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Frexes

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Frexes

Populations importantes par région
Autres
Régions d’origine Afrique du Nord
Langues Berbère
Religions Croyances berbères
Ethnies liées Laguatans Naffur Ifuraces Afri Fraichiches

Les Frexes, Ferices[1](en Tamazight Alphabet Tifinagh:ⵉⴼⵔⵉⴽⵙⵉⵢⴻⵏ, Alphabet latin: Ifriksiyen) sont une très ancienne tribu berbère de l'Antiquité repérés en Byzacène occidentale et Numidie orientale potentiellement considérée en lien avec les Fraxinenses (Aït Fraoussen) de Numidie et Maurétanie[2] qui avait constitué par leur confédération avec une autre tribu, les Naffurs, une entité politico-militaire désigné aujourd'hui comme "Royaume de la Dorsale" qui sera un temps indépendant ennemi des Vandales puis fédéré par alliance (par le traité des foedus) à l'empire Byzantin puis un ennemi qui deviendra une entité tellement puissante qu'elle aura autorité morale sur des tribus à travers toute l’Afrique du nord. Elle avait des tribus des régions d’Égypte (Marmarique) jusqu'au Maroc (Maurétanie) rejoignant les Frexes en Byzacene, aura toute la byzacene en sa possession et une suprématie temporaire sur tous les territoires d'Afrique Romaine elle-même avant de retourner au même État qu'avant. Elle vivait principalement dans la région ouest montagneuse de la dorsale au sud-ouest de la Byzacène entre Thala et Foussana, entourée des villes romaines Ammaedera (Haïdra), Theveste (Tebessa), Thelepte (Fériana), Cilium (Kasserine), Makthar (Mactar), Sufetula (Sbeïtla) désignant probablement les limites des leurs territoires principalement entre la vallée de Foussana et les montagnes alentour. Cependant durant l'époque d'Antalas ils s’étendront sur tous les territoires de Byzacene par des manœuvres politico-militaires avec notamment Guntharic Dux de Numidie Romaine avec même Hadrumète (Sousse) la capitale de la province[3] en s'en prenant même à Carthage capitale de Préfecture d'Afrique Pro-Consulaire elle-même durant une contre-attaque après les batailles de Cillium (Kasserine) (544) et Marta (547) après la retraite de Jean Troglita à Laribus.

La tribu des Frexes est connue grâce au poète romain Corippe dans l’œuvre Johannides où ils sont désignés comme de braves guerriers[4],[5] et à l'historien romain Procope dans l’œuvre Guerre des Vandales, deux contemporains d'Antalas et des Frexes[6]. Corippe également ne mentionne pas les Frexes comme une "humilis gens" (nation humble que certains traduisent soumise ou faible) mais bien comme une "fortis gens" (nation forte), d'hommes durs, fiers et courgeux ainsi que impétueux dans la mêlée des combats signifiants qu'ils combattent a hautes intensités, ainsi Corippe rentre en contradiction avec les dires de certains historiens, mais aussi sur le plan de l'origine des Frexes décrit mots pour mots par Corippe comme des membres de la famille d'Antalas du même sang que lui, "consanguineis" (terme semblable de consanguinité, personnes de même sang traduit pour une pluralité de termes associé a la famille, parents, proches, famille) et donc ne sont pas signalés comme des étrangés a Antalas comme le laisse entendre Véronique Gazeau et Pierre Bauduin qui semblent dans une approche de ternissement de l'histoire de la tribu allant même jusqu'à nié son origine "Maure" (Berbere) par supposition disant qu'ils s'identifiaient comme des proches, alors que Corippe ne disait aucunement cela et c'est une interprétration personnel de leurs part se basant sur des hypothèses inventés et s'essayant même d'une certaine manière a la théorie khaldounienne pour essayés d'appuyés leurs conclusions sur cette conjecture flagrante[7],[8].

La plupart des historiens s'accordent à dire que le pouvoir Frexes était centralisé à Thala, plus haute ville de Tunisie et la plus froide également. Elle se situe dans les monts sud-ouest de la dorsale tunisienne dans les monts de Tebessa à la frontière algéro-tunisienne notamment où les Frexes se situent en grand nombre en partie[9],[10],[11],[12].

Au début du VIe siècle, la tribu est dirigée par Guenfan le roi des Frexes et maître de l'alliance avec les Naffurs fondant vers 510 l'entité appelé "Royaume de la Dorsale" notamment par Christian Courtois positionnant sa capitale à Thala qui deviendra plus tard la capitale du caïdat des Fraichiches, et il est même qualifié de Prince des Maures[13] prouvant peut-être ainsi pourquoi les Frexes "Ferices" avaient le leadership sur les autres Berbères parmi les récits rapportés des anciens auteurs romains Corippe et Procope. Ils sont considérés comme la tribu berbère la plus importante et l'une des plus anciennes, qui donnera son nom au continent l'Afrique et à son peuple les Africains, aux côtés des Mazices ceux qui donneront leurs nom au peuple Amazigh (Berbère, comme eux-mêmes se nomment) ou Imazighen au pluriel[14]. En 517, son fils Antalas lui succède en tant que roi[15]et deviendra celui dénommé "Princeps Maurorum"[16] ou Prince mais aussi Chef Suprême ou le plus éminent même le "Premier" du peuple des Maures. À l'époque c'était le titre qui servait a désigner même la qualité d'un empereur (tel que Justinien Princeps Civitas Romanum, Prince des civiles ou peuple Romain)[17] qui aura l'allégeance de tribus qui le rejoindront en Byzacène à travers toute l'Afrique du Nord durant la guerre mauro-vandale et mauro-byzantine, les plus loins étant de la région de Marmarica jusqu'en Maurétanie toute entière qui se conjura sous ses ordres[18],[19],[20] en Byzacène dans une "ligue barbare"[21] composée d'une coalition de contingents armés berbères dont il a le commandement suprême. Il sera également parfois nommé "Roi des Maures"[22],[23],[16].

En 523 on trouve la mention de ravages causé par les Frexes en lien avec les événements de la conquête des Aurès et de la Tripolitaine par les Berbères dits "Maures" et durant l'année 530 les Frexes et leurs tribus affiliées infligent une défaite décisive aux forces du roi vandale Hildéric commandés par son neveu Hildimer rendu célèbre de base comme étant un chef militaire de qualité surnommé « Achille des Vandales ». Ce dernier tombera en disgrâce à la suite de sa défaite étant utilisé comme prétexte pour un remplacement de souverains de Hildéric son oncle par Gélimer un cousin éloigné soutenu par l'aristocratie vandale. Cet événement sera grandement en partie responsable de la venue des Byzantins en quête d'anciens territoires romains perdus avec la chute de l'Empire d'Occident mais aussi pour venger l'affront que les Vandales ont faits aux Romains Chrétiens de l'Occident et cela mènera à une alliance des Frexes eux aussi en conflit contre les Vandales avec Bélisaire pour détruire les autorités vandales en Afrique du Nord[24],[25],[26].

En 543, le gouverneur militaire d'Afrique, Solomon, fait exécuter un frère d'Antalas Guarizila. Vers le milieu de 544, les Laguatans, tribu venant de Tripolitaine, se soulèvent. Antalas et sa tribu font jonction avec ces derniers.

En 544, les Frexes et les Laguatans battent les troupes byzantines lors de la bataille de Cillium. Solomon est tué au combat.

Les Frexes sont peut-être à rapprocher des Phrētes mentionnés par le grammairien Hérodien au IIIe siècle, considérés même encore plus anciens, associés souvent aux Afer, potentiellement expliquant pourquoi les Fraichiches considérés descendants des Frexes, étant de la même ethnie et région, sont aussi appelés Fer-chich en lien avec A-Fer (aussi Afri, Afrion et Ifri au pluriel berbère), la tribu qui donnera son nom à l'Afrique[27].

Leur nom est proche de celui des Fraichiches et leurs situation semble en conjonctures, étant une confédération tribale de la frontière algéro-tunsienne moderne en plein térritoire de la Byzacène antique, c'est cette même tribu qui constituera elle aussi une entité politique qualifiée de "caïdat" fixée dans la région de moyennes montagnes qui s’étend entre Thala et Fériana du nord au sud et Tebessa ainsi que Sbeitla d'ouest en est semblable en tout point au royaume de la dorsale décrit par Courtois, donc exactement la même région mais dans un périmètre un peu plus large comparé aux Frexes de l'époque vandale et byzantine, reliant ainsi géographiquement et nominalement mais aussi par l'ethnie berbère partagée mais aussi par leurs actions politiques et militaires lors de leurs révoltes contre la Mejba en 1864 mais aussi contre l'occupation Française en 1906 montrant ainsi assez de preuves pour conclure que c'est la même tribu métamorphosée qui depuis la propagation de l'Islam et de l'arabisation qui est depuis au moins l'époque ottomane une confédération de confession musulmane composée de 3 branches, les Ouled Ali au nord dans la région de Thala, Ouled Néji au centre région de Foussana et les Ouled Ouezzez région de Fériana au sud qui ont fait suite durant les quelques derniers 1500 ans d'histoire de la région[28].

La confirmation de la présence des Frexes dans la région Fraichiche est attesté a la bataille de Theveste (Tebessa) et Cilium (Kasserine) ainsi que celle de Sbeitla de l'hiver 546-547 car quand Jean Troglita partira a la rencontre d'Antalas il est décrit que il part en direction de son domaine donc la région de Sbeitla étant le domaine des Fraichiches a l'époque de l'Empire Ottoman (sorte d'empire byzantin musulman) cela fait un énième rapprochement et conjoncture de situation les deux tribus du même espace de domination géographique confrontant deux empires semblables par la taille et la capitale (Istanbul, Constantinople) et confrontant leurs representants de Tunis et Carthage respectivements étant des villes ne faisant plus qu'un quasiment car Carthage est désormais la banlieue nord de Tunis capitale de la Tunisie.

Les Frexes dans l’œuvre de Corippe Johannides

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Les Frexes furent la première tribu berbère mentionnée par Corippe dans les chants de Johannides, exactement dans le chant II:

Le premier, Antalas, prince des Maures, autrefois soumis aux empereurs romains, agréable aux gouverneurs, fidèle aux généraux, commença la guerre, poussé par la mort de son frère. Engageant au combat son bras inflexible, il le dressa en un grondement furieux par lequel, tout agité, il poussa les tribus cuirassées d’airain vers les dépouilles promises par la guerre. Ayant [jadis] accepté la paix, il avait été fidèle à l’intérieur des frontières de la Libye, et il avait passé [ainsi] dix années complètes. Hélas ! Quelle guerre le manque de discernement d’un chef ignorant déclencha en faisant renaître des flammes éteintes ! La fureur jeta alors les semences d’un combat incertain. La colère apporta une accusation de grande perfidie ou plutôt les germes de la mort. Antalas, soudain plus ardent, mit en mouvement les tribus libyennes aigries et bouleversa le monde entier par ses massacres. Les Frexes aux rangs très serrés, dont les escadrons sont issus du même sang que lui, l’accompagnent et, la tête gonflée d’orgueil, acclament leur souverain. C’est une tribu courageuse, aux hommes endurcis, et sauvage dans la mêlée des combats, soit que, en plaine, elle avance à pied, présomptueuse, à travers les ennemis, soit qu’elle presse de ses éperons les flancs de chevaux frémissants[29],[30].

Références

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  1. (en) African Affairs: Journal of the Royal African Society, (lire en ligne)
  2. Claude Lepelley, Les Cités de l'Afrique romaine au Bas-Empire, Études augustiniennes, (ISBN 978-2-85121-029-6, lire en ligne)
  3. Yves Modéran, Les Maures et l’Afrique romaine (IVe – VIIe siècle), Publications de l’École française de Rome, (ISBN 978-2-7283-1003-6, lire en ligne)
  4. Yves Modéran, Les Maures et l’Afrique romaine (IVe – VIIe siècle), Publications de l’École française de Rome, (ISBN 978-2-7283-1003-6, lire en ligne)
  5. Yves Modéran, « Chapitre 2. Le catalogue des tribus de la Johannide », dans Les Maures et l’Afrique romaine (IVe-VIIe siècle), Publications de l’École française de Rome, coll. « Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome », , 43–61 p. (ISBN 978-2-7283-1003-6, lire en ligne)
  6. Frexes
  7. Yves Modéran, Les Maures et l’Afrique romaine (IVe-VIIe siècle), Publications de l’École française de Rome, (ISBN 978-2-7283-1003-6, lire en ligne)
  8. Véronique Gazeau, Pierre Bauduin et Yves Modéran, Identité et ethnicité: concepts, débats historiographiques, exemples (IIIe-XIIe siècle), Publications du CRAHM, (ISBN 978-2-902685-36-3, lire en ligne)
  9. Les Maures et l’Afrique romaine (IVe – VIIe siècle), Yves Modéran
  10. Ali Bouaziz, SFAX VILLE ANTIQUE. Une histoire méconnue, de Taphrura à Svaxia, Exhauss Publisher, (ISBN 978-9938-40-577-4, lire en ligne)
  11. Laboratoire d'anthropologie et de préhistoire des pays de la Méditerranée occidentale (France) et Institut de recherches et d'études sur le monde arabe et musulman, Encyclopédie berbère, EDISUD, (ISBN 978-2-85744-319-3, lire en ligne)
  12. Hédi Slim, L'antiquité, Société tunisienne de diffusion, (lire en ligne)
  13. Ludwig Schmidt, Histoire des vandales, Payot, (lire en ligne)
  14. Victor Piquet, Les civilisations de l'Afrique du nord: Berbères-Arabes Turcs, A. Colin, (lire en ligne)
  15. Société des africanistes Paris, Journal de la Société des africanistes, (lire en ligne)
  16. a et b Vincent Zarini, Berbères ou barbares?: recherches sur le livre second de la Johannide de Corippe, Association pour la Diffusion de la Recherche sur l'Antiquité (ADRA), (ISBN 978-2-9509726-5-1, lire en ligne)
  17. Laboratoire d'anthropologie et de préhistoire des pays de la Méditerranée occidentale (France) et Institut de recherches et d'études sur le monde arabe et musulman, Encyclopédie berbère, EDISUD, (ISBN 978-2-85744-319-3, lire en ligne)
  18. Léon Galibert, L'Algérie: ancienne et moderne depuis les premiers éstablissements des Carthaginois jusqu'à la prise de la Smalah d'Abd-el-Kader, Furne, (lire en ligne)
  19. Galerie littéraire scientifique et d'anecdotes recueil choisi de productions diverses (lire en ligne)
  20. Awal N°40-41, Les Editions de la MSH (ISBN 978-2-7351-1556-3, lire en ligne)
  21. Marie Armand Pascal d' Avezac, Adolphe Jules César Auguste Dureau de La Malle, Jean Yanoski et Louis Lacroix, Afrique, Firmin Didot Frères, éditeurs, imprimeurs-libraires de l'Institut de France, (lire en ligne)
  22. Dictionnaire historique des siéges et batailles mémorables de l'histoire ancienne et moderne ou Anecdotes militaires de tous les peuples du monde: tome premier, chez Vincent, (lire en ligne)
  23. Charles Le Beau, Histoire du Bas-Empire, F. Didot, (lire en ligne)
  24. La pacification de l'Afrique byzantine 534 - 546, Philippe Richardot
  25. « Procope : Histoire de la guerre des Vandales », sur remacle.org (consulté le )
  26. Nas E. Boutammina, Sur la piste des Berbères, Books on Demand, (ISBN 978-2-322-19682-1, lire en ligne)
  27. Charles Joseph Tissot, Exploration scientifique de la Tunisie: Géographie comparée de la province romaine d'Afrique, Imprimerie nationale, (lire en ligne)
  28. Laboratoire d'anthropologie et de préhistoire des pays de la Méditerranée occidentale (France) et Institut de recherches et d'études sur le monde arabe et musulman, Encyclopédie berbère, EDISUD, (ISBN 978-2-85744-319-3, lire en ligne)
  29. Yves Modéran, « Chapitre 2. Le catalogue des tribus de la Johannide », dans Les Maures et l’Afrique romaine (IVe-VIIe siècle), Publications de l’École française de Rome, coll. « Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome », , 43–61 p. (ISBN 978-2-7283-1003-6, lire en ligne)
  30. « Corippe, la Johannide (chant II) », sur remacle.org (consulté le )