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Marie Dubas

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Marie Dubas
Nom de naissance Anna Marie Dubas
Naissance
Paris 15e
Décès (à 77 ans)
Paris 16e
Activité principale comédienne
chanteuse
Années d'activité 1908-1958
Formation Conservatoire d'art dramatique de Paris
Distinctions honorifiques Légion d'honneur

Marie Dubas est une comédienne et chanteuse française, née le dans le 15e arrondissement de Paris et morte le dans le 16e arrondissement de Paris[1].

Biographie

Débuts

Fille d'Isaac Dubas, caoutchoutier d'origine polonaise, et de Pauline Muschkat[1], une famille juive[2], la jeune Anna Marie fait ses débuts en 1908 au théâtre de Grenelle, à peine âgée de 14 ans. Se destinant à une carrière au théâtre lyrique et à l'opérette, elle suit en parallèle des cours de danse, de chant et de comédie au Conservatoire d'art dramatique. Elle connaît rapidement un succès croissant et se retrouve en tête de distribution de plusieurs opérettes en vogue. Elle participe notamment à la création de L'Amour masqué (1923), opérette de Sacha Guitry et André Messager, aux côtés d'Yvonne Printemps. En 1924, elle chante dans La Danse des Libellules opérette de Franz Lehár, adaptée par Roger Ferréol et Max Eddy au Bataclan, première le 15 mars, 138 représentation[3]. Mais en 1926 (elle a alors 32 ans), une défaillance des cordes vocales la prive d'une partie de ses moyens, réduisant irrémédiablement l'étendue de son registre[4].

Reconversion et consécration

Se croyant perdue pour le chant, Marie Dubas traverse une période douloureuse, jusqu'à ce que Pierre Wolff, qui donne des conférences sur l'histoire de la chanson, lui propose d'illustrer celles-ci en interprétant des thèmes du folklore. Repartant ainsi sur des bases techniques différentes, elle s'oriente alors vers le tour de chant et entame officiellement sa nouvelle carrière le sur la scène de l'Olympia de Paul Franck . S'inspirant d'Yvette Guilbert, elle commence à chanter dans les petits cabarets de Montmartre dans un registre fantaisiste. En mars 1928, elle participe à la Revue Wagram pour l'inauguration des Folies-Wagram avec Ruth Virginia Bayton comme partenaire[5].

En quelques mois la voilà reconnue comme l'une des reines du music-hall. Elle inaugure en 1932 la formule du « récital » (deux heures sur scène, sans micro). Enchaînant ses passages dans les plus grandes salles, elle établit une sorte de record en étant cinq fois à l'affiche de l'ABC au cours de la seule saison 1935-36. Elle est également en tête d'affiche au Casino de Paris et à Bobino. Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre assistent régulièrement à ses spectacles, qu’ils prisent fort, tenant Marie Dubas pour une « anarchiste »[6].

Exploitant à fond les multiples facettes de son talent et jouant sur plusieurs registres à la fois, pour mieux mélanger les genres établis, elle passe en un instant de la fantaisie à l'émotion et du drame à la futilité. Chantant, dansant, mimant ses textes, parfois jusqu'à la caricature, jouant des hanches, des yeux, de sa frange brune ou des intonations aiguës de sa voix, qu'elle fait mine de rattraper d'un geste de la main, lorsqu'elle se lance dans une parodie d'opérette, Marie Dubas occupe toute la scène avec une vitalité et une jubilation communicatives. Ce qui fit écrire à Michel Georges-Michel : « Avec elle, le sujet ne compte plus. Le texte et la musique même s'effacent. C'est Marie Dubas que l'on regarde, que l'on écoute ; rien d'autre »[7].

Sa chanson la plus célèbre est Mon légionnaire (sur des paroles de Raymond Asso et une musique de Marguerite Monnot), qu'elle enregistre en 1936. Elle crée également Le Doux Caboulot (sur le poème de Francis Carco), Le Tango stupéfiant (« Je me pique à l'eau de Javel / Pour oublier celui que j'aime / Je prends ma seringue / Et j'en bois même »), et interprète en 1933 La Prière de la Charlotte de Jehan Rictus.

Sa popularité et sa renommée, qui lui valent d'être à l'affiche des plus prestigieux casinos, lui permettent également de faire une tournée aux États-Unis en 1939.

Dernières années

Tombe de Marie Dubas au cimetière du Père-Lachaise (division 36).

Bien que mariée à un noble ayant servi dans l'aviation[réf. nécessaire], elle doit s'exiler durant l'Occupation à Lausanne en raison de ses origines juives ; elle y restera jusqu'à la fin de la guerre. À son retour elle apprend que sa sœur a été exécutée et son neveu envoyé en camp de concentration[réf. nécessaire].

Elle remonte sur les planches en 1954 à la réouverture de l'Olympia. Mais, atteinte de la maladie de Parkinson, elle doit se retirer en 1958[8]. Elle meurt à Paris en 1972 et est inhumée au Père Lachaise (36e division).

Marie Dubas, « cette grande comédienne de la chanson aujourd'hui tombée dans l'oubli  »[9], fut la principale inspiration d'Édith Piaf (de 21 ans sa cadette) : « Je dois beaucoup à Marie Dubas. Elle a été mon modèle, l'exemple que j'ai voulu suivre ; et c'est elle qui m'a révélé ce qu'est une artiste de la chanson… »[10] Elles avaient trois chansons en commun à leurs répertoires : Mon légionnaire, Le Fanion de la légion et Monsieur est parti en voyage.

Vie privée

Marie Dubas a été mariée avec Georges-Roger Adolphe-Bellaire du 21 novembre 1951 au 15 novembre 1956[1]. Elle a un fils, François Bellair-Dubas[2].

Chansons interprétées par Marie Dubas

  • 1927 : L'amour est un jeu ; T'aimer librement
  • 1928 : Ça fait peur aux oiseaux
  • 1929 : Pedro ; Mais qu'est ce que j'ai ?
  • 1930 : Quand je danse avec lui ; C'est si bon quand c'est défendu ; Les housards de la garde, d'Eugénie Buffet ; La chanson du roulier
  • 1931 : Butterfly-Tox ; Quand la dame ; Ca m'fait mal
  • 1932 : Son voile qui volait ; J'suis bête ; La java du crochet ; Rengaine ; Le doux Caboulot
  • 1933 : (Quand) Charlotte prie Notre-Dame (la nuit du Réveillon)
  • 1934 : Croyez-vous ma chère ! ; Les chansons du Monsieur Bleu ; D'amour et D'eau Fraîche
  • 1935 : C'est toujours ça d'pris ; Le dimanche à Nogent ; C'est pour lui plaire
  • 1936 : Mon légionnaire ; Le fanion de la Légion ; Le tango stupéfiant[11]
  • 1937 : Monsieur est parti en voyage (repris par Édith Piaf en 1946)
  • 1938 : La Java en Mineur, créé par Maurice Chevalier et interprété par Édith Piaf et Nita Raya [12] (enregistrement introuvable)
  • 1944 : Ce soir je pense à mon pays
  • 1945 : Les voilà

Théâtre

Filmographie

Notes et références

  1. a b et c Acte no 2176 (vue 22/31), avec mention marginale du décès et de l'union, registre des naissances de l'année 1894 pour le15e arrondissement sur Paris Archives (archives numérisées de la Ville de Paris).
  2. a et b « Marie Dubas - Biographie », sur www.dutempsdescerisesauxfeuillesmortes.net (consulté le )
  3. « Comoedia », sur Gallica, (consulté le )
  4. Marc Robine, livret du CD Du caf'conc' au music-hall, vol. 11 « Marie Dubas » (EMI).
  5. « L'inauguration imminente des Folies-Wagram », Comœdia,‎ , p. 3 (lire en ligne, consulté le ).
  6. Dans La Force de l'âge, Simone de Beaucoir rapporte à son sujet :

    « À Bobino, nous entendîmes le vieux Georgius et la nouvelle étoile, Marie Dubas, qui déchaînait les rires et l’enthousiasme du public ; elle était très drôle quand elle chantait les chansons 1900 — je m’en rappelle une entre autres, qui s’appelait : Ernest, éloignez-vous — et nous vîmes dans ces parodies une satire de la bourgeoisie ; elle avait aussi dans son répertoire de belles chansons populaires dont la brutalité nous semblait un défi aux classes policées : elle aussi, nous la considérions comme une anarchiste. »

    — La Force de l’âge, Paris, Gallimard, , 1re éd., 622 p. (lire en ligne), p. 55

  7. Louis-jean Calvet, Cent ans de chanson française, L'Archipel, (ISBN 978-2-8098-1321-0, lire en ligne)
  8. Interview par André Parinaud (1962) sur Dailymotion.
  9. Jean-Pierre Thiollet, Piano ma non solo, Anagramme éd., 2012, p. 27.
  10. Hommage d'Edith Piaf à Marie Dubas (New York, 1955) sur Dailymotion.
  11. « Marie Dubas - Biographie », sur www.dutempsdescerisesauxfeuillesmortes.net (consulté le )
  12. « Partition de la chanson La Java en Mineur »

Annexes

Bibliographie

  • (it) Gianni Lucini, Luci, lucciole e canzoni sotto il cielo di Parigi - Storie di chanteuses nella Francia del primo Novecento), Novara, Segni e Parole, 2014, 160 p. (ISBN 978-88-908494-4-2)

Liens externes