Kinder, Küche, Kirche
L'allitération Kinder, Küche, Kirche [ˈkɪndɐ ˈkʏçə ˈkɪʁçə][1], que l'on traduit en français par « enfants, cuisine, église », également connue sous l'expression « les trois K », se veut une représentation des valeurs traditionnelles dévolues aux femmes en Allemagne sous l'empire allemand, reprise par le Troisième Reich ainsi que par les mouvements antiféministes et certains mouvement traditionalistes de l'après-guerre. Le but de ce discours visait à décrire le rôle de la femme dans la société et la famille. Elles devaient, selon cette définition, assurer l'éducation des enfants, cuisiner pour la famille et vivre selon les préceptes et la morale religieuse.
Origine et conséquences
[modifier | modifier le code]L'origine de la formule est généralement attribuée au Kaiser Guillaume II, décrivant le rôle des femmes au sein de la société du XIXe siècle. Dans un discours de , à l'« Organisation des femmes nationales socialistes » (en allemand : Nationalsozialistischen Frauenorganisation), Adolf Hitler affirma que, pour la femme allemande, son « Univers est son mari, sa famille, ses enfants et son foyer »[2], une politique qui fut résumée par le Kinder et Küche par la propagande - qui s'explique par des rejets du christianisme par le nazisme[3],[4],[5],[6] -, et par la remise de la Ehrenkreuz der deutschen Mutter (en français : « croix d'honneur de la mère allemande ») aux mères ayant mis au monde quatre enfants ou plus.
Lorsque Hitler accéda au pouvoir en 1933, il initia une loi d'encouragement au mariage, qui accordait aux nouveaux couples un prêt de 1 000 RM (ce qui représentait alors environ 9 mois de salaire). À leur premier enfant, ils pouvaient conserver 250 RM, puis à nouveau 250 RM pour le second et la totalité de la somme lors de la naissance du quatrième.
Durant cette période, les femmes qui travaillaient furent discriminées et contraintes à la démission pour bénéficier d'avantages sociaux. La médecine, le droit et les postes de l'administration étaient des professions réservées aux seuls hommes[7]. Par la suite, les femmes furent à nouveau bienvenues dans les usines lorsque les pertes humaines des forces armées et le manque d'équipements se firent sentir sur le front.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (en) Rick Wilford, Political ideologiesː an introduction, Londres, New York, Routledge, (1re éd. 1984), 336 p. (ISBN 978-0-203-40249-8, OCLC 53175780, lire en ligne), chap. 6 (« Fascism »), Fascism and women, p. 137-139
- (de) Susan Jane Gilman, Keine Kinder, keine Küche, keine Kirche! : so leben die Töchter der Emanzipation, Kreuzlingen, München, Hugendubel, 2003. (OCLC 76469594)
- (de) Franca Rame, Dario Fo et Renate Chotjewitz-Häfner, Nur Kinder, Küche, Kirche, Berlin, Rotbuch-Verl., 1989. (OCLC 46159487)
- (en) Naomi Weisstein, Kinder, Kuche, Kirche as scientific law : psychology constructs the female, Boston, New England Free Press, , 7 p. (OCLC 26871241)
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Kinder, Küche, Kirche » (voir la liste des auteurs).
- (de) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en allemand intitulé « Kinder, Küche, Kirche » (voir la liste des auteurs).
- Prononciation en allemand standard retranscrite selon la norme API.
- Eccleshall 2003, p. 37.
- Jean-Claude Petit, « Kathleen Harvill-Burton, Le nazisme comme religion. Quatre théologiens déchiffrent le code religieux nazi (1932-1945). Préface par Jean Richard. Québec, Les Presses de l’Université Laval, 2006, xxiv-228 p. », Laval théologique et philosophique, vol. 64, no 2, , p. 556 (ISSN 0023-9054 et 1703-8804, DOI 10.7202/019518ar, lire en ligne, consulté le )
- Francois Bedarida et Michel Winock, « Histoire politique de la revue "Esprit", 1930-1950 », Le Mouvement social, no 91, , p. 181 (ISSN 0027-2671, DOI 10.2307/3807298, lire en ligne, consulté le )
- Paul Thibaud, « Le contre-catholicisme d'Adolf Hitler », Esprit, vol. Mai, no 5, , p. 110 (ISSN 0014-0759 et 2111-4579, DOI 10.3917/espri.1105.0110, lire en ligne, consulté le )
- Philippe Roy, « David Dalin, Pie XII et les juifs. Le mythe du pape d’Hitler. Perpignan, Éditions Tempora, 2007, 240 p. », Laval théologique et philosophique, vol. 65, no 2, , p. 381 (ISSN 0023-9054 et 1703-8804, DOI 10.7202/038410ar, lire en ligne, consulté le )
- (en) « Women in Nazi Germany », sur spartacus-educational.com (consulté le ).