Utilisateur:synchroniseuse/kimura byol lemoine
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kimura byol lemoine (나타리 르무완 * ナタリー.ルモワーヌ) est un·e artiste multidisciplinaire, commissaire d’exposition, militant·e et archiviste queer féministe basé·e à Montréal[1][2]. Contribuant à donner une voix et une visibilité aux minorités dans son travail artistique, yel·le explore dans ses œuvres des thématiques liées à l'identité, la diaspora, le déplacement, le genre et la sexualité[3]. Sa pratique plurielle et autodidacte a été diffusée et reconnue à l'internationale dans des contextes variés allant des projections en festival au cinéma, des expositions en galerie aux espaces alternatifs[4].
kimura byol lemoine s'identifie comme une personne intersexe[5] et agenre[6] et utilise le pronom personnel neutre yel·le[5],[6],[7],[8] ainsi que les accords en double flexion abrégée[5],[9].
Biographie
[modifier | modifier le code]kimura byol lemoine nait en 1968 à Pusan, en Corée du Sud, d'une mère sud-coréenne et d'un père japonais[10]. Faisant partie de la première génération d'enfants coréens placés en adoption internationale[1], yel·le est adopté·e en 1969 par un couple belge puis grandit en Belgique[11],[12],[13].
Très tôt, yel·le s'initie aux arts à travers la peinture, grâce à un ensemble de pinceaux offert par sa grand-mère[3]. Après un passage en école d'art où yel·le découvre le surréalisme et l'art non figuratif[3], son penchant artistique se tourne vers le septième art, pour lequel yel·le développe une véritable passion qui l'amène à faire l'école buissonnière pour assister à des projections au cinéma durant ses heures de cours[2].
En 1988, yel·le réalise son premier film, Adoption, pour lequel yel·le remporte le prix du festival « Être jeune en Europe aujourd'hui »[14],[15]. Tourné en l'espace de seulement deux jours à partir d'une lettre ouverte écrite à sa mère biologique[14],[12], cette œuvre interroge son identité d'adopté·e asiatique élevé·e dans un pays occidental[16]. Suite à l'obtention de cette récompense déterminante, yel·le est invité·e à présenter son film à l'ambassade de Corée du Sud puis se rend dans son pays natal avec 23 autres adopté·es sud-coréen·nes dans le cadre d'un programme de réintégration raciale[12], un séjour qui lui permettra de capter des premières images de sa terre natale grâce à sa caméra Super 8[2].
En 1993, kimura byol lemoine s'installe en Corée du Sud où yel·le demeure jusqu'en 2006. Malgré de nombreux écueils causés par le manque de soutien et le paternalisme des autorités et de la société coréenne vis-à-vis des adopté·es en quête de leurs racines[17],[18], yel·le parvient ultimement à reprendre contact avec sa mère biologique[19]. Après avoir affirmé un nouveau pan de son identité comme personne queer, le traitement réservé à la communauté LGBTQ le·a pousse à quitter le pays pour s'établir à Montréal, au Canada, en 2006[2],[18]. Cette nouvelle ville d'accueil lui donne une « liberté spatiale et mentale » pour réfléchir, cette fois, à la définition de son identité de genre [source].
L'alternance de ses différents noms ― star kim, cho mihee, kimura byol, nathalie lemoine ― illustre la complexité et l'intrication de ses multiples identités[9].
En 2008, yel·le réalise le film Disadoption, un court-métrage qui raconte, sur une berceuse de son enfance, le souhait de son père de le·a « désadopter »[3]. Ce film est un plaidoyer pour éveiller les consciences de potentiels parents adoptifs occidentaux, qui n'ont pas toujours les outils culturels pour comprendre et soutenir un enfant d'origine différente de la leur[3].
En 2017, yel·le est récipiendaire de la bourse Regard sur Montréal, une résidence de production soutenue par le Conseil des arts de Montréal, la SODEC, l'ONF en collaboration avec Les Films de l'Autre, qui lui sert à réaliser le court métrage documentaire #6261[20]. Pour ce projet, l'artiste part à la rencontre de Montréalais·es d'origines diverses qui ont un point commun : leur adresse, située au numéro 6261. Le film est présenté en première aux Rendez-vous du Cinéma Québécois[21] et est développé et produit par Microclimat Films.
En 2020, yel·le réalise Adoption : 30 ans après, une œuvre qui revient sur son tout premier film et qui comprend des entrevues avec l'actrice principale de l’œuvre.
Parcours d'artiste militant·e
[modifier | modifier le code]Carrière artistique
[modifier | modifier le code]kimura byol lemoine emploie l'art comme outil intime et politique afin de déconstruire son bagage identitaire et discerner les conséquences néfastes d'une définition occidentale de l'identité[2],[3],[9]. Son travail artistique se distingue par sa sensibilité contagieuse et son humour tranchant, qui côtoient une esthétique DIY[9]. Son ample production peut être considérée comme une forme d'archivage activiste de son parcours identitaire par le biais de diverses médiums et formats : calligraphie, photographie, peinture, poésie et vidéo[22].
Critique de la suprématie blanche dans le milieu de l'art, yel·le dénonce les méthodes de sélection et la répartition du financement et des programmes de bourses et de résidences, qui discriminent les personnes racisé·es et issu·es de la diversité sexuelle et de genre[2]. Investi·e auprès de différents organismes et collectifs montréalais, son implication au sein du collectifs et du Festival montréalais Qouleur, du Groupe intervention vidéo et des centres d'artistes autogérés articule et La Centrale contribue à faire rayonner le travail d'artistes issu·es de la diversité et à enrichir la vie artistique locale[3],[23].
Ses vidéos sont distribuées par le Groupe intervention vidéo (Montréal), le Centre audiovisuel Simone de Beauvoir (Paris) et VTape (Toronto).
Travail militant
[modifier | modifier le code]Militant·e combatif·ve, kimura byol lemoine s'engage dans la défense des droits et des intérêts de différentes communautés féministes, queers, racisées et adoptées[9].
À partir de la fin de la guerre de Corée en 1953, plus de 200 000 enfants coréens, le plus souvent issus d'un couple mixte, nés hors mariage, ou d'une mère célibataire, ont été placés en adoption à l'étranger[24],[25],[26]. Parmi les agences qui se divisent le « marché » de l'adoption internationale, la Holt International Children's Services (HICS), créée en 1955 par l'Américain Harry Holt détient la plus grande part du secteur. Bien que la compagnie excelle dans le traitement rapide des requêtes d'adoptions, l'administration des dossiers se congestionne lorsque des adoptées reviennent au pays pour tenter de retrouver la trace de leurs parents biologiques[27].
C'est dans ce contexte et pour répondre aux besoins particuliers des adopté·es internationaux·ales qui tentent de reconnecter avec leurs origines que kimura byol lemoine co-fonde le Global Overseas Adoptees’ Link, une organisation qui aide les personnes adoptées à retrouver leur famille biologique, ainsi qu'à s'adapter à la vie et au travail dans leur pays d'origine[19]. Ses apparitions récurrentes dans les médias coréens et son militantisme chevronné lui valent la réputation de « visage de l'adoption outre-mer »[28].
En 2001, avec sa collaboratrice kate-hers RHEE, yel·les rassemblent de jeunes artistes issu·es de la diaspora coréenne dans un annuaire intitulé O.K.A.Y. (Overseas Korean Artists Yearbook). Chaque tome est consacré à une région du monde ― comme l'Amérique, le Japon et l'Europe ― et présente une création originale des artistes recensé·es[24].
En 2016, yel·le crée la plateforme en ligne Adoptee Cultural Archives (ACA), afin de rassembler les œuvres culturelles de personnes interraciales ou adoptées à l'internationale.
Œuvres (sélection)
[modifier | modifier le code]Films et vidéos
[modifier | modifier le code]- 1988 : Adoption (court métrage)
- 2008 : Disadoption (vidéo)
- 2010 : Qu'est-ce que ça veut dire? (vidéo)
- 2011 : Bang bang (vidéo)
- 2011 : 9 octobre (vidéo)
- 2014 : Hairy (vidéo)
- 2016 : #6261(court métrage)
- 2017 : 2x50=100 (vidéo)
- 2017 : ARTivismes lesbiens. Réalités actuelles (moyen métrage)
- 2020 : Adoption : 30 ans après (court métrage)
Ouvrage à titre d'auteur·trice
[modifier | modifier le code]- 2005 : 55% Korean, Séoul, GimmYoung
Expositions solos (sélection)
[modifier | modifier le code]- 2020 : kimura byol cho mihee 조미희 nathalie lemoine, Dazibao, Montréal
- 2006 : Lausanne Kimchifié, Espace Zinéma, Lausanne
- 2004 : Chinoiseries accentuées, Bar Soho, Séoul
- 2003 : Oui mais non, Galerie Artinus, Séoul
- 1998 : Between TWO, Centre culturel français de Séoul
Expositions de groupe (sélection)
[modifier | modifier le code]- 2022 : Musée d'art actuel / département des invisibles, projet initié par Stanley Février, Musée des beaux-arts de Montréal, Canada
- 2021 : ...et de la place dans le sac aux étoiles, Fondation PHI, Montréal, Canada
- 2021 : (Pre)Existing Conditions, dans le cadre du projet Mobiliser la créativité: l'art dans la pandémie, en ligne
- 2020 : En bonne compagnie, Galerie Bradley Ertaskiran, Montréal
Commissariat et programmation
[modifier | modifier le code]- 2019 : Laissez-passer, Le MUP - Festival international de courts métrages et le Groupe intervention vidéo, Montréal
- 2016 : GIV le 40e: Canasian Experience, Berlin Asian Film Network, FAQ-Aden, Berlin
- 2016 : Terra Traces, co-commissarié avec Sonja Zlatanova, La Centrale galerie Powerhouse, Montréal
- 2015 : Topovidéographies : Les archives audiovisuelles des adopté·es (1988-2015), Groupe intervention vidéo, Montréal
- 2014 : Qouleur : De Zéro au Futur (et tout entre-temps), Ada X (Studio XX), Montréal[29]
Distinctions
[modifier | modifier le code]Résidences, reconnaissances et récompenses
[modifier | modifier le code]- 2021 : Résidence PHI MONTRÉAL
- 2017 : Prix Regard sur Montréal, Conseil des arts de Montréal, Office nationale du film du Canada, SODEC (Montréal)
- 2016 : Prix Powerhouse, La Centrale (Montréal)
- 2014-2015 : Programme de mentorat du MAI (Montréal, arts interculturels) (Montréal)
- 2015 : Bourse Vivacité, Conseil des arts de Montréal
- 2015 : 2e prix, Ciné-Asie, Arts Interculturels (Montréal)
- 2008 : 1er prix, Ciné-Asie de la Vidéo, Asian Short Video Contest, Disadoption (Montréal)
- 1998 : Prix du festival « Être jeune en Europe aujourd'hui » pour Adoption, Bruxelles
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Philippe Pons, « Le Mondial: La quête d’identité d’une Coréenne de nulle part », Le Monde, 23-24 juin 2002
- (en-US) Samuel Larochelle, « kimura byol-nathalie lemoine: In a World Where Everything 'Intersex' », sur Canada Media Fund (consulté le )
- Julie Vaillancourt, « Pleinement queer. Quêtes identitaires et expressions artistiques », Fugues magazine, , p. 40-41
- Oriane Morriet, « Bilan de la vie de l'artiste non-genré.e kimura byol-nathalie lemoine avec « 2x50=100 » », sur Le Lien MULTIMÉDIA :: le portail des professionnels du numérique au Québec, (consulté le )
- Samuel Larochelle, « kimura byol-nathalie lemoine à l’intersection des mondes », sur Fonds des médias du Canada (consulté le )
- Oriane Morriet, « Bilan de la vie de l'artiste non-genré.e kimura byol-nathalie lemoine avec « 2x50=100 » », sur Le Lien MULTIMÉDIA :: le portail des professionnels du numérique au Québec (consulté le )
- « Exposition: kimura byol-nathalie lemoine », sur Dazibao (consulté le )
- « kimura byol-nathalie lemoine | Art contemporain | PHI », sur phi.ca (consulté le )
- « Prix Powerhouse 2016 », sur La Centrale Galerie Powerhouse (consulté le )
- (en) Wency Leung, « The Pros and Cons of International Adoption: Roots of Discontent », Review Asia, , p. 57
- Béatrix de L'Aulnoit, « Retour au pays du matin calme », Marie-Claire France, , p. 54
- Jo Mi Hee Nathalie Lemoine Bertin, « Moi Lectrice: Née en Corée, adoptée en Belgique », Marie-Claire France, no 415, , p. 133-138, 142
- (en) Wency Leung, « The pros and cons of International adoption: Roots of discontent. », Review Asia Magazine, , p. 57
- Emmanuelle Peyret, « Europe: J'irai cracher sur ma mère », Libération, , p. 25
- Corinne Leclercq, « Mihee-Nathalie Lemoine, une artiste sociale », Le Courrier de la Corée, , s.p.
- Philippe Pons, « Le Mondial: La quête d'identité d'une "Coréenne de nulle part" », Le Monde, 23-24 juin 2002, p. VIII
- (en) Clarence Tsui, « Cross-cultural Seoul searching to find a place to call home », sur South China Morning Post, (consulté le )
- Tristan Bourbon-Parme, « Le difficile retour à Séoul des enfants adoptés », Le Figaro,
- (en) Adriana Barton, « Unearthing the roots of adoption. », The Globe and Mail,
- « kimura byol-nathalie lemoine, lauréate de la résidence Regard sur Montréal », sur CTVM.info, (consulté le )
- Qui fait Quoi, « «#6261» de kimura byol - nathalie lemoine en première aux RVQC », sur www.qfq.com (consulté le )
- (en) Kim Mi-Hui, « Expart Artist Explore Womanhood Subconscious in Creative Shows », Korea Herald, 13-20 avril 2001, p. 10
- (en-CA) « Unboxed / Déballé », sur articule (consulté le )
- Marie-Françoise de Ricaud et Catherine Morlie, « Mihee-Nathalie Lemoine: portrait d'une artiste militante », Le Petit Échotier, , p. 31-32
- « Grand reportage - Corée du Sud: pourquoi autant d’enfants coréens ont-ils été adoptés à l’étranger? », sur RFI, (consulté le )
- Béatrix de L'Aulnoit, « Retour au pays du matin calme », Marie-Claire France, , p. 54 (lire en ligne)
- Tristan de Bourbon, « Le difficile retour à Séoul des enfants adoptés », Le Figaro, , s.p.
- (en) Elizabeth Woyke, « Homeland Divided », Hyphen Magazine, (lire en ligne)
- (ko-Hani) Taehoon Kim, « Books: Na-neun 55% hanguk-in naen hwaga Cho Mihee-ssi », Chosun Ilbo, , p. 41 (lire en ligne)
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