Aller au contenu

Ali Zayn al-Abidin

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ali Zayn al-Abidin
Fonction
Imam du chiisme duodécimain
-
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom dans la langue maternelle
علي بن الحسينVoir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Père
Mère
Shahr Banû (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Ali al-Akbar ibn Husayn
Fatima al-Sughra bint al-Husayn (en)
Safia bint Husayn (d)
Sukayna bint Husayn
Ali al-Asghar ibn Husayn
Kholat bint Husayn (d)
Sakinah (Fatima al-Kubra) bint HusaynVoir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Fatimah bint al-Hasan (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
Muhammad al-Bâqir
Zayd ibn Ali
Husain bin Ali bin Husain (d)
Abdullah bin Ali bin Al Hussein (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Conflit
Maître
Œuvres principales
Sahîfa Sajjâdiya, Risalat al-Huquq, Sermon de Damas d'Ali Zayn al-Abidin (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Vue de la sépulture.

`Alī Zayn al-`Ābidīn[Note 1] (parure des dévots ou des pieux) est le surnom appliqué à `Alī bin Huṣayn bin Alī Abī Ṭālib, et aussi appelé parfois as-Sajjâd (le prosterné)[Note 2], né en 38 AH (658 ou 659 du calendrier grégorien) à Médine, mort dans la même ville en 95 AH (713 ou 714)[1], est le quatrième imam chiite selon les duodécimains et les ismaéliens.

Son père est Husayn ibn Ali et son grand-père, `Ali ibn Abi Talib. Selon l'historien Tabari[2], sa mère est Shahrbanû (ar)[3] (dame de la cité), une des filles du dernier empereur sassanide de Perse Yazdgard III[4]. En raison de cette lignée persane sassanide, Ali est apparenté aux empereurs romains Maurice et Tibère II par Chirine, la fille de l’empereur Maurice, ainsi qu'au prophète musulman, à David par Sochandoukht (en) la mère de Vahram V[5].

On relèvera que cette filiation est importante, car elle serait à l'origine du caractère iranien du chiisme. Et les traditions iraniennes souligneront très tôt ce lien fort entre cette nation convertie tôt à l'islam et la famille humiliée des imams (tous auraient péri empoisonnés par les califes omeyyades)[2].

Ali Zayn al-Abidîn a épousé Fatima, fille de son oncle Hasan, et donc sa cousine germaine.

À la bataille de Kerbala, il fut le seul survivant des enfants de Husayn. On raconte que Shimr était sur le point de l'assassiner, mais sa tante Zaynab fit en sorte que Umar ibn Sa'ad (en), le commandant omeyyade, épargne sa vie. Finalement, lorsqu’on apporta la tête de Husayn au calife omeyyade Yazîd Ier celui-ci fut effrayé.

«  Il frappa d’une baguette la bouche de Hosaïn et dit : “Nous nous serions contenté de la soumission des habitants de l’Irak sans ce meurtre.” »

Une des personnes présentes lui dit :

«  “Écarte cette baguette de cette bouche que le Prophète a maintes fois baisée”. Yazîd irrité se retourna vers `Ali le jeune fils de Hosaïn et lui dit : “Fils de Hosaïn, ton père a brisé les liens de la parenté, il s'est révolté contre moi et a méconnu mon droit ; c'est pour cela que Dieu lui a fait ce que tu as vu.” `Ali répliqua: “Il n'arrive rien sur terre, ni à vous-même, qui ne soit, dès avant que nous l'eûmes créé, écrit dans le livre. Et cela est facile à Dieu (Coran, LVII, 22)”[6]. »

Ensuite, Yazîd ordonna de traiter Ali Zayn al-Abidin avec égards. Le bruit du massacre des membres de la famille du Prophète par l'armée de Yazîd s'amplifiant dans la capitale, et celui-ci craignant une fronde, il annonça publiquement son désaveu des évènements[réf. nécessaire].

Quelques jours après la bataille, Yazid aurait renvoyé Ali Zayn al-Abidin à Médine, d'où il était parti avec son père. Là, il mena une vie de piété, consacrée à la religion[4], musulman exemplaire passant beaucoup de temps en prière ce qui lui valut son surnom de as-Sajjâd. Il resta à l’écart de la vie politique, ne causant aucun problème au pouvoir omeyyade[4].

Il est mort à Médine vers 713, peut-être naturellement, bien que la littérature hagiographique chiite affirme qu'il a été empoisonné par un calife omeyyade[Note 3], Al-Walid ou Hishâm ibn Abd al-Malik[4],[7],[8]. Il est enterré à Médine au cimetière d’al-Baqî[4] et laissa de nombreux enfants.

Succession et division

[modifier | modifier le code]

Sa succession va amener une première division dans le chiisme. La majorité des chiites, ceux qu'on appellera plus tard les duodécimains, pensait que le successeur légitime d'`Ali Zayn al-`Âbidîn était son fils Muhammad al-Bâqir (qui sera effectivement le cinquième Imam de la lignée duodécimaine). Toutefois, une minorité tenait que la succession devait revenir à un autre de ses fils, Zayd ibn Ali. Celui-ci va laisser son nom à une première grande branche chiite connue sous le nom de zaydisme[4].

Le cimetière al-Baqi de Médine en 1920, avant sa démolition par les wahhabites en 1925. Le mausolée d'Ali Zayn al-Abidin est à gauche, au fond.

Parmi les œuvres du quatrième Imam, on mentionnera le as-Sahîfah as-Sajjâdiyyah (« Le cahier d'al-Sajjâd »), souvent appelé le « Psautier de la famille de Mohammad »[9], qui consiste en cinquante-sept prières se rapportant aux plus hautes sciences divines. Le texte est très populaire dans les milieux chiites, et il a été l'objet de nombreux commentaires[9]. On peut également mentionner la Risalat al-Huquq ou « Le traité des droits ».

Il a dit dans son ouvrage intitulé as-Sahîfah as-Sajjâdiyyah : « C’est Toi Allâh qu’aucun endroit ne contient » et également : « C’est Toi Allâh qui est exempt des limites et qui n’est donc pas limité »[10].

Voici encore quelques Paroles de l'imam Zayn al-Abidin :

« Faites attention à 5 genres de personnes avec qui vous ne devez jamais parler, ni les accompagner :

  1. garde toi du menteur, il est comme un mirage, il te fait voir l'ami proche comme une personne lointaine et la personne lointaine comme un ami proche;
  2. garde toi du pervers, il te trahi en contre partie d'un repas ou moins que cela;
  3. garde toi de l'avare, il t'abandonne lorsque tu as le plus besoin de lui;
  4. garde toi du sot, il veut te faire le bien mais il te fait le mal;
  5. garde toi de celui qui rompt le lien de parenté, il est maudit par Allah;

Faites du bien à quiconque vous le demandes, s'il le mérite alors votre geste à sa place et s'il ne le mérite pas alors c'est vous qui aurai le mérite . si quelqu'un vous insulte sur votre droite puis passe à votre gauche et vous demande pardon, acceptez ses excuses[11]. »

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. En arabe : abū muḥammad `alīy ben al-ḥusayn zayn al-`ābidīn, أبو محمد علي بن الحسين زين العابدين)
  2. as-Sajjâd, en arabe « as-sajjād, السجّاد », celui qui est souvent en prosternation (trad. Amir Moezzi, Jambet, 2014) ou celui qui se prosterne en adoration (trad. Yann Richard, 1991).
  3. On l'a déjà relevé plus haut: selon la tradition chiite, tous les descendants de Hussein ibn Ali connurent une fin brutale, et furent en général empoisonné sur ordre du calife qui les gouvernait. (Yann Richard, L'islam chi'ite, Paris, Fayard, 1991, p. 51+53.

Références

[modifier | modifier le code]
  1. (en) « Imam Ali Ibn al Husayn (as) », sur Al-Islam.org (consulté le ).
  2. a et b Yann Richard, L'islam chi'ite, Paris, Fayard, 1999, 303 p. (ISBN 978-2-213-02743-2), p. 51-53.
  3. Shahr Banû en persan : šahr bānū, شهر بانو, dame de la cité)
  4. a b c d e et f Mohammad Ali Amir-Moezzi, La religion discrète: croyances et pratiques spirituelles dans l'islam shi'ite, 416 p. (ISBN 978-2-7116-1857-6), p. 49.
  5. (ar) Ahmed Khalil, « الإمام علي زين العابدين حياته ونسبه: بحث في الحلقة المشتركة بين الأشراف والساسانيين والبيزنطيين وسبط يهوذا », sur academia.edu,‎ (consulté le ).
  6. Tabarî, traduit du persan par Hermann Zotenberg, La Chronique Histoire des prophètes et des rois, vol. II, Actes Sud / Sindbad, coll. « Thésaurus », (ISBN 978-2-7427-3318-7), « Les Omayyades », p. 50.
  7. WOFIS, A Brief History of the Fourteen Infallibles, Tehran, World Organization for Islamic Services, .
  8. Dwight M. Donaldson, The Shi'ite Religion : A History of Islam in Persia and Irak, Burleigh Press, , p. 101–111.
  9. a et b Mohammad Ali Amir-Moezzi, Christian Jambet, Qu'est-ce que le shî'isme, Paris, Cerf, coll. « Lexio », (1re éd. 2004 (Fayard)), 387 p. (ISBN 978-2-204-10321-3), p. 59-61 et passim.
  10. « L’Imâm Zaynou l-‘Âbidîn dit que Allâh est sans endroit et qu’Il n’est pas limité », Islam Sunnite,‎ (lire en ligne, consulté le )
  11. « Quelques Paroles De l'imam Zayn al-Abidin », (consulté le ).

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • (en) William C. Chittick (translation with an introduction and annotation of as-Sahîfah as-Sajjâdiyyah by Imâm Zayn al-'Âbidîn 'Alî ibn al-Husayn), The Psalms of Islam, Londres, Muhammadi Trust of Great Britain and Northern Ireland, , xlvi, 301 p. + texte arabe: 260 (présentation en ligne)
  • Tabarî, traduit du persan par Hermann Zotenberg, La Chronique Histoire des prophètes et des rois, vol. II, Actes Sud / Sindbad, coll. « Thésaurus », (ISBN 978-2-7427-3318-7), « Les Omayyades »

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]