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Thiopental

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Thiopental

Structure du thiopental
Identification
Nom UICPA (RS)-5-éthyl-5-(pentan-2-yl)-2-thioxodihydropyrimidine-4,6(1H,5H)-dione
No CAS 76-75-5
71-73-8 (sel de sodium)
No ECHA 100.000.694
No CE 200-984-3
No RTECS CQ6300000
Code ATC N01AF03 N05CA19
DrugBank DB00599
PubChem 3000714
ChEBI 102166
SMILES
InChI
Propriétés chimiques
Formule C11H18N2O2S
Masse molaire[1] 242,338 ± 0,016 g/mol
C 54,52 %, H 7,49 %, N 11,56 %, O 13,2 %, S 13,23 %,
pKa 7,6
Précautions
SGH[2]
SGH07 : Toxique, irritant, sensibilisant, narcotique
Attention
H302
Données pharmacocinétiques
Biodisponibilité 100 % (IV)
Métabolisme Hépatique
Demi-vie d’élim. 5,89 heures
Excrétion

Urinaire

Considérations thérapeutiques
Classe thérapeutique Anesthésique général
Voie d’administration Intraveineuse

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

Le thiopental est un barbiturique d'action brève utilisé pour induire l'anesthésie avant l'injection d'autres produits anesthésiques en France et dans beaucoup de pays aux systèmes de santé modernisés, même s'il est peu à peu remplacé par le propofol ou le midazolam[3],[4].

Il déprime le système nerveux central (mise en veille du cerveau), entraîne une hypotonie musculaire (ralentissement des mouvements) et provoque une dépression respiratoire (ralentissement des mouvements respiratoires).

Sa forme soluble injectable est le thiopental sodique, qui est commercialisé sous les noms de Nesdonal ou Pentothal[5],[6].

Le thiopental était utilisé comme un anesthésiant mais a été remplacé au cours du temps par le propofol, qui présente un potentiel sédatif comparable[7],[8] avec moins d'effets secondaires[9],[10],[3] et une utilisation réputée plus facile[11]. Pour administration à des patients en état de choc, l'étomidate est préférée[3].

En outre, le thiopental sodique faisait également partie des trois produits destinés aux condamnés à mort par injection létale aux États-Unis dans plus de trente-trois États[11],[12]. Aux Pays-Bas et en Belgique, il est utilisé pour induire l'euthanasie.

En psychiatrie, le thiopental sodique a été utilisé dans le cadre de la narcosynthèse ou narcoanalyse, une hypnose chimique. Il permet aux patients souffrant de phobies de se remémorer des traumatismes enfouis. Il s'utilise également en dernier recours en cas d'état de mal épileptique[13],[14].

Pharmacologie et pharmacocinétique

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Le produit partage le profil pharmacologique du pentobarbital, dont il est un dérivé. Le remplacement d'un atome d'oxygène par un atome de soufre augmente le caractère lipophile du produit, et lui donne un délai d'action encore plus court[15],[16]. Le thiopental possède donc un délai d'action très rapide, même comparé aux autres produits anesthésiants[17].

Son canal d'action primaire est la modulation positive ainsi que l'activation directe des récepteurs au GABA de type A[18],[19]. Ces récepteurs, lorsqu'ils sont activés, ont un effet inhibiteur sur la transmission nerveuse en empêchant la dépolarisation membranaire.

Le barbiturique agit également sur d'autres canaux de manière mineure : on note une action inhibitrice de la recapture de l'adénosine, ainsi qu'un antagonisme des récepteurs AMPA et une inhibition de la sécrétion de glutamate[19],[20].

La molécule de thiopental possède deux atomes de carbone asymétriques qui en font une molécule chirale, elle ne présente pas par ailleurs de plan de symétrie, elle existe donc sous forme de deux paires d'énantiomères, diastéréoisomères entre elles, notées RR, SS et RS, SR.

Le nom chimique du sel sodique est (R,S)-5-éthyl-5-(1-méthylbutyl)-2-thiobarbiturate sodique. Sa formule est NaSC11H17O2N2.

Le thiopental sodique a été découvert au début des années 1930 par Ernest H. Volwiler et Donalee L. Tabern, qui travaillaient pour des laboratoires Abbott. Sa première utilisation sur l'homme date du  dans le cadre de recherches sur ses propriétés par le Dr Ralph M. Waters. Trois mois plus tard, le Dr John S. Lundy commençait une étude clinique sur le thiopental à la Mayo Clinic sur la demande des laboratoires Abbott.

Il fut le produit le plus utilisé en anesthésie durant plusieurs décennies[21],[22].

Le penthotal a servi comme méthode d'interrogatoires en complément de la torture lors de la guerre d'Algérie. Henri Alleg décrit ses effets dans son livre réquisitoire la Question[23]. Il fut également utilisé pendant la « guerre sale » en Argentine afin de droguer les opposants du régime fasciste avant leurs « vols de la mort ».

thiopental (sodique)
Informations générales
Princeps
  • Nesdonal
  • Pentothal
Classe Barbiturique
Identification
No CAS 71-73-8 Voir et modifier les données sur Wikidata
No ECHA 100.000.694
DrugBank DBSALT001409 Voir et modifier les données sur Wikidata

Dans la culture

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  • Le thiopental sodique est mentionné dans le dlc Tombeau sous-marin - 2ème partie du jeu BioShock Infinite. Il est utilisé comme agent somnifère appliqué sur des carreaux d'arbalète.
  • Dans la série 24 heures chrono, on utilise souvent le Penthotal pour interroger les individus.
  • Il est également mentionné dans la série American Horror Story (saison 2 épisode 9)
  • L'usage du Pentothal est extrêmement fréquent dans la série de bande dessinée italienne "Diabolik", où il est utilisé par les deux protagonistes comme sérum de vérité.
  • Stupeflip le cite dans son album The Hypnoflip Invasion, morceau Check Da Crou : " Le truc brutal, torture mentale, penthotal, la totale"
  • Dans le roman La nuit des temps de René Barjavel, le penthanol est évoqué à plusieurs reprises comme solution pour soutirer des informations en cas de refus de coopération.
  • Dans le film Halloween (2018) de David Gordon Green, le thiopental sodique est cité par le Dr. Samuel Loomis comme moyen potentiel pour venir à bout du tueur en série Michael Myers.
  • Dans la série Dexter, saison 3 épisode 7, Dexter Morgan utilise cette molécule pour aider son amie mourante à ne plus souffrir. La solution liquide est administrée dans une tarte.

Notes et références

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  1. Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  2. a et b Fiche Sigma-Aldrich du composé (±)-Thiopental, consultée le 11 mai 2014..
  3. a b et c « Recommandations formalisées d’experts 2010 ».
  4. Jean-François Payen, « Neurosédation en réanimation ».
  5. (en) « Pentothal (Thiopental Sodium): Uses, Dosage, Side Effects, Interactions, Warning », sur RxList (consulté le ).
  6. « Thiopental sodique - Nesdonal® - Médecine d'urgence - Urgences médicales », sur urgences-serveur.fr (consulté le ).
  7. (en) Hee-Sun Park, Yeon-Su Kim, Sung-Hoon Kim et A.-Rom Jeon, « Comparison of electroencephalogram between propofol- and thiopental-induced anesthesia for awareness risk in pregnant women », Scientific Reports, vol. 10, no 1,‎ , p. 1–10 (ISSN 2045-2322, DOI 10.1038/s41598-020-62999-5, lire en ligne, consulté le ).
  8. (en) « Propofol versus thiopental sodium for the treatment of refractory status epilepticus (RSE) », sur www.cochrane.org (consulté le ).
  9. « *Anesthésiques généraux et médicaments utilisés en anesthésie : Les points essentiels », sur pharmacomedicale.org (consulté le ).
  10. Thomas GRYSON, Etude comparative d’une substance hypnotique et de son générique: Diprivan® versus propofol Lipuro® en Anesthésie Intraveineuse à Objectif de Concentration (lire en ligne).
  11. a et b « Reste-t-il une place pour le thiopental ? - Société de l'Anesthésie Réanimation d'Afrique Francophone », sur saranf.net (consulté le ).
  12. (en) « Sodium thiopental », sur American Chemical Society (consulté le ).
  13. (en) Andrea O. Rossetti, Tracey A. Milligan, Serge Vulliémoz, Costas Michaelides, Manuel Bertschi, Jong Woo Lee, « A Randomized Trial for the Treatment of Refractory Status Epilepticus », Neurocritical Care, vol. 14, no 1,‎ , p. 4-10 (ISSN 1541-6933 et 1556-0961, PMID 20878265, DOI 10.1007/s12028-010-9445-z, lire en ligne, consulté le ).
  14. (en) Andrea O. Rossetti et Daniel H. Lowenstein, « Management of refractory status epilepticus in adults », Lancet neurology, vol. 10, no 10,‎ , p. 922–930 (ISSN 1474-4422, PMID 21939901, DOI 10.1016/S1474-4422(11)70187-9, lire en ligne, consulté le ).
  15. Khalid Hussain, « Barbiturates », slideshare,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  16. (en) Wolfgang Löscher et Michael A. Rogawski, « How theories evolved concerning the mechanism of action of barbiturates », Epilepsia, vol. 53, no s8,‎ , p. 12–25 (ISSN 1528-1167, DOI 10.1111/epi.12025, lire en ligne, consulté le ).
  17. D. Chassard et L. Bouvet, « Anesthésie pour césarienne ».
  18. (en) Rho, J. M. ; Donevan, S. D. ; Rogawski, M. A. (1996). « Direct activation of GABAA receptors by barbiturates in cultured rat hippocampal neurons » The Journal of physiology 497 (Pt 2): 509–522. PMC 1161000. PMID 8961191.
  19. a et b (en) Wolfgang Löscher et Michael A. Rogawski, « How theories evolved concerning the mechanism of action of barbiturates », Epilepsia, vol. 53, no s8,‎ , p. 12–25 (ISSN 1528-1167, DOI 10.1111/epi.12025, lire en ligne, consulté le ).
  20. Eichi Narimatsu, Tomohisa Niiya, Mikito Kawamata et Akiyoshi Namiki, « [The mechanisms of depression by benzodiazepines, barbiturates and propofol of excitatory synaptic transmissions mediated by adenosine neuromodulation] », Masui. The Japanese Journal of Anesthesiology, vol. 55, no 6,‎ , p. 684–691 (ISSN 0021-4892, PMID 16780077, lire en ligne, consulté le ).
  21. (en) BRITISH JOURNAL OF ANAESTHESIA, (lire en ligne).
  22. « Histoire de l'anesthésie - Société Française des Infirmier(e)s Anesthésistes », sur sofia.medicalistes.fr (consulté le ).
  23. Henri Alleg, La question, Éditions de Minuit, Paris, 2008 p. 54-63.

Liens externes

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