Princesse Saphir
Type | Shōjo |
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Genres | Aventure, fantasy |
Auteur | Osamu Tezuka |
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Éditeur | (ja) Kōdansha |
Prépublication | Shōjo Club |
Sortie initiale | – |
Volumes | 3 |
Auteur | Osamu Tezuka |
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Éditeur | (ja) Kōdansha |
(fr) Soleil | |
Prépublication | Nakayoshi |
Sortie initiale | – |
Volumes | 1 |
Auteur | Osamu Tezuka |
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Éditeur | (ja) Kōdansha |
(fr) Soleil | |
Prépublication | Nakayoshi |
Sortie initiale | – |
Volumes | 3 |
Auteur | Osamu Tezuka |
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Illustrateur | Hideaki Kitano |
Prépublication | Shōjo Friend |
Sortie initiale | – |
Volumes | 1 |
Princesse Saphir (リボンの騎士, Ribon no kishi , littéralement « Le Chevalier au Ruban ») est un shōjo manga écrit et dessiné par Osamu Tezuka, qui retrace les aventures de la princesse Saphir du royaume imaginaire de Silverland, jeune femme travestie en garçon afin de pouvoir hériter du trône de son père et d'empêcher le vil Duc Duralumin de prendre le pouvoir.
Initialement pré-publié entre 1953 et 1956 dans le magazine Shōjo Club, le manga remporte un important succès, ce qui en fait la troisième œuvre emblématique de l'auteur après Astro, le petit robot et le Roi Léo. Grâce à ce succès, d'autres versions du manga ont par la suite été créées par Tezuka lui-même ou d'autres auteurs, et une suite nommée Les Enfants de Saphir ainsi que deux adaptations en anime ont vu le jour.
L'œuvre est l'un des tous premiers story manga — manga à l'histoire au long court — dans le genre du shōjo et avec son héroïne travestie, exerce une importante influence thématique sur le genre.
Description
L'histoire de Princesse Saphir varie légèrement entre les différentes versions du manga mais suit globalement le même chemin[1]. Le résumé qui suit est basé sur la version Nakayoshi du manga[2] :
Dans le royaume imaginaire de Silverland naît l'enfant du couple royal : la princesse Saphir, qui à cause d'une plaisanterie de l'ange Tink se voit dotée de deux cœurs, celui d'un garçon et celui d'une fille. Comme dans ce royaume la loi interdit à une femme d'hériter du trône, son père le roi décide alors de l'élever comme un garçon. Si le secret du sexe de Saphir est bien gardé, le Duc Duralumin et Lord Nylon se doutent de la supercherie. Ils complotent alors tous les deux afin de démasquer Saphir dans l'espoir de faire de Plastic, le fils du Duc, le seul héritier du trône.
Pour réparer son erreur Tink est renvoyé par l'Éternel sur Terre, il est chargé de protéger Saphir et de récupérer son cœur de garçon. Saphir quant à elle, alors déguisé en fille, rencontre un jour le Prince Franz Charming du royaume voisin de Goldland. Tous deux tombent amoureux l'un de l'autre, mais Saphir ne peut révéler sa véritable identité au Prince Franz.
Le jour du couronnement du Prince Saphir, le Duc Duralumin et Lord Nylon dévoilent la supercherie. Saphir est alors accusée de trahison et est emprisonnée. Elle parvient à s'échapper de sa prison et décide de contre-carrer les méfaits de Lord Nylon en devenant un justicier masqué connu sous le nom du « Chevalier au ruban ».
Après maintes péripéties et rencontres, Saphir parvient finalement à vaincre Nylon, à monter sur le trône et à se marier avec son amour le Prince Franz.
Conception du manga
Genèse de l'œuvre
Princesse Saphir n'est pas la première œuvre shōjo de Tezuka : il dessine Mori no yon kenshi (森の四剣士 ) en 1948 chez Fuji shobō puis Kiseki no mori no monogatari (奇蹟の森のものがたり ) en 1949 chez Tōkōdō[3]. Ces deux récits sont déjà des récits d'aventure dans un monde fantastique. Il a de plus déjà utilisé une héroïne travestie en garçon dans son shōnen manga Kanoko no ōen danchō (カノコの應援團長 ) publié en 1950[4].
Durant l'automne 1952 l'éditeur du magazine Shōjo Club, monsieur Makino demande à Tezuka d'écrire pour le magazine une histoire similaire à Astro, le petit robot et le Roi Léo[5]. Ce dernier accepte et débute la conception de Princesse Saphir.
Il conçoit le manga comme un œuvre romantique, marquée par l'esthétique du théâtre de la revue Takarazuka et une multitude d'influences hollywoodiennes et de Walt Disney, le tout teinté de mythologies grecques et chrétiennes[3],[6].
Inspirations
Tezuka explique que sa principale source d'inspiration pour le manga provient de la revue Takarazuka[4], une compagnie de théâtre au style « d'exotisme international » intégralement constituée de femmes, les actrices jouant les rôles masculins sont nommées otokoyaku (男役 , rôle masculin). Tezuka est né dans la ville de Takarazuka qui héberge la revue et pendant son enfance il est régulièrement en contact avec cette dernière : sa mère est fan et y emmène régulièrement le jeune Osamu, de plus il noue une amitié avec deux sœurs actrices qui vivent dans le voisinage. Finalement à partir de 1946 il commence à dessiner des illustrations et courts manga pour les fanzines Kageki et Takarazuka Graph[7].
Tezuka raconte qu'il s'inspire notamment des costumes, des décors, du jeu des actrices, de leur maquillage ainsi que des paroles des chansons. Les mouvements et expressions des personnages sont plus théâtral que cinématographique, prenant des poses dramatiques ou se mettant à chanter[4],[8],[9].
Outre les éléments théâtral, il est considéré que plusieurs personnages du manga sont directement inspirés d'actrices. Par exemple le personnage de Saphir serait construit à partir de l'actrice Chikage Awashima qui a commencé sa carrière à Takarazuka, notamment dans son rôle de la « princesse Saphir » dans la pièce Dansō no reijin (男装の麗人 , La belle habillée en homme), qui doit se travestir afin d'évoluer dans un environnent masculin[10]. De même le personnage de Tink serait inspiré de l'actrice Nobuko Otowa interprétant le personnage de Puck dans la pièce Le Songe d'une nuit d'été, et le personnage de Franz serait inspiré de l'actrice Yachiyo Kasugano[7].
En autre sources d'inspiration, les commentateurs soulignent la cinéphilie de Tezuka et notent de nombreuses références en provenance de Hollywood et de Walt Disney, notamment Les Contes d'Hoffmann, Une question de vie ou de mort, Le Défunt récalcitrant, Cendrillon, Le Comte de Monte-Cristo, Blanche-Neige et les Sept Nains, Quasimodo, Le Lac des cygnes, Capitaine Blood, Le Signe de Zorro, Fantasia, Hamlet, Dracula, ou encore La Belle au bois dormant pour la version Nakayoshi[11],[6],[1].
Les différentes versions
Du vivant de Tezuka, quatre versions du manga ont vu le jour :
La version originale est pré-publiée dans le magazine Shōjo Club entre et , découpée en chapitres de 3 ou 4 pages[1] intégralement en couleur[12]. Une suite est pré-publiée dans le magazine Nakayoshi entre et , cette suite se concentre sur les enfants jumeaux de Saphir et de Franz, le prince Daisy (デージィ ) et la princesse Violetta (ビオレッタ ). D'abord pré-publiée sous le titre de Ribon no kishi dans le magazine, cette suite est finalement publiée en format livre sous le titre de Les Enfants de Saphir (双子の騎士, Futago no kishi )[3].
De à Tezuka dessine une nouvelle édition de l'histoire, cette fois dans le magazine Nakayoshi. Cette version propose des dessins de meilleure qualité et des changements de personnage. Elle est regardée comme étant la version « finale » de Princesse Saphir : elle a constitué la base esthétique pour les adaptations en anime et est celle qui est généralement publiée à l'étranger, notamment en français par Soleil et en anglais par Vertial[3],[1].
Avec la diffusion de la série anime de Princesse Saphir en 1967, une quatrième version est conçue. Pré-publiée dans le magazine Shōjo Friend de à , cette version est conçue pour être un produit dérivé de la série anime et a pour particularité de posséder des éléments de science-fiction[13]. Si Tezuka est toujours au scénario du manga, cette fois c'est son assistant Hideaki Kitano qui s'occupe du dessin. Cette version est selon les dires de Tezuka « mal conçue » et se révèle être un « échec commercial »[3],[1].
Postérité
Contributions au shōjo manga
Pendant des décennies l'historiographie du manga plaçait Princesse Saphir comme l'œuvre fondatrice du shōjo manga, mais les années 2000 voit une apparition notable de publications ré-analysant l'histoire précoce du shōjo manga avec par exemple des publications de Yukari Fujimoto et Hōsei Iwashita[14], un mouvement notamment initié par le livre de Gō Itō Tezuka is Dead (テヅカ・イズ・デッド , Tezuka est mort) publié en 2005, qui appelle à réévaluer l'histoire du manga ainsi que la contribution de Tezuka à cette dernière[15].
Lors du début des années 1950, le shōjo manga était principalement constitué d'histoires courtes ou des comédies comme Anmitsu Hime de Shōsuke Kuragane ou Kurumi-chan de Katsuji Matsumoto[16]. Princesse Saphir apparaît comme le premier shōjo manga à succès qui raconte une aventure au long court, ce que Tezuka nomme le « story manga »[17].
Princesse Saphir exerce une influence thématique en reprenant les codes de la revue Takarazuka, notamment la figure de l'otokoyaku qui influence d'autres œuvres majeurs du shōjo telles que la Rose de Versailles ou encore Utena, la fillette révolutionnaire[18]. Michiko Oshiyama construit ainsi une généalogie du shōjo à partir de cette thématique des femmes travesties en homme, en partant de Princesse Saphir de Tezuka, passant par les travaux de Hideko Mizuno avant d'arriver aux travaux de Riyoko Ikeda comme la Rose de Versailles[19]. Le manga participe aussi à la tendance des shōjo mangas de l'époque à idéaliser l'Occident, notamment l'aristocratie européenne[20].
Toutefois l'œuvre de Tezuka n'exerce qu'une influence marginale sur la technique et l'esthétique du shōjo manga. Dans ce domaine l'influence d'artistes contemporains comme Shōtarō Ishinomori[16] et surtout Macoto Takahashi[21] ont éclipsé l'influence de Tezuka sur l'esthétique shōjo. Princesse Saphir avec ses nombreuses petites cases carrées doublées d'une composition réaliste ne correspond pas à ce qui fait la marque du shōjo, à savoir une composition décorative construite autour des émotions des personnages et une distribution des cases complexe, ouverte et sur plusieurs niveaux. Il en va de même pour les yeux qui chez Tezuka sont larges, plats, noirs et manquent de rehauts, au contraire des « grands yeux émotifs » du shōjo qui sont profonds et qui marquent l'émotion des personnages[16],[22]. Pour citer Mizuki Takahashi : « Le signe qui indique que Tezuka est exceptionnel plutôt qu'une figure clé dans le monde du shōjo manga est son désintérêt manifeste pour l'expression des sentiments internes de ses protagonistes[16]. ».
Remakes
Depuis , une nouvelle série nommée RE:BORN Kamen no Otoko to Ribon no Kishi est publiée sur le site Puratto pour célébrer le 60e anniversaire de l’œuvre[23]. Elle est écrite par Atsushi Kagurazaka et dessinée par Shōko Fukaki.
Adaptations
Le manga est adapté sous forme de dessin animé en 1967, au Japon. En France, l'œuvre est télédiffusée pour la première fois en 1974 sous le titre Le Prince Saphir puis Princesse Saphir, pendant l'émission de Guy Lux La Une est à vous, puis Samedi est à vous, du au .
Annexes
Bibliographie
Livres et articles
- [Power 2009] (en) Natsu Onoda Power, « Sapphire and Other Heroines », dans God of Comics : Osamu Tezuka and the Creation of Post-World War II Manga, Université du Mississippi, (ISBN 978-1-60473-220-7).
- [Hébert 2010] Xavier Hébert, « Le chevalier au ruban : le shōjo manga selon Tezuka », Manga 10 000 images, Versailles, Éditions H, no 3 « Le manga au féminin : Articles, chroniques, entretiens et mangas », (ISBN 978-2-9531781-4-2).
- [Shamoon 2012] (en) Deborah Shamoon, « The Formation of Postwar Shōjo Manga, 1950–1969 », dans Passionate Friendship : The Aesthetics of Girl's Culture in Japan, Université d'Hawaï, (ISBN 978-0-82483-542-2).
- [Hori 2013] (en) Hikari Hori, « Tezuka, shōjo manga, and Hagio Moto », Mechademia, Université du Minnesota, vol. 8 « Tezuka's Manga Life », .
Critiques
- [Dacey 2010] (en) Katherine Dacey, « Manga Artifacts : Princess Knight », sur The Manga Critic, (consulté le ).
- [Mautner 2012] (en) Chris Mautner, « Princess Knight », sur The Comics Journal, (consulté le ).
Notes et références
- Dacey 2010.
- Hébert 2010, p. 48.
- Hébert 2010, p. 47.
- Power 2009, p. 115.
- (en) James E. Roberson (Ed.) et Nobue Suzuki (Ed.), Men and Masculinities in Contemporary Japan : Dislocating the Salaryman Doxa, Routledge, (ISBN 978-1-13454-162-1), p. 72.
- Mautner 2012.
- Power 2009, p. 116.
- Hébert 2010, p. 50.
- Hori 2013, p. 301.
- Roger Macy, « Chikage Awashima : Versatile, adored Japanese actress of stage and screen », The Independent, (lire en ligne, consulté le ).
- Hébert 2010, p. 51.
- Hébert 2010, p. 49.
- Shamoon 2012, p. 150.
- (en) Kálovics Dalma, « The missing link of shōjo manga history : the changes in 60s shōjo manga as seen through the magazine Shūkan Margaret », 京都精華大学紀要, vol. 49, , p. 7-8 (lire en ligne, consulté le ).
- Shamoon 2012, p. 86-87.
- Shamoon 2012, p. 87.
- Power 2009, p. 111.
- Hébert 2010, p. 52.
- Shamoon 2012, p. 89-90.
- (en) Fusami Ogi, Rebecca Suter, Kazumi Nagaike et John A. Lent, Women's Manga in Asia and Beyond : Uniting Different Cultures and Identities, Palgrave Macmillan, (ISBN 978-3-319-97229-9), p. 139.
- Shamoon 2012, p. 90.
- (en) Yukari Fujimoto (trad. Matt Thorn), « Takahashi Macoto : The Origin of Shōjo Manga Style », Mechademia, Université du Minnesota, vol. 7, , p. 52-55.
- (en) « Osamu Tezuka's Princess Knight Gets New Remake Manga », sur Anime News Network.