Dinidoridae
- Coridiinae Schumacher, 1924[2]
Les Dinidoridae sont une famille d'insectes hémiptères hétéroptères (punaises) tropicale, qui comprend au minimum 110 espèces réparties en une quinzaine de genres.
Description
[modifier | modifier le code]Les Dinidoridae se reconnaissent à leur grande à très grande taille (9 à 27 mm de long), et à leur corps ovoïde, avec leur tête qui présente des marges carénées. Les antennes ont 5 articles, mais parfois aussi 4, et les deux à trois derniers sont aplatis. Les tubercules antennifères (portant les antennes) sont placés sous les marges latérales de la tête, et on ne les voit donc pas depuis en dessus. Le rostre est court, ne dépassant pas les hanches antérieures. Les buccules sont courtes et en forme de lobes. Leur scutellum est relativement peu développé, mesurant moins de la moitié de l'abdomen, avec l'apex arrondi. Les membranes des hémélytres sont souvent réticulées (c'est-à-dire avec un réseau de veines formant des alvéoles). Chez Sagriva, des individus brachyptères peuvent se rencontrer, avec les hémélytres réduites ne dépassent pas le deuxième segment abdominal. C'est le seul genre de la famille où ce phénomène a été observé, les autres étant toujours macroptères[3]. Les tarses comptent 2 ou 3 segments. La sous-famille des Megymeninae présente, sur le bord de l'abdomen des dents ou des tubercules, alors que la sous-famille des Dinidorinae n'en a pas[4],[5].
Répartition et habitat
[modifier | modifier le code]Les Dinidoridae se rencontrent majoritairement dans les régions indomalaise et afrotropicale (éthiopienne) et six espèces s'étendent jusqu'à l'Australie[6], mais un genre, Dinidor, est néotropical (Amérique centrale et du Sud)[5].
Biologie
[modifier | modifier le code]Pour ce qu'on en connaît, ces espèces sont phytophages, se nourrissant de la sève de plantes, en particulier de Cucurbitaceae et de Fabaceae[5]. Beaucoup d'autres familles de plantes ont été mentionnées[7] mais qui pourraient servir de support plutôt que de nourriture[6].
Certaines espèces peuvent causer des dégâts aux cultures, comme Coridius janus pour les cultures de courges et calebasses des genres Cucumis L., Luffa Miller et Lagenaria Seringe (Rastogi & Kumari, 1962), Cyclopelta obscura, qui s'en prend aux légumineuses dans le Sud-Est asiatique[5], ou .
Utilisation humaine
[modifier | modifier le code]L'espèce Coridius chinensis (Dallas, 1851) (syn. : Aspongopus chinensis) est également considéré comme pouvant être ravageur, mais constitue un important remède de la médecine traditionnelle chinoise consommé pour ses propriétés anticancéreuses[8], antibactériennes et anticoagulantes[9], utilisé également pour le traitement des néphrites, des douleurs menstruelles et gastriques[10].
Coridius viduatus, problème pour les cultures de pastèques au Soudan, a été testé comme nourriture (farine) de poulets[11].
Systématique
[modifier | modifier le code]Ce taxon a d'abord été décrit comme une sous-famille des Pentatomidae par l'entomologiste suédois Carl Stål en 1870, sous le nom de Dinidorida, transformé par Lethierry & Séverin en Dinidoridae. Dès 1955, Dennis Leston (en) les traite comme une famille à part entière, suivi par de nombreux scientifiques des années 50 et 60. Dans sa révision de cette famille en 1987[12], Durai distingue deux sous-familles, reprises dans le catalogue mondial de Rolston et al. de 1996 : les Dinidorinae, avec trois tribus, et les Megymeninae, avec deux ou trois tribus, selon qu'on considère les Eumenotini comme synonyme des Megymenini (selon Kokorek & Lis, 2000) ou non (Lis et al. 2012)[13].
Au niveau supra-familial, les Dinidoridae appartiennent à la super-famille des Pentatomoidea (infra-ordre des Pentatomomorpha), et apparaissent comme très proches de la famille des Tessaratomidae, dont ils pourraient être le groupe-frère phylogénétiquement.
Plusieurs fossiles ont été retrouvés (aux États-Unis, au Canada et en Allemagne) et attribués à cette famille, dont deux Dinidorini indéterminés, un Megymeninae indéterminé, et une espèce appelée †Dinidorites margiformis. Les plus anciens remontent à l'Yprésien (Éocène, -56 à −48 millions d'années)[14].
-
Dinidorinae : Cyclopelta obscura, Thaïlande.
-
Dinidorinae : Coridius janus, Kerala, Inde.
-
Megymeninae : Megymenum sp. Java.
-
Coridius viduatus se déplaçant, Dubai.
Liste des sous-familles, tribus, et genres
[modifier | modifier le code]Selon BioLib (20 juin 2022)[2] :
- sous-famille Dinidorinae Stål, 1868
- tribu Amberianini J.A. Lis & Kocorek, 2014
- genre Amberiana Distant, 1911, 2 sp. (espèces)
- tribu Dinidorini Stål, 1868
- genre Colpoproctus Stål, 1870, 5 sp.
- genre Colporidius Lis, 1990, 1 sp.
- genre Coridiellus Lis, 1990, 6 sp.
- genre Coridius Illiger, 1807 (syn : Amacosia Spinola, 1850, Aspongopus Laporte, 1833, Peltagopus Signoret, 1861, Spongopodium Spinola, 1837), 38 sp.
- genre Cyclopelta Amyot & Serville, 1843, 13 sp.
- genre Dinidor Latreille, 1829, 7 sp.
- genre Patanocnema Karsch, 1892, 4 sp.
- genre Sagriva Spinola, 1850, 2 sp.
- tribu Thalmini Nuamah, 1982
- tribu Amberianini J.A. Lis & Kocorek, 2014
- sous-famille Megymeninae Amyot & Serville, 1843
- tribu Byrsodepsini Kocorek & Lis, 2000
- genre Byrsodepsus Stål, 1872, 3 sp.
- tribu Eumenotini Bergroth, 1907 (peut-être synonyme de Megymenini, qui comprendrait alors ces deux genres également)
- genre Afromenotes Kment & Kocorek, 2014, 1 sp.
- genre Eumenotes Westwood, 1847, 2 sp.
- tribu Megymenini Amyot & Serville, 1843
- genre Doesbergiana Durai, 1987, 1 sp.
- genre Megymenum Guérin-Méneville, 1831, 23 sp.
- tribu Byrsodepsini Kocorek & Lis, 2000
- genre †Dinidorites Cockerell, 1921, 1 sp fossile.
Liens externes
[modifier | modifier le code]- (en) Référence BioLib : Dinidoridae Stål, 1868 (consulté le )
- (fr + en) Référence ITIS : Dinidoridae Stål, 1867 (consulté le )
- (en) Référence Paraneoptera Species Files : Dinidoridae (consulté le )
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Integrated Taxonomic Information System (ITIS), www.itis.gov, CC0 https://doi.org/10.5066/F7KH0KBK, consulté le 20 juin 2022
- BioLib, consulté le 20 juin 2022
- Dávid Rédei, « A revision of Sagriva (Hemiptera: Heteroptera: Dinidoridae) », Acta Entomologica Musei Nationalis Pragae, vol. 57, no 1, , p. 73–95 (ISSN 1804-6487, DOI 10.1515/aemnp-2017-0059, lire en ligne, consulté le )
- Henri-Pierre Aberlenc (coordination), Les insectes du monde : biodiversité, classification, clés de détermination des familles, Plaissan & Versailles, Museo Éditions & Éditions Quae, (ISBN 978-2-37375-101-7 et 2-37375-101-1, OCLC 1250021162, lire en ligne), tome 1, p. 518, tome 2 pp. 210 et 257
- (en) Randall T. Schuh et Christiane Weirauch, True bugs of the world (Hemiptera, Heteroptera) : classification and natural history., Manchester, Siri Scientific Press, , 800 p. (ISBN 978-0-9957496-9-6 et 0-9957496-9-8, OCLC 1125224106, lire en ligne), p. 70, 481-483
- (en) Australian Faunal Directory, « Dinidoridae », sur biodiversity.org.au (consulté le )
- North Dakota State University, « Plant Host Records - Dinidoridae », sur www.ndsu.edu (consulté le )
- (en) Xiao-Hong Luo, Xiao-Zheng Wang, Hai-Long Jiang et Jun-Li Yang, « The biosynthetic products of Chinese insect medicine, Aspongopus chinensis », Fitoterapia, vol. 83, no 4, , p. 754–758 (PMID 22430116, PMCID PMC3367025, DOI 10.1016/j.fitote.2012.03.002, lire en ligne, consulté le )
- (en) Youfang Wu, Ying Tian, Jun Tan et Shuai Zhao, « Differential metabolism of juvenile hormone III between diapause and non-diapause of Aspongopus chinensis Dallas (Hemiptera: Dinidoridae) revealed by transcriptome sequencing », Journal of Asia-Pacific Entomology, vol. 24, no 2, , p. 199–204 (DOI 10.1016/j.aspen.2021.02.009, lire en ligne, consulté le )
- (en) Tao Jiang, Zhiyong Yin, Renlian Cai et Hengmei Yu, « Chromosomal-Level Genome Assembly of a True Bug, Aspongopus chinensis Dallas, 1851 (Hemiptera: Dinidoridae) », Genome Biology and Evolution, vol. 13, no 10, , evab232 (ISSN 1759-6653, PMID 34623414, PMCID PMC8557641, DOI 10.1093/gbe/evab232, lire en ligne, consulté le )
- (en) Abdalbasit Adam Mariod, Amel Abdulla Tyfoor et Intisar Yousif Turki, « Watermelon bug (Aspongopus viduatus) full‐fat meals as an alternative dietary protein on broiler chickens’ growth performance, meat, and blood », International Journal of Tropical Insect Science, vol. 41, no 3, , p. 2255–2262 (ISSN 1742-7592, DOI 10.1007/s42690-021-00482-y, lire en ligne, consulté le )
- (en) P. S. S. Durai, « A Revision of the Dinidoridae of the World (Heteroptera: Pentatomoidea) », Oriental Insects, vol. 21, no 1, , p. 163–360 (ISSN 0030-5316 et 2157-8745, DOI 10.1080/00305316.1987.11835477, lire en ligne, consulté le )
- Jerzy A. Lis, Paweł Lis, Dariusz J. Ziaja et Anna Kocorek, « Systematic position of Dinidoridae within the superfamily Pentatomoidea (Hemiptera: Heteroptera) revealed by the Bayesian phylogenetic analysis of the mitochondrial 12S and 16S rDNA sequences », Zootaxa, vol. 3423, no 1, , p. 61 (ISSN 1175-5334 et 1175-5326, DOI 10.11646/zootaxa.3423.1.5, lire en ligne, consulté le )
- « Dinidoridae », sur paleobiodb.org (consulté le )