Rima Hassan
juriste |
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Naissance | |
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Nationalité |
française (depuis le 6 octobre 2010) et palestinienne |
Domicile |
Deux-Sèvres (- |
Formation |
Lycée de la Venise Verte de Niort (d) (jusqu'en ) Université Paris-I-Panthéon-Sorbonne Université de Montpellier Université d’Évry - Paris-Saclay |
Activités |
A travaillé pour | |
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Parti politique |
Rima Hassan est une juriste française d'origine palestinienne, née le dans le camp de réfugiés palestiniens de Neirab, près d'Alep (Syrie).
Arrivée en France vers l’âge de neuf ans, elle est diplômée d'un master en droit international et fonde l’ONG Observatoire des camps de réfugiés en 2019, ainsi que le collectif Action Palestine France en 2023.
Biographie
Famille et origines
Rima Hassan Mobarak naît le dans le camp de réfugiés palestiniens de Neirab, près d'Alep (Syrie)[N 1].
Elle est la dernière des six enfants d'une institutrice, née en 1958, et d'un père militaire (ex-mécanicien de l’armée de l'air syrienne), dont les parents palestiniens, originaires du village d'Al-Birwa, ont été forcés à l'exil vers la Syrie lors de la création d’Israël en mai 1948, pendant la Nakba[1],[2].
Sa grand-mère maternelle, issue d’une famille de notables syriens — les Hananou[N 2] —, avait épousé un réfugié palestinien de Salfit et s’était installé avec lui dans le camp de Neirab[2],[3]. Hassan grandit dans ce même camp[4].
Arrivée en France
A l'âge de 10 ans, elle arrive à Niort, dans les Deux-Sèvres, avec sa sœur et ses quatre frères[5].
Elle est élue au conseil municipal des enfants en 2003, à Niort[6].
Apatride jusqu’à sa majorité, elle obtient la nationalité française en 2010[1]. Après cela, elle cherche à se rendre en Palestine, mais on l'empêche d'embarquer dans l'avion, ce qu'elle considère être une injustice et qui motive son engagement[4].
Formation
Après avoir obtenu en 2011 un baccalauréat scientifique au lycée de la Venise Verte à Niort, elle poursuit des études de droit et obtient sa licence (étudiant à Évry puis à Montpellier) en 2014. Elle part au Liban un an et termine son master en 2016 à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne[5].
Elle s'intéresse à la comparaison juridique entre l’Afrique du Sud et Israël dans un mémoire de master en droit international[7] sur la question de l'apartheid.
Parcours professionnel
Rima Hamass intègre l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) en 2016[5] puis, au bout de 18 mois, travaille à la Cour nationale du droit d'asile[8],[1] pendant six ans et jusqu'en 2023[4].
En 2019, elle fonde l'ONG Observatoire des camps de réfugiés[9],[10],[5],[11].
En 2023, dans le contexte des bombardements aériens de la bande de Gaza et de l'offensive terrestre sur ce territoire entreprise par Israël, après l'attaque du Hamas du , elle interrompt son contrat avec la Cour nationale du droit d'asile et renonce à un poste de chargée de plaidoyer sur les questions de migration proposé par Amnesty International[4].
À la place, elle va s'installer dans le camp de réfugiés palestiniens de Neirab, près d’Alep, « afin d'être proche de son peuple »[4] et crée le collectif Action Palestine France sur Telegram[1].
Jusqu'en , elle conseillait aussi L'Oréal sur la diversité et les enjeux d’insertion des réfugiés[12].
Parcours politique
Lors des élections européennes de 2024, Rima Hassan rejoint la liste de La France insoumise (LFI) où elle figure en septième place[13],[14], après avoir été aussi approchée pour figurer sur la liste Les Écologistes mais en position non éligible[15],[16].
Elle explique son engagement politique sur la liste de LFI par l'« urgence à agir politiquement maintenant » sur la situation à Gaza[17].
Prises de position
Conflit israélo-palestinien
Rima Hassan défend pendant longtemps la création d'un État binational démocratique en résolution au conflit israélo-palestinien[18],[15],[19]. Elle écrit ainsi en novembre 2023 qu'« il n’y aura pas de solution à deux États »[20], et que « la solution, c’est un État binational démocratique et laïc[21]. »
S'expliquant par la suite, elle précise « rêver » d'un État binational avec coexistence pacifique des Palestiniens et Israéliens, et être favorable à la solution à deux États[20],[22], solution défendue par son mouvement La France insoumise[15].
Elle utilise le slogan pro-palestinien « du fleuve à la mer »[20], dont elle explique qu'il « existe depuis très longtemps, n’a historiquement absolument rien à voir avec le Hamas[23]. »
Déplorant le fait que les Palestiniens ayant été expulsés de leur pays natal ne puissent plus y retourner, elle reprend en France l'usage du terme apartheid pour qualifier l'oppression de l'État d'Israël à l'égard des Palestiniens, terme fréquemment utilisé par les ONG de défense des droits humains[24],[4].
Guerre Israël-Hamas de 2023-2024
Dès le début de la guerre Israël-Hamas, elle affirme à la suite des attaques du Hamas qu'il est « moralement inacceptable de se réjouir de la mort de civils[4],[14] », mais refuse l'injonction « politico-médiatique » à « transformer [cette] empathie naturelle en un soutien à l’État d’Israël[4]. » Elle condamne tout autant « les crimes de guerre du Hamas », « l’impunité d’Israël », et le « génocide » des Palestiniens[1],[7]. Après deux interventions en ce sens dans Mediapart et Blast, elle reçoit de nombreuses menaces de mort par SMS[24],[4].
Polémique avec le CRIF
Le 29 janvier 2024, le président du CRIF l'accuse de « justifier les exactions du 7 octobre » du Hamas[25],[26],[27],[28] et l’animateur Arthur de « faire l’apologie du terrorisme », en proposant à ses abonnés[29] de se « donner rendez-vous à la grande soirée Forbes[30],[27] », le CRIF ne se joignant à Arthur que pour contester la remise de la distinction accordée en août[29]. Forbes annonce trois jours après que « les conditions ne sont plus réunies pour que la soirée se déroule bien. »
Les déclarations d'Arthur et du CRIF se fondent sur 9 secondes tweetées fin janvier[31], par des internautes[32], extraites d'un teaser vidéo de 2 minutes diffusé le même jour dans la story Instagram du média Le Crayon, mais retiré 15 minutes plus tard face à l'emballement sur Internet[32].
Selon Rima Hassan, l’attaque d'Arthur a montré « le sexisme et le racisme de ce boomer » et elle décide de porter plainte contre lui pour diffamation[33]. Le 8 mars 2024, elle parle d’une interview tronquée diffusé par Le Crayon ; elle demande « depuis plusieurs semaines » sa diffusion en intégralité « de façon à ce qu’elle puisse partager la réflexion qui était la sienne et démentir les attaques menées contre elle[34]. » Dans un article du média Arrêt sur images, publié le 13 mars 2024, on apprend que le teaser coupé au montage était « hors contexte » et sans l'accord du média qui a réalisé l'interview[32], Rima Hassan y qualifie au contraire de « terroriste » l'action du Hamas et ne juge « légitime » que l'existence de ce groupe, vainqueur des élections de 2006[32], pour dénoncer comme « illégitime » son attaque du 7 octobre. Par ailleurs, elle rappelle que dans sa résolution du 30 novembre 1973, l'Assemblée générale des Nations unies consacre le droit du peuple palestinien à s'opposer à « l'occupation étrangère » à laquelle il est soumis « par tous les moyens en [son] pouvoir, y compris la lutte armée »[35],[36].
Elle est convoquée par la police le 30 avril pour ses propos tenus pendant l'hiver 2023 ; elle se dit « sereine » mais dénonce alors « les pressions politiques visant à compromettre [sa] liberté d’expression [à] un moment politique crucial pour l’avenir des Français » (les élections européennes)[18].
Distinction
En août 2023, Forbes la classe dans les « 40 femmes d’exception qui ont marqué l’année et qui ont fait rayonner la France à l’international[37],[24]. »
Notes et références
Notes
- Le décret de naturalisation indique « HASSAN (Rima), née le 28/04/1992 à Alep (Syrie), NAT, 2010 × 205018, dép. 079, Dt. 046/901 ».
- On y compte Ibrahim Hananou, un des principaux contributeurs de l'indépendance syrienne opposé au mandat français.
Références
- Guillaume Gendron, « Rima Hassan, la Palestine à cœur et à cris » , sur Libération, (consulté le ).
- Thomas Vescovi et Rima Hassan, « Être réfugiée palestinienne, c’est vivre en quête de son identité », Palestine Solidarité, Association France-Palestine Solidarité, no 82, , p. 19 (lire en ligne).
- Marie Vaton, « C’est l’histoire de Malak, héritière syrienne tombée amoureuse d’un charismatique Palestinien », sur L'Obs, (consulté le ).
- Benjamin Barthe, « Rima Hassan, la Palestine chevillée au cœur », Le Monde, (lire en ligne , consulté le ).
- « Rima Hassan : "L'intégration ne se dicte pas, elle se vit" », sur La Nouvelle République, .
- Bertrand Guay, « La très controversée Rima Hassan a suivi sa scolarité en Deux-Sèvres » [article], sur le courrier de l’ouest, (consulté le ).
- Amélie Poinssot, « Rima Hassan : "Nous subissons une punition collective" » , sur Mediapart (consulté le ).
- « En sol majeur - Rima Hassan Mobarak, au service des Réfugiés », sur rfi.fr, Radio France internationale, (consulté le ).
- « Rima Hassan, visage et contre-pouvoir des camps de réfugiés », sur Challenges, (consulté le ).
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