Bordelongue
Bordelongue | |||
Administration | |||
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Pays | France | ||
Région | Occitanie | ||
Département | Haute-Garonne | ||
Métropole | Toulouse Métropole | ||
Commune | Toulouse | ||
Géographie | |||
Coordonnées | 43° 34′ 17″ nord, 1° 25′ 23″ est | ||
Localisation | |||
Géolocalisation sur la carte : Toulouse
Géolocalisation sur la carte : Haute-Garonne
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Bordelongue est un quartier d'affaires de Toulouse situé au sud de la ville, sur la route de Seysses. Le quartier, inclus dans le quartier de Lafourguette, n’existe plus en tant que tel, il a été profondément modifié par l’implantation du périphérique qui le traverse. Il reste présent par le souvenir d’un camp d’internement au cours de la Seconde Guerre mondiale et d’une fosse contenant les corps de résistants exécutés par les Allemands.
Historique du quartier
[modifier | modifier le code]Le nom vient d’un grand domaine existant au XVIIe siècle, « Borde longue » (Borde signifie « ferme »), plus tard divisé en parcelles plus petites.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, on y installe un camp d’internement. Le , on y découvre le charnier dans lequel ont été jetés les corps de vingt-huit résistants fusillés par les Allemands entre septembre 1943 et avril 1944[1]. Une stèle porte les noms des martyrs. Après guerre, les baraquements continuent à être utilisés par des populations défavorisées. En 1947, on construit le Centre de Formation professionnelle des adultes qui accueillera jusqu’à plus de mille deux cents stagiaires. Les derniers baraquements disparaissent dans les années 1970 avec les grands travaux de la « rocade » (périphérique).
Le quartier est en voie de réhabilitation. Situé à proximité du complexe chimique AZF et donc ayant subi les dégâts liés à l’explosion du 21 septembre 2001, il bénéficie du mouvement de rénovation. Une zone franche urbaine a été créée en 2004 par la ville de Toulouse. En 2006, elle a été déclarée d’intérêt communautaire et est sous le contrôle du Grand Toulouse.
Le charnier
[modifier | modifier le code]Il y avait deux autres sépultures clandestines dans la région :
- Le champ de tir, route de Lacroix-Falgarde : trois corps tous reconnus ;
- Castelmoron : quinze corps dont cinq reconnus en octobre 1944.
On remarquera le lourd tribut payé par le département de Lot-et-Garonne. Sur les vingt-huit noms de la stèle de Bordelongue[2] : quatorze, la moitié, habitaient ce département.
Découverte du charnier
[modifier | modifier le code]Jeanine Brisseau-Loaiza, fille de Jean Brisseau, qui a relevé cette liste a écrit la note suivante :
« La stèle porte vingt-huit noms ; la liste recopiée dans le dossier Bordelongue du musée de la Résistance de Toulouse n’en donne que vingt-sept et parle d’un corps à l’identité inconnue. Un document de la police de Toulouse du 5 février 1944, transmis par les Archives départementales de la Haute-Garonne révèle qu’il s’agit vraisemblablement du corps d’Émile Coiry. Un avis du commandement allemand du signalait que trois ressortissants français avaient été condamnés à mort à Toulouse et fusillés le : Charles Boizard, Georges Larrive et Emile Coiry. « Les corps des deux premiers ayant été retrouvés à Bordelongue, le seul cadavre non identifié peut être celui d’Émile Coiry » et un signalement est donné dont un âge évalué à vingt-cinq ans environ. »
Les articles de deux journaux de relatant la découverte du charnier et les dires de Mme Ramon, habitante de la ferme[3] : le no 4 du vendredi de Vaincre (quotidien des Forces Françaises de l'Intérieur) et le Patriote du sud-ouest, no 18 du jeudi ne parlent pas d’exécutions sur place mais de transport de corps en camion de nuit et de jour et d’inhumations. Sept dates ont été notées par Mme Ramon[4] :
- Le au matin. Il s’agit de l'employé, André Vasseur, et de trois étudiants, Henri Arlet et deux étudiants du lycée Fermat de Toulouse (Edmond Guyaux et Jacques Sauvegrain) partis après leurs examens dans le maquis Bir-Hakeim de la Montagne Noire, arrêtés et emprisonnés puis fusillés le à la prison Saint-Michel. Du sang frais est signalé par Mme Ramon près de la fosse[1].
- Dans la nuit du 27 au ; puis le au matin, deux camions portant les corps des neuf membres d’un groupe de Lot-et-garonnais condamnés à mort le par un conseil de guerre allemand de l’armée du sud de la France comme « francs-tireurs et pour avoir favorisé l’ennemi et pris part à la résistance armée contre l’armée allemande » (jugement envoyé le au Préfet à Agen, tiré d’un dossier portant la cote 5278 W5 des Archives départementales de Haute-Garonne) et exécutés le : Maurice Lessauque, Edouard Porte, Raoul Rogalle, Roland Goumy, Aurélien Desbarats, Louis Coulanges, Ernest Couderc, Paul Quandalle et Noël Pujos.
- Le (veille de Pâques) sont transportés les corps des dix résistants jugés le matin par un « tribunal » allemand dont Jean-Roger Blancheton, Jean Brisseau, Maurice Dubois, François Laguerre et Roger Levy, fusillés vers dix-sept heures à la prison Saint-Michel de Toulouse, selon les lettres adressées aux familles et en particulier celle de François Laguerre donnant les détails horaires.
- Le à dix-huit heures et enfin le à sept heures du matin, avec les trois corps de Charles Boizard, Georges Larrive et vraisemblablement Émile Coiry. Le nom de ce dernier est mentionné comme Ernest Goiry sur la stèle dédiée[4].
Liste des martyrs de la stèle de Bordelongue à Lafourguette, Toulouse
[modifier | modifier le code]- [Arlet] Henri, Joseph, Yves Arlet, né le à Sarlat (Dordogne), étudiant à Sarlat[M 1] ;
- [Arnaud] Roger, Marie, Gonzague Arnaud, né le à Revel (Haute-Garonne), entrepreneur à Durfort (Tarn)[M 2] ;
- [Béteille] Émile, Éloi Béteille, né le à l’Albarède (Tarn), cantonnier à Arfons (Tarn)[M 3] ;
- [Blancheton] Roger, Jean Blancheton, né le à Loubens (Gironde), cultivateur à Neuffons (Gironde)[M 4] ;
- [Boizard] Charles Boizard, né le à Fumel (Lot-et-Garonne), instituteur à Couvert (Lot)[M 5] ;
- [Brisseau] Jean Brisseau, né le à Duras (Lot-et-Garonne), boucher-expéditeur à Duras[M 6] ;
- [Coiry] Émile, Pierre, Marie Coiry, né le à Bains-sur-Oust (Ille-et-Vilaine), cultivateur puis FTPF du Lot[M 7] ;
- [Couderc] Ernest Couderc, né le à Maxou (Lot), grossiste en fruits et primeurs au Passage d’Agen (Lot-et-Garonne)[M 8] ;
- [Coulanges] Louis Coulanges, né le à Laplume (Lot-et-Garonne), cultivateur à Saint-Vincent-de-Lamontjoie (Lot-et-Garonne)[M 9] ;
- [Desbarats] Aurélien Desbarats, né le à Pouy-Roquelaure (Gers), cultivateur à Saint-Vincent-de-Lamontjoie (Lot-et-Garonne)[M 10] ;
- [Dubois] Pierre, Alfred, Maurice Dubois, né le à Duras (Lot-et-Garonne), forgeron à Duras[M 11] ;
- [Ducès] Fernand, François Ducès, né le à Miramont-d'Astarac (Gers), cultivateur à L'Isle-de-Noé (Gers)[M 12] ;
- [Fraisse] Henri, Lucien Fraisse, né le à Pau (Pyrénées-Atlantiques), employé à la mairie de Pau[M 13] ;
- [Goumy] Roland, Roger Goumy, né le à Guéret (Creuse), chef de service au ravitaillement général à Agen (Lot-et-Garonne)[M 14] ;
- [Guyaux] Edmond, Victor Guyaux, né le à Vireux-Wallerand (Ardennes), étudiant à Toulouse (Haute-Garonne)[M 15] ;
- [Lacabanne] Henri Lacabanne, né le à Monein (Pyrénées-Atlantiques), employé de banque à Pau (Pyrénées-Atlantiques)[M 16] ;
- [Laguerre] François, Joseph Laguerre, né le à Toulouse (Haute-Garonne), chef de gare à Duras (Lot-et-Garonne)[M 17] ;
- [Larrive] Georges, René, Robert Larrive, né le à Cahors (Lot), conducteur typographe à Cahors[M 18] ;
- [Lassauque] Maurice Lassauque, né le à La Courtine (Creuse), transporteur à Agen (Lot-et-Garonne)[M 19] ;
- [Lévy] Roger Lévy, né le à Montbéliard (Doubs), capitaine de réserve à Sainte-Bazeille (Lot-et-Garonne)[M 20] ;
- [Mantien] Louis, Albert Mantien, né le à Connerré (Sarthe), employé domicilié à Billère (Pyrénées-Atlantiques)[M 21] ;
- [Mathou] Paul, Jacques, François, Henri Mathou, né le à Tarbes (Hautes-Pyrénées), étudiant domicilié à Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées)[M 22] ;
- [Porte] Adrien, Édouard, Joseph Porte, né le à Bernac-Debat (Pyrénées-Atlantiques), inspecteur de l’Enregistrement à Agen (Lot-et-Garonne)[M 23] ;
- [Pujos] Noël Pujos, né le à Fals (Lot-et-Garonne), cultivateur à Fals[M 24] ;
- [Quandalle] Paul, Auguste Quandalle, né le à Saint-Martin-Choquel (Pas-de-Calais), cultivateur à Fals (Lot-et-Garonne)[M 25] ;
- [Rogale] Raoul, Guillaume Rogale, né le à Caudecoste (Lot-et-Garonne), coiffeur à Caudecoste[M 26] ;
- [Sauvegrain] Jacques Sauvegrain, né le à Paris (XIVe arr.), étudiant à Toulouse (Haute-Garonne)[M 27] ;
- [Vasseur] André, Daniel, Alexandre Vasseur (Pseudonyme « Jaxerre »), né le à Drucat (Somme), employé à la mairie de Toulouse (Haute-Garonne)[M 28].
Cérémonies
[modifier | modifier le code]Chaque année a lieu après le une cérémonie d'hommage aux martyrs[5]. En 2008, cette cérémonie a été honorée par la présence de Pierre Cohen, nouveau maire de Toulouse en la présence du président du Conseil général, de la députée…
Sources et références
[modifier | modifier le code]- Sources
- Pierre Salies, Dictionnaire des rues de Toulouse, Toulouse, Milan, 1989.
- Vaincre no 4 du vendredi 8 septembre 1994, quotidien des Forces Françaises Intérieures.
- Le Patriote du Sud-Ouest, no 18 du jeudi .
- Archives Départementales de la Haute-Garonne.
- Musée de la résistance de Toulouse.
- Références
- E. Leroy, « Le charnier de Bordelongue », sur francoisverdier-liberationsud.fr, (consulté le ).
- Gilles Gaudou, « Stèle des martyrs de Bordelongue (Relevé no 95975) », sur MémorialGenWeb, (consulté le ).
- Jacques David et Denise Bailly-Michels (dir.), « Les martyrs de Bordelongue », Châteaubriant, Cachan, impr. LNI, no 266, , p. 7 / 13 (ISSN 0995-8584, lire en ligne [PDF], consulté le ).
- André Balent, « Toulouse (Haute-Garonne), prison Saint-Michel et charnier de Bordelongue, - », sur fusilles-40-44.maitron.fr (consulté le ).
- « Mémoire : Cérémonie des 28 martyrs de Bordelongue », sur lafourguette.fr, (consulté le ).
- Références des martyrs de la stèle
(Sauf mentions contraires, les informations sont issues du site : fusilles-40-44.maitron.fr).
- André Balent et Jean-Pierre Besse, « Arlet Henri, Joseph, Yves [Pseudonyme : Hubert Arnaux] » (consulté le ).
- André Balent et Jean-Pierre Besse, « Arnaud Roger, Marie, Gonzague » (consulté le ).
- André Balent et Jean-Pierre Besse, « Béteille Émile, Éloi » (consulté le ).
- André Balent, Jean-Pierre Besse et Serge Tilly, « Blancheton Jean, Roger » (consulté le ).
- André Balent et Jean-Pierre Besse, « Boizard Charles » (consulté le ).
- Jean-Pierre Besse, « Brisseau Jean » (consulté le ).
- André Balent et Julien Lucchini, « Coiry Émile, Pierre, Marie, alias Mermoz » (consulté le ).
- Jean-Pierre Besse, « Couderc Ernest alias Victoire » (consulté le ).
- André Balent et Jean-Pierre Besse, « Coulanges Louis » (consulté le ).
- Jean-Pierre Besse, « Desbarats Aurélien » (consulté le ).
- André Balent et Jean-Pierre Besse, « Dubois Pierre, Alfred, Maurice » (consulté le ).
- Dominique Tantin et Jean-Pierre Besse, « Ducès Fernand, François » (consulté le ).
- Jean-Pierre Besse, « Fraisse Henri, Lucien » (consulté le ).
- Jean-Pierre Besse, « Goumy Roland, Roger » (consulté le ).
- André Balent et Julien Lucchini, « Guyaux Edmond, Victor [alias Guignol] » (consulté le ).
- Jean-Pierre Besse et André Balent, « Lacabanne Henri » (consulté le ).
- André Balent, Jean-Pierre Besse et Frédéric Stévenot, « Laguerre François, Joseph » (consulté le ).
- André Balent, Jean-Pierre Besse, Marie-Cécile Bouju et Delphine Leneveu, « Larrive Georges, {René}, Robert, pseudonyme Mezilleux ou Mezilleuse » (consulté le ).
- François Frimaudeau et Michel Thébault, « Lassauque Maurice, pseudonyme Le Floch » (consulté le ).
- Jean-Pierre Besse, « Lévy Roger » (consulté le ).
- André Balent et Jean-Pierre Besse, « Mantien Louis, Albert » (consulté le ).
- Jean-Pierre Besse et André Balent, « Mathou Paul, Jacques, François, Henri » (consulté le ).
- Jean-Pierre Besse, « Porte Adrien, Édouard, Joseph » (consulté le ).
- Jean-Pierre Besse et Delphine Leneveu, « Pujos Noël » (consulté le ).
- Jean-Pierre Besse et Delphine Leneveu, « Quandalle Paul, Auguste » (consulté le ).
- Jean-Pierre Besse, « Rogale Raoul, Guillaume » (consulté le ).
- André Balent et Julien Lucchini, « Sauvegrain Jacques » (consulté le ).
- André Balent et Jean-Pierre Besse, « Vasseur André, Daniel, Alexandre » (consulté le ).