Vallée d'Incles
Vallée d'Incles | |
La vallée d'Incles et le riu d'Incles. | |
Massif | Pyrénées |
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Pays | Andorre |
Paroisse | Canillo |
Coordonnées géographiques | 42° 35′ 40″ nord, 1° 40′ 27″ est |
Orientation aval | sud-ouest |
Longueur | 6 km |
Type | Vallée glaciaire |
Écoulement | Riu d'Incles |
Voie d'accès principale | CS-270 |
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La vallée d'Incles (Vall d'Incles en catalan) est une vallée du Nord-Est de la principauté d'Andorre dont l'entrée se trouve entre les villages de Soldeu et d'El Tarter, dans la paroisse de Canillo.
Toponymie
[modifier | modifier le code]Le linguiste catalan Joan Coromines fait d’Incles un toponyme roman dérivant du insula (« île »). Il propose un passage par les formes successives *Insgla et *Inscla avec une perte du « s ». Cette hypothèse est étayée par la forme toponymique ancienne vall de Ingles retrouvée dans un document daté de 1399[1],[2]. Outre le sens d'« île » qui sert à construire le toponyme estany de l'Isla (un des lacs de la vallée), insula peut également prendre le sens de « pré bordant une rivière » comme dans le toponyme andorran Ansalonga (dérivé de insula longa)[2],[3],[4].
Vall signifie « vallée » en catalan mais n'entre que rarement dans la composition de toponymes[5]. Le terme n'est utilisé que pour désigner les vallées les plus importantes du pays : Vall del Madriu ou Vall de Ransol[5].
Géographie
[modifier | modifier le code]Localisation et accès
[modifier | modifier le code]La vallée d'Incles se trouve au Nord-Est de l'Andorre dans la paroisse de Canillo. La route CS-270, constituant un embranchement à partir de la route générale 2, pénètre dans la vallée sur un peu plus de 3 km en longeant le riu d'Incles. Cette route prend naissance au village d'Incles entre Soldeu et El Tarter.
La circulation automobile est interdite l'été dans la vallée[6] compte tenu d'une fréquentation importante et d'une route étroite. Un train électrique permet aux visiteurs de parcourir le trajet habituellement réalisé en voiture[6].
Topographie
[modifier | modifier le code]La vallée d'Incles est orientée vers le nord-est et s'étend sur environ 6 km depuis son entrée à Incles (1 748 m[7],[8]) jusqu'à la frontière franco-andorrane matérialisée par le port d'Incles (2 262 m[9]).
Les sommets du versant ouest séparent la vallée d'Incles de celle de Ransol et oscillent entre 2 500 m et 2 700 m d'altitude avec du sud au nord[9] : le cap de la Tosa d'Entor (2 506 m[9]), le pic de la Coma de Varilhes (2 760 m[9]), le pic de la Coume d'Enfer (2 730 m[9]) et le pic de Fontargenta (2 618 m[9]). Les sommets du versant oriental séparent la vallée d'Incles de l'Ariège au nord (pic de Siscaró et pic d'Escobes) et de la solana d'Andorre au sud.
Géologie
[modifier | modifier le code]Composition rocheuse
[modifier | modifier le code]L'ensemble de la vallée appartient à la chaîne axiale primaire des Pyrénées[10]. La partie haute de la vallée d'Incles fait partie du massif d'Aston-Hospitalet, un dôme anticlinal s'étendant vers l'est sur une longueur d'environ 25 km dans le département de l'Ariège[10],[11]. Celui-ci s'est formé par plissement au cours du Stéphanien dans le cadre de la phase tardi-hercynienne de l'orogenèse varisque[10]. Ce massif est principalement constitué d'orthogneiss (gneiss formé par métamorphisme du granite)[12],[11]. On considère aujourd'hui que ce granite s'est formé au cours de phénomènes plutoniques intrusifs pendant l'Ordovicien comme soutenu par les datations à l'uranium-plomb[13].
À l'inverse, la partie basse de la vallée est formée de roches métamorphiques schisteuses[14].
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Vue de la vallée de Ransol depuis les sommets du versant ouest de la vallée d'Incles | Le pic d'Escobes | Vallée d'Incles sur la carte géologique de l'Andorre |
Impact des glaciations
[modifier | modifier le code]La vallée d'Incles possède une forme typique en « U » (auge glaciaire) qu'elle doit à son modelage par les glaciations quaternaires[6],[15]. En dehors de la forme générale de la vallée, les traces de l'érosion glaciaire sont visibles aux travers d'exemples de roches moutonnées (notamment à sa partie haute)[15] ainsi que de par la présence dépôts glaciaires (qui quant à eux prédominent à sa partie basse)[14].
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Vallée d'Incles
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Vallée d'Incles, vue vers le sud
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Vallée d'Incles
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Vue générale du bas de la vallée et de la forme en « U »
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Exemples de roches moutonnées autour du refuge de Juclà
Hydrographie
[modifier | modifier le code]Lacs
[modifier | modifier le code]La vallée d'Incles abrite de nombreux lacs de montagne, notamment l'estany Primer de Juclà, le plus grand lac du pays[6], d'une surface de 22 ha[16].
Parmi les autres lacs de la vallée figurent notamment :
- l'estany de Baix, d'une surface de 1,5 ha[16] ;
- l'estany de Cabana Sorda, d'une surface de 4,8 ha[16] ;
- l'estany de les Canals Roges ;
- la bassa d'Enrodat ;
- l'estany de l'Isla, d'une surface de 2,4 ha[16] ;
- l'estany segon de Juclà, d'une surface de 7,3 ha[16] ;
- l'estanyó del Querol, d'une surface de 0,6 ha[16] ;
- les basses de les Salamandres ;
- les basses del Siscaró.
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Estany de Cabana Sorda.
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Estanys de Juclà.
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Estany de l'Isla.
Cours d'eau
[modifier | modifier le code]Tous les lacs précédemment cités alimentent le riu d'Incles, principal cours d'eau de la vallée. Celui-ci, long de 4 250 m[17], est un affluent de la Valira d'Orient par sa rive droite. Il reçoit les eaux du riu del Manegor[17], du riu de Juclà[17] mais également de multiples petits ruissaux parmi lesquels le riu de les Fonts de la Tosa[8], le riu del Querol[8] ou encore le riu de Cabana Sorda[8].
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Riu del Manegor.
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Riu d'Incles.
Faune et flore
[modifier | modifier le code]Faune
[modifier | modifier le code]Amphibiens
- grenouille rousse (Rana temporaria)[6]
- triton[6]
Mammifères
Oiseaux
- aigle royal (Aquila chrysaetos)[6]
- chardonneret élégant (Carduelis carduelis)[6]
- gypaète barbu (Gypaetus barbatus)[6]
- pigeon ramier (Columba palumbus)[6]
- pinson des arbres (Fringilla coelebs)[6]
- roitelet huppé (Regulus regulus)[6]
- tarin des aulnes (Spinus spinus)[6]
- vautour[6]
- verdier d'Europe (Chloris chloris)[6]
Flore
[modifier | modifier le code]- Angélique de Razouls (Angelica razulii)[7], espèce endémique des Pyrénées[18].
- berce sphondyle (Heracleum sphondylium)[7]
- brize intermédiaire (Briza media)[7]
- gentiane[6]
- iris[6]
- narcisse des poètes (Narcissus poeticus)[6]
- pin noir (Pinus negra)[6]
- renoncule âcre (Ranunculus acris)[7]
- rhododendron ferrugineux (Rhododendron ferrugineum)[6]
- sapin[6]
Randonnée et protection
[modifier | modifier le code]D'un grand intérêt paysager, la vallée d'Incles est le principal site de randonnée dans le pays[19]. Son accès est difficile l'hiver du fait de l'enneigement. Elle est traversée par des chemins de grande randonnée comme le GRP et la Haute randonnée pyrénéenne[8].
Trois refuges de montagne pouvant héberger les randonneurs ont été construits dans la vallée :
- la cabane de Siscaró, d'une capacité d'accueil de 10 personnes[20],[21], située à une altitude de 2 145 m[22],[20] ;
- le refuge de Cabana Sorda, d'une capacité d'accueil de 20 personnes[23],[24], situé à une altitude de 2 295 m[22] ;
- le refuge de Juclà, gardé pendant l'été[25], d'une capacité d'accueil de 43 personnes[25], situé à une altitude de 2 310 m[22],[25],[26].
Le versant ouest de la vallée d'Incles fait partie de la réserve de chasse de la vallée de Ransol, l'un des six espaces naturels protégés du pays[8].
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Cabane de Siscaró.
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Refuge de Cabana Sorda.
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Refuge de Juclà.
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Espaces protégés d'Andorre
Littérature
[modifier | modifier le code]La vallée d'Incles est mentionnée dans le quatrième chant du poème Canigó de Jacint Verdaguer[27] :
« Les valls d'Ordino y d'Incles son més plenes
d'armoníes, de somnis y misteri
als raigs que hi deixa ploure l'hemisferi,
ala serena de qui cova'l món. »
Un passage du roman Un brin d'espérance de l'écrivain Georges-Patrick Gleize se déroule dans la vallée[28].
Références
[modifier | modifier le code]- Recueil de Travaux, Librairie Droz, , 299– (ISBN 978-2-600-04521-6, lire en ligne)
- (ca) Xavier Planas Batlle, « Recull i etimologia d'hidronímia andorrana » (consulté le )
- (ca) « Toponimia de la Vall d'Ordino » (consulté le )
- (ca) « El funcionament de la Comissió de Toponímia d’Andorra », sur Institut Cartogràfic i Geològic de Catalunya
- Jean Becat, Lexique et toponymes : Vie pastorale, activités, institutions et société traditionnelles de l'Andorre, Institut catalan de recherche en sciences sociales, , p. 195
- « Vallée d'Incles », sur visitandorra.com (consulté le )
- « La Vall d'Incles i els estanys de Juclar », sur Institució Catalana d’Història Natural (consulté le )
- (ca) « Mapa « Muntanyes d'Andorra » - Carte des montagnes andorranes éditée par le Govern d'Andorra » (consulté le )
- OpenStreetMap
- B. Laumonier, « Les Pyrénées alpines sud-orientales (France, Espagne) – essai de synthèse », Revue de Géologie pyrénéenne (consulté le )
- (ca) Iban Masachs, Josep Maria Casas, Ramon Copons et Valentí Turu, « Mapa Geològic d'Andorra 1/50.000 », Institut d'Estudis Andorrans
- J. E. Mezger, « Comparison of the western Aston-Hospitalet and the Bossòst domes: Evidence for polymetamorphism and its implications for the Variscan tectonic evolution of the Axial Zone of the Pyrenees », Journal of the Virtual Explorer, vol. 19, (ISSN 1441-8142, DOI 10.3809/jvirtex.2005.00122)
- Gérard Gleizes, Philippe Olivier, Ewan Pelleter, Etienne Deloule, Pierre Barbey et Yoann Denele, « Middle Ordovician U-Pb age of the Aston and Hospitalet orthogneissic laccoliths: their role in the Variscan evolution of the Pyrenees », Bulletin de la Société Géologique de France, vol. 180, no 3, , p. 209–216 (ISSN 1777-5817, DOI 10.2113/gssgfbull.180.3.209)
- (ca) « Servidor de Mapes d'Andorra », sur Sistema d'Informació Geogràfica Mediambiental d'Andorra (consulté le )
- Jean Becat, « Andorre, un pays pyrénéen - Le cadre physique et les formes du relief », Revue RECERC, Ouvrages de référence, Collection Andorre n°4 (consulté le )
- (ca) « Basses i estanys », sur le site de l'Institut d'Estudis Andorrans (consulté le )
- « Rius principals (carte éditée par l'Institut d'Estudis Andorrans », sur iea.ad (consulté le )
- Source : Julve, Ph., 1998 ff. - Baseflor. Index botanique, écologique et chorologique de la flore de France. Version : 23 avril 2004
- (en) Alf Robertson et Jane Meadowcroft, The Mountains of Andorra : Walks, Scrambles, Via Ferratas and Treks, Cicerone Press Limited, , 224 p. (ISBN 978-1-84965-082-3, lire en ligne)
- « Cabana de Siscaró », sur refuges.info (consulté le )
- « Cabana de Siscaró », sur visitandorra.com (consulté le )
- (ca) « Refugis de muntanya », sur le site de l'Institut d'Estudis Andorrans (consulté le )
- « Refuge de Cabana Sorda », sur visitandorra.com (consulté le )
- « Refuge de Cabana Sorda », sur refuges.info (consulté le )
- « Refuge de Juclar », sur visitandorra.com (consulté le )
- « Refuge de Juclar », sur visitandorra.com (consulté le )
- (ca) « Canigó », sur wikisource
- Georges-Patrick Gleize, Un brin d'espérance, Albin Michel, , 184 p. (ISBN 978-2-226-30494-0, lire en ligne)