Aller au contenu

« Règle de L'Hôpital » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
Patrick.Delbecq (discuter | contributions)
Annulation de la modification de 91.181.201.144 (d)Jean Bernouilli, indiqué dans l'historique plus bas
Balise : Annulation
Anne Bauval (discuter | contributions)
m rétabli typo originelle là où le LaTeX est pesant, -articles connexes redondants
Ligne 1 : Ligne 1 :
{{voir homonymes|L'Hôpital|L'Hospital (homonymie){{!}}L'Hospital}}
{{voir homonymes|L'Hôpital|L'Hospital (homonymie){{!}}L'Hospital}}
En [[mathématiques]], et plus précisément en [[Analyse (mathématiques)|analyse]], '''la règle''' (ou '''le théorème''') '''de L'Hôpital''' (ou '''de L'Hospital'''), également appelée '''règle de Bernoulli''', utilise la [[dérivée]] dans le but de déterminer les [[Limite (mathématiques)|limites]] difficiles à calculer de la plupart des [[Opérations sur les limites#Division|quotients]]. Le [[théorème de Stolz-Cesàro]] est un résultat analogue concernant des limites de [[Suite (mathématiques)|suites]], mais utilisant les [[Opérateur de différence|différences finies]] au lieu de la dérivée.
En [[mathématiques]] et plus précisément en [[Analyse (mathématiques)|analyse]], '''la règle''' (ou '''le théorème''') '''de L'Hôpital''' (ou '''de L'Hospital'''), également appelée '''règle de Bernoulli''', utilise la [[dérivée]] dans le but de déterminer les [[Limite (mathématiques)|limites]] difficiles à calculer de la plupart des [[Opérations sur les limites#Division|quotients]]. Le [[théorème de Stolz-Cesàro]] est un résultat analogue concernant des limites de [[Suite (mathématiques)|suites]], mais utilisant les [[Opérateur de différence|différences finies]] au lieu de la dérivée.


== Historique ==
== Historique ==


La règle porte le nom d'un mathématicien français du {{XVIIe siècle}}, [[Guillaume François Antoine, marquis de L'Hôpital]], qui a publié l'''[[Analyse des infiniment petits pour l'intelligence des lignes courbes]]'' ([[1696 en science|1696]]), premier livre de calcul différentiel à avoir été écrit en français. La règle de L'Hôpital apparaît dans cet ouvrage et constitue la proposition 1 de la [[Analyse des Infiniment Petits pour l'Intelligence des Lignes Courbes#Section IX : « Solution de quelques problèmes qui dépendent des méthodes précédentes »|section IX]], § 163, p. 145<ref>{{lien web|url=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k205444w.image.f171|titre=''Analyse des infiniment petits, pour l'intelligence des lignes courbes''|site=[[Gallica]]}}.</ref> : l'objet de cette proposition consiste à donner la valeur d'une quantité <math>y</math> dépendant d'une variable <math>x</math> pour la valeur <math>a</math> de cette variable, lorsque <math>y</math> s'écrit comme une fraction dont le numérateur et le dénominateur s'annulent tous deux en <math>a</math>.
La règle porte le nom d'un mathématicien français du {{XVIIe siècle}}, [[Guillaume François Antoine, marquis de L'Hôpital]], qui a publié l'''[[Analyse des infiniment petits pour l'intelligence des lignes courbes]]'' ([[1696 en science|1696]]), premier livre de calcul différentiel à avoir été écrit en français. La règle de L'Hôpital apparaît dans cet ouvrage et constitue la proposition 1 de la [[Analyse des Infiniment Petits pour l'Intelligence des Lignes Courbes#Section IX : « Solution de quelques problèmes qui dépendent des méthodes précédentes »|section IX]], § 163, p. 145<ref>{{lien web|url=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k205444w.image.f171|titre=''Analyse des infiniment petits, pour l'intelligence des lignes courbes''|site=[[Gallica]]}}.</ref> : l'objet de cette proposition consiste à donner la valeur d'une quantité {{mvar|y}} dépendant d'une variable <math>x</math> pour la valeur {{mvar|a}} de cette variable, lorsque {{mvar|y}} s'écrit comme une fraction dont le numérateur et le dénominateur s'annulent tous deux en {{mvar|a}}.


L'auteur de la règle est sans doute [[Jean Bernoulli]], car L'Hôpital payait à Bernoulli une pension de 300 [[Livre tournois|livres]] par an pour le tenir informé des progrès du calcul infinitésimal<ref>{{Article|lang=en|auteur=[[Clifford Truesdell]]|titre=The New Bernoulli Edition|revue=[[Isis (revue)|Isis]]|vol=49|issue=1|date=1958|p.=54-62|doi=10.1086/348639|jstor=226604}}, résume {{p.|59-62}} — en indiquant ses sources — ce {{Citation|plus extraordinaire accord de l'histoire des sciences}}.</ref>{{,}}<ref name=Thomas/>{{,}}<ref>{{Chapitre|lang=en|url={{Google Livres|2cNKDwAAQBAJ|page=205}}|auteur=Ansie Harding|titre=Storytelling for Tertiary Mathematics Students|page=205-206|titre ouvrage=Invited Lectures from the 13th International Congress on Mathematical Education|date=2018}}.</ref>, et pour résoudre les problèmes qu'il lui posait (comme celui de trouver la limite des formes indéterminées) ; de plus, ils avaient signé un contrat autorisant L'Hôpital à utiliser les découvertes de Bernoulli à sa guise<ref>{{ouvrage|lang=en|nom=Maor|prénom=Eli|lien auteur1=Eli Maor|titre=e: The Story of a Number|éditeur=[[Princeton University Press]]|année=1994|url={{Google Livres|rCGM6TKHyboC|page=116}}|passage=116}}.</ref>. Quand L'Hôpital publia son livre, il reconnut ce qu'il devait à Bernoulli, et, ne voulant pas se voir attribuer son travail, publia anonymement. Bernoulli prétendit alors être l'auteur de l'ouvrage entier, ce qui fut longtemps cru, mais la règle n'en fut pas moins nommée d'après L'Hôpital, bien qu'il n'ait jamais prétendu l'avoir inventée<ref name=Thomas>{{ouvrage|lang=en|auteur=Ross L. Finney|auteur2={{Lien|George B. Thomas}}, Jr.|titre=Calculus|numéro d'édition=2|passage=390|éditeur=[[Addison-Wesley]]|année=1994}}, {{Google Livres|_SUkc7rVAdUC|page=492|aperçu de l'édition en espagnol de 1998}}.</ref>.
L'auteur de la règle est sans doute [[Jean Bernoulli]], car L'Hôpital payait à Bernoulli une pension de 300 [[Livre tournois|livres]] par an pour le tenir informé des progrès du calcul infinitésimal<ref>{{Article|lang=en|auteur=[[Clifford Truesdell]]|titre=The New Bernoulli Edition|revue=[[Isis (revue)|Isis]]|vol=49|issue=1|date=1958|p.=54-62|doi=10.1086/348639|jstor=226604}}, résume {{p.|59-62}} — en indiquant ses sources — ce {{Citation|plus extraordinaire accord de l'histoire des sciences}}.</ref>{{,}}<ref name=Thomas/>{{,}}<ref>{{Chapitre|lang=en|url={{Google Livres|2cNKDwAAQBAJ|page=205}}|auteur=Ansie Harding|titre=Storytelling for Tertiary Mathematics Students|page=205-206|titre ouvrage=Invited Lectures from the 13th International Congress on Mathematical Education|date=2018}}.</ref> et pour résoudre les problèmes qu'il lui posait (comme celui de trouver la limite des [[Forme indéterminée|formes indéterminées]]) ; de plus, ils avaient signé un contrat autorisant L'Hôpital à utiliser les découvertes de Bernoulli à sa guise<ref>{{ouvrage|lang=en|nom=Maor|prénom=Eli|lien auteur1=Eli Maor|titre=e: The Story of a Number|éditeur=[[Princeton University Press]]|année=1994|url={{Google Livres|rCGM6TKHyboC|page=116}}|passage=116}}.</ref>. Quand L'Hôpital publia son livre, il reconnut ce qu'il devait à Bernoulli et, ne voulant pas se voir attribuer son travail, publia anonymement. Bernoulli prétendit alors être l'auteur de l'ouvrage entier, ce qui fut longtemps cru, mais la règle n'en fut pas moins nommée d'après L'Hôpital, bien qu'il n'ait jamais prétendu l'avoir inventée<ref name=Thomas>{{ouvrage|lang=en|auteur=Ross L. Finney|auteur2={{Lien|George B. Thomas}}, Jr.|titre=Calculus|numéro d'édition=2|passage=390|éditeur=[[Addison-Wesley]]|année=1994}}, {{Google Livres|_SUkc7rVAdUC|page=492|aperçu de l'édition en espagnol de 1998}}.</ref>.


== Énoncé des règles de L'Hôpital ==
== Énoncé des règles de L'Hôpital ==
Ligne 12 : Ligne 12 :
=== Principe ===
=== Principe ===


Soit <math>a</math> réel ou égal à <math>\pm \infty</math>, tel que les fonctions réelles <math>f</math> et <math>g</math> soient définies et dérivables au voisinage de <math>a</math>, la dérivée de <math>g</math> ne s'y annulant pas. Si nous essayons de déterminer la limite en <math>a</math> du quotient <math>f / g</math>, où le [[numérateur]] et le [[dénominateur]] tendent soit les deux vers [[zéro]], soit les deux vers l'[[infini]], alors nous pouvons dériver le numérateur et le dénominateur et déterminer la limite du quotient des dérivées. Si elle existe, la règle affirme que cette limite sera égale à la limite cherchée.
Soit {{mvar|a}} réel ou égal à {{math|±∞}}, tel que les fonctions réelles {{mvar|f}} et {{mvar|g}} soient définies et dérivables au voisinage de {{mvar|a}}, la dérivée de {{mvar|g}} ne s'y annulant pas. Si nous essayons de déterminer la limite en {{mvar|a}} du quotient {{sfrac|''f''|''g''}}, où le [[numérateur]] et le [[dénominateur]] tendent soit les deux vers [[zéro]], soit les deux vers l'[[infini]], alors nous pouvons dériver le numérateur et le dénominateur et déterminer la limite du quotient des dérivées. Si elle existe, la règle affirme que cette limite sera égale à la limite cherchée.


La règle, pour <math>f</math> et <math>g</math> définies (au moins) sur un intervalle d'extrémités <math>a</math> et <math>b</math>, est exposée ici pour des [[Limite (mathématiques)#Limite d'une fonction en un point|limites à droite]] en <math>a</math> avec <math>-\infty \leq a<b</math>. Elle est bien sûr transposable à gauche avec <math>b<a \leq +\infty</math> et la règle bilatérale, pour des [[Limite (mathématiques)#Limite d'une fonction en un point|limites épointées]] en un réel <math>a</math>, se déduit de la conjonction de ces deux règles latérales.
La règle, pour {{mvar|f}} et {{mvar|g}} définies (au moins) sur un intervalle d'extrémités {{mvar|a}} et {{mvar|b}}, est exposée ici pour des [[Limite (mathématiques)#Limite d'une fonction en un point|limites à droite]] en {{mvar|a}} avec {{math|–∞ ''a'' < ''b''}}. Elle est bien sûr transposable à gauche avec {{math|''b'' < ''a'' +∞}} et la règle bilatérale, pour des [[Limite (mathématiques)#Limite d'une fonction en un point|limites épointées]] en un réel {{mvar|a}}, se déduit de la conjonction de ces deux règles latérales.


=== Énoncé simple ===
=== Énoncé simple ===

Dans l'ouvrage de L'Hôpital, la règle qui apparaît est celle communément utilisée dans le cas de deux fonctions dérivables en <math>a</math> et telles que le quotient <math>\frac{f' \! \left( a \right)}{g' \! \left( a \right)}</math> soit défini<ref name=WikiversitéRègleSimple>{{Note autre projet|wikiversité|Limites d'une fonction/Exercices/Lever une indétermination#Règle simple de L'Hôpital|« Règle simple de L'Hôpital »|début=Pour une démonstration et un exemple d'utilisation, voir l'exercice}}</ref> :
Dans l'ouvrage de L'Hôpital, la règle qui apparaît est celle communément utilisée dans le cas de deux fonctions dérivables en {{mvar|a}} et telles que le quotient {{sfrac|''f {{'}}'' (''a'')|''g {{'}}'' (''a'')}} soit défini<ref name=WikiversitéRègleSimple>{{Note autre projet|wikiversité|Limites d'une fonction/Exercices/Lever une indétermination#Règle simple de L'Hôpital|« Règle simple de L'Hôpital »|début=Pour une démonstration et un exemple d'utilisation, voir l'exercice}}</ref> :
{{énoncé|Si <math>f</math> et <math>g</math> sont deux fonctions définies sur <math>\left[a,b\right[</math>, dérivables en <math>a</math>, et telles que <math>f \! \left( a \right)=g \! \left( a \right)=0</math> et <math>g' \! \left( a \right)\ne0</math>, alors <math>\lim_{x\to a^+}\frac{f \! \left( x \right)}{g \! \left( x \right)}=\frac{f' \! \left( a \right)}{g' \! \left( a \right)}</math>.}}
{{énoncé|Si {{mvar|f}} et {{mvar|g}} sont deux fonctions définies sur {{math|[''a'', ''b''[}}, dérivables en {{mvar|a}}, et telles que {{math|1=''f''(''a'') = ''g''(''a'') = 0}} et {{math|''g {{'}}'' (''a'') ≠ 0}}, alors <math>\lim_{x\to a^+}\frac{f(x)}{g(x)}=\frac{f'(a)}{g'(a)}</math>.}}


=== Généralisations ===
=== Généralisations ===

La règle de l'Hôpital a été généralisée à des situations où <math>f</math> et <math>g</math> sont supposées définies et dérivables à droite de <math>a</math> (ou à gauche de <math>b</math>), mais pas en <math>a</math> (<math>a</math> pouvant être réel ou infini). La première généralisation s'applique à des fonctions <math>f</math> et <math>g</math> dont la limite en <math>a</math> est nulle et la seconde à des fonctions <math>f</math> et <math>g</math> pour lesquelles la limite en <math>a</math> est infinie.
La règle de l'Hôpital a été généralisée à des situations où {{mvar|f}} et {{mvar|g}} sont supposées définies et dérivables à droite de {{mvar|a}} (ou à gauche de {{mvar|b}}), mais pas en {{mvar|a}} ({{mvar|a}} pouvant être réel ou infini). La première généralisation s'applique à des fonctions {{mvar|f}} et {{mvar|g}} dont la limite en {{mvar|a}} est nulle et la seconde à des fonctions {{mvar|f}} et {{mvar|g}} pour lesquelles la limite en {{mvar|a}} est infinie.


{{énoncé|
{{énoncé|
Soient <math>f</math> et <math>g</math> deux fonctions dérivables sur <math>\left]a,b\right[</math> et telles que <math>g'</math> ne s'annule pas.
Soient {{mvar|f}} et {{mvar|g}} deux fonctions dérivables sur {{math|]''a'', ''b''[}} et telles que {{mvar|g'}} ne s'annule pas.
#Si <math>\lim_af=\lim_ag=0</math> et <math>\lim_{a^+}\frac{f'}{g'}=\ell</math> alors <math>\lim_{a^+}\frac{f}{g}=\ell</math><ref>{{Ouvrage|auteur=E. Ramis|auteur2=C. Deschamps|auteur3=J. Odoux|titre=Cours de [[mathématiques spéciales]]|tome=3|titre volume=Topologie et éléments d'analyse|éditeur=[[Elsevier Masson#Historique de la maison Masson|Masson]]|date=1982|page=125}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|lang=en|auteur=[[Michael Spivak]]|titre=Calculus|éditeur=W. A. Benjamin|year=1967|url=https://archive.org/stream/Calculus_643/Spivak-Calculus#page/n191/mode/2up|page=179-180}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|titre=Calcul différentiel et intégral|auteur=Jacques Douchet
#Si <math>\lim_af=\lim_ag=0</math> et <math>\lim_{a^+}\frac{f'}{g'}=\ell</math> alors <math>\lim_{a^+}\frac fg=\ell</math><ref>{{Ouvrage|auteur=E. Ramis|auteur2=C. Deschamps|auteur3=J. Odoux|titre=Cours de [[mathématiques spéciales]]|tome=3|titre volume=Topologie et éléments d'analyse|éditeur=[[Elsevier Masson#Historique de la maison Masson|Masson]]|date=1982|page=125}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|lang=en|auteur=[[Michael Spivak]]|titre=Calculus|éditeur=W. A. Benjamin|year=1967|url=https://archive.org/stream/Calculus_643/Spivak-Calculus#page/n191/mode/2up|page=179-180}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|titre=Calcul différentiel et intégral|auteur=Jacques Douchet
|auteur2=Bruno Zwahlen|éditeur=[[PPUR]]|year=2006|url={{Google Livres|MXMX8GNXe7EC|page=103}}|page=103}}.</ref>.
|auteur2=Bruno Zwahlen|éditeur=[[PPUR]]|year=2006|url={{Google Livres|MXMX8GNXe7EC|page=103}}|page=103}}.</ref>.
#Si <math>\lim_a f=\lim_a g=+\infty</math> et si <math>\lim_{a^+}\frac{f'}{g'}=\ell</math> alors <math>\lim_{a^+}\frac fg=\ell</math>.
#Si <math>\lim_a f=\lim_a g=+\infty</math> et si <math>\lim_{a^+}\frac{f'}{g'}=\ell</math> alors <math>\lim_{a^+}\frac fg=\ell</math>.
}}
}}


Il est en fait possible de démontrer la généralisation 2 sans utiliser l'hypothèse <math>\lim_af=+\infty</math>. Aussi seule l'hypothèse <math>\lim_ag=+\infty</math> est-elle nécessaire, ce qui permet d'étendre le domaine d'application de la règle de l'Hôpital à des cas d'indétermination autres que <math>\dfrac{\pm\infty}{\pm\infty}</math>, notamment si <math>f</math> n'admet pas de limite en <math>a</math>.
Il est en fait possible de démontrer la généralisation 2 sans utiliser l'hypothèse <math>\lim_af=+\infty</math>. Aussi seule l'hypothèse <math>\lim_ag=+\infty</math> est-elle nécessaire, ce qui permet d'étendre le domaine d'application de la règle de l'Hôpital à des cas d'indétermination autres que {{sfrac|+∞|+∞}}, notamment si {{mvar|f}} n'admet pas de limite en {{mvar|a}}.


Ces deux généralisations sont valides que <math>\ell</math> soit une limite réelle ou infinie. Leur démonstration<ref>{{Note autre projet|wikiversité|Fonctions d'une variable réelle/Dérivabilité#Théorèmes sur la dérivation|« Règle de L'Hôpital »|début=Voir}}</ref> utilise le « théorème de la moyenne de Cauchy » (cf. [[théorème des accroissements finis#Théorème des accroissements finis généralisé|théorème des accroissement finis généralisé]])<ref>En remplaçant son utilisation par celle de l'[[inégalité des accroissements finis pour les fonctions à valeurs vectorielles]], on étend facilement la première généralisation au cas où <math>f</math> est à valeurs [[Espace vectoriel normé|vectorielles]] : {{Article|lang=en|titre=L'Hôpital's rule for vector-valued functions|first=J.|nom=Albrycht|revue=Colloquium Mathematicum|year=1951|vol=2|issue=3-4|p.=176-177|url=http://matwbn.icm.edu.pl/ksiazki/cm/cm2/cm2124.pdf}}.</ref>, avec plus de précaution pour la seconde<ref>{{Harvsp|Spivak|1967|p=186}}, exercice 37.</ref>{{,}}<ref>{{Harvsp|Douchet|Zwahlen|2006|p=103-105}}.</ref>.
Ces deux généralisations sont valides, que {{mvar|ℓ}} soit une limite réelle ou infinie. Leur démonstration<ref>{{Note autre projet|wikiversité|Fonctions d'une variable réelle/Dérivabilité#Théorèmes sur la dérivation|« Règle de L'Hôpital »|début=Voir}}</ref> utilise le « théorème de la moyenne de Cauchy » (cf. [[théorème des accroissements finis#Théorème des accroissements finis généralisé|théorème des accroissement finis généralisé]])<ref>En remplaçant son utilisation par celle de l'[[inégalité des accroissements finis pour les fonctions à valeurs vectorielles]], on étend facilement la première généralisation au cas où {{mvar|f}} est à valeurs [[Espace vectoriel normé|vectorielles]] : {{Article|lang=en|titre=L'Hôpital's rule for vector-valued functions|first=J.|nom=Albrycht|revue=Colloquium Mathematicum|year=1951|vol=2|issue=3-4|p.=176-177|url=http://matwbn.icm.edu.pl/ksiazki/cm/cm2/cm2124.pdf}}.</ref>, avec plus de précaution pour la seconde<ref>{{Harvsp|Spivak|1967|p=186}}, exercice 37.</ref>{{,}}<ref>{{Harvsp|Douchet|Zwahlen|2006|p=103-105}}.</ref>.


== Utilisations ==
== Utilisations ==


La règle n'est utilisable qu'en cas d'indétermination. Par exemple<ref>{{Harvsp|Spivak|1967|p=185}}, exercice 33. Voir aussi {{Ouvrage|lang=en|titre=CounterExamples: From Elementary Calculus to the Beginnings of Analysis|auteur=Andrei Bourchtein|auteur2=Ludmila Bourchtein|éditeur=[[CRC Press]]|year=2014|url={{Google Livres|V5HSBQAAQBAJ|page=126}}|page=126}}, exemple 21.</ref>
La règle n'est utilisable qu'en cas d'indétermination. Par exemple<ref>{{Harvsp|Spivak|1967|p=185}}, exercice 33. Voir aussi {{Ouvrage|lang=en|titre=CounterExamples: From Elementary Calculus to the Beginnings of Analysis|auteur=Andrei Bourchtein|auteur2=Ludmila Bourchtein|éditeur=[[CRC Press]]|year=2014|url={{Google Livres|V5HSBQAAQBAJ|page=126}}|page=126}}, exemple 21.</ref>
:<math>-4=\lim_{x\to1}\frac{3x^2+1}{2x-3}\ne\lim_{x\to1}\frac{6x}{2}=3</math>.
:<math>-4=\lim_{x\to1}\frac{3x^2+1}{2x-3}\ne\lim_{x\to1}\frac{6x}2=3</math>.


Dans le cas d'[[Indétermination de la forme 0/0|indétermination de la forme « 0/0 »]], l'énoncé simple peut souvent être utilisé<ref name=WikiversitéRègleSimple/>, ou — comme dans la démonstration du théorème d'[[Développement limité#Opérations sur les développements limités|« intégration » terme à terme d'un développement limité]] — la première généralisation.
Dans le cas d'[[Indétermination de la forme 0/0|indétermination de la forme « 0/0 »]], l'énoncé simple peut souvent être utilisé<ref name=WikiversitéRègleSimple/>, ou — comme dans la démonstration du théorème d'[[Développement limité#Opérations sur les développements limités|« intégration » terme à terme d'un développement limité]] — la première généralisation.


Dans le cas d'[[Indétermination de la forme ∞/∞|indétermination de la forme « ∞/∞ »]], c'est la seconde généralisation que l'on va employer :
Dans le cas d'[[Indétermination de la forme ∞/∞|indétermination de la forme « {{math|∞/∞}} »]], c'est la seconde généralisation que l'on va employer :
:<math>
:<math>
\lim_{x \to +\infty} \dfrac{\sqrt x}{\ln x}
\lim_{x \to +\infty} \dfrac{\sqrt x}{\ln x}
= \lim_{x \to +\infty} \dfrac{\frac{1}{2 \, \sqrt x}}{\frac{1}{x}}
= \lim_{x \to +\infty} \dfrac{\frac1{2\sqrt x}}{\frac1x}
= \lim_{x \to +\infty} \dfrac{\sqrt x}{2}
= \lim_{x \to +\infty} \dfrac{\sqrt x}2
= +\infty
= +\infty
</math>.
</math>.


Parfois, il faudra utiliser plusieurs fois la règle de l'Hôpital pour parvenir au résultat :
Parfois, il faudra utiliser plusieurs fois la règle de l'Hôpital pour parvenir au résultat :
*<math> \lim_{x \to 0}\frac{\cos \left( 2x \right) - 1}{x^3 + 5x^2}
*<math> \lim_{x \to 0}\frac{\cos(2x) - 1}{x^3 + 5x^2}
= \lim_{x \to 0}\frac{-2\sin \left( 2x \right) }{3x^2 + 10x}
= \lim_{x \to 0}\frac{-2\sin(2x)}{3x^2 + 10x}
= \lim_{x \to 0}\frac{-4\cos \left( 2x \right) }{6x + 10}
= \lim_{x \to 0}\frac{-4\cos(2x)}{6x + 10}
= \frac{-2}{5}
= \frac{-2}5
</math> ;
</math> ;
*<math>\forall n\in\N \quad \lim_{x\to +\infty}\frac{\exp x }{x^n}=\lim_{x\to +\infty}\frac{\exp x }{nx^{n-1}}=\lim_{x\to +\infty}\frac{\exp x }{n(n-1)x^{n-2}}=\ldots=\lim_{x\to +\infty}\frac{\exp x }{n!}=+\infty</math>.
*<math>\forall n\in\N \quad \lim_{x\to +\infty}\frac{\exp x }{x^n}=\lim_{x\to +\infty}\frac{\exp x }{nx^{n-1}}=\lim_{x\to +\infty}\frac{\exp x }{n(n-1)x^{n-2}}=\ldots=\lim_{x\to +\infty}\frac{\exp x }{n!}=+\infty</math>.


Certaines limites, qui n'apparaissent pas comme des limites de quotients, peuvent être obtenues avec cette règle :
Certaines limites qui n'apparaissent pas ''a priori'' comme des limites de quotients peuvent cependant être obtenues avec cette règle :


:<math>
:<math>
\lim_{x \to +\infty} x - \sqrt{x^2 - x}
\lim_{x \to +\infty} x - \sqrt{x^2 - x}
= \lim_{x \to +\infty} \frac{1-\sqrt{1 - 1/x}}{1/x}
= \lim_{x \to +\infty} \frac{1-\sqrt{1 - 1/x}}{1/x}
= \lim_{h \to 0}\frac{1-\sqrt{1 - h}}{h}
= \lim_{h \to 0}\frac{1-\sqrt{1 - h}}h
= \lim_{h \to 0}\frac{\frac{1}{2\sqrt{1-h}}}{1}
= \lim_{h \to 0}\frac{\frac1{2\sqrt{1-h}}}1
= \frac{1}{2}
= \frac12
</math>.
</math>.


Ligne 72 : Ligne 72 :


On remarquera que les formes généralisées ne donnent que des conditions suffisantes d'existence de la limite. Il existe donc des cas où la limite du quotient des dérivées n'existe pas et pourtant la limite du quotient des fonctions existe<ref>Exercice 25 de {{Harvsp|Bourchtein|Bourchtein|2014|p=131}} — voir aussi {{p.|127}}, exemple 22.</ref> :
On remarquera que les formes généralisées ne donnent que des conditions suffisantes d'existence de la limite. Il existe donc des cas où la limite du quotient des dérivées n'existe pas et pourtant la limite du quotient des fonctions existe<ref>Exercice 25 de {{Harvsp|Bourchtein|Bourchtein|2014|p=131}} — voir aussi {{p.|127}}, exemple 22.</ref> :
:<math> \lim_{x \to 0}\frac{x^2\sin \left( 1/x \right)}{x} = \lim_{x \to 0}x\sin \left( 1/x \right) = 0</math>
:<math> \lim_{x \to 0}\frac{x^2\sin(1/x)}{x} = \lim_{x \to 0}x\sin(1/x)= 0</math>
alors que
alors que
:<math> \frac{2x\sin \left( 1/x \right) - \cos \left( 1/x \right)}{1}</math> n'admet pas de limite en 0.
:<math> \frac{2x\sin(1/x)- \cos(1/x)}1</math> n'admet pas de limite en 0.


Enfin, on prendra soin de vérifier que <math>g' \! \left( x \right)</math> est bien non nul au voisinage de <math>a</math>, sinon la règle n'est pas applicable. Par exemple<ref>{{Article|lang=de|auteur=[[Otto Stolz]]|titre=Ueber die Grenzwerthe der Quotienten|revue=[[Mathematische Annalen|Math. Ann.]]|vol=15|year=1879|p.=556-559|url=http://gdz.sub.uni-goettingen.de/en/dms/loader/img/?PPN=PPN235181684_0015&DMDID=DMDLOG_0039&LOGID=LOG_0039&PHYSID=PHYS_0569}} ({{p.|557}}). Voir aussi {{Harvsp|Bourchtein|Bourchtein|2014|p=128}} (exemple 23) et {{p.|131}} (exercice 26).</ref>, si
Enfin, on prendra soin de vérifier que {{mvar|g'}} est bien non nulle au voisinage de {{mvar|a}}, sinon la règle n'est pas applicable. Par exemple<ref>{{Article|lang=de|auteur=[[Otto Stolz]]|titre=Ueber die Grenzwerthe der Quotienten|revue=[[Mathematische Annalen|Math. Ann.]]|vol=15|year=1879|p.=556-559|url=http://gdz.sub.uni-goettingen.de/en/dms/loader/img/?PPN=PPN235181684_0015&DMDID=DMDLOG_0039&LOGID=LOG_0039&PHYSID=PHYS_0569}} ({{p.|557}}). Voir aussi {{Harvsp|Bourchtein|Bourchtein|2014|p=128}} (exemple 23) et {{p.|131}} (exercice 26).</ref>, si
:<math>f \! \left( x \right)=x+\cos x\sin x</math>
:<math>f(x)=x+\cos x\sin x</math>
:<math>g \! \left( x \right)=\mathrm e^{\sin x} \left( x+\cos x \sin x \right)</math>,
:<math>g(x)=\mathrm e^{\sin x}(x+\cos x\sin x)</math>,
alors
alors
:<math>f' \! \left( x \right)=2\cos^2x</math>
:<math>f'(x)=2\cos^2x</math>
:<math>g' \! \left( x \right)= \mathrm e^{\sin x}\cos x \,\left( x+\sin x\cos x+2\cos x \right)</math>
:<math>g'(x)=(x+\sin x\cos x+2\cos x)\mathrm e^{\sin x}\cos x</math>
donc
donc
:<math>\lim_{x\to +\infty}\frac{f' \! \left( x \right)}{g' \! \left( x \right)}
:<math>\lim_{x\to +\infty}\frac{f'(x)}{g'(x)}
=\lim_{x\to +\infty}\frac{2\cos x}{\mathrm e^{\sin x}\left( x+\sin x\cos x+2\cos x \right)}=0</math>
=\lim_{x\to +\infty}\frac{2\cos x}{\left( x+\sin x\cos x+2\cos x \right)\mathrm e^{\sin x}}=0</math>


mais
mais


:<math>\frac{f \! \left( x \right)}{g \! \left( x \right)}=\frac1{\mathrm e^{\sin x}}</math> n'admet pas de limite en <math>+ \infty</math> car <math>\frac1{\mathrm e^{\sin x}}</math> oscille entre <math>1/{\rm e}</math> et <math>\rm e</math>.
:<math>\frac{f(x)}{g(x)}=\frac1{\mathrm e^{\sin x}}</math> n'admet pas de limite en {{math|+∞}} car <math>\frac1{\mathrm e^{\sin x}}</math> oscille entre {{math|1/e}} et {{math|e}}.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
Ligne 94 : Ligne 94 :


==Voir aussi==
==Voir aussi==
=== Articles connexes ===
=== Article connexe===
[[Règle de L'Hôpital sur la monotonie]]

* [[Indétermination de la forme 0/0]]
* [[Indétermination de la forme ∞/∞]]
* [[Règle de L'Hôpital sur la monotonie]]


=== Lien externe ===
=== Lien externe ===
{{Lien web|lang=en|titre=The Stolz-Cesaro Theorem|auteur=Gabriel Nagy|url=https://www.math.ksu.edu/~nagy/snippets/stolz-cesaro.pdf}}{{Commentaire biblio SRL|Démonstration [[Espace à bases dénombrables de voisinages#Propriétés|séquentielle]] de la deuxième généralisation, à l'aide du [[Théorème de Stolz-Cesàro#Énoncé|cas <math>\cdot / \infty</math> du théorème de Stolz-Cesàro]].}}
{{Lien web|lang=en|titre=The Stolz-Cesaro Theorem|auteur=Gabriel Nagy|url=https://www.math.ksu.edu/~nagy/snippets/stolz-cesaro.pdf}}{{Commentaire biblio SRL|Démonstration [[Espace à bases dénombrables de voisinages#Propriétés|séquentielle]] de la deuxième généralisation, à l'aide du [[Théorème de Stolz-Cesàro#Énoncé|cas {{math|∙/∞}} du théorème de Stolz-Cesàro]].}}


{{Portail|analyse}}
{{Portail|analyse}}

Version du 24 août 2020 à 18:57

En mathématiques et plus précisément en analyse, la règle (ou le théorème) de L'Hôpital (ou de L'Hospital), également appelée règle de Bernoulli, utilise la dérivée dans le but de déterminer les limites difficiles à calculer de la plupart des quotients. Le théorème de Stolz-Cesàro est un résultat analogue concernant des limites de suites, mais utilisant les différences finies au lieu de la dérivée.

Historique

La règle porte le nom d'un mathématicien français du XVIIe siècle, Guillaume François Antoine, marquis de L'Hôpital, qui a publié l'Analyse des infiniment petits pour l'intelligence des lignes courbes (1696), premier livre de calcul différentiel à avoir été écrit en français. La règle de L'Hôpital apparaît dans cet ouvrage et constitue la proposition 1 de la section IX, § 163, p. 145[1] : l'objet de cette proposition consiste à donner la valeur d'une quantité y dépendant d'une variable pour la valeur a de cette variable, lorsque y s'écrit comme une fraction dont le numérateur et le dénominateur s'annulent tous deux en a.

L'auteur de la règle est sans doute Jean Bernoulli, car L'Hôpital payait à Bernoulli une pension de 300 livres par an pour le tenir informé des progrès du calcul infinitésimal[2],[3],[4] et pour résoudre les problèmes qu'il lui posait (comme celui de trouver la limite des formes indéterminées) ; de plus, ils avaient signé un contrat autorisant L'Hôpital à utiliser les découvertes de Bernoulli à sa guise[5]. Quand L'Hôpital publia son livre, il reconnut ce qu'il devait à Bernoulli et, ne voulant pas se voir attribuer son travail, publia anonymement. Bernoulli prétendit alors être l'auteur de l'ouvrage entier, ce qui fut longtemps cru, mais la règle n'en fut pas moins nommée d'après L'Hôpital, bien qu'il n'ait jamais prétendu l'avoir inventée[3].

Énoncé des règles de L'Hôpital

Principe

Soit a réel ou égal à ±∞, tel que les fonctions réelles f et g soient définies et dérivables au voisinage de a, la dérivée de g ne s'y annulant pas. Si nous essayons de déterminer la limite en a du quotient f/g, où le numérateur et le dénominateur tendent soit les deux vers zéro, soit les deux vers l'infini, alors nous pouvons dériver le numérateur et le dénominateur et déterminer la limite du quotient des dérivées. Si elle existe, la règle affirme que cette limite sera égale à la limite cherchée.

La règle, pour f et g définies (au moins) sur un intervalle d'extrémités a et b, est exposée ici pour des limites à droite en a avec –∞ ≤ a < b. Elle est bien sûr transposable à gauche avec b < a ≤ +∞ et la règle bilatérale, pour des limites épointées en un réel a, se déduit de la conjonction de ces deux règles latérales.

Énoncé simple

Dans l'ouvrage de L'Hôpital, la règle qui apparaît est celle communément utilisée dans le cas de deux fonctions dérivables en a et telles que le quotient f ' (a)/g ' (a) soit défini[6] :

Si f et g sont deux fonctions définies sur [a, b[, dérivables en a, et telles que f(a) = g(a) = 0 et g ' (a) ≠ 0, alors .

Généralisations

La règle de l'Hôpital a été généralisée à des situations où f et g sont supposées définies et dérivables à droite de a (ou à gauche de b), mais pas en a (a pouvant être réel ou infini). La première généralisation s'applique à des fonctions f et g dont la limite en a est nulle et la seconde à des fonctions f et g pour lesquelles la limite en a est infinie.

Soient f et g deux fonctions dérivables sur ]a, b[ et telles que g' ne s'annule pas.

  1. Si et alors [7],[8],[9].
  2. Si et si alors .

Il est en fait possible de démontrer la généralisation 2 sans utiliser l'hypothèse . Aussi seule l'hypothèse est-elle nécessaire, ce qui permet d'étendre le domaine d'application de la règle de l'Hôpital à des cas d'indétermination autres que +∞/+∞, notamment si f n'admet pas de limite en a.

Ces deux généralisations sont valides, que soit une limite réelle ou infinie. Leur démonstration[10] utilise le « théorème de la moyenne de Cauchy » (cf. théorème des accroissement finis généralisé)[11], avec plus de précaution pour la seconde[12],[13].

Utilisations

La règle n'est utilisable qu'en cas d'indétermination. Par exemple[14]

.

Dans le cas d'indétermination de la forme « 0/0 », l'énoncé simple peut souvent être utilisé[6], ou — comme dans la démonstration du théorème d'« intégration » terme à terme d'un développement limité — la première généralisation.

Dans le cas d'indétermination de la forme « ∞/∞ », c'est la seconde généralisation que l'on va employer :

.

Parfois, il faudra utiliser plusieurs fois la règle de l'Hôpital pour parvenir au résultat :

  •  ;
  • .

Certaines limites qui n'apparaissent pas a priori comme des limites de quotients peuvent cependant être obtenues avec cette règle :

.

Précautions à prendre

On remarquera que les formes généralisées ne donnent que des conditions suffisantes d'existence de la limite. Il existe donc des cas où la limite du quotient des dérivées n'existe pas et pourtant la limite du quotient des fonctions existe[15] :

alors que

n'admet pas de limite en 0.

Enfin, on prendra soin de vérifier que g' est bien non nulle au voisinage de a, sinon la règle n'est pas applicable. Par exemple[16], si

,

alors

donc

mais

n'admet pas de limite en +∞ car oscille entre 1/e et e.

Notes et références

  1. « Analyse des infiniment petits, pour l'intelligence des lignes courbes », sur Gallica.
  2. (en) Clifford Truesdell, « The New Bernoulli Edition », Isis, vol. 49, no 1,‎ , p. 54-62 (DOI 10.1086/348639, JSTOR 226604), résume p. 59-62 — en indiquant ses sources — ce « plus extraordinaire accord de l'histoire des sciences ».
  3. a et b (en) Ross L. Finney et George B. Thomas (en), Jr., Calculus, Addison-Wesley, , 2e éd., p. 390, aperçu de l'édition en espagnol de 1998 sur Google Livres.
  4. (en) Ansie Harding, « Storytelling for Tertiary Mathematics Students », dans Invited Lectures from the 13th International Congress on Mathematical Education, (lire en ligne), p. 205-206.
  5. (en) Eli Maor, e: The Story of a Number, Princeton University Press, (lire en ligne), p. 116.
  6. a et b Pour une démonstration et un exemple d'utilisation, voir l'exercice « Règle simple de L'Hôpital » sur Wikiversité.
  7. E. Ramis, C. Deschamps et J. Odoux, Cours de mathématiques spéciales, t. 3 : Topologie et éléments d'analyse, Masson, , p. 125.
  8. (en) Michael Spivak, Calculus, W. A. Benjamin, (lire en ligne), p. 179-180.
  9. Jacques Douchet et Bruno Zwahlen, Calcul différentiel et intégral, PPUR, (lire en ligne), p. 103.
  10. Voir « Règle de L'Hôpital » sur Wikiversité.
  11. En remplaçant son utilisation par celle de l'inégalité des accroissements finis pour les fonctions à valeurs vectorielles, on étend facilement la première généralisation au cas où f est à valeurs vectorielles : (en) J. Albrycht, « L'Hôpital's rule for vector-valued functions », Colloquium Mathematicum, vol. 2, nos 3-4,‎ , p. 176-177 (lire en ligne).
  12. Spivak 1967, p. 186, exercice 37.
  13. Douchet et Zwahlen 2006, p. 103-105.
  14. Spivak 1967, p. 185, exercice 33. Voir aussi (en) Andrei Bourchtein et Ludmila Bourchtein, CounterExamples: From Elementary Calculus to the Beginnings of Analysis, CRC Press, (lire en ligne), p. 126, exemple 21.
  15. Exercice 25 de Bourchtein et Bourchtein 2014, p. 131 — voir aussi p. 127, exemple 22.
  16. (de) Otto Stolz, « Ueber die Grenzwerthe der Quotienten », Math. Ann., vol. 15,‎ , p. 556-559 (lire en ligne) (p. 557). Voir aussi Bourchtein et Bourchtein 2014, p. 128 (exemple 23) et p. 131 (exercice 26).

Voir aussi

Article connexe

Règle de L'Hôpital sur la monotonie

Lien externe

(en) Gabriel Nagy, « The Stolz-Cesaro Theorem » — Démonstration séquentielle de la deuxième généralisation, à l'aide du cas ∙/∞ du théorème de Stolz-Cesàro.