Meurtre de Hind Rajab
| Meurtre de Hind Rajab | |
| Localisation | Tel al-Hawa, Bande de Gaza |
|---|---|
| Coordonnées | 31° 30′ 49″ nord, 34° 26′ 13″ est |
| Date | |
| Type | Meurtre de masse, Infanticide |
| Morts | 9 |
| Organisations | Armée Israélienne |
| Partie de Guerre Israël-Hamas | |
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Le meurtre de Hind Rajab, une fillette palestinienne de six ans, par l'armée israélienne, est un événement survenu le dans le quartier gazaoui de Tel al-Hawa. Il a eu lieu dans le contexte de la guerre Israël-Hamas. La fillette était alors la seule survivante de tirs de chars israéliens sur le véhicule dans lequel elle s'était enfuie avec six proches.
La famille de Rajab fuyait le quartier de Tel Al-Hawa de la ville de Gaza lorsqu'un char de l'armée israélienne a tiré sur leur véhicule, tuant la tante, l'oncle et quatre cousins de Rajab. La seule autre survivante, la cousine de Rajab, âgée de 15 ans, a appelé la Société du Croissant-Rouge palestinien pour obtenir de l'aide urgente lors d'un appel téléphonique enregistré, pleurant et criant que les forces israéliennes leur tiraient dessus au milieu du bruit des coups de feu avant de s'arrêter quand elle a été tuée.
Rajab, six ans, était alors la seule survivante dans la voiture, entourée des cadavres de sa famille, et son appel téléphonique d'urgence de trois heures avec le Croissant-Rouge a été publié, au cours duquel elle disait à l'opérateur : « J'ai si peur, s'il te plaît, viens. Viens, emmène-moi. S'il te plaît, viendras-tu ? ». Hind a finalement été tuée par l'armée israélienne.
Une ambulance du Croissant-Rouge a été envoyée pour secourir Rajab, qui a été attaquée par les forces israéliennes, tuant deux secouristes du Croissant-Rouge, Yusuf Zeino et Ahmed al-Madhoun, lors d'une attaque délibérée selon l'organisation, et bien qu'Israël ait été informé de son envoi[1]. Israël a affirmé que ses troupes ne se trouvaient pas à proximité du véhicule dans lequel Rajab a été tuée[2]. Cependant, Al Jazeera et le Washington Post ont réfuté les affirmations d'Israël, basant leurs enquêtes sur des images satellite[3],[4].
Contexte
[modifier | modifier le code]Le 7 octobre 2023, le Hamas a attaqué Israël, tuant environ 1 200 personnes et prenant environ 250 otages[5]. En réponse, Israël a envahi Gaza, renforcé son blocus, mené des bombardements massifs et évacué le nord de la bande de Gaza avant une offensive[6].
Le nord de Gaza était en grande partie déserté et bombardé en janvier[7]. Le système de santé à Gaza était au bord du gouffre en raison des attaques israéliennes et du manque de ressources[8]. Le Nord a été particulièrement touché, car en décembre, aucun hôpital ne fonctionnait dans la région en raison du manque de fournitures, de carburant et de personnel[9].
Israël avait été traduit devant la Cour internationale de Justice le 29 décembre 2023 pour génocide, et le 26 janvier 2024, la Cour a rendu une ordonnance ordonnant à Israël de prendre toutes les mesures pour empêcher tout acte pouvant être considéré comme génocidaire[10],[11].
Meurtre
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Le 29 janvier 2024, Rajab et six membres de sa famille fuyaient le quartier de Tel al-Hawa, dans la ville de Gaza[12],[13], lorsqu'un char de l'armée israélienne a tiré sur leur véhicule, une Kia noire, tuant la tante, l'oncle et les quatre cousins de Rajab[14]. La seule autre survivante, Layan Hamadeh, cousine de Rajab, âgée de 15 ans, a appelé la Société du Croissant-Rouge palestinien (PRCS) pour obtenir de l'aide. Hamadeh pleurait, ajoutant : « Ils nous tirent dessus. Le char est juste à côté de moi. Nous sommes dans la voiture, le char est juste à côté de nous. »[15].
Hamadeh a été entendue crier alors qu'elle était tuée sous le bruit des tirs de mitrailleuses qui ratissaient la voiture alors qu'elle était encore en ligne avec les intervenants[16],[17]. Lorsque les opérateurs ont rappelé, Rajab a répondu à l'appel, déclarant que tous les autres passagers de la voiture étaient morts[13] et que le char continuait de s'approcher de la voiture[18]. Rajab est restée en ligne avec le Croissant-Rouge pendant trois heures, disant au répartiteur : « J'ai si peur, s'il te plaît, viens. Viens, emmène-moi. S'il te plais, viendras-tu ? »[19],[13]. Son grand-père a déclaré plus tard aux journalistes que Rajab avait été blessée au dos, à la main et au pied[20]. Rajab, à qui on a demandé de continuer à se cacher dans le véhicule, devait être secourue par une ambulance du Croissant-Rouge[21]. L'enregistrement de l'appel téléphonique entre le Croissant-Rouge, Hamadeh et Rajab a été publié par le Croissant-Rouge le [20].
Alors que la zone était assiégée, le Croissant-Rouge a travaillé avec le ministère de la Santé de Gaza et l'armée israélienne pour garantir un passage sûr à leur équipe d'ambulance pour secourir Rajab. L'ambulance a signalé qu'ils étaient visés par l'armée israélienne avec des laser. Après des bruits de coups de feu ou une explosion, la connexion a été perdue[19],[1]. Le sort de Rajab et des ambulanciers était alors inconnu[22] jusqu'à 12 jours plus tard, le , lorsque la famille est revenue après le retrait de l'armée israélienne, découvrant la voiture avec Rajab, Hamadeh et le reste de la famille de son oncle décédés[23]. Les fenêtres ont été arrachées et les portes couvertes d'impacts de balles[24]. L'ambulance du Croissant-Rouge a été retrouvée à quelques mètres, complètement détruite par un missile israélien[25], et deux ambulanciers[26], Yusuf al-Zeino et Ahmed al-Madhoun, ont également été tués[27].
Enquête
[modifier | modifier le code]Un porte-parole de Tsahal a affirmé, après une enquête préliminaire, qu'il n'y avait aucun soldat de Tsahal à proximité du véhicule ou à portée de tir et qu'en raison du manque de troupes, la coordination des ambulances n'était pas nécessaire pour sauver Rajab[2]. En réponse aux déclarations de Tsahal, Al Jazeera a déclaré : « Israël a l'habitude d'exempter rapidement ses troupes de tout acte répréhensible en cas d'abus contre les Palestiniens »[28]. Une enquête d'Al Jazeera a en outre révélé que trois chars israéliens se trouvaient à proximité du véhicule familial de Rajab au moment de l'attaque[29],[4].
L'enquête aurait été confiée au mécanisme d'évaluation des faits de l'état-major général, décrit comme un organisme militaire indépendant chargé d'enquêter sur les incidents inhabituels. Les États-Unis ont également lancé un appel pour qu'une enquête soit menée rapidement sur la mort de Rajab, déclarant qu'ils étaient « dévastés » par la mort de Rajab[30].
Une enquête du Washington Post d'avril 2024 a contredit les déclarations de l'armée israélienne, concluant que des véhicules blindés israéliens se trouvaient effectivement à proximité de la voiture où le corps de Rajab a été retrouvé et que le trou de 300 mm sur l'ambulance du Croissant-Rouge correspond à un obus de char israélien[3]. Le Washington Post a également confirmé que l'épave de l'ambulance avait été retrouvée sur un itinéraire fourni par le COGAT, une branche du ministère israélien de la Défense qui coordonne les passages sécurisés des véhicules médicaux avec Tsahal[3].
Le , le groupe d'enquête Forensic Architecture publie une analyse sur le meurtre de Hind Rajab. L'analyse conclut que ce sont 335 balles qui ont touché le véhicule[31],[32]. L'enquête indique :
« En partant de la position du tank indiquée par le plus grand alignement entre l'entrée et la sortie des trous, nous sommes arrivés à la conclusion que le tireur devait avoir eu une vue claire sur la voiture et ses passagers »
Impact
[modifier | modifier le code]Le cas de Rajab a attiré l'attention internationale avec des appels lancés par des militants et des organisations humanitaires pour aider à la retrouver et à la mettre en sécurité après sa disparition pendant 12 jours. Sa mère a supplié la communauté internationale de ne pas oublier sa fille et de la ramener à la maison[33]. Le Croissant-Rouge palestinien a utilisé ses comptes sur les réseaux sociaux pour publier des photos des ambulanciers et de Hind Rajab pendant plusieurs jours, tout en demandant des informations sur leur emplacement[19]. Plusieurs agences de presse ont contacté l'armée israélienne pour commenter l'incident. Le , l'armée israélienne a déclaré aux journalistes de CNN qu'elle n'était « pas au courant de l'incident ». Lorsqu'ils ont été contactés à nouveau trois jours plus tard, ils ont indiqué qu'ils « étudiaient toujours la question »[15].
Après la découverte de son corps, de nombreuses personnalités pro-palestiniennes ont critiqué les médias occidentaux pour avoir déclaré que Rajab avait été « retrouvée morte » sans attribuer sa mort à Israël, contrastant avec la couverture sympathique de la mort d'enfants lors de l'invasion russe de l'Ukraine[34]. La mère de Rajab a critiqué l'armée israélienne après la mort confirmée de sa fille, déclarant : « Combien de mères supplémentaires attendez-vous qui ressentent cette douleur ? Combien d'enfants supplémentaires voulez-vous tuer ? »[27] Le Croissant-Rouge a imputé la responsabilité de l'incident à Israël, l'accusant d'avoir délibérément pris pour cible l'équipage de l'ambulance[35]. Le ministère palestinien des Affaires étrangères a appelé la Cour pénale internationale à demander des comptes aux responsables de la mort de Rajab[36]. Le 13 février, le groupe de défense des droits humains Justice For All a soumis une affaire à la CPI accusant Tsahal de multiples crimes de guerre pour le meurtre de Hind Rajab[37].
En avril 2024, des étudiants manifestants pro-palestiniens participant à l'occupation du campus de l'université Columbia à New York se sont emparés du Hamilton Hall, un bâtiment universitaire situé sur le campus de Morningside Heights de l'université. Les étudiants ont déployé une grande banderole rebaptisant le bâtiment « Hind's Hall » en l'honneur du jeune enfant[38]. Lors d'un segment sur CNN traitant du changement de nom du Hamilton Hall, l'animatrice Kasie Hunt a expliqué aux téléspectateurs : « Hind est une référence à une femme qui a été tuée à Gaza. » La description a été critiquée comme un exemple du traitement des enfants palestiniens en tant qu'adultes et de parti pris pro-israélien sur CNN[39].
En mai 2024, le rappeur américain Macklemore a sorti Hind's Hall, une chanson de protestation en l'honneur de Hind ainsi qu'en soutien aux manifestations étudiantes. Il a également critiqué la prétendue priorité accordée par l'industrie musicale aux « questions insignifiantes » telles que la querelle entre Drake et Kendrick Lamar plutôt qu'à l'invasion israélienne de la bande de Gaza. Dans le cadre de la sortie du morceau, Macklemore a également déclaré que tous les bénéfices générés par les écoutes seraient reversés à l'UNRWA[40].
Une fondation qui porte son nom a été créée suite à sa mort, la Hind Rajab Foundation[41].
Commission d'enquête de l'ONU d'octobre 2024
[modifier | modifier le code]Le meurtre de Hind Rajab est présenté dans un rapport de la commission d'enquête de l'ONU d'octobre 2024 qui conclut à une « politique concertée d'Israël visant à détruire le système de santé de Gaza » comme un des « cas les plus flagrants » des crimes commis par l'armée israélienne[42]. Le rapport affirme « sur la base de motifs raisonnables que la 162e division blindée de l'armée israélienne opérait dans la zone et qu'elle était responsable de la mort de la famille de sept personnes, du bombardement de l'ambulance et de la mort des deux ambulanciers qui se trouvaient à bord. Il s'agit de crimes de guerre pour homicide volontaire et attaque contre des biens civils »[43].
Références
[modifier | modifier le code]- (en) « Body of 6-year-old killed in ‘deliberate’ Israeli fire found after 12 days », sur Al Jazeera (consulté le )
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- (en) « Palestinian paramedics said Israel gave them safe passage to save a 6-year-old girl in Gaza. They were all killed », The Washington Post, (consulté le )
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- (en) « One week after ICJ ruling, is Israel following the court’s orders? », sur Al Jazeera (consulté le )
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- (en) « Hind Rajab, Gaza 6-Year-Old Who Spoke Of Fear On Phone To Rescuers, Found Dead », sur Yahoo News, (consulté le ) : « Hind had stayed on the phone for around three hours with the Palestine Red Crescent Society on Jan. 29, desperately pleading for help, the agency said... She was reportedly fleeing the city with her aunt, uncle and cousins when they were caught in gunfire. It was Layan Hamadeh, Hind’s 15-year-old cousin, who initially called the Red Crescent for help until falling silent... The Red Crescent shared audio from the trapped kids on social media, where it horrified listeners worldwide. »
- (en) Jamal Kanj, « Rafah between Netanyahu’s metaphysical power and the West’s disconnect with reality », : « Hind's uncle, Bashar Hamada, drove a black Kia Picanto along with his wife and their children: four-year-old Sarah, Mohammed, 11, Raghad, 12, Sana, 13, Layan 15, and their six-year-old cousin, Hind. Bashar heeded Israeli orders seeking a "safe zone" for his family and niece in Gaza. No room left in the crowded small car, Hind’s mother and elder siblings fled on foot. On 29 January, it was a little after one in the afternoon when an Israeli tank blocked the road ahead of the car. Bashar frantically waved a white flag. The machine gun on the turret pointed at the car. The maze of the machine gun’s sight spider web shielded the gunner’s face. The tank swung its heavy gun swiftly in the direction of the car. The ominous 120mm black hole glared at them. The children cried out in terror. Suddenly, a blazing flare, and a ball of fire flickered from the machine gun. A burst of bullets shattered the windshield, bullets ricocheted off the body of the car »
- (en-GB) Emine Sinmaz, « Cousin of Hind Rajab, 6, haunted by her last call after family car shot at in Gaza », The Guardian, (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
- (en-GB) Emine Sinmaz, « ‘I’m so scared, please come’: Hind Rajab, six, found dead in Gaza 12 days after cry for help », The Observer, (ISSN 0029-7712, lire en ligne, consulté le )
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- (en) Linah Alsaafin,Usaid Siddiqui, « UN chief: ‘No homes, no hope’ for Palestinians in Rafah as invasion looms », sur Al Jazeera (consulté le )
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- (en) « Forensic Architecture probe concludes Israeli tank likely killed Palestinian child Hind Rajab », sur Middle East Eye (consulté le )
- (en) « The killing of Hind Rajab », sur forensic-architecture.org (consulté le )
- (en) Lucy Williamson, « Israel-Gaza war: Unknown fate of six-year-old Hind Rajab trapped under fire »
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- (en) « U.N. inquiry accuses Israel of crime of 'extermination' », sur NBC News, (consulté le )
