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Histoire d'Arles

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Blason d'Arles

À l'entrée du delta du Rhône se trouve Arles, une ville de 2 500 ans. D'un bourg, Arles est devenue résidence impériale puis capitale d'un royaume qui décline ensuite progressivement[style trop lyrique ou dithyrambique]. Aujourd'hui, elle est une sous-préfecture des Bouches-du-Rhône.

Proto-ville celto-ligure (Arelate, la ville des marais), temporairement emporion et cité grecque au Ve siècle av. J.-C. (Théliné, la nourricière), la cité passe ensuite sous domination indigène puis Marseillaise.

En 46 av. J.-C., elle acquiert le statut de colonie romaine (COLONIA JVLIA PATERNA ARELATE SEXTANORVM) puis se transforme en résidence impériale sous l’empereur Constantin Ier avec le surnom de Constantina. En 407, elle accueille jusqu’à la chute de l’Empire, la préfecture des Gaules transférée de Trèves et demeure ensuite un refuge de la romanité sous les Wisigoths, Burgondes, Ostrogoths et Francs qui tour à tour en prennent possession. Les VIe, VIIe et VIIIe siècles, avec les invasions, sont difficiles pour la cité qui est prise et mise au pas en 739 par les Carolingiens.

Au Moyen Âge, la cité devient capitale du royaume d'Arles puis résidence des premières dynasties des comtes de Provence. Après une période de conflits, au cours de laquelle Arles essaye de s'émanciper, la ville passe sous la domination des dynasties Angevines et perd peu à peu son importance politique, commerciale et ecclésiastique. En 1483, elle est finalement rattachée avec la Provence au royaume de France.

Sous l’Ancien Régime, Arles s'embellit d'hôtels particuliers, et à partir des années 1850 se transforme profondément de gros bourg agricole et portuaire en une ville ouvrière avec l'arrivée du chemin de fer. Il faut finalement attendre la fin du XIXe siècle pour voir la cité s'agrandir au-delà de son enceinte médiévale et s'orienter vers des activités plus touristiques en relation avec son patrimoine historique et ses manifestations.

Avec ce passé toujours présent, Arles est classée ville d'Art et d'Histoire. Les monuments romains et romans de la ville sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'humanité depuis 1981.

Avant les Romains

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Avant le IIe siècle av. J.-C.

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Occupé dès le Xe siècle av. J.-C. par les Ligures, puis après la première migration celte par les Celto-Ligures, le site d’Arles est fréquenté par des commerçants méditerranéens, Phéniciens et Étrusques notamment.

Avec la fondation de Marseille (600 av. J.-C.), la ville s'organise vers la fin du Ve siècle av. J.-C. d'abord en emporion grec puis en colonie appelée Théliné[1].

Lors de la poussée celte du début du IVe siècle av. J.-C., la cité revient sous domination autochtone et reprend son nom d'Arelate[2] et entretient des relations mouvementées avec sa voisine Marseille. À la fin de l’été 218 av. J.-C., Hannibal franchit le Rhône à proximité d’Arles[3]. Peu après vers 200 av. J.-C., Arles participe à la fédération des Salyens fondée par une aristocratie locale qui s'oppose à la cité État marseillaise.

Création de la Narbonnaise

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La province romaine de Narbonnaise créée en 118 av. J.-C.

Au cours du IIe siècle av. J.-C., Marseille luttant contre les Salyens, Arles subit d'importants dégâts de manière quasi-concomitante avec une importante crue du fleuve[4]. Les quartiers périphériques méridionaux au sud de l’enceinte primitive sont alors abandonnés. Après l'écrasement de la confédération en 122 av. J.-C., les Romains s'installent en Provence. Arles se trouve probablement rattachée à la Gaule narbonnaise fondée en 118 av. J.-C., bien que certains historiens incluent dès cette époque la cité arlésienne dans la zone d'influence de Marseille.

Arles, lieu stratégique

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Les Fosses Mariennes sur la table de Peutinger

La Provence est rapidement aux prises avec des peuples du Nord de l'Europe (Cimbres, Teutons et Tigurins) qui battent les armées romaines à la bataille d'Arausio (Orange) en 105 av. J.-C. Pour leur interdire l'accès de l'Italie, le consul Marius intervient dans la région d'Arles où fait établir le cantonnement de 5 légions (30 000 hommes). Pour des raisons logistiques, il y fait creuser un canal à l'embouchure du Rhône, large fossé appelé Fosses Mariennes. Plutarque dit que 3 ans plus tard Teutons [5] et Ambrons passent devant le camp de Marius sans arriver à le défaire pour se diriger vers l'Italie. Ils sont suivis par les troupes de Marius qui les écrase à Pourrière, lors de la bataille d'Aix. Après ces victoires, Marius abandonne l'usage de la nouvelle voie d'eau aux Marseillais qui étendent ainsi leur influence sur Arles, désormais port à la fois fluvial et maritime.

Époque romaine

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Ier siècle av. J.-C. : fondation de la colonie

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Après un début de siècle marqué par les dernières révoltes salyennes[6], la chance d'Arles survient en 49 av. J.-C. quand la cité soutient Jules César contre Marseille. En récompense de cette aide, la cité devient une colonie romaine (46 av. J.-C.)[7], et César y établit les vétérans de la sixième légion[8].

À cette date, un plan d'urbanisme monumental est lancé portant sur la création d'une enceinte fortifiée, l'aménagement de vastes espaces publics et la construction des trois édifices majeurs : le forum, l'arc du Rhône et le théâtre. La fortune initiale de la ville date de cette époque.

Ier, IIe et IIIe siècles : Arles gallo-romaine

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Ier siècle : les extensions flaviennes

Dès le début du Ier siècle, Strabon signale le rôle commercial de la cité[9]. La ville bénéficie d'un nouveau plan d’aménagement urbain à la fin du Ier siècle en raison de l'expansion de la cité liée au développement économique et commercial. Ce nouveau projet nécessite la modification du tracé nord de la première enceinte romaine pour permettre la construction des arènes.

Les nautes arlésiens transportant du vin sur la Durance.

IIe siècle

Au siècle suivant, la ville s'agrandit à nouveau avec notamment la construction du cirque romain. Arles est le siège de l'importante corporation des nautes et le centre d'une région agricole céréalière qui exporte ses blés à Rome.

IIIe siècle : les premières invasions et début de l'église arlésienne

Si la tradition chrétienne situe vers 220-240 la présence de saint Trophime le premier évêque d'Arles, l'existence de l'Église arlésienne est toutefois avérée dès 254. La tradition historique rapporte que les faubourgs de la ville auraient été pillés par le Alamans[10], ce que semble confirmer l'archéologie[11]. Peut-être que des travaux de fortification, à l'instar de ceux entrepris dans de nombreuses cités sont alors réalisés.

IVe siècle : Arles, ville impériale

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Arles - Les Thermes de Constantin Ier, IVe siècle

Le développement urbain ne reprend qu'au début du IVe siècle, sous l'empereur Constantin, avec une nouvelle croissance politique et administrative. La cité devient une résidence appréciée de l'empereur qui y séjourne à plusieurs reprises[12].

Ayant reconnu la religion catholique[13], Constantin organise un concile dans la cité[14], le 1er août 314 pour y faire condamner le donatisme. Un autre suit en 353, à l'instigation de son fils Constance II, qui consacre le triomphe temporaire de l'arianisme. C'est de cette époque que datent les premiers sarcophages paléo-chrétiens arlésiens[15].

La ville connaît alors une période de prospérité, notamment grâce à son commerce, comme le souligne le poète et homme politique Ausone.

Début du Ve siècle : Arles, capitale des Gaules

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Probablement en 407[16], l'administration impériale déplace la préfecture du prétoire des Gaules située jusqu'alors à Trèves, désormais trop exposée, sur Arles[17]. La cité provençale connaît en conséquence une véritable renaissance politique un siècle exactement après Constantin Ier. Toutefois, ce nouveau rôle n’exclut pas les menaces d’invasions. Ce double aspect militaire et politique marque le Ve siècle arlésien.

Arles est successivement la résidence de l'usurpateur Constantin III de 407 à 411, puis du patrice Constance[18]. L'importance de la cité est renforcée en 418 par l'empereur Honorius[19] qui proclame Arles lieu d'assemblée annuelle des sept-provinces. Auparavant, le 22 mars 417, le pape Zosime avait élevé l'Église d'Arles au rang de primatiale des Gaules en faveur de son évêque Patrocle[20].

La ville se transforme à la fois par la construction de nouveaux édifices chrétiens[21] et par l'apparition des habitations parasitaires[22] en liaison avec l'accroissement de population due au transfert de la Préfecture et à la recherche d’une protection auprès des remparts de la ville.

Fin du Ve siècle : Arles à la fin de l'Empire

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Carte de l'Europe en 476 avec la Provence wisigothique

La présence des Wisigoths installés en Aquitaine depuis 418[23] est une menace permanente pour la cité[24]. Au printemps 451, Aetius s’attarde dans la ville pour obtenir des renforts avant d'affronter Attila[25].

Après la mort de Valentinien III (455), les rois barbares fédérés cherchent à agrandir leurs territoires. La ville d'Arles est ainsi mêlée à de nombreux événements marquant la fin de l'Empire, comme la proclamation d'Avitus, empereur[26] ou l'intervention puis et la présence de l'empereur Majorien[27] dans la cité.

À partir de 471, les événements se précipitent, d'abord par la défaite des troupes romaines de l'empereur Anthémius[28], puis par un nouveau siège en 472 et enfin par la prise de la cité en 473. Après une restitution de courte durée[29], Euric reprend la ville d'Arles au cours de l'année 476 (ou 480) avant de se rendre maître de toute la Provence en deçà de la Durance.

Cette fin de siècle est marquée par le déclin d'Arles qui a vu ses campagnes dévastées et qui perd son rôle de capitale régionale au profit de Marseille[30]. La ville d'Arles et la Provence, affaiblies et représentant l'accès à la Méditerranée, deviennent ainsi un objet de convoitise pour leurs voisins du nord.

Haut Moyen Âge

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VIe siècle

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La fin de la romanité

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Les conflits du début du siècle

Passée sous la domination du roi burgonde Gondebaud au plus tard en 499 ou 500, la ville repasse en 501 à l'occasion d'un conflit entre Francs et Burgondes sous le contrôle des Wisigoths[31]. Dans la foulée, les Francs réconciliés avec les burgondes de Gondebaud essayent à leur tour d'accéder à la mer. En 502, puis lors d'un siège en 507-508, ils tentent ainsi sans succès de s'emparer de la cité d'Arles[32]. Lors de cette seconde tentative, la cité assiégée est secourue par les Ostrogoths de Théodoric le Grand. Après la libération de la ville, le roi Ostrogoth ravitaille les habitants, finance la restauration des remparts et prend la cité sous sa protection.

Royaume de Théodoric le Grand

Le protectorat ostrogoth

Les années 510-540 qui suivent correspondent à une période de tranquillité avec deux hommes illustres : le préfet du prétoire des Gaules Libérius et l'évêque Césaire d'Arles[33] qui évangélise les campagnes. Protégée par le soutien militaire bienveillant de Théodoric, la ville échappe jusqu’au début des années 530 aux ambitions Burgondes et Franques.

Le rattachement aux Francs

Menacée en 532 par les Burgondes, puis en 534 par Thibert (ou Théodebert)[34], la cité est vendue en 536 avec la Provence par les Ostrogoths[35]. Au cours de l'hiver 536 / 537, les Francs Thibert fils de Thierry et son oncle Childebert viennent prendre possession de leur nouvelle acquisition[36]. Arles passe alors sous l'autorité de princes chrétiens et pour la première fois obéit à des maîtres nordiques étrangers aux traditions romaines.

Des liens particuliers sont alors établis entre la royauté et l'évêché[37]. Ainsi, en 548, le pape Vigile à la demande du roi Childebert Ier nomme Aurélien vicaire du Saint Siège dans les Gaules et lui accorde le pallium. La même année[38], Aurélien fonde à Arles un monastère pour hommes sur ordre du roi Childebert[39], et peu de temps après, le 28 juin 554, un concile se tient à Arles sous la direction de l'énergique évêque Sapaudus.

Les catastrophes de la fin du VIe siècle

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La seconde moitié du siècle est marquée par des épidémies, des troubles et des catastrophes naturelles.

Dès la fin des années 540, Arles est frappée par la peste, appelée peste de Justinien[40].

La ville subit également le contrecoup de conflits entre Francs neustriens de Gontran (à l'ouest), austrasiens de Sigebert (à l'est) après le partage de 561 et la création du couloir australien reliant l'Auvergne à Marseille et isolant Arles[41]. Le territoire Provençal est aussi ravagé en 574 par les Lombards[42] et en 585 ou 587, la cité est également affectée par les Wisigoths[43].

De nombreux auteurs datent de la seconde moitié du VIe siècle la construction d'une enceinte réduite[44] faite de blocs arrachés aux monuments romains[45] pour limiter le territoire à défendre en cas d'attaque[46].

Puis viennent les catastrophes naturelles. En 580, une crue historique noie les faubourgs de la ville ; le cirque romain dévasté ne sera jamais réhabilité. Enfin la ville et son territoire subissent la grande famine de 585.

La fin du siècle est connue grâce en particulier aux lettres papales adressées à l'évêque Virgilius qui succède à Licerius en 588. Le pape lui reproche les conversions forcées de juifs[47] et la pratique de la simonie[48] tout en lui confiant les préparatifs de la mission d'évangélisation de l'Angleterre[49].

En moins de cinquante ans, à la suite des troubles et de la peste, la ville s'est repliée sur elle-même. Cette insécurité et cette tragédie démographique ruinent l’agriculture et la famine règne. À la fin du VIe siècle, Arles et son territoire entrent dans une période difficile et la vocation défensive de la cité devient alors primordiale.

VIIe siècle : Arles sous les derniers Mérovingiens

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Au tout début de ce siècle la Provence comme le reste de la Gaule est soumise à des hivers très rigoureux. Si les campagnes sont dépeuplées par la crise démographique qui suit la Peste de Justinien, la cité semble toutefois florissante grâce à ses activités portuaires. De même, l'archevêché d'Arles joue toujours un rôle important ainsi que le confirment, le pallium et vicariat conférés par le pape Boniface IV, en 613, à l'évêque Florianus.

Sous le règne de Clotaire II (613-629), Arles qui dispose d'un atelier monétaire, est alors administrée par les représentants des branches mérovingiennes, soit dans le cadre d'une Provence unifiée, soit de manière individualisée par un duc. Il existe ainsi à plusieurs reprises une Provence arlésienne (en opposition à la Provence marseillaise)[50], dont la présence semble aller de pair avec l'existence, comme au siècle précédent sous Gontran, du couloir austrasien. À partir de 673-675, un patrice résidant à Marseille dirige la Provence au nom des souverains francs[51].

On signale également quelques rares événements, comme le concile d'Arles[52], présidé en 682 par l'évêque de la cité Felix.

VIIe et VIIIe : la transformation du commerce

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Au VIIe siècle, les marchands orientaux notamment syriens concentrent entre leurs mains le commerce d'importation en Gaule. Celui-ci se poursuit au siècle suivant. Un diplôme de Chilpéric II de 716[53], nous indique par exemple les denrées importées et transitant par Arles ou son port avancé Fos[54]. Henri Pirenne souligne toutefois que les échanges entre l'Occident et l'Orient déclinent fortement dès la présence Sarrasine en Méditerranée occidentale au début du VIIIe siècle. Il constate que des produits orientaux tels que l'or, la soie, le poivre et le papyrus disparaissent pratiquement sous les carolingiens et que le commerce entre l'Occident et l'Orient ne se fait plus que par les négociants juifs, probablement des Radhanites, seuls liens entre l'Islam et la Chrétienté[55].

VIIIe siècle : la reprise en mains carolingienne

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Les informations disponibles sur le VIIIe siècle, comportent beaucoup de lacunes; par exemple on ne connaît aucun évêque d'Arles entre 683[56] et 788[57].

Présence sarrasine et opposition aux maires du Palais

Vers le milieu des années 710, des troubles sont signalés en Provence occidentale. Un texte de 780[58] fait écho à une révolte conduite par le patrice Antenor contre le pouvoir franc de Pépin de Herstal, puis de Charles Martel, révolte qui s'accompagne de spoliations de biens ecclésiastiques.

Dix ans plus tard, le danger vient des Sarrasins. Les Sarrasins qui ont traversé les Pyrénées en 720, entreprennent en 725 une grande razzia : ils prennent Carcassonne, le Languedoc jusqu'à Nîmes, et s'aventurent dans la vallée du Rhône jusqu'à Autun[59]

Une des tours de l’amphithéâtre

Reprise en main par les Francs

En 735-739, devant le danger des troupes de Charles Martel, qui descendent le long du sillon rhodanien jusqu'au Languedoc, Arles et Avignon conduits par le duc Mauronte auraient fait appel pour leur défense à ces derniers. D'après la Chronique de Frédégaire[60], Charles Martel s'empare et pille la ville en 739. Après la victoire des Francs, Arles et la Provence sont mises au pas avec rigueur par le pouvoir carolingien. Les patrices sont supprimés remplacés par des comtes et le découpage administratif se cale sur celui des diocèses épiscopaux.

Fin du VIIIe et début du IXe : Arles et la Renaissance carolingienne

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Toutefois à la fin du siècle vers 780, apparaît une période de prospérité, le Renouveau Carolingien probablement liée au changement de politique des rois carolingiens en Provence et Septimanie.
La vigueur du développement de la chrétienté génère des mouvements centrifuges conduisant à l'éclatement du diocèse d'Arles; en 794, au concile de Francfort, l'archevêché d'Arles est scindé en trois, les diocèses d'Embrun et d'Aix devenant indépendants.

En 800, Théodulf, évêque d'Orléans, de passage dans la cité signale tous les produits qu'on peut y trouver grâce à son port[61] : Arles est à cette époque un port franc prospère ouvert sur le monde méditerranéen.

Ce renouveau se poursuit au début du IXe siècle avec la mise en culture de nouvelles terres. Se trouvant sur un des itinéraires des marchands chrétiens et juifs qui vont vendre des esclaves à Cordoue[62], la ville connaît toujours un commerce florissant et accueille probablement une communauté juive nombreuse[63]. L'Église d'Arles jouit également d'un rayonnement important : un concile[64] s’y tient en 813 présidé par Jean II[65], puis en 824, son successeur, l'archevêque d'Arles Noton, échange des terres de la campagne arlésienne avec le comte Leibulf[66].

IXe siècle

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Arles à l'époque des successions carolingiennes

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Et pourtant, en ce début du IXe siècle, les côtes de Septimanie et Provence commencent à se doter de défense contre les pirates par la construction d'édifices fortifiés[67]. Mais c'est surtout après la mort de Charlemagne, que l’histoire d’Arles va s’inscrire dans le processus de désagrégation de l'Empire carolingien avec la désorganisation du pouvoir civil, les troubles et les invasions. Au gré des successions apparaît alors un territoire autonome et bien individualisé appelé royaume de Provence qui va constituer la Provence.

Arles sous Louis le Pieux

Dès les premières luttes des fils de Louis le Pieux (814-840) contre leur père, la Provence subit l'assaut d'envahisseurs venus de la mer qui remontent le Rhône. Pour lutter contre ces pirates, l'empereur regroupe vers 835 l'ensemble des comtés provençaux sous l'autorité d'un duc résidant à Arles, probablement Leibulf. En 841, on signale un certain duc Garin[68], qui avec ses contingents arlésiens et provençaux participe de façon décisive à la bataille de Fontanet, le 25 juin 841.

Cela n'empêche pas Arles d'être pillée en 842 par les Sarrasins.

Arles sous Lothaire Ier

Après le traité de Verdun (843), la Provence passe sous l'autorité de Lothaire Ier et de ses représentants, dont le duc Fulcrad[69] qui tente en 845 une sécession de la Provence avec la participation probable des Arlésiens. Dans cette période de troubles, Arles est à nouveau attaquée en 850, mais contrairement à 842, elle se défend avec succès et massacre les barbaresques dans leur fuite.

Arles : un port actif avec le Moyen-Orient

En cette milieu de siècle, nous avons des témoignages que la ville d'Arles malgré ces évènements est encore prospère et possède un port actif. Le diacre Florus qui écrit peu après 843, parle en effet d' Arelas optima portus (Arles, riche port). De même quelques années plus tard vers 860-870, le géographe arabe Ibn Khordadbeh dans son livre des Routes et des Royaumes évoque les marchands juifs qu'il appelle Radhanites et qui à partir des ports du pays franc se dirigent vers le Moyen-Orient, emportant des marchandises d'origine septentrionale (esclaves, épées et peaux) pour ramener des épices.

Arles sous Charles de Provence

Les voyages des Normands : celui de 859-860 en Méditerranée

En 855 à la suite du décès de Lothaire Ier, le partage de son royaume donne naissance à la Provence (royaume incluant le Lyonnais, la Viennoise et la Provence proprement dite) dévolue à Charles qui laisse l'administration de son royaume à Girart de Roussillon[70]. La cour réside à Vienne qui devient ainsi la capitale de ce Royaume au détriment d'Arles jusqu'au début du Xe siècle.

C'est à cette époque (859) que les Normands, de passage en Méditerranée, dévastent le territoire d'Arles[71].

Arles sous l'empereur et roi d'Italie, Louis II le Jeune

À la mort de Charles (863), la partie sud de son royaume, c'est-à-dire la Provence limitée aux territoires d'Arles, Aix et Embrun, revient à Louis II le Jeune empereur et roi d'Italie. Sous cette nouvelle autorité, le pouvoir semble alors exercé par les évêques qui sont amenés à prendre la défense de la population. Ainsi, l'archevêque d'Arles Rotland (852-869) fait fortifier le théâtre et intervient dans les campagnes. Lors d'une razzia en Camargue en septembre 869, les Sarrasins le surprennent en train de superviser la mise en défense de la région. L'évêque est fait prisonnier, puis échangé contre des armes, des esclaves, et autres richesses. Malheureusement, les Arlésiens ne récupéreront que son cadavre, habillé et mis sur un siège par les barbaresques au moment de la remise de rançon[72].

Arles sous Charles le Chauve et Boson duc de Provence

En 875, à la mort de l’empereur, la Provence est récupérée par Charles le Chauve. Boson est nommé duc de Provence[73] et accueille à ce titre à Arles le pape Jean VIII[74] au printemps 878. À cette occasion l'évêque d'Arles Rostaing, reçoit le pallium. Boson[75] se laisse tenter peu après par la couronne italienne[76] proposée par Jean VIII. Mais sa tentative se heurte aux nobles italiens et Boson doit retourner en Provence après une expédition infructueuse de quelques mois.

La création du royaume de Provence

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La tentative de Boson

Le 15 octobre 879, Boson[77] entre en rébellion contre les successeurs carolingiens contestés, Louis III et Carloman II et se fait sacrer Roi de Provence[78] dans son château de Mantaille avec l'appui des grands et celui minoritaire des évêques provençaux, dont Rostaing archevêque d'Arles[79].

Toutefois, la tentative tourne rapidement à l'échec et Carloman récupère la Provence après la prise de Vienne en octobre 881 et laisse comme trace de son autorité quelques deniers frappés à Arles. Mais dans cette période troublée, les Sarrasins toujours présents et opportunistes, pillent à nouveau la cité peu de temps avant 883.

À la mort de Carloman (884), l'autorité de Charles III le Gros s'étend à la Provence; Boson rentré en grâce s'éteint à Arles, le 11 janvier 887, et son fils Louis est adopté peu après par l'empereur[80].

L'établissement de son fils Louis III

En 890, Louis III est proclamé à son tour roi de Provence toujours avec le soutien de l'archevêque d'Arles Rostaing. Résidant à Vienne, Louis entreprend au début de son règne (896) quelques tentatives contre les Sarrasins qui continuent à dévaster la Provence. Il se décharge ensuite de l'administration de son royaume sur le comte Thibert[81] qui intervient dans plusieurs cités, en particulier à Arles.

Arles à la fin du IXe siècle

En cette fin de siècle, Arles est une citadelle fortifiée dominant un territoire déserté. Plusieurs textes[82], évoquent des terres dépeuplées par l'assaut des barbares qui s'installent vers 890 en Provence orientale, au Fraxinet. Si la ville a abandonné son rôle de capitale, elle conserve toutefois un rôle économique[83] et religieux important[84].

Xe siècle

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Arles sous Hugues d'Arles

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L'histoire de la première moitié du Xe siècle est marquée par Hugues d'Arles, comte d'Arles et de Vienne, successeur du comte Thibert et cousin du roi Louis III. En 911, il s'installe à Arles dont il fait, malgré les conflits initiaux avec l'aristocratie locale (911-920) et ses activités en Italie, la capitale de son royaume.

La suzeraineté de Conrad le Pacifique

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Dès 948 (ou 949), Conrad, dit le Pacifique, appuyé par le roi de Germanie, réussit à faire reconnaître sa suzeraineté sur l'ancien royaume de Provence. Conrad[85] affirme son autorité en créant le marquisat de Provence et en nommant trois comtes et des vicomtes[86], étrangers au pays, dont un à Arles qui va rapidement supplanter tous les autres. Il s'agit du comte d'origine bourguignonne Boson II (parent éloigné du Boson de la fin IXe siècle), à l'origine de la première lignée des comtes de Provence.

Naissance de la Ire dynastie des comtes de Provence et de la féodalité

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La sécurité en Provence : le problème des Maures

Le problème sécuritaire le plus important en Provence surtout dans la partie orientale, ce sont les Sarrasins. La lutte contre ces pillards n'est d'abord que sporadique dans la mesure où les comtes de Provence se trouvent engagés en Italie dans leurs entreprises de conquête. À la suite de l'enlèvement de l'abbé Mayeul, les princes de Provence réunis sous l'égide du comte Guillaume Ier, qui a succédé à son père Boson en 968[87], sont définitivement victorieux des Maures à la bataille de Tourtour en 973[88].

L'établissement de la première dynastie comtale à Arles

Cette victoire obtenue sans les troupes de Conrad est importante : elle permet à Guillaume d'obtenir la suzeraineté de fait de la Provence (il va distribuer les terres reconquises à ses vassaux) et à Arles de retrouver son statut de capitale où peu après 981, le comte devenu marquis de Provence revient s'y établir. C'est également dans la seconde moitié de ce siècle que naît avec la première lignée comtale, la féodalité arlésienne. À Arles, il s'agit des fondateurs des plus illustres familles arlésiennes : d'abord Pons juvenis pour la famille des Baux dès 952 et ensuite Daidonat pour celle des Porcelet en 972. La féodalité arlésienne a ses propres particularités : elle est bien sûr rurale, mais aussi urbaine et commerçante. Dès 980, la paix revenue apporte les conditions d'un renouveau économique[89] et la renommée du comte, un éphémère rayonnement politique[90].

XIe siècle

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Affaiblissement du pouvoir comtal

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Des causes multiples

Dès les premières années du XIe siècle, les comtes Guillaume II dit le Pieux (993-1019) et Roubaud de Provence, son oncle[91], ne sont plus en mesure de tenir les grands lignages en respect. En 1008, à la mort de Roubaud, s'ouvre donc une période de troubles[92], aggravée par la puissance croissante des grandes familles[93], la militarisation de la société arlésienne[94] et le rattachement au Saint-Empire romain germanique en 1032[95]

La réforme Grégorienne à Arles et la crise de la fin du siècle

Autre facteur d'affaiblissement du comte : la Réforme grégorienne. À Arles et en Provence, dès les années 1040, elle devient un instrument d'une politique visant directement l'archevêque d'Arles et de manière plus subtile, le comte de Provence.

Inaugurée avec la Paix de Dieu[96], la réforme grégorienne essaye aussi d'éliminer les prélats qui ont tendance à mener une politique plus dans l'intérêt du patrimoine familial que de celui de l'Église. Cette politique se radicalise après 1078 et conduit à une véritable crise politique entre le comte affaibli, qui se place sous la suzeraineté papale reniant ainsi ses liens de vassalité avec l'Empereur, et l'archevêque d'Arles Aicard de la famille des vicomtes de Marseille, excommunié mais soutenu par la cité, les grandes familles et le comte de Toulouse. Anibert[97] voit dans cette crise le ferment des idées d'émancipation de la cité qui se concrétiseront cinquante ans plus tard par le consulat. Finalement, ce n'est qu'après 1096 que l'Église profitant de l'absence des dynasties locales parties en croisade, pourra mettre de l'ordre dans sa hiérarchie.

La vie économique : défrichements et commerce

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Sur le plan économique, le mouvement de reprise amorcé dès la fin du Xe siècle continue après l'an 1000. Des terres sont remises en culture et de nombreuses chapelles sont bâties. La cité elle-même se développe à l'extérieur des murs[98]. Après les années de tension 1015 - 1040, la ville s'ouvre aux commerçants italiens[99] à l'époque où Gênes et Pise deviennent des puissances en Méditerranée[100]. Les défrichements reprennent après 1050, essentiellement sous la forme d'assèchements de marais, notamment autour de l'abbaye de Montmajour[101] et en Crau[102].

XIIe siècle

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La cité va être au cours de ce siècle l'objet d'un mouvement d'émancipation urbaine, l'un des plus anciens de Provence. Ce mouvement s'inscrit dans un contexte d'une grande instabilité politique, d'un enrichissement de la cité et d'un développement religieux important.

Installation de la 2e dynastie des comtes de Provence et du consulat

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Un mariage arrangé et contesté qui conduit à la partition de la Provence

En 1112[103], le comte de Barcelone Raimond Bérenger épouse Douce la fille aînée de Gerberge de Provence, comtesse de Provence : c'est le début officiel de la deuxième dynastie des comtes de Provence[104]. Toutefois cette transaction est contestée[105]; dès 1112 par de grandes familles provençales[106], puis à partir de 1119[107] par le parti Toulousain soutenu par les familles arlésiennes qui s'opposent dans la cité à l’archevêque d'Arles[108], représentant du pape et allié des comtes catalans.

Finalement, en 1125[109], un accord est signé partageant la Provence en un marquisat au Nord attribué aux Toulouse et un comté au Sud, dont Arles est la capitale, revenant à Barcelone.

La création du consulat et les guerres Baussenques

Malgré le traité de 1125, l'autorité du comte autour de la région d'Arles est presque nulle. La mort de Douce en 1130 et celle de Raimond-Berenger en 1131 font résurgir les problèmes de succession latents du comté de Provence. Dès 1131, les seigneurs des Baux, désormais soutenus par le comte de Toulouse[110], font donc valoir leurs droits[111] auprès de l'empereur Conrad. Ce conflit latent est aggravé par la situation politique d'Arles éclatée en quartiers dont les seigneurs[112] sont unis objectivement dans le refus de laisser le comte de Provence devenir possessionné dans la cité. Dans ce contexte, la mort du comte Raimond-Berenger[113] donne l’impulsion supplémentaire nécessaire à la création en 1131 d’un consulat[114].

En 1144, la mort sans doute non fortuite du comte de Provence Bérenger-Raimond[115] déclenche les Guerres Baussenques[116] auxquelles participent dans un premier temps les Arlésiens, alliés aux Baux. C'est probablement en relation avec ces luttes qu'il faut appréhender la révolte des Arlésiens contre leur archevêque en 1150 ou en 1156. Au terme de conflits successifs[117], elles se terminent en 1162 par la victoire des comtes catalans et la défaite des Baux[118].

Arles perd son rôle de capitale de la Provence et s'érige en République

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Les conséquences

Les guerres baussenques, qui permettent à la dynastie comtale de mettre au rang les Baux, servent en premier lieu les intérêts d'une autre grande famille arlésienne, celle des Porcelet. En 1162, le dénouement de cette crise corrobore leur choix politique en faveur des comtes de Provence. Tandis que les châteaux de Trinquetaille et des Baux sont pris, la fin du XIIe siècle consacre la puissance de cette famille. Ils jouent alors en Provence un rôle politique de premier plan et mènent une politique personnelle de prestige au détriment des vieux ennemis de la famille de Barcelone. Ce rôle s'explique au-delà du soutien à la famille comtale, par un patrimoine et des revenus très importants qui apportent les moyens matériels nécessaires à leur politique et par une cohésion lignagère faite de solidarité et d'une conservation du patrimoine en indivis.

C'est à peu près à cette époque (1150-1160) (ou 1142 ?) que les archevêques d'Arles font de Salon-de-Provence leur résidence principale lorsque l'archevêque d'Arles, Raymond de Montredon devient seigneur de Salon. La richesse du terroir, la protection offerte par le château de l'Empéri d'une part et l'agitation urbaine d'Arles d'autre part, expliquent ce choix dans une période troublée par les guerres et les révoltes. La ville et son château sont ainsi liés pendant presque huit siècles à la temporalité de l'Église d'Arles.

À Arles, la diffusion des usages féodo-vassaliques au bénéfice des seigneuries ecclésiastiques qui est contemporaine de la normalisation des relations entre les évêques et les grands laïcs après les graves tensions de la période grégorienne, s’applique avec une particularité : l’augmentation des domaines inféodés de la famille des Baux.

Une présence plus marquée des empereurs germaniques

Dans ce contexte de faiblesse des comtes, Frédéric Ier Barberousse (1122-1190), empereur germanique depuis 1155 et suzerain de la Provence souhaite reprendre le vieux titre de Roi d'Arles et rappeler ainsi son autorité. Il confirme alors de nombreux privilèges de l'Église d'Arles, intervient diplomatiquement dans les guerres Baussenques et se fait couronner le 31 juillet 1178 dans la basilique Saint-Trophime par l'archevêque Raimon de Bollène (1163-1182) en présence de tous les grands du royaume à l'exception notable du comte de Provence et de Barcelone.

Cause ou conséquence, c'est à cette époque, vers 1180, que les comtes de Provence délaissent Arles et s'installent à Aix et que la cité se dote d'un gouvernement connu dans l'histoire sous le nom de République d'Arles (1180-1251) à l'instar des villes italiennes avec qui la cité entretient de nombreuses relations. Après la création de la République d'Arles, et la disparition de conflits internes entre quartiers de la cité, les habitants décident d'enfermer le vieux Bourg, le Bourg-neuf et le Marché dans une nouvelle enceinte pratiquement terminée en 1190[119].

Vie économique et religieuse au XIIe siècle

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L'économie arlésienne au XIIe siècle

Sur le plan économique, au XIIe siècle, le port d'Arles est actif comme en témoignent les épisodes de la guerre maritime et les statuts de la ville. Il existe une flotte militaire arlésienne : en 1114 par exemple, des bateaux de la cité participent à la croisade de Majorque; de même, en 1120, la flotte d'Arles (14 navires conduits par les Baux et les Porcelet) aide les Galiciens contre les musulmans de Espagne; enfin, en 1165, des navires arlésiens participent avec les Pisans à la tentative d'interception du pape Alexandre III. De nombreux articles des statuts de la ville font également référence aux activités portuaires, ainsi l'article 140 (rédigé entre 1160 et 1200) précise les conditions d'embarquement des pèlerins à Arles.

Les chevaliers et les probi homines arlésiens bénéficient du développement des échanges, notamment par les revenus de la lesde, des tonlieux et du sel. Accumulant d'énormes richesses qui en feront les bailleurs de fonds des comtes[120], ils deviennent extrêmement puissants. Arles bénéficie aussi des croisades; on rapporte ainsi que la première attestation en France de moulins à vent (d'origine moyen-orientale), figure dans une charte de la ville d'Arles datée de 1170.

La communauté juive d'Arles, relativement importante, profite également de l'essor du commerce. En 1165, Benjamin de Tudèle dénombre deux cents chefs de famille dans la cité; ils contrôlent une partie du commerce des produits de luxe et celui du vermillon et certains d'entre eux s'occupent des affaires de l'archevêque, du comte et des Baux. Sur cette base de deux cents chefs de famille juifs, on peut tenter une estimation de la population globale de la cité : environ 8 000 à 10 000 habitants. C'est une estimation proche de celle de l'historien Louis STOUFF qui juge le chiffre de 5 000 à 6 000 avancé par Erika Engelmann à la date de 1200, comme probablement en deçà de la vérité.

Toutefois, au XIIe siècle Arles ne réussit pas à capter à son profit le trafic international renaissant (draps des Flandres, épices et produits du Levant) qui fait la fortune de Saint-Gilles, ville neuve établie à environ vingt kilomètres en aval du Petit Rhône à côté d'un ancien marché aux portes d'une abbaye, favorisée par un pèlerinage et par l'installation de marchands italiens qui en quelques années en font le port commercial le plus actif de la région rhodanienne.

La vie religieuse arlésienne au XIIe siècle

Le XIIe siècle est sur le plan religieux une époque de transformations.
Le 29 septembre 1152, Raimon de Montredon organise la translation des reliques de saint Trophime, des Alyscamps à la basilique Saint-Étienne, qui perd probablement alors ce patronyme au profit de l'actuel Saint-Trophime. En 1170, débute la réalisation des façades sculptées de la basilique Saint-Trophime d'Arles et de Saint-Gilles-du-Gard (art roman) (fin en 1220). Selon d'autres sources, ces travaux commencés plutôt dès les années 1152, seraient terminés en 1178, à la date du couronnement dans cette basilique de l'Empereur romain germanique, Frédéric Ier Barberousse. Des travaux de transformation ou de reconstruction dans le style roman sont également signalés à cette époque dans Arles même et de sa région (cf. l'église des Saintes-Maries-de-la-Mer, vers 1175).

À côté des modifications du bâti cultuel, les nouveaux ordres religieux fondés à la fin du XIe ou au début du XIIe siècle s'implantent dans la cité et contribuent à l'évolution religieuse de la ville.

Arles, le faubourg des Templiers encore mentionné sur une carte du début du XXe siècle (en haut et à droite de l'image); aujourd'hui encore, dans ce quartier, il existe une rue dite des Templiers
  • Les ordres militaires :
    - les Hospitaliers de Saint-Jean créent la maison de Saint-Thomas de Trinquetaille ;
    - l'ordre des Templiers, fondé en 1119, est à Arles vers 1142 au nord de la porte du Bourg-Neuf à laquelle ils ont donné leur nom (Porte de la Milice ou Porte de la Cavalerie) et s'installe ensuite rapidement en Camargue dès les années 1160.
    Les deux ordres y acquièrent de très grands domaines ce qui entraîne l'hostilité du patriciat arlésien et des conflits de propriété et d'usage avec des monastères.
  • les Cisterciens : ils fondent une abbaye en Camargue initialement à Ulmet vers 1180, puis à Sylvéréal.

XIIIe siècle

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L'avènement de la 1re dynastie d'Anjou et la fin de la république d'Arles

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Le mouvement d'émancipation urbaine se poursuit au XIIIe siècle, contrarié par de nouveaux acteurs, tels l'Église confrontée aux Albigeois, les Guelfes et les Gibelins, les princes franciliens et la royauté française. Ainsi, après quelques conflits initiaux, dont celui lié au contexte de la première croisade des Albigeois (1209-1218), la cité s'oriente vers 1220, à l'instar des cités italiennes, vers un type de gouvernement particulier, le podestat et s'arroge alors une réelle autonomie. En 1235-1237, avec la confrérie des bailes puis en 1245-1250, la cité se révolte, dans un mouvement profondément anti-clérical, contre son archevêque, avant de capituler en 1250 devant l'armée de Charles d'Anjou, le frère du roi Louis IX, qui impose la nouvelle dynastie des comtes de Provence. Les Capétiens après avoir mis en place une administration tatillonne, aussi bien vis-à-vis des grandes communautés, que de la noblesse ou du clergé, rèvent d'Italie où ils partent, suivis par la noblesse provençale notamment arlésienne, en 1265.

Les transformations du XIIIe siècle arlésien

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Sur le plan politique, la capitulation de 1250 marque une rupture dans l'histoire arlésienne. La ville perd ses consuls remplacé par le viguier et les fonctionnaires comtaux[121], ainsi que tous ses biens. Elle ne conserve que quelques privilèges qu'elle s'emploie à défendre aprement[122]. La noblesse autrefois fière et jalouse de ses prérogatives, se transforme et va désormais rechercher les honneurs, rentes et carrières auprès du comte. Dans ce contexte politico-religieux, le XIIIe siècle arlésien est celui des ordres mendiants qui s'installent en nombre dans la ville[123]. Enfin, sur le plan économique la prospérité continue, probablement favorisée à la fin du siècle par la paix et la sécurité apportées par la première dynastie d'Anjou. Ainsi à la fin du siècle, Arles qui s'étend et englobe de nouveaux quartiers dans une enceinte agrandie, atteint son optimum démographique du Moyen Âge avec une population d'environ 15 000 habitants.

Moyen Âge tardif

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Après l'installation de la première dynastie Angevine en 1250, la cité subit un déclin politique (au profit d'Aix, capitale du Comté), ecclésiastique (Arles devient une succursale de la papauté installée en 1309 à Avignon), économique (concurrence de d'Avignon et de Marseille). Ce phénomène se trouve amplifié à compter des années 1340-1350 par un effondrement démographique lié à la trilogie célèbre : guerres, pestes et disettes. Pour Arles, la disette est un accident, la peste un mal périodique et la guerre une menace permanente, venant du continent au XIVe siècle puis de la mer jusqu'à la fin des années 1460. Les guerres liées à l’installation de la seconde dynastie Angevine, permettent toutefois à la ville de retrouver en 1385 une partie de ses droits aliénés en 1250. Paradoxalement dans ce contexte déprimé, le pays d'Arles fort demandeur en main d'œuvre devient un centre d'immigration. Ces flux migratoires seront à l'origine de la reprise démographique de la cité dans les années 1470. À la fin du Moyen Âge, en 1483 quand la Provence est rattachée au royaume de France, la société arlésienne est devenue une société d'agriculteurs et d'éleveurs, avec une noblesse nombreuse et riche qui va dominer la ville jusqu'à la Révolution.

XIVe siècle

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Un début de siècle prospère

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Au début du XIVe siècle, Arles bénéficie d'une prospérité à la fois intellectuelle, démographique et économique.

La ville d'Arles accueille en 1306, les juifs chassés du Languedoc. Le rabbin et philosophe juif averroïste Joseph ibn Caspi également connu sous son nom provençal de Sen Bonfos ou Don Bonafoux de l'Argentière, s’installe ainsi en Provence d'abord à Tarascon en 1306 puis à Arles en 1317 où il se lie avec Kalonymos ben Kalonymos (Shem Tov ben Shem Tov) et rédige son introduction au Pentateuque, le Tirat Kessef, qui lui valut de se brouiller avec Kalonymos ben Kalonymos et les maîtres de celui-ci.
D'après Louis Stouff, la ville aurait alors compris environ 250 feux de confession juive, chiffre qui ne sera jamais plus égalé et qui restera le plus important dans l'histoire d'Arles[124]. La ville avec presque 2 200 feux[125], soit environ 11 000 habitants, est alors la deuxième ville de la Provence.

Sur le plan économique, la ville affiche une prospérité robuste grâce à la production agricole de ses affars[126], à la qualité de son élevage ovin[127] qui alimente le commerce de la laine et des peaux et à la richesse de ses salins[128]. La ville compte également de nombreux moulins à vent (23 en 1332), essentiellement sur la colline du Mouleyres et un port actif qui se développe dans la première moitié du XIVe siècle à destination de Tarascon et Aigues-Mortes.

  • En 1307, les courtiers sont au nombre de 42 : 35 juifs et 7 chrétiens.

Suivi par des famines, la peste et des guerres

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Les premières difficultés

Pourtant, des prémices annonçaient déjà un recul du rayonnement de la cité. Sur le plan politique, la ville qui avait perdu un grand nombre de privilèges au milieu du XIIIe siècle, s'était effacée devant la capitale comtale Aix. De même pour l'archevêché d'Arles, le XIVe siècle ne s'annonce pas plus favorable que le XIIIe. Au début du siècle, l'installation de la papauté à Avignon (1309) fait que les prélats arlésiens sont peu présents dans leur diocèse et Arles cesse d'être la résidence de ses archevêques. À ce déclin déjà commencé sur le plan politique, administratif et ecclésiastique, se rajoutent au début des années 1320, les premières difficultés économiques : des récoltes insuffisantes apparaissent dès 1315 et s'aggravent dans les années 1323, 1329 et 1332.

La trilogie médiévale : peste, disettes et guerres

Ce n'est toutefois qu'à partir du milieu du XVe siècle, que la situation se dégrade. La ville d'Arles, toujours aux prises avec des disettes, subit des épidémies dont la fameuse peste noire de 1348 et une série de guerres ; elle voit sa population se réduire fortement.

La peste noire apparait dans la ville d'Arles initialement en janvier 1348, puis à plusieurs reprises jusqu'à la fin du siècle[129]. En éliminant presque la moitié des consommateurs elle apporte un répit à la famine mais les terres désormais en friche et les surtout les guerres de la seconde moitié du XVe siècle rendent tout approvisionnement difficile. Les famines font leur réapparition en 1357 et surtout entre 1368 et 1375.

Les guerres apparaissent peu après et touchent une population fortement affaiblie par les disettes et les épidémies. Venant du continent, elles commencent en 1355 et se terminent en 1399. Tout débute par un conflit local, quand en 1355, le Sénéchal de Provence, Foulques d'Agoult, fait le siège du château des Baux où s'est réfugié Robert de Duras qui meurt en 1356 à la bataille de Poitiers.

La région est ensuite la proie de bandes armées désœuvrées pendant les trêves de la guerre de Cent Ans :

  • 1357-1358 : présence des bandes de Routiers, conduites par Arnaud de Cervola dit l'Archiprêtre et appelées par les comtes des Baux. Ils franchissent le Rhône le 13 juillet 1357 et ne repartent de Provence qu'en octobre 1358.
  • 1357-1358 : le 1er octobre, pour lutter contre les Routiers, le sénéchal fait appel au comte d'Armagnac qui amène entre Arles et Tarascon mille sergents. Leur intervention sera aussi terrible que celle des Routiers.
  • 1361 : les troupes d'Henri de Trastamare venant d'Espagne arrivent jusque sous les murs d'Arles.

La ville bénéficiant alors de quelques années de tranquillité, le 4 juin 1365, Charles IV roi de Bohême se fait couronner comme son prédécesseur Frédéric Barberousse, roi d'Arles à la cathédrale Saint-Trophime.

Mais le répit est de courte durée. À partir de 1367, les ambitions de Louis d'Anjou en Provence constituent un nouveau danger. Ainsi du 11 avril au 1er mai 1368, la ville est assiégée sans succès par des troupes conduites par Bertrand Du Guesclin, représentant les intérêts de Louis d'Anjou en Provence[130],[131]. À l'automne 1380, l'adoption de Louis d'Anjou par la reine Jeanne met toute la Provence en émoi. La Provence est coupée en deux : d'un côté les partisans de Louis d'Anjou conduits par les villes de Marseille et d'Arles, de l'autre ceux de Charles Duras regroupés autour des villes d'Aix, Nice et Tarascon. De 1382 à 1387, pendant ces troubles appelés guerre de l'Union d'Aix, la confusion est à son comble. À compléter…. L'épisode le plus dramatique pour Arles se déroule en 1384. Au printemps de cette année, le chef tuschin allié de Charles Duras, Étienne Augier plus connu sous le nom de Ferragut, s’installe dans les Alpilles et fait régner la terreur jusqu'au Rhône et Arles qu'il prend le 24 juillet avec des complicités internes. Le viguier de la ville est tué[132]. Après quelques heures de troubles, les habitants se révoltent contre les Tuchins et les chassent de la cité. Le lendemain, une répression sévère est menée contre leurs partisans[133]. Toutefois, la ville d’Arles, prudente, attend le sort des armes avant de s’engager. Ainsi ce n’est qu’après plusieurs mois d’atermoiements que la cité accueille dans ses murs le 9 décembre 1384, Marie de Blois et Louis II son fils. Après avoir négocié des contreparties et établi une nouvelle convention (1385), Arles reconnaît alors ce dernier comme son nouveau seigneur.

Enfin, un dernier conflit surgit en 1389 quand Raimond Roger de Beaufort[134], vicomte de Turenne et neveu et petit-neveu des papes Grégoire XI et Clément VI, reprend les armes et de ses châteaux des Baux et de Roquemantine, fait régner la terreur dans la Provence occidentale ; Arles est rançonnée deux fois, en 1392 et 1396. Finalement les arlésiens se mobilisent et avec l'aide de Louis II et son frère Charles de Tarente de retour de Naples en août 1399, pacifient définitivement le comté entre 1398 et 1399.

La société arlésienne à l'avènement de la seconde dynastie d'Anjou

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En 1385, lorsque la seconde dynastie d'Anjou prend possession du comté de Provence, la ville d'Arles s'est profondément transformée.

Transformations démographiques et économiques

Transformations politiques et religieuses

À côté des impacts démographiques et économiques, cette période agitée apportent également son lot de transformations sur le plan politique et religieux. Sur le plan religieux, les confréries se développent à partir des années 1350 après s'être longtemps heurtées à l'autorité ecclésiastique, en souvenir de l'ancienne République d'Arles. Ces associations qui ont une activité charitable, conviviale, religieuse et surtout funéraire se mêlent de manière intime et quotidienne à la vie des arlésiens. Indiquer les principales confréries. Sur le plan politique, les années 1350-1385 et notamment la période liée à l’installation de la seconde dynastie Angevine permettent paradoxalement à la ville de retrouver[135] une partie des droits aliénés en 1251. Déjà en 1349, la ville d'Arles se dote d'un corps de syndics permanents (exécutif urbain) et dès 1368, la reine Reine Jeanne revenant sur la convention de 1251, autorise la ville à posséder des biens. La même année, la ville d'Arles se dote d'un capitaine de la ville chargé de la défense de la ville qui reprend une partie des fonctions du viguier comtal.

La vie arlésienne à la fin du XIVe : la chronique de Bertrand Boysset

À partir des années 1380, les chroniques de l'arlésien Bertrand Boysset constituent une documentation importante sur l'histoire événementielle et quotidienne de la ville. Il signale ainsi la crue du Rhône du 14 novembre 1396 qui noie les bas quartiers de la ville (la Roquette) sous deux mètres d'eau[136] ou la destruction des ailes des moulins du Mouleyrès par le Mistral. Il évoque également l'épidémie de peste qui se produit entre le 1er avril 1397 et janvier 1399[137].

Le XIVe siècle est donc une période de déclin, à la fois démographique, économique et ecclésiastique. Le recul démographique réduit de manière brutale la population arlésienne et affecte toutes ses activités en particulier l'agriculture qui manque de bras. Il entraîne la disparition de paroisses urbaines et les guerres la destruction des mas et des églises du faubourg. Mais paradoxalement les troubles politiques de la seconde moitié de ce siècle ont permis à la cité provençale de retrouver une partie de ses droits.

XVe siècle

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Après la terrible épidémie de 1347-1350 (peste noire), le plus bas démographique est atteint un siècle plus tard, vers 1440, la ville étant alors passée d'environ 12 000 (en 1337) à 5 000 habitants. D’autres épidémies de peste frappent la ville en 1398, 1450 et 1482. Deux périodes sont particulièrement difficiles pour la cité : 1418-1433 et 1481-1484. La population arlésienne en est très affectée et la cité ne retrouvera ses effectifs du début du XIVe siècle qu'à la veille de la Révolution.

Le début du siècle : état des campagnes avec les mas abandonnés, les églises en ruines,...

+ bas démographique vers 1420 (1 000 feux) Situation aggravée par des éléments exogènes. 1418-1433, avec les épidémies de 1418, 1420, 1429, la guerre permanente, les sécheresses et les récoltes insuffisantes de 1421, 1424, 1426, 1429, 1432 et la cherté du grain en 1428, 1432 et 1433;

Arles vers 1440 : une ville terrienne structurée en communautés[138]

Les documents fiscaux (liste des hommes payant le capage, livres terriers), les testaments et les documents municipaux permettent de saisir les métiers, activités et communautés de la société arlésienne. C’est au moment où la courbe démographique commence à se redresser vers 1437-1438, qu’il est possible de connaître la composition de la population arlésienne.

Les métiers

Sur les 1.228 chefs de feu fiscalisés, seuls les trois-quarts ont une profession qui nous est connue. L’agriculture, l’élevage, la pêche et la chasse ainsi que les métiers liés à l’alimentation représentent la grande majorité des professions recensées, soit environ 70 %, les métiers concernant le commerce, le travail de la pierre et des métaux et ceux liés à l’habillement seulement 25 % et les professions intellectuelles ou officielles, marginales, moins de 5 %. Les métiers d’Arles, si on les rapproche de ceux de villes comme Paris ou Tours, sont en nombre restreint et présentent souvent la particularité d’être peu spécialisés. Globalement ils sont liés au terroir et ne sont pas orientés vers l’exportation. Une autre particularité d’Arles, c’est la spécialisation des communautés : les juifs encore nombreux en ce début de siècle (80 feux) constituent par exemple la majorité des préteurs, tailleurs, courtiers en céréales et médecins. À l’inverse, on ne les retrouve ni dans les métiers de la terre ni comme éleveurs.

Les activités

L’agriculture arlésienne se distingue par des particularités locales : une forte présence de jardins et vergers, un vignoble omniprésent destiné à une production essentiellement personnelle et de grands domaines appelés affars, propriétés de l’archevêché, des nobles ou de laboureurs enrichis. Le choc démographique entraîne une modification de l’exploitation de ces propriétés. Les documents disponibles montrent un abandon progressif de l’exploitation directe au profit de la fâcherie (métayage) puis de l’arrentement (fermage).

L’activité pastorale depuis la rédaction des premiers statuts au XIIIe siècle s’est accrue et les autorités municipales se préoccupent de préserver les terres du delta, pasturas et herbagia et celles de Crau, les coussouls. Il existe deux types d’élevage des ovins : de gros troupeaux entre les mains de l’aristocratie et d’éleveurs professionnels, les nourriguiers et ceux de 50 à 400 bêtes, possédés par les bergers. Dès cette époque, la transhumance est très organisée : en 1398 plus de 21 000 bêtes appartenant à 11 propriétaires quittent la Crau pour les alpages de Digne. La Camargue est alors une terre de chasse et d’élevage bovin et équin.

La pêche est réalisée en mer, sur le Rhône ou dans les marais et les pécheurs d’Arles constituent un monde à part, une communauté, dans la ville. Sur 60 recensés, 59 habitent le quartier de la Roquette et appartiennent à la même confrérie.

Les communautés

Arles est formée d'une communauté de citoyens, d'habitants et de gens de passage. Pour être considéré comme citoyen il faut passer, pour les non-natifs de la ville, une cérémonie appelée citadinagium. Les arlésiens vivent aussi en fonction des classes sociales, des métiers et des communautés religieuses qui structurent les quartiers de la ville.

Une hiérarchie des fortunes peut être établie. Elle révèle des écarts considérables. L’arlésien le plus riche, un noble, est 900 fois plus riche que le plus pauvre et au bas de l’échelle, 54 % des contribuables ne détiennent que 15 % des biens. Les gens se regroupent par métiers : dans le quartier de l'Hauture habitent les bergers de la Crau et dans celui de la Roquette les pécheurs. La communauté chrétienne est organisée en paroisses et confréries, sortes d’associations caritatives et sociales de l’époque. Mais la ville est surtout scindée entre deux communautés religieuses : les chrétiens et les juifs qui habitent un quartier réservé, le Méjan, avec leurs propres chefs et des lois spécifiques.

La menace des catalans : 1420-1460

Pendant plus d'un demi-siècle, la cité vit avec la menace des Catalans, c'est-à-dire des galères aragonaises qui pillent la Camargue et qui sont un danger permanent pour les arlésiens[139].

La peste de 1450 et le repeuplement par immigration

Introduire ici les conséquences : déclin du commerce (Arles, carrefour délaissé), reprise des travaux agricoles,...

Arles devient un carrefour délaissé; le commerce a disparu et son port est concurrencé par celui de Bouc.

Paradoxalement, la cité et le pays d'Arles forts demandeurs en main d'œuvre (travaux agricoles, volonté d'accueillir des artisans…) deviennent un centre important d'immigration, d'abord avec des populations de la Provence occidentale, puis du sillon rhodanien jusqu'à Genève et enfin du Cantal et de la Lozère. Ce flux migratoire sera à l'origine de la reprise démographique de la cité dans les années 1470.

La fin du siècle : le rattachement au royaume de France, tensions religieuses, peste, mais renouveau architectural

L'archevêché d'Arles encore brillant au début du siècle, perd de son prestige. En 1475, à la mort de Philippe de Lévis, le pape Sixte IV réduit le diocèse d’Arles : il détache le diocèse d'Avignon attribué en 1474 à son neveu Julien de la Rovere, le futur pape Jules II, de la province d'Arles, l'érige en Archevêché et lui attribue comme suffragants les évêchés comtadins de Carpentras, Cavaillon et Vaison. Quelques années plus tard, les archiépiscopats d'Eustache de Lévis et de son successeur Nicolas Cibo marquent la fin du monnayage d'Arles.

  • 1481-1484 : pénurie de grains dans la ville en décembre 1481, janvier 1482, septembre 1483, février 1484 et l'épidémie de peste de 1482-1484.

En 1483, Arles, Terre Adjacente de Provence, est réunie avec celle-ci au royaume de France peu de temps après la mort du Roi René (1481), son dernier comte.
Les Arlésiens de la fin du XVe siècle sont très attachés au culte et même aux traditions légendaires ainsi que le montre l'incident malheureux concernant les reliques de saint Antoine en 1493[140]. Dans cette situation d'exaspération religieuse, entretenue par les prédications des frères mineurs, le climat entre les communautés chrétiennes et juives se dégrade. Sous l’archiépiscopat d’Eustache de Lévis (1475-1489), et plus particulièrement après le rattachement de la Provence au royaume de France, les tensions aboutissent au sac de la juiverie d’Arles le 7 juin 1484[141]. Finalement, le 23 septembre 1493, un édit de Charles VIII ordonne l'expulsion des juifs d'Arles.

À la fin du siècle, la ville entreprend les premiers travaux de rénovation urbaine : en 1497, la place située devant Saint-Trophime est agrandie.

Ancien Régime

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XVIe siècle

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L'annexion d'Arles au royaume de France se fait sans difficulté et quelques années plus tard, en 1536, les Arlésiens témoignent de leur attachement à leur récente patrie en arrêtant la seconde invasion de la Provence conduite par Charles Quint.

Buste d’Adam de Craponne et bassin de distribution de son canal à Lamanon, Bouches-du-Rhône

La paix revenue, Arles s'enrichit grâce à son vaste terroir progressivement mis en culture. C'est de cette époque que datent les premières tentatives modernes de dessèchement des marais qui entourent la ville[142].

Des travaux d'irrigation sont également entrepris, dont le plus significatif, le canal de Craponne creusé dans les années 1550, relie la Durance au Rhône en aval d'Arles.

Cette période de prospérité se traduit par le développement artistique de la cité. Plusieurs monuments publics[143] et des hôtels particuliers de style Renaissance[144] sont alors édifiés.

Toutefois ces heures heureuses pour la cité s'achèvent au début des années 1560. En effet, la fin du siècle est marquée par des épidémies de peste[145] et des inondations. À ces calamités naturelles se rajoutent les guerres de religion[146]. Ces temps de troubles religieux et politiques, ponctués par la visite royale de Charles IX et de sa mère Catherine de Médicis en automne 1564[147], ne prendront fin qu'avec l'abjuration et surtout le couronnement d'Henri IV, le 27 février 1594.

Après toutes ces épreuves la situation financière d'Arles est catastrophique : fortement endettée la cité doit dès lors se résoudre à vendre une partie des biens communaux.

XVIIe siècle

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Au début XVIIe siècle, la ville est toujours dans son enceinte qu'il faut restaurer[148] en raison des conflits de religion latents en Provence et Languedoc. Après 1625, des conditions climatiques favorables permettent un accroissement de la production agricole; ces conditions relancent l'idée de l'assèchement des marais[149]. Toutefois diverses difficultés[150] ruinent le succès initial de l'entreprise.

Déchue de toute ambition politique au profit d'Aix, Arles ne brille plus que par l'éclat de son archevêché. L'élan pastoral impulsé par le Concile de Trente est relayé dans la cité par des archevêques actifs. Il en résulte une multiplication de congrégations religieuses tandis que la poussée démographique incite à une rénovation des paroisses.

Arles, la place de la République avec l'Hôtel de ville et l'obélisque

À la suite des dettes accumulées pendant les Guerres de Religion qui ont obligé la ville à vendre une partie de son immense territoire, on voit apparaître en Camargue de vastes domaines fonciers qui participent à la reconquête agricole de ce terroir déserté depuis des décennies.

En retour à cet enrichissement des classes nobles et bourgeoises, les arts se développent[151] et la ville se pare d’un grand nombre d’hôtels particuliers.

Les riches propriétaires construisent de somptueuses demeures héritées de l’art de la Renaissance. Des modifications notables sont également apportées aux établissements religieux[152].

Dans ce renouveau architectural émerge le nouvel hôtel de ville[153] achevé en 1675 et complété par l'érection face au nouveau monument de l’obélisque[154]. À compter de 1679, une politique d’alignement est entreprise par les consuls. Cette politique qui se poursuit jusqu’à la Révolution, modifie considérablement l’aspect du centre-ville.

Fin de l'ancien régime

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Au tournant du siècle, Arles va renouer avec un épisode de multiples catastrophes : l‘hiver 1709 ruine les récoltes et gèle les oliviers, inondations et disettes se succèdent et la grande peste de 1721 provoque un désastre démographique : elle emporte environ 9 000 habitants sur 23 000, soit plus du tiers de la cité.

Au début de 1752 (fin janvier, début février), l’archevêque de Jumillac intervient à Arles pour apaiser une émeute liée à une pénurie de blé générée par la spéculation. Il ordonne de faire des distributions de pain au peuple. Toutefois, les meneurs de l'émeute sont sévèrement châtiés ; l’un est pendu, huit condamnés aux galères à vie et d’autres à dix et cinq ans.

Vers le milieu du XVIIIe siècle, apparaissent des établissements industriels et artisanaux autour des murailles et à Trinquetaille.

Arles sous la Révolution

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Les prémices

En 1788-1789, un rude hiver[155] plonge dans une profonde misère[156] une population accablée par l’impôt[157].

Au mois de mars 1789, des émeutes éclatent partout en Provence. La ville d'Arles se soulève dès le 13 mars ; matelots et gens de mer arrachent au premier consul une baisse du prix des comestibles. Les troubles reprennent à l'occasion de la préparation des cahiers de doléances, et après avoir récusé leurs députés aux États Généraux, les Arlésiens se rendent maîtres de la municipalité. La Grande Peur gagne le territoire arlésien à la fin de juillet 1789. Le 4 août, ils déposent leurs consuls et un nouveau conseil est formé, composé de représentants de la noblesse, du clergé, de la bourgeoisie et de diverses corporations.

1790-1792 : une lutte entre Jacobins et contre-révolutionnaires

Dès les premiers mois de la Révolution, Pierre-Antoine Antonelle, d’origine aristocratique et chef mythique des Monnaidiers (partisans de la Révolution) devient le plus important protagoniste de la Révolution française à Arles. Il est élu le 15 février 1790 maire de la ville, grâce aux voix des artisans et des marins. Au cours de sa mandature, le village de Fontvieille devient commune autonome par déduction du territoire arlésien. Le 14 juillet, la première fête patriotique se tient sur la place de la République et tous les prêtres constitutionnels prêtent serment ce jour-là. Aristocrate mais farouchement anti-clérical, Pierre-Antoine Antonelle s’oppose dans la cité à l’archevêque Monseigneur du Lau et aux partisans royalistes, les Chiffonistes. Le 23 décembre, le maire Pierre-Antoine Antonelle, assisté d'un ancien procureur royal devenu officier municipal, Ripert, met le décret du 12 juillet[158] à exécution en expulsant de Saint-Trophime les chanoines récalcitrants. Arles avec une noblesse abondante, en contact avec le Languedoc et les réseaux aristocratiques devient toutefois rapidement une plaque tournante contre-révolutionnaire. Un club de nobles bâtit à cette époque le monumental Cercle de la Rotonde, édifice inspiré des œuvres de l’architecte néoclassique Claude-Nicolas Ledoux. À la fin de l'année 1790, la crainte d'un complot suscite dans toute la Provence une flambée de violences.

Dans ce climat de tension quotidienne, les deux clans Monnaidiers et Chiffonistes s’affrontent. À la suite de leur prise de pouvoir en juin 1791[159], les Chiffonistes font régner dès l'été, une véritable terreur contre-révolutionnaire que les délégués du département sont impuissants à réprimer et qui aboutit aux élections de novembre 1791 à la victoire de la Chiffone emmenée par le nouveau maire Pierre Antoine Loys. Après des échauffourées urbaines[160], les Monnaidiers pourchassés quittent la ville pour se cacher en Camargue et les vainqueurs transforment la ville en camp retranché royaliste[161]. Dès septembre, Marseille projette une expédition contre la cité rebelle. Toutefois, l'opposition des autorités départementales, puis celle de la Législative en empêchent un temps l'exécution. La récolte de 1791 ayant été mauvaise, la disette reparait.

L'hiver de 1791-1792 est glacé. Au printemps, le 21 mars 1792, Arles est déclarée en état de rébellion contre la République. Une armée de Marseillais se met alors en route et entre le 27 mars dans une ville désertée durant la nuit par les Chiffonistes. En punition des sentiments légitimistes de la cité, la Convention nationale condamne la ville d'Arles à raser ses remparts, ce qui ne sera réalisé que partiellement.

Le 24 avril 1792, une délégation députés extraordinaires de la commune d 'Arles fait un rapport à l'Assemblée nationale. Le décret de mise en accusation de Louis XVI du 11 décembre 1792, évoque à l'article 9, les troubles contre-révolutionnaires soutenus par les commissaires envoyés par Paris[162].

Un nouveau club révolutionnaire, le comité «des Sabres» apparait. Il fait la chasse aux chiffonistes ou aux femmes de ceux qui ont émigré.

L'insurrection fédéraliste à Arles

En Provence, entre avril et juin 1793, les sections se soulèvent contre les jacobins et prennent le pouvoir. Tout le département fait sécession contre la Convention. Le mot d'ordre des fédéralistes est la lutte contre le système centralisateur parisien et la création d'une fédération de départements plus ou moins autonomes et égaux. Toutefois, dans de nombreuses communes, ce mouvement d'opposition est infiltré par des contre-révolutionnaires royalistes

Le 12 juin 1793, lorsque Marseille se soulève contre la Convention en se déclarant girondine puis royaliste, Arles se dote d’une municipalité favorable à cette tendance[163]. Les nouveaux édiles se groupent autour du négociant Siffren Boulevard[164].

… A Arles, le 14 juillet 1793, trois cents Toulonnais débarquent par le Rhône pour rompre avec l'aide des Monnaidiers arlésiens la résistance chiffoniste. Au cours des combats, il y a sept morts et une trentaine de blessés.

  • .. En juillet 1793, les Monnaidiers doivent fuir à leur tour (?).

La Convention réagit dès le mois d'août 1793[165] et commence, dans le département, à liquider les instances mises en place par la contre-révolution. À Marseille[166], le 28 août, le général Carteaux installe le tribunal révolutionnaire qui entre aussitôt en action : c'est le début de la Terreur en Provence. À l'automne lorsque Barras et Fréron amplifient la répression à Marseille, Siffren Boulevard y est jugé[167]. Malgré ses protestations il est condamné à mort et guillotiné en bas de la Canebière avec un autre administrateur provisoire d’Arles, le maître-verrier Grignard de la Haye, le 20 octobre 1793.

Après la Révolution

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XIXe siècle

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Au XIXe siècle, Arles est marquée profondément par le choléra. Entre 1832 et 1884, il y a dans la cité 9 épidémies successives correspondant aux 2e, 3e, 4e et 5e pandémies de cette maladie. La ville subit également de profondes mutations : elle redécouvre son passé historique et se transforme de gros bourg agricole et portuaire, en ville ouvrière.

En 1801, le Concordat ramène la paix religieuse, mais consacre la disparition de l'archevêché d'Arles au profit d’Aix-Marseille, ainsi qu’un moindre rôle politique de la ville.

À la chute de l'Empire, les républicains arlésiens sont victimes de la Terreur blanche qui les oblige à fuir. Une nouvelle aristocratie s'affirme alors à la tête de la cité comme le montre la riche demeure du Baron de Chartrouse, anobli par Napoléon Ier et rallié à la Restauration en 1814-1815. Maire d'Arles, il entreprend vers 1824 de remettre en valeur la patrimoine bâti en dégageant les Arènes, puis le théâtre antique.

Sur le plan économique, le port d'Arles est encore important au début du XIXe siècle: il possède 104 bateaux en 1804, ce chiffre passant à 152 en 1847. En 1837, le port de la cité est au 13e rang national devant des villes maritimes comme Brest, Saint-Malo ou Cherbourg; il bénéficie en particulier du trafic avec l'Algérie. En 1846, Arles possède 182 capitaines marins, 600 matelots et maîtres en second, 1 237 personnes étant inscrites sur les registres maritimes. Avec les familles jointes, on peut estimer à 5 000 les personnes vivant ainsi du port.

Toutefois dès 1848, peu de temps après l'introduction des premiers bateaux à vapeur (1840), Arles perd son monopole de la navigation sur le Bas-Rhône à cause des chemins de fer (ligne Paris-Lyon-Marseille) puis de Saint-Louis, port créé à l'embouchure du Rhône à partir de 1882. Le chemin de fer révolutionne l’économie et la physionomie des activités au détriment du port fluvial. La cité se vide ainsi de ses marins qui représentaient avec leurs familles près du tiers de la population de la ville.

La ville trouve cependant un second souffle dans l’industrie. Les ateliers des chemins de fer qui recouvrent les Alyscamps attirent dès 1848 une nouvelle population, essentiellement des ouvriers, comprenant une forte composante gardoise et protestante. Un peu plus tard, des ateliers de construction navale apparaissent à Barriol et des dragues fabriquées à Arles sont livrées dans le monde entier. La population rurale, qui constituait encore 40 % des habitants de la ville vers 1850, quitte la cité. En moins d’un demi siècle Arles devient une ville ouvrière.

Arles, le pont de Trinquetaille construit en 1875 et peint par van Gogh en septembre 1888[168].

À partir du milieu du XIXe siècle, la ville se transforme profondément en se dotant de nombreux équipements.

On voit s’élever les Haras, le canal d’Arles à Bouc est creusé, la promenade des Lices aménagée, les Arènes et le théâtre antique ont été dégagés. Les crues des années 1840 et surtout celle de 1856, entraînent la construction de quais qui protègent la ville du fleuve. L'urbanisme du Second Empire se traduit dans la cité par le percement de nouvelles artères (rue Gambetta…), l’aménagement de deux ponts sur le Rhône, un pour le train en 1850 et l’autre en 1875 pour relier la ville à Trinquetaille sur la rive ouest du Rhône à la place du pont de bateaux, et la construction de nouveaux bâtiments à usage collectif : poste, écoles, théâtre, magasins.

La ville se développe enfin en périphérie par extension de faubourgs, notamment au sud du boulevard des Lices, où s’installe une caserne d’infanterie. Le décor architectural, néoclassique au début du XIXe siècle, devient plus éclectique après 1850.

Son territoire est également mis en valeur. En 1856, des industriels bâtissent Salin-de-Giraud au sud de la commune pour l'exploitation du sel. Sur le plan agricole, les ravages causés au vignoble français par le phylloxéra à partir de 1875 sont une aubaine pour les grands propriétaires arlésiens qui couvrent la Camargue de vignes, les sols sableux et inondés l'hiver protégeant les plants des attaques du parasite. La ville accueille de nombreux étrangers, en particulier des italiens, parfois cibles de mouvements xénophobes[169]. Des travaux d'infrastructures sont également réalisées : en 1892, deux lignes de chemin de fer sont créées pour la mise en valeur de ces salins et le développement de la Camargue (transport du sel, de produits agricoles, de matériaux de construction et de voyageurs).

XXe siècle

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Arles, le monument aux morts
Le pont ferroviaire, dit de Lunel détruit en août 1944 par les bombardements alliés avant le débarquement en Provence.
Le nouveau pont de Trinquetaille ouvert à la circulation en 1950.

Le début du XXe siècle, marqué par les crises vinicoles et la guerre de 14-18, voit un retrait des cultures sur le territoire arlésien au bénéfice de l’élevage. La ville qui célèbre le poète du félibre Frédéric Mistral et son musée Arlaten, se dote de quelques grands hôtels, notamment sur la place du Forum, qui préfigurent l’orientation touristique de la cité. Des entreprises importantes comme les Constructions Métalliques et les Papeteries Étienne fondées en 1911 viennent renforcer les emplois des ateliers du PLM. Au sud de la ville le quartier Chabourlet, un nouveau quartier à l’architecture inspirée du style Art Floral, apparaît.

En 1944, les bombardements de la Seconde Guerre mondiale[170] détruisent plus d’un quart de son habitat, principalement dans les quartiers de Trinquetaille, de la Cavalerie et du Trébon, c’est-à-dire autour des ponts et de la gare ferroviaire. La reconstruction est dirigée par les architectes Pierre Vago et Jean Van Migom. Au niveau agricole, la riziculture se développe en Camargue dès la fin des années 1940.

Très éprouvée dans les années 1980 par des suppressions d’emplois industriels, la ville s’oriente vers des activités culturelles et acquiert une forte notoriété dans les domaines liés à l’image. Les Rencontres Internationales de la Photographie, créées en 1970 deviennent une manifestation internationale et des maisons d’éditions, littéraires et musicales, s’installent dans la cité[171].

Notes et références

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  1. La nourricière
  2. La ville des marais : le lieu situé près (are) de l'étang (late)
  3. Le lieu de son passage devait tenir compte à la fois de l'urgence, car les romains étaient annoncés, ainsi que des alliances ou non des villes avec Marseille, l'alliée de Rome en Provence.
  4. Vers 175 av. J.-C.
  5. Il écrase finalement les Teutons en 102 av. J.-C., puis les Cimbres en Gaule cisalpine en 101 av. J.-C..
  6. Quelques éléments archéologiques laissent supposer un nouveau repliement de l'habitat à la suite de plusieurs révoltes salyennes matées par Marseille.
  7. Michel Christol. Article Colonie romaine in Jean Leclant (dir.), Dictionnaire de l’Antiquité, Paris, PUF, coll. « Quadrige », , 2464 p. (ISBN 2-13-055018-5).
  8. La titulature officielle de la colonie, formulée sous le règne d'Auguste, exprime cette filiation : COLONIA JVLIA PATERNA ARELATE SEXTANORVM.
  9. Cf. Geographie, Livre IV
  10. En 257, entre 268 et 278, puis entre 289 et 292.
  11. L'expansion des quartiers suburbains est en effet arrêtée par des incendies et destructions durant les années 250-270.
  12. Dès 313, il y transfère par exemple l'atelier de frappe d'Ostie et Arles est alors appelé Constantina jusqu'en 340.
  13. Cf. Édit de Milan en 313
  14. Cf. conciles d'Arles)
  15. Cf. Les Alyscamps, nécropole romaine et chrétienne arlésienne et les sarcophages d'Arles.
  16. PALANQUE (J.R.) dans un article : La date du transfert de la Préfecture des Gaules de Trèves à Arles estime que la date est plus ancienne : 395 (voir sur Gallica, page 359)
  17. Petrone (Petronius) devient alors le premier préfet du Prétoire des Gaules (402-408) résidant à Arles
  18. Constance s'empare de Constantin III après un siège de trois mois; la ville se rend au cours de l’été 411 et Constantin malgré une reddition négociée, est livré à l’empereur légitime Honorius et exécuté. Constance réside dans la cité jusqu'en 414, en relation avec la présence des Wisigoths
  19. Cf. Édit d'Honorius et Théodose
  20. Toutefois ce privilège est de courte durée : il est annulé dès 418 par Boniface Ier, le successeur de Zosime.
  21. Le groupe épiscopal du IVe siècle est transféré du sud-est de la ville, vers le centre où la communauté chrétienne arlésienne commence la construction de la cathédrale Saint-Étienne qui deviendra plus tard Saint-Trophime
  22. Il s'agit pour l'essentiel d'habitations modestes, dans certains bâtiments et espaces publics
  23. Date à laquelle ils obtiennent le statut de Fédérés
  24. Ayant déjà subi des assauts en 425, quand le général romain Aetius oblige les Wisigoths à la retraite devant la cité, puis en 430, Arles est à nouveau menacée en 453 par les Wisigoths qu'elle réussit à repousser grâce à la résistance et à la diplomatie de Tonance Ferréol, préfet du prétoire des Gaules qui invite le roi Wisigoth Torismond à un festin et achète son départ avec une lourde coupe ornée de joyaux.
  25. Aetius vaincra les Huns en juin devant Orléans, puis en septembre lors de la bataille des champs Catalauniques, près de Troyes.
  26. Le 9 juillet 455 à Arles (ou à Beaucaire, d’après d’autres sources), Avitus est proclamé empereur d’occident avec l'appui du roi wisigoth Théodoric II.
  27. En 457-458, Arles est ensuite assiégée sans succès par Théodoric II et ne doit son salut qu'à l'intervention de l'empereur Majorien qui s'y installe dès 458. Il y réside jusqu'au printemps 461.
  28. En 471, l'armée envoyée par l'empereur Anthémius et conduite par son fils Anthemiolus, accompagné par trois généraux, Thorisarius, Everdingus et Hermianus, pour contenir les Wisigoths est écrasée près d'Arles par les troupes d'Euric
  29. Après la cession de l'Auvergne aux troupes d'Euric, la Provence revient temporairement sous l'autorité romaine en 475.
  30. Ainsi que le signale dès 475 Sidoine Appollinaire
  31. En effet, pour se défendre de son frère Godégisile et de Clovis qui l'assiègent à Avignon, Gondebaud doit s'allier avec le roi wisigoth Alaric II qui profite de la situation pour récupérer la cité.
  32. Les deux tentatives :
    • une première fois, par Thierry, fils de Clovis, (qui) après avoir remporté une victoire à Nîmes est battu près d'Arles, puis dans la plaine de Bellegarde probablement au début de 502 juste avant la mort de l'évêque d'Arles d'origine bourguignonne Éon, qui comme son successeur Cesaire rachète les prisonniers francs et burgondes aux Wisigoths,
    • puis en 507-508, après la bataille de Vouillé et la mort du roi Alaric.
  33. Césaire bien que suspecté à plusieurs reprises de trahison en raison de ses sympathies burgondes et franques, réussit à se justifier aussi bien devant Alaric à Bordeaux en 505 que devant Théodoric à Ravenne en 513.
    Lors de ce voyage en Italie, Césaire reçoit du pape Symmaque le droit de porter le pallium et devient ainsi son représentant en Gaule. À cette époque, l'évêque d'Arles évangélise les campagnes encore fortement imprégnées de cultes païens ou romains en transformant si nécessaire d'anciens lieux cultuels en édifices chrétiens. En 532, il crée ainsi un monastère ou une église en Camargue, aux Saintes-Maries-de-la-Mer, ce qui confirme la présence probable d'un temple païen plus ancien en ces lieux. À Arles même, après avoir fait une première tentative hors des murs dans les années 506-507, il installe finalement le 26 août 512 le monastère Saint-Jean dans l'angle sud-est du rempart où sous le nom de Saint-Césaire, il est demeuré jusqu'à la Révolution.
  34. Cf. Histoire des Francs de Grégoire de Tours
  35. En effet, les Ostrogoths, en conflit en Italie sont dans l'incapacité de défendre cette province.
  36. Ils président dans la cité des jeux à l'antique et font frapper des monnaies à leur effigie.
  37. Il faut se rappeler en effet que la désignation des évêques par les rois mérovingiens est devenu la règle au milieu du VIe siècle.
  38. D'autres sources indiquent 547
  39. Ce monastère intra-muros, dénommé des Saints-Apôtres, est à l’origine de l’église Sainte-Croix dans le Bourg-Vieux.
  40. Elle est évoquée à plusieurs reprises par Grégoire de Tours dans son Histoire des Francs : il la cite en particulier à Arles en 549 (cette province est cruellement dépeuplée). Quelques années plus tard, l'épidémie toujours présente emporte l'archevêque Licerius (586-588)
  41. En 570, Arles est assiégée à deux fois, initialement par les généraux Austrasiens Firmin et Audovère qui s'emparent de la cité, puis par les troupes du comte burgonde Celsus envoyées par Gontran qui bénéficiant d'un stratagème de l'évêque Sapaudus, écrasent l'armée austrasienne et reprennent la ville
  42. En 574 Arles est assiégée puis pillée par les Lombards qui razzient le bétail de la Crau. Grégoire de Tours dans son Histoire des Francs (livre VIII) donne quelques détails.
  43. Les Wisigoths en représailles de l'invasion de la Septimanie par Gontran en 585, inondent la ville en détournant les eaux du Rhône. La cité est probablement deux fois l'objet de représailles, en 585-586 et 587. Grégoire de Tours dans son Histoire des Francs (livre VIII) donne quelques détails.
  44. Cette date ne fait pas l'unanimité; d'autres historiens avancent une période plus tardive : au VIIIe, voire au IXe siècle.
    D'autres estiment que la réfection des remparts s'est produite plus tôt, comme à Narbonne, où l’enceinte construite dès le IIIe siècle après l’invasion des Alamans fut restaurée au moins une fois au Ve siècle par le préfet du prétoire des Gaules qui releva les portes de la ville, en même temps que le pont et l’aqueduc.
    Cf. Histoire de Narbonne, de Jacques Michaud et André Cabanis, dir., Toulouse, Privat, 1981, p. 75.
  45. Avec notamment les pierres du cirque romain situé à l'extérieur et au sud-ouest de la ville
  46. Appuyée sur la Tour des Mourgues, cette muraille rejoint directement le Rhône en s'appuyant sur l'extrémité sud du Théâtre antique. C'est également à cette époque que les arènes s'adaptent au retour de l'insécurité. et stransforment en bastide, sorte de forteresse urbaine qui au fil du temps va se doter de quatre tours et dans laquelle s'intègrent plus de 200 habitations et deux chapelles
  47. En 591, le pape Grégoire le Grand réprimande Virgile à la suite de nombreuses plaintes à propos de conversions forcées de juifs chassés d'Orléans qui se réfugient en Provence
  48. Le 12 août 595, il lui adresse sa lettre « O quam bona » sur la simonie, pour le mettre en garde contre les méfaits de cette hérésie
  49. En 596, on sait également que la cité d'Arles abrite les préparatifs de la mission d'Angleterre : Virgile consacre saint Augustin de Cantorbéry et des esclaves anglo-saxons sont achetés. Le trafic d'esclaves est alors une des activités traditionnellement des moins avouables pour la société chrétienne, mais la plus fructueuse.
  50. Cf. Histoire de la Provence, sous la direction d'Edouard BARATIER, p. 94
  51. Cf. Arles au Moyen Âge, page 19. Il est possible toutefois que la situation ait été plus complexe, lors des périodes de Provence arlésienne, avec un rôle plus important de la cité arlésienne.
  52. Ce concile statue notamment sur le célibat des prêtres.
  53. Il s'agit de la confirmation d'une rente en nature, prise sur les magasins royaux de Fos, accordée à l'abbaye de Corbie le 26 avril 716 (ibidem et Henri Pirenne - Mahomet et Charlemagne, page 60)
  54. Sont énumérés : huile, garum, poivre, cumin, olives, cannelle, vin cuit, dattes, figues, amandes, pistaches, olives, riz, piment, peaux de Cordoue, papyrus, etc. (ibidem)
  55. Cf. Henri Pirenne - Mahomet et Charlemagne, pages 123-128
  56. Wolbertus, mentionné en 683
  57. Elifant, 788-794?)
  58. Protocole rédigé à Digne en 780, et contenu dans le cartulaire de l'abbaye de Saint-Victor de Marseille
  59. Histoire générale de Languedoc de Dom Claude Devic et Dom Joseph Vaissète, 1730- 1745 (accessible ici)
    Ambiza ou plutôt un détachement de son armée remonta le long du Rhône et de la Saône, entra en Bourgogne, pénétra jusqu'à Autun, fit le siège de cette Ville et la prit un mercredi 22 du mois d'Août de l’an 725. Les infidèles l’abandonnèrent ensuite après l’avoir saccagée et ruinée, et en avoir remporté de riches dépouilles.
  60. Charles Martel fait trois expéditions dont deux, celle de 736 puis celle de 739 concernent Arles
    En 736 : L’habile chic Charles ayant levé une armée, marcha du côté de la Bourgogne [736], soumit en sors pouvoir la ville de Lyon, les seigneurs et les préfets de cette province, établit ses juges jusqu’à Marseille et Arles, et revint, chargé de trésors et de butin, dans le royaume des Francs, au siège de son empire..
    En 737 : La belliqueuse nation des Ismaélites qu’en langue corrompue on nomme Sarrasins, s’étant encore soulevée, ils passèrent soudain le Rhône. Ces rusés infidèles, à la faveur de la fraude et de la perfidie d’un certain Mauronte et de ses compagnons, entrèrent en armes dans Avignon [737], ville bien fortifiée, entourée de montagnes, et ils ravagèrent tout le pays. Le vaillant duc Charles envoya contre eux, avec un grand appareil de guerre, son frère le duc Childebrand, guerrier courageux, avec d’autres ducs et comtes. Promptement arrivés devant la ville d’Avignon, ils dressent leurs tentes, entourent la ville et les faubourgs, assiègent cette cité très bien fortifiée, et disposent leur armée. Bientôt le duc Charles, arrivant à leur suite, cerne les remparts, assoit son camp, et presse le siège. Les guerriers se précipitent sur les remparts et les murs des maisons, comme jadis à Jéricho, au bruit des armes et au son des trompettes, bien munis de machines et de cordages, et emportant enfin la ville, ils y mettent le feu, pressent leurs ennemis, les renversent, les égorgent, et les réduisent heureusement en leur pouvoir.
    Le brave Charles victorieux passa le Rhône avec son armée, pénétra dans le pays des Goths, s’avança jusque dans la Gaule narbonnaise,...
    En 739 : Au bout de deux ans [739], Charles envoya dans la Provence son frère Childebrand, dont nous avons parlé, avec des comtes et une armée. Ils arrivèrent à la ville d’Avignon, où Charles se hâta de les rejoindre. Il ramena sous son pouvoir tout le pays, jusqu’au rivage de la grande mer. Le duc Mauronte s’enfuit dans des rochers inaccessibles. Le prince Charles, après avoir acquis tout ce royaume, revint victorieux, personne ne se révoltant contre lui.
  61. Il signale ainsi les draps de soie, les peaux de Cordoue, l'encens, l'ivoire et bien d'autres produits de la Syrie, de la Perse et de l'Inde
  62. Cf. Louis STOUFF Arles au Moyen Âge - page 18 :
    Agobard (778-840), évêque de Lyon, reproche par exemple aux juifs d'y amener des chrétiens enlevés à Arles et Lyon.
  63. Le comportement de l’évêque de Lyon, Agobard, hostile à la communauté juive de Lyon protégée par le roi Louis va générer une migration vers Arles et les cités du midi, ce qui accrédite la présence probable d'une communauté juive nombreuse dans la cité au début du IXe siècle.
  64. En mai 813, pour remédier à l'état de l'Église, quatre conciles se tiennent sur l’ordre de Charlemagne dans les villes de : Mayence, Tours, Chalon-sur-Saône et Arles.
  65. Jean II est un prélat important, proche de l'empereur qui lui confie plusieurs missions de confiance.
  66. Noton Archbishop of Arles and "Letibulfo comitem" agreed to exchange property by charter dated 7 Nov 824.
  67. Cf. Tour d'Aigues-Mortes et l'église forteresse des Saintes-Maries-de-la-Mer, à l'embouchure du Rhône de Saint-Ferréol
  68. Garin est probablement l'altération de Warin suivant un processus commun à bien d'autres noms et mots : Guillaume pour Wilhem, guerre pour war,…
  69. On connaît quelques ducs ou comtes : Audibert en 845, puis Fulcrad et à nouveau Audibert en 850
  70. Girart de Roussillon joue le rôle de régent
  71. Ayant hiverné en Camargue lors de hiver très rigoureux de 859/860, ils remontent au printemps le Rhône avant d'être défaits par Girart de Roussillon au niveau de Valence, et continuent ensuite leur raid vers l'Italie. Les Annales de Saint-Bertin précisent :
    en 859, les pirates de mer danois cinglèrent longuement entre Espagne et Afrique et pénétrèrent de force dans le Rhône. Après avoir ravagé plusieurs villes et monastères, ils s’installèrent dans l’île Camargue… En 860, les mêmes Danois parvinrent en pillant jusqu'à la ville de Valence et ayant tout ravagé alentour revinrent dans l'île —de Camargue— qu'ils occupaient
  72. . Cette scène se passe probablement sur la plage des Saintes-Maries-de-la-Mer, à l'embouchure du Rhône de Saint-Ferréol, bras actif et encore navigable à cette époque
  73. Jusqu'en 878, la tutelle de Boson sera plus nominale qu'effective car le nouveau duc réside d'abord en Italie, puis à son retour en France, confie la Provence (et le royaume d'Italie) à son frère Richard le Justicier et à Hugues l'Abbé
  74. Jean VIII menacé en Italie vient trouver des alliés de l'autre côté des Alpes
  75. Boson et Jean VIII après avoir résidé quelque temps dans la cité, participent au mois de juillet suivant au concile de Troyes
  76. Après que Charles eut refusé la couronne italienne proposée par le pape.
  77. Boson profite de l'insécurité qui règne dans la Provence rhodanienne
  78. Boson établit sa capitale à Vienne
  79. En effet, seuls trois prélats sur vingt-trois (dont onze présents) soutiennent cette prise de pouvoir ce qui souligne l'engagement fort, dès cette époque, de l'épiscopat arlésien auprès des princes bourguignons.
  80. La femme de Boson, Ermengarde, nommée régente du royaume de Provence avec l'aide de Richard II de Bourgogne dit Richard le Justicier, le frère de Boson conduit en mai 887, son fils, le futur roi de Provence Louis III l'Aveugle auprès de Charles III pour qu'il l'adopte
  81. On perd la trace du comte Thibert vers 910. Un de ses fils toutefois pourrait être à l'origine de la famille des vicomtes de Marseille
  82. Respectivement de 874, 890 et 897
  83. Notamment, son port et son atelier monétaire
  84. À partir de la fin du IXe siècle les évêques d'Arles accroissent leur pouvoir temporel et spirituel au sein de l'Église provençale
  85. Le roi Conrad se manifeste dès 945 à Arles où il tient de nombreux plaids à partir des années 963 ainsi qu'en 976 et 978. Il participe également en 948 à la donation qui permet la fondation de l'abbaye de Montmajour à une lieue d'Arles. Sa présence pourtant va devenir sporadique après 980, compte tenu de l'évolution du pouvoir en Provence.
  86. L'empereur germanique Conrad, nouveau suzerain de Provence, installe trois comtes sur ses terres, un à Apt (Griffon), un à Avignon et un à Arles, En dessous d'eux, Conrad nomme deux vicomtes pour les seconder, Nivion à Cavaillon et Arlulf à Marseille. Arlulf de Marseille est à l'origine de la dynastie vicomtale de Marseille.
  87. À la mort de Boson, ses deux fils, Guilhem dit le Libérateur (Guillaume Ier) et Roubaud, se partagèrent en indivis le comté, indivision que maintinrent leurs descendants. La branche issue de Guilhem donnera celle des comtes de Provence, celle issue de Roubaud donnera les comtes de Forcalquier
  88. Ou en 972 ou 975 selon d'autres historiens
  89. Accroissement démographique et développement agricole (vigne et céréales); assèchement des marais qui entourent l'abbaye de Montmajour en 972; extension, déjà commencée en 972, de la ville en dehors de ses remparts (le Vieux Bourg au sud et le Bourg Neuf au nord); création vers 980 d'un des premiers chapitres de France (avec celui d'Avignon)
  90. Par exemple, la princesse Azalaïs appelée aussi Adélaïde d'Anjou (947-1026), ancienne épouse du futur roi de France Louis V, se réfugie à Arles en 983 et se marie contre avec le comte Guillaume en 984. Leur fille, Constance d'Arles (986-1032) sera reine de France par son mariage avec Robert II.
  91. Ils se partagent indivis le comté de Provence.
  92. Les deux branches de la famille comtale sont alors représentées par des filles ou des garçons en bas âge ; et les conseils de régence sont rapidement dépassés par les évènements. Le pouvoir comtal vacille notamment, entre 1018 et 1035, devant les révoltes des seigneurs de Fos
  93. Notamment celles des Baux et des Vicomtes de Marseille.
  94. Les différentes factions de la noblesse tentent d'imposer leur loi en recourant au recrutement de guerriers professionnels. Ainsi à Arles, les couches aisées de la population se militarisent (miles) à l'instar des Porcelet et le bâti de la ville se transforme avec la construction de nombreux bastions privés
  95. Des liens sont alors établis directement entre l'Empire et la cité, en dehors des relations avec le comte.
  96. En 1037 et 1041, les conciles tenus à Arles présidés par Raimbaud de Reillanne, archevêque d'Arles, précisent les règles de la Paix de Dieu
  97. Cf. Mémoires historiques et critiques sur l'ancienne République d'Arles de M. ANIBERT, 1779 - page 62
  98. Une charte de l'année 1015 (cartulaire de Saint-Victor) signale la présence de maisons à l'extérieur des murs de la ville, non loin de la porte Saint-Étienne
  99. Ils remplacent les marchands juifs (Radhanites) des siècles précédents.
  100. Un acte authentique précise : les Pisans, les Génois et les autres Lombards qui viennent à Arles
  101. Comme par exemple ceux sur lesquels les moines et la ville d'Arles s'opposent avant de conclure un compromis en 1067
  102. En 1073, un document indique que les moines de Saint-Victor peuvent assécher les marais de Vaquières en Crau
  103. Le 3 février 1112 à Saint-Victor de Marseille
  104. Par ce mariage, à l'initiative supposée de l'Église (Cf. Edouard Baratier dans son Histoire de la Provence, page 135) le comté de Provence passe grâce à une série de donations, de la comtesse Gerberge de Provence à Raimond Berenger. L'Église profite de l'absence de la maison de Toulouse dont le comte est alors en croisade (le comte Bertrand meurt en Palestine en 1112) pour sécuriser l'héritage de la Provence dans des mains plus dociles en unissant l'héritière de cette province aux comtes de Barcelone. Note : l'abbaye de Saint-Victor avait à cette époque de nombreux domaines en Catalogne, ce qui explique probablement les contacts de l'Église avec les princes Catalans par l'intermède d'anciens abbés de ce monastère.
  105. Lors de l'hommage auquel se soumirent de nombreux seigneurs en 1113, tous, et en particulier les comtes de Fos, n'étaient pas représentés. Raimond-Bérenger dut donc mener une campagne pour soumettre les récalcitrants.
  106. Dont celle des Fos. Toutefois, entre 112 et 1116, le comte de Provence est soutenu par les familles arlésiennes des Baux et des Porcelet
  107. Les hostilités reprennent en 1119, à la majorité d'Alphonse Jourdain (date qui marque le retour des comtes de Toulouse après vingt-cinq ans d'absence en Provence), qui reçoit l'appui de la noblesse arlésienne, en particulier, celles des Baux et des Porcelet qui changent d'alliance, en mémoire des liens tissés par son père Raimon IV avec la noblesse provençale et en raison des oppositions suscitées par les progrès de la réforme de l'Église.
  108. Il s'agit d'Atton de Bruniquel :
    L’engagement de l’archevêque Aton aux côtés de Raimond Berenger I…, alors que les Baux choisissent le camp d’Alphonse Jourdain, provoque sans doute une première rupture, que vient consommer le statut des légats du pape Innocent II (1130-1143) de ses deux successeurs .
    Le , le pape Calixte II mande l'archevêque d’Arles, de réprimer les déprédations de Guilhem Porcelet, seigneur arlésien allié des Baux. Ce même pape, le , informe Atton de l’excommunication d’Alphonse Jourdain de Toulouse
  109. Le 15 septembre 1125, un traité établit un marquisat de Provence, au Nord de la Durance, attribué à Alphonse Jourdain (comte de Toulouse) et un comté de Provence, au Sud, dont Arles est la capitale, et qui revient à Raimond Bérenger (Comte de Barcelone). Cet accord est à la fois un traité de partage de la Provence et une convention destinée à étouffer les revendications provençales d'un prétendant plus modeste : le comte de Forcalquier.
  110. Après le partage de 1125, les Baux s'étaient rangés du côté du comte de Provence
  111. Au titre de leur union avec la fille cadette de Gerberge, Étiennette.
    Tant que Raimond Béranger est en vie, Etiennette mariée à Raimond des Baux (jusqu’à cette date fidèle allié du comte de Provence) n'émet pas de revendication. Il n'en est plus de même quand les biens de sa mère Gerberge à la mort de ce dernier (1131) reviennent à ses propres neveux et qu'à la suite d'un partage la Provence échoit à l'un d'eux.
  112. Cf. archevêque, familles aristocratiques, comte de Toulouse
  113. Il meurt le 19 juillet 1131 et ce décès affaiblit la maison de Barcelone
  114. Les Arlésiens, soutenus par leur archevêque d'Arles, Bernard Guerin (1129-1138), s'inspirent des villes italiennes Pise et Gênes dont les marchands fréquentent leur port, et de leur voisine Avignon qui a instauré un consulat deux ans plus tôt.
    D’après Anibert, historien arlésien du XVIIIe siècle, le consulat aurait été créé en réponse à la montée des menaces de conflit entre la Maison des Baux et celle des comtes de Provence :
    Les préparatifs de guerre que faisaient sourdement les seigneurs des Baux, contre la Maison de Barcelone à la mort de Raymond-Berenger premier (il s’agit de Raimond Berenger III comte de Barcelone, 1082-1131, parfois appelé Raimond Berenger Ier comte de Provence) et peut-être quelque temps auparavant, durent décider les Arlésiens à ce grand changement, et engager l’archevêque à s’y prêter. Les circonstances exigeaient qu’on donnât à la ville des chefs capables de porter les armes au besoin… Quoi qu’il en soit, l’archevêque lui-même concourut à l’institution du Consulat, non comme un seigneur qui autorise les démarches de ses vassaux, mais comme chef de la confédération.
    Un historien moderne, Jean Pierre Poly précise :
    c’est la force et la puissance des chevaliers citadins qui donnent naissance aux premières communes provençales, avant le milieu du XIIe siècle.
    Quelques années plus tard en 1150, ce consulat est renforcé par une charte de l'archevêque Raimon de Montredon (1142-1160), prélat d'origine languedocienne qui manifeste une neutralité bienveillante vis-à-vis d’Alphonse Jourdain dans le conflit opposant les maisons d’Aragon et de Toulouse. Toutefois en 1156 (ou en 1150 ?), on signale une révolte de la ville d'Arles contre son archevêque, sans très bien en connaître les détails et les raisons. Quoi qu'il en soit, les premiers statuts de ce consulat sont rédigés dès les années 1160
  115. Il est tué à Melgueil par les Génois alliés du comte de Toulouse et des Baux
  116. Elles opposent la famille des Baux et le comte de Provence et ont pour cadre la région d'Arles et plus particulièrement le château de Trinquetaille, place forte de la famille des Baux
  117. Cf. 1144-1150, 1156 et 1162
  118. Le comte de Provence fait raser leur château de Trinquetaille et bloque le développement économique de ce quartier en interdisant port et foires commerciales. Il contrôle ainsi la richesse de la maison des Baux
  119. Cf. Anibert.
  120. Par exemple, en avril 1176 Alphonse Ier signe une reconnaissance de dette à Bertran Porcelet pour des sommes empruntées par Raimond Bérenger de Barcelone, Bérenger Raimond de Provence et lui-même. En gage de ces sommes, il lui confirme divers droits sur les marchandises et les pâturages d'Arles (Cf. Martin Aurell - Actes de la famille des Porcelet (972-132), page 78).
  121. À Arles, l'administration comtale siège au Palais du Podestat, au cœur de la Cité. Comme dans tous les chefs lieux de Viguerie, on trouve à la tête de cette administration le viguier, c'est-à-dire le représentant du comte qui veille à la conservation des droits et possessions du comte, convoque et préside les assemblées générales des habitants et les réunions du conseil municipal et assure le rôle de capitaine de la ville chargé de sa défense (jusqu'en 1368).>br /> Il est assisté par un sous-viguier. La justice est assurée par un ou plusieurs juges et les finances du comte sont gérées par un clavaire. Quatre notaires et plusieurs sergents complètent cette administration.
  122. La ville n'a rien si ce n'est quelques privilèges. Les arlésiens entendent toutefois qu'ils soient respectés, notamment dans les domaines suivants : les qualifications des officiers royaux, le bon fonctionnement de la justice, la protection du territoire communal, la conservation des avantages fiscaux acquis, le statut des juifs locaux… Ces privilèges sont soigneusement consignés dans les statuts de la ville et âprement défendus chaque fois que les officiers comtaux ne les respectent pas.
  123. Les Trinitaires en 1203, les Dominicains en 1231
  124. Les juifs seront également chassés d'Arles à la fin du XVe siècle, puis de Provence au début du XVIe siècle. Entre-temps à Arles, leur nombre va décroître régulièrement jusqu'à la période de 1420 (conflit avec les catalans supposés entretenir des relations avec les juifs d'Arles) et aux incidents de la seconde moitié du XVe siècle liés aux prêches enflammés des frères mineurs (cf. pogrom de 1484).
  125. 2194 feux en 1319, cf. Louis Stouff, Arles au Moyen Âge, page 110
  126. À cette époque (1300-1330), les campagnes sont exploitées avec une présence humaine permanente dans les mas et la production de grains arlésiens atteint un sommet. Vers 1340, le mode d'exploitation des affars de l'archevêque, du Chapître et des Hospitaliers est l'exploitation directe; à l'inverse les frères de Saliers utilisent la facherie, plus efficace. Ce nouveau mode d'exploitation va se répandre rapidement sur tout le territoire arlésien.
  127. En février 1334, un passage d'une lettre d'un marchand italien appelé Dantini renferme le passage suivant :
    Andréa di Bartolomeo de Sienne est allé, le 11 janvier à Arles, pour commencer à acheter de la laine… À présent, le dit Bartolomeo est à Aigues-Mortes pour les embarquer.;
    Cette lettre rappelle le rôle important que joue alors l'élevage ovin dans l'économie arlésienne.
  128. L'ensemble des droits frappant le sel est donné à ferme par le roi ; Après 1332, les marchands italiens accaparent ce fermage. En 1334, huit salins situés au nord du Vaccarès produisent 15 000 tonnes de sel : c'est l'apogée des salines d'Arles.
  129. En particulier en 1397-1398
  130. Cf. Chronique de Bertrand Boysset :
    L'an du Seigneur 1368, le 11 avril, qui fut le 3e jour de Pâques, le seigneur Louis, duc d'Anjou, frère du roi de France, assiégea la cité d'Arles et le seigneur Bertrand Duguesclin, comte de Longueville mena pour lui le siège; il dura jusqu'au 1er mai. Ce jour-là, ils s'en allèrent sauf les morts qui restèrent.
  131. Les prétentions de Louis d'Anjou, frère du roi de France Charles V et lieutenant du Languedoc, l'entraînent à se lancer avec l'aide des compagnies de Du Guesclin à l'attaque de la Provence. Tarascon fut prise le 22 mai 1368. Les troupes du sénéchal Raymond d'Agoult furent battues à Céreste. L'intervention d'Urbain V auprès de Charles V, l'excommunication de Du Guesclin le Ier septembre 1368 amenèrent la retraite de celui-ci et la signature d'un traité de paix le 13 avril 1369 qui fut suivi d'une trêve signée le 2 janvier 1370. Mais il y eut surtout, grâce à la médiation de Grégoire XI, le traité de paix définitive du 11 avril 1371 avec Louis d'Anjou qui abandonna ses prétentions sur Tarascon.
  132. Il s'agit de Manuel de Puget, dont la sœur Galiena deviendra quelques années plus tard de 1391 à 1416, abbesse de Saint-Césaire
  133. Cf. Louis Stouff, Arles au Moyen Âge, page 101 :
    Cinq nobles sont décapités place du Setier (l'actuelle place du Forum), vingt et un individus sont pendus, trois sont noyés dans le Rhône, les biens d'un certain nombre de personnages sont confisqués.
  134. Sa famille avait reçu de nombreux fiefs en Provence de la reine Jeanne, et ces possessions étaient menacées par les édits de Louis Ier et Louis II d'Anjou qui révoquèrent toutes les aliénations faites depuis le roi Robert.
  135. Essentiellement en 1385, lors du ralliement de la ville d'Arles au roi Louis II d'Anjou, après les premières concessions octroyées par la reine Jeanne
  136. … il y eut un grand déluge d’eau du Rhône et des marais… et noya Montlong, La Cape, la Haute-Camargue et les marais salants de Peccais… (à Arles). L’eau monta du lundi soir au mardi à l’heure de tierce, de onze palmes de hauteur… (soit environ 2,20 m). J’ai eu tant d’eau dans ma maison que cela recouvrait les six premières marches de l’escalier …
  137. L'an 1397 il y eut une grande mortalité par tout dans le monde. De même, à Arles, elle débuta pour Pâques, qui était le premier jour d'avril et elle dura tout l'an 1398 jusqu'en janvier (NDLR - L'année commençait à cette époque en avril). De même, les gens mouraient le plus souvent de bosses, certains de charbons. Un grand nombre de gens moururent, plus des enfants et des gens jeunes que d'autres gens.
  138. Source : L. Stouff - Arles au Moyen Age, pages 155-222
  139. En 1453, les incursions des corsaires catalans sur le territoire d’Arles devenaient si menaçantes que toute la population rurales des bords du Rhône fuyait à leur approche et que la ville d’Arles, lasse de réclamer en vain le secours du Comte de Provence, se décida à lever sa milice et prit à sa solde 50 arbalétriers avec quelques navires. Charles de Castillon étant venu prendre le commandement de ces troupes, surprit les ennemis qui remontaient le Rhône avec des galères traînées par des chevaux, fondit sur eux, les pourchassa et tailla en pièces, mit en fuite leurs navires et pour quelque temps ramena la sérénité sur les deux rives du Rhône.
    On peut également citer les propos de Hans von Waltheym lors de son voyage en 1474 : ... notre plus grande crainte et peur c'étaient les Catalans qui habitent très près (NDLR : des Saintes-Maries-de-la-Mer). Ils prennent les gens, ils les enchainenet sur des bateaux. Ils doivent ensuite ramer et rester prisonniers à vie.
    (cf. Deux voyageurs allemands en Provence au XVe siècle, dans Provence Historique, tome XLI, fasc.166, octobre-décembre 1991, p. 535-536)
  140. En 1493, il y a une émeute à Arles émeute à propos de la possession des reliques de saint Antoine convoitées par les moines de Montmajour et l'abbaye de Saint-Antoine en Viennois. Le parlement ayant donné gain de cause au Viennois, les arlésiens tuent plusieurs commissaires venus faire appliquer la sentence.
  141. Cf. Protocole du notaire Philippe Mandoni (Archive dépt. des BdR, 405E312,f°21) :
    La présente année 1484 et le lundi lendemain de la Pentecôte, le 7 juin, il y eut à quatre heures après-midi ou environ une attaque contre les juifs menée par des Figons (ouvriers agricoles venus à Arles pour les moissons) et par des hommes de la présente cité. Huit ou neuf chrétiens sont morts et un grand nombre ont été blessés. Mais les juifs et les juives ont été tués et noyés dans le Rhône ainsi que cela a été rapporté, mais cinq ou six autres juifs et juives ont fui par les toits en direction de la maison des chrétiens et du couvent des prêcheurs. La juiverie a été entièrement détruite. Leurs livres ont été déchirés et détruits en très grande quantité et, à partir de là, dans les quinze jours qui suivirent, plus de cinquante sont devenus chrétiens ou chrétiennes.
  142. Cf. les initiatives suivantes :
    • En 1540, la ville d'Arles aurait ainsi négocié à ce sujet avec le comte de Paucallier.
    • Près d'un demi-siècle plus tard, Jacques Audier et Philippe Larcher font de nouvelles propositions concernant les marais du Trébon, du Plan du Bourg et Coustières de Crau. Ces propositions restent sans suite sans doute à cause des sommes énormes nécessaires.
    • Enfin en 1599, le roi Henri IV fait publier un édit accordant au hollandais Berg-op-Zoom, le privilège exclusif de faire le dessèchement de tous les marais de France.
  143. Cf. La Tour de l'Horloge couronnée de la fameuse statue de l'Homme de Bronze coulée en 1555, la porte de la Cavalerie en 1558,…
  144. En particulier sur la place du Sauvage, dans la rue Jouvène,...
  145. Cf. En particulier celle de 1579-1580)
  146. Cf. Principalement entre 1561-1562 où Arles est menacée à ses portes (Saint-Gilles, Beaucaire, Les Baux) et entre 1588 -1594, années au cours desquelles la ville suit le parti de la Ligue et la société arlésienne s'entre déchire dans une véritable guerre civile.
  147. Cf. Crue automnale de fin novembre - début décembre 1564 à Arles. Sur le chemin du retour, la caravane royale (Charles IX et sa mère Catherine de Médicis) fut immobilisée dans Arles par une crue du Rhône. Il entra, le jeudi 16, à Arles, où les eaux le retinrent pendant trois semaines. Il quitta la cité le 7 décembre...
  148. Une extension importante des remparts est même envisagée, mais le projet, commencé, est stoppé par Henri IV en 1608.
  149. Une convention est ainsi passée le 16 juillet 1642, entre les consuls, une association et Jean Van Ens, ingénieur hollandais, pour le dessèchement des terres marécageuses.
  150. Cf. conception insuffisante, conflits locaux et recrudescence des crues du Rhône.
  151. La vie artistique et intellectuelle s'inspire de la Cour à la suite du passage du roi Louis XIII en octobre 1622, puis plus tard en 1660 de celui du roi Soleil. C’est de cette époque que date, en 1666 la création de la première académie royale de province à l’imitation de l'Académie française.
  152. Cf. Capucins, Carmes
  153. Il est conçu par l’architecte arlésien Jacques Peytret aidé de Jules Hardouin-Mansart
  154. Elle ornait autrefois le cirque romain.
  155. Le 13 janvier 1789 le pont de bateaux sur le Rhône est complètement englouti par les glaces. Un nouveau pont est construit et mis en place en septembre de la même année.
  156. La destruction des oliviers entraine pour une grande partie du salariat rural, l'inactivité, c'est-à-dire, le chômage et la misère
  157. Il s'agit essentiellement d'impôts sur la consommation, dont le fameux piquet de la farine
  158. Il s'agit du décret de l'Assemblée nationale abolissant le siège archiépiscopat et la chapitre d'Arles.
  159. Cf. Hippolyte Taine, Les origines de la France contemporaine, III Le 6 juin 1791, de leur autorité privée (NDLR, celle des monnaidiers), ils ont chassé des prêtres insermentés qui s’étaient réfugiés dans la ville. — Mais, là-dessus, « les propriétaires et les honnêtes gens », beaucoup plus nombreux et indignés depuis longtemps, ont relevé la tête : 1 200 d’entre eux se sont réunis dans l’église Saint-Honorat, « ont prêté serment de maintenir la Constitution et la tranquillité publique », et se sont portés au club. Conformément aux propres statuts du club (NDLR, le Club des monnaidiers était un club fermé), ils s’y sont fait recevoir en masse, en qualité de gardes nationaux et de citoyens actifs. En même temps, d’accord avec la municipalité, ils ont refondu la garde nationale et recomposé les compagnies : ce qui a dissous le corps des Monnaidiers et retiré à la faction toute sa force. — Dès lors, sans aucune illégalité ni violence, la majorité au club et dans la garde nationale s’est composée de constitutionnels monarchistes,...
  160. Cf. sac du caffé suisse (appelé ainsi parce que ses fondateurs les frères Thomas et Jean-Paul Manella étaient d'origine suisse), premier café ouvert à Arles et lieu de réunion des Chiffonistes, par les Monnaidiers, le 14 juillet 1791.
  161. Les Monnaidiers revenus au pouvoir au printemps 1792 reprochent en effet au parti chiffoniste en place en novembre 1791 d’avoir délibérément laissé rompre le pont reliant Arles à la Camargue en novembre 1791 à des fins strictement politiques, faisant d’Arles un véritable camp retranché.
  162. Article 9 - Arles avait levé l’étendard de la révolte: vous l’avez favorisée par l’envoi de trois commissaires civils qui se sont occupés, non à réprimer les contre-révolutionnaires, mais à justifier leurs attentats.
  163. Les fédéralistes, républicains sincères, cristallisent bientôt autour d'eux toutes les oppositions à la Convention si bien qu'ils donnent à la contre-révolution, notamment au parti chiffoniste arlésien, une impulsion nouvelle
  164. Siffren Boulevard (Arles 1732 – Marseille 1793), négociant ayant pris une part active aux affaires municipales, était d’une famille d’armateurs arlésiens exportant via le Rhône dans les pays d’Europe centrale. Il avait été élu aux Etats-Généraux ; il avait également été garde du roi et conseiller de la commune.
  165. Elle écrase le 20 août (?) à Cadenet, la rebellion militaire formée par les girondins et les fédérés marseillais et gardois
  166. Marseille est rebaptisée de façon humiliante Ville sans nom
  167. Siffren Boulevard est accusé d’avoir voulu ramener la constitution de 1789, d’avoir attiré à Arles les troupes marseillaises révoltées pour dominer les citoyens républicains, d’être intervenu auprès du commandant de Toulon pour qu’il dépose des canons sur le quai du port.
  168. À propos de ce tableau van Gogh écrit (lettre 532) : le pont de Trinquetaille avec toutes ces marches est une toile faite par une matinée grise, les pierres, l'asphalte, les pavés sont gris, le ciel d'un bleu pâle, des figures colorées, un malingre arbre à feuillage jaune. Détail amusant, le jeune platane de l'époque existe toujours.
  169. Vincent van Gogh raconte à son frère Théo, qu’il a assisté à une véritable chasse à l’homme un soir de 1888. Un Zouave ayant été assassiné aux portes d’un bordel, la rumeur publique à tôt fait de désigner le coupable. Il est italien. Une ratonade sanglante s’organise. Toute la communauté italienne fuit la ville avec le baluchon sur l’épaule. Van Gogh relate les faits avec étonnement et tristesse.
  170. Victime de cinq bombardements aériens en l’été 1944, la ville perd sa gare, ses deux ponts et 28 % de son habitat. Détruites également deux églises (Saint-Julien et Saint-Pierre-de-Trinquetaille), alors que l'amphithéâtre, les remparts et Notre-Dame-de-la-Major sont gravement endommagés
  171. Cf. Harmonia Mundi, Actes Sud.

Articles connexes

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Bibliographie

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  • Abrégé chronologique de l'histoire d'Arles de Noble de Lalauzière (M. de), 2 volumes; édition d'Arles 1808 - imprimerie G. Mesnier (il existe également une réédition sous forme de fac-similé, Marseille Lafitte - 1975)
  • Arles : histoire, territoires et culture, sous la direction générale de Jean-Maurice Rouquette. Imprimerie nationale, 2008.
  • Arles antique de Marc Heijmans, Jean-Maurice Rouquette, Claude Sintès, 2006 - (ISBN 2-85822-895-7)
  • Arles durant l'antiquité tardive de Marc Heijmans, Paris, Collection de l'École française de Rome, 2004 - (ISBN 2-7283-0626-5)
  • Arles au Moyen Âge, de Louis Stouff, La Thune Marseille, 2000 - (ISBN 2-913847-03-X)
  • Crau, Alpilles, Camargue, histoire et archéologie du Groupe Archéologique Arlésien, 1997 - (ISBN 2-9508483-1-1)
  • Espace et urbanisme d'Arles, des origines à nos jours du Groupe archéologique arlésien, 2000 - (ISBN 2-9508483-2-X)
  • Mémoires historiques et critiques sur l'ancienne République d'Arles d'Anibert, 1779-1781.
  • La Révolution arlésienne, Ville d’Arles, 1989.