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Parti du travail de Corée

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Parti du travail de Corée
조선로동당
朝鮮勞動黨
Chosŏn Rodongdang
Image illustrative de l’article Parti du travail de Corée
Logotype officiel.
Présentation
Secrétaire général Kim Jong-un
Fondation
Fusion de Parti du travail de Corée du Nord et Parti du travail de Corée du Sud
Siège Drapeau de la Corée du Nord Complexe gouvernemental n° 1 (en), Chung-guyŏk, Pyongyang (Corée du Nord)
Présidium du Politburo Kim Jong-un
Choe Ryong-hae
Kim Tok-hun
Ri Pyong-chol (en)
Jo Yong-won (en)
Journal officiel Rodong Sinmun
Mouvement de jeunesse Union de la jeunesse socialiste patriotique
Union des enfants de Corée du Nord
Branche armée Armée populaire de Corée
Hymne « Longue vie au Parti du travail de Corée »[1]
coréen : 조선로동당만세
Organe suprême Comité central du Parti du travail de Corée
Organisation paramilitaire Gardes rouges des ouvriers et paysans
Front sud-coréen Front démocratique national anti-impérialiste
Statut Parti au pouvoir en Corée du Nord ; interdit en Corée du Sud en vertu de la loi sur la sécurité nationale.
Positionnement Extrême gauche ou Extrême droite[a]
Idéologie Juche
Socialisme
Nationalisme coréen
Songbun
Byongjin
Anti-américanisme
Antioccidentalisme

Historique: Marxisme-léninisme

Affiliation nationale Front démocratique pour la réunification de la patrie
Affiliation internationale Rencontre internationale des partis communistes et ouvriers
Adhérents 6,5 millions (estimation, 2021)[3]
Couleurs Rouge
Site web Rodong Sinmun, le journal officiel du Comité central du Parti du travail de Corée
Représentation
Assemblée populaire suprême
607  /  687
Drapeau du Parti du travail de Corée.

Le Parti du travail de Corée, également traduit par Parti des travailleurs de Corée (ou plus rarement Parti ouvrier de Corée) (en coréen : 조선로동당 (joseonlodongdang)), est le parti politique dirigeant en Corée du Nord. Son idéologie officielle est le juche. Il existe deux autres partis en Corée du Nord : le Parti social-démocrate de Corée et le Parti Chondogyo-Chong-u, mais leur rôle est insignifiant : ils constituent avec le Parti du travail de Corée le Front démocratique pour la réunification de la patrie, sous l'autorité du Parti du travail. Le symbole du Parti du travail de Corée unit le marteau, la faucille et le pinceau, attributs respectifs de l'ouvrier, du paysan et du travailleur intellectuel[4].

Le Parti du travail de Corée (PTC) est dirigé par Kim Il-sung de sa fondation en 1946 jusqu'à la mort de ce dernier en 1994. De 1994 à 1997, le parti n'a pas de secrétaire général officiel. De 1997 à 2011, le poste de secrétaire général est occupé par Kim Jong-il, fils de Kim Il-sung. Kim Jong-un, fils de Kim Jong-il, succède à ce dernier avec le titre de premier secrétaire (2012-2016) puis de président (2016-2021) et enfin de secrétaire général (depuis 2021).

La Constitution nord-coréenne précise que le pays « déploie toutes ses activités sous la direction du Parti du travail de Corée »[5].

Selon le PTC, l'origine du parti est l'alliance anti-impérialiste, fondée par Kim Il-sung en 1926 ou 1930. Un groupe de communistes de la faction intérieure rétablit le Parti communiste coréen le . Aussitôt, l'Union soviétique reconnaît celui-ci, et établit le bureau de la Corée du Nord du parti communiste coréen (조선공산당북조선분국). Kim Il-sung qui est de retour en Corée le est élu président de ce bureau le 17 décembre suivant.

Le bureau du nord est rebaptisé le « Parti communiste de la Corée du Nord » et déclare son indépendance vis-à-vis du régime de Séoul le .

Le quotidien Rodong Sinmun est l'organe officiel du Parti du travail de Corée[6].

Sept congrès du parti ont été tenus depuis 1945. Le dernier en date est celui de mai 2016, le plus important depuis les années 1980, où Kim Jong-un a été désigné « Grand Soleil du XXIe siècle » et a affirmé sa nouvelle politique dite du byongjin (double poussée) sur les plans économique et de l'utilisation nucléaire, qui met en quelque sorte l'armée populaire de Corée sur la touche. Le jeune leader a, dans son discours, expliqué vouloir renouer les relations du pays avec ses voisins hostiles comme le Japon, et avec un monde qui, non seulement ne lui pardonne rien, mais ne comprend pas non plus la situation surréaliste de cette région d'Asie du Nord où la Guerre froide n'est toujours pas terminée.

Palais des congrès de Pyongyang, décoré spécialement pour le congrès du parti en mai 2016.

Au moment de sa fondation, le parti comporte quatre factions :

  • la faction « domestique », composée de communistes n'ayant jamais quitté le pays, et dont beaucoup ont été dans les prisons japonaises ;
  • la faction « pro-soviétique », composée de Coréens nés ou élevés en Union soviétique, ou qui ont été membres de l'Armée rouge à la fin de la Seconde Guerre mondiale ;
  • la faction « pro-chinoise », ou « groupe de Yenan », composé de Coréens réfugiés en Chine et liés au Parti communiste chinois (basé à Yenan jusqu'en 1948) ;
  • la faction « guérilla », dirigée par Kim Il-sung, composée de membres ayant combattu les Japonais en Mandchourie après 1931, puis ayant fui pour la plupart en Union soviétique.

La faction « domestique » est liquidée dès la fin de la guerre de Corée, en 1953. La faction « pro-soviétique », à son tour menacée, tente sans succès de renverser Kim Il-sung en 1956. Le « groupe de Yenan » tombe en même temps, et les deux sont définitivement liquidés en 1958.[réf. nécessaire]

En 1961, sur un total de 68 membres, le comité central du parti ne compte plus que trois membres de la faction domestique, deux de la faction pro-soviétiques et trois de la faction du groupe de Yenan, mais tous ont tissé de nombreux liens personnels avec Kim Il-sung, assurant la prééminence de ce dernier. Ils sont néanmoins presque tous éliminés à la faveur de diverses purges avant la fin des années 1960.[réf. nécessaire]

Dans le contexte de la Guerre froide, et avec l'appui de l'URSS de Staline, le Parti du travail est fondé comme un parti marxiste-léniniste. À partir des années 1950, toutefois, ces idéaux sont supplantés par un « nationalisme étroit » qui subsiste à ce jour. Lors d'un discours en 1955, Kim Il-sung met en avant le concept de Juche, insistant sur l'importance primordiale de la nation, la supériorité intrinsèque de la culture coréenne, et la nécessité de se méfier des apports de la tradition soviétique[7]. En 1972, le Juche devient l'idéologie officielle de l'État, inscrite comme telle dans la Constitution. Il est officiellement défini à ce stade comme « l'application créative du marxisme-léninisme aux réalités coréennes », et Kim Il-sung est présenté comme le plus pur représentant du marxisme. Dans le même temps, toutefois, la lecture des écrits de Karl Marx, de Vladimir Ilitch Lénine et de « presque tout auteur marxiste non-coréen » est interdite au peuple, et réservée à l'élite du parti[7]. En 1976, Kim Il-sung écrit que le Juche est une idéologie proprement coréenne, « nouvellement découverte dans l'histoire de la pensée humaine » et sans rapport au marxisme-léninisme[7].

À partir des années 1990, à la suite de l'effondrement de l'URSS, toute référence au marxisme, au léninisme et plus généralement au communisme est purgée des textes nord-coréens, culminant avec le retrait de toute référence au communisme dans la Constitution en 2009[7]. La Constitution remplace ainsi le communisme par la notion de songun (priorité à l'armée) comme visée de l'État, et renforce l'autorité du « Chef suprême » Kim Jong-il[8],[9]. Dès lors, seul « un nationalisme coréen ethnique » est employé par le parti et par l'État comme « outil idéologique de mobilisation du peuple en faveur du régime »[7]. Lors de sa conférence de 2012, le Parti du travail adopte la motion indiquant que « le kimilsungisme et le kimjongilisme sont les seules idéologies du parti »[7].

Bien que le PTC est officiellement un parti d'extrême gauche[10], tous ces changements idéologiques ont amené certains observateurs étrangers, tels que B. R. Myers, professeur d'études internationales à l'université Dongseo, à suggérer que la Corée du Nord était un « État d'extrême droite », d'essence fasciste, fondé sur un « engagement de puissance militaire et de pureté raciale »[11],[12]. Le journaliste et écrivain britanico-américain Christopher Hitchens défend la même conclusion, suggérant que « l'idée même du communisme est morte en Corée du Nord », remplacée par une idéologie de xénophobie, de pureté raciale, de nationalisme exacerbé et de suprématie des forces armées[13]. D'autres observateurs et politologues occidentaux et sud-coréens décrivent la Corée du Nord comme un État néo-staliniste[14],[15] et ce en dépit de l'abandon de la doctrine stalinienne du marxisme-léninisme.[réf. nécessaire] Cependant, les références au communisme ont été réajoutées aux statuts du parti lors du 8e Congrès du PTC en 2021[16]. L'idéologie du parti s'est récemment concentrée sur les ennemis impérialistes perçus du parti et de l'État ; et sur la légitimation de la domination de la famille Kim sur le système politique. Avant la montée du Juche et plus tard du Songun, le parti était également attaché à la pensée marxiste-léniniste, son importance diminuant considérablement au fil du temps. Cependant, le marxisme-léninisme a été réaffirmé lors du 8e congrès du PTC.

Organisation interne

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Le Comité central du Parti du travail de Corée (en chosŏn’gŭl 조선로동당 중앙위원회) est l'organe suprême du Parti du travail de Corée du Nord (PTCN, 1946-1949) puis du Parti du travail de Corée (PTC, depuis 1949) entre les Réunions nationales du Parti des travailleurs de Corée. Selon les règles du PTC, le comité central est élu par le congrès du parti du travail et la conférence du parti peut se voir accorder le droit de renouveler sa composition. Dans la pratique, le Comité central a la capacité de révoquer et de nommer de nouveaux membres sans consulter le PTC lors de ses sessions plénières.

Le 1er comité central a été élu lors du 1er congrès du Parti du travail de Corée du Nord, en 1946. Il était composé de 43 membres. Le nombre de membres du Comité central a augmenté depuis lors : le 7e congrès, qui s'est tenu en 2017, en a élu 235. Les membres sans droit de vote, officiellement désignés comme membres suppléants, ont été présentés au 2e congrès.

Le Comité central se réunit au moins une fois par an pour une session plénière (« réunion » ou « plénums ») et doit servir de forum de discussion sur les questions importantes de politique. Il opère sur le principe du système idéologique monolithique et de la théorie du Grand Chef. Le rôle du Comité central a varié au cours de l'histoire. Au début de son histoire jusqu’à l’incident de la faction d'août, c’était un forum dans lequel différentes factions étaient en compétition. Depuis 1956, il exerce généralement son pouvoir par le biais de procédures formelles définies dans les règles du parti. Cependant, sa capacité réelle à influer sur les résultats des décisions prises au niveau national est inexistante, cette fonction étant généralement exercée dans la pratique par la Dynastie Kim et le Politburo. Néanmoins, les plénums du Comité central fonctionnent comme des lieux où la politique est officiellement mise en œuvre et les annonces publiques faites. Les décisions sont rendues publiques sous la forme de « résolutions » ou de « décisions ».

Notes et références

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  1. B. R. Myers décrit le Parti des travailleurs de Corée comme étant d'extrême droite en raison de l'importance qu'il accorde au nationalisme ethnique coréen[2].

Références

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  1. (ko-Hani) « 조선로동당 만세 (Long Live the Workers' Party of Korea) », sur DPRK Today (consulté le ).
  2. Myers 2011, p. 9, 11–12.
  3. (ko) 나혜윤, « 北, 당원 대폭 늘었나 ... 당 대회 참석수로 '650만 명' 추정 », 뉴스1,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. Philippe Mesmer, « Corée du Nord: plongée au cœur du grand raout de Kim Jong-un », sur lexpress.fr, (consulté le ).
  5. « Corée du Nord, RPDC, Constitution coréenne version de 2009 », sur mjp.univ-perp.fr (consulté le )
  6. « La RPDC condamne le projet de bouclier antimissile des Etats-Unis », sur french.people.com.cn, (consulté le ).
  7. a b c d e et f (en) Andrei Lankov, « Purist Pyongyang purges Marx », sur www.atimes.com, (consulté le ).
  8. (en) « North Korea drops communism, boosts "Dear Leader" »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), Reuters, (consulté le ).
  9. (en) Choe Sang-Hun, « New Charter Reinforces Kim Jong-il’s Hold on Power », The New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  10. Sébastien Falletti, Corée du Sud : Le goût du miracle : L'Âme des Peuples, Bruxelles, Nevicata, , 88 p. (ISBN 978-2-87523-086-7, lire en ligne)

    « Entre ce courant droitier à Séoul et l'extrême gauche au pouvoir à Pyongyang, la conciliation est devenue impossible. »

  11. (en) « China rejects U.N. criticism in North Korea report, no comment on veto »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), Reuters, (consulté le ).
  12. (en) Michael Rank, « Lifting the cloak on North Korean secrecy », sur www.atimes.com, 10 avril 2010. (consulté le ).
  13. (en) Christopher Hitchens, « Kim Jong-il's regime is even weirder and more despicable than you thought », Slate Magazine,‎ 1 février 2010. (lire en ligne, consulté le ).
  14. (en) Russel Working, « An Open Door to North Korea »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur Business Week,
  15. (en) Soong Hoom Kil et Chung-in Moon, Understanding Korean politics : an introduction, State University of New York Press, , 376 p. (ISBN 978-0-7914-9101-0 et 0-7914-9101-3, OCLC 841172471, lire en ligne)
  16. (ko) « 북한 노동당 규약 주요 개정 내용 », Yonhap News Agency,‎ (consulté le )

Liens externes

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