Sanron
L'école Sanron (japonais : 三論宗, sanronshū , « école des trois traités »), (chinois: Sānlùnzōng) est une des Six écoles de la Capitale du Sud (c'est-à-dire Nara, de 710 à 784) au Japon. Aussi appelée « École de la vacuité » (空宗, kūshū ), elle était professée au temple du Daian-ji (大安寺 ). Originaire de Chine où elle est connue sous le nom de San Lun Zong[1] et rattachée au courant du Madhyamaka, l'école fut importée au Japon en 625 par le religieux coréen Ekan[2].
L'école tire son nom de trois importants traités traduits en chinois par Kumārajīva . Elle se divisa plus tard en deux branches (qui n'existent plus) : la Gankou-ji Ha et la Taian-ji Ha. Elle avait encore des adeptes au début de l'ère Edo[2].
Les Trois traités
[modifier | modifier le code]Les trois traités auxquels fait référence le terme Sanron sont des textes du Madhyamaka indien :
- Le Traité du milieu (中論, Chūron ), traduction du Mulamadhyamakakarika de Nāgārjuna, que Kumarajiva réalisa en 409. Toutefois, ce dernier semble y avoir ajouté des notes personnelles ainsi que des commentaires d'un penseur indien du ive siècle du nom de Piṅgala[1].
- Le Traité des Douze portes (十二門論, Jūnimonron ), également attribué à Nāgārjuna se présente comme une introduction au Traité du milieu. L'auteur y donne une interprétation en douze chapitres de la vacuité (shunyata)[1]. Il a également été traduit par Kumarajiva.
- Traité des Cent stances (百論, Hyakuron ) d'Āryadeva, disciple direct de Nāgārjuna, traduit par Kumarajiva en 404. L'auteur recourt à la langue apophatique du Madhyamaka, tout en réfutant les arguments de traditions rivales[1].
Développement historique
[modifier | modifier le code]Il se peut qu'au moins autres transmissions se soient faites au cours du VIIIe siècle, ce qui conduisit à l'apparition de plusieurs courants dans cette école, qui s'établirent dans différents temples[3]. Toutefois, cette école, centrée autour d'un petit nombre de moines, n'attira jamais de grandes foules et n'eut donc jamais de réelle influence en dehors de la théorie et de la doctrine — l'œuvre de Nâgârjuna reste très importante dans le bouddhisme japonais. Les différents courants se sont tous éteints, et le dernier maître Sanron est mort en 1149[3].
Les courants
[modifier | modifier le code]L'école Sanron s'est donc divisée en deux branches, auxquelles on adjoint un troisième courant annexe. On a ainsi d'un côté la branche du Gangō-ji qui est liée au courant chinois San Lun et qui a été introduite au Japon depuis le continent par le moine coréen Hyegwan (慧灌, Ekan ). Celui-ci est arrivé au Japon en 625, après avoir étudié auprès de Jizang, le grand maître du Sanlun. Il s'installe au temple Gangō-ji. De l'autre côté, la branche du Hōryū-ji, qui aurait été initiée par le moine Chizō (智蔵 ), qui avait sans doute a étudié les arcanes de la doctrine auprès de Jizang en Chine[4]. Il lance donc une deuxième lignée de transmission des enseignements. Chizô s'installe au temple Hōryū-ji.
On trouve également un troisième branche, celle du Daian-ji, fondée par le moine Dōji (道慈 ) qui s'est initié à l'ésotérisme lors d'un long séjour en Chine (702-718). À son retour au Japon, il s'installe au temple Daian-ji et transmet ces enseignements. Cette branche est parfois appelée « l'autre Sanron » (別三論, betsu-sanron ).
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) Robert E. Buswell Jr. et Donald S. Lopez Jr., The Princeton Dictionary of Buddhism, Princeton, Princeton University Press, , xxxii + 1265 p. (ISBN 978-0-691-15786-3), p. 772
- Louis Frédéric, Le Japon, dictionnaire et civilisation, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1419 p. [détail des éditions] (ISBN 2-221-06764-9) p. 952
- (en) Damien Keown, Oxford Dictionary of Buddhism, Oxford, Oxford University Press, , 368 p. (ISBN 978-0-192-80062-6), p. 252
- (ja) HIRAI Shunei (平井俊榮 ), « Etude introductive à l’histoire de l’École des trois traités à Nara (南都三論宗史の研究序説, Nanto Sanronshūshi no kenkyū josetsu ) » dans Bulletin de la recherche de la Faculté de bouddhisme de l’Université Komazawa (駒沢大学仏教学部研究紀要, Komazawa daigaku bukkyōgakubu kenkyū kiyō ), n° 44, mars 1986, p. 30-31 (Tokyo, Faculté de bouddhisme de l’Université Komazawa (駒沢大学仏教学部, Komawaza daigaku bukkyōgakubu )).
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Émile Steinilber-Oberlin, Le bouddhisme japonais, Paris, Sully, (1re éd. 1930 [Les sectes bouddhiques japonaises]), 266 p. (ISBN 978-2-354-32315-8), p. 43-52
- (en) E. Dale Saunders, Buddhism in Japan. With an Outline of its Origin in India, Philadelphia, University of Pennsylvania Press, , 328 p., p. 114-119 et passim