Voir la source de Affaire Séralini

{{Article général|Débat sur les organismes génétiquement modifiés|Gilles-Éric Séralini}}
[[Fichier:Gilles-Eric Séralini, October 2015 (cropped).JPG|vignette|Le professeur Gilles-Eric Séralini, ici en 2015, auteur de l'article qui déclencha l'affaire en 2012.]]
L’'''affaire Séralini''' est déclenchée par la publication d'un [[Publication scientifique|article scientifique]]<ref name="acrimed">{{lien web |auteur=Sophia Aït Kaci |titre=OGM : retour sur « l’affaire Séralini » et le journalisme scientifique |url=https://www.acrimed.org/OGM-retour-sur-l-affaire-Seralini-et-le-journalisme-scientifique |date=29.7.2013 |consulté le=15.7.2018}}.</ref> dont l'auteur est [[Gilles-Éric Séralini]], {{Citation étrangère|langue=en|'''Long term toxicity of a Roundup herbicide and a Roundup-tolerant genetically modified maize'''}}<ref name=article>{{harvsp|Séralini|Clair|Mesnage|Gress|2012|texte=Séralini {{et al.}} (2012)}}</ref> (en français « Toxicité à long terme d'un herbicide Roundup et d'un maïs génétiquement modifié tolérant au Roundup »). L'article présente les conclusions d'une étude de la [[toxicité]] à long terme (deux ans) du [[Roundup]] (un [[herbicide]] à base de [[glyphosate]]) et du [[NK 603]] (un [[maïs génétiquement modifié]] pour le rendre [[Résistance au glyphosate|tolérant au glyphosate]]) sur des [[Rat de laboratoire|rats de laboratoire]]. Les auteurs affirment que les rats femelles ayant ingéré du maïs OGM et/ou du Roundup sont morts significativement plus rapidement que ceux du [[Groupe de contrôle|groupe témoin]]. Les auteurs concluent également que les rats mâles et femelles testés développent significativement plus de [[tumeur]]s que les témoins et que l'ingestion de maïs OGM et/ou de Roundup provoque des problèmes hormonaux et de toxicité au foie et aux reins<ref name="article" />.

Le {{date|19 septembre 2012}}, jour de la publication initiale dans la [[revue scientifique]] à [[Évaluation par les pairs|comité de lecture]] ''{{Langue|en|[[Food and Chemical Toxicology]]}}'', une {{citation|mise en scène médiatique}} est orchestrée par une [[agence de communication]], qui propose à des journalistes français l'exclusivité des résultats sous des conditions d'[[embargo d'information]]. Elle entraîne une agitation médiatique et politique, notamment à l'encontre du groupe [[Monsanto]]<ref name="Nau">{{lien web |auteur=Jean-Yves Nau |titre=Affaire Séralini: six ans après, l'heure des comptes |url=https://www.slate.fr/story/164159/cancer-ogm-affaire-seralini-rebondissement |site=[[Slate (magazine)|Slate]] |date=5.7.2018 |consulté le=15.7.2018}}.</ref>{{,}}<ref name="acrimed"/>. La publication de l'étude a été accompagnée par la sortie d'un livre de Gilles-Éric Séralini, d'un livre de [[Corinne Lepage]],  et d'un documentaire, ''[[Tous cobayes ?]]''.

Les conclusions de l'article, et la mise en scène médiatique qui les a accompagnées, ont fait l'objet de critiques à la fois scientifiques et médiatiques<ref name="francetvinfo">Catherine Fournier, [https://www.francetvinfo.fr/moisson-de-critiques-apres-l-etude-choc-sur-la-toxicite-des-ogm_143521.html « Moisson de critiques après l'étude choc sur la toxicité des OGM »], ''[[France Télévisions|francetvinfo.fr]]'', 20 septembre 2012.</ref>{{,}}<ref name="OBS2892">Rachel Mulot, Hervé Ratel, Olivier Hertel et Loïc Chauveau, [http://sciencesetavenir.nouvelobs.com/sante/20120919.OBS2892/ogm-l-etude-choc-decryptee-par-sciences-et-avenir.html « OGM : première analyse critique de l'étude choc »], ''[[Sciences et Avenir]]'', 19 septembre 2012.</ref>{{,}}<ref name="Hertel">Olivier Hertel, [http://sciencesetavenir.nouvelobs.com/sante/20120919.OBS2897/ogm-je-n-ai-jamais-vu-ca-il-faut-envoyer-une-commission-d-enquete-dans-le-labo-ou-cela-a-ete-fait.html « OGM : « Je n'ai jamais vu ça. Il faut envoyer une commission d'enquête dans le labo où cela a été fait ! » »], ''[[Sciences et Avenir]]'', 19 septembre 2012.</ref>{{,}}<ref name="VIB">{{en}} [http://www.vib.be/en/news/Pages/VIB-exceptionally-sceptical-about-the-Séralini-research.aspx « VIB exceptionally sceptical about the Séralini research »], communiqué de presse du {{lien|Vlaams Instituut voor Biotechnologie|lang=en|texte=VIB}}, 20 septembre 2012.</ref>{{,}}<ref>{{en}} Jonathan Amos, [https://www.bbc.co.uk/news/science-environment-19654825 « French GM-fed rat study triggers furore »], [[BBC News]], 19 septembre 2012.</ref>{{,}}<ref name="New Scientist">{{en}} Debora MacKenzie, [https://www.newscientist.com/article/dn22287-study-linking-gm-crops-and-cancer-questioned.html « Study linking GM crops and cancer questioned »], ''[[New Scientist]]'', 19 septembre 2012.</ref>{{,}}<ref>{{en}} [http://www.sciencemediacentre.org/pages/press_releases/12-09-19_gm_maize_rats_tumours.htm « Expert reaction to GM maize causing tumours in rats »], communiqué de presse du Science Media Centre (SMC), 19 septembre 2012.</ref>{{,}}<ref>[[Jean-Yves Nau]], [http://www.slate.fr/story/62055/mais-ogm-monsanto-rat-tumeur-etude-contestee « Maïs OGM Monsanto, l'étrange affolement du gouvernement français »], ''[[Slate (magazine)|Slate.fr]]'', 19 septembre 2012.</ref>{{,}}<ref>[https://www.lemonde.fr/planete/video/2012/09/21/etude-choc-sur-les-ogm-coup-de-pub-ou-scandale-sanitaire_1763918_3244.html « Étude choc sur les OGM : coup de pub ou scandale sanitaire ? »], ''[[Le Monde|lemonde.fr]]'', 21 septembre 2012.</ref>{{,}}<ref>{{en}} Dan Charles, [https://www.npr.org/blogs/thesalt/2012/09/20/161424735/as-scientists-question-new-rat-study-gmo-debate-rages-on « As Scientists Question New Rat Study, GMO Debate Rages On »], ''The Salt'', [[National Public Radio|NPR]], 20 septembre 2012.</ref>{{,}}<ref>{{en}} Andrew Pollack, [https://www.nytimes.com/2012/09/20/business/energy-environment/disputed-study-links-modified-corn-to-greater-health-risks.html?_r=0 « Foes of Modified Corn Find Support in a Study »], ''[[The New York Times]]'', 20 septembre 2012, {{p.}}B5.</ref>. L'étude est qualifiée par l'[[Autorité européenne de sécurité des aliments]] (AESA) comme étant d'une {{citation|qualité scientifique insuffisante}}<ref name="AESA">[http://www.efsa.europa.eu/fr/press/news/121004 « L'EFSA publie son examen initial de l'étude sur le maïs GM et les herbicides »], communiqué de presse de l'AESA, 4 octobre 2012.</ref>.  

En {{date-|novembre 2013}}, dans la revue ''Food and Chemical Toxicology'', l'étude est rétractée. Son rédacteur en chef Wallace Hayes et le tiers expert Bruce Chassy étaient tous deux liés financièrement à Monsanto au moment du retrait de l'article<ref name="hayes">{{en}} [http://baumhedlundlaw.com/pdf/monsanto-documents/10-Monsanto-Consulting-Agreement-with-Food-and-Chemical-Toxicology-Editor.pdf Monsanto Papers : lien avec Wallace Hayes]</ref>{{,}}<ref name="Chassy">{{en}} [https://www.gmwatch.org/en/news/latest-news/16806-prof-bruce-chassy-failed-to-disclose-monsanto-funding Monsanto Papres : lien avec Bruce Chassy]</ref>. L'étude est republiée en juin 2014 dans ''Environmental Sciences Europe''<ref name=Seralini2014>{{Article |langue=fr |auteur1=Séralini et al. |titre=Long-term toxicity of a Roundup herbicide and a Roundup-tolerantgenetically modified maize |périodique=Environmental Sciences Europe volume |date=24 juin 2014 |lire en ligne=https://enveurope.springeropen.com/articles/10.1186/s12302-014-0014-5 |doi=10.1186/s12302-014-0014-5}}</ref>.

== Résultats allégués par les auteurs ==
Selon les auteurs de l'article, les résultats mis en évidence par ces travaux sont les suivants :
* les femelles exposées au [[Roundup]] et/ou au [[NK 603]] présentent une mortalité deux à trois fois plus importante que les témoins et des mortalités plus précoces ;
* une différence de mortalité est aussi visible sur trois groupes de mâles ;
* tous les résultats sont hormono- et sexe-dépendants ;
* les femelles développent des tumeurs plus souvent et plus importantes que les témoins ;
* les équilibres hormonaux sont modifiés par l'OGM et le Roundup ;
* chez les mâles les congestions et nécroses du foie sont 2,5 à 5 fois plus fréquentes ;
* de même les néphropathies moyennes à sévères sont 1,3 à 2,3 fois plus fréquentes ;
* les mâles présentent des tumeurs palpables quatre fois plus grosses ;
* les données biochimiques montrent des problèmes rénaux chez tous les sexes et traitements, 76 % des pathologies sont liées aux reins.

=== Mécanismes proposés ===
Pour le [[Roundup]], ils justifient l'absence de [[relation dose-effet]], normalement attendue en [[toxicologie]], en supposant que le Roundup serait un [[perturbateur endocrinien]] plus toxique à faibles doses qu'à fortes doses.

Ces mécanismes sont en contradiction avec des études financées par le producteur du maïs testé, [[Monsanto]]<ref name="PMID21798302">http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0273230011001516, {{PMID|21798302}} {{Citation étrangère
 |langue=en
 |This research was supported by the Monsanto Company, St. Louis, Missouri.}}</ref>{{,}}<ref name="PMID2268339">http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0273230012000943, {{PMID|22683395}} {{Citation étrangère
 |langue=en
 |This research was supported by the Monsanto Company, St. Louis, Missouri.}}</ref>. D'autre part si les effets des perturbateurs endocriniens peuvent être non linéaires<ref>{{lien web |titre=Toxicology : The learning curve |url=http://www.nature.com/news/toxicology-the-learning-curve-1.11644#curves |site=Nature.com |date=24-10-2012 |consulté le=28-07-2020}}.</ref>, {{refnec|ils ne sont jamais totalement annulés ou inversés, ce qui est le cas dans cette étude où 1 rat mâle est mort à la fin de l'expérience dans le lot de 10 soumis à la plus forte dose, contre 3 dans le lot de 10 qui n'ont pas été exposés}}.

Le mécanisme décrit par Séralini dans le [[NK 603]] (réduction de la production d'un antioxydant) est une hypothèse basée sur l'analyse de la variation des niveaux d’acides phénoliques mesurés.

== Financements ==
L'étude a bénéficié de financements gérés par le [[Comité de recherche et d'information indépendantes sur le génie génétique|CRIIGEN]]<ref>[[Agence France-Presse|AFP]], [https://www.lemonde.fr/planete/article/2012/10/26/l-equipe-seralini-accuse-l-efsa-de-mauvaise-foi_1781695_3244.html « L'équipe Séralini accuse l'EFSA de « mauvaise foi » »], ''[[Le Monde|lemonde.fr]]'', 26 octobre 2012.</ref>.
Ces financements proviennent de l'association Consommateurs et entreprises responsables (CERES)<ref>Benjamin Neumann, [http://lexpansion.lexpress.fr/entreprise/le-fondateur-d-auchan-traque-les-risques-des-ogm_152215.html « Le fondateur d'Auchan traque les risques des OGM »], ''[[L'Expansion]]'', 30 avril 2008.</ref>, qui regroupe des entreprises de l'agroalimentaire et les groupes de la grande distribution [[Auchan]] et [[Carrefour (enseigne)|Carrefour]]<ref>[http://tempsreel.nouvelobs.com/ogm-le-scandale/20120918.OBS2789/ogm-quand-la-grande-distribution-finance-une-etude-choc.html « OGM : quand la grande distribution finance une étude choc »], ''[[nouvelobs.com]]'', 18 septembre 2012.</ref>, et de la [[Fondation Charles Léopold Mayer pour le progrès de l'Homme]], ainsi que le sénateur [[Union pour un mouvement populaire|UMP]] de la Moselle [[François Grosdidier]], ce dernier précisant à ce propos que {{citation|la seule vraie question à se poser, c'est pourquoi il n'est pas financé par l'État, pourquoi j'ai dû même affecter ma réserve parlementaire pour cofinancer ces études ?}}<ref name=Grosdidier>[[Agence France-Presse|AFP]], [http://www.liberation.fr/societe/2012/09/26/l-etude-du-pr-seralini-sur-les-ogm-cofinancee-par-le-senateur-grosdidier_849082 « L'étude du {{Pr}} Séralini sur les OGM cofinancée par le sénateur Grosdidier »], ''[[Libération (journal)|libération.fr]]'', 26 septembre 2012.</ref>.

== Résumé des arguments critiques ==
Cette étude va faire l'objet d'une réfutation par nombre des scientifiques, agronomes, mathématiciens, et agences sanitaires, et par certains membres d'académies françaises. La bibliothèque scientifique en ligne ''Science Direct'' a publié les lettres de critiques<ref>http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0278691512005637</ref>, mais aussi de soutiens<ref>Letter to the Editor, Marcel Roberfroid http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0278691514000039</ref>, envoyées à l'éditeur, ce qui se fait habituellement dans le cadre du débat scientifique. À la suite de ces critiques, les auteurs de l'étude ont publié un droit de réponse pour discuter des critiques<ref>Answers to critics: Why there is a long term toxicity due to a Roundup-tolerant genetically modified maize and to a Roundup herbicide http://www.gmoseralini.org/wp-content/uploads/2013/01/Seralinial-AnswersCritics-FCT_2013.pdf</ref>. À la suite du retrait de l'étude, les auteurs publieront un second droit de réponse dans la revue afin d'y dénoncer les « doubles standards » éthiques et scientifiques appliqués par l'éditeur de ''Food and Chemical Toxicology''<ref>G.E. Séralini, R. Mesnage, N. Defarge, J. Spiroux de Vendômois [http://ac.els-cdn.com/S0278691514002002/1-s2.0-S0278691514002002-main.pdf?_tid=319ac3a8-e00c-11e3-b0db-00000aab0f27&acdnat=1400583052_56b994f4f72f7497885820bcef1138ab Conclusiveness of toxicity data and double standards], ''Food and Chemical Toxicology'', ''Available online 18 April 2014''</ref> pour avoir maintenu des articles favorables aux OGM (Hammond & al, 2004<ref>B. Hammond, R. Dudek, J. Lemen, M. Nemeth, [http://www.sourcewatch.org/images/8/87/Hammond_Study_NK603.pdf Results of a 13 week safety assurance study with rats fed grain from glyphosate tolerant corn], ''Food and Chemical Toxicology'' 42 (2004) 1003–1014</ref> et Zhang & al<ref name=":0">Min Zhang, Qin Zhuo, Yuan Tian, Jianhua Piao, Xiaoguang Yang, [http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0278691513007102 Long-term toxicity study on transgenic rice with Cry1Ac and sck genes], ''Food and Chemical Toxicology'', Volume 63, January 2014, Pages 76–83</ref>, 2014), mais pouvant être, selon eux, critiqués sur les mêmes points que leur étude (protocole, durée, souche de rat).

=== Durée de l'étude ===
Les auteurs de l'étude déclarent que celle-ci fut conduite sur une période plus longue que celles faites pour les [[Autorisation de mise sur le marché|autorisations de mise sur le marché]], ce qui a été admis par le toxicologue [[Gérard Pascal]], qui déclarait au ''[[Le Monde|Monde]]''<ref name="Garric"/> : {{citation bloc |Effectivement, il n'y a jamais eu d'étude de cancérogenèse liée aux OGM ni d'étude toxicologique à long terme. La plupart des travaux sur le sujet, rassemblés dans une analyse publiée en mars-avril dans la ''{{Langue|en|[[Food and Chemical Toxicology]]}}'', ont été menés sur des durées de trois mois. Si certains ont bel et bien duré plus longtemps, jusqu'à un an, ils ne portent pas sur des espèces de rongeurs, mais sur des animaux plus gros. Or, si une étude de deux ans est significative sur un rat car elle couvre les deux-tiers de son espérance de vie, travailler un an sur un chien n'est pas suffisant car cela représente à peine 10 % de sa durée de vie. L'ampleur des travaux du professeur Séralini est donc sans précédent.}}

Cette situation est régulière. Dans la procédure d'autorisation d'une substance, il est d'abord testé la toxicité à forte dose et à faible durée, comme la [[dose létale médiane]]. Une fois cette mesure connue, les études à long terme doivent vérifier l'absence d'effet à long terme d'une faible dose, ce qui permet de calculer la [[dose journalière admissible]] et des [[limite maximale de résidus|limites maximales de résidus]]. Dans le cas des OGM, la [[dose létale médiane]] n'existe pas : aucune dose d'OGM à court terme ne provoque de mortalité ou de pathologie{{référence à confirmer}}<ref>{{Article|langue=en|prénom1=David|nom1=Demortain|titre=Regulatory Toxicology in Controversy|périodique=Science, Technology, & Human Values|volume=38|numéro=6|date=2013-11|issn=0162-2439|issn2=1552-8251|doi=10.1177/0162243913490201|lire en ligne=http://journals.sagepub.com/doi/10.1177/0162243913490201|consulté le=2019-03-29|pages=727–748}}</ref>.

Parmi les études recherchant les effets sur la santé animale d'une alimentation contenant des OGM, celles s'intéressant spécifiquement aux effets à long terme et sur plusieurs générations sont peu nombreuses. Elles ont été recensées dans un [[article de revue]] publié par la revue ''{{langue|en|Food and Chemical Toxicology}}'' en {{date-|mars 2012}}<ref name="HCB">[http://www.hautconseildesbiotechnologies.fr/IMG/pdf/Etude_Seralini_Avis_CS_HCB_121019.pdf Avis en réponse à la saisine du 24 septembre 2012 relative à l'article de Séralini ''et al.'' (''Food and Chemical Toxicology'', 2012)] et [http://www.hautconseildesbiotechnologies.fr/IMG/pdf/HCB_-_CEES_Recommandation_saisine_Seralini_19octobre2012.pdf Recommandation relative à l'article de G.-E. Séralini et al.], Haut Conseil des biotechnologies, 19 octobre 2012.</ref>{{,}}<ref>{{Bibliographie|Q28254972}}.</ref>{{,}}<ref>{{Article |langue=ja |sous-titre=[A 104-week feeding study of genetically modified soybeans in F344 rats] |titre=遺伝子組換え大豆のF344ラットによる104週間摂取試験 |prénom1=Y. |nom1=Sakamoto |et al.=oui |périodique=Journal of the Food Hygienic Society of Japan |volume=4 |numéro=49 |année=2008 |pages=272-282 |pmid=18787312 |doi=10.3358/shokueishi.49.272 |lire en ligne=https://www.jstage.jst.go.jp/article/shokueishi/49/4/49_4_272/_article}}</ref>{{,}}<ref>{{Bibliographie|Q34012931}}</ref>. Aucune de ces études ne porte spécifiquement sur le [[NK 603]].  

=== Souche de rats utilisée ===
Ces résultats ont été critiqués par une partie de la communauté scientifique car obtenus avec une lignée de rats (souche dite « de Sprague-{{Langue|en|Dawley}} ») habituellement utilisée en toxicologie<ref>Jean-François Narbonne, [https://www.huffingtonpost.fr/jeanfrancois-narbonne/lacunes-resultats-suprenants-et-inexplicables-letude-anti-ogm-sur-la-sellette_b_1902634.html « Lacunes, résultats inexplicables : l'étude anti-OGM sur la sellette »], ''[[Le Huffington Post]]'', 21 septembre 2012.</ref> mais développant fréquemment des tumeurs, particulièrement lorsque leur alimentation n'est pas contrôlée. Or, l'étude ne précise pas le régime alimentaire des rats, ni les mesures des niveaux de contamination du maïs (Roundup, mycotoxines, contaminants industriels{{etc.}}). Gilles-Éric Séralini rétorque que {{citation|la composition de la nourriture et la présence des mycotoxines et autres éléments étaient précisément contrôlées, mais il n'était pas possible d'indiquer tous ces détails dans l'article principal}}<ref name="Reporterre">Eduardo Febbro et [[Hervé Kempf]], [http://www.reporterre.net/spip.php?article3280 « Séralini répond à ses détracteurs »], ''Reporterre'', 4 octobre 2012.</ref>. De plus, le {{Pr}} Séralini affirme<ref name="Reporterre"/>{{,}}<ref>Sophie Verney-Caillat, [https://www.nouvelobs.com/rue89/rue89-planete/20120921.RUE2598/tumeurs-sur-des-rats-les-reponses-a-vos-questions-sur-les-ogm.html « Tumeurs sur des rats : les réponses à vos questions sur les OGM »], ''[[Rue89]]'', nouvelobs.com, 21 septembre 2012.</ref> que ces rats sont de la même souche que ceux utilisés par l'industrie des biotechnologies et de la chimie pour réaliser leurs propres tests, mais sur une durée plus courte, dite « sub-chronique » où ce choix est pertinent puisque cette souche développe beaucoup plus de tumeurs endocrines que les autres, ce qui permet de tester rapidement la cancérogénicité ou le caractère de perturbateur endocrinien d'une substance, et ce en seulement cinq semaines<ref name="Nakazawa2001">{{Bibliographie|Q33948932}}</ref>.

Dans le fond, le problème n'est pas tant la souche de rat que l'interprétation des données, puisque les tumeurs sont très fréquentes chez cette souche de rats. À deux ans, la santé de cette souche de rats est très affectée<ref>{{article|langue=en|périodique=[[Journal of Nutrition]]|date=mai 1997|volume=127|numéro=5|pages=851S–856S|titre=The effects of diet, overfeeding and moderate dietary restriction on Sprague-Dawley rat survival, disease and toxicology|nom1=Keenan|prénom1=Kevin P.|nom2=Ballam|prénom2=Gordon C.|nom3=Dixit|prénom3=Rakesh|nom4=Soper|prénom4=Keith A.|nom5=Laroque|prénom5=Philippe|nom6=Mattson|prénom6=Britta A.|nom7=Adams|prénom7=Stephen P.|nom8=Coleman|prénom8=John B.|pmid=9164252|lire en ligne=http://jn.nutrition.org/content/127/5/851S.full}}.</ref>{{,}}<ref name="Nakazawa2001"/> y compris dans les études antérieures sans rapport avec l'introduction des OGM dans la biosphère<ref>{{article|langue=en|périodique=Journal of Cancer Research and Clinical Oncology|date=octobre 1979|volume=95|numéro=2|pages=187–196|titre=Spontaneous endocrine tumors in Sprague-Dawley rats|nom1=Suzuki|prénom1=H.|nom2=Mohr|prénom2=U.|nom3=Kimmerle|prénom3=G.|pmid=521452|doi=10.1007/BF00401012}}.</ref>. Le premier OGM destiné à la consommation animale, le soja tolérant au Roundup (''Roundup Ready''), fut mis sur le marché en 1996, et de nombreux travaux bien antérieurs à cette date montrent les mêmes pathologies que celles attribuées aux OGM par Séralini<ref name="ncbi">{{Article |langue=en |auteur1=G Kimmerle |titre=Spontaneous endocrine tumors in Sprague-Dawley rats - PubMed |périodique=Journal of cancer research and clinical oncology |volume=95 |numéro=2 |date=01-10-1979 |pages=187–196 |issn=0171-5216 |lire en ligne=https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/521452 |consulté le=28-07-2020 |pmid=521452 |doi=10.1007/BF00401012}}.</ref>{{,}}<ref name="ncbi2">{{Article |langue=ja |auteur1=Y Hayashi |titre=[Spontaneous tumors in aged SD-JCL rats (author's transl)] - PubMed |périodique=Jikken dobutsu. Experimental animals |volume=26 |numéro=1 |date=01-01-1977 |pages=13–22 |issn=0007-5124 |lire en ligne=https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/558099 |consulté le=28-07-2020 |pmid=558099 |doi=10.1538/expanim1957.26.1_13}}.</ref>. L'étude de Zhang ''et al.'' sur un riz OGM a été acceptée par le même journal dans l'édition de {{date-|janvier 2014}} : pour une durée de 78 semaines les auteurs ont utilisé trois groupes de 60 rats Sprague-Dawley chacun<ref name=":0" /> : un groupe consommant l'aliment riche en riz OGM, un groupe avec un aliment témoin contenant du riz non OGM et un témoin sans riz. Les auteurs ont pris soin de signaler le poids et la consommation alimentaire de chaque groupe, ce qui permet d'évacuer un éventuel biais lié aux surpoids des animaux. Les auteurs concluent à l'absence d'effet négatif sur la santé des animaux.

Cette souche de rats est par ailleurs connue pour développer bien plus de tumeurs s'ils reçoivent une nourriture trop riche. L’étude de Hubert ''et al.'' sur 120 rats<ref>{{lien web |auteur1=Hubert, Marie-Françoise |auteur2=Laroque, Philippe |auteur3=Gillet, Jean-Pierre |titre=The Effects of Diet, ad Libitum Feeding, and Moderate and Severe Dietary Restriction on Body Weight, Survival, Clinical Pathology Parameters, and Cause of Death in Control Sprague-Dawley Rats |url=http://toxsci.oxfordjournals.org/content/58/1/195.full |site=Oxfordjournals.org |date=01-11-2000 |consulté le=28-07-2020}}.</ref> a montré que le taux de mortalité à deux ans en fonction de l’alimentation et du sexe varie de 0 % a 75 %. La santé générale des animaux est aussi considérablement améliorée en réduisant l'apport calorique, la cause de mortalité la plus courante étant pour tous les groupes les tumeurs du même type que celle mise en évidence par Séralini.

=== Méthode d'analyse ===
La méthode d'analyse utilisée dans l'étude est unique, et a été critiquée comme étant développée « sur mesure » par rapport aux données<ref name="New Scientist"/>.

Selon certains scientifiques, dont le toxicologue [[Gérard Pascal]], aujourd'hui consultant pour l'agro-alimentaire, les résultats ne sont de plus pas statistiquement significatifs, les deux groupes témoins n'étant composés que de dix rats mâles et dix rats femelles<ref name="Garric">Audrey Garric, [https://www.lemonde.fr/planete/article/2012/09/20/ogm-le-protocole-d-etude-de-m-seralini-presente-des-lacunes-redhibitoires_1762772_3244.html « OGM : « Le protocole d'étude de M. Séralini présente des lacunes rédhibitoires » »], ''[[Le Monde|lemonde.fr]]'', 20 septembre 2012.</ref>. Gérard Pascal explique qu'en cancérogenèse, les études doivent se faire sur des groupes de cinquante rats de chaque sexe. Séralini répond qu'il ne s'agit pas d'une étude de cancérogenèse<ref name="Garric" />, et que les auteurs n'ont d'ailleurs pas vérifié si les tumeurs trouvées étaient cancéreuses. Le statisticien Marc Lavielle, membre du [[Haut Conseil des biotechnologies]], relevait le même défaut statistique concernant d'autres études ayant conclu à l'innocuité des OGM pour les animaux<ref>Olivier Hertel, [http://sciencesetavenir.nouvelobs.com/decryptage/20120326.OBS4624/comment-une-etude-a-t-elle-conclu-a-l-innocuite-des-ogm-pour-les-animaux.html « Comment une étude a-t-elle conclu à l'innocuité des OGM pour les animaux ? »], ''[[Sciences et Avenir]]'', {{n°|781}}, 26 mars 2012.</ref>, tout en reconnaissant la validité de cette critique<ref>[[Stéphane Foucart]], [https://www.lemonde.fr/planete/article/2012/09/25/ogm-les-vrais-et-faux-arguments-du-professeur-seralini_1765303_3244.html « OGM : les vrais et faux arguments du {{Pr}} Gilles-Eric Séralini »], ''[[Le Monde|lemonde.fr]]'', 25 septembre 2012.</ref>.

Dans une tribune de soutien à Séralini<ref>Paul Deheuvels, [http://leplus.nouvelobs.com/contribution/646458-etude-de-seralini-sur-les-ogm-pourquoi-sa-methodologie-est-statistiquement-bonne.html « Étude de Séralini sur les OGM : pourquoi sa méthodologie est statistiquement bonne »], ''[[Le Nouvel Observateur|Le Plus]]'', 9 octobre 2012.</ref>, Paul Deheuvels, statisticien et membre de l'[[Académie des sciences (France)|Académie des sciences]] affirme que la {{citation|méthodologie est statistiquement bonne}}. Son intervention à l'OPECST, l'[[Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques]] de l'[[Assemblée nationale (France)|Assemblée nationale]] en soutien à Gilles-Éric Séralini a été qualifiée d'enfumage et de mensonge par le journaliste Sylvestre Huet<ref name="sc">http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2012/11/affaire-s%C3%A9ralini-une-audition-%C3%A0-lassembl%C3%A9e-nationale-2.html</ref>. Paul Deheuvels n'a en effet pas réalisé une vraie expertise chiffrée permettant de confirmer mathématiquement parlant les différences entre les groupes : à l'inverse d'un test de toxicologie standard court et avec des animaux qui doivent rester en bonne santé toute la durée du test, l'étude de Séralini porte sur des animaux dont une bonne partie sont naturellement malades ou morts à la fin de l'expérience, la durée retenue correspondant à une vie entière chez l'animal<ref>http://www.journaldelascience.fr/sante/enquetes/rats-et-ogm-letude-pr-seralini-est-elle-scientifiquement-valide-2757</ref>.  

Le [[Haut Conseil des biotechnologies]] a effectué un traitement statistique<ref name=":1">{{Lien web|langue=|titre=Avis en réponse à la saisine du 24 septembre 2012 relative à l'article de Séralini et al. (2012).|url=http://www.hautconseildesbiotechnologies.fr/fr/avis/avis-reponse-a-saisine-24-septembre-2012-relative-a-larticle-seralini-al-2012|site=hautconseildesbiotechnologies.fr|date=19 octobre 2012|consulté le=19 mai 2017}}.</ref> qui montre qu'il n'y a aucune différence entre les groupes témoins et soumis à l'OGM et/ou Roundup<ref name="Huet201210">[[Sylvestre Huet]], [http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2012/10/ogm-lavis-du-hcb-sur-larticle-de-s%C3%A9ralini.html « OGM : l'avis du HCB sur l'article de Séralini »], ''{SCIENCES²}'', ''[[Libération (journal)|liberation.fr]]'', 22 octobre 2012.</ref>. Cette conclusion ne signifie pas que l'OGM et le glyphosate sont sans effet, mais que si cet effet existe, il est inférieur à la variabilité naturelle de morbidité et mortalité. Les groupes expérimentaux ont une durée de vie conforme aux données des témoins historiques communiqués par l'éleveur pour la souche de rat utilisé. Seize des 18 groupes sont dans l'intervalle de confiance à 95 % : le témoin femelle semble avoir une survie anormalement élevée et un groupe mâle une mortalité marginalement trop forte<ref name="Huet201210"/>. D'après le HCB, ces résultats confirment la non conclusivité de l'étude: {{Citation|Cela confirme la fragilité statistique de résultats obtenus à partir d'aussi faibles effectifs: on ne peut donc tirer des données de l'article aucune conclusion formelle quant à l'effet des différents régimes sur la survie des rats}}<ref name=":1" />.

Un reporter de la revue scientifique ''[[Nature (revue)|Nature]]'' précise que le nombre de rats nécessaires pour une étude à 90 jours est logiquement différent de celui pour une étude à long terme vu l'augmentation de variabilité avec le temps<ref name="Butler">{{article|langue=en|auteur1=Declan Butler|titre=Hyped GM maize study faces growing scrutiny|périodique=[[Nature (revue)|Nature]]|date=11 octobre 2012|volume=490|numéro=7419|pages=158|doi=10.1038/490158a}}.</ref>. Il souligne que l'étude ne respecte pas les critères minimum de fiabilité statistique établis par l'[[Organisation de coopération et de développement économiques|OCDE]] pour une telle étude. Alors que dix rats par sexe et par groupe correspond aux critères de l'OCDE pour des études de 90 jours, l'étude de Séralini durait plus de deux ans, durée pour laquelle {{citation|l'OCDE recommande au moins vingt rats de chaque sexe par groupe pour des études de toxicité, et au moins cinquante pour des études de carcinogenèse<ref name=Butler/>.}}
De plus, selon lui, si la souche de rats utilisée n'a pas une survie de 50 % après 104 semaines (ce qui est le cas des rats Sprague-Dawley dont la survie des mâles après 104 semaines n'est que de 30 %), les groupes devraient être encore plus grands, de 65 rats au minimum pour chaque sexe. Selon ces critères, l'étude du {{Pr}} Séralini aurait dû utiliser au minimum six fois plus de rats par groupe pour être significative<ref name="Butler" />.

Le journaliste [[Sylvestre Huet]] considère qu'il s'agit d'une tentative de brouillage délibéré comparable aux études « prouvant » l'innocuité du tabac<ref name="Huet201210"/>. Après cette étude, l'AESA a publié en {{date-|juillet 2013}} un document rappelant que la taille minimale des groupes pour les études de deux ans sur les animaux doit être en adéquation avec l’effet recherché<ref name=":2">{{Article|langue=anglais|auteur1=European Food Safety Authority|titre=Considerations on the applicability of OECD TG 453 to whole food/feed testing|périodique=EFSA Journal|date=2013|issn=1831-4732|lire en ligne=https://dx.doi.org/10.2903/j.efsa.2013.3347|pages=11(7) 3347, 18 pp}}</ref>. Le protocole de l'équipe du {{Pr}} Séralini présente une faiblesse à ce niveau : compte tenu du très fort taux d'incidence chez les témoins, 40 animaux par groupe aurait été nécessaire pour observer un effet d'au moins 30 %. Séralini le reconnaît lui-même et répond qu’il n’avait pas les financements nécessaires pour avoir des groupes témoins plus grands<ref>« Bien sûr, notre étude a des limites : au lieu de 10 rats par groupe, nous aurions dû travailler sur des groupes de 50 rats. Mais pour cela, il nous fallait 20 millions », « Séralini : "Notre étude sur les OGM porte sur deux ans, contre trois mois seulement pour celles autorisant les cultures..." », Libération, 12 octobre 2012, [http://www.liberation.fr/terre/2012/10/12/seralini-notre-etude-sur-les-ogm-porte-sur-deux-ans-contre-trois-mois-seulement-pour-celles-autorisa_852582]</ref>.

{| class="wikitable"
|+Nombre d'unités d'expérimentation nécessaires, pour différentes sensibilités escomptées et en fonction de la prévalence dans le témoin<ref name=":2" />
|-
!
! colspan="5" |Prévalence des tumeurs pour le groupe témoin
|-
!Différence détectable
|5 %
|15 %
|30 %
|45 %
|-
!1 %
|4197
|11222
|20288
|27588
|-
!5 %
|225
|500
|854
|1138
|-
!10 %
|73
|140
|226
|296
|-
!20 %
|26
|42
|63
|80
|-
!30 %
|14
|22
|31
|40
|}

=== Conditions de publication ===
Les conditions de publication de l'étude ont également été critiquées. L'étude a en effet été communiquée avant sa publication à une partie de la presse sans que les journalistes puissent demander l'avis d'experts comme c'est l'usage (principe de l'[[embargo d'information]]). Ainsi dans son article initial, ''[[Le Monde]]'' précise : {{Citation|Cependant et de manière inhabituelle, ''Le Monde'' n'a pu prendre connaissance de l'étude sous [[Embargo d'information|embargo]] qu'après la signature d'un accord de confidentialité expirant le mercredi 19 septembre dans l'après-midi. ''Le Monde'' n'a donc pas pu soumettre pour avis à d'autres scientifiques l'étude de M. Séralini. Demander leur opinion à des spécialistes est généralement l'usage, notamment lorsque les conclusions d'une étude vont à rebours des travaux précédemment publiés sur le sujet.}}<ref>[[Stéphane Foucart]], [https://www.lemonde.fr/planete/article/2012/09/19/un-ogm-de-monsanto-soupconne-de-toxicite_1762236_3244.html « Un maïs OGM de Monsanto soupçonné de toxicité »], ''[[Le Monde|lemonde.fr]]'', 19 septembre 2012.</ref>. Un éditorial de la revue ''[[Nature (revue)|Nature]]'' a qualifié ces conditions de {{citation|restrictions scandaleuses}}<ref>{{article|langue=en|titre=Poison postures|périodique=[[Nature (revue)|Nature]]|volume=489|numéro=7417|pages=474|date=27 septembre 2012|doi=10.1038/489474a}}.</ref>, et insiste :
{{citation bloc|Avec de telles affirmations [...] les chercheurs devraient faire attention à la façon dont ils présentent leurs résultats au public et aux médias. Ils devraient énoncer clairement leurs résultats, mettre l'accent sur les limites et les failles, et préciser que les données doivent encore être évaluées et reproduites par la communauté scientifique. Cela ne s'est pas produit.}}

En octobre 2012, l'[[Association des journalistes scientifiques de la presse d'information]] (AJSPI) estime que la clause interdisant de solliciter l'avis d'un scientifique tiers {{citation|visait clairement à obtenir une présentation biaisée de l'étude, dénuée de tout regard critique ou simplement compétent.}}<ref name=ArchiveDeclarationAJSPI/>, tout en précisant qu'{{Citation|elle ne s’exprime pas sur le volet scientifique de cette affaire – l’intérêt ou la pertinence de l’étude de Gilles-Eric Séralini sur l’effet sanitaire d’une diète de maïs transgénique NK 603 et de l’herbicide Round Up – mais sur son volet médiatique. En particulier sur l’exigence de confidentialité, via un document écrit à signer, que l’équipe de Séralini avait imposé aux journalistes sélectionnés en échange de la fourniture de l’article avant publication.}}<ref name=ArchiveDeclarationAJSPI>{{Lien web |titre=Séralini et les OGM:  « Embargo et confidentialité des informations scientifiques »], déclaration de l'Association des journalistes scientifiques de la presse d'information (AJSPI), 15 octobre 2012. |url=https://archive.wikiwix.com/cache/index2.php?url=http%253A%252F%252Fsciences.blogs.liberation.fr%252Fhome%252F2012%252F10%252Fs%2525C3%2525A9ralini-et-les-ogm-une-d%2525C3%2525A9claration-de-lajspi.html#federation=archive.wikiwix.com&tab=url |site=archive.wikiwix.com |consulté le=2023-09-14}}.</ref>{{,}}<ref>[[Sylvestre Huet]], [http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2012/10/s%C3%A9ralini-et-les-ogm-une-d%C3%A9claration-de-lajspi.html « Séralini et les OGM : une déclaration de l'AJSPI »], ''{SCIENCES²}'', ''[[Libération (journal)|liberation.fr]]'', 15 octobre 2012.</ref>.

La publication de l'étude a été accompagnée par la sortie d'un livre de Gilles-Éric Séralini, ''Tous cobayes !''<ref>{{ouvrage|nom1=Séralini|auteur1=[[Gilles-Éric Séralini]]|titre=Tous cobayes !|sous-titre=OGM, pesticides, produits chimiques|éditeur=Flammarion|lien éditeur=Groupe Flammarion|année=2012|isbn=978-2-08-126236-2}}.</ref>, d'un livre de [[Corinne Lepage]], ''La vérité sur les OGM, c'est notre affaire !'' et d'un documentaire réalisé par [[Jean-Paul Jaud]], ''[[Tous cobayes ?]]''<ref>CRIIGEN, [http://sciencescitoyennes.org/tous-cobayes/ « Tous cobayes ! Les effets toxiques graves d'un OGM et de l'herbicide le plus vendu au monde… »], Fondation Sciences citoyennes, 20 septembre 2012.</ref>. Selon Agriculture & Environnement, elle s'inscrit dans le cadre d'un plan de communication mis au point par l'agence Langage et Projets Conseils<ref>[http://www.agriculture-environnement.fr/edito,2/une-bombe-ou-un-simple-petard-qui-fait-pschitt,834.html « Une bombe ou un simple pétard qui fait pschitt ? »], ''Agriculture & Environnement'', 22 octobre 2012.</ref>.

Le {{date-|27 septembre 2012}}, un collectif de 66 scientifiques français regroupant vingt [[Directeur de recherche au CNRS|directeurs de recherche du CNRS]], vingt directeurs de recherche de l'[[Institut national de la recherche agronomique|INRA]], et incluant quatre membres de l'[[Académie des sciences (France)|Académie des sciences]] ([[Pierre Joliot-Curie]], [[Michel Caboche]], [[Michel Delseny]] et [[Georges Pelletier (agronome)|Georges Pelletier]]), dénonce le procédé de Séralini qui selon eux ne fit preuve d'{{citation|aucune retenue, aucune concertation de la communauté scientifique, des appels aussi rares qu'inaudibles à la nécessaire confrontation critique de cette étude aux précédentes contredisant la conclusion du présent travail.}}<ref>[https://www.lemonde.fr/idees/article/2012/09/27/pour-un-debat-raisonne-sur-les-ogm_1766673_3232.html « Pour un débat raisonné sur les OGM »], ''[[Le Monde|lemonde.fr]]'', 27 septembre 2012.</ref>. Des scientifiques ont depuis lors initié une pétition sur la base de cet appel<ref>[http://www.cnrs.fr/fr/une/actus/2012/20120927-debat-ogm.html « Pétition : Pour un débat raisonné sur les OGM »], CNRS, 27 septembre 2012.</ref>.

=== Débat sur la publication de photos chocs ===
La publication présente des photos explicites avec des rats qui manifestent de grosses tumeurs, le toxicologue Gérard Pascal a déclaré à ce sujet {{citation|Mais déjà, la première chose importante, c'est que durant toute ma carrière de toxicologue, je n'ai jamais vu de telles tumeurs sur des rats. Si l'expérience a été bien faite je n'aurais plus rien à dire. Mais je vous avoue que j'ai du mal à croire que des OGM puissent avoir un tel effet. Ces résultats spectaculaires soulèvent d'ailleurs plusieurs interrogations.}}<ref name="Hertel"/>. Ces photos ont été largement reprises par les médias audiovisuels. La présence de telles photos dans l'article a été critiquée par certains qui qualifient la recherche de « sensationnalisme ». L'absence d'empathie du public envers les rats a également été rapportée<ref>Catherine Vincent, [http://animaux.blog.lemonde.fr/2012/10/31/ce-que-ne-montrent-pas-les-rats-de-seralini/ « Ce que les rats de Séralini ne montrent pas »], ''Un éléphant dans mon salon'', ''[[Le Monde|lemonde.fr]]'', 31 octobre 2012.</ref> ainsi qu'un questionnement par le Groupe interprofessionnel de réflexion et de communication sur la recherche {{citation|sur les conditions particulières dans lesquelles l'étude de Gilles-Éric Séralini a été réalisée en ce qui concerne le respect des principes éthiques vis-à-vis des animaux en recherche.}}<ref>{{lien brisé|url=http://www.recherche-animale.org/methodologie-de-letude-de-g-e-seralini-0|titre=« Méthodologie de l'étude de G-E Séralini »}}, ''recherche-animale.org'', Groupe interprofessionnel de réflexion et de communication sur la recherche, 26 octobre 2012.</ref>.

== Retrait et republication ==
Sous pretexte des critiques remettant en cause la qualité de ces travaux, le rédacteur en chef de la revue ''Food and Chemical Toxicology, ''A Wallace Hayes annonce le retrait de l'étude le {{date-|28 novembre 2013}}, mettant en avant, au vu des données présentées, l'absence de « conclusion définitive » possible tout en relevant qu'elle {{Citation|ne montre pas de signe de fraude ou de déformation intentionnelle des données}}<ref name="LM29112013">{{Article|langue=fr|prénom1=|nom1=[[Stéphane Foucart]]|titre=OGM : l'étude polémique du professeur Séralini désavouée|périodique=Le Monde.fr|date=29 novembre 2013|url texte=https://www.lemonde.fr/planete/article/2013/11/29/ogm-l-etude-polemique-du-professeur-seralini-desavouee_3522525_3244.html|consulté le=1 décembre 2013}}.</ref>. {{citation bloc|L'observation en détail des données brutes révèle qu'aucune conclusion définitive ne peut être atteinte au vu de la faible taille des échantillons en ce qui concerne le rôle du NK603 ou du glyphosate dans la mortalité totale ou l'incidence des tumeurs. Compte tenu de la forte incidence connue des tumeurs dans la souche de rats étudiée là il ne peut être exclu que la variabilité normale soit la cause des plus hautes mortalités et incidences observées dans les groupes traités| ''Food and Chemical Toxicology''<ref>{{en}} [http://www.elsevier.com/about/press-releases/research-and-journals/elsevier-announces-article-retraction-from-journal-food-and-chemical-toxicology Elsevier Announces Article Retraction from Journal Food and Chemical Toxicology], Elsevier, 28 novembre 2013</ref>|}}

Le rédacteur en chef A. Wallace Hayes et le tiers expert Bruce Chassy ont tous deux été liés financièrement à Monsanto<ref name="hayes" />{{,}}<ref name="Chassy" />. Avec certains détracteurs de Séralini comme Henry Miller, Monsanto a recouru à des nègres littéraires, une technique (aussi appelée « ''{{Langue|en|ghostwriting}}'' » en anglais) qui consiste à écrire un article et à le faire endosser par un scientifique renommé qui prétend en être l'auteur<ref name="Miller">[https://www.sciencesetavenir.fr/sante/glyphosate-ce-qu-il-faut-retenir-des-revelations-liees-aux-monsanto-papers_117118 {{Langue|en|Monsanto Papers}} : lien avec Henry MILLER et {{Langue|en|Ghostwriting}}], Sciences & Avenir, Lise Loumé, {{Date-|5 octobre 2017}}.</ref>.

Gilles-Éric Séralini et son équipe contestent ce retrait : {{Citation|Selon les règles en vigueur à Food and Chemical Toxicology, le retrait d'un article ne peut être décidé qu'en cas de « manquement éthique », de « plagiat », de « publication préalable » ou de « conclusions non fiables pour cause, soit de fraude, soit d'erreurs de bonne foi (erreur de calcul, erreur expérimentale) ». Le chercheur français fait valoir que l'aspect contesté de son travail – c'est-à-dire le protocole expérimental lui-même – n'entre dans aucune de ces catégories}}<ref name="LM29112013" />. Gilles-Éric Séralini menace la revue de poursuites judiciaires et l'accuse de manquer d'indépendance et de céder aux pressions des industriels<ref name="LM29112013" />.

L'eurodéputée [[Corinne Lepage]], l'association [[Générations futures]], la [[Sciences citoyennes|Fondation Sciences citoyennes]] et l'ONG bruxelloise [[Corporate Europe Observatory]] (CEO) dénoncent également l'influence des groupes industriels sur la recherche scientifique<ref name="LM29112013" />. Ils dénoncent, au côté de l'équipe Séralini, l'intégration de Richard E. Goodman en {{date-|février 2013}}, biologiste à l’université du Nebraska désormais chargé de donner son avis sur les articles concernant les biotechnologies - un poste qu’il est le premier à occuper au sein du journal. Il a été employé par [[Monsanto]] entre 1997 et 2004 et continue de collaborer régulièrement avec l’[[ILSI|International Life Science Institute]], un lobby lié à l'industrie agroalimentaire<ref>[http://www.terraeco.net/OGM-et-sante-l-etude-de-Seralini,52225.html OGM et santé : l’étude de Séralini retirée, il menace de déposer plainte], TerraEco, Alexandra Bogaert, 29 novembre 2013</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue = |auteur1 = Claire Robinson et Jonathan Latham |titre = The Goodman affair, Monsanto targets the earth of science|périodique = Independent Science News|date= 20 mai 2013|lire en ligne = http://www.independentsciencenews.org/science-media/the-goodman-affair-monsanto-targets-the-heart-of-science/}}.</ref>.

A. Wallace Hayes, directeur de la revue FCT a clairement répondu à ces accusations en rappelant qu'à la demande de G.E Séralini, Goodman avait été écarté du processus de relecture (pas initialement mais au cours du processus) et que la décision finale repose uniquement sur sa décision<ref>{{en}} [http://www.elsevier.com/about/press-releases/research-and-journals/food-and-chemical-toxicology-editor-in-chief,-a.-wallace-hayes,-publishes-response-to-letters-to-the-editors Food and Chemical Toxicology Editor-in-Chief, A. Wallace Hayes, Publishes Response to Letters to the Editors], Elsevier, 10 décembre 2013</ref>.

Le journaliste au ''[[Le Monde|Monde]]'' [[Stéphane Foucart]] fait valoir qu'ainsi la {{citation|''Food and Chemical Toxicology'' prive les recherches ultérieures d'éléments de comparaison, de confrontation, d'analyse. Pour inconclusives qu'elles sont aujourd'hui, rien ne dit que dans l'avenir ces données – considérées comme intègres par la revue elle-même – ne seront pas utiles ou éclairantes}}<ref>{{Article|langue=fr|auteur1=[[Stéphane Foucart]]|titre=« OGM : fallait-il retirer l'étude Séralini ? »|périodique=Le Monde.fr|date=30 novembre 2013|url texte=https://www.lemonde.fr/idees/article/2013/11/30/ogm-fallait-il-retirer-l-etude-seralini_3523176_3232.html|consulté le=1 décembre 2013}}.</ref>.

En {{date-|juin 2014}}, la revue scientifique ''[[Environmental Sciences Europe]]'' annonce qu'elle republie en accès libre ([[Open science]]) l'article de l'étude légèrement remanié dans sa forme<ref>{{Lien web|url=http://www.bfmtv.com/planete/ogm-pr-seralini-va-republier-etude-controversee-799631.html|titre=OGM et Roundup : l'étude de Séralini republiée dans une revue scientifique|auteur=|date=24 juin 2014|site=bfmtv.com}}.</ref>. L'équipe Séralini met également ses données brutes en accès libre, chose que l'industrie a toujours refusé au nom du secret industriel<ref>[http://criigen.org/ogm/168/display/Etude-republiee-Toxicite-chronique-de-l-herbicide-Roundup-et-dun-mais-genetiquement-modifie-tolerant-le-Roundup Republished study: long-term toxicity of a Roundup herbicide and a Roundup-tolerant genetically modified maize], CRIIGEN, 24 juin 2014</ref>.

Concernant cette republication, certains scientifiques regrettent que le remaniement n'ait pas tenu suffisamment compte des critiques adressées à la première publication<ref>[https://www.sciencesetavenir.fr/decryptage/la-republication-de-l-etude-seralini-declenche-les-critiques_37195 La republication de l'étude Séralini déclenche les critiques], Sciences et Avenir, Rachel Mulot, 24 juin 2014</ref>.{{Citation bloc|Pour Winfried Schröder, éditeur pour la revue Environmental Sciences Europe du groupe Springer : « Nous souhaitons permettre une discussion rationnelle concernant l’article de Séralini et al. (Food Chem Toxicol 2012, 50:4221–4231) en le republiant. La compétition méthodologique est l’énergie nécessaire au progrès scientifique. Le seul objectif est de permettre la transparence scientifique et, sur cette base, une discussion qui ne cherche pas à cacher, mais bien à se concentrer sur ces controverses méthodologiques nécessaires. }}

=== Monsanto Papers ===
En {{date-|octobre 2017}}, grâce à la [[monsanto papers|révélation de documents internes]] obtenus dans le cadre du procès de Monsanto par le jardinier Dewayne Johnson, la pression de l'entreprise pour faire retirer la publication a été démontrée<ref name="Libé 1671428">[http://www.liberation.fr/planete/2018/08/07/les-documents-internes-qui-accablent-monsanto_1671428 Les documents internes qui accablent Monsanto], Libération, Aude Massiot, 7 août 2018</ref>{{,}}<ref>{{en}} [http://baumhedlundlaw.com/pdf/monsanto-documents/7-Monsanto-Personnel-Discusses-Plan-Seeking-Retraction-of-Serlani-Glyphosate-Study.pdf Monsanto personnel discusses plan seeking retractation of Seralini glyphostae study], Baum Hedlung</ref>. Selon ces mêmes sources, le rédacteur en chef Wallace Hayes et le tiers expert Bruce Chassy étaient tous deux liés financièrement à Monsanto au moment du retrait de l'article<ref name="hayes" />{{,}}<ref name="Chassy" />.

== Réactions ==
=== Impact médiatique immédiat ===
L'étude a eu un impact médiatique très important. En France, où Séralini est un scientifique connu (il a ainsi été nommé chevalier dans l'[[Ordre national du Mérite (France)|ordre national du Mérite]] en 2008) admiré par les militants anti-OGM et a fait l'objet de critique<ref>[[Hervé Kempf]], [https://www.lemonde.fr/planete/article/2012/09/20/gilles-eric-seralini-un-scientifique-engage_1762706_3244.html « OGM : Gilles-Éric Séralini, un scientifique engagé et critiqué »], ''[[Le Monde|lemonde.fr]]'', 20 septembre 2012.</ref> et de raillerie des pro-OGM<ref>http://www.agriculture-environnement.fr/a-la-une,6/seralini%E2%80%89-le-prix-de-l-ego,771.html</ref>, elle est couverte très favorablement par ''[[Libération (journal)|Libération]]'' et ''[[Le Nouvel Observateur]]'' qui fait sa une le {{date-|20 septembre 2012}} avec le titre « Oui, les OGM sont des poisons ! », qualifié de [[:wikt:putassier|putassier]] par le ''Journal international de Médecine''<ref name="JIM2018">{{lien web |titre=Les OGM sont probablement moins dangereux pour la santé que les mute news |date=14.7.2018 |éditeur=Journal International de Médecine |url=http://www.jim.fr/pharmacien/e-docs/les_ogm_sont_probablement_moins_dangereux_pour_la_sante_que_les_mute_news__172750/document_jim_plus.phtml |consulté le=19.7.2018}}.</ref>.  

''[[Le Monde]]'', en revanche, est très circonspect dès ses premiers articles et estime dans son éditorial du {{date-|21 septembre}} que {{citation|la probabilité est [...] forte que la communauté scientifique ne puisse pas tirer grand-chose des données obtenues par l'équipe de M. Séralini : limites expérimentales et faiblesse statistique de l'étude ne permettront pas d'avoir la moindre certitude sur les effets réels de la consommation de l'OGM et de son herbicide associé, le fameux Roundup - l'herbicide le plus utilisé dans le monde}}<ref>''[[Le Monde]]'', 21 septembre 2012.</ref>.

Certains [[Journalisme scientifique|journalistes scientifiques]] comme [[Sylvestre Huet]] ([[Libération (journal)|Libération]]) ou [[Michel de Pracontal]] ([[Mediapart]])<ref>{{lien web |titre=OGM : le labo secret de Séralini |url=http://www.mediapart.fr/journal/france/121012/ogm-le-labo-secret-de-seralini |site=Mediapart |date=13-10-2012 |consulté le=28-07-2020}}.</ref>{{,}}<ref>{{lien web |titre=OGM : une étude fait beaucoup de bruit pour presque rien |url=http://www.mediapart.fr/journal/france/210912/ogm-une-etude-fait-beaucoup-de-bruit-pour-presque-rien |site=Mediapart |date=22-09-2012 |consulté le=28-07-2020}}.</ref> n'ont pas caché leur scepticisme face à cette étude. Le 22 octobre, le magazine [[Slate (magazine)|Slate]] note pour sa part que l'étude "n'a aucune valeur sur le plan scientifique"<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=Michel |nom=Alberganti |titre=OGM: l'expérience de Gilles-Eric Séralini est nulle mais pleine d’avenir |url=http://www.slate.fr/story/63709/ogm-seralini-rats-mais-monsanto-hcb-anses-avis |site=Slate.fr |date=2012-10-22 |consulté le=2020-11-23}}.</ref>.

=== Réactions scientifiques ===
Cependant, dans le monde scientifique et à l'étranger, si certaines réactions furent favorables<ref>Lauren Tyler, [http://www.inquisitr.com/337959/gmos-rat-study/ « Scientists Discredit GMO-Fed Rat Study Results »], ''The Inquisitor'', 20 septembre 2012.</ref>, la grande majorité a critiqué l'étude, allant d'un constat d'instrumentalisation de la science<ref>Yves Dessaux, [https://www.lemonde.fr/idees/article/2012/09/28/une-instrumentalisation-de-la-science_1767206_3232.html/ « Une instrumentalisation de la science »], ''Le Monde.fr'', 28 septembre 2012.</ref> jusqu'à des accusations de [[fraude scientifique]]<ref name="francetvinfo" />{{,}}<ref>{{en}} Keith Kloor, [http://www.slate.com/articles/health_and_science/science/2012/09/are_gmo_foods_safe_opponents_are_skewing_the_science_to_scare_people_.html « GMO Opponents Are the Climate Skeptics of the Left »], ''[[Slate (magazine)|Slate.com]]'', 26 septembre 2012.</ref> portées dans les colonnes du journal économique américain [[Forbes (magazine)|Forbes]] par [[:en:Henry I. Miller|Henry I. Miller]], financé par Monsanto (et présenté par le journaliste français [[Stéphane Foucart]] comme un soutien à l'industrie du tabac et aux OGM<ref>{{Ouvrage|langue = |auteur1 = Stéphane Foucart|titre = La Fabrique du mensonge. Comment les industriels manipulent la science et nous mettent en danger|lieu = |éditeur = Denoël impacts|année = |pages totales = |isbn = |lire en ligne = https://books.google.fr/books?id=UqteAwAAQBAJ&pg=PT137&lpg=PT137&dq=henry+I+miller+foucart&source=bl&ots=BVMka5dHJV&sig=xoaASwGTslgM0f3t_vqLX0XvB9I&hl=fr&sa=X&ei=l87kU5zzHuKR0QXnwYCoBg&ved=0CDQQ6AEwAg#v=onepage&q=henry%20I%20miller%20foucart&f=false|passage = p 268 à 271}}</ref>). Par ailleurs, la biologiste [[Ottoline Leyser]] a considéré que l'étude portait en réalité davantage sur la toxicité du Roundup et de l'enzyme de résistance introduite dans le maïs qu'aux manipulations génétiques en soi<ref>{{en}} John Vidal, [http://www.guardian.co.uk/environment/2012/sep/28/study-gm-maize-cancer « Study linking GM maize to cancer must be taken seriously by regulators »], ''[[The Guardian|guardian.co.uk]]'', 28 septembre 2012, citant Ottoline Leyser, directeur adjoint du Sainsbury Laboratory à l'[[Université de Cambridge]] : {{citation étrangère|langue=en|Like most of the GM debate, this work has very little to do with GM. The authors of the paper do not suggest that the effects are caused by genetic modification. They describe effects of the roundup herbicide itself and effects that they attribute to the activity of the enzyme introduced into the roundup resistant maize. There is good evidence that introducing genes into crops using GM techniques results in fewer changes to the crops than introducing them using conventional breeding.}}</ref>.

En {{date-|octobre 2017}}, une fuite de documents internes appelés les « ''{{Langue|en|Monsanto Papers}}'' » a permis de démontrer ''a posteriori'' le rôle que Monsanto avait eu dans le retrait de l'article. Par exemple le rédacteur en chef A. Wallace Hayes et le tiers expert Bruce Chassy ont tous deux été liés financièrement à Monsanto<ref>{{en}} [http://baumhedlundlaw.com/pdf/monsanto-documents/10-Monsanto-Consulting-Agreement-with-Food-and-Chemical-Toxicology-Editor.pdf Monsanto Papers : lien avec Wallace HAYES] {{pdf}}.</ref>{{,}}<ref>[https://www.gmwatch.org/en/news/latest-news/16806-prof-bruce-chassy-failed-to-disclose-monsanto-funding Monsanto Papres : lien avec Bruce CHASSY]</ref>. Avec certains détracteurs de Séralini comme Henry Miller, Monsanto a recouru à des nègres littéraires, une technique (aussi appelée « ''{{Langue|en|ghostwriting}}'' » en anglais) qui consiste à écrire un article et à le faire endosser par un scientifique renommé qui prétend en être l'auteur<ref name="Miller" />.

Les réactions contre l'étude émanent non seulement d'organisations ou de personnalités s'étant exprimées en faveur des OGM (voir ayant des liens professionnels avec cette industrie), mais également de personnalités plus neutres comme le professeur Jean-François Narbonne<ref>[https://www.huffingtonpost.fr/jeanfrancois-narbonne/lacunes-resultats-suprenants-et-inexplicables-letude-anti-ogm-sur-la-sellette_b_1902634.html Des résultats surprenants et inexplicables]</ref> et le mathématicien [[Cédric Villani]]. Ce dernier a notamment déclaré durant son audition devant l'Assemblée nationale :

{{Citation bloc|Je me suis senti d’autant plus déçu, pour ne pas dire trahi, quand j’ai pris conscience, après lecture et discussions avec des experts, à quel point cette annonce impliquait ce qui me semble être - je le dis sans animosité - des brèches *graves* de déontologie scientifique, avec trois conséquences inacceptables : un effilochage des liens de confiance entre les scientifiques et la société; la fragilisation du lien de confiance entre les scientifiques eux-mêmes; et accessoirement le risque, par effet boomerang, de desservir la cause pour laquelle les auteurs de l’étude luttent.|Cedric Villani|<ref name="sc" />}}

Certains défenseurs de l'étude de Séralini ont accusé les scientifiques critiquant l'étude d'être "commissionnés"<ref>{{lien web |titre=Qui sème le doute récolte... |url=http://blogs.mediapart.fr/blog/pierre-henri-gouyon/191112/qui-seme-le-doute-recolte |site=Club de Mediapart |date=19-11-2012 |consulté le=28-07-2020}}.</ref> par l'industrie ou de faire partie d'une "biotech-sphère"<ref>{{lien web |url=https://www.nouvelobs.com/rue89/rue89-de-linteret-du-conflit/20121112.RUE6451/ogm-la-guerre-secrete-pour-decredibiliser-l-etude-seralini.html|titre=OGM : la guerre secrète pour décrédibiliser l’étude Séralini|auteur=Benjamin Sourice|date=12 novembre 2012|site=Rue89, nouvelobs.com}}.</ref> mêlant scientifiques universitaires, régulateurs politiques et représentants de l'industrie. Des scientifiques ont réagi en répondant que ces accusations étaient mensongères<ref>{{lien web |titre=M. Pierre-Henri Gouyon m’insulte et insulte mes collègues (#OGM #Seralini) |url=http://toutsepassecommesi.cafe-sciences.org/2012/11/19/m-pierre-henri-gouyon-minsulte-et-insulte-mes-collegues-ogm-seralini/ |site=Tout se passe comme si |date=19-11-2012 |consulté le=28-07-2020}}.</ref>.

L'étude fut critiquée par de nombreuses agences gouvernementales, telles que l'[[Autorité européenne de sécurité des aliments]]<ref>[[Stéphane Foucart]], [https://www.lemonde.fr/planete/article/2012/10/05/l-etude-sur-les-ogm-de-m-seralini-rejetee-par-les-experts-europeens_1770590_3244.html « L'étude sur les OGM de M. Séralini rejetée par les experts européens »], ''[[Le Monde|lemonde.fr]]'', 5 octobre 2012.</ref>, le [[Bundesinstitut für Risikobewertung]]<ref>Jean-Claude Jaillette, [https://www.marianne.net/OGM-l-Allemagne-recale-l-etude-Seralini_a223146.html « OGM : l'Allemagne recale l'étude Séralini »], ''[[Marianne (magazine)|marianne.fr]]'', 4 octobre 2012.</ref>{{,}}<ref>{{en}} [http://www.bfr.bund.de/en/press_information/2012/29/a_study_of_the_university_of_caen_neither_constitutes_a_reason_for_a_re_evaluation_of_genetically_modified_nk603_maize_nor_does_it_affect_the_renewal_of_the_glyphosate_approval-131739.html « A study of the University of Caen neither constitutes a reason for a re-évaluation of genetically modified NK603 maize nor does it affect the renewal of the glyphosate approval »], communiqué de presse {{n°|29}}/2012 du [[Bundesinstitut für Risikobewertung|BfR]], {{1er}} octobre 2012.</ref>, et le {{Lien|langue=en|fr=Vlaams Instituut voor Biotechnologie}}<ref name="VIB" />.

Le {{date-|4 octobre 2012}}, l'[[Autorité européenne de sécurité des aliments]] (AESA) estime que {{citation|les lacunes constatées ne permettent actuellement pas de considérer les conclusions des auteurs comme étant scientifiquement valables}}<ref name="AESA" /> et demande des informations complémentaires pour pouvoir conclure, ce que Séralini refuse de fournir, estimant que l'AESA est liée par des conflits d'intérêts avec l'industrie des OGM et que cette instance a toujours refusé de fournir les éléments permettant de justifier l'autorisation de mise sur le marché de cet OGM ainsi que d'autres OGM<ref>[[Agence France-Presse|AFP]], [http://www.lepoint.fr/science/ogm-seralini-ne-fournira-rien-de-plus-a-l-efsa-04-10-2012-1513417_25.php « OGM : Séralini ne fournira rien de plus à l'Efsa »], ''[[Le Point|lepoint.fr]]'', 4 octobre 2012.</ref>. Le {{date-|22 octobre 2012}} l'AESA annonce avoir donné accès à l'ensemble des données disponibles en relation avec l'évaluation réalisée sur le maïs génétiquement modifié NK 603 en 2003 et 2009<ref>{{lien web |titre=L’EFSA fournit à Séralini et al. des données sur le maïs GM NK603 |url=http://www.efsa.europa.eu/fr/press/news/121022 |site=European Food Safety Authority |date=22-10-2012 |consulté le=28-07-2020}}.</ref>. Elle ne recevra pas en revanche d'informations complémentaires de la part de Séralini avant de rendre son avis définitif le {{date-|28 novembre 2012}}<ref name="ef">{{lien web |titre= Les conclusions de l'étude de Séralini et al. ne sont pas étayées par des données, selon la communauté d'évaluation des risques de l’UE |url=http://www.efsa.europa.eu/fr/press/news/121128 |site=European Food Safety Authority |date=28-11-2012 |consulté le=28-07-2020}}.</ref>. Séralini déclare qu'il ne donnera ses données à l'AESA que quand celle-ci aura fait de même avec les données de Monsanto, ce que selon lui elle n'a que partiellement fait<ref>{{lien web |auteur=Pauline VERRIERE |titre=Pourquoi réclamer les données brutes ? – Inf'OGM |url=http://www.infogm.org/spip.php?article5281 |site=Inf'OGM |date=28-07-2020 |consulté le=28-07-2020}}.</ref>. D'autre part, dans sa lettre publiée dans la revue ''Food and Chemical Toxicology'' en réponse aux critiques, Séralini affirme que des données feront l'objet de publications postérieures<ref>http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0278691512008149#b0065</ref>.

[[François Houllier]], président de l'[[Institut national de la recherche agronomique|INRA]], affirme le {{date-|3 octobre 2012}} : {{citation|les travaux de monsieur Séralini satisfont ceux qui veulent y croire mais ne répondent probablement pas aux critères permettant d'en tirer des conclusions scientifiques solides.}}<ref>François Houllier, [http://www.inra.fr/l_institut/ogm_quelle_place_pour_la_recherche_publique « OGM : quelle place pour la recherche publique ? »], [[Institut national de la recherche agronomique|INRA]], 3 octobre 2012.</ref>

Dans un avis commun publié le {{date-|19 octobre 2012}}<ref>[http://www.academie-sciences.fr/presse/communique/avis_1012.pdf « Avis des Académies nationales d'Agriculture, de Médecine, de Pharmacie, des Sciences, des Technologies, et Vétérinaire sur la publication récente de G.E. Séralini et al. sur la toxicité d'un OGM »], communiqué de presse, sur le site de l'Académie des sciences, 19 octobre 2012.</ref>, l'[[Académie d'agriculture de France]], l'[[Académie nationale de médecine]], l'[[Académie nationale de pharmacie]], l'[[Académie des sciences (France)|Académie des sciences]], l'[[Académie des technologies]] et l'[[Académie vétérinaire de France]] estiment que l'étude contient {{citation|de nombreuses insuffisances de méthodologie et d'interprétation}} et {{citation|ne permet aucune conclusion fiable}}. Évoquant un {{citation|problème éthique majeur}}, les académies critiquent également les conditions de publication de l'étude en notant {{citation|la concomitance de la sortie de deux livres, d'un film et d'un article scientifique, avec l'exclusivité de leur contenu accordé à un hebdomadaire, assortie d'une clause de confidentialité y compris vis-à-vis des scientifiques}} et en concluent que {{citation|l'orchestration de la notoriété d'un scientifique ou d'une équipe constitue une faute grave lorsqu'elle concourt à répandre auprès du grand public des peurs ne reposant sur aucune conclusion établie}}<ref>[[Agence France-Presse|AFP]], [https://www.lemonde.fr/planete/article/2012/10/19/ogm-six-academies-pointent-les-insuffisances-de-l-etude-seralini_1778303_3244.html « OGM : six académies pointent les « insuffisances » de l'étude Séralini »], ''[[Le Monde|lemonde.fr]]'', 19 octobre 2012.</ref>. Cependant, le statisticien Paul Deheuvels également membre de l'[[Académie des sciences (France)|Académie des sciences]] a critiqué cet avis, avant de l'avoir lu, relevant que le nom de ses auteurs n'a pas été publié, que lui-même n'a pas été convié et estimant qu'il ne s'agit pas d'un avis officiel des académies<ref>Paul Deheuvels, [http://leplus.nouvelobs.com/contribution/661194-l-etude-de-seralini-sur-les-ogm-pomme-de-discorde-a-l-academie-des-sciences.html « L'étude de Séralini sur les OGM, pomme de discorde à l'Académie des sciences »], ''[[Le Nouvel Observateur|Le Plus]]'', 19 octobre 2012.</ref>. D'autres voix, parmi les scientifiques, ont ainsi fait remarquer que {{citation|le fait qu'un groupe d'une douzaine de personnes prétendant représenter six académies ait décidé d'un communiqué commun sans débat est contraire au fonctionnement normal de ces institutions et interroge sur la vision de la science et de la technologie (et de leur utilité sociale) ayant présidé à une telle décision}}<ref>[https://www.lemonde.fr/idees/article/2012/11/14/science-et-conscience_1790174_3232.html « Science et conscience »], ''[[Le Monde|lemonde.fr]]'', 14 novembre 2012.</ref>.

Le {{date-|22 février 2013}}, une publication espagnole<ref>http://www.ask-force.org/web/Seralini/Arjo-Plurality-Opinion-Scientific-Discourse-Seralini-2013.pdf</ref> critique le design de l’étude, l'interprétation des résultats et leur présentation médiatique. Ces chercheurs accusent Séralini et son équipe d'avoir sciemment produit des résultats dans un but politique et sans aucune considération pour leur validité scientifique. D'après eux l'étude n'aurait jamais dû être publiée et démontre les failles du système de peer-review. Ils remettent en cause le sérieux de la revue et de son éditeur Elsevier, pourtant premier groupe mondial. Il est toutefois à noter qu'après enquête sur les conflits d'intérêts de ces chercheurs, plusieurs coauteurs ont des liens avec l'industrie des biotechnologies, dont l'espagnol Paul Christou, détenteur d'un brevet sur la technologie Roundup Ready utilisé par Monsanto et mise en cause par l'étude Séralini<ref>C. Robinson, [http://www.spinwatch.org/index.php/pete-roche/item/5495-tumorous-rats-gm-contamination-and-hidden-conflicts-of-interest Tumorous rats, GM contamination, and hidden conflicts of interest], Spin watch, 30 mai 2013
</ref>.

=== Réactions institutionnelles ===
L'université de Caen, employeur et hébergeur de l'équipe de recherche, n'a pas réagi. 

En [[Russie]], le [[Rospotrebnadzor]], l'autorité sanitaire russe, suspend temporairement le {{date-|25 septembre 2012}} l'importation de [[maïs génétiquement modifié]] [[NK 603]]<ref>{{ru}} [http://63.rospotrebnadzor.ru/267/-/asset_publisher/UCp0/content/%D0%BE-%D0%B3%D0%B5%D0%BD%D0%B5%D1%82%D0%B8%D1%87%D0%B5%D1%81%D0%BA%D0%B8-%D0%BC%D0%BE%D0%B4%D0%B8%D1%84%D0%B8%D1%86%D0%B8%D1%80%D0%BE%D0%B2%D0%B0%D0%BD%D0%BD%D0%BE%D0%B8-%D0%BA%D1%83%D0%BA%D1%83%D1%80%D1%83%D0%B7%D0%B5-nk603 Communiqué de presse du Rospotrebnadzor], 27 septembre 2012.</ref>{{,}}<ref>{{en}} Yuliya Fedorinova, [https://www.bloomberg.com/news/2012-09-25/russia-suspends-import-of-monsanto-corn-on-health-concerns.html « Russia Suspends Import of Monsanto Corn on Health Concerns »], ''[[Bloomberg LP|Bloomberg.com]]'', 25 septembre 2012.</ref>. Après examen, l'Académie de médecine russe conclut que l’étude a violé les [[bonnes Pratiques de Laboratoire|bonnes pratiques de la recherche scientifique]], et qu'on ne peut apporter foi à ses résultats<ref name="BSBA 20121229">[http://www.bsbanet.org/en/news/files/RF_cancels_ban_on_nk603_en.php Russia cancels temporary ban on GM-maize NK603], G. Onishenko, Federal Service for Supervision of Consumer Rights Protection and Human Welfare, le 29 décembre 2012</ref> ; en conséquence, les autorités sanitaires russes lèvent l'interdiction le {{date-|29 décembre}}<ref name="BSBA 20121229" />.

En [[France]], la [[Commission des Affaires sociales (Assemblée nationale)|commission des Affaires sociales]] et la [[Commission du Développement durable et de l'Aménagement du territoire|commission du Développement durable]] de l'[[Assemblée nationale (France)|Assemblée nationale]] ont auditionné Séralini conjointement, le {{date-|9 octobre 2012}}<ref>[http://www.assemblee-nationale.fr/14/cr-soc/12-13/c1213003.asp « Audition, ouverte à la presse, commune avec la commission du développement durable, de M. Gilles-Éric Séralini, professeur de biologie moléculaire à l'université de Caen sur l'étude sur le maïs génétiquement modifié NK 603 »], Commission des affaires sociales, 9 octobre 2012, séance de 18 heures 30, compte rendu {{n°|3}}, sur le site de l'Assemblée nationale.</ref>. Monsanto n'a pu être entendu par ces commissions, ni par l'ANSES, déclarant que {{citation|dans le délai imparti, il ne lui était pas possible de mobiliser ses experts}}<ref name="Benkimoun">Paul Benkimoun, [https://www.lemonde.fr/planete/article/2012/11/09/ogm-monsanto-echappe-a-une-audition-par-l-anses-sur-le-mais-nk603_1788553_3244.html « OGM : Monsanto échappe à une audition par l'Anses sur le maïs NK603 »], ''[[Le Monde|lemonde.fr]]'', 9 novembre 2012.</ref>. En réponse à une question écrite détaillée envoyée par l'ANSES, les réponses de Monsanto n'ont apporté aucun élément sur les effets à long terme de ce maïs<ref name="Benkimoun" />. Le {{date-|19 octobre 2012}}, le [[Haut Conseil des biotechnologies]] (HCB)<ref name="HCB" /> et l'[[Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail]] (ANSES)<ref name="ANSES">[http://www.anses.fr/Documents/BIOT2012sa0227.pdf Avis relatif à l'analyse de l'étude de Séralini ''et al.'' (2012)], Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail, saisine {{n°|2012-SA-0227}}, 19 octobre 2012.</ref> invalident les conclusions de l'étude. L'ANSES avance que "la critique majeure des résultats tient à l'absence d'analyse statistique des données" : les résultats concernant la mortalité et l'incidence des tumeurs n'étant présentés que de "manière descriptive"<ref name="lepoint.fr">{{lien web |titre=OGM : ce que l'Anses et le HCB reprochent à l'étude Séralini |url=http://www.lepoint.fr/science/ogm-ce-que-l-anses-et-le-hcb-reprochent-a-l-etude-seralini-22-10-2012-1519775_25.php |site=Le Point |date=22-10-2012 |consulté le=28-07-2020}}.</ref>. L'ANSES et le HCB recommandent toutefois la réalisation d'une étude publique sur les effets des OGM à long terme. L'ANSES souligne néanmoins que cette étude est "ambitieuse, conduite en mobilisant de larges moyens et publiée dans une revue internationale reconnue en matière de toxicologie alimentaire" et relève "l'originalité des questions qu'elle soulève"<ref name="lepoint.fr" />.

L'association Testbiotech<ref>{{lien web |titre=Testbiotech |url=http://www.testbiotech.de/en |site=testbiotech |consulté le=28-07-2020}}.</ref>, prétend avoir mis en évidence une double approche de la part de l'AESA : celle-ci serait sévère avec l'étude Séralini et plus laxiste avec des études favorables aux OGM<ref>http://www.testbiotech.de/sites/default/files/the%20double%20standards%20of%20EFSA_0.pdf</ref>. Le rapport de Testbiotech, bien que très critique vis-à-vis de l'AESA, contredit par ailleurs l'affirmation souvent reprise selon laquelle des études règlementaires pour l'autorisation des OGM auraient été acceptées avec cinq rats ou moins : {{citation étrangère|lang=en|Nous n'avons connaissance d'aucune étude de toxicité alimentaire subchronique qui ait été acceptée par l'AESA avec moins de 10 animaux dans chaque groupe d'étude, comme il est requis par l'OCDE (Ligne directrice OCDE 408).}}<ref>[http://www.testbiotech.de/sites/default/files/the%20double%20standards%20of%20EFSA_0.pdf]{{citation étrangère|lang=en|We are not aware of sub-chronic toxicological feeding studies having been accepted by EFSA with fewer than 10 animals in each test group, as required by OECD (OECD Guideline 408).}}, {{p.|6}},</ref> Au niveau européen, l'[[Autorité européenne de sécurité des aliments|AESA]] rend ses conclusions définitives le {{date-|28 novembre 2012}}<ref name="ef" />. L'agence confirme son avis initial sur l'étude, à savoir que les lacunes importantes constatées dans la conception et la méthodologie de l'article implique que les normes scientifiques n'ont pas été respectées et que par conséquent un réexamen du dossier d'homologation du [[NK 603]] n'est pas justifié. L'AESA confirme que Séralini n'a pas fourni les données complémentaires demandées et que les réponses qu'il a publiées n'apportaient pas de réponse à la majorité des questions restées en suspens à la suite du premier avis. L'agence note que Séralini lui-même admet que les rats sont trop peu nombreux pour évaluer l'incidence des tumeurs, ce qui est incompatible avec les conclusions qu'il défend dans l'étude. Certains opposent à ces déclarations le fait que l'AESA a plusieurs fois été critiquée, dans d'autres affaires, pour sa proximité avec l'industrie agro-alimentaire et des accusations de conflits d'intérêts<ref>[[Fabrice Nicolino]], [http://www.reporterre.net//spip.php?article3274 « Un juge et un critique de Séralini ont servi l'industrie des pesticides »], ''Reporterre'', 3 octobre 2012.</ref>{{,}}<ref>{{lien web |titre=Complaint against EU authorisation of genetically engineered soybeans with stacked genes |url=http://www.testbiotech.de/en/node/694 |site=testbiotech |date=07-08-2012 |consulté le=28-07-2020}}.</ref>{{,}}<ref>{{Article |auteur1=Stéphane Foucart |titre=Nouveau conflit d'intérêts à l'Autorité européenne de sécurité alimentaire |périodique=[[Le Monde]] |date=27-01-2012 |lire en ligne=https://www.lemonde.fr/planete/article/2012/01/27/nouveau-conflit-d-interets-a-l-autorite-europeenne-de-securite-alimentaire_1635511_3244.html |consulté le=28-07-2020}}.</ref>.

Un communiqué du ministère de l'Agriculture indique que {{citation|le [[Premier ministre français|Premier ministre]] a demandé au [[Ministère de l'Agriculture (France)|ministre de l'Agriculture, de l'Agroalimentaire et de la Forêt]], à la [[Ministère de l'Écologie, du Développement durable et de l'Énergie|ministre de l'Écologie, du Développement durable et de l'Énergie]] et au ministre délégué chargé de la Consommation de porter au niveau européen la demande du Gouvernement d'une remise à plat du dispositif communautaire d'évaluation, d'autorisation et de contrôle des OGM et des pesticides. Dans ce contexte, la détermination du Gouvernement pour maintenir le moratoire en France des OGM autorisés à la culture dans l'Union européenne est réaffirmée.}}<ref name="Ministère de l'Agriculture">[http://agriculture.gouv.fr/Mais-OGM-NK630-l-etude-publiee-en « Maïs OGM NK603 : l'étude publiée en septembre n'est pas de nature à remettre en cause les précédentes évaluations »], communiqué de presse du ministère de l'Agriculture, 22 octobre 2012.</ref>.

De manière plus générale, les autorités endossent<ref name="Ministère de l'Agriculture" /> les recommandations de l'ANSES de mener des études financées publiquement sur les effets à long-terme de ce type d'OGM : {{citation|le vif débat public suscité par la publication d'un travail de recherche interrogeant les potentiels effets long terme d'un OGM associé à une formulation phytosanitaire courante montre la nécessité de consolider encore les connaissances scientifiques dans ce domaine}}<ref name="ANSES" /> et d'appeler à la {{citation|mobilisation de financements publics nationaux ou européens dédiés à la réalisation d'études et de recherches d'envergure visant à consolider les connaissances scientifiques sur des risques sanitaires insuffisamment documentés}}<ref name="ANSES" />.

== Impacts ==
{{section à recycler|date=juillet 2023}}
En avril 2018, le programme de recherche européen GRACE mène à la conclusion que l'OGM NK 603 (traité ou pas avec du RoundUp, formulation glyphosate de Monsanto) n'a aucun effet toxique sur des périodes de 90 ou 180 jours (mais pas sur deux ans néanmoins).  

Selon [[Atlantico]], ces résultats n'ont pas fait l'objet de commentaires de la part de responsables politiques, y compris ceux ayant largement utilisé l'étude de 2012 pour tenter de renforcer la législation discriminant les OGM<ref>{{Article|langue=fr|titre=OGM poisons… ou sans impact pour la santé ? L’étrange silence médiatique réservé aux 3 contre-expertises réalisées sur les pauvres rats du Professeur Séralini|périodique=Atlantico.fr|lire en ligne=http://www.atlantico.fr/decryptage/ogm-poisons-ou-sans-impact-pour-sante-etrange-silence-mediatique-3-contre-expertisespauvres-rats-professeur-seralini-gerard-3439408.html|consulté le=2018-07-03|date=30 juin 2018|auteur1=Gérard Kafadaroff, Philippe Joudrier}}.</ref>.

[[Slate (magazine)|Slate]] dénonce, à la suite de ces nouvelles conclusions, en 2018, "une mise en scène préalablement orchestrée, une tractation secrète et peu reluisante: des journalistes signant un invraisemblable pacte de confidentialité leur assurant une «exclusivité»"<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=Jean-Yves |nom=Nau |titre=Affaire Séralini: six ans après, l'heure des comptes |url=http://www.slate.fr/story/164159/cancer-ogm-affaire-seralini-rebondissement |site=Slate.fr |date=2018-07-05 |consulté le=2020-11-23}}.</ref>.

Gilles-Éric Séralini dénonce quant à lui ces études en les qualifiant de {{citation|malhonnêteté méthodologique}} et déclare {{Citation|On détourne des fonds publics pour discréditer mes travaux sur les OGM !}}<ref>[https://www.nouvelobs.com/planete/20180704.OBS9187/seralini-on-detourne-des-fonds-publics-pour-discrediter-mes-travaux-sur-les-ogm.html L'Obs 4 juillet 2018 Séralini : "On détourne des fonds publics pour discréditer mes travaux sur les OGM !"]</ref>.

== Poursuites judiciaires ==

En 2012, Gilles-Eric Séralini poursuit en justice le journal [[Marianne (magazine)|Marianne]] et le journaliste Jean-Claude Jaillet pour diffamation, après qu'ils l'eurent accusé de fraude. Ils sont condamnés en 2015 par le [[Tribunal de grande instance de Paris]]<ref name="ft2015">[http://france3-regions.francetvinfo.fr/basse-normandie/le-professeur-gilles-eric-seralini-remporte-le-proces-en-diffamation-face-marianne-864671.html Le professeur Gilles-Eric Séralini remporte le procès en diffamation face à Marianne], France Télévisions, 27 novembre 2015</ref>, la décision a ensuite été confirmée par la Cour d'Appel en 2016. Le tribunal indique dans sa décision que les propos condamnés sont issus des lobbyistes [[Henry Miller]] et Bruce Chassy, {{citation|connus pour leurs liens avec de grands industriels, dont Monsanto, notamment via le financement par ceux-ci de leurs travaux<ref name="infogm2016">[https://www.infogm.org/5878-ogm-journaliste-marianne-condamne-pour-diffamation infogm.org: "OGM - La condamnation d'un journaliste de Marianne pour diffamation confirmée en appel"], 7 septembre 2016</ref>.}}

En 2019, Gilles-Eric Séralini porte plainte pour diffamation contre les journalistes Géraldine Woessner, [[Mac Lesggy]] et [[Patrick Cohen]] pour avoir qualifié l'étude de {{citation|frauduleuse}}. En 2023, le tribunal relaxe les trois accusés. En particulier, pour Géraldine Woessner, bien que le tribunal reconnaisse le caractère diffamatoire du propos, il relaxe la journaliste au motif de sa bonne foi<ref>[https://www.afis.org/Gilles-Eric-Seralini-deboute-dans-sa-plainte-en-diffamation Gilles-Éric Séralini débouté dans sa plainte en diffamation], AFIS, 19 décembre 2023, jugement en pages 18 et 22.</ref>.

== Notes et références ==
{{Crédit d'auteurs|interne|Gilles-Éric Séralini}}
{{Références}}

== Voir aussi ==
=== Bibliographie ===
* {{Bibliographie |Q28275530}}.
* {{Ouvrage |auteur1=[[Jacques Testart]] |titre=À qui profitent les OGM ? |sous-titre=Le tournant de l'« affaire Séralini » |lieu=Paris |éditeur=CNRS éditions |année=2012| pages totales=79 |isbn=978-2-271-07669-4}}.
* {{Article |langue=fr |auteur1=David Demortain |titre=L'étude Séralini et ce qu'elle nous apprend de la toxicologie réglementaire |périodique=Natures Sciences Sociétés |volume=21 |numéro=1 |date=janvier-mars 2013 |lire en ligne=https://www.nss-journal.org/articles/nss/abs/2013/01/nss130068/nss130068.html |doi=10.1051/nss/2013068 |pages=84-87}}.
* {{Article |auteur1=David Demortain |titre=Comment faire preuve en régime de controverse ? Retour sur l'histoire de l'évaluation des OGM |périodique=[[Hermès (revue)|Hermès]] |numéro=73 |titre numéro=Controverses et communication |année=2015 |pages=122-128 |url=https://www.cairn.info/revue-hermes-la-revue-2015-3-page-122.htm}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Gilles-Éric Séralini |auteur2=Jérôme Douzelet |titre=L'affaire Roundup à la lumière des Monsanto Papers |éditeur=[[Actes Sud]] |année=2020 |pages totales=190 |isbn=9782330140588}}.

{{Palette|Génie génétique}}
{{Portail|bioéthique|agriculture et agronomie|années 2010}}

[[Catégorie:Organisme génétiquement modifié]]
[[Catégorie:Septembre 2012]]
[[Catégorie:Controverse scientifique]]
[[Catégorie:Monsanto]]