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Sarde

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Sarde
Sardu
Pays Italie
Région Sardaigne
Nombre de locuteurs 1 200 000
Nom des locuteurs sardophones
Typologie SVO, flexionnelle, accusative, syllabique, à accent d'intensité
Classification par famille
Statut officiel
Langue officielle Drapeau de la Sardaigne Sardaigne (Italie)
Codes de langue
IETF sc
ISO 639-1 sc
ISO 639-2 srd
ISO 639-3 srd
Étendue groupe
Type langue vivante
État de conservation
Éteinte

EXÉteinte
Menacée

CREn situation critique
SESérieusement en danger
DEEn danger
VUVulnérable
Sûre

NE Non menacée
Langue sérieusement en danger (SE) au sens de l’Atlas des langues en danger dans le monde
Échantillon
Article premier de la Déclaration universelle des droits de l'homme (voir le texte en français)

Artìculu 1

Totu sos èsseres umanos naschint lìberos e eguales in dinnidade e in deretos. Issos tenent sa resone e sa cussèntzia e depent operare s'unu cun s'àteru cun ispìritu de fraternidade (Logudorais-Nuorais).

Totu is èssiris umanus nascint lìberus e egualis in dignidadi e in deretus. Issus tenint sa rexoni e sa cuscèntzia e depint oberai s'unu cun s'àteru cun spìritu de fraternidadi (Campidanais).

Le sarde (en sarde : sardu, prononcé /ˈsaɾdu/) est une langue appartenant à la branche romane méridionale de la famille des langues indo-européennes. Il est parlé par les Sardes en Sardaigne et chez nombre de travailleurs émigrés sardes répartis dans tous les continents : la Sardaigne a recensé quelque 145 circoli sardi (« Cercles sardes ») qui sont soutenus et aidés financièrement afin que la culture et la langue soient préservées[1]).

La langue sarde ne couvre pas toute l'île, d'autres variétés romanes y étant présentes : sassarese, gallurais (dialecte du corse sartenais), tabarquin (dialecte ligure) et l'alguérois (dialecte catalan).

En 1997, le sarde, ainsi que d'autres langues parlées sur l'île, a été reconnu par la loi régionale de Sardaigne[2]. En 1999, la langue sarde a également été reconnue par la législation italienne sur les minorités linguistiques historiques[3]. Parmi les douze groupes ethnolinguistiques reconnus, le sarde a le plus grand nombre de locuteurs[4],[5],[6],[7], bien qu'en diminution continue[4],[8]. Presque tous les locuteurs sont bilingues sarde-italien.

La langue sarde ne doit pas être confondue avec le paléosarde pré-romain et vraisemblablement non indo-européen ; alors que cette dernière a disparu depuis longtemps, la première est aujourd'hui classée par l'UNESCO comme une langue en grave danger d'extinction dans ses principaux dialectes.

Bien que la communauté des locuteurs puisse être définie comme ayant une " conscience linguistique élevée "[9], le sarde est sérieusement menacé par le processus de conversion linguistique vers l'italien, dont le taux d'assimilation, engendré à partir du XVIIIe siècle, parmi la population sarde est aujourd'hui assez avancé. L'état plutôt fragile et précaire dans lequel se trouve aujourd'hui la langue sarde, exclue même de la sphère familiale, est illustré par le rapport Euromosaic, dans lequel, comme le rapporte Roberto Bolognesi, « le sarde (deuxième langue minoritaire en Europe par le nombre de locuteurs) se situe à la 43e place dans le classement des 50 langues prises en considération et dont on a analysé (a) l'utilisation dans la famille, (b) la reproduction culturelle, (c) l'utilisation dans la communauté, (d) le prestige, (e) l'utilisation dans les institutions, (f) l'utilisation dans l'éducation »[10].

La population adulte sarde ne serait plus capable d'entretenir une seule conversation dans la langue ethnique[11], celle-ci n'étant utilisée exclusivement que par 0,6 pour cent du total[12], et moins de quinze pour cent, au sein de la population juvénile, auraient hérité de compétences entièrement résiduelles[13],[14] sous la forme décrite par Bolognesi comme "un argot non grammatical"[15].

L'avenir proche de la langue sarde étant loin d'être certain[16], Martin Harris affirme que, si la tendance ne peut être inversée, elle ne fera que laisser des traces dans l'idiome qui prévaut actuellement en Sardaigne, à savoir l'italien dans sa variante spécifiquement régionale, sous la forme d'un substrat[17].

Classification linguistique

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« Le sarde est une langue insulaire par excellence : c'est à la fois la plus archaïque et la plus distincte des langues romanes. »

— Rebecca Posner, John N. Green (1982). Language and Philology in Romance. Mouton Publishers. La Haye, Paris, New York. p. 171

Le sarde est considéré par de nombreux spécialistes comme la langue romane qui est restée la plus proche du latin vulgaire[18],[19],[20],[21],[22] ; à titre d'exemple, l'historien Manlio Brigaglia note que la phrase latine prononcée par un Romain en poste au Forum Traiani Pone mihi tres panes in bertula (" Mets trois pains dans ma sacoche ") correspondrait à sa traduction en sarde actuel Ponemi tres panes in bèrtula[23]. En effet, l’isolement insulaire précoce a coupé l'île du centre linguistique moteur qu'était Rome. Pendant un certain temps, ceci lui a évité un grand nombre de contacts avec d’autres langues (interférence linguistique), qui auraient pu être facteur d’évolution linguistique ; à cet égard on peut comparer sa situation à celle de l’islandais, langue scandinave restée la plus proche du vieux norrois. Le sarde est donc resté assez archaïque et conservateur[24].

Bien que la base lexicale soit donc majoritairement d'origine latine, le sarde conserve néanmoins plusieurs indices du substrat linguistique des anciens Sardes avant la conquête romaine : on trouve des racines proto-sardes et, dans une moindre mesure, phénico-puniques dans plusieurs mots et surtout dans les noms de lieux, qui seraient conservés en Sardaigne dans un pourcentage plus important que dans le reste de l'Europe latine[25]. Leur origine indique un substrat paléo-méditerranéen qui révélerait des relations étroites avec le basque[26],[27],[28]. Aux époques médiévale, moderne et contemporaine, la langue sarde a reçu des influences suprêmes du grec-byzantin, du ligure, du vulgaire toscan, du catalan, du castillan et enfin de l'italien.

Caractérisé par une physionomie distincte qui émerge des sources les plus anciennes disponibles[29], le sarde est considéré comme faisant partie d'un groupe autonome au sein du roman[30],[31] et a été comparé par des linguistes comme Max Leopold Wagner et Benvenuto Aronne Terracini au roman africain, aujourd'hui disparu, avec les variétés dont il partage plusieurs parallèles et un certain archaïsme linguistique, ainsi qu'un détachement précoce de la matrice latine commune[32] ; le sarde est classé par certains comme le seul représentant survivant d'une branche qui autrefois comprenait également la Corse[33],[34] et la rive sud de la Méditerranée susmentionnée[35].

Phonétique

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Église du Pater Noster, Jérusalem. Notre Père (Babbu nostru) en sarde.

Voyelles : les ĭ et les ŭ (brefs) du latin ont conservé leurs timbres originels ([i] et [u]) : siccus devient sikku (et non comme en français, sec ou en italien, secco). Une autre caractéristique est l’absence de diphtongaison romane. Exemple : potet devient podet (prononcé parfois poðet), et non comme en italien può, en espagnol puede ou en français peut, où apparaît une diphtongue (qui a disparu dans le cas du français).

Très archaïsant est également le maintien de [k] et de [g] devant [e] et [i] : kentu pour cent en français, ou encore cento en italien.

Classification des langues romanes (Koryakov, 2001)[36]. Le sarde (avec un hypothétique ancien corse) est inscrit dans un groupe distinct formé des langues romanes insulaires (Island Romance).

Un caractère original du sarde est l’évolution de ‹ ll › en [ɖ]. C'est un phonème cacuminal, souvent transcrit par ‹ ḍ › (d pointé) : coraḍḍu pour corallo (« corail »). Ces traits seraient dus au substrat d'une hypothétique langue paléosarde, mal connue et parfois désignée comme langue nouragique (des nuraghe)[37]. En tout cas, ce son existait avant les conquêtes phéniciennes[réf. nécessaire] ou romaines et se retrouve notamment en Corse-du-Sud et en Sicile. D'autres particularités existent dans certaines régions de la Sardaigne comme la prothèse vocalique devant /r/ (arrana « grenouille » pour rana) ou la lénition du /f/ initial, traits phonétiques qui rappellent fortement le basque, le castillan ou le gascon.

Morphologie et syntaxe

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L’article défini sarde est original car il est issu de ipse (alors que dans les langues romanes, l'origine est le plus souvent ille, illu), d’où su, sa au singulier et sos, sas au pluriel. On retrouve cette caractéristique en catalan des Îles Baléares et de façon résiduelle en occitan, notamment dans le dialecte provençal des Alpes-Maritimes (hors le niçois)[38] et, à l'état de résidu (dans la toponymie, remplacé par "eth" dans la langue moderne), en gascon aranais[39].

La marque du pluriel est -s, comme dans toute l'Europe latine occidentale (français, occitan, catalan, espagnol, portugais) : sardu, sardus - pudda, puddas (poule) - margiani, margianis (renard).

Le futur est construit avec la forme latine habeo ad : app’a istàre (je resterai).

L'interdiction se construit avec une négation (no) suivie du verbe. Ce verbe peut être conjugué ou à l'infinitif. Par contre, il ne peut pas être à l'impératif. Pour donner un ordre négatif, on utilise 'non' suivi de la deuxième personne singulier ou pluriel du subjonctif présent, comme dans les langues romanes de la péninsule Ibérique : no bengias ! (ne viens pas !)[40]. Ainsi, lorsque le marqueur négatif 'no' accompagne un autre mot négatif, les deux négations ne s'annulent pas pour donner un sens positif à la phrase, contrairement à d'autres langages. En sarde, 'Je n'ai pas acheté rien' signifie 'Je n'ai rien acheté' et non 'J'ai acheté quelque chose' : la double négation n'existe pas.

Le lexique présente également des traits conservateurs : par exemple, le latin albus « blanc » a été conservé, comme en roumain alb, alors que presque toutes les autres langues romanes l'ont remplacé par un mot d'origine germanique[24].

Histoire et influences linguistiques

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L'isolement relatif de la Sardaigne par rapport à l'Europe continentale a favorisé le développement d'une langue romane qui conserve les traces de sa (ses) langue(s) autochtone(s) pré-romaine(s). La langue est supposée avoir des influences substratales du Paléo-sarde, que certains chercheurs ont liées au basque[41],[42] et à l'étrusque[43]; on a également tenté d'établir des comparaisons avec les langues berbères d'Afrique du Nord[44] pour mieux comprendre la ou les langues parlées en Sardaigne avant sa romanisation. Les influences adstrates ultérieures comprennent le catalan, l'espagnol et l'italien. La situation de la langue sarde par rapport aux langues politiquement dominantes n'a pas changé jusqu'au fascisme italien[45] et, de toute évidence, dans les années 1950[46],[47].

L'origine et le substrat

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Les origines de l'ancien sarde, aussi connu sous le nom de paléo-sarde, sont actuellement inconnues. La recherche a tenté de découvrir des racines obscures et indigènes. La racine s(a)rd, indiquant de nombreux noms de lieux ainsi que le peuple de l'île, serait soit associée aux Shardanes, l'un des peuples de la mer[48], soit, selon d'autres sources, retraceraient plutôt la racine /s(a)rd/ de Σαρδώ / Sardó, une femme légendaire du royaume anatolien de Lydie[49],[50], ou du personnage mythologique libyen Sardus Pater Babai (« Père sarde » ou « Père des Sardes »)[51],[52],[53],[54],[55],[56],[57].

En 1984, Massimo Pittau affirme avoir trouvé l'étymologie de nombreux mots latins dans la langue étrusque, après les avoir comparés avec la ou la (les) langue(s) nuragique(s)[43]. Des éléments étrusques, dont on pensait qu'ils étaient d'origine latine, indiquent un lien entre la culture sarde antique et les Étrusques. Selon Pittau, la (les) langue(s) étrusque(s) et nuragique(s) descendraient du lydien (et donc de l'indo-européen) à la suite de contacts avec les Étrusques et autres Tyrrhéniens de Sardes comme le décrit Hérodote[43]. Pittau suggère que les Tirrenii ont atterri en Sardaigne et les Étrusques ont débarqué en la moderne Toscane, mais ses opinions ne sont pas partagées pour la plupart.

Selon Alberto Areddu[58], les Shardanes étaient d'origine illyrienne, sur la base de certains éléments lexicaux, unanimement reconnus comme appartenant au substrat autochtone. Areddu affirme que les anciens Sardes, en particulier ceux des régions les plus intérieures (Barbagia et Ogliastra), auraient parlé une branche particulière de l'indo-européen. Il existe en effet des correspondances, formelles et sémantiques, avec les quelques témoignages de langues illyriennes (ou thraces), et surtout avec leur prétendu continuateur linguistique, l'albanais. Il trouve de telles corrélations : sarde : eni, enis, eniu « if » = albanais : enjë « if » ; sarde urtzula « clématite » = albanais : urth « lierre » ; sarde : rethi « tendril » = albanais : rrypthi « vrille »[59]. Il a également découvert quelques corrélations avec le monde des oiseaux des Balkans[60].

Selon Bertoldi et Terracini, le paléo-sarde présente des similitudes avec les langues ibériques et le siculien; par exemple, le suffixe -ara dans les proparoxytones indique le pluriel. Terracini a proposé la même chose pour les suffixes dans -/àna/, -/ànna/, -/énna/, -/ònna/, -/ònna/ + /r/ + une voyelle paragogique (comme le toponyme Bunnànnaru). Rohlfs, Butler et Craddock ajoutent le suffixe -/ini/ (tel que le toponyme Barumini) comme élément unique du paléo-sarde. Suffixes dans /a, e, o, o, u/ + -rr- a trouvé une correspondance en Afrique du Nord (Terracini), en Espagne (Blasco Ferrer), en Italie du Sud et en Gascogne (Rohlfs), avec une relation plus étroite avec le Basque (Wagner et Hubschmid). Selon Terracini, les suffixes -/ài/, -/éi/, -/éi/, -/òi/, -/òi/, et -/ùi/ sont communs aux paléo-sarde et le berbère. Pittau souligne qu'il s'agit de termes se terminant à l'origine par une voyelle accentuée, avec une voyelle paragogique attachée; le suffixe résiste à la latinisation dans certains noms de lieux, qui montrent un corps latin et un suffixe nuragique. Selon Bertoldi, certains toponymes se terminant par -/ài/ et -/asài/ indiquent une influence anatolienne. Le suffixe -/aiko/, largement utilisé en Ibérie et peut-être d'origine celtique, et le suffixe ethnique dans -/itanos/ et -/etanos/ (par exemple, les Sulcitanos sardes) ont également été notés comme éléments paléo-sardes (Terracini, Ribezzo, Wagner, Hubschmid et Faust).

Les linguistes Blasco Ferrer (2009, 2010) et Arregi (2017[61]) ont tenté de faire renaître un lien théorique avec le basque en associant des mots comme le Sard ospile « pâturage frais pour le bétail » et le basque ozpil ; le sarde arrotzeri « vagabond » et le basque arrotz « étranger » ; le sarde golostiu et le basque gorosti « houx » ; le gallurais (corso-sarde) zerru « porc » et le basque zerri. Les recherches génétiques ont montré que les Basques sont très proches des Sardes[62],[63],[64].

Depuis le Néolithique, un certain degré de variance entre les régions de l'île est également attesté. La culture d'Arzachena, par exemple, suggère un lien entre la région la plus septentrionale de la Sardaigne (Gallura) et la Corse du Sud, qui trouve une confirmation supplémentaire dans la Naturalis Historia de Pline l'Ancien. Il existe également quelques différences stylistiques entre le nord et le sud de la Sardaigne nuragique, ce qui peut indiquer l'existence de deux autres groupes tribaux (Balares et Ilienses) mentionnés par le même auteur romain. Selon l'archéologue Giovanni Ugas[65], ces tribus auraient en fait joué un rôle dans la formation des différences linguistiques régionales actuelles de l'île.

Période classique

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Chasseur, statuette de bronze, période nuragique.

Vers les Xe et IXe siècles av. J.-C., les marchands phéniciens étaient connus pour leur présence en Sardaigne, qui servait de médiateur géographique entre la péninsule ibérique et la péninsule italienne. Aux VIIIe et VIIe siècles, les Phéniciens ont commencé à établir des établissements permanents, politiquement organisés comme des cités-États, de la même manière que les zones côtières libanaises. Il ne fallut pas longtemps avant qu'ils ne commencent à graviter autour de la sphère d'influence carthaginoise, dont le niveau de prospérité poussa Carthage à envoyer une série de forces expéditionnaires sur l'île; bien que repoussée au départ par les indigènes, la ville nord-africaine poursuivit vigoureusement une politique d'impérialisme actif et, au sixième siècle, réussit à établir sa domination politique et militaire dans le sud-ouest de la Sardaigne. Le punique a commencé à être parlé dans la région, et beaucoup de mots sont entrés dans l'ancien sarde aussi bien. Des noms comme giara "plateau" (cf. hébreu ya'ar:"forêt, maquis"), g(r)uspinu "nasturtium" (cf. punique cusmin), curma "rue de Chalep" (cf. ḥarmal "rue de Syrie"), mítza "source d'eau" (cf. hebreu mitsa, motza "lieu d'où émerge quelque chose"), síntziri "prêle des marais" (du punique zunzur "renouée des oiseaux"), tzeúrra "pousse" (du punique zeraʿ "pépin"), tzichirìa "aneth" (du Punique sikkíria ; cf. hebreu šēkhār "bière") et tzípiri "romarin" (du punique zibbir) sont couramment utilisés, en particulier dans les variétés modernes sardes de la plaine campidanaise, tandis que vers le nord l'influence est plus limitée aux noms de lieux, comme Macumadas dans la province de Nuoro ou Magumadas dans Gesico et Nureci, qui proviennent du punique maqom hadash "nouvelle ville"[66],[67].

Les tribus sardes décrites par les Romains[68].
Durée de la domination romaine et apparition des langues romanes[69]

La domination romaine a commencé en 238 av. J.-C. et a apporté le latin en Sardaigne, mais elle a été souvent contestée par les tribus sardes locales et s'est avérée incapable de remplacer complètement les langues sardes pré-latines, y compris le punique, qui a continué à être parlé pendant le IVe siècle[70]. Quelques obscures racines nuragiques sont restées inchangées, et dans de nombreux cas le latin a accepté les racines locales (comme nur, probablement de Norax, qui fait son apparition dans nuraghe, Nurra, Nurri et plusieurs autres toponymes). La Barbagia, région montagneuse centrale de l'île, tire son nom du latin Barbaria (terme qui signifie " terre des barbares ", d'origine similaire au mot Barbarie), parce que son peuple a longtemps refusé l'assimilation culturelle et linguistique: 50% des toponymes de la Sardaigne centrale, particulièrement sur le territoire d'Olzai, ne sont en réalité liés à aucune langue connue[71].

Pendant la domination romaine, l'île connaît une nouvelle période d'isolement[72], dans laquelle elle devient une terre d'exil parmi des populations considérées comme proches des populations africaines et vouées au banditisme et à la piraterie[73]. Célèbres sont les invectives de Cicéron qui, en se moquant des Sardes rebelles au pouvoir romain, dénonçait leur manque de fiabilité en raison de leur supposée origine africaine[74], ayant en haine leur disposition à l'égard de Carthage plutôt que de Rome, et une langue incompréhensible[75].

Pendant la longue domination romaine, le latin devint cependant progressivement la langue de la majorité des habitants de l'île[76]. En conséquence de ce processus de romanisation, la langue moderne sarde est aujourd'hui classée comme romane ou néo-latine, avec quelques traits phonétiques qui ressemblent au vieux latin. Certains linguistes affirment que le sarde moderne, faisant partie du groupe des langues romanes insulaires[77], a été la première langue à se séparer du latin[78], et que toutes les autres langues ont évolué du latin vers le roman continental.

À cette époque, la seule littérature produite en Sardaigne l'était principalement en latin : les langues pré-romaines autochtones (paléo-sardes) et non autochtones (puniques) étaient déjà éteintes (la dernière inscription punique en Bithia, au sud de la Sardaigne, date du deuxième ou troisième siècle de notre ère[79]). Quelques poèmes gravés en grec ancien et en latin (les deux langues les plus prestigieuses de l'Empire romain[80]) se trouvent dans la grotte des couleuvres, à Calaris ou Cagliari ( Grutta'e sa Pibera en sarde, Grotta della Vipera en italien, Cripta Serpentum en latin), un monument funéraire construit par Lucius Cassius Philippus (romain exilé en Sardaigne) en mémoire de son épouse morte Atilia Pomptilla. Nous avons aussi des œuvres religieuses de Saint Lucifer et d'Eusèbe, tous deux de Cagliari.

Bien que la Sardaigne ait été influencée culturellement et gouvernée politiquement par l'Empire byzantin pendant près de cinq siècles, le grec n'est pas entré dans la langue à l'exception de quelques expressions rituelles ou formelles en sarde utilisant la structure grecque et, parfois, l'alphabet grec[81],[82]. Les condaghes, les premiers documents écrits en sarde, sont la preuve en ce sens. De la longue époque byzantine, il n'y a que quelques entrées, mais elles donnent déjà un aperçu de la situation sociolinguistique de l'île où, en plus de la langue néo-latine quotidienne de la communauté, le grec était également parlé par les classes dirigeantes[83]. Certains toponymes, tels que Jerzu (que l'on pense dériver du grec khérsos, "sec, stérile") et les noms personnels Mikhaleis, Konstantine et Basilis, démontrent une influence grecque[83].

Le condaghe de San Pietro di Silki (1065-1180), écrit en sarde.
Les dialectes depuis la fin du Moyen Âge : corse et gallurese (vert), sarde (orange), catalan (bleu)

Avec la conquête du sud de l'Italie et de la Sicile par les musulmans, les communications entre Constantinople et la Sardaigne se rompirent, et les quartiers sardes devinrent progressivement plus autonomes vis-à-vis de l'œcumène byzantin (grec: οἰκουμένη). La Sardaigne a ensuite été ramenée dans la sphère culturelle latine.

Période des Judicats

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Le sarde fut la première langue romane de tous à obtenir un statut officiel, utilisée par les quatre Judicats[84],[85],[86],[87],[88] d'anciens districts byzantins devenus des entités politiques indépendantes après que l'expansion arabe en Méditerranée eut coupé tous liens entre l'île et Byzance. L'exceptionnalité de la situation sarde, qui constitue en ce sens un cas unique dans tout le panorama roman, consiste dans le fait que les textes officiels ont été rédigés dès le début en sarde et ont complètement exclu le latin, contrairement à ce qui s'est passé à la même époque en France, en Italie et dans la péninsule ibérique ; le latin, même officiel, n'était en fait utilisé que dans les documents concernant les relations avec le continent[89].

L'un des documents les plus anciens laissés en sarde (la Carta Volgare) provient du Judicat de Cagliari et a été publié par Torchitorio I de Lacon-Gunale vers 1070, en utilisant l'alphabet grec[90]. Le vieux sarde avait plus d'archaïsmes et de latinismes que la langue actuelle. Alors que les premiers documents montrent l'existence d'un koine sarde précoce[91],[92], la langue utilisée par les différents Judicats présentait déjà un certain éventail de variations dialectales[47],[93]. Une position particulière était occupée par le Judicat d'Arborée, le dernier royaume sarde à tomber aux mains de puissances étrangères, dans lequel était parlé un dialecte de transition. La Carta de Logu du Royaume d'Arborée, l'une des premières constitutions de l'histoire, rédigée en 1355-1376 par Marianus IV et la Reine, la "giudicessa" (judikessa en sarde, jutgessa en catalan) Éléonore, fut écrite dans cette variété sarde, et resta en vigueur jusqu'en 1827[94]. On présume que les juges arboréens ont tenté d'unifier les dialectes sardes afin d'être les dirigeants légitimes de toute l'île sous un seul état (républica sardisca "République sarde")[95]; un tel but politique, après tout, était déjà manifeste en 1164, lorsque le juge arboreen Barison ordonna que son grand sceau soit fait avec les écrits "Baresonus Dei Gratia Rei Sardiniee" ("Barison, par la grâce de Dieu, roi de Sardaigne") et "Est vis Sardorum pariter regnum Populorum" ("Le règne du peuple est celui du peuple sarde")[96].

Les Statuts de Sassari (XIVe s.).
Extrait du condaghe de Bonarcado[97], 22 (1120-1146)
« Ego Gregorius, priore de Bonarcadu, partivi cun iudice de Gallulu. Coiuvedi Goantine Mameli, serbu de sancta Maria de Bonarcadu, cun Maria de Lee, ancilla de iudice de Gallul. Fegerunt II fiios: Zipari et Justa. Clesia levait a Zipari et iudice levait a Justa. Testes: Nigola de Pane, Comida Pira, Goantine de Porta, armentariu dessu archipiscobu. »

Dante Alighieri écrit dans son essai De vulgari eloquentia de 1302-05 que les Sardes, n'étant pas italiens (Latii) et n'ayant pas de lingua vulgaris à eux, ont plutôt singé le latin[98],[99],[100],[101],[102],[103]. L'opinion de Dante a été rejetée, car le Sarde avait suivi son propre courant d'une manière déjà inintelligible aux non-îliens. Dans le vers populaire du XIIe siècle tiré du poème en occitan Domna, tant vos ai preiada de Raimbaut de Vaqueiras, le sarde incarne, avec l'allemand et le berbère, une langage bizarre, faisant dire à l'épouse du troubadour "No t'entend plui d'un Todesco / Sardesco o Barbarì" ("Je ne vous comprends pas mieux que je comprends un Allemand / un Sarde ou un Berbère")[104],[105],[106],[103],[107]. Le poète toscan Fazio degli Uberti fait référence aux Sardes dans son poème Dittamondo comme "una gente che niuno non la intende / né essi sanno quel ch'altri pispiglia" ("un peuple que personne ne peut comprendre / ni ne parvient à connaître ce que disent les autres peuples")[108],[102],[103].

Le géographe musulman Muhammad al-Idrisi, qui vivait à Palerme, en Sicile, à la cour du roi Roger II, écrit dans son ouvrage Kitab Nuzhat al-mushtāq fi'khtirāq al-āfāq ("Le livre des voyages agréables en terre lointaine" ou, simplement, "Le livre de Roger") que "Les Sardes sont ethniquement Rūm Afāriqah (Romano-africains), comme les Berbères; ils évitent les contacts avec toutes les autres nations de Rūm et sont des gens déterminés et courageux qui ne quittent jamais les armes"[109],[110],[111],[112]. En effet, le sarde était perçu comme assez similaire aux dialectes latins autrefois parlés par les Berbères chrétiens en Afrique du Nord, ce qui donnait du crédit à la théorie selon laquelle le latin vulgaire, tant en Afrique qu'en Sardaigne, présentait une richesse significative de parallélismes[113]. J. N. Adams est d'avis que la présence de plusieurs mots assez rares dans le reste du paysage du roman, tels que acina (raisin), pala (épaule), ou même spanus en latin africain et le sarde spanu ("rougeâtre"), pourrait prouver qu'il existait une bonne quantité de vocabulaire autrefois partagé entre l'Afrique et la Sardaigne[114].

La littérature de cette période se compose principalement de documents juridiques, en plus de la Carta de Logu précitée. Le premier document contenant des éléments sardes est un don de 1063 à l'abbaye de Montecassino signé par Barisone I de Torres[115]. Autres documents sont la Carta Volgare (1070-1080) en sarde campidanais, le Privilege Logudorais (1080), la donation du Torchitorio (dans les archives de Marseille), la Carte Marsellaise 1190-1206 (en sarde campidanais) et une communication 1173 entre l'évêque Bernardo de Civita et Benedetto, qui a dirigé l'Opera del Duomo à Pise. Les Statuts de Sassari (1316) et de Castelgenovese (v. 1334) sont écrits en sarde logudorais.

Dans la deuxième moitié du XIIIe siècle date la première chronique écrite dans la lingua sive ydiomate sardo[116], suivant les caractéristiques stylistiques typiques de l'époque. Le manuscrit, écrit par une personne anonyme et conservé aux Archives d'État de Turin, porte le titre de Condagues de Sardina et retrace les événements des juges qui se sont succédé au Judicat de Torres ; la dernière édition critique de la chronique fut rééditée en 1957 par Antonio Sanna.

Première page de la Carta de Logu arboréen.

Période ibérique - Influence catalane et espagnole

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Avec la conquête des Judicats de Cagliari et de Gallura, le pape Boniface VIII crée le royaume de Sardaigne et de Corse (Regnum Sardiniæ et Corsicæ) le [117], afin de pacifier les conflits en Sicile entre la couronne d’Aragon et la maison d’Anjou. Cela a conduit à la création du Royaume aragonais de Sardaigne et à une longue période de guerre entre les Aragonais et les Sardes, qui s'est terminée par une victoire aragonaise à Sanluri en 1409 et la renonciation à tout droit successoral signé par Guillaume II de Narbonne en 1420[118]. Pendant cette période, le clergé adopta le catalan comme langue principale, reléguant le sarde à un statut secondaire mais néanmoins pertinent au regard des actes officiels et de la loi du Royaume (la Carta de Logu fut étendue à la plus grande partie de l'île en 1421 par le Parlement). En accord avec le De rebus Sardois de Fara[119], l'avocat sarde Sigismondo Arquer, auteur de Sardiniae brevis historia et descriptio dans la Cosmographia Universalis de Sebastian Münster (dont le paragraphe sur la langue aurait été extrapolé grossièrement également par Conrad Gessner dans son Sur les différentes langues utilisées par les différentes nations du globe[120]), a déclaré que le sarde prévalait dans la majeure partie du Royaume, en particulier dans l'intérieur rural, le catalan et l'espagnol étant parlés dans les villes où la classe dominante est éventuellement plurilinguée dans les langues indigènes et ibériques[121]; Alghero est encore aujourd'hui une enclave catalanophone en Sardaigne[122].

La guerre de longue durée et la peste noire ont eu un effet dévastateur sur l'île, dépeuplant une grande partie de l'île. Les habitants de l'île voisine de la Corse commencèrent à s'installer sur la côte nord de la Sardaigne, ce qui donna naissance aux Sassarais et aux Gallurais[123],[124].

Extrait de sa Vitta et sa Morte, et Passione de sanctu Gavinu, Prothu et Januariu (A. Cano, ~1400)[125]

O

Deu eternu, sempre omnipotente,
In s’aiudu meu ti piacat attender,
Et dami gratia de poder acabare
Su sanctu martiriu, in rima vulgare,
5. De sos sanctos martires tantu gloriosos
Et cavaleris de Cristus victoriosos,
Sanctu Gavinu, Prothu e Januariu,
Contra su demoniu, nostru adversariu,
Fortes defensores et bonos advocados,
10. Qui in su Paradisu sunt glorificados
De sa corona de sanctu martiriu.
Cussos sempre siant in nostru adiutoriu.
Amen.

Bien que le catalan soit largement parlé et écrit sur l'île à cette époque (laissant une influence durable en sarde), il existe quelques écrits sur le sarde, qui a été estimé comme étant la langue ordinaire des Sardes par les Jésuites en 1561[126]. L'un d'eux est Sa Vitta et sa Morte, et Passione de sanctu Gavinu, Brothu et Ianuariu, écrit par Antòni Canu (1400-1476) et publié en 1557.

Les Dix Livres de Fortune d'amour, roman pastoral écrit en espagnol par le poète sarde Antonio de Lofraso (1573).

Le XVIe siècle est plutôt marqué par un nouveau renouveau littéraire sarde : Rimas Spirituales, de Hieronimu Araolla[127], visait à "glorifier et enrichir le sarde, notre langue" (magnificare et arrichire sa limba nostra sarda) comme l'avaient déjà fait les poètes espagnols, français et italiens pour leurs langues (la Deffense et illustration de la langue française et il Dialogo delle lingue)[46],[128] Antonio Lo Frasso, poète né à Alghero[129] (ville dont il se souvient affectueusement) qui a passé sa vie à Barcelone, a écrit des poèmes lyriques en sarde[130].

Par le mariage d'Isabelle de Castille et de Ferdinand II d'Aragon en 1469 et, plus tard en 1624, la réorganisation de la monarchie dirigée par le comte-duc d'Olivares, la Sardaigne rejoindra progressivement une large sphère culturelle espagnole et quittera l'exclusive aragonaise. L'espagnol était perçu comme une langue élitiste, gagnant du terrain parmi la classe dirigeante sarde ; l'espagnol avait donc une influence profonde sur le sarde, surtout dans ces mots, styles et modèles culturels en raison du prestigieux rôle international de la monarchie des Habsbourg et de la Cour[127]. La plupart des auteurs sarde ont écrit en espagnol et sarde jusqu'au XIXe siècle et étaient bien versés dans la première, comme Vicente Bacallar y Sanna qui était un des fondateurs de la Real Academia Española[131]. Une exception notable est Pedro Delitala (1550-1590), qui décide d'écrire en italien[129],[132]. Néanmoins, la langue sarde conserve une grande partie de son importance, étant la seule langue que les habitants des zones rurales continuent de parler[133].

Le sarde était également l'une des rares langues officielles, avec l'espagnol, le catalan et le portugais, dont la connaissance était requise pour être un officier dans les tercios espagnols[134].

Entre-temps, le prêtre orgolais Ioan Matheu Garipa, qui traduisait l'italien Leggendario delle Sante Vergini e Martiri di Gesù Cristo vers le sarde (Legendariu de Santas Virgines, et Martires de Iesu Christu) en 1627, soulignait la noblesse du sarde par rapport au latin classique[135] et lui attribuait dans le Prologue, comme Araolla l'avait fait avant lui, une importante valeur ethnique et nationale[136].

Selon le philologue Paolo Maninchedda, ces auteurs, à commencer par Araolla, "n'ont pas écrit sur la Sardaigne ou en sarde pour s'intégrer dans un système insulaire, mais pour inscrire la Sardaigne et sa langue - et avec elles, eux-mêmes - dans un système européen. Élever la Sardaigne à une dignité culturelle égale à celle des autres pays européens signifiait également promouvoir les Sardes, et en particulier les Sardes éduqués, qui avaient le sentiment de manquer de racines et d'appartenance dans le "système culturel continental"[137].

Période savoyarde - influence italienne

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« A sos tempos de sa pitzinnìa, in bidda, totus chistionaiamus in limba sarda. In domos nostras no si faeddaiat atera limba. E deo, in sa limba nadìa, comintzei a connoscher totu sas cosas de su mundu. A sos ses annos, intrei in prima elementare e su mastru de iscola proibeit, a mie e a sos fedales mios, de faeddare in s'unica limba chi connoschiamus: depiamus chistionare in limba italiana, «la lingua della Patria», nos nareit, seriu seriu, su mastru de iscola. Gai, totus sos pitzinnos de 'idda, intraian in iscola abbistos e allirgos e nde bessian tontos e cari-tristos. »

— Frantziscu Masala, Sa limba est s'istoria de su mundu; Condaghe de Biddafraigada, Condaghes, p. 4

« Quand j'étais enfant dans le village, nous parlions tous le sarde. Dans nos maisons, aucune autre langue n'était parlée. Et j'ai commencé à connaître toutes les choses du monde dans ma langue maternelle. Quand j'avais six ans, je suis allé à l'école primaire et l'instituteur m'a interdit, à moi et à mes camarades, de parler la seule langue que nous connaissions : nous devions parler en italien, « la lingua della Patria », a-t-il dit sérieusement. C'est ainsi que tous les enfants du village sont entrés à l'école éveillés et joyeux et en sont sortis étourdis et tristes. »

— Sa limba est s'istoria de su mundu; Condaghe de Biddafraigada, Condaghes, p. 4

L'issue de la guerre de succession espagnole détermine la souveraineté autrichienne de l'île, confirmée ensuite par les traités d'Utrecht et de Rastatt (1713-1714) bien qu'elle ne dure que quatre ans car, en 1717, une flotte espagnole réoccupe Cagliari et l'année suivante, par un traité ratifié à La Haye en 1720, la Sardaigne est attribuée à Victor-Amédée II, en contrepartie de la Sicile. L'île est ainsi entrée dans l'orbite italienne après l'orbite ibérique. Ce transfert, dans un premier temps, n'implique aucun changement de langue et de coutumes : les Sardes continuent à utiliser les langues sarde et ibérique et même les symboles dynastiques aragonais et castillan seront remplacés par la croix de Savoie seulement en 1767[138]. La langue sarde, bien que pratiquée dans un état de diglossie, n'avait jamais été réduite au rang sociolinguistique de "dialecte", son indépendance linguistique étant universellement perçue et parlée par toutes les classes sociales[139] ; l'espagnol, par contre, était le code linguistique de prestige connu et utilisé par les strates sociales de culture au moins moyenne, de sorte que Joaquin Arce s'y réfère en termes de paradoxe historique : Le castillan était devenu la langue commune des îliens au siècle même où ils ont officiellement cessé d'être espagnols pour devenir italiens[140],[141]. Compte tenu de la situation actuelle, la classe dirigeante piémontaise, dans cette première période, se limite à maintenir les institutions politiques et sociales locales, en prenant soin de les vider de leur sens en même temps[142].

Cela était dû à trois raisons éminemment politiques : premièrement, la nécessité, en premier lieu, de respecter à la lettre les dispositions du Traité de Londres, signé le 2 août 1718, qui imposait le respect des lois fondamentales et des privilèges du Royaume nouvellement cédé, deuxièmement, la nécessité de ne pas générer de friction sur le front intérieur de l'île, largement pro-espagnol ; enfin, l'espoir, suscité depuis quelque temps déjà par les souverains savoyards, de pouvoir se débarrasser de la Sardaigne et récupérer la Sicile[143]. Étant donné que l'imposition d'une nouvelle langue, telle que l'italien, en Sardaigne aurait enfreint l'une des lois fondamentales du Royaume, Victor-Amédée II souligne en 1721 que cette opération doit être menée de manière relativement furtive (insensibilmente)[144]. Cette prudence se retrouve en juin 1726 et janvier 1728, lorsque le roi a exprimé son intention de ne pas abolir le sarde et l'espagnol, mais seulement de diffuser la connaissance de l'italien[145]. Le désarroi initial des nouveaux dominateurs, qui avaient pris le relais des précédents, à l'égard de l'altérité culturelle de la possession insulaire se manifeste par une étude spéciale, commandée et publiée en 1726 par le jésuite barolais Antonio Falletti, intitulée Memoria dei mezzi che si propone per introdurre l'uso della lingua italiana in questo Regno (« Mémoire des moyens proposés pour introduire la langue italienne dans ce Royaume »), dans laquelle il était recommandé au gouvernement savoyard de recourir au la méthode d'apprentissage ignotam linguam per notam expōnĕre (« présenter une langue inconnue [l'italien] à travers une langue connue [l'espagnol] ») pour italianiser l'île[146]. La même année, Victor-Amédée II avait exprimé la volonté de ne plus tolérer la méconnaissance de l'italien parmi les îliens, étant donné les inconvénients que cela causait aux fonctionnaires qui venaient en Sardaigne depuis le continent[147]. Les restrictions sur les mariages mixtes entre femmes sardes et officiers piémontais, jusqu'alors interdits par la loi[148], seront levées et même encouragées afin de mieux diffuser la langue parmi les autochtones[149].

Cimetière historique de Ploaghe, où 39 épitaphes gravées en sarde et 3 en italien ont été conservées[150]. Dans ces pierres tombales, qui remontent à la seconde moitié du XIXe siècle, il est possible d'observer le processus de conversion linguistique ; notez, à gauche, la présence d'une pierre tombale en sarde avec référence aux prénoms historiques, complètement absents dans ceux, plus à droite, écrits en italien.

La relation entre le nouvel idiome italien et l'idiome natif, inséré dans un contexte historiquement marqué par une perception d'altérité linguistique[151], a été immédiatement placée dans une relation (quoique inégale) entre des langues fortement distinctes, plutôt qu'entre une langue et son dialecte comme ce fut le cas dans d'autres régions italiennes ; Les Espagnols eux-mêmes, qui constituaient la classe dirigeante aragonaise et castillane, considéraient le sarde comme une langue distincte de la leur et de l'italien[152]. L'altérité perçue du sarde était cependant aussi pleinement ressentie par les Italiens qui se rendaient sur l'île et rapportaient leur expérience avec la population locale[153], qu'ils comparaient aux Espagnols ou aux anciens peuples de l'Orient[154],[155],[156]. Bien que l'italien soit considéré par certains comme « non indigène » ou « étranger »[157], cet idiome avait jusqu'alors joué un rôle propre dans le nord de la Sardaigne, qui avait subi dans la tradition orale et écrite un processus de toscanisation qui avait commencé au XIIe siècle et s'était consolidé ensuite[158]; dans les zones sardophones, correspondant aux centre-nord et sud de l'île, l'italien était au contraire presque inconnue parmi la population, éduquée ou non.

Néanmoins, la politique du gouvernement savoyard en Sardaigne, alors dirigée par le ministre Bogino, d'aliéner l'île de la sphère culturelle et politique espagnole afin de l'aligner sur l'Italie et particulièrement sur le Piémont[159],[160], eut pour résultat l'imposition de l'italien par une loi en 1760[161],[162],[163],[164],[165] à la suite des États sardes de terre-ferme et notamment du Piémont[166], où l'usage de l'italien fut officiellement consolidé depuis des siècles et renforcé davantage par l’édit de Rivoli. En 1764, l'imposition de la langue italienne a finalement été étendue à tous les secteurs de la vie publique[167],[168], parallèlement à la réorganisation des universités de Cagliari et de Sassari, qui a vu l'arrivée du personnel continental, et celle de l'enseignement inférieur, qui a établi l'envoi d'enseignants du Piémont pour compenser l'absence de professeurs italophones sardes[169]. Cette manœuvre n'était pas principalement liée à la promotion du nationalisme italien sur la population sarde, mais plutôt à un projet de renforcement géopolitique de la domination savoyarde sur la classe instruite de l'île, encore très liée à la péninsule ibérique, par le désinvestissement linguistique et culturel et la neutralisation des éléments portant les traces de la domination antérieure; néanmoins, l'espagnol a continué à être largement utilisé, dans les registres paroissiaux et les actes officiels, jusqu'en 1828[170], et l'effet le plus immédiat n'a donc été que la marginalisation sociale du sarde, puisque, pour la première fois, même les classes riches de la Sardaigne rurale (les printzipales) ont commencé à percevoir la sardophonie comme un handicap[167]. Le système administratif et pénal français introduit par le gouvernement savoyard, capable de s'étendre de manière très articulée dans tous les villages de Sardaigne, représentait pour les Sardes le principal canal de contact direct avec la nouvelle langue hégémonique[171]; pour les classes supérieures, même la suppression de l'ordre des Jésuites en 1774 et leur remplacement par les pro-Italien Piaristes[172], et les œuvres de la matrice des Lumières, imprimées dans le continent, jouèrent un rôle considérable dans leur italianisation primaire. Dans le même temps, divers cartographes piémontais ont italianisé les toponymes de l'île : bien que certains soient restés inchangés, la plupart ont subi un processus d'adaptation à la prononciation italienne, sinon de remplacement par des désignations en italien, qui continue aujourd'hui, souvent artificielles et résultant d'une mauvaise interprétation de la signification dans l'idiome local[168].

À la fin du XVIIIe siècle, dans le sillage de la Révolution française, un groupe de petite bourgeoisie, appelé « Parti patriotique », se forme, méditant sur l'établissement d'une République sarde libérée du joug féodal et sous protection française ; ainsi, de nombreux pamphlets diffusés sur l'île, imprimés principalement en Corse et écrits en sarde, dont le contenu, inspiré par les valeurs des Lumières et apostrophé par les évêques sardes comme « Jacobin-Maçonnique », a incité le peuple à se rebeller contre la domination du Piémont et les abus baronaux dans la campagne. Le produit littéraire le plus célèbre de cette période de tension, qui éclate le 28 avril 1794, est le poème anti-féodal de Su patriotu sardu a sos feudatarios, testament moral et civil nourri des idéaux démocratiques français et marqué par un sentiment patriotique renouvelé[173],[174].

La première étude systématique de la langue sarde a été rédigée en 1782 par le philologue Matteo Madau, sous le titre de Il ripulimento della lingua sarda lavorato sopra la sua antologia colle due matrici lingue, la greca e la latina[175]. Dans l'introduction, il s'est plaint du déclin général de la langue (« La langue de la Sardaigne, notre nation, vénérable pour son antiquité, précieuse pour l'excellent fonds de ses dialectes, nécessaire pour la société privée et publique de nos compatriotes, mensonge en somme l'oubli à ce jour, par les mêmes abandonnée et par les étrangers niée comme inutile »), l'intention patriotique qui animait Madau était en fait celle de tracer le chemin idéal par lequel le sarde pourrait parvenir à la reconnaissance définitive comme la seule langue nationale de l'île[176],[177],[178],[179] ; cependant, le climat de répression du gouvernement savoyard envers la culture sarde aurait conduit Madau à voiler ses propositions avec une intention littéraire, se révélant incapable de les traduire dans la réalité[180]. Le premier volume de dialectologie comparée a été produit en 1786 par le jésuite catalan Andrés Febres, connu en Italie sous le faux nom de Bonifacio d'Olmi , de retour de Lima où il avait publié un livre de grammaire mapuche en 1764. Après avoir déménagé à Cagliari, il s'est intéressé au sarde et a mené une recherche sur trois dialectes spécifiques ; le but du travail, intitulé Prima gramma grammatica de' tre dialetti sardi[181], était de « donner les règles de la langue sarde » et inciter les Sardes à « cultiver et favoriser leur langue maternelle, avec l'italien ». Le gouvernement de Turin, après avoir examiné l'œuvre, décida de ne pas permettre sa publication : Victor-Amédée III considéra comme un affront le fait que le livre contienne une dédicace bilingue en italien et en sarde, une erreur que ses successeurs, tout en se référant à la « patrie sarde », éviteraient alors, en s'assurant de ne faire usage que d'italien[180]. Dans le climat de restauration monarchique qui a suivi l'infructueuse révolution de Angioy, d'autres intellectuels sardes, tous caractérisés à la fois par une attitude de dévouement à leur île et de fidélité avérée à la Maison de Savoie, ont posé en fait encore plus explicitement la « question de la langue sarde », mais utilisant généralement l'italien comme langue pour transmettre les textes. À une courte distance de la saison de la révolte anti-piémontaise, en 1811, il y a la timide publication du prêtre Vincenzo Raimondo Porru, qui, cependant, se réfère uniquement à la seule variante méridionale (d'où le titre d'essai Saggio di grammatica del dialetto sardo meridionale) et, par prudence envers le roi, exprimé seulement en termes d'apprentissage de l'italien, au lieu de protection du sarde[182]. Il convient de noter la Ortographia sarda nationale (« Orthographe nationale sarde ») par le chanoine, professeur et sénateur Giovanni Spano, qui a élevé une variante sarde unanimement acceptée comme une koinè, illustre en raison de sa relation étroite avec le latin, de la même manière que le dialecte florentin s'était établi en Italie comme « italien illustre »[183],[184].

Le royaume de Piémont-Sardaigne en 1856.

Selon le juriste italien Carlo Baudi di Vesme, l'interdiction et l'éradication de la langue sarde de tout profil privé et social de l'île aurait été souhaitable et nécessaire, en tant qu'œuvre d'« incivilisation » de l'île, pour qu'elle soit ainsi intégrée dans l'orbite désormais nettement italienne du Royaume[185]. L'enseignement primaire, dispensé uniquement en italien, a donc contribué à une lente diffusion de cette langue parmi les autochtones, provoquant pour la première fois un processus d'érosion et d'extinction linguistique ; le sarde était en effet présenté par le système éducatif italien comme la langue des socialement marginalisés, ainsi que sa limba de su famine ou sa lingua de su famini (« la langue de la faim »), et coresponsable endogène de l'isolement et de la misère de l'île, et inversement l'italien était présenté comme un agent d'émancipation sociale à travers son intégration socio-culturelle avec le continent. En 1827, la Carta de Logu, le corpus juridique historique traditionnellement connu sous le nom de « consuetud de la nació sardesca », fut finalement abrogé en faveur des Leggi civili e criminali del Regno di Sardegna[186],[187].

La fusion parfaite avec le continent, né sous les auspices d'une "transplantation en Sardaigne, sans réserves ni obstacles, de la civilisation et de la culture continentales"[188], aurait déterminé la perte de l'autonomie politique sarde résiduelle[186],[189] et marqué le moment historique où, par convention, "la langue de la nation sarde a perdu sa valeur comme instrument de reconnaissance ethnique d'un peuple et sa culture, pour être codifiée et renforcée, et est devenue l'un des nombreux dialectes régionaux subordonnés à la langue nationale"[190].

Famille lisant L'Unione Sarda, quotidien sarde de langue italienne fondé en 1889.

Malgré ces politiques d'acculturation, l'hymne du royaume de Sardaigne (composé par Vittorio Angius et mis en musique par Giovanni Gonella en 1843) aurait été S'hymnu sardu nationale jusqu'en 1861, remplacé par la Marcia Reale[191]. Le chanoine Salvatore Carboni publia à Bologne, en 1881, un ouvrage controversé intitulé Sos discursos sacros in limba sarda, dans lequel il regrettait que la Sardaigne hoe provinzia italiana non podet tenner sas lezzes e sos attos pubblicos in sa propia limba (« en tant que province italienne, elle ne peut avoir de lois et actes publics en sa propre langue ») et, affirmant que sa limba sarda, totu chi non-offiziale, durat in su Populu Sardu cantu durat durat sa Sardigna (« la langue sarde, bien que non officielle, durera dans le peuple sarde aussi longtemps que la Sardaigne »), il se demande enfin : Proite mai nos hamus a dispreziare cun d'unu totale abbandonu sa limba sarda, antiga et nobile cantu's italiana, sa franzesa et s'ispagnola? (« Pourquoi mépriser avec un abandon total la langue sarde, vieille et noble comme l'italien, le français et l'espagnol ? »)[192],[193].

La politique d'assimilation forcée a atteint son point culminant au cours des vingt années du régime fasciste, qui a finalement déterminé l'entrée définitive de l'île dans le système culturel national à travers le travail conjoint du système éducatif et du système à parti unique[194], dans un crescendo d'amendes et d'interdictions qui a conduit à un nouveau déclin sociolinguistique du sarde[195],[93]. Parmi les diverses expressions culturelles soumises à la censure, le régime a également réussi à interdire, de 1932 à 1937 (1945 dans certains cas[196]), le sarde de l'église et des manifestations du folklore de l'île[197], comme les concours poétiques organisés dans cette langue[198],[199],[200],[201]; paradigmatique est le cas de Salvatore Poddighe, tué désespérément après le vol de son grand œuvre, Sa Mundana Cummedia[202].

L'époque contemporaine

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Le sarde est l'une des communautés linguistiques minoritaires officiellement reconnues en Italie[203].

La prise de conscience du thème de la langue sarde dans l'agenda politique est entrée beaucoup plus tard que dans d'autres périphéries européennes marquées par la présence de minorités ethniques et linguistiques[204]: au contraire, cette période a été marquée par le rejet du sarde par les classes moyennes italianisées[195], la langue et la culture sarde étant encore considérées comme les symboles du sous-développement de la région[189]. En fait, une forte opposition à la langue a été observée au niveau institutionnel et dans le circuit intellectuel italien, une conception alors intériorisée dans l'imaginaire nationale, elle a été (la plupart du temps pour des raisons idéologiques ou comme un résidu, adoptée par inertie, de coutumes[205] données par les premiers) souvent étiquetée comme un "dialecte italien", contrairement à l'opinion des chercheurs et même de certains nationalistes italiens comme Carlo Salvioni[206], souffrant de toutes les discriminations et préjugés liés à une telle association, étant notamment considéré comme une "forme basse" d'expression[207],[208] et la démonstration d'un certain "traditionalisme"[209],[210].

Au moment de la rédaction du statut autonome, le législateur a décidé d'éviter comme base de la spécialité sarde les références à l'identité géographique et culturelle[211],[212],[213],[214], considérées comme des précurseurs dangereux de revendications autonomistes plus radicales ou même indépendantistes; le projet de statut, qui émerge dans un contexte national déjà modifié par la rupture de l'unité antifasciste, et dans un contexte marqué par les faiblesses chroniques de la classe dirigeante sarde et la radicalisation entre les revendications fédéralistes locales et celles, à l'inverse, plus ouvertement hostiles à l'idée d'autonomie pour l'île[215], apparaît finalement comme le résultat d'un compromis, se limitant plutôt à reconnaître certaines revendications socio-économiques contre le continent[216],[217], comme la demande du développement industriel sarde par des installations militaires et des « plans spécifiques de relance » préparés par le gouvernement central[218]. Bien loin d'affirmer une autonomie sarde fondée sur la reconnaissance d'une identité culturelle spécifique, le résultat de cette saison n'a donc été que « un autonomisme clairement inspiré par l'économisme, parce que nous ne voulions pas ou ne pouvions pas dessiner une autonomie forte, culturellement motivée, une spécificité sarde qui ne se termine pas par un retard et une pauvreté économique »[219]. Le statut, qui a finalement été rédigé par la Commission des 75 à Rome, était justifié par le "retard" économique particulier de la région, à la lumière duquel on espérait que le "plan de renaissance" industriel susmentionné serait rapidement mis en œuvre pour l'île : contrairement à d'autres statuts spéciaux, le statut sarde ne faisait pas référence à la communauté effective visée dans ses sphères sociales et culturelles, qui étaient plutôt encadrées dans une seule communauté, à savoir la communauté nationale italienne[220]. Emilio Lussu, qui confie à Pietro Mastino qu'il n'a voté en faveur du projet final que " pour éviter que le statut ne soit pas approuvé même sous cette forme réduite ", est le seul membre, lors de la session du 30 décembre 1946, à revendiquer en vain l'obligation d'enseigner la langue sarde, arguant qu'il s'agit d'" un patrimoine millénaire qui doit être préservé "[221].

Entretemps, des politiques d'assimilation auraient également été appliquées après la seconde Guerre mondiale[93], avec une italianisation progressive des sites historiques et des objets de la vie quotidienne et une éducation obligatoire qui enseignait l'usage de la langue italienne, sans prévoir un enseignement parallèle de la langue sarde et, au contraire, en la décourageant activement par des interdictions et une surveillance générale de ceux qui en faisaient la promotion[222] : les enseignants italiens méprisaient en effet cette langue, qu'ils considéraient comme un patois incompréhensible et grossier, contribuant à réduire encore plus son prestige auprès des habitants sardes eux-mêmes.

Les règles statutaires ainsi esquissées se sont révélées être un outil inadéquat pour répondre aux problèmes de l'île[223],[189]; au tournant des années cinquante et soixante, d'ailleurs, le véritable processus de remplacement de la langue sarde par la langue italienne[46] a commencé, en raison de la diffusion, tant sur l'île que dans le reste du territoire italien, des médias de masse qui ne transmettent que dans la langue italienne[224]. Par-dessus tout, la télévision a répandu l'usage de l'italien et a facilité sa compréhension et son utilisation même parmi les personnes qui, jusqu'alors, s'étaient exprimées exclusivement en sarde. Dès la fin des années 1960[223],[225],[189], de nombreuses campagnes ont donc été lancées en faveur d'un bilinguisme véritablement égalitaire comme élément de sauvegarde de l'identité culturelle : la première demande a été formulée par une résolution adoptée à l'unanimité par l'Université de Cagliari en 1971, dans laquelle les autorités politiques régionales et nationales étaient invitées à reconnaître les Sardes comme minorité ethnolinguistique et le sarde comme langue officielle de l'île[226]. Célèbre est le rappel, quelques mois avant sa mort en 1977, du poète Raimondo Piras, qui dans No sias isciau[227] appelait à la récupération de la langue pour s'opposer à la "de-sardisation" des générations futures[196]. Dans les années 1980, trois projets de loi ont été présentés au Conseil régional avec un contenu similaire à celui de la résolution adoptée par l'Université de Cagliari[46]. L'une des premières lois définitivement approuvées par le législateur régional, la Legge Quadro per la Tutela e Valorizzazione della Lingua e della Cultura della Sardegna du 3 août 1993, a été immédiatement rejetée par la Cour constitutionnelle à la suite d'un recours du gouvernement central[228]. Comme on le sait, il aurait fallu encore quatre ans pour que la législation régionale ne soit pas soumise au jugement de constitutionnalité, et deux autres années pour que le sarde soit reconnu en Italie en même temps que les onze autres minorités ethnolinguistiques.

Une étude promue par MAKNO en 1984 a révélé que les trois quarts des Sardes étaient favorables à la fois à l'enseignement bilingue dans les écoles (22 % de l'échantillon voulait une introduction obligatoire et 54,7 % facultative) et à un statut de bilinguisme officiel en Val d'Aoste et Haut Adige (62,7 % de l'échantillon pour, 25,9 % contre et 11,4 % incertain)[229]. Ces données ont été partiellement corroborées par une autre enquête démoscopique réalisée en 2008, dans laquelle 57,3% des personnes interrogées se sont montrées favorables à la présence de sardes pendant les heures d'école, en compagnie d'italiens[230].

Certaines personnalités pensent que le processus d'assimilation peut conduire à la mort du peuple sarde[231],[232], contrairement à ce qui s'est passé, par exemple, en Irlande. Bien que la langue et la culture sardes soient sujettes à de profonds ferments identitaires[46], ce que l'analyse révèle semble être une régression lente mais constante de la compétence active et passive de cette langue, pour des raisons essentiellement politiques et socio-économiques (l'utilisation de l'italien présenté comme une clé de la promotion et du progrès social[233], la stigmatisation associée à l'utilisation du sarde, le dépeuplement progressif des zones intérieures vers les zones côtières, l'afflux des populations de la péninsule et les problèmes potentiels de compréhension mutuelle entre les différentes langues parlées, etc[234]: le nombre d'enfants qui utiliseraient activement le sarde s'effondre à moins de 13%, d'ailleurs concentrés dans les zones intérieures comme le Goceano, la haute Barbagia et les Baronies[235],[236],[237],[238]. Compte tenu de la situation de certains centres sardes (comme Laerru, Chiaramonti et Ploaghe) dans lesquels le taux de sardophonie des enfants est égal à 0 %, il y a ceux qui parlent d'un « suicide linguistique » après quelques dizaines d'années[239].

Fréquence d'utilisation des langues régionales en Italie (ISTAT, 2015).

Néanmoins, selon les analyses sociolinguistiques susmentionnées, un tel processus n'est pas du tout homogène[240],[241], se présentant d'une manière beaucoup plus évidente dans les villes que dans les pays. De nos jours, le sarde est une langue dont la vitalité est reconnaissable dans un état instable[46] de diglossie et de commutation de code, et qui n'entre pas (ou ne s'est pas largement répandue) dans l'administration, dans le commerce, dans l'église[242], dans l'école[239], dans les universités locales de Sassari[243],[244] et de Cagliari et dans les médias de masse[245],[246],[247],[248]. Suivant l'échelle de vitalité linguistique proposée par un panel spécial de l'UNESCO en 2003[249], le sarde fluctuerait entre une condition de "définitivement en danger" (les enfants n'apprennent plus la langue), également attribuée dans le Livre rouge, et une condition "de grave danger d'extinction" (gravement en danger : la langue est surtout utilisée par la génération des grands-parents vers le haut) ; selon le critère EGIDS (Expanded Graded Intergenerational Disruption Scale) proposé par Lewis et Simons, le sarde se situerait entre le niveau 7 (Instable : la langue n'est plus transmise à la génération suivante[250]) et 8a (Moribond : les seuls locuteurs actifs de la langue appartiennent à la génération des grands-parents[250]) correspondant respectivement aux deux grades de l'échelle UNESCO précités. Selon les données publiées par l'ISTAT en 2006[251], 52,5 % de la population sarde n'utilise que l'italien dans un domaine comme la famille, tandis que 29,3% pratiquent l'alternance linguistique et seulement 16,6 % déclarent utiliser le sarde ou d'autres langues non italiennes ; en dehors du milieu privé et convivial, les pourcentages sanctionnent une fois encore la prédominance exclusive de l'italien (77,1 %) au détriment du sarde ou des autres langues, toutes encore à 5,2 %.

Les années 1990 ont vu un renouveau des formes expressives de la scène musicale sarde : de nombreux artistes, allant des genres plus traditionnels comme le chant (cantu a tenore, cantu a chiterra, gosos, etc.) et le théâtre (Mario Deiana, Alessandro Serra avec le Macbettu) aux plus modernes comme le rock (Kenze Neke, Askra, Tzoku, Tazenda, etc) ou le hip-hop (Drer e CRC Posse, Quilo, Sa Razza, Malam, Menhir, Stranos Elementos, Randagiu Sardu, Futta, su akru , etc.) utilisent le langage pour promouvoir l'île et reconnaître ses vieux problèmes et ses nouveaux défis[252],[253],[254],[255]. Il y a aussi des films (comme Su Re, Bellas Mariposas, Treulababbu, Sonetaula, etc.) réalisés en sarde avec sous-titres en italien[256], et d'autres avec sous-titres en sarde[257].

Depuis les sessions d'examens de 2013, les tentatives de certains étudiants de présenter tout ou partie de l'examen en sarde[258],[259],[260],[261],[262],[263],[264],[265],[266],[267],[268] ont récemment surpris, vu la non-institutionalisation (de facto) de la langue déjà mentionnée. De plus, les déclarations de mariage dans cette langue sont également de plus en plus fréquentes à la demande des époux[269],[270],[271],[272],[273].

L'initiative virtuelle de certains Sardes sur Google Maps a provoqué une agitation particulière, en réponse à une ordonnance du Ministère de l'Infrastructure qui ordonnait à tous les maires de la région d'éliminer les panneaux en sarde placés à l'entrée des villes : toutes les municipalités avaient en effet pris leur nom original depuis environ un mois, jusqu'à ce que le personnel de Google décide de retourner la toponymie en italien seulement[274],[275],[276].

Dans l'ensemble, des dynamiques telles que la reconnaissance tardive du statut de minorité linguistique, accompagnée d'un travail d'italianisation progressive mais omniprésente promu par le système éducatif (l'éducation ne relève pas des compétences de la région et est gérée par l'État au niveau central), le système administratif et les médias, suivie de la rupture de la transmission intergénérationnelle, ont fait que la vitalité du sarde aujourd'hui peut être définie comme gravement compromise[277]. Il y a une division substantielle entre ceux qui pensent que la loi protégeant la langue est arrivée trop tard[278], estimant que son utilisation a été remplacée par celle de l'italien, et ceux qui prétendent au contraire qu'il est essentiel de renforcer l'utilisation actuelle de cette langue.

En conclusion, la communauté sarde constituerait encore, avec environ 1,7 million de locuteurs natifs autoproclamés (dont 1 291 000 sont présents en Sardaigne), la plus grande minorité ethnolinguistique reconnue en Italie[7], même si paradoxalement, c'est celle qui est la moins protégée. En dehors de l'Italie, où il n'existe actuellement pratiquement aucune possibilité d'enseignement structuré de la langue minoritaire susmentionnée (l'Université de Cagliari se distingue pour avoir ouvert pour la première fois un cours spécifique en 2017[279]), des cours spécifiques sont parfois organisés dans des pays comme l'Allemagne (Université de Stuttgart, Munich, Tübingen, Mannheim[280], etc.), l'Espagne (Université de Gérone)[281], l'Islande[282] et la République tchèque (Université de Brno)[283],[284]; pendant un certain temps, le professeur Sugeta en a aussi tenu quelques-uns au Japon à l'Université de Waseda (Tokyo)[285],[286],[287].

Le groupe de recherche Euromosaic, commissionné par la Commission européenne dans le but de dresser un tableau de la situation linguistique dans les territoires européens marqués par des minorités ethnolinguistiques, conclut son rapport :

« Il semble qu'il s'agisse d'une autre langue minoritaire en danger. Les agences responsables de la production et de la reproduction de la langue ne remplissent plus le rôle qu'elles ont joué dans la dernière génération. Le système éducatif ne soutient en aucune façon la langue, sa production et sa reproduction. La langue sarde ne jouit d'aucun prestige et, dans les contextes de travail, son utilisation ne découle d'aucun processus systématique, mais est simplement spontanée. Il semble qu'il s'agisse d'une langue reléguée aux interactions entre amis et parents très localisés. Sa base institutionnelle est extrêmement faible et en déclin continu. Néanmoins, il y a une certaine inquiétude parmi ses locuteurs, qui ont un lien émotionnel avec la langue et sa relation avec l'identité sarde. »

— Rapport Sardinian language use survey, Euromosaic, 1995

Entretemps, on constate que l'italien érode, avec le temps, de plus en plus d'espaces associés au sarde, aujourd'hui dans un état de déclin général à l'exception déjà mentionnée de quelques "poches linguistiques". Là où la pratique linguistique du sarde est aujourd'hui en fort déclin pour toute l'île, elle est commune dans les nouvelles générations de toute origine sociale[288], maintenant monolingue et monoculturelle italienne, celle du "Italien régional de Sardaigne" (souvent appelé par les sardophones, en signe de mépris ironique, italiànu porcheddìnu[289]) : il s'agit d'una variété de l'italien qui est fortement influencée par les influences phonologiques, morphologiques et syntaxiques de la langue sarde, même chez ceux qui ne la connaissent pas.

« La subordination sociolinguistique du sarde à l'italien a conduit à un processus de dégénérescence progressive de la langue sarde en un patois qualifié d'italien régional. Ce nouveau code linguistique, qui résulte de l'interférence entre l'italien et le sarde, est particulièrement répandu parmi les classes culturelles et sociales les moins privilégiées. »

— Rapport Sardinian in Italy, Euromosaic, 1995

Comme l'explique Matteo Valdes, « la population de l'île voit, jour après jour, le déclin de ses langues d'origine. Ils sont complices de ce déclin, transmettant à leurs enfants la langue du prestige et du pouvoir, mais en même temps ils ont le sentiment que la perte des langues locales est aussi une perte d'eux-mêmes, de leur histoire, de leur identité ou de leur caractère distinctif »[290]. Le processus d'assimilation culturelle étant maintenant achevé[291], le bilinguisme est en grande partie sur papier et, puisqu'il n'existe toujours pas de mesures concrètes d'usage officiel même en Sardaigne, la langue sarde continue son agonie, quoique à un rythme plus lent qu'il y a quelque temps, notamment grâce aux efforts des différentes associations culturelles qui en font la promotion. A ce jour, il est peu probable qu'une solution réglementaire à la question de la langue sarde soit trouvée dans un avenir proche[46]. En tout cas, on peut donc dire que le sarde laissera ses traces en l'italien local actuellement parlé sous la forme d'un substrat.

Formes écrites et classification

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Dans leurs formes écrites majeures, on distingue un logudorese illustre et un campidanese illustre, formes standardisées qui se disputent la suprématie littéraire. Un effort d’unification, notamment par une norme écrite unifiée, c'est la Limba Sarda Comuna (it), créée par l'administration régionale et compréhensible par tous les locuteurs du sarde, ainsi que par les locuteurs d'autres langues locales (sassarese, gallurese, alguerès, tabarquin) en tant que variété médian.

Toutes les variétés de sarde, l'une plus que l'autre, conservent une forme nettement archaïque, mais en même temps des traces des substrats pré-romains (surtout au centre-est avec des liens possibles avec le basque[292]) et des superstrats catalans (de XIVe siècle), espagnols (de la fin du XVe siècle) et italiens de 1720 et après.

Les deux variétés principales

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Le sarde possède deux grandes variétés :

  • Le logoudorien ou logoudorais (logudoresu), parlé dans le centre-nord, lui-même divisé en deux variétés :
    • le logoudorien commun, reconnu souvent comme le sarde littéraire, parlé dans la région de Logudoro
    • le logoudorien central ou nuorais (nugoresu), parlé dans la région de la Barbagia, dans la province de Nuoro
  • Le campidanien ou campidanais (campidanesu), parlé dans la partie sud de l’île. Il comprend :

En revanche, ni le gallurais, ni le sassarese, proches entre eux, ne correspondent à la définition d'une macro-langue sarde. Leurs traits sont nettement corse/toscan, avec un pluriel en -i, un article italien, mais avec du vocabulaire et certains traits sardes comme le son cacuminal. Certains linguistes les rattachent dès lors plus au corse/toscan qu’au sarde à cause leur origine du XIe au XVIIIe siècle, et ils en font donc deux subdivisions du corse. D’autres, pour des raisons de regroupement régional, les mettent sur un pied d’égalité avec les deux variantes évoquées ci-dessus (logudorais et campidanais) ou les reconnaissent en tant que langues individuelles. Le sarde a servi de superstrat ou d'adstrat pour ces deux variantes, qui correspondent à une bande de territoire dans le nord de l’île :

À noter aussi la présence d'autres variétés :

Sociolinguistique

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Le premier à avoir évoqué le sarde et son caractère archaïsant est Dante, qui écrivit notamment dans De vulgari eloquentia que les Sardes n'étaient pas Italiens et étaient les seuls à ne pas posséder leur propre langue vulgaire « parce qu'ils imitent le latin comme les singes imitent les hommes ».

« Sardos etiam, qui non Latii sunt sed Latiis associandi videntur, eiciamus, quoniam soli sine proprio vulgari esse videntur, gramaticam tanquam simie homines imitantes: nam domus nova et dominus meus locuntur »

Pourtant, la langue sarde a une tradition écrite vivace même si elle ne s'est pas forgée une norme durable. Pendant la domination aragonaise, le catalan était la langue officielle, bientôt supplanté par le castillan et par l’italien (en 1764, dans le cadre du royaume savoyard). La présence d’îlots allophones (voir ci-dessus), notamment à Alghero (depuis le XIVe siècle) et dans les îles de San Pietro et de Sant’Antioco (depuis le XVIIIe siècle), constitue une trace de ces faits historiques.

Un rôle important pour la conservation de la langue sarde a été la tradition poétique et les joutes poétiques (garas poeticas, gare poetiche en italien), où l'improvisation et la verve des chanteurs attiraient les foules.

Signalisation locale bilingue en italien et en sarde.

Le premier texte littéraire semble être celui d’Antonio Cano sur des martyrs locaux, au XVe siècle, dans une langue assez normalisée (mais qui se délitera un siècle après) :

« Tando su rey barbaru su cane renegadu
de custa resposta multu restayt iradu
& issu martiriu fetit apparigiare
itu su quale fesit fortemente ligare
sos sanctos martires cum bonas catenas
qui li segaant sos ossos cum sas veinas
& totu sas carnes cum petenes de linu. »

Le sarde, comme les autres dialectes non sardes de la région de Sassari ou de la Gallura, ou comme le catalan ou le génois tabarquin, est désormais protégé par la loi régionale no 26 du qui lui reconnaît le statut de langue régionale protégée et qui est entrée en vigueur le (intitulée : Promozione e valorizzazione della cultura e della lingua della Sardegna). Le sarde est utilisé dans la signalisation routière bilingue de certaines municipalités.

Notes et références

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  77. Koryakov[source insuffisante].
  78. Huiying Zhang, « From Latin to the Romance languages: A normal evolution to what extent? », Quarterly Journal of Chinese Studies, vol. 3, no 4,‎ , p. 105–111 (lire en ligne)
  79. Barreca F.(1988), La civiltà fenicio-punica in Sardegna, Carlo Delfino Editore, Sassari
  80. Cum utroque sermone nostro sis paratus. Svetonio, De vita Caesarum, Divus Claudius, 42
  81. M. Wescher e M. Blancard, Charte sarde de l’abbaye de Saint-Victor de Marseille écrite en caractères grecs, in "Bibliothèque de l’ École des chartes", 35 (1874), p. 255–265
  82. Un’inedita carta sardo-greca del XII secolo nell’Archivio Capitolare di Pisa, di Alessandro Soddu – Paola Crasta – Giovanni Strinna
  83. a et b Giulio Paulis, Lingua e cultura nella Sardegna Bizantina, Sassari, 1983.
  84. "La langue sarde a acquis la dignité d'une langue nationale dès la fin du XIe siècle lorsque, grâce à des circonstances historiques, politiques et sociales favorables, elle a échappé à la limitation de l'usage oral à la forme écrite pour devenir le vulgaire sarde." Cecilia Tasca (a cura di), 2003. Manoscritti e lingua sarda, La memoria storica, p.15
  85. «De plus, les Sardes sont le premier peuple de langue romane qui ont fait de la langue des gens du peuple la langue officielle de l'Etat, le Gouvernement...» Puddu, Mario (2002). Istoria de sa limba sarda, Ed. Domus de Janas, Selargius, pg.14
  86. Gian Giacomo Ortu, La Sardegna dei Giudici p.264, Il Maestrale 2005
  87. Maurizio Virdis, Le prime manifestazioni della scrittura nel cagliaritano, in Judicalia, Atti del Seminario di Studi Cagliari 14 dicembre 2003, a cura di B. Fois, Cagliari, Cuec, 2004, p. 45-54.
  88. Comme souligne Ludovico Antonio Muratori, « Potissimum vero ad usurpandum in scriptis Italicum idioma gentem nostram fuisse adductam puto finitimarum exemplo, Provincialium, Corsorum atque Sardorum » ('En réalité, je crois que notre peuple[les Italiens] ont été incités à employer la langue italienne pour écrire en prenant exemple sur nos voisins, les Provençaux, les Corse et les Sardes") et « Sardorum quoque et Corsorum exemplum memoravi Vulgari sua Lingua utentium, utpote qui Italis preivisse in hoc eodem studio videntur » ("J'ai en outre rappelé l'exemple des Sardes et des Corses, qui ont utilisé leur propre langue vulgaire, en étant les deux qui avaient précèdé les Italiens en ce sens"). Antonio, Ludovico Antonio (1739). Antiquitates Italicae Moedii Evi, Mediolani, t. 2, col.1049
  89. «Un caso unico - e a parte - nel dominio romanzo è costituito dalla Sardegna, in cui i documenti giuridici incominciano ad essere redatti interamente in volgare già alla fine dell'XI secolo e si fanno più frequenti nei secoli successivi. (...) L'eccezionalità della situazione sarda nel panorama romanzo consiste - come si diceva - nel fatto che tali testi sono stati scritti sin dall'inizio interamente in volgare. Diversamente da quanto succede a questa altezza cronologica (e anche dopo) in Francia, in Provenza, in Italia e nella Penisola iberica, il documento sardo esclude del tutto la compresenza di volgare e latino. (...) il sardo era usato prevalentemente in documenti a circolazione interna, il latino in documenti che concernevano il rapporto con il continente.» Lorenzo Renzi, Alvise Andreose, Manuale di linguistica e filologia romanza, Il Mulino, 2009, pp. 256-257.
  90. Ferrer, Eduardo Blasco (1984). Storia Linguistica Della Sardegna, pg.65, De Gruyter
  91. Tagliavini, Carlo (1964). Le origini delle lingue neolatine, Patron, Bologna, pg.450
  92. Salvi, Sergio. Le lingue tagliate: storia delle minoranze linguistiche in Italia, Rizzoli, 1975, p. 176-177
  93. a b et c Lubello, Sergio (2016). Manuale Di Linguistica Italiana, De Gruyter, Manuals of Romance linguistics, p.499
  94. La Carta de Logu, La Costituzione Sarda
  95. Barisone II of Arborea, G. Seche, L'incoronazione di Barisone "Re di Sardegna" in due fonti contemporanee: gli Annales genovesi e gli Annales pisani, Rivista dell'Istituto di storia dell'Europa mediterranea, Consiglio Nazionale delle Ricerche, no 4, 2010
  96. Casula, Francesco Cesare (2017). La scrittura in Sardegna dal nuragico ad oggi, Carlo Delfino Editore, p. 91
  97. Raimondo Carta-Raspi, Condaghe di S. Maria di Bonarcado, Cagliari, Edizioni della Fondazione Il nuraghe,
  98. Britannica[source insuffisante].
  99. Dantis Alagherii De Vulgari Eloquentia Liber Primus, The Latin Library: Sardos etiam, qui non Latii sunt sed Latiis associandi videntur, eiciamus, quoniam soli sine proprio vulgari esse videntur, gramaticam tanquam simie homines imitantes: nam domus nova et dominus meus locuntur. (Lib. I, XI, 7)
  100. De Vulgari Eloquentia (English translation)
  101. De Vulgari Eloquentia 's Italian paraphrase by Sergio Cecchini
  102. a et b « Marinella Lőrinczi, La casa del signore. La lingua sarda nel De vulgari eloquentia ».
  103. a b et c Salvi, Sergio. Le lingue tagliate: storia delle minoranze linguistiche in Italia, Rizzoli, 1975, pp.195
  104. Domna, tant vos ai preiada (BdT 392.7), vv. 74-75
  105. Leopold Wagner, Max. La lingua sarda, a cura di Giulio Paulis « https://web.archive.org/web/20160126223757/http://ir.nmu.org.ua/bitstream/handle/123456789/118720/655bf1c05b3e99f095c9edecc51f53a3.pdf?sequence=1 »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), – Ilisso, p. 78
  106. « Le sarde, une langue normale » (consulté le ).
  107. Rebecca Posner (ed. by), John N. Green (1982). Language and Philology in Romance, Mouton Publishers, p. 178
  108. Dittamondo III XII 56 ss.
  109. « Contu, Giuseppe. Sardinia in Arabic sources ». Annali della Facoltà di Lingue e Letterature Straniere dell'Università di Sassari, Vol. 3 (2003 pubbl. 2005), p. 287-297. ISSN 1828-5384
  110. Traduction par Michele Amari: «I sardi sono di schiatta Rum Afariqah (latina d'Africa), berberizzanti. Rifuggono (dal consorzio) di ogni altra nazione di Rum: sono gente di proposito e valorosa, che non lascia mai l'arme.» Note au passage de Mohamed Mustafa Bazama: «Questo passo, nel testo arabo, è un poco differente, traduco qui testualmente: "gli abitanti della Sardegna, in origine sono dei Rum Afariqah, berberizzanti, indomabili. Sono una (razza a sé) delle razze dei Rum. [...] Sono pronti al richiamo d'aiuto, combattenti, decisivi e mai si separano dalle loro armi (intende guerrieri nati).» Mohamed Mustafa Bazama (1988). Arabi e sardi nel Medioevo. Cagliari: Editrice democratica sarda. p. 17, 162.
  111. Autre traduction en italien du passage original en arabe : «I sardi, popolo di razza latina africana piuttosto barbaro, che vive appartato dal consorzio delle altre genti latine, sono intrepidi e risoluti; essi non abbandonano mai le armi.» Al Idrisi, traduzione e note di Umberto Rizzitano (2008). Il Libro di Ruggero. Il diletto di chi è appassionato per le peregrinazioni attraverso il mondo. Palermo: Flaccovio Editore
  112. Mastino, Attilio (2005). Storia della Sardegna antica, Edizioni Il Maestrale, p. 83
  113. Paolo Pompilio (1455-91): «ubi pagani integra pene latinitate loquuntur et, ubi uoces latinae franguntur, tum in sonum tractusque transeunt sardinensis sermonis, qui, ut ipse noui, etiam ex latino est" ("Où les villageois parlent un latin presque intact et, lorsque les mots latins sont corrompus, ils passent au son et aux habitudes de la langue sarde, qui, comme je le sais moi-même, vient aussi du latin."). Cité dans Loporcaro, Michele (2015). Vowel Length from Latin to Romance, Oxford University Press, p.48
  114. J.N. Adams, The Regional Diversification of Latin 200 BC - AD 600, Cambridge University Press, 2007, p.576
  115. "Archivio Cassinense Perg. Caps. XI, n. 11 " e "TOLA P., Codice Diplomatico della Sardegna, I, Sassari, 1984, p. 153"
  116. Antonietta Orunesu, Valentino Pusceddu (a cura di). Cronaca medioevale sarda: i sovrani di Torres, 1993, Astra, Quartu S.Elena, p. 11
  117. Christophe Roux, Corse française et Sardaigne italienne: Fragments périphériques de construction nationale, Éditions L'Harmattan, 01/052014
  118. Francesco Cesare Casula, La storia di Sardegna, 1994
  119. « [Les Sardes] parlent leur propre langue, le sarde, aussi bien en vers qu'en prose, et ce particulièrement au Cap de Logudoro où il est plus pur, plus riche et plus élégant. Et comme ils sont des immigrants ici, et tous les jours d'autres viennent ici pour faire des affaires, de nombreux Espagnols (Tarragonais ou Catalans) et Italiens, ils parlent aussi espagnol (tarragonais ou catalan) et italien, de sorte que dans le même peuple se dialogue dans toutes ces langues. Les Cagliaritains et les Alguérois s'expriment cependant, en général, dans la langue de leurs aînés, le catalan, tandis que les autres conservent la langue authentique des Sardes. Texte original : <<[Sardi] Loquuntur lingua propria sardoa, tum ritmice, tum soluta oratione, praesertim in Capite Logudorii, ubi purior copiosior, et splendidior est. Et quia Hispani plures Aragonenses et Cathalani et Itali migrarunt in eam, et commerciorum caussa quotidie adventant, loquuntur etiam lingua hispanica et cathalana et italica; hisque omnibus linguis concionatur in uno eodemque populo. Caralitani tamen et Algharenses utuntur suorum maiorum lingua cathalana; alii vero genuinam retinent Sardorum linguam.>> » Fara, Francesco Giovanni (1580). De Rebus Sardois, De natura et moribus Sardorum, 1835-1580, Turin, p. 51
  120. Gessner, Conrad (1555). De differentiis linguarum tum veterum tum quae hodie apud diversas nationes in toto orbe terraru in usu sunt, Sardorum lingua: pp. 66-67
  121. Sigismondo Arquer (edited by Maria Teresa Laneri, 2008). Sardiniae brevis historia et descriptio, CUEC, pg.30, De Sardorum Lingua. « Les Sardes avaient certainement une fois leur propre langue, mais comme plusieurs peuples ont immigré sur l'île et que son gouvernement a été pris en charge par des souverains étrangers (c'est-à-dire Latins, Pisains, Génois, Espagnols et Africains), leur langue était fortement corrompue, tout en restant un grand nombre de mots qui ne se retrouvent dans aucun langage. Aujourd'hui encore, le sarde conserve de nombreux mots de la langue latine. (…) C'est pourquoi les Sardes, selon les régions, parlent si différemment : précisément parce qu'ils avaient une domination si variée ; néanmoins, ils se comprennent parfaitement. Sur cette île, cependant, il y a deux langues principales, l'une utilisée dans les villes et l'autre en dehors des villes : les citoyens parlent couramment la langue espagnole, tarragonais ou catalan, qu'ils ont appris des Espagnols, qui couvrent dans ces villes la plupart du système judiciaire ; les autres, cependant, conservent la langue authentique des Sardes. Texte original : <<Habuerunt quidem Sardi linguam propriam, sed quum diversi populi immigraverint in eam atque ab exteris principibus eius imperium usurpatum fuerit, nempe Latinis, Pisanis, Genuensibus, Hispanis et Afris, corrupta fuit multum lingua eorum, relictis tamen plurimis vocabulis, quae in nullo inveniuntur idiomate. […] Hinc est quod Sardi in diversis locis tam diverse loquuntur, iuxta quod tam varium habuerunt imperium, etiamsi ipsi mutuo sese recte intelligant. Sunt autem duae praecipuae in ea insula linguae, una qua utuntur in civitatibus, et altera qua extra civitates. Oppidani loquuntur fere lingua Hispanica, Tarraconensi seu Catalana, quam didicerunt ab Hispanis, qui plerumque magistratum in eisdem gerunt civitatibus: alii vero genuinam retinent Sardorum Linguam.>> » Sigismondo, Arquer (1549). Sardiniae brevis historia et descriptio, De Sardorum Lingua
  122. Why is Catalan spoken in L'Alguer? – Corpus Oral de l'Alguerès
  123. Carlo Maxia, Studi Sardo-Corsi, Dialettologia e storia della lingua fra le due isole
  124. Ciurrata di la linga gadduresa, Atti del II Convegno Internazionale di Studi
  125. « Sa Vitta et sa Morte, et Passione de sanctu Gavinu, Prothu et Januariu », sur filologiasarda.eu (consulté le ).
  126. Turtas, Raimondo (1981). La questione linguistica nei collegi gesuitici in Sardegna nella seconda metà del Cinquecento, in “Quaderni sardi di storia” 2, p. 57-87, at p. 60
  127. a et b Lingua sarda, Letteratura, Dalle origini al '700 . Sardegna Cultura
  128. Incipit à la "lettre au maître" en "La Sardegna e la Corsica", Ines Loi Corvetto, Torino, UTET Libreria, 1993: Semper happisi desiggiu, Illustrissimu Segnore, de magnificare, & arrichire sa limba nostra Sarda; dessa matessi manera qui sa naturale insoro tottu sas naciones dessu mundu hant magnificadu & arrichidu; comente est de vider per isos curiosos de cuddas.
  129. a et b J. Arce, La literatura hispánica de Cerdeña. Revista de la Facultad de Filología, 1956
  130. Lo Frasso, Antonio (1573). Los diez libros de fortuna d'Amor
  131. Vicenç Bacallar, el sard botifler als orígens de la Real Academia Española - VilaWeb
  132. Rime diverse, Cagliari, 1595
  133. Storia della lingua sarda, vol. 3, a cura di Giorgia Ingrassia e Eduardo Blasco Ferrer
  134. Olaya, Vicente G. (2019), La segunda vida de los tercios, El País: "Los tercios españoles solo podían ser comandados por soldados que hablasen castellano, catalán, portugués o sardo. Cualquier otro tenía vedado su ascenso, por eso los italianos que chapurreaban español se hacían pasar por valencianos para intentar su promoción"
  135. "Las apo voltadas in sardu menjus qui non in atera limba pro amore de su vulgu […] qui non tenjan bisonju de interprete pro bi-las decrarare, et tambene pro esser sa limba sarda tantu bona, quanta participat de sa latina, qui nexuna de quantas limbas si plàtican est tantu parente assa latina formale quantu sa sarda. […] Et quando cussu non esseret, est suficiente motiuu pro iscrier in Sardu, vider, qui totas sas nationes iscriven, & istampan libros in sas proprias limbas naturales in soro, preciandosi de tenner istoria, & materias morales iscritas in limba vulgare, pro qui totus si potan de cuddas aprofetare. Et pusti sa limba latina Sarda est clara & intelligibile (iscrita, & pronunciada comente conuenit) tantu & plus qui non quale si querjat dessas vulgares, pusti sos Italianos, & Ispagnolos, & totu cuddos qui tenen platica de latinu la intenden medianamente." Garipa, Ioan Matheu (1627). Legendariu de santas virgines, et martires de Iesu Crhistu, 1627, Per Lodouicu Grignanu, Roma
  136. « Totu sas naziones iscrient e imprentant sos libros in sas propias limbas nadias e duncas peri sa Sardigna – sigomente est una natzione – depet iscriere e imprentare sos libros in limba sarda. Una limba - sighit Garipa - chi de seguru bisongiat de irrichimentos e de afinicamentos, ma non est de contu prus pagu de sas ateras limbas neolatinas. » (« Toutes les nations écrivent et impriment des livres dans leur langue maternelle, et donc la Sardaigne - puisque c'est une nation - doit écrire et imprimer des livres en langue sarde. Une langue qui a sans doute besoin d'être enrichie et classée, mais qui n'est pas moins importante que les autres langues néolatines. »). Cité dans Casula, Francesco. Sa chistione de sa limba in Montanaru e oe
  137. Paolo Maninchedda (2000): Nazionalismo, cosmopolitismo e provincialismo nella tradizione letteraria della Sardegna (secc. XV–XVIII), in: Revista de filología Románica, 17, p. 178
  138. M. Lepori, Dalla Spagna ai Savoia. Ceti e corona della Sardegna del Settecento (Roma, 2003)
  139. Eduardo Blasco Ferrer, Peter Koch, Daniela Marzo, Manuale di linguistica sarda. Manuals of Romance linguistics, De Gruyter Mouton, , p. 169
  140. Joaquín Arce (1960), España en Cerdeña. Aportación cultural y testimonios de su influjo, Madrid, Consejo Superior de Investigaciones Científicas, Instituto «Jerónimo Zurita», p. 128
  141. Eduardo Blasco Ferrer, Peter Koch, Daniela Marzo, Manuale di linguistica sarda. Manuals of Romance linguistics, De Gruyter Mouton, , 168-169 p.
  142. Eduardo Blasco Ferrer, Peter Koch, Daniela Marzo, Manuale di linguistica sarda. Manuals of Romance linguistics, De Gruyter Mouton, , p. 201
  143. Cardia, Amos (2006). S'italianu in Sardìnnia candu, cumenti e poita d'ant impostu: 1720-1848; poderi e lìngua in Sardìnnia in edadi spanniola, Iskra, Ghilarza, p. 86-87
  144. Roberto Palmarocchi (1936). Sardegna sabauda. Il regime di Vittorio Amedeo II. Cagliari: Tip. Mercantile G. Doglio. p. 95.
  145. Palmarocchi, Roberto (1936). Sardegna sabauda, v.I, Tip. Mercantile G. Doglio, Cagliari, p. 87
  146. (it) Eduardo Blasco Ferrer et Giorgia Ingrassia, Storia della lingua sarda : dal paleosardo alla musica rap, evoluzione storico-culturale, letteraria, linguistica. Scelta di brani esemplari commentati e tradotti, Cagliari, Cuec, , p. 110.
  147. Rossana Poddine Rattu. Biografia dei viceré sabaudi del Regno di Sardegna (1720-1848). Cagliari: Della Torre. p. 31.
  148. Luigi La Rocca, La cessione del Regno di Sardegna alla Casa Sabauda. Gli atti diplomatici e di possesso con documenti inediti, in "Miscellanea di Storia Italiana. Terza Serie", v.10, Torino, Fratelli Bocca, 1905, p. 180-188.
  149. Eduardo Blasco Ferrer, Peter Koch, Daniela Marzo (2017). Manuale di linguistica sarda. Manuals of Romance linguistics. De Gruyter Mouton. p. 210.
  150. « Cimitero antico », sur Site officiel de la commune.
  151. Manuale di linguistica sarda, 2017, A cura di Eduardo Blasco Ferrer, Peter Koch, Daniela Marzo. Manuals of Romance Linguistics, De Gruyter Mouton, p. 209: « La più diffusa, e storicamente precocissima, consapevolezza dell'isola circa lo statuto di "lingua a sé" del sardo, ragion per cui il rapporto tra il sardo e l'italiano ha teso a porsi fin dall'inizio nei termini di quello tra due lingue diverse (benché con potere e prestigio evidentemente diversi), a differenza di quanto normalmente avvenuto in altre regioni italiane, dove, tranne forse nel caso di altre minoranze storiche, la percezione dei propri «dialetti» come «lingue» diverse dall'italiano sembrerebbe essere un fatto relativamente più recente e, almeno apparentemente, meno profondamente e drammaticamente avvertito. Né prima né dopo il passaggio del Regno di Sardegna dalla Spagna ai Savoia, infatti, nessun sardo, per quanto incolto, avrebbe potuto condividere o prendere per buono il noto cliché, piuttosto diffuso in altre regioni, del proprio dialetto quale forma «corrotta» e degradata dell'italiano stesso. ».
  152. Manuale di linguistica sarda, 2017, A cura di Eduardo Blasco Ferrer, Peter Koch, Daniela Marzo. Manuals of Romance Linguistics, De Gruyter Mouton, p. 210
  153. « Ma la percezione di alterità linguistica era condivisa e avvertita da qualsiasi italiano che avesse occasione di risiedere o passare nell'isola. » Eduardo Blasco Ferrer, Peter Koch, Daniela Marzo, Manuale di linguistica sarda. Manuals of Romance linguistics, De Gruyter Mouton, 2017, p. 209.
  154. L'officier Giulio Bechi a dit ceci à propos des Sardes qui parlent « un terribile idioma, intricato come il saraceno, sonante come lo spagnolo. [...] immagina del latino pestato nel mortaio con del greco e dello spagnolo, con un pizzico di saraceno, masticato fitto fitto in una barba con delle finali in os e as; sbatti tutto questo in faccia a un mortale e poi dimmi se non val lo stesso esser sordomuti! » Giulio Bechi, Caccia grossa. Scene e figure del banditismo sardo, Nuoro, Ilisso, 1997, 1900, p. 43, 64.
  155. « Lingue fuori dell'Italiano e del Sardo nessuno ne impara, e pochi uomini capiscono il francese; piuttosto lo spagnuolo. La lingua spagnuola s'accosta molto anche alla Sarda, e poi con altri paesi poco sono in relazione. [...] La popolazione della Sardegna pare dalli suoi costumi, indole, etc., un misto di popoli di Spagna, e del Levante conservano vari usi, che hanno molta analogia con quelli dei Turchi, e dei popoli del Levante; e poi vi è mescolato molto dello Spagnuolo, e dirò così, che pare una originaria popolazione del Levante civilizzata alla Spagnuola, che poi coll'andare del tempo divenne più originale, e formò la Nazione Sarda, che ora distinguesi non solo dai popoli del Levante, ma anche da quelli della Spagna. » Francesco D'Austria-Este, Descrizione della Sardegna (1812), ed. Giorgio Bardanzellu, Cagliari, Della Torre, 1993, 1812, p. 43, 64.
  156. Antonio Bresciani, Dei costumi dell'isola di Sardegna comparati cogli antichissimi popoli orientali, Napoli, Giannini Francesco, (lire en ligne)
  157. [...]È tanto nativa per me la lingua italiana, come la latina, francese o altre forestiere che solo s'imparano in parte colla grammatica, uso e frequente lezione de' libri, ma non si possiede appieno[...] diceva infatti tale Andrea Manca Dell'Arca, agronomo sassarese della fine del Settecento ('Ricordi di Santu Lussurgiu di Francesco Maria Porcu In Santu Lussurgiu dalle Origini alla Grande Guerra - Grafiche editoriali Solinas - Nuoro, 2005)
  158. Francesco Sabatini, Minoranze e culture regionali nella storiografia linguistica italiana, sta in I dialetti e le lingue delle minoranze di fronte all'italiano (Atti dell'XI Congresso internazionale di studi della SLI, Società di linguistica italiana, a cura di Federico Albano Leoni, Cagliari, 27-30 maggio 1977 e pubblicati da Bulzoni, Roma, 1979, p. 14)
  159. L'italianizzazione dell'isola fu un obiettivo fondamentale della politica sabauda, strumentale a un più ampio progetto di assimilazione della Sardegna al Piemonte, Cardia, Amos (2006). S'italianu in Sardìnnia candu, cumenti e poita d'ant impostu: 1720-1848; poderi e lìngua in Sardìnnia in edadi spanniola, Iskra, Ghilarza, p. 92
  160. « En aquest sentit, la italianització definitiva de l'illa representava per a ell l'objectiu més urgent, i va decidir de contribuir-hi tot reformant les Universitats de Càller i de Sàsser, bandejant-ne alhora els jesuïtes de la direcció per tal com mantenien encara una relació massa estreta amb la cultura espanyola. El ministre Bogino havia entès que només dins d'una Universitat reformada podia crear-se una nova generació de joves que contribuïssin a homogeneïtzar de manera absoluta Sardenya amb el Piemont. » Joan Armangué i Herrero (2006). Represa i exercici de la consciència lingüística a l'Alguer (ss.XVIII-XX), Arxiu de Tradicions de l'Alguer, Cagliari, I.1
  161. Cardia, Amos (2006). S'italianu in Sardìnnia candu, cumenti e poita d'ant impostu: 1720-1848; poderi e lìngua in Sardìnnia in edadi spanniola, Iskra, Ghilarza, p. 88, 91
  162. The phonology of Campidanian Sardinian : a unitary account of a self-organizing structure, Roberto Bolognesi, The Hague : Holland Academic Graphics
  163. S'italianu in Sardìnnia , Amos Cardia, Askra
  164. S'italianu in Sardigna? Impostu a òbligu de lege cun Boginu - LimbaSarda 2.0
  165. La "limba" proibita nella Sardegna del Settecento (da "Ritorneremo", una storia tramandata oralmente) - MeiloguNotizie.net
  166. « Ai funzionari sabaudi, inseriti negli ingranaggi dell'assolutismo burocratico ed educati al culto della regolarità e della precisione, l'isola appariva come qualcosa di estraneo e di bizzarro, come un Paese in preda alla barbarie e all'anarchia, popolato di selvaggi tutt'altro che buoni. Era difficile che quei funzionari potessero considerare il diverso altrimenti che come puro negativo. E infatti essi presero ad applicare alla Sardegna le stesse ricette applicate al Piemonte. Dirigeva la politica per la Sardegna il ministro Bogino, ruvido e inflessibile. ». Guerci, Luciano (2006). L'Europa del Settecento : permanenze e mutamenti , UTET, p. 576
  167. a et b Bolognesi, Roberto; Heeringa, Wilbert. Sardegna fra tante lingue, pp.25, 2005, Condaghes
  168. a et b Salvi, Sergio (1974). Le lingue tagliate, Rizzoli, pg.181
  169. Cardia, Amos (2006). S'italianu in Sardìnnia candu, cumenti e poita d'ant impostu: 1720-1848; poderi e lìngua in Sardìnnia in edadi spanniola, Iskra, Ghilarza, p. 89
  170. Caria, Clemente (1981). Canto sacro-popolare in Sardegna, Oristano, S'Alvure, p. 45
  171. « Il sistema di controllo capillare, in ambito amministrativo e penale, che introduce il Governo sabaudo, rappresenterà, fino all'Unità, uno dei canali più diretti di contatto con la nuova lingua "egemone" (o lingua-tetto) per la stragrande maggioranza della popolazione sarda. » Eduardo Blasco Ferrer, Giorgia Ingrassia (a cura di). Storia della lingua sarda : dal paleosardo alla musica rap, evoluzione storico-culturale, letteraria, linguistica. Scelta di brani esemplari commentati e tradotti, 2009, Cuec, Cagliari, p. 111
  172. Cardia, Amos (2006). S'italianu in Sardìnnia candu, cumenti e poita d'ant impostu: 1720-1848; poderi e lìngua in Sardìnnia in edadi spanniola, Iskra, Ghilarza, p. 89, 92
  173. (it) Eduardo Blasco Ferrer et Giorgia Ingrassia, Storia della lingua sarda : dal paleosardo alla musica rap, evoluzione storico-culturale, letteraria, linguistica. Scelta di brani esemplari commentati e tradotti, Cagliari, Cuec, , p. 127.
  174. Salvi, Sergio (1974). Le lingue tagliate, Rizzoli, p. 182-183
  175. Madau, Matteo (1782). Saggio d'un opera intitolata Il ripulimento della lingua sarda lavorato sopra la sua analogia colle due matrici lingue, la greca e la latina, Bernardo Titard, Cagliari
  176. Matteo Madau - Dizionario Biografico Treccani
  177. Matteo Madau, Ichnussa
  178. Sa limba tocare solet inue sa dente dolet - Maurizio Virdis
  179. Un arxipèlag invisible: la relació impossible de Sardenya i Còrsega sota nacionalismes, segles XVIII-XX - Marcel Farinelli, Universitat Pompeu Fabra. Institut Universitari d'Història Jaume Vicens i Vives, p. 285
  180. a et b Cardia, Amos (2006). S'italianu in Sardìnnia candu, cumenti e poita d'ant impostu: 1720-1848; poderi e lìngua in Sardìnnia in edadi spanniola, Iskra, Ghilarza, p. 111-112
  181. Febres, Andres (1786). Prima grammatica de' tre dialetti sardi , Cagliari [Consultable dans la bibliothèque universitaire de Cagliari, Collection Baille, ms. 11.2.K., n.18]
  182. [Il Porru] In generale considera la lingua un patrimonio che deve essere tutelato e migliorato con sollecitudine. In definitiva, per il Porru possiamo ipotizzare una probabilmente sincera volontà di salvaguardia della lingua sarda che però, dato il clima di severa censura e repressione creato dal dominio sabaudo, dovette esprimersi tutta in funzione di un miglior apprendimento dell'italiano. Siamo nel 1811, ancora a breve distanza dalla stagione calda della rivolta antifeudale e repubblicana, dentro il periodo delle congiure e della repressione. Cardia, Amos (2006). S'italianu in Sardìnnia candu, cumenti e poita d'ant impostu: 1720-1848; poderi e lìngua in Sardìnnia in edadi spanniola, Iskra, Ghilarza, p. 112-113
  183. [...]Ciononostante le due opere dello Spano sono di straordinaria importanza, in quanto aprirono in Sardegna la discussione sul «problema della lingua sarda», quella che sarebbe dovuta essere la lingua unificata ed unificante, che si sarebbe dovuta imporre in tutta l'isola sulle particolarità dei singoli dialetti e suddialetti, la lingua della nazione sarda, con la quale la Sardegna intendeva inserirsi tra le altre nazioni europee, quelle che nell'Ottocento avevano già raggiunto o stavano per raggiungere la loro attuazione politica e culturale, compresa la nazione italiana. E proprio sulla falsariga di quanto era stato teorizzato ed anche attuato a favore della nazione italiana, che nell'Ottocento stava per portare a termine il processo di unificazione linguistica, elevando il dialetto fiorentino e toscano al ruolo di «lingua nazionale», chiamandolo «italiano illustre», anche in Sardegna l'auspicata «lingua nazionale sarda» fu denominata «sardo illustre». Massimo Pittau, Grammatica del sardo illustre, Nuoro, p. 11-12, Premessa
  184. « Il presente lavoro però restringesi propriamente al solo Logudorese ossia Centrale, che questo forma la vera lingua nazionale, la più antica ed armoniosa e che soffrì alterazioni meno delle altre ». Ispanu, Johanne (1840). Ortographia sarda nationale o siat grammatica de sa limba logudoresa cumparada cum s'italiana, pg.12
  185. "Una innovazione in materia di incivilimento della Sardegna e d'istruzione pubblica, che sotto vari aspetti sarebbe importantissima, si è quella di proibire severamente in ogni atto pubblico civile non meno che nelle funzioni ecclesiastiche, tranne le prediche, l'uso dei dialetti sardi, prescrivendo l'esclusivo impiego della lingua italiana. Attualmente in sardo si gettano i così detti pregoni o bandi; in sardo si cantano gl'inni dei Santi (Goccius), alcuni dei quali privi di dignità… È necessario inoltre scemare l'uso del dialetto sardo [sic] ed introdurre quello della lingua italiana anche per altri non men forti motivi; ossia per incivilire alquanto quella nazione, sì affinché vi siano più universalmente comprese le istruzioni e gli ordini del Governo… sì finalmente per togliere una delle maggiori divisioni, che sono fra la Sardegna e i Regi stati di terraferma." (Considerazioni politiche ed economiche sulla Sardegna, 1848 - Carlo Baudi di Vesme)
  186. a et b Salvi, Sergio (1974). Le lingue tagliate, Rizzoli, pg.184
  187. « Des del seu càrrec de capità general, Carles Fèlix havia lluitat amb mà rígida contra les darreres actituds antipiemonteses que encara dificultaven l'activitat del govern. Ara promulgava el Codi felicià (1827), amb el qual totes les lleis sardes eren recollides i, sovint, modificades. Pel que ara ens interessa, cal assenyalar que el nou codi abolia la Carta de Logu – la «consuetud de la nació sardesca», vigent des de l'any 1421 – i allò que restava de l'antic dret municipalista basat en el privilegi. » Joan Armangué i Herrero (2006). Represa i exercici de la consciència lingüística a l'Alguer (ss.XVIII-XX), Arxiu de Tradicions de l'Alguer, Cagliari, I.1
  188. Martini, Pietro (1847). Sull’unione civile della Sardegna colla Liguria, col Piemonte e colla Savoia, Cagliari, Timon, p. 4
  189. a b c et d « Toso, Fiorenzo. Lingue sotto il tetto d'Italia. Le minoranze alloglotte da Bolzano a Carloforte - 8. Il sardo ».
  190. Dettori, Antonietta, 2001. Sardo e italiano: tappe fondamentali di un complesso rapporto, in Argiolas, Mario; Serra, Roberto. Limba lingua language: lingue locali, standardizzazione e identità in Sardegna nell’era della globalizzazione, Cagliari, CUEC, p. 88
  191. Spanu, Gian Nicola. Il primo inno d'Italia è sardo
  192. Carboni, Salvatore (1881). Sos discursos sacros in limba sarda, Bologna.
  193. Salvi, Sergio (1974). Le lingue tagliate, Rizzoli, pg.186-187
  194. « Il ventennio fascista segnò per la Sardegna l'ingresso nel sistema nazionale. Il centralismo esasperato del governo fascista riuscì, seppure - come si dirà - con qualche contraddizione, a tacitare le istanze regionalistiche, comprimendole violentemente. La Sardegna fu colonialisticamente integrata nella cultura nazionale: modi di vita, costumi, visioni generali, parole d'ordine politiche furono imposte sia attraverso la scuola (dalla quale partì un'azione repressiva nei confronti della lingua sarda), sia attraverso l'organizzazione del partito (che accompagnò, come in ogni altra regione d'Italia, i sardi dalla prima infanzia alla maturità, oltre tutto coinvolgendo per la prima volta - almeno nelle città - anche le donne). La trasformazione che ne seguì fu vasta e profonda. [...] Il prezzo che si pagò fu altissimo: la compressione della cultura regionale, la frattura sempre più netta tra il passato dei sardi e il loro futuro italiano, la riduzione di modi di vita e di pensiero molto radicati a puro fatto di folclore. I codici di comportamento tradizionali delle zone interne resistettero, seppure insidiati e spesso posti in crisi dalla invasione di nuovi valori estranei alla tradizione della comunità; in altre zone della Sardegna, invece, i modelli culturali nazionali prevalsero facilmente sull'eredità del passato e ciò, oltre a provocare una crisi d'identità con preoccupanti riflessi sociali, segnò una frattura non più rimarginabile tra le generazioni. » Guido Melis, La Sardegna contemporanea, in Manlio Brigaglia, La Sardegna. La geografia, la storia, l'arte e la letteratura, v. 1, Edizioni Della Torre, 1982, p. 132.
  195. a et b Manuale di linguistica sarda, 2017, A cura di Eduardo Blasco Ferrer, Peter Koch, Daniela Marzo. Manuals of Romance Linguistics, De Gruyter Mouton, pp.36
  196. a et b Remundu Piras, Sardegna Cultura
  197. « Dopo pisani e genovesi si erano susseguiti aragonesi di lingua catalana, spagnoli di lingua castigliana, austriaci, piemontesi ed, infine, italiani [...] Nonostante questi impatti linguistici, la "limba sarda" si mantiene relativamente intatta attraverso i secoli. [...] Fino al fascismo: che vietò l'uso del sardo non solo in chiesa, ma anche in tutte le manifestazioni folkloristiche. ». De Concini, Wolftraud (2003). Gli altri d'Italia : minoranze linguistiche allo specchio, Pergine Valsugana : Comune, p. 195-196.
  198. L. Marroccu, Il ventennio fascista
  199. M. Farinelli, The Invisible Motherland? The Catalan-Speaking Minority in Sardinia and Catalan Nationalism, p. 15
  200. Massimo Pittau, Grammatica del sardo illustre, Nuoro, Premessa
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  202. (it) Salvatore Poddighe, Sa Mundana Cummédia, Domus de Janas, (ISBN 978-88-88569-89-5 et 88-88569-89-8), p. 32.
  203. « Lingue di minoranza e scuola, Carta Generale. Ministero della Pubblica Istruzione » [archive du ] (consulté le ).
  204. Pala, Carlo (2016). Idee di Sardegna, Carocci Editore, p. 121
  205. En fait, relativement récents parce qu'ils peuvent être datés de la seconde moitié du XIXe siècle, à la suite de la fusion parfaite déjà mentionnée ; en fait, pas même dans le traitement au XVIIIe siècle d'auteurs tels que Cetti nous trouvons des jugements sur la dignité du sarde, dont l'indépendance linguistique a généralement aussi l'appui des auteurs italiens (voir note 114, E. Blasco Ferrer).
  206. Salvi, Sergio (1974). Le lingue tagliate, Rizzoli, pg.195
  207. Sa limba sarda - Giovanna Tonzanu
  208. The Sardinian professor fighting to save Gaelic – and all Europe's minority tongues, The Guardian
  209. « La lingua sarda oggi: bilinguismo, problemi di identità culturale e realtà scolastica, Maurizio Virdis (Università di Cagliari) »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  210. Quando muore una lingua si oscura il cielo: da "Lettera a un giovane sardo" dell'antropologo Bachisio Bandinu
  211. «Rimangono, invece, inspiegabilmente in ombra i problemi legati agli aspetti etnici e culturali della questione autonomistica, per i quali i consultori non mostrano alcuna sensibilità, a differenza di tutti quei teorici (da Angioy a Tuveri, da Asproni a Bellieni) che invece proprio in questo patrimonio avevano individuato il titolo primario per un reggimento autonomo.» Antonello Mattone, Le radici dell'autonomia. Civiltà locali e istituzioni giuridiche dal Medioevo allo Statuto speciale, in Manlio Brigaglia, La Sardegna. La cultura popolare, l'economia, l'autonomia, vol. 2, Cagliari, Edizioni Della Torre, , p. 33
  212. « Strumenti giuridici per la promozione della lingua sarda »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), Sardegna Cultura.
  213. Relazione di accompagnamento al disegno di legge “Norme per la tutela, valorizzazione e promozione della lingua sarda e delle altre varietà linguistiche della Sardegna”, p. 7
  214. Salvi, Sergio (1974). Le lingue tagliate, Rizzoli, pg.193
  215. «Come dimostra l'iter dell'approvazione dello Statuto sardo, il braccio di ferro tra le classi dirigenti nazionali, rappresentate dal potere centrale, e la classe dirigente locale si risolse a tutto svantaggio di quest'ultima. Paradossalmente, come nel 1668, nel 1793-96, nel 1847 le classi dirigenti locali venivano sconfitte proprio per lo scarso peso contrattuale che avevano a livello nazionale quando si trattava di far valere le proprie rivendicazioni. La vicenda dello Statuto regionale pone quindi in piena luce le radici profonde del fallimento della borghesia sarda, la sua organica debolezza, le preoccupazioni e la riserva che hanno sempre accompagnato le sue aspirazioni liberiste e sardistiche. Ma bisogna anche ricordare che lo Statuto sardo è stato approvato nel contesto di un clima politico nazionale completamente mutato.» Manlio Brigaglia, La Sardegna. La cultura popolare, l'economia, l'autonomia, vol. 2, Cagliari, Edizioni Della Torre, , p. 34
  216. Pala, Carlo (2016). Idee di Sardegna, Carocci Editore, p. 118
  217. Pintore, Gianfranco (1996). La sovrana e la cameriera: La Sardegna tra sovranità e dipendenza. Nuoro: Insula, 13
  218. Lo Stato col concorso della Regione dispone un piano organico per favorire la rinascita economica esociale dell'Isola. Art.13, Testo storico dello Statuto
  219. Cardia, Mariarosa (1998). La conquista dell’autonomia (1943-49), in Luigi Berlinguer, Luigi e Mattone, Antonello. La Sardegna, Torino, Einaudi, p. 749
  220. «se i poteri della Carta sarda apparivano estesi sul piano economico (pur con limiti in sede di applicazione concreta), lo statuto lasciava scoperto totalmente l’ambito sociale e culturale. L’art. 1 dello statuto, infatti, non fa alcun riferimento né alla nozione di “popolo sardo” né di “lingua sarda” […]. Manca il fondamento della soggettività di popolo che invece è previsto in altri statuti speciali. Per esempio, mancano i riconoscimenti di tipo etnolinguistico e culturale.» Pala, Carlo. La Sardegna. Dalla “vertenza entrate” al federalismo fiscale?, in Istituzioni del Federalismo. Rivista di studi giuridici e politici, 2012, 1, p. 215.
  221. Manlio Brigaglia, La Sardegna. La cultura popolare, l'economia, l'autonomia, vol. 2, Cagliari, Edizioni Della Torre, , p. 34-35
  222. Lingua sarda: dall'interramento alla resurrezione? - Il Manifesto Sardo
  223. a et b Salvi, Sergio (1974). Le lingue tagliate, Rizzoli, p. 198-199.
  224. « Lingua e musica in Sardegna - Sardegnamondo ».
  225. Manuale di linguistica sarda, 2017, A cura di Eduardo Blasco Ferrer, Peter Koch, Daniela Marzo. Manuals of Romance Linguistics, De Gruyter Mouton, p. 31; 36
  226. Istanza del Prof. A. Sanna sulla pronuncia della Facoltà di Lettere in relazione alla difesa del patrimonio etnico-linguistico sardo. Il prof.Antonio Sanna fa a questo proposito una dichiarazione: « Gli indifferenti problemi della scuola, sempre affrontati in Sardegna in torma empirica, appaiono oggi assai particolari e non risolvibili in un generico quadro nazionale; il tatto stesso che la scuola sia diventata scuola di massa comporta il rifiuto di una didattica inadeguata, in quanto basata sull'apprendimento concettuale attraverso una lingua, per molti aspetti estranea al tessuto culturale sardo. Poiché esiste un popolo sardo con una propria lingua dai caratteri diversi e distinti dall'italiano, ne discende che la lingua ufficiale dello Stato, risulta in effetti una lingua straniera, per di più insegnata con metodi didatticamente errati, che non tengono in alcun conto la lingua materna dei Sardi: e ciò con grave pregiudizio per un'efficace trasmissione della cultura sarda, considerata come sub-cultura. Va dunque respinto il tentativo di considerare come unica soluzione valida per questi problemi una forzata e artificiale forma di acculturazione dall'esterno, la quale ha dimostrato (e continua a dimostrare tutti) suoi gravi limiti, in quanto incapace di risolvere i problemi dell'isola. È perciò necessario promuovere dall'interno i valori autentici della cultura isolana, primo fra tutti quello dell'autonomia, e "provocare un salto di qualità senza un'acculturazione di tipo colonialistico, e il superamento cosciente del dislivello di cultura" (Lilliu). La Facoltà di Lettere e Filosofia dell'Università di Cagliari, coerentemente con queste premesse con l'istituzione di una Scuola Superiore di Studi Sardi, è pertanto invitata ad assumere l'iniziativa di proporre alle autorità politiche della Regione Autonoma e dello Stato il riconoscimento della condizione di minoranza etnico-linguistica per la Sardegna e della lingua sarda come lingua « nazionale » della minoranza. È di conseguenza opportuno che si predispongano tutti i provvedimenti a livello scolastico per la difesa e conservazione dei valori tradizionali della lingua e della cultura sarda e, in questo contesto, di tutti i dialetti e le tradizioni culturali presenti in Sardegna (ci si intende riferire al Gallurese, al Sassarese, all'Algherese e al Ligure-Carlofortino). In ogni caso tali provvedimenti dovranno comprendere necessariamente, ai livelli minimi dell'istruzione, la partenza dell'insegnamento del sardo e dei vari dialetti parlati in Sardegna, l'insegnamento nella scuola dell'obbligo riservato ai Sardi o coloro che dimostrino un'adeguata conoscenza del sardo, o tutti quegli altri provvedimenti atti a garantire la conservazione dei valori tradizionali della cultura sarda. È bene osservare come, nel quadro della diffusa tendenza a livello internazionale per la difesa delle lingue delle minoranze minacciate, provvedimenti simili a quelli proposti sono presi in Svizzera per la minoranza ladina fin dal 1938 (48 000 persone), in Inghilterra per il Galles, in Italia per le minoranze valdostana, slovena e ultimamente ladina (15000 persone), oltre che per quella tedesca; a proposito di queste ultime e specificamente in relazione al nuovo ordinamento scolastico alto-atesino. Il presidente del Consiglio on. Colombo, nel raccomandare ala Camera le modifiche da apportare allo Statuto della Regione Trentino-Alto Adige (il cosiddetto «pacchetto»), « modifiche che non escono dal concetto di autonomia indicato dalla Costituzione », ha ritenuto di dover sottolineare l'opportunità "che i giovani siano istruiti nella propria lingua materna da insegnanti appartenenti allo stesso gruppo linguistico"; egli inoltre aggiungeva che "solo eliminando ogni motivo di rivendicazione si crea il necessario presupposto per consentire alla scuola di svolgere la sua funzione fondamentale in un clima propizio per la migliore formazione degli allievi". Queste chiare parole del presidente del Consiglio ci consentono di credere che non si voglia compiere una discriminazione nei confronti della minoranza sarda, ma anche per essa valga il principio enunciato dall'opportunità dell'insegnamento della lingua materna ad opera di insegnanti appartenenti allo stesso gruppo linguistico, onde consentire alla scuola di svolgere anche in Sardegna la sua funzione fondamentale in un clima propizio alla migliore formazione per gli allievi. Si chiarisce che tutto ciò non è sciovinismo né rinuncia a una cultura irrinunciabile, ma una civile e motivata iniziativa per realizzare in Sardegna una vera scuola, una vera rinascita, "in un rapporto di competizione culturale con lo stato (...) che arricchisce la Nazione" (Lilliu) ». Il Consiglio unanime approva le istanze proposte dal prof. Sanna e invita le competenti autorità politiche a promuovere tutte le iniziative necessarie, sul piano sia scolastico che politico-economico, a sviluppare coerentemente tali principi, nel contempo acquisendo dati atti a mettere in luce il suesposto stato. Cagliari, 19 febbraio 1971. [Farris, Priamo (2016). Problemas e aficàntzias de sa pianificatzioni linguistica in Sardigna. Limba, Istòria, Sotziedadi / Problemi e prospettive della pianificazione linguistica in Sardegna. Lingua, Storia, Società, Youcanprint]
  227. « Piras, Raimondo. No sias isciau ».
  228. Deplano, Andrea (1996). Etnia e folklore : storia, prospettive, strumenti operativi, Artigianarte, Cagliari, p. 58-59
  229. Pinna, M.T. Catte (1992). Educazione bilingue in Sardegna: problematiche generali ed esperienze di altri paesi, Edizioni di Iniziative culturali, Sassari, p. 166-174
  230. Oppo, Anna. Le lingue dei sardi, p. 50
  231. Gavino Pau, dans un de ses articles dans La Nuova Sardegna (18 avril 1978, Una lingua defunta da studiare a scuola), affirmait que « pour tout le monde, l'italien était une autre langue dans laquelle nous traduisions nos pensées, qui, imparables, coulaient en sarde » et encore, pour la langue sarde « nous avons vécu, nous avons souffert pour elle, pour elle nous vivons et nous vivrons. Le jour où il mourra, nous mourrons nous aussi en tant que Sardes. » (cité dans Melis Onnis, Giovanni (2014). Fueddariu sardu campidanesu-italianu, Domus de Janas, Présentation)
  232. Marco Oggianu, « Paradiso turistico o la lenta morte di un popolo? », .
  233. Il ruolo della lingua sarda nelle scuole e nelle università sarde (Institut für Linguistik/Romanistik)
  234. Dans la question linguistique sarde, à certains égards, il peut y avoir un parallélisme avec l'Irlande, dans laquelle un phénomène similaire a pris le nom de "cercle vicieux du Gaeltacht irlandais" (voir Edwards 1985). En fait, en Irlande, à l'abaissement du prestige de la langue gaélique lorsqu'elle était parlée dans des zones socialement et économiquement défavorisées, s'est ajoutée l'émigration de ces zones vers les zones urbaines et considérées comme économiquement plus avancées, dans lesquelles l'idiome majoritaire (anglais) serait destiné à écraser et prévaloir sur l'idiome minoritaire des émigrants.
  235. (it) Damien Simonis, Sardinia, Lonely Planet Publications, , 256 p. (ISBN 978-1-74059-033-4), p. 240-241
  236. La Nuova Sardegna, 04/11/10, Per salvare i segni dell'identità - di Paolo Coretti
  237. « Ai docenti di sardo lezioni in italiano, Sardegna 24 - Cultura ».
  238. Silanus diventa la capitale dei vocabolari dialettali, La Nuova Sardegna
  239. a et b La situazione sociolinguistica della Sardegna settentrionale, Mauro Maxia
  240. Da un'isola all'altra: Corsica e Sardegna - Jean-Pierre Cavaillé
  241. « Sardinian language use survey ».
  242. Niente messa in limba, lettera al vescovo: “Perché in chiesa è vietato parlare in sardo?” - SardiniaPost
  243. Caro Mastino, non negare l'evidenza: per te il sardo è una lingua morta. Che l'Università di Sassari vorrebbe insegnare come se fosse il latino - Vito Biolchini
  244. Lingua sarda: la figuraccia di Mastino, rettore dell'Università di Sassari
  245. I mass media in Sardegna (Institut für Linguistik/Romanistik)
  246. « Sardinian in Italy (qualora si riscontrino problemi per la consultazione di suddetto documento, si selezioni List by languages, Sardinian, Sardinian in Italy) ».
  247. No al sardo in Rai, Pigliaru: «Discriminazione inaccettabile» - La Nuova Sardegna
  248. Bill excluding Sardinian, Friulian from RAI broadcasts sparks protest - Nationalia
  249. Brenzinger et all. (2003). Language Vitality and Endangerment, Document submitted to the International Expert Meeting on UNESCO Programme Safeguarding of Endangered Languages, Paris, p. 8
  250. a et b M. Paul Lewis, Gary F. Simons (2010). Assessing Endangerment: Expanding Fishman’s GIDS, p.8.
  251. La lingua italiana, i dialetti e le lingue straniere. Istat, 2006
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  253. Stranos Elementos, musica per dare voce al disagio sociale
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  260. Eleonora d'Arborea in sardo? La prof. “continentale” dice no - Sardiniapost
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  262. Esame di maturità per la limba: Buddusò, la tesina di Elio Altana scritta in italiano ma discussa in logudorese - La Nuova Sardegna
  263. Quartu,esame di terza media in campidanese:studenti premiati in Comune - CastedduOnline
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  269. Nozze in lingua sarda a Cagliari - Il primo matrimonio in Municipio
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  282. Da Mogoro all'Islanda per insegnare il sardo: « così promuovo l'isola », Videolina.it
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  284. “Ecco come insegno il sardo nella Repubblica Ceca” - Sardiniapost
  285. In città il professore giapponese che insegna la lingua sarda a Tokio - In città il professore giapponese che insegna la lingua sarda a Tokyo - La Nuova Sardegna
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  290. Matteo Valdes. Valori, opinioni e atteggiamenti verso le lingue locali, in Oppo, Anna (2007). p. 62
  291. De nos jours, les Sardes "s'identifient moins avec leur langue que les autres minorités linguistiques en Italie, et vice versa semblent s'identifier davantage avec l'italien que les autres minorités linguistiques en Italie" (Paulis, Giulio (2001). Il sardo unificato e la teoria della panificazione linguistica, in Argiolas, Mario; Serra, Roberto, Limba lingua language: lingue locali, standardizzazione e identità in Sardegna nell’era della globalizzazione, Cagliari, CUEC, p. 161)
  292. F. Bruno Vacca, Gli antichi sardi dei bronzetti nuragici , 1990, p. 53.
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Trask, L. The History of Basque Routledge: 1997 (ISBN 0-415-13116-2).

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Bibliographie

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