Grotte de Bolomor
Grotte de Bolomor Cueva de Bolomor | |||
Pariétal néandertalien | |||
Localisation | |||
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Pays | Espagne | ||
Région | Communauté valencienne | ||
Province | Valence | ||
Type | Établissement humain | ||
Coordonnées | 39° 03′ 35″ nord, 0° 15′ 00″ ouest | ||
Géolocalisation sur la carte : Communauté valencienne
Géolocalisation sur la carte : Espagne
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La grotte de Bolomor est un site archéologique, abritant des vestiges qui montrent une occupation pendant une longue période (entre 350000 et 12000 ans) par l'Homme de Néandertal à l'époque moustérienne, situé dans la commune de Tavernes de la Valldigna (comarque de Safor), dans la province de Valence[1],[2].
Quatre restes néandertaliens ont été retrouvés lors de fouilles commencées en 1989 : un fragment de péroné, deux dents et un os pariétal presque complet d'un adulte. Tous datent de la fin du Pléistocène moyen/début du Pléistocène supérieur. L'épaisseur de l'os cortical du péroné indique qu'il provient d'un homme non moderne[3].
Description
[modifier | modifier le code]La grotte se situe dans la vallée de La Valldigna, délimitée au nord par la chaîne de montagnes de Les Creus, dont les reliefs fortement érodés s'inclinent vers la vallée, et au sud par la chaîne de Mondúver. La vallée est recouverte de sédiments de la période quaternaire et s'ouvre à l'est sur un paysage marécageux avec des dunes, qui se connecte à la plaine côtière méditerranéenne. La grotte de Bolomor se trouve sur le côté droit d'une falaise ; c'est une grotte karstique à 100 mètres, entourée de collines karstifiées.
La grotte est aujourd'hui un abri sous roche, d'environ 35 mètres de long, 17 mètres de large et 20 mètres de profondeur, avec un intérieur irrégulier. Autrefois, c'était une grotte beaucoup plus large, avant que son dôme ne s'effondre (probablement en raison d'une activité sismique). L'embouchure actuelle de la grotte surplombe la vallée et offre une vue sur la zone côtière, y compris la ville de Cullera.
Occupation et vestiges
[modifier | modifier le code]Les archéologues reconnaissent une stratigraphie de 17 couches, datées entre 350 et 121 000 ans[4].
Trois périodes principales d'occupation sont reconnues : il y a 350 000 ans, il y a 200 000 ans à 150 000 ans et il y a 120 000 ans[5]. Les occupants humains se nourrissaient d'une grande variété d'animaux, y compris des ongulés de toutes tailles, en plus des tortues terrestres et des oiseaux [6]. Tout au long de l'occupation, ils mangeaient de jeunes éléphants. Une rareté relative pour le Pléistocène moyen est la fréquence avec laquelle les restes de lapins, marqués de coupures, sont trouvés ; des proies aussi petites et rapides sont inhabituelles pour la période et constituent très probablement une caractéristique spécifique d'une localité unique[7].
Toute proie, y compris les jeunes éléphants, aurait dû être transportée sur la pente raide de 100 mètres. La production d'éclats dominait la technologie du silex, le feu était habituellement utilisé et il y avait un recyclage lithique ; la méthode Levallois n'était pas souvent utilisée et aucun biface n'a été trouvé. On postule que le site représente une transition d'un mode de vie acheuléen à un mode de vie post-acheuléen[8], qui a pu avoir lieu entre la chronologie isotopique 9 et 7. Bolomor est l'un des nombreux sites européens qui attestent d'un nouveau comportement technologique orienté vers des méthodes de taille longues et complexes, avec une réduction répétitive longue et complexe du noyau, une forme d'éclat prédéterminée et une standardisation des outils[9]. Des couches avec des grattoirs et des outils denticulés alternent[10]. Quinze foyers, dont l'âge varie entre 250 000 et 100 000 ans, sont étudiés. Certains foyers étaient revêtus de pierre[11].
Histoire de la recherche
[modifier | modifier le code]En 1867, le géologue Juan Vilanova y Piera, ainsi que le naturaliste Eduardo Boscá, explorèrent la cavité et rassemblèrent divers matériaux archéologiques qui furent donnés au Musée archéologique national de Madrid. Les fouilles se poursuivirent à partie de 1880 par le géologue Leandro Calvo puis par Gabriel Puig et Larraz[12]. En 1913, Henri Breuil visita la grotte en compagnie de Leandro Calvo, plus tard, en 1923, la Commission du Collège des Médecins de Madrid explora sans succès la grotte à la recherche de restes humains. En 1932, Lluís Pericot i Garcia y récolta divers matériaux qui finirent à l' Institut de paléontologie humaine de Paris grâce à Henri Breuil.
En 1935, des travaux d'extraction de pierre ont été effectué sur le site archéologique. Ces travaux miniers ont détruit environ 70 % du gisement archéologique. Le site est fouillé chaque année depuis 1989, sur une période de 30 jours. Les recherches sont financées par le Service de Recherche Préhistorique du Conseil de Valence et le matériel est déposé au Musée de la préhistoire de Valence.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (es)Cova de Bolomor - Site Museu de Prehistòria de València.
- (es)Cueva de Bolomor - Site mapa.gob.es.
- (en) Ruth Blasco et Josep Fernández Peris, « Middle Pleistocene bird consumption at Level XI of Bolomor Cave (Valencia, Spain) », Journal of Archaeological Science (Vol.36), (lire en ligne).
- (en) Barkai, Ran et Gopher, Avi, « "Cultural and Biological Transformation in the Middle Pleistocene Levant: A View from Qesem Cave, Israel" », Dynamics of Learning in Neanderthals and Modern Humans, Volume 1, (ISBN 9784431545118).
- (es) Fumanal, M.P., « «El yacimiento premusteriense de la Cova de Bolomor» », Cuadernos de geografia (n°54), (lire en ligne).
- (en) Blasco, R. et Fernández Paris, J., « "A uniquely broad spectrum diet during the Middle Pleistocene at Bolomor Cave" », Quaternary International, .
- (en) Stiner, Mary C., « "An Unshakable Middle Paleolithic?: Trends versus Conservatism in the Predatory Niche and Their Social Ramifications" », Current Anthropology (Vol.54), Chicago, (lire en ligne).
- Alain Turq, « "L'Acheuléen" », Paléo, Revue d'Archéologie Préhistorique, (lire en ligne).
- (en) Moncel, Marie-Hélène; Moigne, Anne-Marie; Sam, Youssef; Combier, Jean, « "The Emergence of Neanderthal Technical Behavior: New Evidence from Orgnac3 (Level1, MIS8), Southeastern France" », Current Anthropology, Vol.52, (lire en ligne).
- (en) De la Torre, Ignacio; Martínez-Moreno, Jorge; Mora, Rafael, « "Change and Stasis in the Iberian Middle Paleolithic: Considerations on the Significance of Mousterian Technological Variability" », Current Anthropology, Vol.54, , p. 320–336 (lire en ligne).
- (en) Roebroeks, Wil; Villa, Paola; Trinkaus, Erik, « "On the earliest evidence for habitual use of fire in Europe" », NIH, (lire en ligne).
- (es) Puig y Larraz, G., « Cavernas y simas de España descripciones recogidas, coordinadas y anotadas », Vda. é Hijos de M. Tello, Madrid, .
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (es) Calatayud, P. M.; Fumanal, M. P.; Valle, R. M.; Peris, J. F., «Cova de Bolomor (Tavernes de la Valldigna, Valencia) primeros datos de una secuencia del Pleistoceno medio», .
- (es) Peris, Josep Fernández, La Cova del Bolomor: Las Industrias Líticas del Pleistoceno Medio en el Ámbito del Mediterráneo Peninsular, Valencia, (ISBN 978-84-7795-486-6).
Liens externes
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