120 Nuits
Les 120 Nuits est le nom d'une boîte de nuit éphémère[1] de Paris, située 8, boulevard de Strasbourg, qui a ouvert du [2] à , à raison de 3 soirs par semaine pendant 40 semaines, d'où son nom. Il s'agit également d'une référence aux Cent Vingt Journées de Sodome de Sade et au Montmartre interlope d'Apollinaire, le premier éditeur du divin marquis. C'est la seule discothèque grand public avec une programmation musicale délibérément punk qui ait existé à Paris.
Histoire
[modifier | modifier le code]Pliusieurs concerts y ont été organisés, notamment ceux de Jah Wobble (ancien guitariste de Public Image Limited)[3], Cabaret Voltaire, les Comateens[4], London Cowboys, Alan Vega (ex-chanteur de Suicide)[5], TC Matic, Snakefinger (qui avait auparavant officié au sein des Residents), R. Stevie Moore[6], ou du groupe italien Litfiba. On y croisait fréquemment Alain Pacadis, Fifi Chachnil, Supernana (animatrice), Philippe Krootchey, Jacno (musicien), Theo Hakola ou encore Ricardo Mosner. L'une des scènes du film d'Éric Rohmer, Les Nuits de la pleine lune y a également été tournée[7].
Créées et dirigées par Arnaud-Louis Chevallier[8] en collaboration avec la radio locale Cité 96 (anciennement radio Cité Future), les 120 Nuits proposaient chaque soir une performance, ou plusieurs séances de mini-concert sélectionnées par Anne-Marie Moreno, directrice artistique pour les spectacles ou par Xavier Veilhan, directeur artistique pour les expositions. Dans ce cadre, les groupes Dennis' Twist, Betty'z Boob, Ricky Amigos, ou encore Baroque Bordello y ont joué. De même, Jérôme Mesnager ou le groupe graphique 10/10 y ont exposé leurs œuvres et Nina Childress (chanteuse de Lucrate Milk et artiste peintre) y a créé une œuvre graphique en direct. Le décor de la discothèque était, par ailleurs, entièrement renouvelé chaque semaine[9].
Dès son ouverture, la discothèque a connu un vif succès[10] avec près de 500 clients en moyenne les soirs de la semaine et plus de 1500 clients chaque vendredi grâce à :
- l'absence de sélection à l'entrée,
- une ouverture tôt dans la soirée (dès 21h30) qui permettait aux personnes qui travaillaient le lendemain de pouvoir passer aux 120 Nuits et de dormir malgré tout une nuit complète après;
- une politique tarifaire volontairement bon marché 25 Francs (soit 4,27 euros) avant 23h avec une consommation et 40 Francs sans consommation (soit 6,09 euros) après 23h[11] ;
- une programmation musicale délibérément Rock, permettant d'attirer une clientèle issue des différentes discothèques du début des années 1980 qu'étaient notamment Le Gibus, Les Bains Douches (de la période Fabrice Coat et Jacques Renault) ou Le Rose Bonbon et qui fréquentait peu Le Palace qu'elle jugeait trop disco et funky.
Dans un contexte où la durée de vie des discothèques était de plus en plus courte et où le prix du foncier parisien subissait une hausse importante, le succès commercial et financier des 120 Nuits a permis de convaincre les propriétaires de salle en déclin et les organisateurs de soirée qu'il était possible de créer des discothèques éphémères sur la base d'une simple location ou d'un partage du chiffre d'affaires, ce qui a permis l'éclosion, à partir de 1984, de multiples « one-night clubs » (soirée ouverte un jour par semaine dans un endroit pouvant accueillir du public et doté d'une licence d'alcool et d'une tolérance d'ouverture la nuit), comme l'Excentric Ballroom au Whisky à Gogo, l'Asile à l'Observatoire puis au Rex Club puis au Palace, les Fantômes de l'Opéra ou la Sébale ou La Régence à l'Opéra-Night, ou les jeudis d'Albert au Royal Lieu.
Après avoir marqué la scène rock et punk, le lieu reprend ensuite son ancien nom[11], le Globo, et accueille, le vendredi soir, à partir de mars 1987[12], dès la fin du contrat d'exclusivité qu'avait Arnaud-Louis Chevallier avec la salle, la soirée Chez Roger, boîte funk, qui jusqu'à l'été 1988[13] devient l'épicentre du hip-hop français, grâce notamment à son DJ, Dee Nasty.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Laurent Jézéquel, « Lu et Approuvé - Nuits parisiennes des années 1980 », Télérama - Sortir,
- Fabienne Issartel, « La radio "Cité 96" ouvre "Les 120 Nuits" », Pariscope,
- Remy Kolpa Kopoul, « Jah Wobble, l'autre face de PIL », Libération,
- Aurélien Ferenczi, « Les Comateens Sympathiques », Le Quotidien de Paris,
- Pascal Boulard, « Magnétiseur », Le Journal du Dimanche,
- J.M. Canovas, « Moore, fils de Scotty », Libération,
- Jean-Marie Pottier, « «Les Nuits de la pleine lune», étoile filante de la pop française », sur slate.fr, (consulté le )
- Cédric Barbier, « videaste.eu Portrait #27 » [16:9], sur videaste.eu Portrait #27.
- Jean-Claude Roca, « Nuits démentes », Télépoche,
- Alain Pacadis, « Les nouveaux chébrans », Libération,
- « Une boîte pour 120 nuits », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- Philippe Pierre-Adolphe, Rap ta France : histoire d'un mouvement, (ISBN 978-2-7103-8174-7 et 2-7103-8174-5, OCLC 1088617940, lire en ligne)
- Vincent Piolet, Regarde ta jeunesse dans les yeux : Naissance du hip-hop français 1980-1990, Le Mot et le Reste, , 368 p. (ISBN 9782360542901)
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Article « 120 Nuits » dans Le dictionnaire des années 80 de Pierre Mikaïloff et Carole Brianchon - éditions Larousse.
- Nuits parisiennes des années 1980 d'Arnaud-Louis Chevallier - éditions Ateliers Henry Dougier