Krump
Le Krump est une danse née dans les années 2000 au cœur des quartiers pauvres de Los Angeles[1]. Cette danse, non violente malgré son apparence agressive à cause des mouvements exécutés très rapidement, de la rage ou la colère qui peut se lire parfois sur les visages des danseurs de Krump que l'on appelle les « Krumpers », se veut être une danse représentant la « vie » . En effet, il n'y a aucun conflit physique entre les danseurs.
Histoire
[modifier | modifier le code]Étymologie
[modifier | modifier le code]Le mot Krump est l'acronyme de Kingdom Radically Uplifted Mighty Praise. En français, cela se traduit en « élévation radicale du royaume par le puissant éloge »[1],[2],[3].
Origines
[modifier | modifier le code]Le krump est né du ghetto de Los Angeles au début des années 2000[2] dans un contexte de guerres de gangs, trafic de drogue, interpellations musclées de la police et les émeutes raciales de 1992. Thomas Johnson (1969-) crée le personnage Tommy the Clown pour animer des goûters d'anniversaires[1],[2]. Il invente une nouvelle danse imitée par les enfants des quartiers : le clown dancing, qui adopta une nouvelle forme d'expression. Observant le phénomène grandir, Johnson crée les « battle zones » où les danseurs s'affrontent par danse interposée[4]. Au gré des années, le clown dancing évolue pour devenir le Krump. Dans cette évolution, le costume de clown est abandonné, et les mouvements deviennent plus tendus[5] et trop violents pour des fêtes d'anniversaire pour enfants[6].
Après avoir passé trois ans auprès des jeunes à Los Angeles dansant le Krump, le photographe David LaChapelle sort le documentaire Rize en 2005 qui établit la danse comme un phénomène populaire naissant[5],[4]. Le Krump fait timidement son arrivée en France au milieu des années 2000[7].
Description
[modifier | modifier le code]La danse permet de canaliser les émotions agressives avec des mouvements brutaux mais une fin pacifique (« battles »). Chaque danseur évolue en fonction d'un personnage qu’il choisit d'incarner. L’inspiration manga, animalière, sonore, alimente la construction de ces personnages[2]. L'un des danseurs historiques du Krump, Tight Eyez, décrit la danse comme « le pouvoir du gerrier libéré ». Outre « clown dancing », la dance a aussi été qualifiée de « ghetto ballet »[6].
L'un des éléments principaux de la danse est de maintenir une partie du corps rigide tout en agitant un autre membre rapidement : gesticulation des bras, se déplacer en bombant uniquement le torse, pousser les mouvements vers le sol (stomp)[8]. La danse mélange des éléments du breakdance et de la gymnastique, mêlés à des mouvements spasmiques[4] qui ressemblent presque a des mises en trances[6].
Dans la culture populaire
[modifier | modifier le code]La danse apparait dans les clips de Christina Aguilera, Prodigy ou encore The Chemical Brothers[4].
La danse apparaît dans le film Steppin (2007) dans lequel Chris Brown la pratique.
À la fin du troisième épisode de la première saison de la série Community diffusé en 2009, Joel McHale, Danny Pudi et Donald Glover dansent le Krump[9].
Tight Eyez et Jigsaw JR danse le Krump dans le clip de la chanson Papaoutai de Stromae en 2013[3].
En 2018, le court-métrage Les Indes Galantes (5 min 46 s) a été tourné par Clément Cogitore[10], et chorégraphié par Clément Cogitore et Bintou Dembélé, à l'Opéra de Paris[2].
Le krump apparaît dans le film Les Chatouilles (2018) d'Andréa Bescond et Éric Métayer[11].
Le krump est représenté dans la chorégraphie d'ouverture du film Climax de Gaspar Noé en 2018.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Marie-Christine Vernay, « Krump, guerre des chorés », Libération, (lire en ligne, consulté le )
- Rosita Boisseau, « Le Krump, danse urbaine superbement énervée », Le Monde, (lire en ligne)
- Rossana Di Vincenzo, « Le retour en force du krump, la danse “mal-aimée” du hip-hop », Télérama, (lire en ligne)
- (en-US) Nicola Menzie, « 'Krump' Dances Into Mainstream - CBS News », sur www.cbsnews.com, (consulté le )
- (en-US) Jessica A. Koslow, « Know your L.A. hip-hop dance: The evolution of Krumping », LA Weekly, (lire en ligne)
- (en-US) William Booth, « The Exuberant Warrior Kings of 'Krumping' », The Washington Post, (lire en ligne)
- Marie-Christine Vernay, « Le Krump, nouvelle danse issue du hip- hop et des danses tribales africaines », sur INA - Danses Sans visa, (consulté le )
- (en-US) « Krumping », sur Dance College London (consulté le )
- Community: Krumping, Atheuz (, 0:33 minutes), consulté le
- Clémence Ducasse, « Le krump, des ghettos de Los Angeles à l’Opéra de Paris », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
- Emmanuelle Bouchez, « “Les Chatouilles” : entre hip-hop et krump, Andréa Bescond affûte sa “danse de la colère” », Télérama, (lire en ligne)
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Filmographie
[modifier | modifier le code]- Shake City 101 (documentaire, 2003) de Mark St. Juste
- Rize (documentaire, 2005) de David LaChapelle
- Raised by Krump (documentaire, 2016) de Maceo Frost
- Krump. Get off (documentaire, 2022, 52 min) de Romain Cieutat
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Jonathan Collin, 2023, « Etude d'un groupe de krumpers : rites d'interaction et gestion du stigmate », In Pascal Lardellier (dir.), Actualité d’Erving Goffman, Acte 2. Relations, identités, communautés, L’Harmattan, collection « Des Hauts & Débats », Paris, pp.117-132 (https://www.editions-harmattan.fr/livre-actualite_d_erving_goffman_acte_2_relations_identites_communautes_pascal_lardellier-9782140483127-77071.html)
- Jonathan Collin, 2022, « Le krump dans l'espace public : stigmate racial et transaction sociale », Pensée plurielle, n°55, pp.83-92 (lire en ligne)
- Jonathan Collin, 2020, « Le krump : danse urbaine et outil socio-éducatif potentiel », L'Observatoire, n°103, pp.86-90 (acheter en ligne)
- Stéphane Partel, « Le krumping : entre danse de rue ritualisé et culture hip-hop » (pp. 409-437) dans Musiques noires : l'histoire d'une résistance sonore, ouvrage collectif sur les musiques noires dirigé par Jérémie K. Dagnini, Camion Blanc, 2016, 518 p.
- Amenzou Rashead (2019). Zoom, L'Univers de la danse Hip Hop (ISBN 9782957010400)