Drangiane
La Drangiane ou Tzarangiane (grec moderne : Δραγγιανή, de l’avestique Zranka (« marais ») et du pachto dzarandja (« moulin »), était une province et une satrapie de l’Empire achéménide. Elle recouvrait la région du Lac Hamun, les marais du bassin endorhéique du Sistan, aux confins de l’Iran, de l'Afghanistan et du Pakistan, et son principal bassin versant, la vallée de Helmand, dans le sud-ouest de l'actuel Afghanistan et le « méplat » (Nok Kondi) de l’ouest du Pakistan. Elle correspond à l'actuelle région du Sistān au sud-ouest de l'Afghanistan. Sa capitale était Prophtasie (en). C'est dans cette ville, lors de la conquête de cette province en -330 par Alexandre le Grand, que Philotas fut exécuté.
Toponymie
[modifier | modifier le code]C'est une région de déserts salés où viennent se perdre les fleuves descendus de l’Elbourz, mais qui est prospère grâce à des réseaux d'irrigation efficaces. D’après le paléolinguiste Rüdiger Schmitt[1], « Le nom du pays et de ses habitants est attesté pour la première fois en vieux perse sous la forme z-r-k (i.e., Zranka) dans les grandes archives Bīsotūn (q.v. iii) de Darius Ier (q.v.; col. I l. 16), apparemment le nom original. On retrouve cette forme dans l’élamite (Sir-ra-an-qa et ses variantes), le babylonien (Za-ra-an-ga), et l’Égyptien (srng ou srnḳ) versions des archives royales Achéménides, de même qu'en grec dzarángaï, dzarangaîoï, dzarangianḗ (Arrien; Isidore de Charax), et Sarángai (chez Hérodote) ainsi qu'en latin : Zarangæ (Pline l'Ancien). À ce toponyme ancien, caractérisé par un « dz » initial, inusité en vieux-Perse (et qui est peut-être une évolution de la palatale indo-européen communne *γ ou *γh), s'est substitué dans certains textes grecs (principalement les récits de la geste d’Alexandre le Grand) une variante plus conforme au vieux-perse (cf. Belardi,p. 183) : *Dranka (ou peut-être *Dranga?), avec un [d-] à l'initiale, que l’on retrouve dans le grec Drángai, Drangḗ, Drangēnḗ, Drangi(a)nḗ (Ctésias de Cnide ; Polybe; Strabon; Diodore de Sicile ; Ptolémée; Arrien ; Étienne de Byzance) et dans le latin Drangæ, Drangiana, Drangiani (chez Quinte-Curce, Pline l'Ancien, Ammien Marcellin et Justin) ou Drancæus (Valerius Flaccus, Argonautica 6.106, 6.507). »
Histoire
[modifier | modifier le code]Dans l'Antiquité, les tribus iraniennes hellénisées habitant ce pays étaient appelées Sarangiens ou Drangiens (en latin Drangiani). Les Drangiens furent soumis par les Mèdes, puis par Cyrus le Grand. Selon Hérodote, plusieurs peuples relevaient sous Darius Ier de la satrapie de Drangiane : les Outiens, les Myciens, Thamanéens, et les peuples insulaires du Golfe Persique[2]. Vers 330 av. J.-Chr., la région fut conquise par Alexandre le Grand. L'invasion de Tamerlan à la fin du XIVe siècle détruisit les systèmes d'irrigation et entraîna un appauvrissement général de la région.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Rüdiger Schmitt, Encyclopædia Iranica, Manhattan, université Columbia, (lire en ligne), « DRANGIANA or Zarangiana; territory around Lake Hāmūn and the Helmand river in modern Sīstān »
- Cf. Hérodote (trad. Larcher), Histoire, (réimpr. 1802), « 93, livre III » : « Les Sagartiens, les Sarangéens, les Thamanéens, les Outiens, les Myciens et les peuples qui habitent les îles de la Mer Rouge, où le roi envoie ceux qu’il déporte, payaient un tribut de six cents talents : ils étaient compris sous la quatorzième satrapie. » Les « Outiens » et « Thamanéens » ne nous sont connus que par le témoignage d'Hérodote.
Annexes
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Rüdiger Schmitt, Encyclopædia Iranica, Manhattan, université Columbia, (lire en ligne), « DRANGIANA or Zarangiana; territory around Lake Hāmūn and the Helmand river in modern Sīstān »
- Jona Lendering, « Drangiana », sur Livius
- W. Ball, Catalogue des sites archéologiques d'Afghanistan, vol. I, Londres, Schocken, , 275 p. (ISBN 0805238468).
- Walter Belardi, Sul nome dell’Egitto nel persiano antico, AI(U)ON, Section de linguistique 2, 1960, pp. 171-84.