Archives de la terreur
Les « Archives de la terreur » (« Archivos del Terror »), datant de la dictature d'Alfredo Stroessner (1954-1989), ont été découvertes le par l'avocat et militant des droits de l'Homme Martín Almada et par le juge José Agustín Fernández dans un poste de police à Lambaré, dans la banlieue d'Asuncion, capitale du Paraguay[1],[2].
Almada cherchait depuis des années des documents pour prouver qu'il avait été torturé par la dictature militaire d'Alfredo Stroessner dans les années 1970. C’est après avoir été contacté par une femme qui détenait des informations concernant d'éventuelles preuves, que lui et Fernández ont découvert ces archives. Ces documents révélaient le sort de milliers de Sud-Américains enlevés, torturés ou tués par les services de sécurité de l'Argentine, de la Bolivie, du Brésil, du Chili, du Paraguay et de l'Uruguay lors de l'opération Condor[3].
Elles révèlent également que d'autres pays tels que la Colombie, le Pérou et le Venezuela ont coopéré à des niveaux divers afin de fournir les renseignements demandés par les pays du Cône Sud. Certains de ces pays ont utilisé en partie ces archives afin de poursuivre d'anciens officiers militaires. La plus grande partie du dossier d'accusation établi par le juge espagnol Baltasar Garzón contre le général Pinochet provient de ces archives.
La Commission Vérité et Justice instituée par le gouvernement paraguayen en 2003, a pu établir à partir de ces archives et de trois autres sources documentaires, une liste de 9 923 personnes ayant subi 14 338 violations des droits humains, incluant détentions, tortures, exécutions, disparitions et exils. Le travail de la commission a également permis identifier 10 167 victimes supplémentaires omises par les archives[4].
En 2009, l’UNESCO intègre ces archives à son programme Mémoire du monde ; l'un des éléments de ce programme ayant pour but de protéger et de garantir l'accès à la consultation de ces archives[5].
Archives
[modifier | modifier le code]Le fonds originel des archives de la terreur est conservé au Centre de documentation des droits de l’Homme dans le palais de justice d'Asunción.
Une petite partie des archives reproduites, un rouleau de microfilms de 1200 images, est conservée à La contemporaine dans le fonds Martín Almada[6] Ce corpus a été amené en France en 2000 par le sociologue Alain Touraine.
Notes
[modifier | modifier le code]- « Paraguay's archive of terror ». By Mike Ceaser. March 11, 2002. BBC
- Andrew McCallum, « Understanding Operation Condor through the Archives of Terror » [archive du ], Duke Human Rights Center (consulté le )
- Simon Watts, « How Paraguay's 'Archive of Terror' put Operation Condor in focus » [archive du ], BBC News, (consulté le )
- Comisión de Verdad y Justicia, « Informe Final Comisión de Verdad y Justicia », (consulté le ); Version également disponible ici
- « Archives of Terror », UNESCO (consulté le )
- Fonds Martín Almada sur le site internet de La contemporaine.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]- UNESCO "Democracy in the light of dictatorship" par Alain Touraine, article UNESCO.
- (en) « The archives of Terror », (archivé sur Internet Archive)
- « Article in Spanish by Martín Almada »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) (consulté le )
- "In Search of Truth and Justice: Coordination Board for Assistance to the Commission of Truth and Justice". Voces: Boletin Informativo de la CODEHUPY. 4(1) January–March 2004. Translated by D. Schenck-Hamlin and N. Ossar. Consequences of the discovery of the archives of terror.
- "The Bloody Legacy of Stroessner, Pinochet and Rios Montt. Latin America's Archives of Terror", par Laura Carlsen. Octobre 25, 2003. CounterPunch.