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Bal de l'Opéra

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Le Bal maqué à l'Opéra, par Édouard Manet. (1873)

Le Bal de l'Opéra est le plus fameux de tous les bals du Carnaval de Paris et un de ses principaux événements avec la Promenade de Masques et les grands cortèges centraux de la Promenade du Bœuf Gras, de la Fête des Blanchisseuses et de la descente de la Courtille[1].

Histoire du Bal de l'Opéra

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XVIIIe siècle

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Marie Louise Élisabeth d'Orléans (1695-1719), duchesse de Berry.

Créé par une ordonnance royale en date du , sa première édition a lieu le . Il se déroule durant la période du Carnaval à raison de deux bals par semaine s'ouvrant à minuit. Au début c'est donc un bal masqué. Marie-Antoinette y serait venue incognito avec son beau-frère le comte d'Artois.

Marie Louise Élisabeth d'Orléans, duchesse de Berry, la fille aînée du Régent, contribue à la vogue des bals de Carnaval à l'Opéra. Officiellement encore en deuil de la mort de son mari, Charles de France, Mme de Berry paraît cependant au bal de l'Opéra le . Masquée, débordante de sensualité dans une magnifique robe à panier qui valorise sa beauté plantureuse et ses chairs éclatantes, la jeune veuve danse et se divertit sans vergogne, défiant les mœurs austères de la Cour[2]. La Gazette de la Régence rapporte l'affront que Mme de Berry reçoit au bal de Carnaval en  : « Un officier ivre qui ne la connaissoit pas sous le masque, en l'abordant lui dit qu'elle avait une belle paire de tétons et demanda s'ils étoient à vendre ; la princesse sur cela lui dit : - Me connois-tu bien, masque ? - Oui, je te connois. - Et qui suis-je ? - La plus grande putain de Paris. » L'impudent parvient à s'éclipser sans être inquiété[3]. Avide de plaisirs et de représentations, la scandaleuse fille du Régent assiste chaque année aux bals de Carnaval, au mépris de toute morale. Le dimanche , elle reste au bal de l'Opéra jusqu'à quatre heures du matin et s'y rend à nouveau le mardi gras ()[4].

Le bal de l'Opéra devient ensuite un bal déguisé. Un plancher est posé sur les fauteuils pour disposer d'une surface suffisante.

XIXe siècle

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Isaac Strauss, 1875

Au début du XIXe siècle, la police de Paris considère le montant de la recette du bal de l’Opéra comme un indice significatif de l’état de santé du Carnaval de Paris.

Ce bal se tient successivement à l’opéra de la rue de Richelieu (jusqu'en 1820), à la salle Louvois (1820-1821), à l’Opéra Le Peletier (de 1821 à 1873) et à l’Opéra Garnier (de 1875 à 1903).

En 1835, Philippe Musard, dit « Napoléon Musard le roi du quadrille » relance le bal de l’Opéra avec un orchestre de 90 musiciens et des airs à la mode ou excentriques.

Selon certains, c'est là que vers 1840 Philippe Musard lance le cancan ou coincoin, danse jugée « lascive » par les autorités (elle se pratique à une époque où les femmes portent des culottes fendues).

En 1854, Isaac Strauss est nommé chef d'orchestre des bals de l’Opéra en remplacement de Philippe Musard[5].

Le bal de l’Opéra est illustré par des dessins de Cham, Daumier, Gustave Doré et Gavarni qui croquent les déguisements des participants et les événements survenant dans le cadre de la fête.

XXe siècle

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Le Bal de l'Opéra existe toujours en 1927[6].

Il disparaît finalement dans les années 1920. Le plancher amovible qui servait aux danseurs ayant atteint un état de grande décrépitude et devenant inutilisable, voire dangereux, l’administration de l'Opéra ne souhaita pas le remplacer.

  1. Ce dernier cortège apparaît en 1822 et disparaît vers 1860.
  2. E. de Barthélémy (ed.), Gazette de la Régence. Janvier 1715-1719, Paris, 1887, p.68. Mettant en valeur sa grâce opulente, l’ample robe volante dont la duchesse de Berry lance la mode l’aide aussi à cacher son ventre proéminent. Trois semaines plus tard, en son palais du Luxembourg, gardant la chambre sous prétexte d’un gros rhume, la princesse accouche d'une fille, inspirant la verve des chansonniers satiriques qui font d’elle une Messaline incestueuse.
  3. L’officier pris de vin devine-t-il que les seins généreux de la princesse témoignent du début d’une nouvelle grossesse ? Au 9 juillet 1717, la Gazette de la Régence note : « Mme la duchesse de Berry ne sort pas de la Muette, où elle est incommodée, devenant si puissante qu'il est à craindre qu'elle ne fournisse pas une longue carrière ici-bas. ». L'accouchement imminent de la princesse, suscite en effet de légitimes inquiétudes. Fin juillet, la rumeur court « que la duchesse de Berry étoit à l'extrémité : elle se délivroit d'un enfant ». E. de Barthélémy (ed.), Gazette de la Régence. Janvier 1715-1719, Paris, 1887, pp.134-135, 192 et 196.
  4. Enceinte jusqu’au cou, la « féconde Berry » défie les regards scrutateurs du public et défaite de toute honte, s’entête à mener le bal. Les rumeurs attribuent sa nouvelle grossesse aux œuvres du Régent. S'abandonnant à tous les plaisirs de la boisson et de la chair malgré son état, l’imprudente manque de mourir en couche au Palais du Luxembourg. Délivrée le 2 avril d’une fille mort-née, elle ne se rétablit pas de son accouchement très laborieux. Morte le 21 juillet, l’autopsie la révèle à nouveau enceinte.
  5. La Presse musicale, 7 décembre 1854, page 1.
  6. Voir un jeton d'entrée au bal masqué de l'Opéra donné pour le jeudi de la Mi-Carême 24 mars 1927.

Bibliographie

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  • Henri Joannis Deberne, Danser en société, éditions Bonneton, 1999 (ISBN 2-86253-229-0)

Articles connexes

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Lien externe

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