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Daimoku

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Daimoku (japonais 題目?, (litt. « titre »), timmu en chinois) est un terme désignant le titre d'un sutra, et par extension la récitation des syllabes de ce titre. Il s'utilise principalement pour le désigner le titre en japonais du Sūtra du LotusNam(u)-myōhō-renge-kyō (南無妙法蓮華経?) ou Myōhō renge kyō (妙法蓮華経?) — traduction dans cette langue[1] de Miàofǎ Liánhuā Jīng, titre donné à sa version chinoise par le grand traducteur Kumarajiva.

Le terme est essentiellement utilisé par les écoles dites « traditionnelles » du bouddhisme de Nichiren ainsi que les mouvements néo-bouddhistes qui en sont issus.

Éléments d'histoire

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Stèle portant le Daimoku, érigé sur l'île de Sado à l'endroit où Nichiren vécut lors de son exil entre 1271 à 1274.

C'est principalement par Zhiyi[Note 1] de l'école Tiantai qui analyse chacun des mots du titre du Sutra du Lotus (devenu le texte fondateur de l'école, tant en Chine qu'au Japon[2]) et en déduit une représentation mystique de l'univers[réf. nécessaire]. On retrouve une démarche identique chez Fazang qui analyse de dix façons différentes le titre[réf. nécessaire] du volumineux Sûtra de l'ornementation fleurie — Avataṃsaka sūtra.), et qui en analyse le titre de dix manières différentes.

Le daimoku était récité dans différents contextes liturgiques et dévotionnels à l'époque de Heian (794-1185). Par la suite, Nichiren (1222-1282) lui a donné un fondement doctrinal, et son école en a développé la pratique[3].

En effet, chez Nichiren, la récitation du DaimokuNam(u) myōhō renge kyō — en tant que mantra est prônée pour son efficacité[4], en remplacement des moyens opportuns et salvifiques (Hoben)[5] enseignés par le Bouddha avant le Sūtra du Lotus, et cela « pour guider les êtres vers la vérité »[6] dans la période de la Fin de la Loi (Fin du Dharma, Mappō).

Par la suite, le daimoku sera utilisé par les huit branches historiques du bouddhisme de Nichiren au Japon[7], notamment les deux écoles principales que sont la Nichiren Shū et la Nichiren Shōshū[1], ainsi que par les mouvements néo-bouddhiques récents qui se rattachent plus ou moins à ces écoles, comme la Sōka Gakkai, le Reiyukai et le Risshō Kōsei Kai[1]. Sa récitation[8] devant le Gohonzon constitue la pratique principale[9] des membres du mouvement Soka, tant la Soka Gakkai que la Soka Gakkai internationale.

Utilisation et signification

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Frontispice d'un manuscrit en coréen du Sûtra du Lotus, portant le titre Myobop yonhwa-kyong.

Le daimoku peut se traduire par « Hommage au Livre de la Fleur de Lotus de la Loi Sublime »[10],[11] et être décomposé de la façon suivante: Nam = Namu = Dévouement respectueux — consacrer sa propre vie. Myōhō = Myo-ho = La Loi sublime — « Myō est le nom donné à la nature merveilleuse de la vie et à ses manifestations »[12]. Renge = Ren-gué = «Fleur de lotus» — elle symbolise, entre autres choses, la simultanéité de la cause et l'effet[10]. Kyō = Kyo = la voix ou l'enseignement du Bouddha — ce qui permet l'action ou les vibrations qui résonnent dans l'univers.

Il est supposé résumer l'essentiel de tout le Sûtra du Lotus, et sa récitation en prononciation japonaise est donc une des pratiques primordiales des écoles rattachées à Nichiren ainsi qu'à la Soka Gakkai[1]. La récitation reçoit d'ailleurs le nom de honmon no daimoku, c'est-à-dire « daimoku de l'enseignement essentiel ». Pour Nichiren, le daimoku est une des « Trois grandes lois ésotériques » (sandai hihô), à côté du gohonzon (principal objet de vénération pour le bouddhisme Nichiren) et du honmon no kaidan, le sanctuaire dans lequel le grand Gohonzon est enchâssé[Note 2] (ou d'une pièce de sa maison dans le cas de particuliers)[13],[14]. À ce titre, le daimoku illustre la maîtrise de la sagesse (prajña) dans le « triple entraînement » (Triple entraînement (bouddhisme) (en), Triśikṣa). Quant au gohonzon et au kaidan, ils correspondent respectivement à la méditation et aux préceptes [1],[14],[Note 3].

Le Daimoku est donc très important, car il permet de d'obtenir des mérites (punya), comme le montre encore cette citation de Nichiren[réf. nécessaire]:

« Il y a rémunération en mérites [obtention de bienfaits] même pour celui qui ne comprend pas quand il récite Nam(u) myōhō renge kyō, comme ne cesse de grandir le corps de l'enfant qui boit le lait maternel sans en connaître les bienfaits. »

Manuscrit illustré du volume 2 du Sûtra du Lotus (Miaofa lianhua jing).produit en Corée vers 1340, Dynastie Goryeo. Metropolitan Museum of Art.

Notes et références

  1. Les œuvres majeures de Zhiyi (538-597) sur le Sūtra du Lotus sont : le Sens profond du Sūtra du Lotus = 法华玄義 (jp : Hōkke Genji, zh : Fahua xuanyi, abrégé de Miàofǎ liánhuā jīngxuán yì (妙法蓮華經玄義, jap. Myōhōrengekyō Gengi : Signification profonde du Sûtra du Lotus) ; le Commentaire textuel du Sūtra du Lotus = 法华文句 (jp : Hōkke Mongu, abrégé de Miàofǎliánhuājīng wénjù 妙法蓮華經文句, jap. Myōhōrengekyō Mongu : Mots et phrases du Sûtra du Lotus) ; la Grande Concentration et Pénétration = 摩訶止觀 (jp : Maka Shikan, zh : Móhē Zhǐguān) traité de méditation écrit en 594.
  2. Il s'agit du Taiseki-ji, le temple principal de l'école Nichiren.
  3. On a donc là les trois grandes divisions du Noble octuple sentier: moralité (śīla), méditation (bhavana), sagesse (prajña).

Références

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  1. a b c d et e (en) Robert E. Buswell Jr et Donald S. Lopez Jr, The Princeton Dictionary of Buddhism, Princeton (N.J.), Princeton University Press, , 1304 p. (ISBN 978-0-691-15786-3), p. 208.
  2. Kenneth Ch'en (trad. de l'anglais par Dominique Kych), Histoire du Bouddhisme en Chine, Paris, Les Belles Lettres, (1re éd. 1964), 587 p. (ISBN 978-2-251-44531-1), p. 372.
  3. (en) Jacqueline I. Stone, « Daimoku » in Robert E. Buswell Jr. (Chief-Ed.) Encyclopedia of Buddhism, New York, McMillan Reference, 2003, 1000 p. (ISBN 978-0-028-65718-9) p. 191
  4. Nichiren, « Les Écrits de Nichiren : ÉCRITS: 121, La phrase unique et essentielle », sur www.nichirenlibrary.org/fr (consulté le ), p. 932-933.
  5. Sûtra du Lotus, chap. II.
  6. Le Sûtra du Lotus, trad. Sylvie Servan-Schreiber et Marc Albert à partir du travail de Burton Watson, Les Indes savantes, 2007, 323 pages (ISBN 978-4-88417-029-5) p. 43; 365
  7. ACSBN, « Le mouvement bouddhiste Soka », Valeurs humaines, no hors série : 3,‎ .
  8. Nichiren, « Les Écrits de Nichiren : ÉCRITS: 14, Le Daimoku du Sūtra du Lotus », sur www.nichirenlibrary.org (consulté le ).
  9. Le mouvement bouddhiste Soka, « La récitation de Nam-myoho-renge-kyo », sur soka-bouddhisme.fr.
  10. a et b (en) Robert E. Buswell Jr et Donald S. Lopez Jr, The Princeton Dictionary of Buddhism, Princeton (N.J.), Princeton University Press, , 1304 p. (ISBN 978-0-691-15786-3), p. 567-568.
  11. Le Sûtra du Lotus (trad. du chinois par Jean-Noël Robert), Paris, Fayard, 1997, 480 p. (ISBN 978-2-213-59857-4) p. 24
  12. Nichiren, « Sur l’atteinte de la bouddhéité en cette vie », dans Nichiren, Les écrits de Nichiren, , 1298 p. (ISBN 978-4-88417-029-5, lire en ligne), p. 3; 5
  13. (en) Robert E. Buswell Jr et Donald S. Lopez Jr, The Princeton Dictionary of Buddhism, Princeton (N.J.), Princeton University Press, , 1304 p. (ISBN 978-0-691-15786-3), p. 208; 767.
  14. a et b Consistoire Soka du Bouddhisme de Nichiren, Constitution Soka pour le culte du bouddhisme de Nichiren, Sceaux, 2006, Art. 10, p. 3. [lire en ligne (page consultée le 2 octobre 2022 (pdf))].

Bibliographie

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  • (en) Richard Causton, Buddha in Daily Life. An Introduction to the Buddhism of Nichiren Daishonin, London, Rider, , 304 p. (ISBN 978-0-712-67456-0), p. 96–222
  • G. Jenner, « Daimoku - Titre du Sûtra du Lotus », in Hôbôgirin, Dictionnaire du bouddhisme d'après les sources chinoises et japonaises, fasc. VII, 1994
  • Gaston Renondeau, La doctrine de Nichiren, Paris, PUF, 1953
  • (en) Jacqueline I. Stone, « Chanting the August Title of the Lotus Sutra: Daimoku Practices in Classical and Medieval Japan », dans Richard, K. Payne (Ed.), Re-Visioning Kamakura Buddhism, Honolulu, University of Hawaii Press, , 288 p. (ISBN 978-0-8248-2078-7, lire en ligne), p. 116–166

Liens externes

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  • Jacqueline I. Stone, « Le Daimoku en dehors du contexte Nichirenien » sur nichiren-etudes.net (Extraits, traduits en français, de l'article de J.I. Stone cité en bibliographie) [lire en ligne (page consultée le 2 octobre 2022)]