Aller au contenu

Des fleurs pour Algernon

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Des fleurs pour Algernon
Image illustrative de l’article Des fleurs pour Algernon
Dessin d'un test de Rorschach, à l'image de celui utilisé dans le roman.

Auteur Daniel Keyes
Pays Drapeau des États-Unis États-Unis
Genre Science-fiction
Version originale
Langue Anglais américain
Titre Flowers for Algernon
Éditeur Harcourt Trade Publishers
Date de parution
ISBN 0-15-131510-8
Version française
Traducteur Georges H. Gallet
Éditeur J'ai lu
Collection Science-fiction no 427
Lieu de parution Paris
Date de parution 1972
Type de média Broché
Couverture Sofk Éditions J'ai lu

Des fleurs pour Algernon (titre original : Flowers for Algernon) est un roman de science-fiction de Daniel Keyes, publié en 1966.

Algernon est une souris de laboratoire qui a subi une intervention chirurgicale pour augmenter son intelligence. L'histoire est rapportée par une série de comptes-rendus rédigés par Charlie Gordon, un apprenti boulanger porteur d'un handicap mental et qui s'apprête à être opéré à son tour.

Le roman obtient le prix Nebula du meilleur roman l'année de sa parution.

Historique de la publication

[modifier | modifier le code]

Le roman est publié en 1966. Auparavant, Daniel Keyes avait écrit une nouvelle du même titre, publiée en dans The Magazine of Fantasy & Science Fiction no 95 et qui remporta le prix Hugo de la meilleure nouvelle courte en 1960. Cette nouvelle a été traduite en français et reprise dans le recueil Histoires de surhommes, publié en 1984.

Charlie Gordon, un homme âgé de 32 ans[note 1] souffrant de retard mental, gagne sa vie comme apprenti dans une boulangerie. Son oncle a pris des dispositions pour qu'il occupe un poste de boulanger afin de ne pas avoir à vivre dans un établissement spécialisé. Parallèlement, Charlie suit des cours de lecture et d'écriture à l'université Beekman (Beekman College Center for Retarded Adults) dans la classe de Miss Alice Kinnian.

Malgré son retard mental, Charlie est l'un des rares élèves de Miss Kinnian à faire de réels efforts pour progresser, même si ses progrès restent modestes. À son travail à la boulangerie, il est souvent, sans s'en rendre compte, l'objet de railleries de la part de certains de ses collègues de travail qui profitent de son retard mental.

Un jour, le Dr Strauss et le Pr Nemur, deux scientifiques de l'institut Beekman, proposent à Charlie de lui faire subir une opération au cerveau visant à améliorer ses facultés intellectuelles. Ayant déjà effectué cette opération sur une souris de laboratoire nommée Algernon, ce qui a entraîné des progrès cognitifs spectaculaires chez l'animal, les deux chercheurs pensent maintenant être prêts à tenter l'opération sur un être humain. Grâce à la recommandation de Miss Kinnian, qui souligne la motivation de Charlie à vouloir s'améliorer malgré son handicap, Strauss et Nemur décident de tenter l'opération sur lui, le préférant à d'autres personnes plus intelligentes qu'ils avaient envisagées. Charlie est opéré.

Quelques jours avant l'opération, Charlie est incité à rédiger son journal intime sous la forme de comptes-rendus journaliers, et poursuit après l'opération dans le cadre de son suivi psychologique. Il doit aussi régulièrement effectuer des tests psychologiques pour évaluer ses facultés mentales, notamment un test de Rorschach. Son ancien professeur, Miss Kinnian, l'accompagne dans son évolution.

Dans les semaines qui suivent l'opération, Charlie progresse intellectuellement de manière très rapide ; il accumule les connaissances dans de nombreux domaines et maîtrise plusieurs langues. Cependant, il a toujours beaucoup de mal à lier des relations humaines normales avec les autres ; il se dispute avec Nemur et Strauss et rompt avec Miss Kinnian, avec laquelle il avait entamé une histoire d'amour. Par ailleurs, ses collègues à la boulangerie, qui auparavant s’amusaient à ses dépens, le craignent désormais et lui reprochent son intelligence accrue ; ils persuadent leur patron de le renvoyer.

La source du problème de Charlie est sa maturité affective insuffisante, qui n'a pas suivi l'essor de sa nouvelle intelligence. Il est aussi obsédé par la compréhension de sa vie antérieure, celle du Charlie Gordon attardé mental. Cela le conduira à revivre en pleine conscience les scènes les plus traumatisantes de son enfance, notamment les souvenirs de sa mère qui n'a jamais accepté son handicap, ses relations avec son père, sa sœur et aussi certaines scènes où des personnes profitaient de son retard.

Mais un jour, la souris Algernon donne des signes inquiétants de dégénérescence mentale. Elle finit par mourir. Charlie, qui vit reclus dans un appartement avec la souris, sait fort bien que son sort est lié à celui d'Algernon. Il comprend qu'il va lui aussi régresser, aussi vite que son développement intellectuel a été rapide. Il s'empresse alors de reprendre les travaux scientifiques de Nemur et Strauss afin de trouver les failles expliquant l'origine de cette dégénérescence. Il réussit et rédige un rapport érudit en ce sens.

Peu de temps après, Charlie sombre lentement, mais inexorablement, dans l'instabilité mentale de ses débuts. Malgré sa régression, il se souvient d'avoir été un génie. Incapable de supporter l’idée d’être pris en pitié par ses amis et collègues, il finit par se résoudre à aller vivre à l'asile Warren qu'il redoutait tant depuis son enfance, laissant « l'autre » Charlie reprendre possession de son corps. Dans un dernier post-scriptum de son journal, il demande que quelqu'un aille mettre des fleurs sur la tombe d'Algernon, enterrée dans l'arrière-cour de son ancienne résidence.

Le roman et la nouvelle sont tous deux écrits dans un style épistolaire, rassemblant les « rapports d'étape » (les comptes-rendus) personnels de Charlie, débutant quelques jours avant l'opération jusqu'à sa régression finale.

Initialement, les comptes-rendus de Charlie sont remplis d’erreurs d’orthographe et de phrases construites maladroitement[1]. À la suite de l’opération, toutefois, ses rapports commencent à montrer des améliorations notables en orthographe, grammaire, ponctuation et diction, indiquant l'augmentation de l'intelligence de Charlie[2],[3]. Vers la fin du roman, la régression mentale de Charlie est montrée (en) par la perte de ces compétences[2].

Les thèmes importants des Fleurs pour Algernon incluent le traitement des personnes handicapées mentalement[4],[5], l'impact sur le bonheur d'un conflit entre intellect et émotion[6],[7] et comment les évènements du passé peuvent influencer une personne plus tard dans la vie[7]. Le roman est un exemple d’histoire qui intègre le thème de science-fiction de l'« élévation » (provolution)[8].

Dans son Histoire de la science-fiction moderne, Jacques Sadoul déclare à propos de ce roman :

« C'est là une œuvre d'une poignante beauté, un récit humain et désespéré[9]. »

Un classique de la science-fiction

[modifier | modifier le code]

Ce roman est considéré comme un grand classique de la science-fiction dans les ouvrages de référence suivants :

Adaptations

[modifier | modifier le code]
  • Charly (1968), film de Ralph Nelson.
  • Shirley ou le protocole Algernon (2017), court-métrage français réalisé dans le cadre d'un projet de l'éducation nationale. Cette adaptation replace l'œuvre de Keyes dans le cadre scolaire, en y associant des thématiques de droit à la différence et de maltraitance infantile[10].

Télévision

[modifier | modifier le code]
  • Des fleurs pour Algernon, Lecture par Michel Vitold d'une adaptation de la nouvelle, radiodiffusée en France[Où ?] le . Vitold réussit, par la modification progressive puis régressive de sa voix et de sa diction, à dépeindre l'évolution mentale de Charlie Gordon.

Livre audio

[modifier | modifier le code]

La nouvelle est disponible en livre audio aux éditions Audiolib, lue par Grégory Gadebois.

Dans la culture et la fiction

[modifier | modifier le code]

Littérature

[modifier | modifier le code]
  • Le roman Théa pour l'éternité (2012) de Florence Hinckel s'inspire explicitement du roman de Keyes : une expérience scientifique, la forme du journal intime, les souris (dont une est prénommée Algernon), l'importance de l'amitié.
  • Bien qu'officiellement inspiré d'une nouvelle de Stephen King, l'intrigue du film Le Cobaye (1992) de Brett Leonard présente de nombreuses similitudes avec Des fleurs pour Algernon. Dans ce film, Jobe, le personnage principal, également arriéré mental, verra ses facultés mentales décuplées grâce à la modélisation informatique de son esprit.

Télévision

[modifier | modifier le code]
  • Plusieurs épisodes de la série Les Simpson sont explicitement inspirés de ce récit. L'un d'eux est « Le Cerveau » (« HOMR »), dans lequel Homer Simpson tient le rôle de Charlie. Le titre original de cet épisode se réfère d'ailleurs au logo américain du film Charly. Un épisode antérieur place également Lisa Simpson dans une situation analogue, lui faisant rédiger notamment le journal intime de sa dégénérescence intellectuelle.
  • Une référence est également faite dans la série animée Ghost in the Shell: Stand Alone Complex (saison 1, épisode 15 : « The Laughing man »), avec les Tachikoma.
  • Dans la série Brooklyn Nine-Nine (saison 1, épisode 2), Algernon est une souris qui habite dans les tiroirs de Jake Peralta.
  • Dans la série Person of Interest (saison 2, épisode 2), l'amie d'enfance de Root emprunte le roman à la bibliothèque avant de disparaître. Root envoie par la suite le roman chaque année, le jour anniversaire de la disparition de son ami, à la bibliothécaire pour lui rappeler ce qu'elle n'a pas fait.
  • Un personnage du nom d'Algernon apparaît dans le jeu vidéo Fallout 2. Arriéré mental, il peut prodiguer gratuitement au joueur l'amélioration de certaines armes.
  • L'artiste de hip-hop Cise Starr fait une référence à ce livre dans les paroles du morceau Feather de Nujabes, sur l'album Modal Soul.

Notes et références

[modifier | modifier le code]
(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Flowers for Algernon » (voir la liste des auteurs).
  1. Dans la nouvelle de Daniel Keynes publiée en 1959, Charlie est âgé de 37 ans.

Références

[modifier | modifier le code]
  1. Bujalski 2002, p. 21
  2. a et b Bujalski 2002, p. 15
  3. Cheryl Hill, « A History of Daniel Keyes’ Flowers for Algernon » [archive du ] [PDF],
  4. (en) Emily Langer, « Daniel Keyes, author of the classic book 'Flowers for Algernon,' dies at 86 », The Washington Post,‎ (lire en ligne).
  5. Bujalski 2002, p. 13
  6. Coules 1991, p. ix
  7. a et b Bujalski 2002, p. 14
  8. David Langford, « Uplift », dans John Clute, David Langford, Peter Nicholls et al., The Encyclopedia of Science Fiction, Gollancz, (lire en ligne) :

    « For both the experimental mouse and the retarded narrator in Flowers for Algernon ... , the arc of uplifted intelligence rises high above the species norm into similarly lonely realms, only to fall again. »

    .
  9. Jacques Sadoul, Histoire de la science-fiction moderne (1911-1984), Robert Laffont, coll. « Ailleurs et Demain », , 231 p.
  10. Shirley ou le protocole Algernon sur YouTube
  11. Ce film est visible en v.o. (au 16/07/20) sur la chaîne UCLAFilmTVArchive du site YouTube (durée 59 min 39 s).
  12. (en) « Flowers For Algernon », sur dogaru.fr (consulté le ).
  13. Jean Talabot, Nathalie Simon, Étienne Sorin et Marin de Viry, « Angels in America, Hamlet, Des fleurs pour Algernon... Les spectacles de la semaine », Le Figaro.fr, 24 janvier 2020.
  14. voir en ligne
  15. « Agenda / Holeulone », La Terrasse, (consulté le ).
  16. Miklos, « Rage, rage against the dying of the light », (consulté le ).

Bibliographie

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]