Girl (film, 2018)
Réalisation | Lukas Dhont |
---|---|
Scénario |
Lukas Dhont Angelo Tijssens |
Musique | Valentin Hadjadj |
Acteurs principaux |
Victor Polster |
Sociétés de production | Menuet Producties |
Pays de production |
Belgique Pays-Bas |
Genre | Drame |
Durée | 105 minutes |
Sortie | 2018 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.
Girl est un film néerlando-belge co-écrit et réalisé par Lukas Dhont, sorti en 2018.
Il est présenté en section Un certain regard au Festival de Cannes 2018, et remporte la Caméra d'or, le Prix FIPRESCI et la Queer Palm, alors que Victor Polster remporte le Prix d'interprétation de la section Un certain regard. L'accueil des professionnels du cinéma est quasi-unanimement très positif, mais le film est critiqué par des militants de la cause trans.
Synopsis
Lara, adolescente belge introvertie de 15 ans, s'impose une discipline stricte pour devenir danseuse étoile. Avec l'appui de sa professeure de danse classique qui croit en elle, elle va au bout de ses possibilités physiques par un travail acharné, supportant avec stoïcisme les souffrances que lui infligent ses pieds meurtris. Jeune femme trans, assignée homme à sa naissance, elle prend la décision de s'hormoner et d'avoir recours à de la chirurgie, avec l'appui de son père bienveillant et compréhensif. Mais elle perd patience quand la thérapie hormonale s'avère trop lente. En outre, les moqueries de ses camarades de danse, qui veulent à tout prix la voir nue, et ses premiers émois amoureux teintés de honte et quelque peu chaotiques, rendent son parcours professionnel, les rapports humains et son équilibre mental très fragiles.
Sur Netflix, le film est précédé d'un message avertissant qu'il « traite de sujets sensibles et inclut du contenu sexuel et une scène d'automutilation », et invitant les téléspectateurs à obtenir plus d'informations auprès d'associations LGBT[1].
Fiche technique
- Titre original et titre français : Girl
- Réalisation : Lukas Dhont
- Scénario : Lukas Dhont et Angelo Tijssens
- Musique : Valentin Hadjadj
- Décors : Philippe Bertin
- Photographie : Frank van den Eeden
- Son : Yanna Soentjen
- Montage : Alain Dessauvage
- Production : Dirk Impens
- Sociétés de production : Menuet Producties ; Frakas Productions et Topkapi Films (coproductions)
- Sociétés de distribution : Lumière (Belgique) ; Cinemien (Pays-Bas) ; Diaphana Films (France)
- Pays de production : Belgique / Pays-Bas
- Langues originales : français, flamand, anglais
- Genre : drame
- Durée : 105 minutes
- Dates de sortie :
- France : (Festival de Cannes) ; (sortie nationale)
- Belgique : (Festival de Gand) ; (sortie nationale)
- Pays-Bas :
Distribution
- Victor Polster : Lara
- Arieh Worthalter : Mathias, le père de Lara
- Oliver Bodart : Milo, le petit frère de Lara
- Katelijne Damen : Dr Naert
- Valentijn Dhaenens : Dr Pascal
- Tijmen Govaerts : Lewis
- Alice de Broqueville : Loïs, camarade de classe de Lara
- Magali Elali : Christine, la nouvelle amie de Mathias
- Alain Honorez : Alain
- Chris Thys : Hannah
- Angelo Tijssens : Hendricks
- Marie-Louise Wilderjickx : Marie-Louise
Production
Le scénario s'inspire de l'histoire vraie d'une danseuse trans, la Belge Nora Monsecour, qui d'après Dhont, ne voulait pas être filmée, mais a contribué à l'écriture du script[2].
Accueil
Critiques
Notes positifs
Site | Note |
---|---|
Metacritic | 77/100[3] |
Rotten Tomatoes | 83 %[4] |
Allociné | [5] |
Périodique | Note |
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L'Express | [6] |
Marianne | |
Le Parisien | |
Télérama | [7] |
Le Figaro | |
La Croix | |
Libération |
Lors de l'avant-première mondiale au festival de Cannes, le réalisateur et les acteurs reçoit une standing ovation de 15 minutes, notamment pour le jeu du jeune acteur Victor Polster qui a fait forte impression[8]. Le film y est couronné par le premier prix Caméra d'or, la Queer Palm et le prix de la meilleure interprétation pour Victor Polster dans la section Un certain regard[9].
En France, l'accueil des professionnels du cinéma est généralement très positif[10], y compris dans une partie de la presse LGBT[11]. Télérama évoque un « premier film saisissant et maîtrisé », qui « défend une vision très physique de l’identité sexuelle — qui n’est pas celle de tous les trans »[7]. Les Inrocks : « une réussite à plus d’un titre »[12]. L'Express : « une œuvre sensible autour de la question du genre » et « un beau film sur la danse, cet art où la question de l'identité entre filles et garçons recèle une part certaine d'ambiguïté »[6]. Libération considère que le film « prend illico ses distances avec les attendus du drame social misérabiliste » et qu'il « se déploie comme un portrait introspectif distingué » [13] et Le Figaro : « il éclate d'intelligence, scrute une nature injuste, marche au bord des gouffres avec une légèreté de libellule »[14]. 20 minutes félicite la prestation de Victor Polster, « un acteur époustouflant »[15]. Son interprétation est aussi saluée par la presse internationale[16],[17],[18],[19]. Les critiques de l'émission Le Masque et la Plume adorent unanimement le film[20].
Reproches venant d'associations LGBT
Le film est très critiqué par certaines associations LGBT ou par des personnalités de la recherche sur la transidentité[21],[22], même si un commentateur, tout en rappelant que Lukas Dhont avait « une responsabilité », considère qu'il n'a pas agi avec malveillance et qu'il n'a pas été conscient de ce qu'elles considèrent être les biais de son film[23]. Certains s'indignent à l'idée qu'il aurait pu recevoir un Oscar[24],[25],[26].
De nombreux commentateurs reprochent au film de se montrer voyeuriste[27],[28],[26]. Dans The Hollywood Reporter, un chroniqueur connu pour sa défense des droits des personnes trans dit du film qu'il est « un pas en arrière radical pour la représentation des trans à Hollywood », « voyeuriste », « sadiste » et délivrant « un message dangereux aux jeunes trans »[25],[29]. La sociologue Karine Espineira dénonce ce qu'elle considère elle aussi comme du voyeurisme : « on pourrait s’interroger sur cette façon de montrer tant d’intérêt (de la part du réalisateur et du public) pour la génitalité d’une adolescente. [...] Si Girl a été encensé [...], c’est par une critique et un public non-trans. Les personnes trans y sont objectivées, fantasmées et ramenées de force, par la liberté de création et de promotion, à des imaginaires contre lesquels elles luttent depuis longtemps. »[30]. L'association belge Genres pluriels « déconseille à [son] public trans d’aller voir ce film », considérant qu'il multiplie les clichés (focalisation sur la transition, le corps et les parties génitales, ou encore choix non anodin d'une histoire de danseuse), et invisibilise le travail des associations trans[31]. Sur le site du British Film Institute, Cathy Brennan écrit que « la caméra de Lukas Dhont s'attarde sur l'entre-jambe de Lara avec une fascination troublante tout au long du film. (…) Ce regard illustre la façon dont les personnes cisgenre me voient : elles me sourient tout en se demandant ce qu'il y a entre mes jambes. (…) La façon dont Dhont traite de la transidentité est tellement centrée sur l'appareil génital qu'il n'éclaire aucun aspect psychologique »[32].
Des commentaires reprochent aussi au film d'adopter un ton particulièrement dramatique. La chercheuse Héloïse Guimin-Fati, de l'Observatoire des transidentités, estime que, même si Lukas Dhont a organisé un « casting non genré » pour le rôle principal, il s'agit d'une vision « terriblement masculine » et le film a tendance à montrer que la transidentité est « ontologiquement une souffrance »[23]. Daphné Coquelle, de l'association TransKids, fait remarquer pour sa part que l'héroïne « est bien entourée et soutenue par ses proches » et qu'il est donc « incohérent » d'avoir opté pour un ton dramatique[23]. Pour Maelle Le Corre, dans Komitid, « avec son héroïne obnubilée par sa transition, au point de se mettre en danger, le film entretient aussi le pathos dont les femmes trans font souvent les frais au cinéma »[33],[34]. La sociologue Karine Espineira explique qu'il faudrait « aussi offrir des récits de bonheur ; c'est bien de nous montrer en lutte, mais [ce serait] aussi bien de nous montrer heureuses »[35]. Dans Slate, Thomas Messias oppose Girl au film Il ou Elle d'Anahita Ghazvinizadeh : « Il a beaucoup été reproché à Lukas Dhont d'aller chercher du côté du tapage, de la douleur, de l'inéluctable tragédie. Ghazvinizadeh fait le choix inverse : sans aller jusqu'à dire que l'existence de J [le personnage principal] est une promenade de santé, elle décide de montrer que tout peut globalement bien se passer, avec fluidité et sobriété »[36].
Comme pour le film Danish Girl, quelques années plus tôt[37], il a également été reproché à Girl de ne pas avoir attribué le rôle principal à une actrice trans[23],[38].
Box-office
Distinctions
Récompenses
- Festival de cinéma européen des Arcs 2017 : prix Lab d'Eurimages (Work in Progresss).
- Festival de Cannes 2018[40],[41] :
- Caméra d'or
- Prix FIPRESCI de la section Un certain regard
- Prix d'interprétation, de la section Un certain regard pour Victor Polster
- Queer Palm
- Festival international du film de Saint-Sébastien 2018 : prix du public du meilleur film européen[42].
- Festival du film de Londres 2018 : prix du meilleur premier film[43],[44].
- 31e cérémonie des prix du cinéma européen : Discovery of the Year - Prix FIPRESCI[45].
Nominations et sélections
- Festival de Cannes 2018 : sélection Un certain regard, en compétition pour le Prix Un certain regard
- Festival du film d'Adélaïde 2018 : sélection en compétition
- CPH PIX 2018 : New Talent Grand PIX
- Golden Globes 2019 : Meilleur film en langue étrangère
- César 2019 : César du meilleur film étranger
- Prix UCMF 2019 : nomination de Valentin Hadjadj (catégorie cinéma) pour la musique de Girl[49]
Notes et références
- Victoria Ahearn, « Netflix ajoute une mise en garde au film Girl », sur lapresse.ca, (consulté le ).
- (en) « Interview: Lukas Dohnt Talks About His Casting Choices For Girl », sur awardsdaily.com (consulté le ).
- « Girl » (consulté le )
- (en) « Girl (2018) » (consulté le )
- AlloCine, « Girl » (consulté le )
- « Girl de Lukas Dhont. Avec Victor Polster, Arieh Worthalter... La note de L'Express : 18/20 », sur lexpress.fr, .
- Louis Guichard, « Girl de Lukas Dhont - (2018) - Film - Drame, Drame sentimental », sur telerama.fr (consulté le ).
- « Festival de Cannes : le film Girl du Belge Lukas Dhont remporte la Caméra d’Or », sur lesoir.be, .
- « Festival de Cannes : Victor Polster remporte le prix Un Certain Regard pour son rôle dans Girl », sur rtbf.be, .
- « Girl : Les critiques presse », sur allocine.fr (consulté le ).
- Renan Cros, « Sorties ciné : Girl de Lukas Dhont, une leçon de cinéma et d’humanisme », sur tetu.com, .
- Jean-Baptiste Morain, « Girl : portrait sensible et habité », sur lesinrocks.com, .
- « Girl, Réussite d'un nouveau genre », sur next.liberation.fr, .
- « Girl : tu seras danseuse mon fils », sur lefigaro.fr, .
- « Girl : Une danseuse prend son envol pour échapper à son corps masculin », sur 20minutes.fr, .
- Clarisse Fabre, « Cannes 2018 : avec Girl, oubliez le garçon », sur lemonde.fr, .
- « Girl, première vraie surprise du Festival de Cannes », sur lefigaro.fr, (consulté le ).
- (en) « Teen wins best actor at Cannes for transgender role », sur sbs.com.au, .
- (en) « Girl: Film Review | Cannes 2018 », sur hollywoodreporter.com, .
- « Girl : "bouleversant", "impressionnant"… Les critiques du Masque & la Plume ont adoré le film de Lukas Dhont », sur franceinter.fr, (consulté le ).
- (en) Erik Piepenburg, « Is a Film About a Transgender Dancer Too ‘Dangerous’ to Watch? », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le ).
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- Paul Verdeau, « Girl, un film qui donne le blues aux trans », sur rtbf.be, .
- (en) « Netflix’s 'Girl' is Dangerous and Doesn’t Deserve an Oscar », sur out.com, (consulté le ).
- (en) « Belgium's Foreign-Language Oscar Submission, Girl, Is a Danger to the Transgender Community (Guest Column) », sur hollywoodreporter.com (consulté le ).
- (en) « The Transgender Drama Girl is Earning Awards Season Buzz – Here’s Why It’s Infuriating Trans Critics », sur slashfilm.com, (consulté le ).
- « Girl : La preuve par l'exemple à (ne pas) suivre », sur rayonvertcinema.org, (consulté le ).
- « Netflix’s Girl Is Another Example of Trans Trauma Porn and Should Be Avoided At All Costs », sur intomore.com (consulté le ).
- « Girl, le film-événement belge, démonté par la bible du cinéma américain », sur dhnet.be (consulté le ).
- Karine Espineira, « Girl », sur genre-ecran.net, .
- « Girl, vivement déconseillé aux personnes transgenres », sur parismatch.be, (consulté le ).
- (en) « It’s winning awards, but Girl is no victory for trans representation », sur bfi.org.uk (consulté le ).
- Maelle Le Corre, « Girl, une réalisation virtuose, mais une représentation cousue de clichés », sur komitid.fr, (consulté le ).
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- « De Psychose à Girl, le chemin de croix des personnages trans au cinéma », sur lesoir.be, .
- « Il ou elle montre que la transition des personnes trans* peut bien se passer », sur Slate.fr, (consulté le ).
- (en) Andrew Pulver, « Danish Girl director Tom Hooper: film industry has 'problem' with transgender actors », The Guardian, (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le ).
- (en) David Ehrlich, « Girl Review: A Remarkable Transgender Coming-of-Age Story With One Big Problem — Cannes 2018 », sur indiewire.com, (consulté le ).
- JP-Boxoffice.com ; page du film Cold War, consulté le 20 décembre 2018.
- Clarisse Fabre, « Cannes 2018 : avec Girl, oubliez le garçon », sur lemonde.fr, (consulté le ).
- Véronique Cauhapé, « Cannes 2018 : Un certain regard distingue un cinéma engagé et pointu », sur lemonde.fr, (consulté le ).
- (en) « Between Two Waters wins Golden Shell at San Sebastián 2018 », sur screendaily.com, (consulté le ).
- (en) « Joy wins top prize at 2018 BFI London Film Festival », sur screendaily.com, (consulté le ).
- (en) « 2018 competition winners announced at the 62nd BFI London Film Festival », sur bfi.org.uk, (consulté le ).
- « Cold War triomphe aux 31es Prix du cinéma européen, Girl remporte le prix de la découverte : le palmarès complet des EFA 2018 », sur lalibre.be, (consulté le ).
- « Magritte 2019 : Nos batailles et Girl au sommet, Ni juge ni soumise meilleur documentaire », sur lalibre.be, (consulté le ).
- « Les Lumières ont célébré Jacques Audiard, Alex Lutz et Jane Birkin », sur parismatch.com, (consulté le ).
- « "Les Frères Sisters" plébiscités par les prix Lumières », sur lepoint.fr, (consulté le ).
- « Prix UCMF 2019 : les nominés de la quatrième édition », sur underscores.fr, (consulté le ).
Voir aussi
Bibliographie
- Nicolas Geneix, « Soi-même, et pas comme un autre », Positif, no 692, Paris, Institut Lumière/Actes Sud , , p. 14-16, (ISSN 0048-4911)
- Entretien avec Lukas Dhont par Emmanuel Raspiengeas, « Ne pas faire un film sur la danse mais sur l'effet de la danse sur le corps », Positif, no 692, Paris, Institut Lumière/Actes Sud , , p. 17-21, (ISSN 0048-4911)
Liens externes
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