Benyoucef Benkhedda
Benyoucef Benkhedda بن يوسف بن خدة | |
Benyoucef Benkhedda, lors de l'annonce du cessez-le-feu le 19 mars 1962 sur les ondes de la Radio nationale tunisienne. | |
Fonctions | |
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Président du gouvernement provisoire de la République algérienne | |
– (11 mois et 26 jours) |
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Chef de l'État | Abderrahmane Farès (chef de l'exécutif provisoire) |
Prédécesseur | Ferhat Abbas |
Successeur | Ahmed Ben Bella (chef du gouvernement) |
Ministre des Finances et des Affaires économiques | |
– (1 an, 1 mois et 18 jours) |
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Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Berrouaghia (Algérie Française) |
Date de décès | (à 82 ans) |
Lieu de décès | Alger (Algérie) |
Sépulture | cimetière de Sidi Yahia |
Nationalité | Algérienne |
Parti politique | MTLD (1947-1954) FLN (1955-1990) El Oumma (1990-1994) |
Entourage | Mohammed El-Ghazali Ben El-Haffaf[1] (beau-frère) |
Diplômé de | Université d'Alger |
Profession | Pharmacien |
Religion | Islam sunnite |
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Chefs d'État algériens | |
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Benyoucef Benkhedda, en arabe : بن يوسف بن خدة, né le à Berrouaghia (wilaya de Médéa) et mort le à Alger, est un homme politique algérien. Pharmacien de formation, ancien militant du MTLD, il fut le deuxième président du gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) durant la Guerre d'Algérie jusqu'à l'indépendance du pays en 1962.
Biographie
[modifier | modifier le code]Éducation et engagement nationaliste
[modifier | modifier le code]Fils d'un Cadi, il fréquente l'école coranique et l’école française. Il rejoint ensuite le lycée Duveyrier (aujourd'hui lycée Ibn Rochd) à Blida où il fait la connaissance de plusieurs pionniers du nationalisme algérien dont Mohamed Lamine Debaghine, Saad Dahlab, Abane Ramdane, Ali Boumendjel et M’hamed Yazid. « Vous êtes des couteaux qu’on aiguise contre la France ! » leurs répétait inlassablement le proviseur du lycée.
Il adhère au Parti du peuple algérien (PPA) en 1942. Une année après, il est arrêté et torturé dans les locaux de la DST pour avoir fait campagne contre la conscription des Algériens pour combattre l’Allemagne dans le cadre de l’affaire dite « des insoumis de Blida ». Il sera libéré huit mois plus tard.
Après l'obtention de son baccalauréat, il entre à la Faculté de médecine et de pharmacie d'Alger en 1943 et après interruption des études, obtient le diplôme de pharmacien en 1951.
Lutte pour l'indépendance algérienne
[modifier | modifier le code]Il est membre du Comité central du PPA-MTLD en 1947 et en devient le secrétaire général de 1951 à 1954. Arrêté en novembre 1954, il est libéré en mai 1955, et rejoint le Front de libération nationale (FLN) quelques semaines après. Il devient le conseiller assistant de Abane Ramdane à Alger.
En août 1956, il est désigné par le Congrès de la Soummam, membre du CNRA et du CCE avec Abane Ramdane, Larbi Ben M'hidi, Saâd Dahlab et Krim Belkacem. Avec Abane et Ben M’hidi, il constituera le triumvirat politico-militaire qui dirigera l’organisation de la Zone autonome d'Alger.
Il seconde directement Abane Ramdane dans le lancement et la réalisation de plusieurs projets dont le journal El Moudjahid, la création de l'UGTA, l'hymne national Kassaman[2]. Il échappe miraculeusement aux « paras » du général Massu juste avant la bataille d'Alger et quitte la capitale après l’assassinat de Ben M’Hidi par les soldats de Bigeard. Il se rend à l’étranger au nom du FLN et accomplit plusieurs missions. Il visite des capitales arabes en 1957-1958, la Yougoslavie, Londres (1958), l'Amérique latine (1960) ou encore la Chine à deux reprises.
Au cours de la réunion du CNRA qui se tint à Tripoli du 9 au 27 août 1961, il est désigné président du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA). Il achève les négociations avec la France commencées par le gouvernement Ferhat Abbas et proclame le cessez-le-feu négocié dans les accords d'Évian, la veille du 19 mars.
Le 20 juin 1962, il affirme que le pouvoir de l'exécutif provisoire est limité à organiser le référendum[3].
Il est accueilli par la population algéroise en liesse le 3 juillet 1962, jour de la reconnaissance officielle de l’indépendance de l’Algérie par la France.
Crise de l'été 1962
[modifier | modifier le code]Il vit comme un drame personnel, la crise de l’été 1962 entre le GPRA et Ahmed Ben Bella soutenu par l'« Armée des frontières » surarmée et se retire volontairement au profit de ce dernier pour éviter « un bain de sang fratricide ».
Le 22 juillet, Ben Bella installe un bureau politique provisoire, qu'il dirige[4], et qui se déclare en charge des affaires étatiques[5]. Celui-ci est installé le 4 août[6], et Benkhedda lui transmet ses pouvoirs[7].
Benkhedda se propose sans succès comme médiateur entre le bureau politique et les factions dissidentes, mais sa proposition est rejetée par le premier[8]. La crise se dénoue en septembre 1962 après de nouveau affrontements[9].
Engagement politique pour la démocratie
[modifier | modifier le code]En 1976, il signe avec trois anciens dirigeants du FLN durant la lutte armée pour l'indépendance (Ferhat Abbas, Hocine Lahouel, Kheir-Eddine) , un manifeste qui réclame une assemblée constituante, élue au suffrage universel en vue de définir une charte nationale. Les quatre signataires sont alors placés en résidence surveillée et leurs biens sont confisqués.
Sous le gouvernement Chadli Bendjedid qui a proclamé le multipartisme, il fonde avec Abderahmane Kiouane, et des anciens amis du mouvement national, « El Oumma » qui se fixe comme objectif la Proclamation du 1er novembre, c'est-à-dire : « L’État Algérien indépendant souverain et démocratique dans le cadre des principes Islamiques ». Le but d’« El Oumma » est d’œuvrer pour un rassemblement entre les islamistes et les nationalistes partisans d’un projet politique basé sur les valeurs de l'islam. Le président Liamine Zeroual qui accède au pouvoir en 1994, promulgue une loi interdisant l’usage de la religion par les partis à des fins politiques sous peine de dissolution. « El Oumma » s’auto dissout. En même temps, il fonde avec Cheikh Ahmed Sahnoune « le Tadhamoune » dont le but est de dénoncer l’État d’exception et les violations graves des droits de l’homme qui ont suivi l'arrêt du processus électoral de janvier 1992.
Reconnaissance populaire et nationale
[modifier | modifier le code]Après une longue maladie, il meurt à son domicile à Alger le . Une foule nombreuse l’accompagne au cimetière de Sidi Yahia, où il est enterré à côté de son compagnon de toujours Saad Dahlab. En son honneur, l'université d'Alger porte son nom.
Famille
[modifier | modifier le code]Le , son fils Hassan meurt lors d'une manifestation contre le cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika[10].
Publications
[modifier | modifier le code]- 1986, Les Accords d'Évian, OPU, Alger.
- 1989, Les origines du 1er novembre 1954, éd. Dahlab, Alger
- 1997, L'Algérie à l'indépendance: la crise de 1962, Dahlab, Alger.
- 2000, Abane-Ben M'hidi, leur apport à la révolution algérienne, éd Dahlab, Alger
- 2002, Alger, capitale de la résistance 1956-1957, éd. Houma, Alger
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Rédaction LQA, « Le 03 mai 2023 Salima Benkhedda née Haffaf a rejoint le Monde des Justes », sur Le Quotidien d'Algérie, LeQuotidienAlgerie, (consulté le ).
- Une existence née pour un hymne national - L'Expression, 11 novembre 2009
- « M. Ben Khedda : la mission de l'Exécutif provisoire se limite à créer les meilleures conditions morales et matérielles pour préparer le référendum », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
- Hubert Michel, « Les institutions politiques de la République Algérienne », sur www.persee.fr, (consulté le ).
- « Le bureau politique entend " prendre en main les affaires de l'État " », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
- Malek Abada, « Chapitre XI. Une transition sanglante », .
- « M. Ben Khedda analyse les origines et les conséquences de la crise algérienne pour y proposer divers remèdes », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
- « Ben Khedda s'offre de nouveau comme médiateur », Feuille d’Avis de Neuchâtel, (consulté le ).
- « LE FILM DES ÉVÉNEMENTS », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
- « L'homme décédé lors de la marche de vendredi est le fils de Benyoucef Benkhedda - DIA », sur DIA (consulté le )
Annexes
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Guerre d'Algérie
- FLN
- Abane Ramdane
- Ferhat Abbas
- Larbi Ben M'hidi
- Liste des chefs du gouvernement algérien
- Liste des gouvernements algériens
Liens externes
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- Site officiel
- Ressource relative à la musique :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- (fr) Site de la Fondation Benyoucef Benkhedda
- (fr) Benyoucef Benkhedda : Proscrit, poursuivi jusque dans sa tombe ! - Le Quotidien d'Algérie, 9 septembre 2010
- Naissance en février 1920
- Naissance à Berrouaghia
- Décès en février 2003
- Décès à Alger
- Décès à 82 ans
- Personnalité de l'histoire algérienne
- Personnalité du Parti du peuple algérien
- Personnalité du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques
- Membre du Front de libération nationale (Algérie)
- Président de l'Algérie
- Étudiant de l'université d'Alger
- Pharmacien algérien