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Tarare (opéra)

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Tarare
Description de cette image, également commentée ci-après
Costume du Grand prêtre de Brama (aquarelle, BnF).
Genre Tragédie en musique
Nbre d'actes 5 actes et prologue
Musique Antonio Salieri
Livret Beaumarchais
Langue
originale
Français
Sources
littéraires
Tarare, pièce de Beaumarchais
Création 8 juin 1787
Académie royale de musique, Paris (Théâtre de la Porte-Saint-Martin)

Tarare est une tragédie lyrique comprenant un prologue et 5 actes d'Antonio Salieri sur un livret français de Beaumarchais[1]. La première représentation est donnée à Paris, à l'Académie royale de musique de Paris le [2],[3],[4].

La première à Vienne est représentée au Burgtheater le , dans sa version italienne, Axur, rè d'Ormus avec un livret de Lorenzo da Ponte et de profonds remaniements qui en font un opéra italien à part entière[5],[2].

L'action se déroule dans des contrées reculées, un royaume fictif sur lequel règne un tyran oriental Atar jaloux de la popularité du soldat Tarare. À la fin, Atar est renversé et Tarare est couronné par le peuple (malgré lui).

Le prologue, partie la plus subversive de l’œuvre met en scène des allégories, la Nature, le Génie du Feu... et évoque des concepts tels que l’égalité et son dévoiement par la société, ceci deux ans avant la Révolution.

Mademoiselle Joinville.
Rôles de Tarare
Distribution Voix Première du
(chef d'orchestre : Jean-Baptiste Rey)
La Nature dessus (soprano) Suzanne Joinville
Le Génie du Feu basse-taille (baryton-basse) Louis-Armand Chardin
Tarare (soldat) ténor Étienne Laînez
Astasie/Irza (femme de Tarare) soprano Marie-Thérèse Maillard
Atar (roi d'Hormuz) basse Augustin-Athanase Chéron
Spinette (chanteuse) soprano Adélaïde Gavaudan cadette
Calpigi (esclave eunuque, gardien du sérail d'Atar) ténor Jean-Joseph Rousseau (it)
Elamir (jeune oracle) petit soprano Joseph-François-Narcisse Carbonel[6]
Une ombre femelle Soprano Anne-Marie-Jeanne Gavaudan
Arthenée (grand prêtre de Brahma et père d'Altamort) basse Martin-Joseph Adrien
Altamort (général d'Atar) basse M. Châteaufort
Urson (capitaine des gardes d'Atar) basse M. Moreau
Un paysan, un eunuque, une bergère

Histoire et réception

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Théâtre de la Porte-Saint-Martin en 1790 (aquarelle de Jean-Baptiste Lallemand, BnF).
Scène 3, acte III de Tarare (manuscrit BnF).
Adolphe Nourrit dans Tarare lors de la reprise de 1823 (par Alexandre Colin).

Deux ans avant le début de la Révolution, traiter le sujet de l'absolutisme était périlleux. Peu de compositeurs français auraient osé porter au théâtre un livret qui fut qualifié par la critique de « monstre dramatique et lyrique »[5].

Le livret exotique de Tarare, d'après Beaumarchais, réussit à Salieri et connut un vif succès, concrétisé par trente-trois représentations pour la seule année 1787[7] et organisé par la publicité de l'écrivain, notamment avec des répétitions publiques (payantes)[8], ainsi qu'un luxe de décors et de costumes[9] — au coût de plus de 30 000 livres et 20 000 livres respectivement[7].

« Jamais l'Opéra n'eut rien d'aussi attachant, d'aussi divertissant, en donnant à ce mot la signification d'amusement complet. La musique en est délicieuse, et on la trouve telle, sans connaissance de l'art. »

— Restif de La Bretonne, Les Nuits de Paris[10].

Si la version italienne en quatre actes[5], est jouée quarante fois à Vienne[11], la version française connut de nombres reprises et révisions, suivant en cela le goût du politiquement correct. Après des empêchements pour le , l'opéra est redonné remanié, le , sous un nouveau titre, Le Couronnement de Tarare. Le public est nombreux. Un spectateur note qu'« Il existe une différence d'opinion entre le parterre et les loges. Chacun respectivement siffle ce que l'autre applaudit »[12].

En 1795, l'Opéra reprend Tarare avec de nouveaux remaniements et où « le peuple d'Ormuz proclamait la république » à la place de mettre Tarare sur le trône[13]. En 1802, reprise sous le règne du Premier Consul et après la mort de Beaumarchais. La version de 1813 au Théâtre Italien, suit la version italienne, Axur, dont da Ponte a éliminé les provocations et sa dangereuse urgence. Pendant la Restauration, en 1819, Tarare est repris à l'Opéra : « Atar ne se tue pas, il est restauré par Tarare, et le peuple lui prête serment »[14].

L'opéra disparaît de la scène française en 1828, avant de reparaître à Paris et Karlsruhe en 1988 (Jean-Claude Malgoire) et à Strasbourg en 1991 et en 2018, par Christophe Rousset[15],[16].

La version italienne, Axur sur un texte de da Ponte, est souvent donnée à Vienne et fait notamment partie des manifestations liées au couronnement de Léopold II en 1790. En Pologne, elle est donnée en 1793, dans une traduction. C'est encore Axur qui fait le tour de l'Europe, de Lisbonne à Saint-Pétersbourg (première en 1803) et Moscou (1806) et même à Rio de Janeiro en 1813, où s'est réfugiée la famille royale portugaise. En Allemagne l'opéra est joué jusqu'au milieu du XIXe siècle. La version italienne est reprise à Poznań en , en version de concert à Vienne en 1987 et Sienne en 1989[17].

« Tarare, parfaite synthèse du style italien et de la manière française, se ressent aussi de l'esthétique du lied allemand. L'ouvrage a le pathétique de Gluck, l'élégance de Grétry, Méhul ou Dalayrac. Il ouvre la voie à Cherubini, Spontini et Rossini »[5].

  • Partition d'orchestre publié chez Imbault, 1787 (OCLC 164902498). « ' » (partition libre de droits), sur le site de l'IMSLP.
  • Réédition de la précédente, éd. de Rudolph Angermüller chez Henle, 2 vols. 1978 (OCLC 643112374 et 643112384)
  • Partition d'orchestre créé avec LilyPond et réalisée par Nicolas Sceaux, pour le Tarare de Christophe Rousset, 2017–2019. « ' » (partition libre de droits), sur le site de l'IMSLP.

Discographie

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Bibliographie

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  • Beaumarchais, Tarare, opéra en cinq actes, avec un prologue : représenté pour la première fois, sur le théâtre de l'Academie Royale de Musique, le vendredi 8 juin 1787. Paroles de M. Caron de Beaumarchais. Musique de M. Sallieri, maître de musique de S.M. Impériale, Lausanne, Mourer, , 74 p. (lire en ligne)
  • Beaumarchais, Tarare [version août 1790], P. de Lormel, , 168 p. (lire en ligne)

Sources anciennes

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Études modernes

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  • (de) Rudolph Angermüller, « Beaumarchais und Salieri », dans Carl Dahlhaus et Hans Joachim Marx (éds.), Bericht über den internationalen musikwissenschaftlichen Kongress, Bonn, (OCLC 611050741), p. 325–327.
  • Jacques Joly, « Un fol opéra, Tarare de Beaumarchais et Salieri », dans Jean-Paul Capdevielle et Peter-Eckhard Knabe (éds.), Les écrivains français et l’opéra — colloque du 27-30 janvier 1986 (COlogne), Cologne, Dme-Verlag/Mölich/ Institut français de Cologne, coll. « Kölner Schriften zur romanischen Kultur » (no 7), , 306 p. (ISBN 3-922977-25-1, OCLC 21753735), p. 95–108
  • Philippe Vendrix, «Tarare » dans Marcelle Benoit (dir.), Dictionnaire de la musique en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, Fayard, , xvi-811 (ISBN 2-213-02824-9, OCLC 409538325, BNF 36660742), p. 661.
  • Francine Lévy, « Tarare : l'opéra de Beaumarchais dont Mozart n'a pas écrit la musique », Bulletin de l'Association Guillaume Budé, no 1,‎ , p. 87–99 (lire en ligne).
  • Paul Prévost et Antonio Braga, « Tarare », dans Marc Honegger et Paul Prévost (dir.), Dictionnaire des œuvres de la musique vocale, t. III (P-Z), Paris, Bordas, , 2367 p. (ISBN 2040153950, OCLC 25239400, BNF 34335596), p. 2017–2018.
  • Piotr Kaminski, Mille et un opéras, Fayard, coll. « Les indispensables de la musique », , 1819 p. (ISBN 978-2-213-60017-8, OCLC 417460276, BNF 39099667), p. 1378–1380.
  • (de) Andreas Hoebler, Antonio Salieris Opéra Tarare und die Umarbeitung in die Opera tragicomica Axur, rè d'Ormus : Parallelität und Divergenz zweier Bühnenwerke, Tönning, Der Andere Verlag, , xxiii-512 (ISBN 3-89959-496-7, OCLC 216932175, BNF 40212802)
  • Benoît Dratwicki, L'Œuvre : Antonio Salieri (1750-1825), Tarare : Les Talens Lyriques, Christophe Rousset – mercredi 28 novembre 2018 (programme de la version de concert), 24 p. (lire en ligne [PDF]), p. 4–9.
  • John A. Rice (en) (trad. Laurent Bury), « Salieri, Beaumarchais et Tarare », Aparté (AP208) (Lire en ligne) (OCLC 1105931986) .

Articles connexes

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Liens externes

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Notes et références

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  1. Kaminski 2003, p. 1378.
  2. a et b Kaminski 2003, p. 1388.
  3. (it) Amadeusonline
  4. Rice 2019.
  5. a b c et d Honegger 1992, p. 2017.
  6. Alexandre Choron et François Fayolle, Dictionnaire historique des musiciens : artistes et amateurs, morts ou vivans : qui se sont illustrés en une partie quelconque de la musique et des arts qui y sont relatifs, Paris, Valade, (lire en ligne).
  7. a et b Lévy 1992, p. 91.
  8. Rice 2019, p. 27.
  9. Benoit 1992, p. 661.
  10. Restif de la Bretonne 1789, p. 2968.
  11. Honegger 1992, p. 2018.
  12. Adélaïde de Place, La vie musicale en France au temps de la Révolution, Paris, Fayard, , 341 p. (ISBN 2-213-02327-1, OCLC 165449453, BNF 36636299), p. 64–65.
  13. Lévy 1992, p. 94.
  14. Lévy 1992, p. 95.
  15. Patrice Imbaud, « Tarare de Salieri à la Philharmonie de Paris », sur resmusica.com, .
  16. Claire-Marie Caussin, « Tarare – Paris (Philharmonie) », sur forumopera.com, .
  17. Kaminski 2003, p. 1380.
  18. Alexandre Pham, « Tarare de Salieri… l’Asie des Lumières », sur resmusica.com, .