Aymara
Aymara (ou parfois Aimara) désigne à la fois un peuple appelé également peuple Qolla ou Colla, originaire de la région du lac Titicaca au croisement de la Bolivie, du Pérou, de l'Argentine et du Chili, ainsi qu'une langue véhiculaire qui a remplacé de nombreuses autres comme l'uru ou uchhumataqu de Bolivie.
Selon Rodolfo Cerrón-Palomino, un des principaux spécialistes de ces deux langues, ce n'est pas le quechua, mais bien l'aymara qui était la langue officielle de l'empire inca, contrairement à une opinion répandue.
Les variétés d'aymara forment une sous-famille linguistique avec les variétés de quechua.
L'aymara compte environ deux millions de locuteurs, essentiellement en Bolivie.
Aymara aymar aru | |
Pays | Pérou, Bolivie, Argentine, Chili |
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Région | Qollasuyu, Moquegua, Tarapacá |
Nombre de locuteurs | 2 millionsModèle:Réf? |
Typologie | SOV Modèle:Typologie Caen |
Classification par famille | |
Modèle:Branche aymara Modèle:Niveau aymaraAymara |
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Statut officiel | |
Langue officielle | Bolivie, Pérou |
Régi par | Academia la Lengua Aymara |
Codes de langue | |
ISO 639-1 | ay
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ISO 639-2 | aym
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ISO 639-3 | Modèle:Doc ISO3
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Étendue | I (langue individuelle) |
Type | L (langue vivante) |
État de conservation | |
Langue vulnérable (VU) au sens de l’Atlas des langues en danger dans le monde
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Échantillon | |
Article premier de la Déclaration des Droits de l'Homme (voir le texte en français)
1. T'aqa Taqpach jaqejh khuskat uñjatatäpjhewa munañapansa, lurañapansa, amuyasiñapansa, ukatwa jilani sullkanípjhaspas ukham uñjasipjhañapawa. |
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Histoire
Comme pour la plupart des peuples amérindiens, il n'y a pas ou peu de documents relatant l'histoire du peuple Aymara. Quelques bribes nous sont parvenues au travers des chroniques qui relatent l'époque de la conquête ainsi que quelques récits précolombiens.
On sait cependant de façon certaine que le peuple Aymara n'était pas le premier à peupler la région du Titicaca et l'altiplano, on se pose donc la question de l'origine de ce peuple. Il y a aujourd'hui plusieurs théories, notamment la théorie localiste qui voudrait que la répartition actuelle de la langue Aymara s'explique par l'essor de quelques communautés des abords du lac en direction de l'altiplano. Une autre théorie situe l'origine du peuple Aymara dans les Andes centrales du Pérou, entre Huarochirí, Yauyos, Cañete et Nazca. Ces régions, actuellement de langue quechua, faisaient autrefois partie de l'aire aymaraphone. Une troisième théorie situe l'origine du côté de la côte pacifique au nord du Chili.
Le peuple Aymara arrive sur les rives du lac Titicaca deux siècles avant notre ère, il concurrence alors les peuplades Uros qu'il remplace peu à peu dans la région. Développant une culture originale et basant son économie sur le développement de l'agriculture et de l'élevage ainsi que le commerce avec les peuples alentour, le peuple prospère sur les rives bien abritées du lac. S'en suit une période d'expansion, on retrouve de nombreuses traces archéologiques en direction sud-est du lac principalement.
C'est en passant à un stade impérial, on parle de civilisation de Tiwanaku ou Tiahuanaco, que la langue commence à se répandre dans les andes : on la retrouve sur tout l'altiplano, sur la côte depuis Arica au Chili jusqu'à Lima au Pérou et au sud-est jusqu'en Argentine. Atteignant son apogée vers l'an 900 de notre ère la civilisation impériale Tiwanaku va décliner pour laisser place à plusieurs royaumes et chefferies de langue et culture Aymara. Ce sont ces chefferies prospères mais rivales que rencontrent les Incas lors de leur expansion vers le sud. Parmi celles-ci on connaît les royaumes rivaux Lupaqas et Pacajes situés sur la rive sud-ouest du lac. On ne sait pas exactement si les Aymaras se sont intégrés pacifiquement à l'empire comme le décrit Inca Garcilaso de la Vega ou ont livré bataille à l'Inca. L'ensemble des peuples de langue Aymara sont progressivement intégrés au Qollasuyu, le quart sud de l'empire Inca. Après la conquête et la chute du régime Inca, le peuple Aymara passe sous domination de la couronne d'Espagne. Cette période sera parsemée de révoltes paysannes causées par les difficiles conditions de vie des communautés. Au début du XIXe siècle, les Aymaras participent aux combats pour l'indépendance de la Bolivie mais leurs conditions de vie ne seront pas améliorées sous le pouvoir des républiques.
Du point de vue géographique, après la conquête Inca, puis la colonisation espagnole, la langue Aymara perd progressivement du terrain face à l'espagnol et au quechua, langue avec laquelle elle maintient une frontière flottante. Elle reste aujourd'hui enracinée sur les rives du lac Titicaca et dans les zones de peuplement Aymara.
On explique en grande partie la perte de son usage comme langue véhiculaire du fait que l'évangélisation des peuples autochtones par les européens a été principalement faite avec les dialectes quechua et muchik ou mochica. Toutefois, il y eut un déclin significatif du fait de l'indifférence et parfois le mépris des gouvernements jusqu'à la moitié du XXe siècle. Après des années de délibération, le décret suprême 20227-DS du 9 mai 1984 du gouvernement bolivien et aussi la résolution ministérielle 1218-RM du 18 novembre 1985 du gouvernement péruvien donnent un statut officiel à cette langue millénaire. De même, l'alphabet officiel Aymara est reconnu, par force de loi, denominado único. Ainsi, c'est aujourd'hui la langue co-officielle de la Bolivie et du Pérou.
Répartition géographique
Actuellement, l'aymara s'étend sur une aire appelée Qollasuyu sur l'altiplano péru-bolivien et les contreforts andins des régions de Moquegua et Tacna au Pérou et de Tarapacá au Chili. On compte plus de 2 millions d'aymarophones qui se subdivisent en deux dialectes :
- Aymara central : au sud du Pérou, l'altiplano bolivien et la zone andine adjacente à la Bolivie au Chili.
- Aymara austral : dans les régions péruviennes de Tacna et Moquegua.
On trouve cependant à travers toute l'Amérique du sud des lieux géographiques portant un nom Aymara :
- Cundinamarca en Colombie, dérivé de Kontjimarka : ville où on est installé en premier
- Cajamarca au Pérou, le village qui brille en Aymara
- Itinez sur la frontière boliviano-brésilienne, dérive du mot Jit'inissa signifiant montée des eaux à l'époque des pluies
- K'atamarka en Argentine, village où s'accumule la poussière (ancienneté)
- Arica au Chili de l'Aymara Arikka : la pointe
- Tarija en Bolivie provient de Taruja, nom du cerf ou de la biche en Aymara.
Prononciation
Voyelles
Comme le quechua, l'inuktitut et l'arabe, l'aymara n'a que trois timbres vocaliques (a, i, u), mais possède néanmoins des allongements vocaliques, qui se notent par un tréma [ ¨ ] sur la voyelle. Il y a ainsi six graphies vocaliques : a, ä, i, ï, u, ü. Mentionnons aussi la transformation des voyelles i et u en /e/ et /o/, respectivement, devant une consonne uvulaire (q, q', qh, x). Il n'y a pas de diphtongue, sauf celles qui utilisent des semi-voyelles ('y e w).
Consonnes
L'aymara compte seize consonnes de base, mais les occlusives peuvent être glottalisées ou aspirées, ce qui porte le nombres de consonnes à vingt-six.
Exemples
Mot | Traduction | Prononciation standard |
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terre | uraqi | |
ciel | alajhpacha | |
eau | uma | |
feu | nina | |
homme | chacha | |
femme | warmi | |
manger | manq'aña | |
boire | umaña | |
grand | Jach'a | |
petit | jisk'a | |
nuit | aruma | |
jour | uru |
Personnalités aymaras
- Evo Morales, fondateur en 1985 du parti politique bolivien MAS-IPSP (Mouvement pour le socialisme - Instrument politique de la Souveraineté du Peuple) dont il est le chef. Élu président de la République bolivienne en décembre 2005.
Caractéristiques exceptionnelles
Conception du temps différente
Le peuple Aymara a une conception du temps différente de celle qui prévaut dans les cultures européennes : aux yeux de celles-ci, elle serait une "conception inversée". Pour l'aymara, le passé, connu et visible se trouve devant le locuteur alors que le futur, inconnu et invisible, se trouve derrière lui. [1][2]
Logique trivalente
Selon Iván Guzmán de Rojas, l'aymara repose sur la logique trivalente (ou modale), plus complexe que la logique binaire des langues européennes. Elle met en œuvre l'évidentialité.