Mortier Stokes
mortier Stokes | |
Wilfred Stokes (en) avec son mortier. | |
Présentation | |
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Pays | Royaume-Uni |
Type | mortier |
Utilisateur(s) | Royaume-Uni France Belgique |
Munitions | obus 4,84 kg |
Période d'utilisation | 1915 |
Poids et dimensions | |
Largeur(s) | Diamètre intérieur du canon : 81mm |
Longueur du canon | [1] |
Caractéristiques techniques | |
Portée maximale | 686 m ; 2000 m avec projectile spécial français Brandt-Maurice [2] |
Cadence de tir | 25 tirs/min (max) 6 - 8 tirs/min (soutenu) |
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Le mortier Stokes est un mortier de tranchée britanniques inventé par Wilfred Stokes (en). Il fut utilisé à partir de 1915 par l'armée britannique, puis entre autres par le Commonwealth, les États-Unis, le Corps expéditionnaire portugais, etc.
Ce mortier avait un calibre de 3,2 pouces, soit 81 mm malgré son appellation courante en tant que mortier de 3 pouces. La légende raconte que le choix de ce calibre inhabituelle était le résultat d’un simple concours de circonstance, son créateur disposant d’un stock de tuyaux de ce diamètre.
Conception
[modifier | modifier le code]Le mortier Stokes est une arme de conception simple. C'est un tube métallique à alésage lisse fixé à une plaque métallique servant de base permettant d'absorber le recul qui dispose de fixation pour bipied. Lorsqu'un obus de mortier est largué dans le tube, un apprêt sensible à l'impact situé à la base de l'obus est en contact avec un percuteur situé à la base du tube et enflamme la charge de propulseur dans la base, lançant l'obus vers la cible. L'obus éclate grâce à un détonateur percutant se déclenchant à l'impact.
La portée est déterminée par la quantité de charge propulsive utilisée et par l'angle de tir du mortier. Initialement une cartouche de propulseur de base était fournie pour tous les tirs et couvrait les courtes distances. Jusqu'à quatre charges supplémentaires de propulseur ont pu être utilisées pour des portées plus importantes. Par la suite la cartouche est fournie avec quatre charges de propulsion, les servants jetant alors les charges inutiles.
Historique
[modifier | modifier le code]Jusqu'au début de la Première Guerre mondiale, les Anglais et Français utilisaient des mortiers lisses [3],[4], puis rapidement la guerre des tranchées aidant ils développèrent des armes nouvelles et modernes, suivant l'exemple de ce qui se faisait depuis déjà quelque temps avant-guerre en Allemagne.
Frederick Wilfred Scott Stokes conçoit le mortier en . À cette époque, l'armée britannique recherche une arme susceptible de répondre aux minenwerfers de l'armée impériale allemande utilisés le front occidental.
En , le mortier Stokes n'est pas retenu car il ne peut utiliser les stocks existants de munitions de mortiers britanniques. Il faut les interventions du lieutenant-colonel JC Matheson du département d'approvisionnement de guerre de tranchées puis de David Lloyd George (alors ministre des Munitions) pour lancer la fabrication du mortier Stokes.
Au cours du dernier trimestre de 1915, 304 mortiers Stokes ont été produits. Seuls 104 d'entre eux atteignent le front, les autres étant envoyés dans des écoles de formation. La sous-traitance de la fabrication du support de mortier a été entreprise en février 1916.[5] En mars 1916, il est annoncé que les mortiers légers de tranchée seront contrôlés par les brigades d'infanterie. Le manuel du mortier de tranchée Stokes est distribué à l'infanterie en avril 1916.[6] Au total, 11 331 mortiers Stokes de 3 pouces ont été fabriqués en Grande-Bretagne [7].
Apparu au début 1916, le mortier Stokes est resté en service en Grande-Bretagne pendant la Seconde Guerre mondiale, bien qu'il fût déjà très largement supplanté par l'Ordnance ML 3 inch Mortar apparu en 1931. Certains exemplaires restèrent utilisés par les forces néo-zélandaises même après ce conflit [réf. nécessaire].
Les Français achetèrent des Stokes en 1917[8], puis en développèrent une version améliorée sous le nom de 81 mm Brandt Mle 27, ce modèle subissant encore des modifications sous le nom de 81 mm Brandt Mle 27/31. Ces deux versions furent largement copiées avec et sans licence par plusieurs pays dans le monde.
La France maintint en service ses mortiers Stokes originaux jusqu'en 1936 [2].
Utilisation au combat
[modifier | modifier le code]Le Stokes pouvait tirer jusqu'à 25 obus à la minute, à une portée maximale de 686 mètres, 2000 mètres avec un projectile spécial français Brandt-Maurice.
Au 11 novembre 1918, les armées de l'Empire britannique avaient 1 636 mortiers Stokes en service sur le Front de l'Ouest (Première Guerre mondiale).[9]
Une version 4 pouces (102 mm) a été utilisée pour tirer des obus fumigènes, des gaz toxiques et de la thermite (incendiaire). Une quantité d'un peu moins de trente a été utilisée lors de la bataille de Loos en septembre 1915[4]. Jusqu'à la fin de 1918, un total de 1 123 a été fabriqué[10]. Celle-ci, utilisée uniquement par la Brigade spéciale du Royal Engineers[11], doit être considérée comme une arme distincte de la version standard "3-inch" utilisée par l'infanterie - avec un alésage réel de 3,2 pouces (81 mm). - tirant des obus explosifs décrits dans cet article[2].
Ce mortier fut utilisé durant la guerre des Bananes et aida les forces américaines à vaincre les rebelles nicaraguayens lors de la deuxième bataille de Las Cruces (en), le 1er janvier 1928[12].L'armée paraguayenne (en) a beaucoup utilisé le mortier Stokes lors de la guerre du Chaco, notamment comme arme de siège lors de la bataille de Boquerón (en) en . Les mortiers Stokes sont largement utilisés par l'armée républicaine pendant la guerre civile espagnole, plus de 44 000 obus sont livrés en en Espagne[13].
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le modèle utilisé permet de tirer jusqu'à 30 bombes par minute avec une portée de plus de 2 300 m avec certains types d'obus [1].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Stokes mortar » (voir la liste des auteurs).
- War Dept. Technical Manual TM9-2005, Volume 3, Ordnance Materiel - General, Page 17, December 1942
- Jean-Luc Jalabert, « Mortier Stokes rescapé aux Invalides », sur Passion & Compassion 1914-1918, (consulté le )
- « Mortiers lisses de 15, 22, 27 et 32 »
- Chris Baker, « The British Trench Mortar Batteries in the First World War », sur The long, long trail (consulté le ) : « Quarante anciens mortiers Coehorn, tirant des munitions sphériques avec des charges de poudre noire, ont été obtenus auprès des Français et ont effectivement été utilisés lors des batailles de Neuve Chapelle et de la crête d'Aubers. »
- Saunders 2008, p. 103.
- Saunders 2008, p. 224.
- Saunders 2008, p. 111.
- Guy François, « Mortier Stockes [sic] de 81 mm en dotation au 48e BCP », pages14-18, (consulté le ) : « Le mortier Stokes.. a été commandé par la France à la Grande-Bretagne en juillet 1917 à 1.000 exemplaires. Les premiers mortiers STOKES ont été utilisés à 96 exemplaires lors de l'attaque de La Malmaison au sein des 21e et 11e Corps d'Armée (octobre 1917). Il a été ensuite modifié par la France et porte alors l'appellation de "modèle 1918". Il y avait deux "engins d'accompagnement" principaux dans l'Armée française de novembre 1918: -le mortier Stokes de 81 mm dont il existe 809 exemplaires (dont 716 sur le front). -le mortier Jouhandeau-Deslandres de 75 mm dont il existe 1448 exemplaires (dont 733 sur le front). »
- Farndale 1986, p. 342.
- (en) Report on work of Trench Warfare Supplies Department : The 4-inch Stokes mortar (salle de lecture, Archives nationales (Royaume-Uni), id d'archive MUN 5/195/1600), Ministry of Munitions, Munitions Council : Historical Records Branch
- Bernard Plumier, « Surviving 4-in. Stokes trench mortar at Rovereto », sur Passion & Compassion 1914-1918, (consulté le )
- « The Sandino Rebellion, 1927-1934 », sur www.sandinorebellion.com
- Howson, G. (2000). Armas para España: la historia no contada de la Guerra Civil Española. Península, Madrid, p. 394
- M. Farndale, Western Front 1914–18, London, Royal Artillery Institution, coll. « History of the Royal Regiment of Artillery », (ISBN 978-1-870114-00-4)
- Guy François, Les Canons de la Victoire 1914-1918 : volume 3 L'Artillerie de Côte Et l'Artillerie de Tranchée, Paris, Histoire et Collections, (ISBN 978-2-35250-161-9)
- (en) Dr. Anthony Saunders, A MUSE OF FIRE; British Trench Warfare Munitions, their Invention, Manufacture and Tactical Employment on the Western Front, 1914–18 (PhD), University of Exeter, (lire en ligne)
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :