Chemini Atseret
Chemini Atseret | |
Béni sois-Tu, Dieu, qui fais revenir le vent et tomber la pluie - bénédiction de la pluie | |
Nom officiel | Yom (ha)chemini atseret (hébreu: יּוֹם (הַ)שְּׁמִינִי עֲצֶרֶת « solennité de clôture du huitième jour ») |
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Observé par | le judaïsme |
Type | biblique (historique/agricole) |
Signification | Assemblée solennelle clôturant la fête de Souccot. |
Commence | le 22 Tishrei |
Finit | le 23 Tishrei (le 22 en terre d'Israël) |
Lié à | Souccot & Sim'hat Torah. |
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Chemini Atseret (hébreu: יּוֹם הַשְּׁמִינִי עֲצֶרֶת Yom hachemini atseret « solennité de clôture du huitième jour ») est une fête juive prescrite par la Bible, célébrée le huitième jour à dater du début de la fête de Souccot et marquant le début de la saison des pluies en terre d’Israël. Bien que fortement associée à Souccot, elle est néanmoins considérée comme indépendante de cette dernière.
Les pratiques observées en ce jour varient, selon qu'on se trouve en terre d’Israël ou en diaspora.
Chemini Atseret dans les sources juives
Dans la Bible hébraïque
L’atzeret est mentionnée deux fois dans le Pentateuque, toujours à la suite de la fête de Souccot, lorsque celle-ci est décrite en tant que « fête à YHWH », mais non en tant que « fête de la récolte[1],[2]. » Les offrandes qui lui sont particulières (korban moussaf) sont également décrites après celles de Souccot[2].
Il semble que la solennité du huitième jour ait été respectée parmi les enfants d’Israël à l’époque du premier Temple de Jérusalem[3] comme à celle du second[4].
Dans la littérature rabbinique
Les Sages insiste particulièrement sur le fait que Chemini Atseret est « une fête en elle-même » (regel bifnei atsmo[5]), et non un prolongement de Souccot (à l'exception de deux passages du traité Taanit[6]). Six preuves que les fêtes sont distinctes sont mentionnées en plusieurs occurrences[7] ; elles sont désignées par le sigle PaZeR QeSHeV (פז"ר קש"ב), :
- Pis : il était de coutume de tirer au sort (pis) les cohanim (prêtres) qui seraient préposés aux offrandes. Le sort n'était pas tiré à Souccot mais l’était à Chemini Atseret ;
- Zman : la bénédiction de l'époque (zman), récitée le premier jour d’une fête uniquement, l’est à Chemini Atzeret de la même façon qu’au premier jour de Souccot ;
- Reguel : on ne s’assoit pas dans la soukka à Chemini Atseret (en terre d’Israël), alors que c’est une prescription pendant les sept jours de Souccot ; selon une autre explication, le fait que Chemini Atzeret soit mentionnée dans la Torah par un nom particulier, démontre bien qu’il s'agit d'une fête (reguel) particulière ;
- Qorban : les offrandes (qorban) particulières de Souccot sont différentes de celles de Chemini Atseret
- SHir : le chant (shir) des chantres lévites du Temple était également différent, selon qu’il s'agissait de Soukkot ou de Chemini Atseret ;
- Brakha : il existait une coutume spécifique à Chemini Atseret d’adresser au roi (du royaume unifié d’Israël puis, après le schisme de Jéroboam, de Juda) une bénédiction (brakha) particulière.
Son caractère, sur lequel la Torah ne donne pas d'indice, est également exploré :
- certains Sages, observant que le septième jour de Pessa'h est également dénommé atseret[8] et qu’on appelait Chavouot « Atsarta » à l’époque du Second Temple[9], en concluent que Chemini Atseret est la « fête de clôture » de Souccot, de même que Chavouot est celle de Pessa'h ; si elle a lieu immédiatement après Souccot et non après cinquante jours, c'est parce que Dieu n’a pas voulu imposer à ses fidèles un nouveau pèlerinage lors de la saison des pluies[10].
- selon d’autres, atseret est à rapprocher de hè'atsèr (« retenir[11] »), et Dieu, à l'image d’un roi qui a entretenu ses invités pendant sept jours (il s’agit d'une allusion à l’offrande des 70 taureaux pendant les sept jours de Souccot, offerts, selon la tradition rabbinique, pour les 70 nations du monde[12]), retient son « fils, » l'assemblée d’Israël, un jour de plus[10].
Observance de Chemini Atzeret dans le judaïsme rabbinique
Rite et liturgie
La fête de Chemini Atseret se tenait, à l'époque des premier et second Temples, à Jérusalem, où les enfants d'Israël faisaient des offrandes à Dieu selon les ordonnances bibliques.
En l'absence d’un Temple reconstruit, la liturgie se concentre principalement sur le souvenir de ces anciens rites et offrandes.
Le rituel liturgique de Chemini Atseret comprend :
- une prière en sept bénédictions où Chemini Atseret est dénommé zman sim'hatenou (« la période de notre joie »), comme Souccot ;
- la lecture du Hallel dans son entièreté (du Psaume 113 au Psaume 118) mais sans utiliser les quatre espèces, propres à la fête de Souccot ;
- une lecture de la Torah spéciale ;
- et un office de prière supplémentaire (moussaf).
Différences entre la terre d'Israël et la diaspora
Les Juifs célèbrent Chemini Atseret pendant un seul jour en terre d’Israël, alors que ceux de la diaspora la fêtent pendant deux jours (à l’exception des juifs réformés).
Par conséquent, en terre d'Israël, la célébration de Chemini Atseret se confond avec celle de Sim'hat Torah. On ne dort plus dans la soukka[13] et les processions avec les livres de la Torah s’intercalent entre le Hallel et la lecture de la Torah, où sont lus les passages propres à Sim'hat Torah.
En diaspora, du fait de la coutume de prolonger les fêtes bibliques d’un jour, les repas sont encore pris dans la soukka le premier jour de Chemini Atseret et il est recommandé d'y dormir ; cependant, Chemini Atseret étant une « fête en elle-même, » il faut veiller à attendre la tombée de la nuit pour commencer la cérémonie du kiddouch car la bénédiction est particulière à Chemini Atseret et ne peut être faite à Souccot. De même, il serait contradictoire de réciter la bénédiction « béni sois-Tu [...] de nous avoir prescrit de siéger dans la soukka[14],[15]. » Il faut commencer à vider la soukka de son contenu et le transporter à son domicile mais attendre la fin de Sim'hat Torah pour le ranger[16].
Lecture de la Torah
Le premier jour de la fête de Chemini Atseret, on lit dans un premier rouleau de la Torah les passages contenant les prescriptions relatives aux fêtes de pèlerinage et aux dimes (Deutéronome 15:19 - 16:17), et dans un second, la section sur l’offrande particulière à ce jour (Nombres 29:35-37). La lecture de cette section est à l'origine de la coutume de Matnat yad, au cours de laquelle le rabbin, portant un rouleau de la Torah, récite une bénédiction à l'intention de la communauté et de ses membres les plus généreux[13].
En guise de haftara (lecture d'une section complémentaire), on lit I Rois 8:54-66. Il était de coutume à Troyes de lire l’Ecclésiaste, que la plupart des communautés lisent à Souccot ; toutefois, si le premier jour de Souccot a lieu un chabbat et qu’il n'y a par conséquent pas de chabbat pendant la période mi-fériée, l’Ecclésiaste est bien lu à Chemini Atseret[17].
Au second jour, où l’on célèbre Sim'hat Torah, ce sont les passages propres à cette fête qui sont lus.
Prière pour les défunts
Selon une coutume fort populaire née en Europe orientale, on tient, après la lecture de la Torah et la haftara, un office dédié à la mémoire des parents défunts et des martyrs d’Israël, appelé Hazkarat neshamot, Mazkir ou Yizkor[13].
Office supplémentaire
La grande particularité de Chemini Atseret a lieu lors de l’office de moussaf, qui remplace le korban moussaf de Chemini Atseret. Au cours de la répétition de la prière par l’officiant, celui-ci intercale la Tefillat Haguechem (prière de la pluie) devant l’Arche ouverte, sur un air austère et solennel évoquant celui des Jours redoutables ; dès lors, les Juifs implorent Dieu de « faire revenir le vent et descendre la pluie, » jusqu'à l’office de moussaf du premier jour de Pessa'h[18].
Observance de Chemini Atzeret dans les traditions non-rabbiniques
Dans le karaïsme
Pour les Karaïtes, adeptes d'un courant du judaïsme qui accepte la lettre (la Bible hébraïque) mais non la parole (la tradition orale rabbinique), Chemini Atseret doit être observée par un (seul) jour chômé, sans l’associer aux festivités de Sim'hat Torah qui est une innovation rabbinique[19]. Néanmoins, le cycle karaïte de lecture de la Torah s’achève, comme le cycle rabbinique, à Chemini Atzeret[20] et, en Israël, où Chemini Atseret et Sim'hat Torah sont célébrés le même jour, les Karaïtes désignent bien le jour sous le nom de Sim'hat Torah[21].
Par ailleurs, la détermination du calendrier karaïte ne se basant pas sur des calculs astronomiques mais sur l’observation directe de la nouvelle lune et de la germination du blé, le vingt-deuxième jour du septième mois n’est pas célébré à la même date que le 22 tishrei du calendrier juif[22] (en 2010, il a eu lieu le 30 septembre pour les Rabbanites et le 1er octobre pour les Karaïtes[21]).
Dans le samaritanisme
Les Samaritains, adeptes d’un mosaïsme non-juif qui ne reconnaît que les six premiers Livres de la Bible comme canoniques, célèbrent un seul jour de fête.
Peu après minuit, des prières commencent dans leur lieu de culte et durent plus de dix heures. Après la fête, les souccot sont démontées, leur armature entreposée jusqu’à l’an prochain et les fruits qui les décorent pressés ou mangés par les enfants.
Notes et références
- Lévitique 23:36
- Nombres 29:35-38
- 2 Chroniques 7:9
- Néhémie 8:18
- T.J. Soukka 5:7 (25b), Haguiga 1:6 (6a), Moëd Katan 3:5 (15a) ; T.B. Yoma 2b, Soukka 47a & 48a, etc.
- T.B. Taanit 20b & 31a
- T.B. Soukka 48a, Roch Hachana 4b, Haguiga17a, etc.
- Deutéronome 16:8
- T.B. Pessahim 42b & 68b ; voir aussi Flavius Josèphe, Antiquités judaïques vol. iii. chap. 10, § 6
- Pessikta deRav Kahana 193a
- cf. Juges 13:15
- Cf. Genèse 10
- E. Gugenheim, Le judaïsme dans la vie quotidienne, p.127
- T.B. Soukka 47a
- R' Shlomo Ganzfried, Kitsour Choulhan Aroukh, chapitre 138, paragraphes 4 & 5 (138:4-5)
- ibid. 138:6
- Choulhan Aroukh, Orah Hayyim, chap. 762. paragraphe 2, glose du Rem"a
- E. Gugenheim, Le judaïsme dans la vie quotidienne, p.128
- Nehemia Gordon, « Hag Ha-Sukkot », sur Karaite Korner, (consulté le )
- « Karaite Torah reading », sur congrégation Orah Ṣaddiqim (consulté le ) (Site indisponible les vendredi et samedi pour respecter les différentes dates du chabbat possibles sur la planète)
- « Moetzet Hakhamim Official Holidays Dates 2010-2011 » (consulté le )
- N. Gordon, « Holidays and New Moons » (consulté le )
Source
- Cet article contient des extraits de l'article « SHEMINI 'AẒERET » par Kaufmann Kohler & Lewis Naphtali Dembitz de la Jewish Encyclopedia de 1901–1906 dont le contenu se trouve dans le domaine public.
Annexes
Liens externes
- (en) Paul Steinberg, « What is Shemini Atzeret ? », sur My Jewish Learning
Bibliographie
- Ernest Gugenheim, Le judaïsme dans la vie quotidienne (tome i.), pp. 126-128, coll. Présences du judaïsme, éd. Albin Michel, Paris, 1992, ISBN 2-226-05868-0.
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