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Bebop

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Le bebop (ou be-bop ou, plus simplement, bop[1]) est un style de musique qui est né et a prospéré dans les années 1940 et 1950. Aujourd'hui encore on constate son influence dans globalement tous les styles de jazz. Les premiers enregistrements datent de 1945. Les thèmes de bebop ont d'abord été joués avant d'être écrits.

Ce courant révolutionnaire est né de l'association de musiciens afro-américains qui, après leurs obligations contractuelles dans de grands-orchestres, souhaitaient se libérer en s'affranchissant de la discipline des big bands. Ces quêtes de liberté donnèrent lieu à des formations plus réduites, laissant plus de liberté dans l'interprétation et plus d'opportunités d’improviser des solos. Les premières expériences bebop sont le fruit des sessions de Thelonious Monk, Charlie Parker et Dizzy Gillespie.

Le bebop se distingue des premières formes du jazz, le style dit Mainstream, par un tempo souvent très rapide, des phrasés dynamiques et des grilles harmoniques très fournies (les accords changent toutes les mesures voire très souvent plusieurs fois par mesure - cf. Anthropology de Charlie Parker), et par le fait qu’il n’est pas nécessairement lié à la danse. Une danse lui est cependant associée : voir bebop (danse).

Le style bebop exige la maîtrise technique de l’instrument ainsi qu'une bonne oreille et une connaissance approfondie de l’harmonie pour laisser libre place à l’improvisation, caractéristique principale du style. Les musiciens de bebop n’hésitent pas à enfreindre les lois, ou plutôt l’esthétique communément acceptée concernant l’harmonie ou la mélodie, en explorant de nouveaux horizons. Par ailleurs, ce style a eu du mal à se faire accepter chez certains nostalgiques de l'aire Swing. Louis Armstrong disait de cette musique : « Ce sont des accords bizarres qui ne veulent rien dire. On ne retient pas les mélodies et on ne peut pas danser dessus. »[réf. souhaitée]

L’éclosion de ce nouveau courant du jazz déclencha une controverse en France : attaché à une définition étroite et racialiste du genre, l’influent critique de jazz Hugues Panassié rejeta violemment le bebop, qu’il considérait distinct du jazz[2]. La polémique alla jusqu'à créer une scission au sein du Hot Club de France, où Charles Delaunay défendait le bebop[3].

Etymology

Le mot "bebop" est souvent identifié comme deux syllabes n'ayant pas de sens particulier. Les syllabes proviendraient simplement du chant scat et la première utilisation du mot pour désigner le style musical remonterait à 1928[4]. Certains spécialistes estiment que le terme fut utilisé par Charlie Christian car il sonnait comme quelque chose qu'il fredonnait tout en jouant[5]. Dizzy Gillespie dit que le publique aurait inventé le mot après l'avoir écouté chanter du scat, le mot aurait ensuite été repris par la presse[6]. Toutefois, la théorie la plus probable est que le terme dérive du cri "Arriba ! Arriba !" utilisé par les meneurs latino-américains pour encourager leurs musiciens, durant cette période[7]. Cette théorie explique en même temps pourquoi, au départ, les termes "bebop" et "rebop" étaient utilisés indistinctement et interchangeables. En 1945, l'utilisation des deux mots étaient très répandue, jusqu'au R&B, par exemple, "Hey Ba-Ba-Re-Bop" de Lionel Hampton puis plus tard en rock and roll avec "Be-Bop-A-Lula" de Gene Vincent en 1956.

Histoire

En 1939 l'enregistrement de Body and Soul" par Coleman Hawkins est un antécédent important au bebop. La volonté du saxophoniste de sortir, même très brièvement, de la logique habituelle du thème et ses passages en double-time marquent clairement un tournant par rapport au jazz existant. L'enregistrement fut très populaire, mais de manière plus globale, Hawkins devient une osurce d'inspiration pour une génération de musiciens plus jeunes, notament Charlie Parker lui aussi saxophoniste, à Kansas City.

Dans les années 1940, la nouvelle génération de jazzmen forge un nouveau style, qui se démarque de la musique swing des années 1930 et des grands ensembles musicaux. Les rebelles comme Dizzy Gillespie, Charlie Parker, Bud Powell et Thelonious Monk ont été influencés par les générations précédentes et notamment les chorus aventureux d'Art Tatum, Earl Hines, Coleman Hawkins, Lester Young et Roy Eldridge. Gillespie et Parker sortent tout les deux de la formation d'Earl Hines à Chicago où ils ont travaillé avec quelques grands noms de l'ère pré bop tels Earl Hines bien sûr mais aussi Jack Teagarden et Jay McShann. Durant sa période dans l'orchestre de Cab Calloway, Dizzy Gillespie s'entraîne en compagnie du bassiste Milt Hinton et développe quelques éléments fondamentaux de l'harmonie et des innovations rythmiques qui feront le bebop. Charlie Parker procède de la même manière avec le bassiste Gene Ramey alors dans la formation de McShann. Ces deux précurseurs de ce qui deviendra bientôt le bebop (bien que Parker n'utilisa jamais ce terme trouvant que cela faisait perdre son sens à la musique) commencent à explorer un espace rythmique et harmonique jusqu'alors vierge. La révolution est finalement surtout rythmique avec l'introduction syncopes complexes, des tempi très rapides et un phrasé du plus en plus binaire. L'harmonie s'enrichit avec notamment des substitutions d'accord et l'utilisation d'accords altérés. Toutefois, dans la pratique les improvisations restent très proches des notes de bases de l'accord (tonique, tierce, quinte, septième et neuvième, plus des notes de passages) de plus, l'anatole et la II-V-I restent les progressions harmoniques les plus utilisées. Beaucoup de thèmes bebop reprennent les grilles harmoniques de standards de jazz pré-bebop.

Le Minton's Playhouse à New York sert de laboratoire pour les prémices du bebop[8] bien que certains avaient déjà essayé le phrasé bop lors de chorus au sein de l'orchestre de Benny Goodman.

Quelques célèbres représentants du bebop

Bibliographie

Notes et références

  1. Grand dictionnaire terminologique de l’OQLF en 1987
  2. Denis-Constant Martin, « De l’excursion à Harlem au débat sur les « Noirs », Les terrains absents de la jazzologie française », L’Homme, n°158-159, p. 261-278, 2001
  3. Jean Jamin, « Au-delà du Vieux Carré, Idées du jazz en France », L’Homme, n°158-159, p. 285 à 300, 2001.
  4. Online Etymology Dictionary
  5. Jim Dawson and Steve Propes, What Was The First Rock'n'Roll Record?, 1992, ISBN 0-571-12939-0
  6. (en) Nell Irvin Painter, Creating Black Americans, Oxford University Press US, , 228–229 p. (ISBN 0195137558, lire en ligne)
  7. Peter Gammond, The Oxford Companion to Popular Music, 1991, ISBN 0-19-311323-6
  8. Miles Davis (1989) Autobiography, chapter 3, pp.43-5, 57-8, 61-2

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