Base chinoise de Doraleh
Base Chinoise de Doraleh | |
Pays | Djibouti |
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Période | 2017- aujourd'hui |
Type | base militaire |
Allégeance | république populaire de Chine |
Localisation | |
Coordonnées | 11° 35′ 27″ nord, 43° 04′ 01″ est |
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La base chinoise de Doraleh est la première base militaire établie par la Chine à l'étranger. Construite en 2017, elle est située à Djibouti dans le port de Doraleh, à environ 8km à l'ouest de la ville de Djibouti.
Contexte
[modifier | modifier le code]Djibouti est situé à proximité immédiate de la mer Rouge et du détroit de Bab-el-Mandeb, qui sont d'un intérêt économique et géostratégique majeur à l'échelle mondiale[1]. En effet, 10% du fret maritime mondiale passe par ce détroit soit 16 000 à 18 000 navires chaque année. Un grand nombre de pays dépendent et profite du commerce qui transite en Mer Rouge dont la Chine. Avant la construction de la base chinoise, Djibouti accueillait ainsi déjà plusieurs bases militaires : française (depuis 1977), américaine (depuis 2002), japonaise (depuis 2011) et italienne (depuis 2014). Cette présence militaire permet de sécuriser les flux commerciaux, de lutter contre le terrorisme et la piraterie mais également les différents trafics (humains, de drogue ou d’armes).
L'évacuation des ressortissants chinois lors de la crise de 2011 en Lybie a montré la limite de la présence militaire chinoise dans la région[2].
En parallèle, la Chine a investi massivement dans l'économie djiboutienne, au point de devenir en 2013 le premier partenaire économique du pays[3]. L'entreprise China Merchants Port Holdings détient notamment 23,5% du capital du port de Djibouti, dont le terminal de Doraleh avoisine la base militaire chinoise.
Autre point central : 90 % de toute la capacité de communication Internet entre l'Europe et l'Asie est acheminée par des câbles sous-marins en mer Rouge. D'après Data Center Dynamics, 17 câbles sous-marins passent par la mer Rouge et relient l'Asie à l'Europe. La guerre au Yémen depuis 2014 puis les attaques Houthis posent un problème de sécurité et d’accessibilité[1]. La base militaire chinoise de Doraleh est située à proximité de l’embarcadère des câbles internet sous-marins reliant Djibouti à l'Europe et à l'Asie ; ceci alimente les inquiétudes sur la sécurité et l'accessibilité de ces câbles, alors que l'Armée populaire de libération pourrait mener des activités de guerre électronique sur la base[4].
Enfin, la construction de cette base s'inscrit dans la continuité du projet dévoilée en 2013 par Xi Jinping de Nouvelle route de la soie qui a pour but à la fois d'accroître l'influence chinoise dans le monde et de développer l'économie chinoise[2].
Historique
[modifier | modifier le code]Un accord est signé en 2015 entre le gouvernement de Djibouti et la Chine pour la construction d'une base militaire sur le sol djiboutien. Moins d'un an et demi plus tard, la base est inaugurée[2]. L'accord entre les deux pays concerne un bail de 10 ans avec une redevance annuelle de 20 millions de dollars payée par la Chine à Djibouti[3]. La base continue par la suite d'être développée : une jetée de 380 mètres inaugurée en 2021 permet notamment d'accueillir des navires de grand tonnage comme des porte-hélicoptères[4].
En 2018, l'armée américaine accuse des lasers tirés depuis la base chinoise d'avoir aveuglé les pilotes d'un C-130 Hercules. Aucune preuve n'est toutefois avancée par les Américains pour appuyer ces allégations[4].
Intérêt
[modifier | modifier le code]Officiellement, le rôle de cette base chinoise est d’être un point d’appui à l’évacuation éventuelle de ses ressortissants (ils sont environ un million en Afrique)[5]. Toutefois, cette base pourrait être utilisée pour des missions bien plus variées : renseignements, action anti-terroriste, protection des intérêts financiers chinois dans la région[4]...
D'un point de vue régional, cette implantation chinoise à Djibouti permet à la Chine de garantir un moyen d'exporter vers son territoire les produits manufacturés construits dans ses usines en Ethiopie et les ressources naturelles extraites des mines chinoises en Afrique[5]. Les échanges commerciaux entre la Chine et l'Afrique sont en effet particulièrement importants : ils s'élevaient en 2022 à 282 milliards de dollars[6]. La base de Doraleh permet aussi à la Chine de surveiller les espaces maritimes environnants et de protéger ainsi ses intérêts commerciaux[5].
Enfin, cette base est au cœur du dispositif d'investissements chinois à Djibouti. La base militaire est en effet située entre la zone franche de Djibouti et le port de Doraleh, tous deux construits par la Chine. Le terminus de la ligne ferroviaire Djibouti-Addis-Abbeba, également financée par le gouvernement chinois, se trouve aussi à proximité. On peut aussi noter les projets d’oléoducs qui relieraient le Sud-Soudan et Djibouti, la construction d'un gazoduc[5], et le projet du président djiboutien de construire une base de lancement spatial en partenariat avec une entreprise chinoise[1]. En 2017, Pékin avait investi 14 milliards de dollars dans des infrastructures à Djibouti[2].
Description
[modifier | modifier le code]La base chinoise de Doraleh, qui couvre 36 ha, est bien plus petite que ses équivalents française (418 ha) et américaine (200 ha) à Djibouti. Le flou demeure sur le nombre de militaires accueillis sur la base : officiellement, la base accueille 400 militaires, mais des analystes occidentaux estiment que la population de la base pourrait être de 5 000, voire 10 000 personnes[2],[4].
La base militaire de Doraleh a les infrastructures d'une base navale et d'une base aérienne (un héliport pourrait se muer en piste de drones selon les services de renseignement occidentaux)[4]. La base possède aussi des dépôts de carburants, des stockages de munitions, un hôpital, des baraquements, des installations d’entraînement, une installation administrative et des garages[4].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Sonia Le Gouriellec, « L’Afrique face aux rivalités de puissances en mer Rouge », sur FMES - Fondation Méditerranéenne d'Etudes Stratégiques, (consulté le )
- Sébastien Le Belzic, « Djibouti, l’avant-poste militaire de la Chine en Afrique », sur Le Monde, (consulté le )
- Olivier Caslin, « Chinafrique : à Djibouti, l’emprise du Milieu », sur Jeune Afrique, (consulté le )
- « [INSIGHT] Djibouti : révélations sur la très secrète base militaire chinoise qui inquiète les Occidentaux (Challenges X Preligens) | Preligens », sur www.preligens.com (consulté le )
- Jean-Luc Martineau, « Djibouti et le « commerce » des bases militaires : un jeu dangereux ? », L’Espace Politique. Revue en ligne de géographie politique et de géopolitique, no 34, (ISSN 1958-5500, DOI 10.4000/espacepolitique.4719, lire en ligne, consulté le )
- Claude Leblanc, « Commerce: entre la Chine et l’Afrique, le compte est bon » , sur L'Opinion, (consulté le )