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Judéo-provençal

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Judéo-provençal
Pays France
Région Provence, Comtat Venaissin
Classification par famille
Codes de langue
IETF sdt
ISO 639-3 sdt
Étendue individuelle
Type éteinte

On appelle judéo-provençal, judéo-comtadin ou hébraïco-comtadin les formes de langue d'oc anciennement utilisées par les Juifs du sud de la France.

Le nom shuadit ou chouadit (hébreu : שואדית šu'adit), parfois utilisé pour désigner ces parlers, a été introduit en 1948 suite à une erreur de lecture et est désormais reconnu comme impropre par les linguistes[1].

Historique

Les plus anciens textes connus dans cette langue sont des gloses éparses dans des textes hébreux, dont ceux d'Isaac ben Abba Mari de Marseille dans l'Ittur, écrit entre 1170 et 1193[2]. D'autres œuvres en judéo-provençal sont un poème sur la Reine Esther ainsi qu’un livre de prières dont les bénédictions du matin pour les femmes sont d'une teneur peu commune.[réf. nécessaire]

Une hypothèse formulée par D.S. Blondheim et M. Banitt suggère qu'il s'agit d'une langue développée sous l'influence des exégèses des Écoles de Narbonne tels Abraham ibn Ezra, Joseph, Moïse et David Kimhi au XIIe siècle.

Cette langue déclina du fait de l’émancipation des Juifs suite à la Révolution française, éparpillant dans tout le territoire français les communautés juives vivant jusque-là dans les carrières du Comtat Venaissin[3].

Traits linguistiques

À l'instar des autres dialectes utilisés par les juifs comme le ladino, le judéo-arabe, ou le yiddish, le judéo-provençal incorpore un important lexique emprunté à l'hébreu, sur une base principalement d'occitan provençal.

Dans sa forme orale, le judéo-provençal était intercompréhensible avec le provençal, la communauté juive étant encore importante à l'époque dans la région du Comtat Venaissin avant son annexion par la France, et mêlée au reste de la population provençale ; la plus grande différence résidait alors dans la forme écrite puisque le provençal utilise l'alphabet latin mais le shuadit s'écrit dans l'alphabet hébreu modifié.

Il en existe, à l’instar du judéo-espagnol, une variété parlée et une variété littéraire (éteinte), écrite en alphabet hébreu.

Le chouadit montre une série de caractéristiques uniques parmi les langues juives :

  • le /j/ est souvent transformé en /ʃ/ et le /h/ intervocalique est souvent élidé. L’un des exemples les plus connus est le nom chouadit lui-même, résultant de la prononciation du mot yehoudit (/jehudit/, le « juif » au sens de langue des Juifs en hébreu).
  • de même, dans les mots hérités de l’hébreu et du judéo-araméen, les lettres samekh, sin et tav se prononcent /θ/, puis /f/ sous l'influence de l'occitan.
  • enfin, les mots latins observent une diphtongaison des liquides /l/ et /ʎ/ en /j/, tandis que les phonèmes /ʃ/, /ʒ/, /tʃ/ et /dʒ/ se réduisent en un phonème unique /ʃ/. « Plus » devient ainsi pyus, « filho » feyo et « juge » chuche.

Les traits phonétiques du shuadit ne suffisaient pas à créer une réelle diglossie avec le provençal pour l'usage vernaculaire, les locuteurs passant aisément d'un accent à l'autre. Tout au plus certains choix lexicaux étaient différents selon les locuteurs et les sujets discutés. Ils concernaient davantage les termes religieux juifs dont la communauté chrétienne provençale n'avait que peu ou pas l'usage. Dans l'usage religieux des États pontificaux, la langue cérémoniale en usage était non pas le provençal vernaculaire mais encore le latin. Dans l'usage juif, la langue cérémoniale et des textes sacrés était non pas le shuadit vernaculaire mais l'hébreu (ou d'autres langues anciennes comme l'araméen pour certains textes lus par les érudits juifs). La différence est donc plus marquée dans le shuadit littéraire sur des sujets à caractère confessionnel et hors de l'usage cérémonial ou sacré.

Références

  1. « Jewish Language Project : Judeo-Provençal and other Judeo-Romance varieties from the South of France »
  2. « Judeo-Provençal », Encyclopaedia Judaica,‎
  3. « iso639-3/sdt - Lexvo », sur www.lexvo.org (consulté le )

Annexes

Bibliographie

  • H. Guttel (1971), "Judeo-Provençal", Encyclopaedia Judaica, 10. pp.439-441.
  • R. Hirschler (1894), "Petit vocabulaire comprenant à peu près tous les mots et expressions judéo-provençales employés par les israélites dits comtadins avec étymologie", Calendrier à l'usage des israélites pour l'année religieuse 5655, Toulouse. pp.26-32.
  • Peter Nahon (2021). "Modern Judeo-Provençal as Known from Its Sole Textual Testimony: Harcanot et Barcanot (Critical Edition and Linguistic Analysis)," Journal of Jewish Languages 9, 2021, 1-73. doi: https://doi.org/10.1163/22134638-bja10014
  • P. Pansier (1925), "Une comédie en argot hébraïco-provençal de la fin du XVIIIe siècle", Revue des études juives n°81, pp.113-145.
  • Pedro d'Alcantara (Empereur Pierre II du Brésil) (1891), "Poésies hébraïco-provençales du rituel israélite comtadin", Avignon, Séguin Frères
  • Z. Szajkowski, Dos loshen fin di Yidn in Qomta-Venessen, éd. du YIVO, New York 1948.

Articles connexes

Liens externes