Intrada
Une Intrada (de l'espagnol et de l'italien, qui signifie une « entrée », un « début ») est, dans la musique des XVIe et XVIIe siècles, un morceau instrumental propre à une solennité, pouvant ainsi être majestueux ou martial, servant d'introduction à une cérémonie ou un cortège, ou introduisant une œuvre au théâtre, un ballet ou un oratorio[1],[2] surtout en Italie. En France, le terme équivalent est Entrée. Il désigne, à l'opéra ou au ballet, l'entrée des personnages sur scène.
Ensuite, le terme désigne un morceau inséré dans une suite, répandue en Allemagne[1] au XVIIIe siècle[2] ; souvent placée du début, elle peut y occuper cependant une autre place[3]. Ce morceau étant analogue au premier mouvement de l'ouverture à la française[4].
L'intrada est un mouvement lent de type marche à , composé généralement de deux périodes de huit mesures. Elle reste en usage sous cette forme jusqu'au début du XIXe siècle[1].
Histoire
[modifier | modifier le code]Le prototype du genre est calqué sur les sonneries de trompettes du XVIe siècle appelées « Aufzug » ou « Signal » que l'on trouve dans les recueils de l'époque[2]. Les mélodies au rythme carré sont très simples, constituées souvent de notes répétées et dont le style prépondérant est vertical[2].
Ensuite, la forme se diversifie et peut adopter le style de la pavane ou d'une danse plus animée[2].
Les premiers auteurs à laisser des œuvres sont[2] :
- Alessandro Orologio, Intradæ 5 et 6 v. (1597)
- Hans Leo Hassler, Lustgarten neuer teutscher Gesäng... (1601)
- Melchior Franck, quatre recueils publiés entre 1603 et 1627)
- Valentin Haussmann, Neue Intrade à 5 et 6 voix pour les violes (1604)
Au XXe siècle, certains compositeurs renouent avec la tradition. La fanfare initiale de la cantate de Paul Hindemith, Apparebit repentina dies (1947) est une intrada[2]. La même année, Arthur Honegger compose son Intrada. Au XXIe siècle, le ballet Friandises (2005) de Christopher Rouse commence par un mouvement intitulé Intrada.
Autres
[modifier | modifier le code]Intrada est le nom d'un ensemble choral basé à Moscou, qui a notamment collaboré avec The Tallis Scholars et Peter Philips.
Intrada Records est un label américain basé à Oakland (Californie) et dévolu à la publication de bandes son de film, notamment de Jerry Goldsmith.
Intrada est également un label discographique français, créé en 2001 par Éric Tanguy, avec Emmanuelle Gaume[5].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Encyclopédie de la musique (trad. de l'italien), Paris, Librairie générale française, coll. « Le Livre de poche/Pochothèque. Encyclopédies d'aujourd'hui », , 1 142 (ISBN 2-253-05302-3, OCLC 491213341), p. 385.
- Marc Honegger, « Intrada », dans Dictionnaire de la musique : technique, formes, instruments, Éditions Bordas, coll. « Science de la Musique », , 1109 p., Tome I (ISBN 2-04-005140-6, OCLC 3033496), p. 503-504.
- Peter Gammond et Denis Arnold (dir.) (trad. de l'anglais par Marie-Stella Pâris, Adaptation française par Alain Pâris), Dictionnaire encyclopédique de la musique : Université d'Oxford [« The New Oxford Companion to Music »], t. I : A à K, Paris, Éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », (1re éd. 1988), 1171 p. (ISBN 2-221-05654-X, OCLC 19339606, BNF 36632390), p. 1091.
- Jacques Chailley, « Intrada », dans Marc Vignal, Dictionnaire de la musique, Paris, Larousse, , 1803 p. (ISBN 2-03-511303-2, OCLC 9281804), p. 785.
- Xavier Lacavalerie, « Les artisans du disques [9] : Intrada », Classica-Répertoire, no 74, , p. 54–55 (ISSN 1287-4329)