire de la région du Nord et de l'Europe du Nord-Ouest, 1991, p. 37-62.
  • Sophia Menache, « Philippe le Bel - Genèse d'une image », Revue belge de philologie et d'histoire, no 62-4, 1984, p. 689-702, [lire en ligne].
  • François Menant, Hervé Martin, Bernard Merdrignac et Monique Chauvin, Les Capétiens : histoire et dictionnaire, 987-1328, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , LXXIX-1220 p. (ISBN 2-221-05687-6).
  • Georges Minois, Philippe le Bel, Paris, Perrin, 2014, 797 p. (ISBN 978-2-2620-3684-3).
  • Bernard Moreau (dir.), Guillaume de Nogaret, un Languedocien au service de la monarchie capétienne. Actes du colloque de Nîmes, , Nîmes, Lucie Éditions, 2012 (ISBN 978-2-35371-293-9).
  • Bernard Moreau, Julien Théry-Astruc (dir.), La royauté capétienne et le Midi au temps de Guillaume de Nogaret. Actes du colloque des 29 et , Nîmes, Éditions de la Fenestrelle, 2015 (ISBN 979-10-92826-34-0).
  • Franklin J. Pegues, The Lawyers of the Last Capetians, Princeton, 1962.
  • Dominique Poirel, Philippe le Bel, Perrin, coll. « Passé simple », Paris, 1991, 461 p. (ISBN 9782262007492).
  • Albert Rigaudière, « L'essor de la fiscalité royale, du règne de Philippe le Bel (1285-1314) à celui de Philippe VI (1328-1350) », dans Europa en los umbrales de la crisis (1250-1350), XXI Semanas de Estudios Medievales, Estella, 18 a 22 julio de 1994, Pampelune, Gobierno de Navarra, Departamento de Educacion y Cultura, 1995, p. 323-391.
  • Félicien de Saulcy, Philippe le Bel a-t-il mérité le surnom de roi faux-monnayeur ?, imprimerie de G. Daupeley, Paris, 1876 (lire en ligne).
  • Julien Théry, « Philippe le Bel, pape en son royaume », L'Histoire, no 289, Dieu et la politique. Le défi laïque, 2004, p. 14-17, [lire en ligne].
  • (it) Julien Théry, « Allo scoppio del conflitto tra Bonifacio e Filippo il Bello : l'affare Saisset », dans I poteri universali e la fondazione dello Studium Urbis. Il pontefice Bonifacio VIII dalla Unam sanctam allo schiaffo di Anagni, éd. G. Minnucci, Rome, Monduzzi, 2008, p. 21-68, disponible en ligne.
  • Julien Théry, « Le pionnier de la théocratie royale. Guillaume de Nogaret et les conflits de Philippe le Bel avec la papauté », dans Bernard Moreau, éd., Guillaume de Nogaret, un Languedocien au service de la monarchie capétienne. Actes du colloque de Nîmes, , Nîmes, Lucie Éditions, 2012, p. 101-128 (ISBN 978-2-35371-293-9), disponible en ligne.
  • Julien Théry, « Une hérésie d'État. Philippe le Bel, le procès des « perfides templiers » et la pontificalisation de la royauté française », dans Les templiers dans l'Aube, Troyes, La Vie en Champagne, 2013, p. 175-214, [lire en ligne].
  • Julien Théry-Astruc, « Les Écritures ne peuvent mentir. Note liminaire pour l'étude des références aux autorités religieuses dans les textes de Guillaume de Nogaret », dans Bernard Moreau, Julien Théry-Astruc (dir.), La royauté capétienne et le Midi au temps de Guillaume de Nogaret. Actes du colloque des 29 et , Nîmes, Éditions de la Fenestrelle, 2015 (ISBN 979-10-92826-34-0), p. 243-248. disponible en ligne sur le site Academia.edu.
  • Sous la direction de Philippe Contamine, Jean Kerhervé, Albert Rigaudière, Monnaie, fiscalité et finances au temps de Philippe le Bel. Journée d'études du , Comité pour l'histoire économique et financière de la France, Paris, 2007 (ISBN 978-2-11-095382-7) :
    • Alain Boureau, L'invention doctrinale de la souveraineté monarchique sur les biens à l'époque de Philippe le Bel, p. 3-18,
    • Lydwine Scordia, Les autorités citées lors des débats sur l'impôt par les théologiens à la fin du XIIIe siècle, p. 19-50,
    • Marc Bompaire, La question monétaire : avis et consultations à 'époque de Philippe le Bel et de ses fils, p. 105-140,
    • Yves Coativy, Les monnaies de Philippe le Bel et leurs avatars, p. 141-156,
    • Henri Dubois, Monnaie, frontière et impôts : le duc et le roi en Bourgogne à la fin du XIIIe siècle, p. 159172,
    • Caroline Decoster, La fiscalisation des aides féodales sous le règne de Philippe IV le Bel : une stratégie au service de la souveraineté royale, p. 173-197,
    • Stéphane Mechoulan, L'expulsion des Juifs de France en 1306 : proposition d'analyse contemporaine sous l'angle fiscal, p. 199-226,
    • Xavier Hélary, Révolution militaire, révolution fiscale ? Le poids de la guerre dans les finances royales sous le règne de Philippe le Bel, p. 229-254,
    • Élisabeth Lalou, La place de l'hôtel du roi dans le budget de l'État et l'économie du royaume sous Philippe IV le Bel, p. 255-268,
    • Jacques Queinnec, Les ressources monétaires du Trésor (1298-1300), p. 269-311.

Romans

Bandes dessinées

  • L'Histoire de France en bandes dessinées, sous la direction de Michel de France, fascicule 7 : La Chevalerie, Philippe le Bel, scénario de la partie Philippe le Bel : dessin, Raymond Poïvet ; texte, Roger Lécureux ; Paris, Larousse (avril 1977).

Filmographie

Télévision

Articles connexes

Liens externes

Sur les autres projets Wikimedia :