Guerre Israël-Hamas (depuis 2023)
de 2023
- Bande de Gaza sous contrôle palestinien
- Étendue actuelle de l'avancée israélienne à Gaza
- Zones évacuées à l'intérieur d'Israël.
Date |
Depuis le (1 an et 1 mois) |
---|---|
Lieu |
Israël Palestine Liban du Sud[1] Syrie[2] |
Issue | En cours |
Bande de Gaza :
Cisjordanie : Sud-Liban : Yémen : Iran[8] |
Israël |
Salle des opérations conjointes palestiniennes
Conseil central du djihad Forces de l'aube (ar)[6] |
Armée de défense d'Israël Police d'Israël Shin Bet |
Bande de Gaza selon le Centre d'information palestinien du Hamas :
Cisjordanie Sud-Liban
Attaque en Israël
|
En Israël selon Ies autorités israéliennes :
Cisjordanie
|
1 civil tué, huit soldats tués et sept blessés
59 membres de l'UNRWA tués
9 gardes frontières blessés, six civils blessés
Batailles
Chronologie
Attaques et massacres
- Festival de musique de Réïm
- Netiv HaAsara
- Alumim
- Be'eri
- Ein Hashlosha
- Holit
- Kfar Aza
- Kissoufim
- Nahal Oz
- Nir Oz
- Nirim
- Nir Yitzhak
- Camp de Jabaliya
- Al-Shati
- Tour Hajji
- Évacuations de Gaza
- Poste de frontière d'Erez
- Hôpital Al-Ahli Arabi
- École de l'UNRWA
- Église Saint-Porphyre
- Convoi médical d'Al-Shifa
- Camp d'Al-Maghazi
- École Al-Buraq
- Massacre de la farine
- Tel al-Sultan
Voir aussi
- Émeutes de Jérusalem (1920)
- Émeutes de Jaffa (1921)
- Massacre d'Hébron (1929)
- Grande Révolte arabe (1936-1939)
- Guerre civile (1947-1948)
- Guerre israélo-arabe de 1948
- Guerre israélo-arabe (1948-1949)
- Guerre des Six Jours (1967)
- Opération Colère de Dieu (1972-1992)
- Crise du canal de Suez (1956-1957)
- Guerre d'usure (1967-1970)
- Guerre du Kippour (1973)
- Attaque contre un poste-frontière (2012)
- Première guerre du Liban (1975-1990)
- Opération Litani (1978)
- Intervention militaire israélienne au Liban (1982)
- Opération Raisins de la colère (1996)
- Deuxième guerre du Liban (2006)
- Première intifada (1987-1993)
- Seconde intifada (2000-2005)
- Opération Arc-en-ciel (2004)
- Opération Jours de pénitence (2004)
- Opération Pluies d'été (2006)
- Blocus de la bande de Gaza (2007-)
- Guerre de Gaza (2008-2009)
- Abordage de la flottille pour Gaza (2010)
- Confrontation israélo-palestinienne (2011)
- Opération Pilier de défense (2012)
- Guerre de Gaza (2014)
- Regain de violence (2015-2017)
- Marche du retour (2018-2019)
- Crise israélo-palestinienne (2021)
- Guerre entre Israël et le Hamas (2023)
- Massacre de Munich (1972)
- Massacre de Sabra et Chatila (1982)
La guerre Israël-Hamas de 2023 est un conflit opposant Israël au Hamas, organisation politico-militaire palestinienne, et d’autres milices palestiniennes depuis l'opération Déluge d'al-Aqsa (en arabe : عملية طوفان الأقصى ; Amaliyyat Ṭūfān al-Aqṣā), qu'ils ont menée le qui tombe un shabbat, d'où sa qualification dans la presse israélienne de « Shabbat noir » (en hébreu : השבת השחורה ; HaShabbat Hash’hora[32]), et coïncide cette année avec la fête juive de Sim'hat Torah.
Cette opération consiste en une série d'attaques terroristes lancées depuis la frontière entre la bande de Gaza et Israël par le Hamas, appuyé par le Jihad islamique palestinien, le Front populaire de libération de la Palestine et le Front démocratique pour la libération de la Palestine. Après le tir de plusieurs milliers de roquettes Qassam sur Israël, la barrière entre la bande de Gaza et Israël est défoncée et plus de 3 000 assaillants palestiniens envahissent plus de vingt villes et kibboutz de l'enveloppe de Gaza, par voie de terre, de mer et d'air, faisant 1 200 morts (dont au moins quarante de nationalité française) et perpétrant des viols de masse ainsi que diverses exactions et destructions, avant de prendre 240 civils israéliens et étrangers en otage.
Cette attaque, sans précédent dans le conflit israélo-arabe par le nombre de ses morts et otages, inédit dans l'histoire d'Israël, ainsi que par les scènes d'horreur qui renvoient les Israéliens aux pages sombres de l'histoire juive, qu'ils croyaient révolues avec la création de l'État, représente pour eux un traumatisme et marque un « tournant historique » qui serait le 11 septembre de leur pays, appelant à une riposte à la hauteur : Israël réplique le même jour par l'opération Épées de fer (en hébreu : מבצע חרבות ברזל ; Mivtsa' haravot barzel), comprenant des bombardements aériens, le blocus de la bande de Gaza et des opérations au sol limitées à partir du puis s'intensifiant à partir du 27 octobre, alors que les roquettes palestiniennes continuent de tomber sur Israël.
Les ripostes israéliennes auraient entraîné la mort de plus de 11 078 personnes, blessé 24 000 civils et combattants palestiniens, provoqué le déplacement de plus de 1 500 000 civils et au moins 1 000 personnes seraient portées disparues. L'ONU dénonce alors un grave risque de génocide à l'encontre de la population palestinienne[33]. Côté israélien, 200 000 personnes sont également déplacées. Les craintes d'une crise humanitaire augmentent après le siège militaire d'Israël de l'enclave palestinienne qui était déjà sous blocus égyptien et israélien. Certains experts accusent Israël de procéder au génocide des Palestiniens, suscitant des critiques. À partir du le poste-frontière de Rafah au sud de l'enclave s'ouvre vers l'Égypte pour laisser passer un nombre limité de camions humanitaires puis des blessés et des ressortissants étrangers. Une trève commence le 24 novembre pour permettre l'échange d'otages et prisonniers.
Le conflit menace de s'étendre dans la région avec les tirs du Hezbollah depuis le Liban, entraînant une riposte israélienne, puis l'évacuation massive des zones frontalières dans les deux pays. L'envoi dans la région de deux porte-avions américains, la menace de l'Iran de frapper directement les intérêts américains et l’intervention des Houthis yéménites par le biais de tirs de missiles et l'envoi de drones, font craindre son internationalisation.
Réciproquement, une guerre de communication se poursuit entre les belligérants à travers le monde, et déclenche un vif débat ainsi qu'une résurgence des actes et crimes de haine.
Contexte
En octobre 2023, la dynamique de normalisation avec Israël enclenchée par les accords d'Abraham semble proche de réussir grâce à une entente et des relations historiques entre Israël et l'Arabie saoudite ; ce projet est, de l'avis de plusieurs, contraire aux visées hégémoniques régionales des Gardiens de la révolution islamique, et une guerre avec Israël pourrait stopper son élan[34],[35],[36]. Il semblerait qu'une attaque multicéphale sur Israël ait été planifiée depuis Beyrouth lors de nombreuses réunions organisées depuis plusieurs mois entre le Hezbollah, le Hamas, le Jihad islamique palestinien et leurs commanditaires iraniens avec pour but d'infiltrer le territoire israélien et y semer la terreur[37], ce que les autorités iraniennes démentent[38].
Récapitulatifs des affrontements entre Israël et le Hamas
En 2005, Israël procède au désengagement unilatéral du Gush Katif (« Bloc de la Récolte »), retirant ses troupes militaires et évacuant de force les implantations établies en 1968, afin de laisser champ libre à l'Autorité palestinienne sur la bande de Gaza. Cependant, le Hamas, qui a remporté les élections législatives de 2006, y prend le pouvoir à la suite d'un conflit sanglant avec le Fatah et y instaure sa dictature en 2007[39]. En réaction, Israël et l'Égypte mettent en place un blocus de la bande de Gaza pour assurer leur sécurité[40],[41],[42].
L'opération Plomb durci menée, en 2008, par Tsahal contre le Hamas en réponse aux tirs de roquettes Qassam, lancées de la bande de Gaza depuis 2006, fait 1 400 morts palestiniens, dont 758 civils, et treize Israéliens[40],[41]. Le rapport Goldstone mandé par l'ONU, fait état de crimes de guerre commis par Israël[40] tandis qu’Amnesty International accuse les deux belligérants d'atrocités criminelles[43]. En , l'État hébreu active le Dôme de fer, un système de défense conçu pour détruire les roquettes Qassam[40].
L'opération Pilier de défense, déclenchée en réponse à un regain d'hostilité et l'envoi de missiles sur l'intérieur d’Israël, se solde sur un bilan de 170 Palestiniens dont une centaine de civils, et six Israéliens, dont quatre civils. Deux ans plus tard, l'opération Bordure protectrice lancée en représailles contre l'enlèvement rapidement suivi du meurtre de trois adolescents israéliens, fait plus de 2 200 morts palestiniens, dont plus de 1400 affiliés aux mouvements palestiniens, et 74 israéliens, majoritairement des militaires[40],[41],[43]. Selon l'ONU, les bombardements israéliens ont endommagé près de 55 000 maisons[43],[44].
Le , le Hamas décide d’avancer la Marche du retour afin de protester contre le déplacement de l'ambassade américaine à Jérusalem, et Yahya Sinwar — qui a remplacé Ismaël Haniyeh à la tête du Hamas à Gaza l’année précédente —, déclare que « les manifestations se poursuivront jusqu'à ce que la frontière disparaisse[45] ». Au terme des manifestations quelque neuf mois plus tard, le bilan est de 189 morts et plus de 6 000 blessés côté palestinien[40].
La crise israélo-palestinienne de 2021 a lieu au cours du Ramadan, et les tirs de roquettes du Hamas, auxquels Israël répond par des bombardements aériens de la bande de Gaza, s’accompagnent d'émeutes dans le territoire israélien, en particulier dans les villes à population juive et arabe. Au terme de onze jours d’affrontements, au moins 256 Palestiniens dont 66 mineurs, ont été tués, plus de 1 900 personnes ont été blessées et au moins 72 000 ont été déplacées[46],[47]. En Israël où le Dôme de Fer a permis de réduire le bilan, quatorze personnes ont été tuées[48],[49], dont deux mineurs[50], 343 civils ont été blessés par les tirs des organisations palestiniennes, dont 119 par des éclats, et 195 l’ont été lors des émeutes[51], outre les quelque trois cents policiers blessés dans l’exercice de leurs fonctions[52].
Le , après cinq jours de confrontation militaire, une médiation égyptienne conduit à une trêve entre le Jihad islamique palestinien et Israël ; le Hamas n’a officiellement pas pris part aux évènements[53].
Le présent conflit peut donc être considéré, selon les analystes, comme la cinquième guerre d'Israël contre le Hamas[54] ou la onzième guerre israélo-arabe en trois quarts de siècle[55].
La bande de Gaza à la veille du Déluge Al-Aqsa
Une société sous le contrôle du Hamas
Maître de la bande de Gaza depuis son accession au pouvoir en 2006, le Hamas y règne en dictateur[56], empêchant la critique contre lui et contrôlant entièrement l'état des affaires ; cependant, si « la situation est totalement désespérée pour les jeunes Palestiniens »[57], le Hamas est « l'un des groupes terroristes les plus riches du monde », avec un budget annuel estimé à près d’un milliard de dollars depuis 2014[58] « pour contrôler la bande de Gaza et faire fonctionner son armée », sans compter le budget utilisé pour son gouvernement[59] (le Hamas est dirigé localement par Yahya Sinwar[60] tandis que plusieurs membres de la direction politique du Hamas, dont Khaled Mechaal et son successeur Ismaël Haniyeh, sont logés au Qatar où ils entretiennent de bonnes relations avec la famille régnante[61]).
Environ 100 millions de dollars proviennent des taxes douanières que le Hamas perçoit chaque année sur les produits importés à travers les kilomètres de tunnels qu'il a construits depuis l'Égypte vers Gaza[62],[63], et ses activités immobilières clandestines en Arabie saoudite, en Syrie et à Dubaï, lui ont permis d'amasser « d'énormes richesses et ressources »[59] ; l'essentiel de ses ressources provient de l'extérieur : outre les dons privés de riches particuliers, Palestiniens expatriés ou étrangers issus des pays du Golfe[58], et environ 41 millions de dollars issus de la cryptomonnaie depuis 2021[64],[65] (ceux-ci proviennent d'une part de dons anonymes sur les réseaux sociaux, où il est précisé qu'ils seraient « utilisés pour des causes violentes, » et, d'autre part, d'organisations caritatives musulmanes pour les Palestiniens et autres ONG, basées au Qatar, au Koweït, en Turquie et en Occident[58],[62],[64]), le Hamas perçoit annuellement cent millions de l'Iran, et détournerait une partie des différents programmes d'aide aux territoires palestiniens (salaires, soutien, hôpitaux, développement, humanitaire, droits de l'homme, bourses...) financés par les États-Unis et l'Union européenne, soit 1,11 milliard d'euros pour la période 2021-2024[66], ainsi que plus d’un milliard et demi de dollars reçus du Qatar au cours de la dernière décennie, et officiellement destinés eux aussi à différentes aides aux Palestiniens[62].
Hamas et Israël
L’objectif du Hamas n'est cependant, contrairement à ce qu’il fait croire à Israël, pas de diriger la bande de Gaza[67] mais de s'en servir comme base pour mener ses attaques contre Israël jusqu'à sa destruction, ainsi que le promulgue sa charte de 1988[68] et que le déclare, notamment, Khalil al-Hayya , un membre du conseil dirigeant du Hamas interrogé à Doha, capitale du Qatar :
« Le but du Hamas n'est pas de gérer Gaza et de lui fournir de l'eau, de l'électricité ou quoi que ce soit. »[...] Ce n'est pas parce que nous voulons du carburant et du travail que nous livrons bataille. Ce n'est pas pour améliorer la situation à Gaza, c'est pour bouleverser la situation[69]. »
L'attaque du 7 octobre 2023 semble avoir été planifiée dans le plus grand secret par Mohammed Deif, Yahya Sinwar et un nombre restreint de commandants du Hamas, au moins un an sinon deux avant sa réalisation — soit immédiatement après la crise israélo-palestinienne de 2021 voire au cours de celle-ci[70],[71] —, en communiquant exclusivement au moyen d'un réseau téléphonique interne, opérant dans le réseau souterrain de Gaza pour optimiser la discrétion et éviter la détection par des moyens électroniques[69],[72] (ce réseau souterrain et multi-étagé, bien plus étendu que le territoire sur lequel il est bâti, et assez profond pour résister aux attaques aériennes de l'armée israélienne, constitue lui-même un défi majeur pour cette dernière car elle aurait besoin de plus de temps pour venir à bout de sa complexité que ce que la communauté internationale serait prête à lui accorder avant de lui imposer un cessez-le-feu[73]).
Pendant ce temps, des agriculteurs et travailleurs gazaouites employés en Israël récoltent des informations sur les systèmes de défense israéliens, les emplacements des caméras de surveillance, les heures de relève ou encore les points de rassemblement des équipes de réserve (he), lesquelles sont les premières à intervenir en cas d'attaque jusqu'à l'arrivée des forces régulières, tandis que des bataillons du Hamas s'entraînent au vu et su de tous[74]. Disposant de troupes d'assaut navales[75], le Hamas pourrait s'être formé aux attaques aériennes environ trois mois avant l'attaque, lorsque Sven Kuhn von Burgsdorff, envoyé de l'Union Européenne, enseigne l'art du paramoteur aux Gazaouites malgré les désapprobations multiples d'Israël, pour leur faire, selon ses dires, découvrir la liberté[76].
En septembre 2023, 500 membres du Hamas et du Jihad islamique sont envoyés en Iran pour y être entraînés par la force Al-Qods, sous la supervision personnelle d'Ismael Qaani[77] (les autorités iraniennes n'auraient cependant pas été au courant de l'opération[38],[69]), des explosifs sont placés en divers points de la barrière sous couvert d'émeutes au cours des semaines qui précèdent l'attaque[74], et une répétition générale de l'opération semble s'être tenue trois semaines auparavant, avec la pratique de l'isolement de forces militaires, de diversion à l'aide de barrages de roquettes, de brèches dans la clôture de séparation et d’attaques rapides de cibles au sein de bâtiments[78]. Des documents hautement confidentiels indiquent en outre aux assaillants où frapper pour faire le plus de victimes possibles parmi les enfants[79],[80],[81] et des sachets de fénétylline sont préparés afin de faciliter le passage à l'acte[82],[83].
Israël à la veille du Shabbat noir
Une société en crise prolongée
La société israélienne, politiquement divisée depuis 2018 , se clive encore davantage depuis le retour au pouvoir de Benyamin Netanyahou en décembre 2022 : une semaine après l'investiture de son gouvernement, le nouveau ministre de la Justice, Yariv Levin qui juge la Cour suprême d'Israël politisée, veut faire passer une réforme du système judiciaire (en) dans le but de diminuer ses prérogatives au profit de la Knesset, mais les détracteurs de cette réforme estiment qu'elle ouvre la voie à une dérive antilibérale ou autoritaire[84].
Des manifestations d’ampleur se tiennent chaque samedi au cours de l'année 2023 contre la réforme, des grèves de secteurs plus ou moins importants se produisent, des menaces de fuite de cerveaux ou de capitaux sont régulièrement agitées, et des réservistes déclarent refuser de faire leur période militaire ; des partisans de la réforme organisent des contre-manifestations rassemblant elles aussi plusieurs centaines de milliers de manifestants, assurant que les opposants à la réforme « ne voleront pas nos élections. »[85].
Des messages fortement chargés se font entendre en toutes occasions, notamment au Jour de la Shoah où un pilote de ligne compare la refonte judiciaire aux événements ayant mené à la Shoah[86] et les fêtes les plus solennelles du calendrier juif ne sont pas épargnées lorsque des manifestants prennent à parti ceux et celles qui sont venus participer à une prière publique pour le Yom Kippour à Tel Aviv, alors que beaucoup de ceux-ci n'observent généralement pas les préceptes de la loi juive[87].
Un ancien membre du Shin Bet pense même que Yahya Sinwar a pu croire que ces divisions empêcheraient Israël de répliquer à une attaque[88].
Israël et Hamas
Malgré le militantisme affiché de ses débuts, Yahya Sinwar, qui a été libéré en 2011 dans le cadre de l'échange de prisonniers avec le soldat franco-israélien Gilad Shalit, après avoir été opéré d'une tumeur cérébrale en 2008[89], déclare en mai 2018 ne plus vouloir de guerre[90] et aurait fait parvenir un billet à Benyamin Netanyahou où il aurait écrit en hébreu « Risque calculé »[91].
Dès lors, le gouvernement israélien mené par celui-ci reconnaît de facto la souveraineté du Hamas sur Gaza, permettant aux aides qataries de lui parvenir et accordant des permis de travail à 20 000 habitants de Gaza, dans une stratégie qui vise à favoriser le Hamas vis-à-vis du Fatah de Mahmoud Abbas, afin de les diviser et empêcher la création d'un État palestinien[92],[93].
Les différents affrontements entre Israël et le Hamas ne modifient pas fondamentalement cette conception, et les représailles israéliennes visent à affaiblir le Hamas plutôt qu'à l'éliminer. En outre, tant Tsahal que le Shin Bet estiment qu'il a été dissuadé de recourir à la violence depuis la fin de l'opération Gardien des Murailles, et préfère se concentrer sur la reconstruction de la bande de Gaza[94]. De surcroît, le Hamas s'étant ostensiblement distancié du Jihad islamique palestinien lors du récent embrasement entre celui-ci et Israël, il a été décidé d'alléger les conditions du blocus israélien sur la bande de Gaza, de crainte qu'une nouvelle escalade ne compromette le processus de normalisation avec l'Arabie saoudite[95],[96].
Des signes avant-coureurs sont ignorés ou minimisés : des agriculteurs israéliens remarquent pendant des mois des manœuvres et entraînements qui ont lieu près de la clôture de séparation avec Gaza[74],[97] ; les observatrices en poste près de la frontière tentent en outre d'alerter leur hiérarchie ou leurs proches de l'arrivée de nouvelles têtes dans la région, du remplacement de bergers par d'autres personnes et de la sensation d'être « étudiées » mais elles ne sont pas entendues[98],[99]. Le ministre égyptien du Renseignement déclare, trois jours après le début des hostilités, avoir prévenu le gouvernement israélien que « quelque chose de gros » était en préparation sans réaction de sa part, ce que démentent le cabinet du premier ministre israélien[100] et des informateurs des services de sécurité égyptiens[101].
Le 6 octobre, le chef d'état-major, Herzi Halevi, et le chef du renseignement intérieur, Ronen Bar, reçoivent des informations sur l'intention d'agir du Hamas mais décident de ne pas relever le niveau d’alerte, et aucune mesure n'est prise pour faire face à l'éventuelle agression[102],[103],[104] car l'on s'attend plutôt à une tentative de prise d'otage locale[105]. Un correspondant militaire affirme que l'armée, jugeant les risques sécuritaires plus grands dans les implantations juives de Judée-Samarie en raison de troubles à Huwara et d'altercations au cours de la fête de Souccot, y aurait transféré un bataillon voire un bataillon et demi de Gaza[74],[106],[107] mais cette information a été démentie par un autre correspondant ainsi que par le porte-parole de l'armée[108] (ce sont des batteries d'artillerie qui ont été transférées au cours des dernières années de la frontière sud à la frontière nord et en Judée-Samarie[109]).
Déroulement
Évènements du 7 octobre 2023
Le 7 octobre 2023 à 6 h 30 du matin (heure locale), alors qu'on s'apprête à célébrer en Israël Sim'hat Torah, à se rendre au festival de musique trance Supernova Sukkot Gathering[110] ou à jouir de la quiétude du shabbat, le Hamas lance plusieurs milliers de roquettes sur l'ensemble du territoire israélien, de Dimona au sud jusqu'à Wadi Ara au nord et à Jérusalem à l'est du pays[111],[112], tandis que les avant-postes proches de la frontière sont incessament bombardés d'obus de mortier — Mohammed Deif, commandant des brigades Izz al-Din al-Qassam, accuse dans un communiqué pré-enregistré les Juifs d'avoir blasphémé Al-Aqsa, appelle les Arabes israéliens ainsi que les musulmans du monde entier à se joindre à la lutte[113], et annonce que plus de 5 000 roquettes et obus ont été « tirés depuis Gaza vers Israël au cours des 20 premières minutes de l'opération » mais Tsahal les estime à 2 000[114] — 2 200[112].
Ces tirs qui font plusieurs victimes, notamment dans les villages bédouins du Néguev[111],[115],[116], permettent à environ 200 paramilitaires motorisés de la force Nuhba , division d'élite des brigades Al-Qassam, de se ruer sur la barrière entre la bande de Gaza et Israël ; équipés d'armes légères et lourdes, de roquettes antichar et de grenades, ils sont informés à ce moment qu'il ne s'agit pas d'un exercice, et la font exploser en plus de 20 points de passage pendant que des drones de combat font éclater les caméras de surveillance sur la clôture, et que des dizaines de paramoteurs traversent la frontière par voie des airs. La barrière est défoncée au bulldozer, des centaines de miliciens pénètrent par escouades de quinze dans huit avant-postes de Tsahal qui sont rapidement conquis tandis que les soldats sont exécutés ou pris en otages[74]. Cependant, les membres de la force Nuhba désactivent les lignes électriques et générateurs près de la clôture, privant Tsahal de tout moyen de communication et d'observation[117]. Une autore vague d'environ 500 terroristes motorisés — dont certains vêtus d'uniformes de l'armée ou de la police israéliennes[118] —, se rend alors vers des cibles prédésignées[74] pour se livrer au massacre de civils, aux incendies et au pillages d'habitations[119], suivie par des civils gazaouis[120] sur lesquels l'armée n'ose pas faire feu car ils ne sont pas armés[121], et dont certains et certaines se livreront aux mêmes actes[122],[123].
Bénéficiant de renseignements de qualité[79],[80], de radios et de cartes, les assaillants envahissent plus de vingt localités de l'enveloppe de Gaza par voie de terre — à l'aide de tracteurs, camions, fourgonnettes et motos —, de mer et par les airs[126],[127], dont les villes de Sdérot et d'Ofakim. À Zikim, où se trouve un kibboutz et la base militaire Bahad 4, qui sert à l'entraînement des nouvelles recrues de Tsahal pour constituer des bataillons de sauvetage, celle-ci est déclarée infiltrée et perdue par Tsahal à 7 h[128],[129] tandis que des civils armés dont un officier en congé, repoussent l'assaut du Hamas sur le kibboutz[130] ; à Sdérot, les assaillants conquièrent le commissariat mais se heurtent à la résistance farouche des policiers, qui limitera relativement le nombre de pertes civiles. Les troupes du Hamas se rendent en revanche maîtres de plusieurs villes et kibboutz frontaliers, pillant et massacrant plus de mille civils israéliens et étrangers à Nir Oz, à Holit, à Be'eri, à Nahal Oz, à Nir Itzhak, à Ein Hashlosha, à Netiv HaAssara, à Kfar Aza, à Nirim, à Kissoufim et au festival de musique de Réïm, où le nombre de victimes semble avoir été le plus important (Nova, Be'eri, Oz, Nir et Re'i deviennent des prénoms tendance pour les naissances des mois suivants[131]). Quelques heures plus tard, dix fourgons armés attaquent la division Réïm et éliminent les soldats mais ils ne parviennent pas à s'emparer du QG souterrain, d'où le commandement de la division de Gaza tente d'organiser une riposte[74].
Les tortures infligées aux victimes — sans égard pour leurs positions politiques souvent critiques du gouvernement israélien au pouvoir, et pour leurs actions en faveur des Palestiniens et de la paix[132],[133],[134],[135] — au nom d'Allah, sont condamnées par de nombreux Arabes et musulmans[136], y compris certains qui se réjouissaient des succès du Hamas de prime abord mais s'en désolidariseront en voyant les scènes que celui-ci a filmées[137] et instrumentalisées pour les enrôler d'une part[138],[139] et traumatiser d'autre part le reste de la population israélienne[140],[141]. Y figurent, entre autres, le cadavre brûlé d'une femme violée[142],[143],[144], des familles entières massacrées[145], une femme enceinte éventrée et le fœtus poignardé[146],[147], un père déchiqueté par une grenade pour en protéger ses enfants[142],[148], des enfants tués devant leurs parents[149],[150],[151], des maisons incendiées en présence de leurs occupants[152], dont certains avaient réchappé à la Shoah[153],[154] etc. Il est de surcroît fait état de viols de guerre[155],[156],[157],[158] sur des femmes et hommes, et de dégradations de cadavres : l'armée israélienne et des organisations paramédicales dont ZAKA, retrouvent des corps d'hommes, femmes, enfants, bébés et vieillards, décapités, énucléés, démembrés, émasculés et/ou calcinés[145],[159],[160], un adulte et un enfant sont attachés ensemble avant d'être brûlés vivants jusqu'à la carbonisation[161], … En sus, plus de deux cents civils, en particulier des enfants et des personnes âgées, sont enlevés[133],[162],[163] car une récompense de 10 000 dollars et d'un appartement a été promise pour qui ramènerait un otage dans la bande de Gaza[164],[165],[166] (outre la pension mensuelle octroyée (en) par l'Autorité palestinienne aux familles de tout « martyr » ayant tué des Juifs ou passé au moins cinq ans dans les geôles israéliennes, laquelle est, selon Palestinian Media Watch (en), prélevée sur des fonds d'aide occidentaux[167],[168]).
Débordée par le nombre de fronts et prise au piège d'embuscades où des soldats de tous grades tombent par centaines, l'aide militaire n'arrive que bien plus tard sur place, pour combattre les assaillants palestiniens ou constater leurs exactions[115],[169]. Utilisant les téléphones de leurs victimes pour annoncer leurs actes à leurs parents[170],[171], les terroristes envoient aussi des images des corps suppliciés à leurs familles ou effectueront des centaines d'appels téléphoniques fanfaronnants, moqueurs et malveillants aux familles, menaçant de violer ou tuer leurs proches retenus en otages[172].
À 10 heures, Benyamin Netanyahou s'adresse à la nation pour déclarer le pays en guerre et annoncer la mobilisation de réservistes en vue de la riposte ; il appelle les chefs des partis d’opposition de la Knesset — qui ont publié un communiqué conjoint pour assurer Tsahal de leur soutien total et enjoindre la communauté internationale à condamner les actes de terrorisme[173] — à former un gouvernement d'union nationale d'urgence[174] et un cabinet de guerre pour la durée de celle-ci[175].
Dans la soirée, une autre salve d'environ 150 roquettes est lancée depuis Gaza vers le centre d'Israël, avec des explosions signalées à Yavné, Givatayim, Bat Yam, Beit Dagan, Tel Aviv et Rishon LeZion[176] ; le ministre israélien de l'Énergie, Israël Katz, signe au même moment un décret ordonnant à la compagnie israélienne d'électricité de « cesser [sa] fourniture d'électricité à Gaza »[177].
Au terme du 7 octobre 2023, malgré la contre-offensive israélienne qui a reconquis la base de Réïm[178], l'histoire improbable de Rahel Edri (he)[179], les actes de bravoure d'Israéliens juifs ou musulmans qui ont sauvé des vies au prix de la leur[180], et ceux qui ont permis à d'autres de mettre le Hamas en échec çà et là[181],[182], celui-ci et ses alliés contrôlent sept communautés ainsi que le poste-frontière d'Erez par lequel d'autres terroristes continuent d'entrer en Israël[115],[176],[183].
Tandis qu'Ismaël Haniyeh s'agenouille avec gratitude depuis Doha lorsque la télévision qatarie diffuse les images du carnage perpétré par son mouvement[61], l'État hébreu peine à se remettre du choc qu'il vient de subir, et qui bouleversera jusqu'à son langage[184] : ce qui avait commencé comme un jour de fête, s'est terminé par la journée la plus meurtrière en Israël depuis la fondation de l'État, 75 ans plus tôt et pour les Juifs depuis la Shoah[185], avec un bilan qui ne cesse de gonfler, de 250 lors des premières estimations[111] à 1 400 morts au bout d'une semaine dont plusieurs centaines de militaires, plusieurs dizaines de policiers[27] et 10 agents du Shin Bet (il sera établi en novembre que quelque 200 corps sont ceux de miliciens palestiniens, ramenant le nombre de victimes aux environs de 1 200)[23],[Notes 1], et un nombre d'otages et de prisonniers tout aussi inédit dans les annales du pays, dont certains se sont barricadés dans les zones envahies[115] tandis que d'autres ont déjà été transférés dans les tunnels du Hamas où Saleh al-Arouri déclare à Al-Jazeera qu'ils serviront de monnaie d'échange « pour libérer tous les prisonniers palestiniens d'Israël »[186] et, vraisemblablement, de boucliers humains[187].
Un long travail d'acheminement des corps et de leur identification commence dans les morgues israéliennes car les mutilations sont parfois si sévères qu'il se poursuit encore plus d'un mois après les évènements : le 29 octobre, les tests ADN effectués sur un reste osseux, précisément un rocher permettent de l'attribuer à Shani Louk, et de déterminer ainsi que l'Israélo-allemande de 22 ans est déjà morte lorsque le Hamas la parade à Gaza quasiment nue et ensanglantée, tandis que la foule la hue et crache sur son corps[188] ; le 15 novembre, des restes prélevés dans une maison brûlée jusqu'aux fondations sont identifiés comme ceux de l'activiste pro-palestinienne Viviane Silver, dont l'enlèvement était présumé[134] ; le 19 novembre, l'analyse de cendres localisées par des archéologues, détermine que Liel Hetsroni, 12 ans et également portée disparue, est morte en même temps que son frère, sa tante et son grand-père[189].
L'on craint par ailleurs l'ouverture d'un front supplémentaire au nord et à l'est voire d'un front intérieur dans les villes mixtes, comme en 2021[190],[191], et c’est pourquoi, au-delà des parallèles tracés avec la guerre de Kippour cinquante ans plus tôt — attaque-surprise[192], faillite du renseignement[193], écroulement de « la conception »[194],[195], demande de comptes et limogeage des responsables, visant en particulier la personne déjà polarisée de Benyamin Netanyahou[196],[197] —, l'on craint pour la survie même de l'État[198] et l'on part pour une « seconde guerre d'indépendance »[199].
Riposte d'Israël et temps de la guerre
Première phase
Le 7 octobre 2023 à 10 h 34 du matin (heure locale), Israël déclenche une contre-attaque militaire baptisée opération Épées de fer. Des frappes aériennes sont lancées sur la bande de Gaza, et une mobilisation massive de réservistes est lancée en vue d'une offensive terrestre[114] : 360 000 réservistes arrivent ou reviennent en priorité de l'étranger[200],[201] tandis qu'en Israël même, la mobilisation se heurte aux défaillances des transports en commun[202].
Tsahal entreprend d'éliminer la présence du Hamas du territoire israélien à Sdérot, à Zikim, à Ofakim et ailleurs[203],[204]. Le , tandis qu'une roquette Qassam frappe le centre médical Barzilaï à Ashkelon malgré la protection du Dôme de fer, et que cent autres sont lancées sur Sdérot[205],[206],[207],[208], l'armée israélienne bombarde la bande de Gaza, visant selon les autorités palestiniennes de nombreuses infrastructures dont des écoles, mosquées, hôpitaux ainsi que des quartiers résidentiels, identifiées par Israël comme « cibles terroristes »[209],[210]. Le Hamas, qui détient 240 otages[211] dont des enfants, des personnes âgées et des jeunes capturés lors du festival Nova de musique de Réïm, menace de commencer à les tuer sans avertissement à chaque attaque israélienne sur des civils dans la bande de Gaza[212]. Le , Yoav Gallant, ministre de la Défense d'Israël, annonce un « siège complet » de la bande de Gaza où vivent 2,3 millions de Palestiniens, avec la suppression de l'approvisionnement, de l'eau potable[Notes 2], du gaz et de l'électricité[213]. Yoav Gallant justifie ce blocage en indiquant : « Nous combattons des animaux et nous agissons en conséquence[214]. » Le ministère de la Défense annonce la mobilisation de 300 000 réservistes de l'armée. L'Organisation des Nations unies considère que le « siège complet » de la bande de Gaza est prohibé par le droit international humanitaire et s'y oppose[215], tout comme l'Union européenne[216].
Le , le chargé d'affaires israélien en France annonce sur France Inter que le lancement d'une opération terrestre dans la bande de Gaza est imminent[217]. Le même jour, Israël avertit qu'il n'y aura pas d'exception humanitaire à son blocus de la bande de Gaza tant que tous les otages n'auront pas été libérés[218].
Le , Tsahal demande aux 1,1 million de civils gazaouis vivant au nord du Wadi Gaza, d'évacuer la zone pour le sud de la bande de Gaza, sous 24 heures[219]. Le porte-parole du secrétaire général des Nations unies, Stéphane Dujarric, estime « impossible qu'un tel déplacement de population ait lieu sans provoquer des conséquences humanitaires dévastatrices »[220]. Le Hamas demande à la population de rester sur place pour éviter une seconde nakba[221]. Le Croissant-Rouge palestinien rejette également l'ultimatum : « Malgré les menaces de bombardement de l'occupation ; La décision est prise. Nous ne sommes pas partis et ne partirons pas. Nos ambulanciers continueront à assurer leurs missions humanitaires jusqu'au dernier moment. Nous ne laisserons pas les gens seuls face à la mort. »[222] Le 13 octobre, un convoi humanitaire de civils gazaouis ayant accepté l'ordre d'évacuation est atteint par une explosion sur l'itinéraire d'évacuation tracé par Tsahal, cela à 17 h 30 locales selon la BBC[223] alors que le couloir n'était ouvert qu'entre 10 h et 16 h locales[224] ; au moins 70 personnes sont tuées et 200 autres blessées[225],[226], sans que la responsabilité de l'un des deux belligérants soit clairement établie, entre la possibilité d'une frappe de l'aviation israélienne d'une part ou d'une explosion d'une voiture piégée par le Hamas voire d'une roquette palestinienne défaillante[227],[228] ; parallèlement, les routes d'évacuation des Palestiniens « sont bloquées par le Hamas, qui cherche à empêcher les habitants de s’en aller et à les utiliser comme boucliers humains »[229].
Un total de 6 000 bombes sont larguées par Israël pendant les six premiers jours de guerre, plus que celles utilisées par les États-Unis en un an en Afghanistan et le double de celle employées par la coalition contre l'État islamique sur un mois[230].
Un document d'orientation du ministère des renseignements israéliens, datant du , partagé par WikiLeaks le , préconise le déplacement des habitants de Gaza vers le Sinaï, en établissant d'abord des villes de campements dans cette région, suivi de la construction de villes dans le nord du Sinaï. Le document suggère que l'Égypte devrait accepter les réfugiés en vertu du droit international, et Israël devrait promouvoir une initiative diplomatique pour obtenir le soutien d'autres pays pour accueillir les personnes évacuées. Le ministère envisage également des campagnes de communication pour convaincre la population de Gaza de l'absence de perspectives de retour dans un avenir proche[231].
Le , l'annonce d'une explosion dans la cour extérieure de l'hôpital Al-Ahli Arabi à Gaza et qui aurait fait entre 50 et 500 morts voire 800, provoque l'ire de nombreuses manifestants dans le monde. Les deux parties, Israël et Hamas, s'accusent mutuellement de cette frappe[232] mais selon des experts, s'appuyant sur les analyses des vidéos, et notamment cités par Al Jazeera, il paraît peu probable que cette explosion soit due à un bombardement israélien[233]. L'Associated Press, le Wall Street Journal et CNN relaient la confirmation d'un tir palestinien[234]. Après avoir accusé Israël de cette frappe, la BBC admet qu’il était « erroné de spéculer » qu’Israël était à l’origine de l’explosion de l'hôpital gazaoui[235]. De la même façon, le New York Times admet qu’il s’est « trop fortement appuyé » sur les allégations du Hamas dans son rapport initial sur l’explosion de l’hôpital de Gaza. La France par la voix de la Direction du renseignement militaire français (DRM) tente également de corriger l’« emballement médiatique » avec une dépêche à l'AFP affirmant que « rien ne permet de désigner une frappe israélienne » - trop tardive, selon un chercheur à Sciences Po[236]. Le bilan humain catastrophiste de cette frappe dans le parking de l'hôpital, qui n'a causé aucun dommage structurel aux bâtiments, mais transmis par des organes ou médias affiliés au Hamas puis repris dans le monde, passe de plusieurs centaines de morts à 100 à 300 selon l'agence Reuters[237] et quelques dizaines, selon l'AFP[238],[239].
Devant l'émotion des pays arabes, le président américain Joe Biden, qui devait initialement se rendre en Jordanie, après son passage à Tel-Aviv, pour y rencontrer le roi Abdallah II, le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, est contraint d'annuler cette rencontre[240].
Dans une interview[241] donnée le 24 octobre sur une chaîne libanaise, le vice-ministre des Affaires étrangères et porte-parole du Hamas, Ghazi Hamad, déclare que « le déluge d’Al-Aqsa [du 7 octobre] n’est que la première fois, et il y en aura une deuxième, une troisième, une quatrième... Nous sommes appelés une nation de martyrs, et nous sommes fiers de sacrifier des martyrs ». Il ajoute qu'Israël est un pays qui n'a pas sa place sur terre :
« Nous devons éliminer ce pays, car il constitue une catastrophe sécuritaire, militaire et politique pour la nation arabe et islamique »[242],[243]
Comme demandé par le président américain, des convois d'aide humanitaire venus d'Égypte commencent à pénétrer le dans la bande de Gaza par le poste-frontière de Rafah[244]. À la suite d'une conversation entre Joe Biden et Benyamin Netanyahou, la bande de Gaza, assiégée par l'armée israélienne, peut bénéficier d'un « flux continu » d'aide humanitaire, alors qu'un troisième convoi d'aide humanitaire pénètre le 23 octobre dans la bande de Gaza[245]. Au 29 octobre, c'est 117 camions d'aide humanitaire qui sont entrés dans l'enclave[246]. Les jours suivants, l'aide humanitaire internationale augmente. Le 13 novembre, 756 camions d'aide humanitaire sont passés depuis le 21 octobre[9].
Entre le 10 et le 31 octobre, l'armée israélienne élimine une trentaine de figures (dirigeants politiques, cadres du parti, chefs de la branche armée...) parmi les hauts responsables du Hamas qu'elle cible aux fins d'anéantir l'organisation terroriste à l'origine des massacres du 7 octobre et de précédentes agressions sur son sol[247].
Deuxième phase
Le 27 octobre, l'armée israélienne entame la « deuxième phase » de sa guerre contre le Hamas[248]. Dans la nuit menant au 28 octobre, elle intensifie « de manière significative » ses attaques sur Gaza avec une offensive terrestre[249] frappant « 150 cibles souterraines »[250], et - documents à l'appui - accuse le Hamas d’utiliser les hôpitaux civils de Gaza et particulièrement celui d'al-Shifa comme quartier général militaire, d'où il pomperait ses provisions (fuel, oxygène, eau et électricité) « destinées à l’hôpital pour mener ses opérations terroristes »[251],[252] . Le Hamas récuse ces affirmations[253] mais quinze jours plus tard, Israël maintient ses mêmes accusations.
Le lendemain, après avoir reçu les familles des otages, Benyamin Netanyahou aux côtés de Yoav Galant et Benny Gantz, membres du gouvernement d'union nationale, s'adresse à la nation lors d'une conférence de presse et confirme que les opérations terrestres en cours constituent la seconde phase d'une « guerre longue et difficile » et que vaincre le Hamas constitue un « défi existentiel ». Il appelle à nouveau les civils de Gaza « à continuer à évacuer vers le sud » de l’enclave et il promet « que toutes les possibilités seront explorées pour ramener à la maison [les otages]. Leur captivité est un crime contre l’humanité »[254]. Le 30 octobre, Netanyahou répète son refus d'un éventuel cessez-le-feu qui serait « une reddition face au Hamas » ; sa position est soutenue par la Maison Blanche[255].
Des chars israéliens sont aperçus momentanément pour la première fois en lisière de Gaza-ville. Le Hamas confirme des « combats intenses » au nord de la ville[256].
L'évacuation lente de blessés palestiniens et civils bi-nationaux s'effectue par le poste-frontière de Rafah vers l'Egypte mais pour cela, Israël doit approuver la liste de blessés qui est transmise par les autorités du Hamas à celles d'Egypte[257].
Troisième phase
Temps de la guerre
Le 30 octobre, 24e jour de la guerre déclenchée par l’attaque du Hamas en Israël, le Premier ministre Benjamin Netanyahu annonce que la riposte israélienne est entrée dans sa « troisième phase »[256]. Elle étend son incursion terrestre précédente dans la bande de Gaza par étapes méthodiques, par un positionnement des troupes de Tsahal « équipées de véhicules lourdement blindés, de chars, de bulldozers et de véhicules blindés de combat ... dans différentes parties du nord de la bande de Gaza ... qui est le centre de gravité du Hamas », pour y traquer ses « commandants » et en continuant à frapper « leurs infrastructures et chaque fois qu’il y a une cible importante », précise un lieutenant-colonel israélien[256].
Netanyahu réitère et justifie son refus d'un quelconque cessez-le-feu : « Tout comme les États-Unis n'auraient pas accepté un cessez-le-feu après Pearl Harbor ou le 11-Septembre, Israël n'acceptera pas une cessation des hostilités après l’horrible attaque du 7 octobre ... Ceci est le temps de la guerre »[256].
L'armée israélienne confirme parallèlement l'aggravation de la situation humanitaire à Gaza mais estime que cette situation « n'est pas de (son) fait »[256].
Des images provenant du satellite Sentinel-1 et autres données disponibles permettent d'estimer qu’environ 29 000 bâtiments soit 11 % du parc immobilier de la bande de Gaza ont été endommagés par les combats[258].
Le 31 octobre, par la voix d'Abou Obeïda, le Hamas menace directement Israël et Benyamin Netanyahou : « Gaza sera un cimetière et un bourbier pour l'ennemi, ses soldats et sa direction politique et militaire » et promet au Premier ministre une « cuisante défaite » sonnant la fin de sa carrière politique[259].
Ce même jour, l'armée israélienne confirme avoir bombardé le camp de réfugiés de Jabaliya sis au nord de la bande de Gaza et y avoir tué Ibrahim Biari, un haut commandant du Hamas parmi les responsables de l’attaque lancée en Israël le 7 octobre. Tsahal indique que « son élimination a eu lieu dans le cadre d’une vaste opération de lutte contre les terroristes et les infrastructures terroristes appartenant au bataillon central de Jabaliya, qui avait pris le contrôle de bâtiments civils dans la bande de Gaza »[260]. Outre la mort de combattants palestiniens, des dizaines de victimes collatérales sont décomptées par le Hamas ainsi que la destruction de plusieurs bâtiments[259]. Les brigades Ezzedine al-Qassam du Hamas annoncent également la mort de 7 otages dont 3 étrangers dans ces bombardements[261].
Parallèlement, les autorisations d'exportations sont délivrées pour 303 millions d'euros d'équipements militaires allemands vers Israël, soit près de dix fois plus que les autorisations accordées il y a un an[257].
Le 2 novembre, la ville de Gaza - « centre de l'organisation terroriste Hamas », selon le porte-parole de l'armée israélienne - est totalement encerclée par l'armée israélienne et le nord de la bande de Gaza est coupé du sud[262],[263]. Ce même jour, le cabinet de sécurité israélien décide que seront renvoyés à Gaza tous les travailleurs palestiniens travaillant en Israël le jour du début de la guerre, parmi les 18 500 bénéficiant d'un permis de travail, afin de couper tout lien avec cette ville[264].
Malgré les nombreux appels dont celui de la France[265] à une véritable trêve humanitaire et ceux de cessez-le-feu dont celui du Vatican[266], après un mois de conflit, Israël refuse d'entendre ces voix tant que les otages aux mains du Hamas ne sont pas libérés[267], et aux fins de poursuivre sans relâche la recherche de Yahya Sinouar, le chef du groupe terroriste palestinien à Gaza et son projet d'anéantissement du Hamas dans son ensemble[268],[269],[270]. Benjamin Netanyahu déclare[271] :
« Qu'ils suppriment complètement ce terme (cessez-le-feu) du vocabulaire ... Nous le disons à nos ennemis comme à nos amis. Nous continuerons jusqu'à ce que nous les battions ; nous n'avons pas d'autre choix ».
Le 4 novembre, l'armée israélienne dit avoir intercepté une roquette tirée par le Hamas vers la ville d'Eilat où se trouve un grand nombre de réfugiés israéliens, à l'aide de son système anti balistique à longue portée Arrow[272].
Après l'encerclement de Gaza[263], la bande de Gaza est coupée en deux, le 5 novembre, avec l'ambition pour Israël d'y « détruire le centre de commandement du Hamas »[271]. Les forces de Tsahal indiquent avoir pris le contrôle d'un avant-poste du Hamas où se trouvaient des postes d'observation, des complexes d'entraînement ainsi que des tunnels utilisés par les terroristes[273]. Selon le chercheur de l’Université Columbia Stephen Biddle, l'objectif de de cette scission de la bande littorale palestinienne serait pour Tsahal d'empêcher l'approvisionnement et le transfert de combattants du Hamas d'une partie vers l'autre, afin de les vaincre « pas à pas »[274].
L'armée de l’air israélienne indique que ses avions de combat ont attaqué environ 450 cibles du Hamas, dont des complexes militaires, des postes d’observation, des postes antichar..., tandis que la marine israélienne a attaqué le quartier général, les positions de lancement de missiles antichar et d'autres postes d'observation du Hamas[273]. Alors que le 6 novembre, les frappes s'intensifient sur Gaza et que les brigades Ezzedine al-Qassam du Hamas palestinien annoncent avoir tiré des roquettes en visant la ville de Haïfa, à partir du Liban[275], des frappes aériennes israéliennes sont menées contre des centres terroristes dans les tunnels du Hamas, selon Tsahal, et à Jabaliya et Beit Hanoun, les forces du Hamas subissent de lourds dégâts[273].
La Jordanie de son côté, avec le soutien d'Israël et des États-Unis, largue une aide médicale d'urgence à Gaza destinée à son hôpital de campagne sur le point de manquer de fournitures, pour « aider (ses) frères et sœurs blessés dans la guerre contre Gaza »[276].
Ce même jour, les informations israéliennes selon lesquelles le commandement central du Hamas à Gaza est situé sous l’hôpital Shifa, le plus grand hôpital de la bande de Gaza, sont confirmées par un commentateur de la chaîne saoudienne Al-Arabiya, vite accusé de mensonge par les sites internet affiliés au Hamas[277].
Les porte-paroles de Tsahal et du Shin Bet indiquent que le commandant du bataillon Deir al-Balah du Hamas, qui a participé aux massacres du 7 octobre et planifiant d'autres attaques après cette date, est éliminé par un avion de chasse israélien[278],[273].
Pour contredire les propos du ministère de la Santé du Hamas qui accuse les « couloirs de sécurité » d'être des « couloirs de mort », Tsahal répète demander aux Gazaouis du nord d'évacuer les zones dangereuses de conflit et diffuse les images d'un itinéraire sécurisé avec l'ouverture d'un couloir d'évacuation de civils palestiniens se dirigeant vers le sud[273].
Le 24 octobre, des alarmes signalant une infiltration terroriste retentissent dans les localités frontalières de Zikim, Karmia et Netiv Haasara, pratiquement vidées de leurs habitants, après le repérage par la marine israélienne d'une cellule de plusieurs assaillants du Hamas sortant d'un tunnel, qu'elle neutralise. Le Hamas revendique dans une déclaration cette infiltration réussie et indique que ses membres se sont heurtés à l’armée israélienne[279]. Deux jours plus tard, la marine arrête le commandant adjoint de la division Sud de la force navale du Hamas, Muhammad Abu Ghali[279].
Traque du Hamas dans la bande de Gaza
L'armée israélienne affirme le 8 novembre que le Hamas a perdu le contrôle du nord de la bande de Gaza[257]. Ce même jour, les sirènes retentissent au kibboutz Kissufim qui avait été l'une des cibles de l'attaque terroriste du Hamas, le 7 octobre dernier[257].
Le président philippin Ferdinand Marcos Jr. annonce le 8 novembre que 40 ressortissants philippins (sur 135) sont passés en toute sécurité de Gaza vers l'Égypte. Le ministère canadien des Affaires étrangères informe également que « 59 Canadiens, résidents permanents et membres de leur famille ont traversé la frontière de Gaza en Egypte au poste frontalier de Rafah » (sur les 400 Canadiens ayant demandé à quitter la bande de Gaza)[257].
Les premières estimations du ministère israélien des Finances évaluent le coût global de la guerre contre le Hamas au minimum à 50 milliards de dollars[257].
Le 9 novembre, Israël accepte d’officialiser et d’élargir les pauses localisées de quatre heures annoncées trois heures à l'avance dans les combats de Tsahal à Gaza pour la première fois depuis le déclenchement de la guerre[280],[281].
À la mi-novembre, sur les 36 hôpitaux de la région de Gaza, 18 ne fonctionnent plus et les autres le font au-delà de leurs capacités[9].
Le 14 novembre, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale des États-Unis, John Kirby, déclare que les renseignements américains confirment les affirmations israéliennes selon lesquelles le Hamas dispose de centres de commandement et de dépôts de munitions dans les hôpitaux gazaouis, y compris l'hôpital al-Shifa, ce qui constitue un crime de guerre. Dans ces hôpitaux et dans les tunnels situés en dessous, le Hamas mènent des opérations militaires et cachent des otages[282],[283]. Dans un rapport publié en 2015, l’ONG Amnesty International avait déjà accusé le Hamas d’avoir torturé et exécuté des Palestiniens dans l'enceinte de l'hôpital al-Shifa, durant l’offensive militaire israélienne contre Gaza de 2014[283].
Le lendemain matin 15 novembre, des soldats israéliens pénètrent à l’intérieur du complexe de l'hôpital al-Shifa, pour mener une opération « ciblée [...] contre le Hamas dans un secteur spécifique de l'hôpital »[283]. Israël affirme que l'armée y est entrée « sur la base de renseignements exploitables » et avoir trouvé dans la zone d'imagerie médicale IRM des armes, des équipements militaires et de combat et des équipements technologiques. Toujours d'après les forces israéliennes, dans un autre service, les soldats trouvent un centre de commandement opérationnel et des équipements technologiques du Hamas - allégations que le Hamas dément immédiatement, ainsi que la direction du centre hospitalier, par la voix de son directeur général Mohammed Abou Salmiya[283]. Pour le journaliste Wassim Nasr de France 24 et d'autres experts et spécialistes du terrorisme, les trouvailles que l'armée israélienne a montrées dans ses videos ne sont « pas à la hauteur d'un centre de commandement, mais au mieux de la sécurité de l'hôpital ou d'un poste de police du Hamas »[284]. Comme aucun tunnel n’est encore mis au jour par l’armée israélienne sous l’hôpital, sur les 500 kilomètres de souterrains et de tunnels construits par le Hamas, surnommé « métro de Gaza », l’expert en stratégie militaire Pierre Servent estime pour sa part qu'il faut « un certain temps » pour découvrir ces tunnels et vérifier si leurs entrées ne sont pas piégées[284]. Dans la soirée, les chars israéliens se retirent de l'hôpital pour se repositionner autour du complexe hospitalier. Le CICR et l'OMS se disent « horrifiés » puis « extrêmement inquiets » de la situation pour les personnels médicaux, les patients et les nombreux civils réfugiés dans l'enceinte hospitalière[283].
Ce même jour, une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, préparée par Malte est adoptée par 12 voix pour et 3 abstentions (Etats-Unis, Royaume-Uni, Russie). Elle insiste sur la situation des enfants, appelle à des « pauses et des couloirs humanitaires étendus et urgents pendant un nombre de jours suffisants » dans la bande de Gaza[285],[286]. Pour l’ambassadeur d’Israël auprès des Nations unies, Gilad Erdan, cette résolution est « détachée de la réalité ... il est regrettable que le Conseil continue d’ignorer et refuse de condamner ou même de mentionner le massacre perpétré par le Hamas »[285].
Dans la soirée, 27 malades du cancer et 13 accompagnateurs quittent Gaza via l’Egypte pour atterrir en Turquie afin d'y être soignés. Quelques heures auparavant, le président turc Recep Tayyip Erdogan avait qualifié Israël d’« Etat terroriste » et avait maudit son gouvernement qui perpétrait un « génocide », sans oublier les autres États qui soutiennent Israël. Le dirigeant israélien Benyamin Nétanyahou a répliqué qu'Erdogan « soutient en réalité l’Etat terroriste du Hamas. Il a lui-même bombardé des villages turcs, à l’intérieur même des frontières turques » et que les remarques de sa part ne peuvent être acceptées[285].
Le 16 novembre, la Jordanie publie une déclaration condamnant un bombardement israélien à proximité de l'hôpital militaire jordanien à Gaza, le qualifiant de « crime de guerre » et déclare qu'elle ne signera pas d’accord d’échange d'énergie et d'eau avec Israël initialement prévu[287],[288].
Le 17 novembre, le Premier ministre et prince héritier du Bahrein, Salman ben Hamad Al Khalifa condamne les attaques « barbares et horribles » du 7 octobre et les prises d'otages par le Hamas ainsi que « la campagne aérienne qui a entraîné la mort de plus de 11 000 personnes à Gaza, dont 4 700 enfants ». Il a ajouté : « Et pour commencer à aller de l'avant, le Hamas doit avant tout libérer les otages qui se trouvent en captivité depuis plus de six semaines. En échange, Israël doit libérer les femmes et les enfants non-combattants, innocents »[289].
Le 18 novembre, Israël permet que deux camions-citernes fournissent 60 000 litres de carburants par jour, malgré l'opposition des ministres d'extrême droite[290].
Le 19 novembre, Israël annonce la découverte d'un tunnel long de 55 mètres dissimulé sous l'Hôpital Al-Shifa[291]. Par la suite, il déclare avoir forcé une porte anti-explosion à l’extrémité d’un des tunnels du Hamas découverts, et publie deux images à ce propos. Il diffuse également des images de surveillance de l’hôpital datées du 7 octobre, montrant des hommes du Hamas amenant par la grande entrée du centre hospitalier un citoyen népalais blessé et un citoyen thaïlandais. D’autres de ces images montrent des terroristes du Hamas à l’intérieur de l’hôpital ainsi que des véhicules volés à l'armée israélienne amenés au centre hospitalier[292].
Le 22 novembre, Israël arrête Mohammad Abu Salmiya, directeur de l'hôpital al-Shifa de Gaza, alors qu’il tentait d'évacuer vers le sud de la bande de Gaza via un corridor humanitaire ouvert par Tsahal, ainsi que cinq autres personnels de santé[292].
Trêve du 24 au 28 novembre 2023
Dans la nuit du 22 au 23 novembre est annoncée par le Qatar une trêve de quatre jours pour libérer 150 prisonniers palestiniens incarcérés en Israël contre 50 Israéliens, avec un rythme minimum de dix otages par jour. Cet accord n'inclut pas de militaires ou policiers. La trêve s'accompagne d'un important volet humanitaire incluant le passage de 200 à 300 camions dont huit de carburant et de gaz, remis à des organisations d’aide internationale travaillant dans le sud de la bande de Gaza[293],[294]. Les belligérants s'engagent à suspendre les combats et Israël à ne pas survoler, même à l'aide de drones, le territoire de la bande de Gaza.
La trêve des combats prend effet le samedi 24 novembre à 7 heures (heure israélienne)[295]. Une alarme retentit un quart d’heure avant la trêve à Nir Oz, signalant un envoi de roquettes sur Israël. Cinq minutes avant l’entrée en vigueur de la trêve, l’armée israélienne détruit un tunnel dans la zone de l’hôpital Al-Shifa de Gaza et filme sa destruction[294]. Quinze minutes plus tard, des tirs palestiniens de roquette vers les kibboutz de Kissoufim et Ein HaShlosha sont signalés, marquant ainsi une violation de la trêve[294].
La libération des 13 premiers otages (des femmes et des enfants de 2 à 85 ans) a lieu à 16 heures (heure israélienne) et effective vers 17 h 30, contre celle de 39 femmes et mineurs palestiniens de Cisjordanie et de Jérusalem-Est, n'ayant commis aucun crime de sang[294]. En parallèle, 11 otages thaïlandais et un philippin sont également libérés sans être échangés[296],[297]. À l'arrivée des anciens prisonniers palestiniens en Cisjordanie, des scènes de liesse ont lieu, alors qu'à Jérusalem-Est occupé par Israël, les manifestations de joie étaient interdites[298].
Après d'interminables atermoiements, 17 otages, dont 13 Israéliens (femmes et enfants âgés de 3 à 67 ans[299]) figurant dans les accords du jour, en échange de 39 prisonniers palestiniens, sont libérés au soir du 25 novembre, ainsi que 4 Thaïlandais sans contrepartie. À Tel-Aviv, des dizaines de milliers de manifestants étaient rassemblés pendant plusieurs heures sur la Place des otages pour demander et attendre leur libération[298].
Le troisième jour de la trève, le 26 novembre, 14 Israéliens dont 9 enfants, 4 femmes et un homme, sont libérés en échange de 39 prisonniers palestiniens. De plus, un otage israélo-russe est libéré par le Hamas à la demande du président russe Vladimir Poutine ainsi que trois ressortissants thaïs[300].
Au dernier jour de la trêve, 11 otages israéliens dont trois franco-israéliens et six Thaïlandais sont libérés par le Hamas[301]qui annonce que la trève est prolongée de deux jours, jusqu'au jeudi 30 novembre 7 H (heure locale), le temps d'établir de nouvelles listes de personnes à libérer[302].
Internationalisation et extension du conflit
Soutien des États-Unis à Israël
Dès le , les États-Unis affichent leur soutien à Israël en dépêchant leur plus gros porte-avions, le porte-avions USS Gerald R. Ford en Méditerranée orientale[303]. Un second porte-avion est envoyé le 16 octobre[304], l'USS Dwight D. Eisenhower[305].
Le , le président Joe Biden demande au Congrès américain des aides de 14,3 milliards pour Israël (et de 61,4 milliards pour l'Ukraine)[306].
Frontière du Liban
Des attaques du Hezbollah soutenu par l'Iran ont également lieu dans la matinée du , avec plusieurs tirs d'artillerie depuis le Liban du Sud vers Israël[210]. Israël réplique en frappant à son tour les positions du groupe au Liban et met en place des points de contrôle à la frontière entre Israël et le Liban[307],[203]. Le lendemain, Tsahal annonce que des « terroristes infiltrés » depuis le Liban ont été tués à proximité de la frontière, en territoire israélien ; ces infiltrations sont revendiquées par le Jihad islamique palestinien[308].
Israël indique avoir tué « plusieurs suspects armés » sur son territoire à la frontière entre Israël et le Liban. Le Hezbollah affirme que trois de ses membres ont été tués dans des frappes israéliennes et en rétorsion, bombarde deux casernes israéliennes[309],[310].
Le , des tirs de chaque côté de la frontière perdurent. Tsahal bombarde des positions du Hezbollah[310].
Le 11 octobre, le Hezbollah revendique de nouveaux tirs de missiles guidés depuis le Sud du Liban contre le Nord d'Israël, en affirmant agir en solidarité avec l’offensive du Hamas palestinien contre Israël et « en riposte aux agressions sionistes »[175]. Au cours de ces affrontements, un soldat israélien est tué par un missile antichar du Hezbollah[311].
Le , un journaliste de l'agence Reuters est tué et plusieurs journalistes blessés dans un bombardement israélien en territoire libanais, près de la frontière sud avec Israël. Des roquettes sont tombées sur un secteur où se trouvait un groupe de journalistes d'au moins trois médias différents, dans le village frontalier de Aalma ech Chaab[312].
Le 14 octobre, un civil israélien et un officier de l’armée israélienne sont tués dans des attaques de missiles en provenance du Liban et le lendemain, sur fond d’incidents transfrontaliers, Tsahal commence l'évacuation des milliers de résidents du nord d’Israël qui vivent dans la zone située à deux kilomètres de la frontière libanaise[313].
Le 17 octobre, quatre personnes qui tentaient de s'infiltrer dans le nord d'Israël depuis le Liban sont tuées par l'armée israélienne[314].
Le 20 octobre, la branche libanaise du Hamas tire un barrage d'une trentaine de roquettes vers le nord d'Israël. Le lendemain, les autorités israéliennes décident d'évacuer la localité de Kiryat Shmona sise au nord et ses 25 000 habitants[315].
Des forces de la milice Al-Fajr de la branche militaire de la Jamaa Islamiya annoncent participer aux hostilités au-delà des frontières libanaises israéliennes « en défense de la souveraineté libanaise, de la mosquée Al Aqsa et en solidarité avec Gaza et la Palestine » et lancent également fin octobre des missiles vers Kiryat Shmona[316].
Début novembre, le chef du Hezbollah pro-iranien, Hassan Nasrallah, s'exprime pour la première fois sur le conflit[317]. Il accuse d'abord Israël d'avoir « commis des massacres » en défendant puis reprenant le contrôle des kibboutz et localités israéliens que les paramilitaires du Hamas avait attaqués le 7 octobre. Ensuite, il accuse les États-Unis d'être à l'origine et « entièrement responsables » de la guerre à Gaza quand Israël ne serait « qu'un instrument » d'exécution ; il les prévient en outre à se préparer à « toutes les options » en cas de dégradation de la situation et d'une intervention de leur part, c'est-à-dire à l'éventualité d'une « guerre régionale » - alors qu'en parallèle, la Maison Blanche veut éviter l'extension du conflit[317],[318].
Le 6 novembre, les brigades Izz al-Din al-Qassam du Hamas palestinien annoncent avoir tiré seize roquettes sur le nord d'Israël, affirmant avoir visé le sud de la ville de Haïfa, à partir du Liban, en réponse aux massacres de l'ocen réponse aux massacres de l'occupation}}[275]. La ville de Kiryat Shmona est touchée par sept roquettes. Elle a été en grande partie évacuée et les habitants restés sur place sont priés de rester à proximité des abris anti-bombes[319].
Cisjordanie
En Cisjordanie, depuis le , deux jours d'affrontements avec Tsahal ont fait, selon le ministère de la Santé de l'Autorité palestinienne, onze morts palestiniens. L'armée israélienne n'a pas communiqué sur cette situation en Cisjordanie, région qu'elle désigne toujours par son nom historique de « Judée-Samarie »[320],[321].
Dans la nuit du 21 au 22 octobre, un avion de combat israélien procède à une frappe aérienne sur la mosquée al-Anazari de Jénine faisant au moins deux morts. Selon Tsahal, des terroristes du Hamas et du Jihad Islamique y préparaient un attentat. C'est le premier bombardement aérien sur la Cisjordanie depuis la seconde Intifada[322].
Au 22 octobre, les autorités israéliennes affirment avoir arrêté 450 activistes du Hamas en Cisjordanie[323].
L'Autorité palestinienne déclare le que plus de 100 Palestiniens ont été tués en Cisjordanie depuis le 7 octobre lors d'opérations de Tsahal[324].
Le , la France et les États-Unis réagissent en condamnant les attaques de colons israéliens contre des Palestiniens en Cisjordanie[325].
Le dernier jour du mois, l'agence palestinienne de presse Wafa informe que des « moustaribeen » (militaires israéliens en tenue civile se faisant passer pour des Palestiniens) sont entrés à Toubas (peut-être le village de Tuba près de At-Tuwani dans le sud du Mont Hébron) avant d'y être suivis par des renforts de l’armée israélienne[258].
Le 9 novembre, d’intenses combats opposent l’armée israélienne et les groupes armés de la ville de Jenine, « célèbre pour sa résistance à l’occupation israélienne », avec des combattants du Fatah, du Djihad islamique et du Hamas[326].
Syrie
Le , l'armée de l'air israélienne bombarde simultanément les aéroports internationaux de Damas et d'Alep, en Syrie au nord, les rendant inutilisables en détruisant les pistes d'atterrissage[327].
Les forces armées arabes syriennes n'envisagent pas de riposte contre « l'ennemi israélien » mais déclarent qu'elles vont continuer à bombarder la poche d'Idleb, tenue par des groupes d'opposition (Ansar al-Tawhid, Horras Eddine, Tahrir al-Cham, Parti islamique du Turkestan en Syrie (en) etc.) qu'elles accusent de constituer « une branche armée de l'entité israélienne »[328].
Dans la matinée du 22 octobre, les aéroports internationaux de Damas et d'Alep sont de nouveau bombardés par Tsahal, les rendant une fois encore inutilisables et causant la mort d'un civil dans la capitale syrienne[329].
Dans la nuit du 24 au 25 octobre, des raids aériens israéliens visent des positions de l'armée syrienne près de Deraa en riposte à des tirs de mortiers provenant du territoire syrien. Ces frappes font 8 morts et 7 blessés dans les rangs des forces armées syriennes[330].
Mer Rouge
Le jeudi 19 octobre, le destroyer américain de l'US Navy de classe Arleigh Burke, l'USS Carney croisant en mer Rouge, intercepte au moins trois missiles de croisières et huit drones se dirigeant possiblement vers Israël. (Certaines sources parle de 4 missiles et 19 drones). L'interception est faite avec des missiles sol-air RIM-66[331],[332],[333]. Le même jour, l’Arabie saoudite aurait intercepté un cinquième missile pouvant toucher sa ville de Djeddah en visant celle israélienne d'Eilat[334]. Selon le Pentagone, ils auraient été lancés par les milices pro-iraniennes chiites houthis au Yémen, qui sont en révolte contre le pouvoir en place depuis 2014 et ont conquis Sanaa et la partie ouest du pays[334]. « Leur idéologie politico-religieuse basée sur le zaïdisme proche du chiisme iranien, a pour devise officielle : « Dieu est grand, mort à l’Amérique, mort à Israël, malédiction sur les Juifs, victoire à l’islam » ».
Les interceptions de missiles et de drones tirés depuis le Yémen se succèdent et les avions de chasse israéliens interceptent des cibles au dessus de la mer Rouge sise entre l'Afrique et le Moyen-Orient. L’un de ces engins s’écrase par erreur sur la ville égyptienne de Taba, faisant des blessés[334].
Le 31 octobre, les rebelles houthis lancent une nouvelle attaque vers le sud d'Israël. Le système de défense anti-missile israélien Arrow-3 intercepte et détruit dans la haute atmosphère, soit à plus de 100 kilomètres au-dessus du sol, un missile balistique à longue portée Qadr H[Notes 3] (version améliorée du Shahab-3 iranien), se dirigeant vers la ville israélienne d'Eilat[Notes 4]. Réussir à détruire un missile balistique dans l’espace est une première mondiale dans l’histoire militaire[335],[334]. Israël intercepte également plusieurs missiles de croisière et drones yéménites, dont certains abattus par des pilotes de F35I[336],[337],[338],[339]. Les Houthis promettent de poursuivre leurs attaques contre Israël jusqu'à la fin de sa guerre contre le Hamas[337],[340].
Début novembre, l'armée israélienne « renforce la zone de la mer Rouge avec des corvettes Sa’ar VI armées du système naval « C-Dome » (système d’interception d’obus et de roquettes) qui est la version navale du système terrestre Dôme de fer »[334].
Le 15 novembre, un autre destroyer américain de l'US Navy de classe Arleigh Burke également, l'USS Thomas Hudner croisant en mer Rouge abat un drone en provenance du Yémen[341].
Information et propagande
Dans ce conflit, il convient de prêcher « a minima pour l’extrême prudence dans la manipulation de l’information »[342]. Certaines informations provenant d'Israël n'ont pu être vérifiées et « les bilans du ministère de la Santé de Gaza, piloté par le mouvement islamiste, sont désormais contestés »[342],[11],[343],[344],[345],[346],[347],[348], « quand bien même l’ONU et des ONG jugent globalement ces bilans fiables »[342].
Après l'emballement mondial sur l'affaire de l'hôpital gazaoui al-Ahli Arabi où la presse avait immédiatement attribué à Israël une frappe palestinienne, David Colon, chercheur à Sciences Po perçoit « l'effet du souffle de la désinformation ... avec des retombées immédiates auprès de l’opinion internationale »[236]. À l’heure des réseaux sociaux et de la post-vérité, « la guerre entre Israël et le Hamas se déroule sur deux théâtres : le champ informationnel et celui des opérations militaires »[236].
Pour « montrer la barbarie » du Hamas[349],[350] « afin que tout le monde sache »[351] et lutter contre la diffusion en cours d'informations négationnistes[351],[350], le 23 octobre sur la base militaire de Glilot près de Tel-Aviv, l'armée israélienne rompt avec sa tradition de communication et décide de projeter à plus de 150 journalistes du monde entier[Notes 5] presque 45 minutes des images[352] de l'attaque et des massacres perpétrés par le Hamas, sur les centaines d'heures que les assaillants palestiniens ont tournées à l'aide de téléphones et de caméras embarquées en voiture (dashcam) ou GoPro fixées sur leur tête ou leur poitrine (caméra-piéton : bodycam), voire de caméras de vidéo-surveillance locale (CCTV) dans les villages israéliens, le 7 octobre[148],[353]. Après ce film « à la limite du soutenable »[354],[349],[355],[356], tous évoquent des « horreurs »[148],[357],[350], la « cruauté »[357], « l'indicible »[355],[350],« l'innommable »[350], « au-delà de l’atroce »[358] des exactions commises et qui restent à marquer les esprits en Israël[357]. Le cinéaste François Margolin établit une correspondance méthodologique dans la barbarie du Hamas avec celle des nazis et explique toute la nécessité de montrer ces images[350]. Ce même film est projeté début novembre aux parlementaires israéliens de la Knesset, au sein des ambassades israéliennes d'une trentaine de pays[257], et également à plus de 2 000 autres journalistes étrangers accrédités[352]. D’autres projections sont prévues dans le monde pour témoigner des atrocités commises par les hommes du Hamas le 7 octobre[352]. Un porte-parole de Tsahal a déclaré à ce propos : « Nous voulons montrer que la guerre que nous menons à Gaza, qu’on nous a imposée, n’est pas arrivée toute seule »[352]. Le 14 novembre, le film est projeté à 90 parlementaires volontaires à l'Assemblée nationale, à l’initiative du député Renaissance Mathieu Lefèvre[359].
Par ailleurs, le ministère israélien a conçu et diffusé des spots publicitaires sur des jeux vidéo et des plateformes de vidéo en ligne populaires dans des pays occidentaux afin de diffuser sa version, de convaincre les populations étrangères et de façonner leur point de vue sur le conflit[360].
Israël a également diffusé sur les réseaux sociaux certains des interrogatoires des assaillants palestiniens ayant participé aux agressions des villages israéliens, en exposant leur planification, leur cruauté et leur singularité[356],[164]. Pour Ahmed Réda Benchemsi, directeur du plaidoyer pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord à l'ONG Human Rights Watch, l'armée israélienne « n'a pas le droit » de diffuser ces images, au nom des droits des prisonniers de la convention de Genève[356].
De leur côté, les Palestiniens diffusent des « images de Gaza en ruines, des témoignages de femmes et d’hommes en larmes après la mort de leurs enfants » pour entretenir l'émotion[342].
Seulement, une semaine après le début de cette guerre, plus de 50 millions de messages à son sujet sont publiés sur X, l'ancien Twitter[361]. Sur les réseaux sociaux où la désinformation fait son lit, le site Newsguard montre que sur X, les trois quarts des fausses informations et des récits qui servent le Hamas sont diffusées par des robots, des comptes certifiés et de faux comptes gérés par l'Iran, le Hamas et le Jihad islamique[361],[342]. À travers cette propagande, les Israéliens ne sont pas épargnés par les fake news issues du Hamas et les diffusent[362].
Le 30 octobre, la vidéo des brigades Al Qassam montrant trois femmes présentées comme des « otages sionistes » qui supplient Netanyahu de procéder à un cessez-le-feu et un échange de prisonniers est considérée par Israël comme « une propagande psychologique cruelle du Hamas » et n'est pas diffusée sur les chaînes du pays[363].
The Wall Street Journal fait remarquer que « Le Hamas a deux messages pour deux publics différents. A la communauté internationale, il plaide pour un cessez-le-feu pour des raisons humanitaires. Au monde arabe, il s’engage à réitérer l’attaque du 7 octobre et sacrifier autant de Palestiniens qu’il le faudra pour détruire Israël »[242].
Au milieu d'un déferlement de critiques, des voix arabes israéliennes comme celles de Sofia Khalifa Shramko ou le militant Yossef Hadad (en) plaident pour Israël et contre la désinformation, l'antisémitisme sur les campus américains et ailleurs, quand bien même sont-ils menacés et qualifiés de « traitres à la cause palestinienne »[364],[365],[366],[367]. La majorité des « Arabes en Israël sont des partenaires et non des ennemis (d'Israël, qui) condamnent ce qui s'est passé ici et ont peur du Hamas comme tout le monde », affirme Shramko[368] qui précise que les terroristes palestiniens font subir aux gens « un lavage de cerveau pour haïr aveuglément les Juifs »[364].
En France, le CFCM interpelle l’Arcom et les media sur une « déshumanisation » des Palestiniens dans les media audiovisuels français, et sur le « traitement médiatique humain » appliqué aux victimes israéliennes du conflit, permettant « une compassion et une solidarité unanime de nos concitoyens à leur égard » et avertit sur les risques de « manipulation » si le public, notamment jeune, préfère s’informer sur les réseaux sociaux[288].
Lors de la libération des otages israéliens du 25 novembre durant la première trêve humanitaire[369], les images filmées montrent Sharon Avigdori (52 ans) et sa fille Noam (12 ans) monter dans un véhicule de la Croix-Rouge en quittant leurs geôliers masqués des brigades al-Qassam et leur faire toutes deux des petits signes de la main en guise d'au revoir et poursuivre ainsi en souriant alors qu'elles sont à l'intérieur du véhicule. Mais dans la vidéo, une voix masculine lance en anglais : « Continuez à saluer », mettant en doute la liberté de geste des otages. Des comptes proches du Hamas comme Gaza News ̟ ou Quds News Network relaient cette vidéo sur les réseaux sociaux en la présentant favorablement pour le Hamas[370].
Journalistes palestiniens
Des journalistes reporters d'images gazaouis collaborant avec de prestigieux media occidentaux, comme les agences de presse Reuters et Associated Press (AP), le journal américain New York Times ou la chaîne américaine CNN, sont suspectés dans un rapport de l'ONG HonestReporting - démenti par l'agence Reuters - d'avoir été au courant de l'opération terroriste, et accusés de s'être « embarqués » avec les terroristes tôt ce matin-là pour rapporter des images et d'avoir été témoins d’exactions du Hamas sans jamais intervenir. Certains se sont filmés en train de franchir avec les assaillants la frontière sectionnée et ont filmé ou photographié le kidnapping de plusieurs civils ou même le corps de l'Israélo-allemande Shani Louk gisant à l’arrière d’un pick-up, sans secourir quiconque[371],[372]. L'un deux s'est notamment « filmé à moto, avec (un) membre du Hamas, ce matin du 7 octobre », qui tenait une grenade à la main[372],[373],[374].
Israël avertit d'une réponse « sévère » si les faits s'avèrent[375], alors que des media occidentaux ayant acheté leurs films et clichés nient toute complicité en amont de leur part[371] ; certains soutiennent leurs journalistes[373] et d'autres ont coupé toute relation avec eux[371]. TF1infos rappelle que « le fait d’être au plus près des agissements du Hamas ne signifie pas » que les journalistes palestiniens aient été informés au préalable de l’opération terroriste ou aient cautionné leurs actes[372]. Depuis, HonestReporting admet que les groupes de presse n'étaient pas au courant des attaques et s'en dit soulagée[376].
Le 13 novembre, le photographe journaliste Yasser Qudih survit au bombardement de sa villa où des membres de sa famille périssent, alors qu'il faisait partie des mis en cause par HonestReporting, mais Reuteurs n'a pu vérifier qui était responsable de cette frappe, pourquoi sa maison était visée, et si cette frappe a une relation avec le rapport de l'ONG[375].
Bilan humain
Côté israélien
Dans la journée du , un premier bilan côté israélien monte à 700 morts[377]. Sur le site du festival de musique Nova de Réïm attaqué par le Hamas, au moins 260 corps sont découverts[378],[379]. Beaucoup de festivaliers y ont été brûlés ; plusieurs femmes ont été violées[380], ont subi des tortures et certaines exécutées tandis que d'autres ont été emmenées dans la bande de Gaza où elles sont exhibées avec des saignements entre les jambes[381],[172],[380]. Sur la plupart des sites israéliens de massacre, « tous les crimes possibles ont été commis » rapporte Nicolas Delesalle, grand reporter à Paris Match, et l'état de nombreux corps de civils suppliciés rend très difficile leur identification[380]. Le 11 octobre, le bilan passe à 1 200 morts[175]. « Jamais autant de Juifs n'ont été tués en une seule journée depuis la Shoah », déclare le président d'Israël, Isaac Herzog[54],[382].
Pour identifier les corps des victimes devenus méconnaissables et les rendre à leurs familles, le centre médical Soroka de Beer-Sheva utilise le système de reconnaissance faciale Corsight AI[383] et ailleurs encore, des équipes de généticiens et de spécialistes en médecine légale sont également à l'oeuvre[384],[385],[386],[387].
Sur la chaîne qatarie Al Jazeera, le chef du Hamas et commandant des brigades Izz ad-Din al-Qassam du groupe terroriste, Salah al-Aruri (en), affirme le 12 octobre que le Hamas n'avait pas l'intention de provoquer des massacres ni la mort de civils – dont il impute la responsabilité « à des habitants de Gaza non liés au Hamas », en précisant que les « instructions claires données par les dirigeants du Hamas à ses combattants étaient de ne pas tuer de femmes et d'enfants »[388] –, malgré la découverte, selon les responsables israéliens, de plans d'attaque spécifiques pour chaque village, visant délibérément des femmes et des enfants[79].
Les blessés israéliens et étrangers en Israël sont transportés entre les hôpitaux Soroka à Beer Sheva, centre médical Kaplan à Rehovot, centre médical Shamir à Be'er Ya'akov, centre médical Sheba à Ramat Gan et centre médical Barzilai à Ashkelon[389]. Le 8 octobre, l'autorité sanitaire dénombre 2 156 blessés admis dans les hôpitaux israéliens[390] ; le 11 octobre, ce nombre monte à 2 700[175], le lendemain à près de 3 400[391] et le 20 octobre à 4 834 blessés[392]. Les citoyens appelés à donner leur sang constituent de longues files devant les hôpitaux[393].
Avec plus de 1 200 morts[394], en majorité des civils – l'armée israélienne déclarant la perte d'au moins 169 soldats israéliens dans les premiers combats contre le Hamas[175] –, c'est l'attaque la plus meurtrière sur Israël en 75 ans : le nombre de morts en trois jours dépasse celui des vingt dernières années pour l'État hébreu[395],[396].
Outre les victimes des localités détruites, les Israéliens estiment le 23 octobre que 200 000 personnes ont dû se déplacer du sud ou du nord d'Israël vers le centre du pays, spontanément ou à la demande des autorités, de façon à éviter que des civils israéliens se trouvent dans de potentielles zones d'affrontement[31].
L'annonce de l'attaque surprise sanglante du Hamas au petit matin du 7 octobre a un effet dévastateur sur la population israélienne, tour à tour sidérée et traumatisée[397],[398],[399]. Si de nombreux Israéliens marquent leur résilience en s'engageant dans un important effort civique de secours et assistance aux victimes et aux soldats de Tsahal, d'autres présentent des comportements erratiques inquiétants et des spécialistes en neurosciences et psychiatrie tentent de traiter ces différents troubles de stress post-traumatique[399].
Un mois après les massacres sanglants du Hamas, le ministère des affaires étrangères israélien revoit à la baisse le nombre de 1 400 morts israéliens et étrangers initialement déclaré où figuraient en fait quelque 200 agresseurs palestiniens[394] parmi les corps trouvés sur son sol après le 7 octobre et il indique qu'il est parvenu à identifier précisément 843 victimes civiles parmi ces 1 200 victimes israéliennes et étrangères[257],[394].
Attaques et massacres de différentes localités
Ce 7 octobre, les différents attaques et massacres sont perpétrés en plusieurs endroits d'Israël dans ce territoire appelé « l'enveloppe de Gaza », où l'on dénombre des morts et des otages et/ou disparus.
Lieu | Intitulé | Morts | Otages et/ou disparus | réf. |
---|---|---|---|---|
Kibboutz Alumim . | Massacre d'Alumin | 19 | 5 | [400],[401] |
Kibboutz kfar Azza | Massacre de kfar Azza | 50 à 60 | plus de 7 | [402],[403] |
Kibboutz Be'eri | Massacre de Be'eri | env. 117 | Plus de 50 | [404] |
Kibboutz Ein AhShlosha | Massacre d'Ein Ashlosha | env. 5 | env. 30 | [405],[406] |
(en)Holit | Massacre de Holit | env. 13 | [407] | |
Kibboutz Kissoufim | Massacre de Kissoufim | 14 à 16 | 4 | [408],[409] |
Moshav Netiv HaAsara | Massacre de Netiv HaAsara | 21 | [410] | |
Kibboutz Nirim | Massacre de Nirim | env. 5 | indéterminé | [182],[411] |
Kibboutz Nir Oz | Massacre de Nir Oz | 20 à 27 | env. 80 | [412],[413] |
Kibboutz Nir Yitzhak | Massacre de Nir Yitzhak | env. 3 | 5 | [414] |
Près de la ville de Rahat (Néguev) | Massacre de Ra'hat | 17 à 19 | 6 ou 7 | [415] |
Près du kibboutz Réïm | Massacre au festival de musique de Réïm | env. 360 | indéterminé | [416],[417] |
Ville de Sdérot | Bataille de Sdérot | env. 30 | [418],[419] | |
Kibboutz de Zikim et base militaire Bahad 4 | Bataille de Zikim | env. 35 | [420] | |
Otages
Selon Abou Obaïda des brigades Izz al-Din al-Qassam du Hamas, il y aurait 200 otages détenus par son organisation dans la bande de Gaza et une cinquante d'autres entre les mains d’autres factions palestiniennes, détenus dans d’autres endroits[421]. Les familles de 199 personnes sont informées le 16 octobre par l'armée israélienne que leurs proches font partie des captifs retenus dans la bande de Gaza à la suite de leur enlèvement au cours des attaques terroristes du Hamas du 7 octobre.
Le 31 octobre, 242 personnes s'avèrent otages des membres du mouvement islamiste palestinien[211],[422], hommes, femmes, enfants, nourrissons comme vieillards, de diverses nationalités, et pour certains transportés en motos, voitures ou camionnettes à Gaza[423],[424],[377]. Environ 70 % d'entre eux sont aux mains du Hamas, le reste est détenu par le Jihad islamique et des factions de Daech et Al-Qaïda[229],[421].
Détenus à la suite de leur enlèvement lors des attaques terroristes du Hamas sur territoire israélien du 7 octobre, 242 otages dont 32 sont des enfants âgés de neuf mois à 18 ans[422], de toute origine, tout âge et toute condition, certains militants pro-palestiniens, ont été transportés de leur lieu de résidence ou de séjour en motos, voitures ou camionnettes dans la bande de Gaza et ailleurs[423],[424],[377].
Dans un premier temps, le Hamas et le Jihad islamique palestinien annoncent avoir pris respectivement 100 et 30 otages pour les échanger ultérieurement contre des prisonniers palestiniens d'Israël (environ 6 000)[310],[425].
Le 9 octobre, la première annonce du Hamas et du Jihad islamique palestinien indique que ces otages pris en Israël serviront de monnaie échange ultérieure contre des prisonniers palestiniens d'Israël[310],[425],[426]. Le 9 octobre, le Hamas menace d'exécuter des otages israéliens en cas de bombardements sans préavis sur Gaza[427],[428] : « Chaque fois que notre peuple sera pris pour cible sans avertissement, cela entraînera l'exécution d'un des otages civils. ». Deux jours plus tard, le Hamas menace de les exécuter[427],[428]. Mais trois jours plus tard, son porte-parole affirme que « Le Hamas ne peut pas exécuter de captifs et de prisonniers car nous opérons dans le cadre du droit international »[388]. Dix jours plus tard encore, les brigades Izz al-Din par Abou Obeida précisent que les otages étrangers sont « leurs invités »[421]. Ensuite, le codirigeant du Hamas Moussa Abou Marzouk indique au magazine français Complément d'enquête que « les civils seront relâchés sans aucun doute » mais que « ces gens-là nous combattaient en tant qu'Israéliens… (devenus après leur capture) Français, Américains, Anglais, ou Allemands… et nous avons besoin de temps avant de vérifier tout cela »[429].
Parmi ces 240 otages prisonniers du Hamas, figurent des dizaines d'étrangers ou de bi-nationaux[421], devant plutôt servir de boucliers humains[430]. Plusieurs États étrangers mentionnent leurs ressortissants parmi eux, dont Shani Louk, de nationalité germano-israélienne, âgée de 22 ans, exhibée inconsciente et dénudée à l'arrière d'un pick-up et sur laquelle on crache ou encore Eitan, Français âgé de 12 ans[431],[432],[433],[434],[435]. Le 16 octobre, le Hamas publie une vidéo de propagande mettant en scène Mia Shem, une Franco-Israélienne de 21 ans kidnappée lors de l'attaque au festival Nova de musique, le 7 octobre, disant être soignée de ses blessures à Gaza[421],[436]. Le 30 octobre, le président Isaac Herzog annonce que ladite Shani Louk a été décapitée après avoir été enlevée à Gaza[437],[438].
Le , Moussa Abou Marzouk du Hamas affirme vouloir libérer les otages israélo-russes dès lors qu'il les aura localisés[439]. De plus, Yahya Sinwar, chef du Hamas dans la bande de Gaza, se dit, dans un communiqué diffusé par le Hamas, prêt à conclure « immédiatement » un échange des otages contre « tous les prisonniers » palestiniens incarcérés par Israël (environ 6 000)[440].
Le 30 octobre, le Hamas estime que près de 50 otages ont été tués à Gaza dans les raids israéliens et ajoute le 1er novembre que 7 otages dont 3 détenteurs de passeports étrangers l'ont été dans un bombardement israélien sur le camp de réfugiés de Jabaliya[441].
Ce même jour, une vidéo de propagande des Brigades al-Qassam montre trois femmes kidnappées le 7 octobre (« otages sionistes » sic) s'adressant à Netanyahou et son gouvernement pour qu'ils procèdent à un cessez-le-feu et un échange de prisonniers[363].
Le 31 octobre, le porte-parole de la branche militaire du Hamas annonce que l'organisation va libérer des otages étrangers « dans les prochains jours » et Bassem Naim, responsable des relations extérieures du Hamas, se dit favorable à un « cessez-le-feu » permettant au Hamas de « récolter des informations sur ces personnes » car ajoute-t-il, il ignore combien d’otages sont encore en vie et combien ont été « tués par Netanyahu et son régime d’apartheid »[271].
Alors que le 4 novembre, des manifestants à Jérusalem accusent vivement Benjamin Netanyahu d'être responsable dans les attaques du 7 octobre et réclament sa démission, une autre manifestation des familles et soutiens des otages enlevés par le Hamas rassemble plusieurs milliers de personnes à Tel-Aviv, exigeant du Premier ministre Benyamin Netanyahu davantage d'efforts pour leur libération[442].
Le 15 novembre, les troupes israéliennes du 603e bataillon de la 7e brigade blindée de l'armée israélienne trouvent près de l’hôpital Al-Shifa de Gaza où elles opèrent, le cadavre de Judith (Yehudit) Weiss, femme âgée de 65 ans, kidnappée au kibboutz de Be'eri le 7 octobre alors qu'elle souffrait d'un cancer du sein, et assassinée par le Hamas[443], ainsi que des équipements militaires dudit groupe[444].
Sur les renseignements de l’agence de sécurité Shin Bet, le corps de la soldate de 19 ans Noa Marciano, enlevée par le Hamas sur la base de Nahal Oz, est retrouvé le 16 novembre. Trois jours auparavant, la jeune femme apparaissait sur une video de propagande du Hamas, s’adressant à la caméra, quatre jours après avoir été prise en otage, puis la vidéo montrait une photo de son cadavre la présentant comme « tuée par un bombardement » israélien[445].
Le 18 novembre, une manifestation de 25 000 manifestants israéliens conduite par les familles des 237 otages, partis à pieds de Tel-Aviv quatre jours auparavant, arrivent devant le bureau et la résidence du Premier ministre Benyamin Netanyahou à Jérusalem, en brandissant des ballons jaunes (couleur symbolique dans cette lutte) pour le forcer à faire de la libération des otages sa priorité, et dénoncer en parallèle l'inaction de l'ONU ou de la Croix-Rouge[446].
Le 19 novembre, l’armée israélienne diffuse des images de caméras de vidéosurveillance de l’hôpital al-Shifa datées du 7 octobre 2023, 10h53 (heure locale), montrant des terroristes palestiniens du Hamas amenant au centre hospitalier deux personnes (dont une est blessée et l'autre amenée de force) qui auraient été enlevées en Israël. Tsahal affirme que ce sont un citoyen népalais et un citoyen thailandais[447].
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Los Angeles (16 octobre 2023).
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Table de Shabbat dressée sur la place du musée des beaux-arts de Tel Aviv avec 200 sièges vides ().
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À Tel-Aviv ().
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Opération « poussettes vides » à Tel Aviv ().
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À l'extérieur de la base militaire de Kirya ().
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Lits vides à Tel Aviv ().
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Sur la voie pédestre à Bar-Ilan ().
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Nouvelle table de Shabath dressée et 240 chaises vides à Tel Aviv ().
Libérations
Jusqu'au 28 octobre
Le , deux otages américaines sont libérées : une mère et sa fille de 17 ans[448]. Elles sont suivies le , par les deux premières otages israéliennes relâchées : octogénaires kidnappées lors de l'attaque du kibboutz Nir Oz[449], dont l'une d'elles, Yocheved Lifschitz, est depuis toujours avec son mari une militante pro-palestinienne qui a fait part de son engagement à ses geôliers[133]. Elle témoigne : « Ils m’ont kidnappée, j’ai été emmenée sur une moto […] J’étais allongée sur la moto, mon corps d’un côté et mes jambes de l’autre et les jeunes Palestiniens m’ont battue en chemin, ils ne m’ont pas cassé les côtes mais m’ont fait très mal et j’ai eu du mal à respirer. […] Un médecin venait tous les deux ou trois jours pour voir comment nous allions et pour s’assurer que nous avions des médicaments. […] Ils ont pris en compte tous nos besoins, je les salue pour ça, ils étaient très courtois. Ils s’assuraient que nous étions propres, que nous mangions. Nous mangions la même chose qu’eux. »[450].
Le 28 octobre, la première soldate israélienne, la caporale Ori Megidish, est libérée après trois semaines de captivité par Tsahal, guidé par le renseignement israélien, au cours de son intervention terrestre dans l'enclave palestinienne[451]. Cependant, le porte-parole du Hamas laisse entendre qu'elle aurait été détenue par un autre mouvement palestinien que le sien[452].
Durant la trêve
Le 24 novembre, 13 otages israéliens de 2 à 85 ans, tous originaires du kibboutz Nir Oz, particulièrement touché lors des agressions du 7 octobre, sont libérés, en échange de la libération de 39 prisonniers palestiniens, ayant lieu lors d'une trêve négociée de plusieurs jours[453]. Dix otages thaïlandais et un Philippin sont également libérés sans contrepartie ce même jour[454],[297].
Le lendemain, après d'interminables atermoiements, 17 otages, dont 13 Israéliens (femmes et enfants âgés de 3 à 67 ans[299]) figurant dans les accords du jour, en échange de 39 prisonniers palestiniens, sont libérés au soir du 25 novembre, ainsi que 4 Thaïlandais sans contrepartie.
Le troisième jour de la trève, le 26 novembre, 14 Israéliens dont 9 enfants, 4 femmes et un homme, sont libérés en échange de 39 prisonniers palestiniens. De plus, un otage israélo-russe est libéré par le Hamas à la demande du président russe Vladimir Poutine ainsi que trois ressortissants thaïs, sans contrepartie[300].
Côté palestinien
Bande de Gaza
Décompte du bilan humain
Le , à la suite des frappes aériennes israéliennes, le ministère palestinien de la Santé du Hamas mentionne plus de 400 morts en 24 heures, dont 20 enfants, et près de 2 000 blessés. Pour sa part, le Hamas annonce la mort de quatre civils israéliens capturés samedi 7 octobre, ainsi que de leurs ravisseurs lors d'une frappe israélienne sur la bande de Gaza[455]. Deux jours plus tard, le bilan est de 493 morts dont 91 enfants et 2 751 blessés palestiniens[456]. Il passe à 687 morts le 10 octobre[457] puis à « au moins 1 055 martyrs et 5 184 blessés », selon le même ministère palestinien de la santé[175]. Le 4 novembre, le bilan du ministère de la Santé du Hamas informe que depuis le 7 octobre, 9 488 personnes (civils comme combattants[342]), dont 3 900 enfants, sont mortes dans la bande de Gaza[441]. Le 6, le bilan dépasse les 10 000 victimes et le 24 novembre, 14 800 morts pour 35 000 blessés[458].
Le 11 octobre, l'armée israélienne affirme avoir dénombré « environ 1 500 corps » de combattants du Hamas sur le territoire d'Israël[459]. De son côté, la Croix-Rouge annonce le 11 octobre, que 5 membres du réseau de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFRC) ont été tués au cours du conflit entre le Hamas et Israël lorsque des ambulances ont été touchées par des raids israéliens[460].
Courant octobre, Reporters Sans Frontières dénonce un black-out médiatique imposé par Israël sur la bande de Gaza, avec le blocus déjà présent, la destruction des médias à Gaza et la mort d'au moins 19 journalistes tués lors des bombardements israéliens, dont 9 à leur domicile[461],[462]. Un mois après les massacres du Hamas du 7 octobre sur le sol israélien, appelés « Déluge d'Al Aqsa », 39 journalistes et collaborateurs ont été tués chez eux ou dans l'exercice de leurs fonctions[373]. Le 24 novembre, ce bilan monte à 49 journalistes tués dont 11 en exerçant leur métier[458].
Déplacés
Selon l'Organisation des Nations unies, au 9 octobre, plus de 123 538 Palestiniens ont été déplacés dans la bande de Gaza pour s'éloigner des zones bombardées par Israël[463],[464]. Ce nombre monte à 423 378 au 12 octobre, veille de l'ordre d'évacuation donné par l'armée israélienne[464]. Au 20 octobre et malgré le rejet par le Hamas de l'évacuation du nord de Gaza[465], l'OMS estime que le nombre de personnes déplacées à Gaza pourrait atteindre le million[466]. Le 13 novembre, le bilan se monte à 1 500 000 de personnes déplacées[9].
Le 1er novembre, l'Égypte accueille pour la première fois sur son sol 81 grands blessés venus du territoire de la bande de Gaza[259]. Cette ouverture exceptionnelle permet également l'évacuation de 545 binationaux et étrangers comprenant 22 membres de Médecins sans frontières dont 4 Français, selon l'ONG[467]. Ils sont suivis le lendemain par 400 ressortissants étrangers et 60 blessés[337]. Le 13 novembre, plus de 400 ressortissants et résidents américains ont quitté la bande de Gaza, alors que certains citoyens américains restent encore sur place[9].
Le porte-parole de Tsahal déclare que le personnel du grand hôpital al-Shifa de Gaza - qui se trouve au milieu d'intenses combats israélo-palestiniens - ayant demandé le 10 novembre à ce que l'armée israélienne l'aide « à évacuer les bébés du service pédiatrique vers un hôpital plus sûr », et confirme que l'assistance nécessaire pour ce faire sera fournie par Israël[468],[469].
Destructions
Balakrishnan Rajagopal, expert à l'ONU dénonce les crimes de guerre commis par Israël en détruisant près de 45 % des unités d'habitation et d'infrastructures de la bande de Gaza mais souligne également que les logements civils en Israël ne sont évidemment pas non plus des objets militaires, avertissant que les tirs aveugles et continus de roquettes du Hamas depuis Gaza et ailleurs constitent également « un crime de guerre »[257].
Le 17 novembre, la BBC parle de près de 50 % des habitations qui sont soit détruites soit endommagés par près de 10 000 obus ou missiles[464]. Les quartiers les plus touchés sont ceux de la zone Nord évacué notamment Beit Hanoun ainsi que les quartiers côtiers de la ville de Gaza avec cependant des bombardements plus sporadiques dans la partie sud à Khan Younis ou à Rafah[464].
Remise en cause des chiffres du Hamas
Libération note cependant que la « presse israélienne, de même que l’ONU, a longtemps jugé plutôt fiables les bilans établis » par le ministère palestinien de la Santé, mais que « la polémique sur l’explosion à l'hôpital Al-Ahli Arabi atténue leur crédit »[11]. De plus, l'antenne gazaouie du ministère palestinien de la Santé — de facto sous la coupe du Hamas — ne fait dans ses bilans aucune distinction entre les combattants du Hamas et les civils ; elle comptabilise également comme victimes des frappes israéliennes celles des tirs défaillants de roquette venant du Hamas[11].
Dans le même mouvement que de nombreux observateurs[342],[11],[343],[344],[345],[346], la Maison-Blanche précédée d'Israël remet en question les statistiques invérifiables[347] publiées par les autorités sanitaires de Gaza, contrôlées par le Hamas, qu'elle juge « exagérées » - ce que le Hamas dément[348],[346].
Cisjordanie
Selon le ministère de la Santé de l’Autorité palestinienne, 11 Palestiniens sont morts, en deux jours, lors d'affrontements avec les soldats israéliens en Cisjordanie depuis le 7 octobre[320].
Victimes étrangères
Pays | Morts | Disparus | Otages | |
---|---|---|---|---|
Libérés | ||||
Afrique du Sud | 2 | 1 | ||
Allemagne[471] | 1 | 5 | ||
Argentine | 9 | 20 | ||
Australie[472] | 1 | |||
Autriche[473] | 4 | 1 | ||
Azerbaïdjan[474] | 1 | |||
Biélorussie | 3 | 1 | ||
Brésil[475] | 3 | |||
Cambodge[472] | 1 | |||
Canada[476],[474] | 6 | 3 | ||
Chili[472] | 4 | 1 | ||
Chine[477] | 4 | 2 | ||
Colombie[472] | 2 | |||
Danemark[478] | 1 | |||
États-Unis[479],[474],[448] | 32 | 13 | 2 | 2 ̟ 1 |
Estonie | 1 | |||
Espagne[480] | 1 | 1 | ||
Éthiopie[481] | 7 | |||
France[474],[482] | 40 | 9 | ||
Honduras[483] | 2 | |||
Irlande[472] | 1 | 1 | ||
Italie[484] | 3 | |||
Kazakhstan[485] | 1 | |||
Lettonie[486] | 1 | |||
Liban[487] | 8 | |||
Lituanie | 1 | |||
Mexique[472] | 2 | |||
Népal[488],[489] | 10 | 1 | 17 | |
Paraguay[490] | 2 | 2 | ||
Pérou[472],[491] | 2 | 5 | ||
Philippines[492],[493] | 4 | 2 | 7 | 1 |
Portugal[494],[495] | 9 | 5 | ||
Roumanie[496],[497] | 5 | 2 | 1 | |
Royaume-Uni[472] | 6 | 10 | ||
Russie[472],[498] | 19 | 9 | 2 | 1 |
Serbie[499] | 1 | |||
Syrie[500] | 2 | |||
Sri Lanka[501],[502] | 2 | 1 | 2 | |
Suisse | 1 | |||
Tanzanie[472],[503] | 1 | 1 | ||
Thaïlande[337],[258],[454],[298] | 32 | 14 | 22 | 10 ̟ 4 ̟ 3 |
Turquie[504] | 3 | |||
Ukraine[505],[506] | 23 | 8 |
Selon un bilan du , une quarantaine d’étrangers sont morts dans les opérations menées par les combattants du Hamas contre Israël[507]. Les jours passant, le nombre de morts dépasse la centaine, puis double et s'approche des 370.
Le 11 octobre, le Washington Post rapporte que des personnes originaires de 24 pays ont été tuées ou portées disparues pendant le conflit mais au fur et à mesure des enquêtes et identifications, une quarantaine de pays dont des ressortissants en séjour ou vivant en Israël comptent leurs victimes.
Les États-Unis, la France et la Thaïlande déplorent le plus de victimes du 7 octobre.
En Israël, se trouvent environ 30 000 Thaïlandais originaires de régions pauvres, travaillant pour la plupart en tant qu'ouvriers agricoles en pays hébreu, appelés à l’origine pour remplacer une grande partie de la main-d’œuvre palestinienne à la suite de la première Intifada (années 1980 et 1990)[297] ; la Thaïlande paie ainsi un « lourd tribut » dans la liste des victimes des attaques terroristes sur le sol israélien[508].
Parmi environ 4 500 Népalais travaillant en Israël, souvent aides-soignants, et dont les transferts de fonds représentent près d’un quart du PIB du Népal, 100 étudiants en agriculture participant au programme « Earn and Learn », leur permettant de transformer la vie de leurs familles et la leur, sont morts ce 7 octobre[489].
Outre les nombreux voyageurs français présents en Israël au moment des attentats pour les fêtes juives, 62 000 ressortissants français sont enregistrés auprès du consulat général de Tel Aviv et 25 000 autres à Jérusalem, déplorant plusieurs dizaines de victimes[509],[510]. Le , le ministère des Affaires étrangères français confirme la mort de plusieurs ressortissants français[511] dont Avidan Torgeman, Bordelais de 26 ans, lors du festival Nova de musique à Réïm[512],[513]. Pour le peuple français, l’attaque du Hamas du 7 octobre en Israël est la plus meurtrière depuis l’attentat de Nice en juillet 2016[436]. Le consul général de France à Tel Aviv Matthieu Clouvel-Gervaiseau parle d'une journée « d'inhumanité sadique, de violence et de barbarie »[514].
Peu après les attentats du 7 octobre, plusieurs États organisent le rapatriement de leurs ressortissants.
Selon Abou Obaïda des brigades Ezzedine al-Qassam du Hamas, 7 otages dont 3 étrangers sont morts dans le bombardement du camp de Jabaliya du 31 octobre, qui a permis l'élimination d'un haut responsable de l'attaque du 7 octobre[261]. Après les frappes israéliennes sur Gaza, plus de 60 otages seraient portés disparus et les corps de 23 otages israéliens inaccessibles seraient coincés sous les décombres, selon cette même source non-vérifiée s'exprimant le 4 novembre[515].
Autres situations
Le 31 octobre, le Quai d'Orsay annonce la mort de deux enfants français dans le nord de la bande de Gaza ; leur mère Yasmine Znaïdi, âgée de 43 ans, et son troisième enfant seraient blessés[516],[517],[518]. Malgré les exhortations du ministère français des affaires Etrangères à se mettre en sécurité[519], cette Française avait refusé de quitter Gaza. Par ailleurs, elle est « visée par un mandat d'arrêt international depuis 2016 pour association de malfaiteurs en vue de la préparation d’actes de terrorisme et financement d'une entreprise terroriste »[520],[518].
Otages étrangers libérés
Le 24 novembre, lors d'un échange négocié entre otages israéliens et prisonniers palestiniens[453], 10 otages thaïlandais et un philippin sont libérés après sept semaines de captivité, sans contrepartie, qui n'étaient initialement pas prévus dans l'accord conclu entre Israël et le Hamas[454],[296]. Un mois auparavant et sous l'égide de l'Iran, la Thaïlande avait envoyé une délégation composée exclusivement de musulmans thaïlandais pour rencontrer des représentants palestiniens du Hamas, à Téhéran, et leur rappeler que leur pays « traite bien les communautés musulmanes et leur offre de bonnes conditions de vie »[521].
Le lendemain, 4 Thaïlandais sont libérés sans contrepartie, ainsi qu'une Israélo-irlandaise âgée de 9 ans.
Le 26 novembre, sont libérés un homme israélo-russe de 25 ans[Notes 6] (à la demande du président russe Vladimir Poutine[522] et grâce à son « soutien à la cause palestinienne»[523]), une Israélo-sud-africaine de 62 ans et une fillette israélo-américaine devenue orpheline le 7 octobre et ayant eu 4 ans durant sa détention[524]. De plus, trois travailleurs thaïlandais sont libérés sans contrepartie, ce même jour[525].
Négociations et activités diplomatiques
Alors qu'Israël et le Hamas annoncent, après trois jours de conflit, refuser de négocier, le Qatar, selon Reuters, mène des discussions avec le Hamas pour tenter de faire libérer les enfants et les femmes, otages dans la bande de Gaza, en échange de 36 femmes et enfants palestiniens emprisonnés en Israël[526],[527].
D'autres responsables politiques dont des Turcs prennent part aux négociations. Des Américains, envoyés spéciaux pour les otages, se rendent en Israël pour identifier précisément leurs ressortissants détenus et participer aux négociations[528].
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) tente d'œuvrer également à la libération des otages pris en Israël par le Hamas[529],[530].
Le , lors d'un entretien entre le ministre des Affaires étrangères chinois Wang Yi et le secrétaire d'État américain Antony Blinken, ce dernier appelle Pékin à user de son « influence » pour apaiser la situation au Moyen-Orient[531].
Le 21 octobre, le sommet du Caire organisé par l'Égypte et consacré au conflit entre Israël et le Hamas s'achève sans accord sur un arrêt des violences, les dirigeants arabes condamnant les bombardements de l'Etat hébreu sur Gaza et les représentants européens se bornant à appeler à préserver les civils[532].
Le 26 octobre, une délégation musulmane de Bangkok rencontre des dirigeants du Hamas à Téhéran, qui lui assure que les Thaïlandais pris en otage par eux sont bien traités, en attendant « le bon moment » pour être libérés[Notes 7],[337],[521].
Le 26 octobre, deux représentants du Hamas, dont Moussa Abou Marzouk, membre de son bureau politique, sont officiellement reçus par le vice-ministre des affaires étrangères russe, Mikhaïl Bogdanov. Ils déclarent que le Hamas exclut toute libération des otages sans cessez-le-feu[533].
Début novembre, le ministre français Sébastien Lecornu déclare : « Si Israël doit se défendre, et doit mettre le Hamas hors d'état de nuire, il n'en demeure pas moins que les populations civiles de Gaza doivent être préservées et le meilleur moyen de les préserver, c'est aussi de les soigner » et la France prend des décisions en ce sens en envoyant de l'aide humanitaire transitant par l'Égypte. Le ministre essaie également d'entraîner les autres États dans cette même démarche « pour faire effet de levier »[534].
Le 5 novembre, le président turc Recep Tayyip Erdogan indique que son pays travaille pour garantir un flux ininterrompu d'aide humanitaire à Gaza[535].
Les représentants du G7 (États-Unis, Canada, France, Allemagne, Italie, Japon et Royaume-Uni) publient une déclaration en faveur de « pauses et de corridors humanitaires », mais ne plaident pas pour un cessez-le-feu total[536].
Le 9 novembre, le chef du Mossad, David Barnea, et le directeur de la CIA, William Joseph Burns, rencontrent au Qatar, à Doha, le Premier ministre, Mohammed ben Abderrahmane Al-Thani, pour discuter d’un accord avec le Hamas visant à libérer les otages et à interrompre les combats[537]. Le 17 novembre, c'est le président des États-Unis, Joe Biden et l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al Thani, qui discutent par téléphone de la nécessité « urgente » que le Hamas libère « sans délai » les otages[538].
Le 20 novembre, le CICR annonce que sa présidente Mirjana Spoljaric Egger a fait le voyage du Qatar pour y rencontrer le chef du Hamas Ismaïl Haniyeh afin d’ « avancer sur les questions humanitaires liées au conflit armé en Israël et à Gaza ». Le CICR précise que sa présidente a également rencontré « à de multiples reprises ces dernières semaines des familles d’otages détenus à Gaza, ainsi que de hauts responsables israéliens et palestiniens »[539].
Les 22 et 23 novembre, Israël et le Hamas, sous l'égide du Qatar, de l'Égypte et des États-Unis, sont parvenus à un accord sur un cessez-le-feu temporaire et la libération progressive de 150 enfants et femmes palestiniens détenus dans les prisons israéliennes en échange de 50 enfants et femmes israéliens détenus. captifs à Gaza, en groupes égaux pendant quatre jours[540],[541],[542], à partir du 24 novembre[543],[544],[545]. Cet accord est le premier résultat de négociations qui ont débuté après que le chef du gouvernement du Hamas dans la bande de Gaza, Yahya Sinwar, s'est déclaré prêt à un échange de prisonniers «tous pour tous» le 28 octobre, mais Israël a ensuite refusé[546],[547],[548],[549].
Visites gouvernementales en Israël et dans les pays voisins
Dès le , le ministre tchèque des Affaires étrangères, Jan Lipavský, se rend en Israël pour y exprimer le soutien de son pays[550].
Le , Antony Blinken se rend en Israël et y est suivi le lendemain par Antonio Tajani[551] et la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock qui dénonce les « atrocités inimaginables » commises par le Hamas et « le calcul perfide » du groupe terroriste palestinien qui utilise la population de Gaza bombardé par Israël, comme « bouclier humain »[552]. Le même jour, la ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et la présidente du Parlement européen Roberta Metsola visitent également Israël[551].
Le 15 octobre, la Catherine Colonna rencontre en Israël des proches des victimes françaises du Hamas et déclare : « La France est frappée par l’horreur des crimes commis par le Hamas contre Israël et sa population civile. Les Français sont nombreux parmi les victimes »[553].
Le 17 octobre, Olaf Scholz est le premier dirigeant depuis le début de la guerre avec le Hamas à se rendre dans l’État hébreu où il rencontre le Premier ministre Benyamin Netanyahou.
Le 18 octobre, Joe Biden se rend en Israël où il obtient que l’aide humanitaire puisse entrer prochainement dans la bande de Gaza et où il met Israël hors de cause après l’explosion à l'hôpital Al-Ahli Arabi, ayant fait une cinquantaine de victimes[554]. Toutefois, Joe Biden doit annuler la rencontre prévue le lendemain en Jordanie où il devait tenir un sommet à Amman avec les dirigeants de Jordanie, d’Égypte et de l’Autorité palestinienne, « à la lumière des jours de deuil annoncés par » Mahmoud Abbas à la suite de l’explosion dans la cour de l’hôpital[555].
Le 19 octobre, Rishi Sunak se rend à Jérusalem où il exprime son soutien à Israël puis en Arabie Saoudite où il encourage le prince héritier Mohammed ben Salmane à utiliser son influence régionale en faveur de la stabilité, puis en Égypte[556].
Le 24 octobre, Emmanuel Macron se rend en Israël où il rencontre les familles des victimes françaises et déclare : « La stabilité de la région, le retour à la normalisation ne seront garantis que si la réponse d’Israël à la violence est implacable, mais aussi politique, en acceptant le droit légitime des Palestiniens à avoir un État »[557]. Puis il va en Palestine à Ramallah où il rencontre le président palestinien Mahmoud Abbas et déclare : l'attaque du Hamas contre Israël est « aussi une catastrophe pour les Palestiniens. […] Rien ne saurait justifier les souffrances des civils de Gaza »[558]. Il a également appelé à une coalition pour lutter contre le Hamas dans la « même logique » que celle choisie pour lutter contre le groupe État islamique[557].
Début novembre, l'émissaire américain Antony Blinken, effectuant une tournée au Proche-Orient pour essayer d’apporter un soutien dont humanitaire aux Palestiniens, oeuvrer pour la libération des otages retenus par le Hamas et même discuter de l'après-guerre, rend consécutivement visite à Benjamin Netanyahu en Israël, à Mahmoud Abbas à Ramallah, à ses homologues en Jordanie puis en Turquie[559],[560].
Aides humanitaires en faveur des Palestiniens
Pour faire face à la crise humanitaire principalement dans la bande de Gaza dirigée par le Hamas, en raison de la riposte armée israélienne aux agressions terroristes du 7 octobre, et d’un siège presque total de l'enclave, l'aide humanitaire internationale s'active.
Israël
Un peu plus d’une semaine après l’attaque du Hamas contre Israël, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu approuve l’acheminement en provenance d’Égypte, d’une aide humanitaire (nourriture, médicaments, eau...) qui traverse le poste-frontière de Rafah à destination des civils gazaouis mais précise que ces fournitures ne doivent pas atteindre le groupe terroriste Hamas[536]. Le 21 octobre, la frontière de Rafah s'ouvre plus largement[561] et le responsable de la liaison militaire avec les Palestiniens indique avoir bien vérifié le contenu de la vingtaine de camions d'aide humanitaire (seulement « de l'eau, des produits alimentaires et des équipements médicaux ») avant leur entrée dans l'enclave[562].
Union européenne
À partir du 17 octobre, l’UE met en place une opération de pont aérien humanitaire sous la forme de plusieurs vols à destination de l’Égypte, en vue d’acheminer des fournitures vitales (dont des abris, des médicaments et des kits d’hygiène...) à des organisations humanitaires comme l'UNICEF présentes sur le terrain à Gaza[563].
Après avoir multiplié son aide par trois[563], l’UE augmente de 25 millions d’euros son aide humanitaire, le 6 novembre, ce qui quadruple l'aide humanitaire européenne en faveur des civils de Gaza, qui s'élève à plus de 100 millions d'euros cette année[564].
France
Le 20 octobre, le président Emmanuel Macron assure une hausse de 10 millions d'euros sur l'aide humanitaire française apportée aux Palestiniens[561].
Après l'envoi du porte-hélicoptères français Tonnerre qui participe à des opérations de secours pour les populations civiles de la bande de Gaza, et relayé par le Dixmude, fin octobre, la France affrète un vol spécial pour l'Égypte, afin d'acheminer 54 tonnes d'aide humanitaire d'urgence (kits médicaux d'urgence, médicaments, respirateurs d'urgence, lampes solaires, générateurs des tentes[565]...) pour la population gazaouie[534]. Les 3 et 5 novembre, deux autres vols transportent au total 37 tonnes de fret humanitaire, remis au Croissant-Rouge égyptien (en)[534].
Le 9 novembre, Paris accueille une conférence humanitaire internationale en faveur de l'aide à la population civile de Gaza, avec des représentants des États, des principaux bailleurs, des organisations internationales et ONG actives à Gaza[566], qui permet de réitérer de nombreux appels en vue d'un cessez-le-feu et d'atteindre 1,2 milliard d'euros d'engagements nouveaux des partenaires[567], et se conclut par un discours de la ministre Catherine Colonna[568].
Le 17 novembre, Emmanuel Macron annonce que la France va envoyer un quatrième vol pour Gaza, un porte-hélicoptères et va accueillir des enfants palestiniens malades pour être soignés dans les hôpitaux français[569].
Allemagne
Le 23 octobre, l'Allemagne augmente de 50 millions d’euros son aide humanitaire pour la population des territoires palestiniens qui est « également des victimes de cette attaque terroriste du Hamas » du 7 octobre, déclare la ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock[570]. Cette aide constituée de denrées alimentaires de base, soins médicaux et produits d’hygiène se répartit entre l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestinie, l'UNRWA (19 millions d’euros supplémentaires pour de l’aide alimentaire à Gaza), le Programme alimentaire mondial, le PAM (18,7 millions d’euros additionnels) pour les habitants de Gaza et de Cisjordanie en nourriture, le Fonds des Nations Unies pour l'enfance, l'UNICEF (5 millions d’euros en biens humanitaires) pour des familles à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem‑Est, le Comité international de la Croix-Rouge, le CICR (5 millions d’euros supplémentaires) pour du matériel para-médical, la Croix‑Rouge et le Croissant‑Rouge (2,3 millions d’euros)[570].
Cette augmentation ponctuelle porte à quelque 123 millions d’euros l’aide humanitaire mise à disposition des territoires palestiniens par l’Allemagne en 2023[570].
Grande-Bretagne
Après avoir déjà débloqué deux tranches d’aide, d'abord de 10 millions de livres (11,5 millions d’euros), puis de 20 millions (23 millions d’euros) à la fin d’octobre, le Royaume-Uni, décide de doubler son aide humanitaire pour Gaza avec un nouveau financement de 30 millions de livres consacré à de l'aide vitale (abris, matériel médical), selon le communiqué du nouveau ministre britannique des affaires étrangères, David Cameron[294].
Luxembourg
Fin octobre, le Luxembourg apporte des contributions supplémentaires d'un montant de 2,5 millions d'euros en aide humanitaire aux efforts internationaux dans la région, répartis entre l'UNRWA, le CICR, le PAM, l'OCHA ou le NRC (Norwegian Refugee Council), auxquels s'ajoutent un soutien aux ONG luxembourgeoises (Handicap International Luxembourg et Caritas Luxembourg) avec 100 000 euros chacune, afin d'appuyer leurs interventions humanitaires au Liban et en Cisjordanie[571].
Canada
Le 27 octobre, le ministre du Développement international canadien, Ahmed Hussen, annonce que son gouvernement versera une somme équivalente aux dons des particuliers effectués dans le cadre de l’appel d’urgence humanitaire pour Gaza de la Coalition humanitaire, à concurrence de 10 millions de dollars, en veillant par le biais de procédures et de contrôles à ce que l’aide parvienne aux civils innocents et pas entre les mains du Hamas[572]. Il s'agit de procurer une protection des enfants, des abris, de l’aide alimentaire et nutritionnelle d’urgence, ainsi que des services essentiels en matière d’approvisionnement en eau, d’assainissement et de santé et des soins médicaux[572].
Jordanie
Début novembre, la Jordanie opère avec le soutien d'Israël et des États-Unis, en larguant une aide médicale d'urgence à Gaza à l'aide de parachutes, destinée à un hôpital de campagne jordanien sur le point de manquer de fournitures, pour « aider (ses) frères et sœurs blessés dans la guerre contre Gaza »[276].
Émirats arabes unis
Depuis le déclenchement de la crise à Gaza, les Émirats arabes unis fournissent une aide humanitaire et des fournitures d'urgence à la bande de Gaza ainsi que l'allocation d'une aide humanitaire de 20 millions de dollars à l'enclave assiégée et la mise en place d'un hôpital de campagne. Cinquante-et-un avions transportant 1 400 tonnes de nourriture, de médicaments et de secours, ont déjà été envoyés, en coordination avec des organisations internationales telles le P.A.M. de l'ONU[573].
Dans le cadre d'une initiative lancée en faveur de 1 000 enfants palestiniens malades, quinze d'entre eux accompagnés de leur famille venus de Gaza atterrissent le 18 novembre à Abu Dabi pour y être soignés[573].
Carburant
Le 15 novembre, un premier camion chargé de plus de 23 000 litres d’essence venant d’Égypte entre dans la bande de Gaza « mais leur utilisation a été restreinte par les autorités israéliennes, (et servira) seulement pour le transport de l’aide » humanitaire et non pas « pour faire fonctionner l’approvisionnement en eau ou les hôpitaux », déplore le patron de l’UNRWA à Gaza[574].
Durant la trêve
Les accords internationaux d'échange, du 24 au 28 novembre, d'otages du 7 octobre contre des prisonniers palestiniens détenus en Israël comprennent un volet d'aide humanitaire parvenant à travers des centaines de camions passant d'Égypte vers le sud de la bande de Gaza.
Réactions
Réactions internationales
Moyen-Orient
- Arabie saoudite : le ministère des Affaires étrangères appelle à un « arrêt immédiat des violences entre Israéliens et Palestiniens »[575]. Il rejette « catégoriquement » tout déplacement de la population de Gaza, condamne le bombardement de « civils (palestiniens) sans défense » et, le 14 octobre, décide de suspendre les discussions sur la normalisation des relations avec Israël[576].
- Égypte : le ministre des Affaires étrangères, Sameh Choukri, s'inquiète des « graves conséquences » et demande d'« exercer un maximum de retenue en évitant d’exposer les civils à plus de dangers »[575].
- Émirats arabes unis : un communiqué officiel appelle à empêcher l'escalade de la violence et à la sécurité des civils[577] puis, le 9 octobre, les Émirats arabes unis se disent « consternés » par la prise d’otage de civils israéliens après l’assaut meurtrier de samedi 7 octobre. Le ministère des Affaires étrangères précise : « Les attaques du Hamas contre les villes et villages israéliens proches de la Bande de Gaza, y compris les tirs de milliers de roquettes sur des centres de population, constituent une escalade sérieuse et grave »[578].
- Irak : le gouvernement affirme que les attaques sont le résultat de décennies d'« oppression systémique » par l'« autorité d'occupation sioniste »[579].
- Iran : Yahya Rahim Safavi, le conseiller militaire du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, salue la « fière » offensive déclenchée par le mouvement islamiste Hamas contre Israël[580]. Le porte-parole du ministère des affaires étrangères, Nasser Kanaani, réfute les accusations de l'implication de l'Iran dans le conflit[581]. Le 1er novembre, Ali Khamenei exhorte les pays musulmans à stopper toute relation commerciale avec Israël[582]. Dix jours plus tard, le président iranien, Ebrahim Raïssi, appelle les dirigeants des pays musulmans à qualifier « d'organisation terroriste » l'armée israélienne en raison de son opération armée dans la bande de Gaza, et demande à « rompre toute relation politique et économique », notamment dans le domaine de l'énergie, avec « le régime sioniste » (Israël), pays que l'Iran ne reconnaît pas[583].
- Jordanie : le roi de Jordanie Abdallah II déclare, le , qu'« il n'y aurait ni sécurité ni paix sans la création d'un État palestinien indépendant. L'escalade dangereuse, la violence et l'agression en cours dans les territoires palestiniens, montrent clairement que notre région ne connaîtra pas la sécurité et la stabilité sans une paix juste et globale fondée sur la solution à deux États »[584]. Début novembre, le roi Abdallah rappelle « immédiatement » son ambassadeur en Israël pour protester contre l’offensive militaire israélienne dans la bande de Gaza[585].
- Liban : le ministère des Affaires étrangères libanais annonce, le 7 octobre, qu’il « suit avec une grande inquiétude les développements qui ont lieu en Palestine » et affirme que le conflit militaire entre le Hamas et les Israéliens « est le résultat direct de l’occupation continue des territoires palestiniens par Israël, de ses attaques quotidiennes contre les lieux saints islamiques et chrétiens, de sa politique d’expansion des colonies, d’annexion de terres et de la spoliation des droits des Palestiniens »[586].
- Turquie : le président Recep Tayyip Erdoğan exhorte Israéliens et Palestiniens à « agir de manière raisonnable » et « à s'abstenir d'agir impulsivement, ce qui augmenterait les tensions »[587]. Il met en garde Israël contre une attaque « indiscriminée » de la bande de Gaza[310]. Le 25 octobre, il précise : « Le Hamas n’est pas une organisation terroriste, c’est un groupe de moudjahidines qui défendent leurs terres. »[588]. Le 5 novembre, il dénonce le « massacre immoral » à Gaza, alors qu'il a coupé tout contact avec le Premier ministre Benyamin Nétanyahou, rappelé son ambassadeur en Israël et également décidé de ne pas rencontrer Anthony Blinken attendu le lendemain à Ankara[535].
Afrique
- Algérie : le ministère des Affaires étrangères exprime dans un communiqué sa « profonde inquiétude face à l'escalade des agressions sionistes barbares contre la bande de Gaza, qui ont coûté la vie à des dizaines de Palestiniens innocents. L'Algérie appelle aussi la communauté internationale à intervenir immédiatement, à travers les instances internationales concernées, pour protéger le peuple palestinien contre la brutalité et la criminalité sionistes »[589],[590].
- Libye : le premier ministre libyen Abdel Hamid Dbeibah appelle, le 8 octobre, « la communauté internationale à mettre fin aux violations flagrantes de l'occupation israélienne et à mettre fin à ce conflit sanglant ». La Libye « considère également les autorités d'occupation comme responsables des conséquences de la réaction de la résistance palestinienne aux raids en cours contre la mosquée Al-Aqsa, qui nuisent aux Palestiniens »[591].
- Maroc : le Maroc « condamne les attaques contre les civils d’où qu’ils soient »[592].
- Mauritanie : le ministère mauritanien des Affaires étrangères déclare dans un communiqué que « ce qui se passe est le résultat inévitable des provocations et des violations continues des droits du peuple palestinien ainsi que du caractère sacré de la sainte mosquée Al-Aqsa par les autorités d'occupation israéliennes »[593].
- Soudan : dans un communiqué publié par la SUNA, le ministère des Affaires étrangères (en) déclare que « le Soudan suit avec préoccupation les développements dangereux qui se produisent actuellement en Palestine occupée […] Le Soudan renouvelle son soutien aux droits légitimes du peuple palestinien à avoir un État indépendant. Il appelle au respect du droit international et à la protection des civils innocents. »[594],[595].
- Tunisie : dès le , la Tunisie affirme sa « totale et inconditionnelle » solidarité avec le peuple palestinien[596]. Début novembre, les députés tunisiens débattent sur un projet de loi visant à criminaliser « l’entité sioniste » et « emprisonner tout Tunisien qui communique ou coopère avec l’Etat hébreu » dans quelque domaine que ce soit[597]. Brahim Bouderbala, président de l'Assemblée des représentants du peuple précise être convaincu que « la Palestine doit être libérée du fleuve à la mer… et que l'État palestinien doit être établi avec la Sainte Jérusalem comme capitale »[598].
Amérique
- Bolivie : la Bolivie « déplore les souffrances faites aux civils » et « plaide pour une intervention de l'ONU »[599]. Le , le gouvernement bolivien « a pris la décision de rompre les relations diplomatiques avec l’Etat d’Israël, en signe de rejet et de condamnation de l’offensive militaire israélienne agressive et disproportionnée menée dans la bande de Gaza »[600].
- Brésil : le gouvernement brésilien réitère « son attachement à la solution à deux États, avec un État palestinien économiquement viable, vivant en paix et en sécurité avec Israël, à l'intérieur de frontières mutuellement convenues et internationalement reconnues »[601].
- Canada : le Premier ministre Justin Trudeau affirme sur X que le Canada « condamne sans réserve l'attaque terroriste menée […] contre Israël »[602].
- Chili : le Chili considère qu'il est « indispensable de relancer, avec le soutien de la communauté internationale, le processus de négociations directes et de bonne foi entre les deux parties, conduisant à un accord de paix juste, complet et définitif »[603]. Le , le Chili rappelle son ambassadeurs en Israël en le justifiant par « les inacceptables violations du droit humanitaire d’Israël dans la bande de Gaza »[600].
- Colombie : le gouvernement colombien réitère l'appel à « reprendre, de manière urgente, le dialogue entre Israël et la Palestine pour entamer un processus de paix menant à la coexistence pacifique, dans des frontières sûres convenues mutuellement et internationalement reconnues, avec un soutien total à l'intégrité territoriale des deux parties »[604]. Le , la Colombie rappelle son ambassadeur en Israël dénonçant un « châtiment collectif pour la population civile palestinienne à Gaza »[600].
- Cuba : le ministère des Affaires étrangères exprime sa grave préoccupation face à l'augmentation du niveau de violence dans le territoire palestinien occupé, soulignant que cette escalade est le résultat de 75 ans de violations continues des droits fondamentaux du peuple palestinien[605].
- États-Unis : le président Joe Biden, qui s'est entretenu avec le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, met « en garde tout acteur hostile à Israël qui chercherait à profiter de la situation »[587]. Il déclare que « les terroristes du Hamas ont commis des atrocités qui font pâlir l'État islamique »[141].
- Mexique : « le ministère des Affaires étrangères condamne les attaques subies par le peuple d'Israël avec des pertes regrettables en vies humaines. Le Mexique présente ses condoléances aux familles des victimes. De la même manière, il appelle à mettre fin à ces violences inappropriées, afin d'éviter une escalade qui causerait davantage de dégâts et de souffrances à la population civile. Le Mexique considère qu'il est essentiel de reprendre le processus de négociations directes et de bonne foi entre les deux parties, afin d'aboutir à un accord de paix juste, complet et définitif. Ce qui précède, dans le cadre de la solution à deux États, reconnaît le droit d'Israël et de la Palestine à coexister en paix, à l'intérieur de frontières sûres mutuellement convenues et internationalement reconnues, conformément aux résolutions adoptées par les Nations unies »[606].
- Pérou : le ministère des Affaires étrangères condamne l'attaque et « réaffirme son attachement au processus de paix entre Israël et la Palestine »[607].
- Venezuela : le ministère des Affaires étrangères publie une déclaration exprimant sa « profonde préoccupation face à l'évolution des événements récents dans la bande de Gaza, tout en considérant que l'escalade est le résultat de l'impossibilité du peuple palestinien de trouver un espace dans la légalité internationale multilatérale pour faire valoir ses droits historiques »[608].
Asie
- Afghanistan : le ministère des Affaires étrangères déclare que « la survenue de tels événements est le résultat de la violation des droits du peuple palestinien opprimé par les sionistes israéliens, ainsi que des insultes répétées et du non-respect des lieux saints musulmans, et de tout type de défense et de résistance du peuple palestinien pour la liberté. »[609], faisant allusion aux colons israéliens qui ont pris d'assaut le complexe de la mosquée Al-Aqsa quelques jours avant l'attaque du Hamas[610].
- Azerbaïdjan : le ministère des Affaires étrangères a déclaré « Nous condamnons la violence contre les civils dans la zone de conflit israélo-palestinienne. Nous exprimons nos condoléances pour les pertes tragiques de vies humaines parmi de nombreux civils, tant en Israël que dans la bande de Gaza. Nous appelons à une désescalade urgente de la situation. »[611].
- Bangladesh : le ministère des Affaires étrangères « exhorte les Israéliens et les Palestiniens à faire preuve d'une retenue maximale » et « appelle à un cessez-le-feu immédiat pour éviter de nouvelles pertes de vies innocentes des deux côtés »[612].
- Chine : le ministère des Affaires étrangères indique via un communiqué que le pays « est profondément préoccupée par l'escalade actuelle des tensions et de la violence entre la Palestine et Israël, appelle toutes les parties concernées à rester calmes et faire preuve de retenue, à cesser le feu immédiatement, à protéger les civils et à empêcher une nouvelle détérioration de la situation »[613].
- Inde : le premier ministre Narendra Modi apporte son soutien à Israël : « Nous sommes solidaires d'Israël en ces heures difficiles »[614].
- Japon : le 7 octobre 2023 un porte-parole du ministre des Affaires étrangères déclare que son pays « condamne fermement les attaques de roquettes et les incursions armées contre Israël et exprime ses condoléances aux familles désemparées […] et sa chaleureuse sympathie aux victimes »[615].
- Kazakhstan : selon le représentant officiel du ministère des Affaires étrangères, le pays invite les belligérants à « rechercher des moyens politiques pour résoudre la situation de manière pacifique » afin d'éviter davantage de conflits dans la région[616].
- Pakistan : le ministre des Affaires étrangères Jalil Abbas Jilani déclare, le 8 octobre, que son pays « est profondément préoccupé par l'escalade des hostilités au Moyen-Orient, appelant Israël à cesser immédiatement son oppression dans la Palestine occupée »[617].
- Viêt Nam : la porte-parole des Affaires étrangères appelle à « la retenue, éviter toute action compliquant la situation, reprendre les négociations […] sur la base du droit international et des résolutions de l'ONU et assurer la sûreté des civils »[618].
Europe
- Andorre : le chef du gouvernement Xavier Espot Zamora appelle à « stopper l'escalade des violences, respecter le droit international humanitaire et protéger les populations civiles d'Israël et de Palestine »[619].
- Allemagne : sur le mois d'octobre, les autorisations d'exportations allemandes ont été délivrées pour 303 millions d'euros d'équipements militaires vers Israël (soit près de dix fois plus que sur toute l'année précédente)[257].
- Belgique : le Premier ministre belge Alexander De Croo appelle à l'arrêt des violences et du conflit. La ministre des Affaires étrangères Hadja Lahbib condamne fermement les attaques perpétrées contre les civils israéliens[620].
- Espagne : le président du gouvernement espagnol Pedro Sánchez déclare sur X : « Nous suivons avec consternation l’attaque terroriste contre Israël et nous sommes solidaires des victimes et de leurs familles. Nous condamnons fermement le terrorisme et exigeons la cessation immédiate des violences aveugles contre la population civile. L'Espagne maintient son engagement en faveur de la stabilité régionale »[621].
- France : la porte-parole du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères condamne « avec la plus grande fermeté les attaques terroristes en cours contre Israël et sa population » ; elle a exprimé « la pleine solidarité » de la France avec Israël et les victimes et affirmé « son rejet absolu du terrorisme et son attachement à la sécurité d’Israël »[622]. Quant au président de la République, Emmanuel Macron, il déclare : « Je condamne fermement les attaques des terroristes du Hamas qui frappent actuellement Israël. J'exprime ma pleine solidarité avec les victimes, leurs familles et leurs proches. »[623]. Emmanuel Macron confirme la position française d'une solution à deux États avec « la sécurité pour Israël, et un État pour les Palestiniens »[624].
- Quand le 10 novembre, Emmanuel Macron déclare à la BBC qu'il partage la douleur d'Israël et sa « volonté de se débarrasser du terrorisme » mais souligne que « de facto, aujourd’hui, des civils sont bombardés. Ces bébés, ces femmes, ces personnes âgées sont bombardés et tués » à Gaza et qu'il n’y a « aucune justification » ni « aucune légitimité à cela », pour in fine exhorter Israël à arrêter »[625], le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou lui répond d'Israël le lendemain n’avoir « pas besoin de ces leçons de morale » et que le président français « fait une erreur grave sur le plan factuel et sur le plan moral » parce qu'Israël « fait tout en son pouvoir pour épargner les civils gazaouis non impliqués »[626] et estime donc que « la responsabilité de tout tort fait aux civils incombe au Hamas », « ce n’est pas Israël qui empêche l’évacuation de civils, mais le Hamas », groupe terroriste armé qui utilise des civils palestiniens comme « boucliers humains »[627]. Il conclut que « ces crimes que le Hamas-État islamique commet aujourd’hui à Gaza seront commis, demain, à Paris, à New York et partout dans le monde. Les dirigeants du monde entier doivent condamner le Hamas-État islamique, pas l’État d’Israël »[626].
- Irlande : le ministre des Affaires étrangères Micheál Martin indique qu'« il est important que la voix de la modération émerge dans tout cela. Il est important que nous ne supportions pas d'autres pertes de vie »[628]. Le 13 octobre, le Premier ministre irlandais, Leo Varadkar, déclare qu'« Israël est menacé. Il a le droit de se défendre, mais il n'a pas le droit d'enfreindre le droit humanitaire international. Il s'agit d'une punition collective. Couper l'électricité, couper l'approvisionnement en carburant et en eau, ce n'est pas la façon dont un État démocratique respectable devrait se comporter »[629],[Notes 2].
- Malte : « Suivant sa tradition pacifique et neutraliste, Malte appelle à réunir le Conseil de sécurité des Nations unies pour stopper l'escalade des violences »[630].
- Norvège : la ministre des Affaires étrangères « condamne dans les termes les plus forts les attaques sur des civils israéliens et appelle à une cessation immédiate des attaques et des violences »[631].
- Royaume-Uni : « Je suis choqué par les attaques menées ce matin par les terroristes du Hamas contre des citoyens israéliens », déclare le Premier ministre Rishi Sunak. « Israël a le droit absolu de se défendre », ajoute-t-il[587]. Le , alors qu'il arrive au siège de l'OTAN à Bruxelles (Belgique), le ministre de la défense britannique, Grant Shapps déclare que le Hamas est « une organisation terroriste, ce ne sont pas des militants ou des combattants de la liberté », alors qu'Israël « n’attaque pas à dessein des civils et c’est très, très important, c’est une différence essentielle que le monde doit comprendre »[391].
- Russie : la Russie appelle les deux parties à la retenue et à un cessez-le-feu[587]. Lors d'une réception du Premier ministre irakien, Mohammed Chia al-Soudani, au Kremlin, le président russe, Vladimir Poutine, déclare le que ce nouveau conflit entre Israël et le Hamas est un « exemple clair de l'échec de la politique des États-Unis au Moyen-Orient »[632].
- Suisse : la Suisse « condamne les tirs de roquettes et les attaques depuis Gaza contre Israël. Nous exigeons la fin immédiate de l’usage de la violence. Et nous rappelons que la protection des civils est essentielle. », déclare le Département fédéral des affaires étrangères[633].
- Ukraine : le président ukrainien Volodymyr Zelensky soutient fermement Israël[592].
- Vatican : le pape François demande que « les attaques cessent » en Israël et invite à prier « pour qu’il y ait la paix en Israël et en Palestine »[634]. Le 11 octobre, il appelle à la libération « immédiate » des otages israéliens aux mains du Hamas, et se dit « très préoccupé » par le siège de la bande de Gaza[175].
Océanie
- Australie : condamnant les crimes « répugnants » commis par le Hamas le 7 octobre, la ministre des Affaires étrangères Penny Wong affirme qu'« Israël a le droit de se défendre »[635]. Elle qualifie les massacres commis par le Hamas d'« actes maléfiques perpétrés par un groupe haineux obsédé par la destruction de l'État d'Israël et l'éradication des juifs. […] Nous condamnons sans équivoque ces attaques et nous appelons à la libération immédiate des otages. L'Australie se tient aux côtés d'Israël, et le fera toujours »[636]. Alors qu'Israël bombarde le Hamas à Gaza, le gouvernement déploie des mesures de protection des synagogues et des mosquées en Australie. Le Premier ministre Anthony Albanese réitère que son gouvernement condamne « les attaques odieuses contre Israël par le groupe terroriste Hamas » et demande à Israël de faire de la préservation des vies civiles à Gaza sa priorité[637]. L'Australie s'abstient lors du vote sur la résolution de l'Assemblée générale des Nations unies du 27 octobre appelant à une trêve. Indiquant qu'elle soutient le principe d'une trêve, l'Australie explique qu'elle ne peut pas voter en faveur d'une résolution qui ne mentionne pas les crimes terroristes commis par le Hamas[638].
- Fidji : le Premier ministre Sitiveni Rabuka, qui comptait ouvrir une ambassade fidjienne à Jérusalem prochainement, condamne les massacres commis par le Hamas le. 7 octobre et indique que son gouvernement est « profondément attristé par les pertes de vies et les souffrances endurées à la fois par des Israéliens et par des Palestiniens en raison du conflit en cours ». Il précise que les soldats fidjiens de la Force multinationale d'observateurs au Sinaï et de la Force des Nations unies chargée d'observer le désengagement sur le plateau du Golan sont en sécurité, de même que les étudiants fidjiens dans les universités israéliennes et les pèlerins chrétiens fidjiens présents en Israël[639]. Fin octobre, le gouvernement fidjien apporte son soutien à la réponse militaire engagée par Israël contre le Hamas, et est l'un des quatorze États (et l'un des six États océaniens) à voter contre la résolution de l'Assemblée générale des Nations unies sur « la protection des civils et le respect des obligations juridiques et humanitaires » à Gaza, qui appelle à une « trêve humanitaire immédiate, durable et soutenue ». Dans le même temps, les Fidji demandent à Israël de considérer comme prioritaire sa responsabilité de protéger les civils palestiniens durant l'opération militaire à Gaza[640],[641],[642].
- Nouvelle-Zélande : la ministre des Affaires étrangères Nanaia Mahuta indique être « fortement inquiète de l'éruption de violences entre Israël et Gaza ». Elle appelle à « la fin immédiate des violences, la protection de tous les civils et le respect du droit humanitaire »[643]. En concertation avec son successeur désigné Christopher Luxon, le Premier ministre Chris Hipkins précise : « Nous sommes horrifiés par la brutalité du Hamas, par le fait qu'il ait ciblé des civils et pris des otages en violation claire du droit international. Nous appelons à la libération immédiate et sans condition de tous les otages »[644]. La Nouvelle-Zélande est l'un des cent-vingt États dans le monde, mais l'un des deux seuls États océaniens (avec les îles Salomon), à voter en faveur la résolution de l'Assemblée générale des Nations unies du 27 octobre appelant à une trêve humanitaire immédiate à Gaza[640].
- Papouasie-Nouvelle-Guinée : le gouvernement qualifie les attaques menée par le Hamas le 7 octobre de « barbares, injustifiées, atroces et brutales ». Le Premier ministre James Marape interpelle en ces termes le Hamas : « Si vous vous engagez sur la voie d'actes de guerre et de terrorisme, la violence en réponse sera égale à celle que vous avez perpétrée. La guerre engendre la guerre ». Il appelle dans le même temps Israël à une réponse proportionnée qui évitera des morts supplémentaires[645]. En soutien à Israël, la Papouasie-Nouvelle-Guinée est l'un des quatorze États (et l'un des six États océaniens) à voter contre la résolution de l'Assemblée générale des Nations unies du 27 octobre appelant à une trêve immédiate et durable à Gaza[640]. Le Premier ministre Marape explique ce choix en ces termes : « C'est le Hamas qui a provoqué la réponse actuelle d'Israël. Et vous ne pouvez pas vous attendre à ce qu'Israël arrête alors que les victimes kidnappées [par le Hamas] n'ont pas été relâchées. [...] Je ne regrette pas du tout de prendre position pour Israël. Ils ont été attaqués ; nous devons les soutenir »[646].
Organisations internationales
- Nations unies : le coordonnateur spécial des Nations unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, Tor Wennesland, condamne l'attaque, déclarant que « les événements ont entraîné d'horribles scènes de violence et de nombreux morts et blessés israéliens, dont beaucoup auraient été kidnappés à l'intérieur de la bande ». Il insiste également sur le fait que « les attaques odieuses visant les civils doivent cesser immédiatement »[647]. De son côté, le porte-parole du secrétaire général de l'ONU annonce, le 11 octobre, que « 11 membres de l'organisation ainsi que 30 élèves de ses écoles ont été tués dans la bande de Gaza depuis le début des affrontements entre le Hamas et Israël », en indiquant qu'il est « profondément bouleversé par l'annonce du siège de Gaza par Israël, a appelé à un accès humanitaire rapide et sans entrave »[648]. Le 24 octobre, le secrétaire général António Guterres déclare que « les attaques du Hamas ne se sont pas produites en dehors de tout contexte. Le peuple palestinien a subi cinquante-six ans d’une occupation suffocante »[649], après quoi Israël cesse d’accorder des visas aux fonctionnaires de l’ONU[650]. Après que le Conseil de sécurité des Nations unies a échoué à adopter une résolution à quatre reprises en l'espace de dix jours, l'Assemblée générale des Nations unies vote le en faveur d'une « trêve humanitaire immédiate ». Cette résolution ES-10/21 non contraignante est approuvée par 120 pays (dont la France, la Belgique et l'Espagne), avec 14 votes contre (dont Israël, les États-Unis, l'Autriche, la Tchéquie et la Hongrie) et 45 abstentions. Israël a critiqué cette résolution en la qualifiant d'« infamie », tandis que le Hamas l'a saluée[651]. Dix jours plus tard, les dirigeants des principales agences de l'ONU publient un communiqué commun pour exprimer leur indignation face au refus d'Israël d'accepter un cessez-le-feu humanitaire et appellent à la libération les 240 otages kidnappés en Israël le 7 octobre[535] . Le 7 novembre, Volker Türk déclare : « Les atrocités perpétrées par des groupes armés palestiniens le 7 octobre sont abominables, ce sont des crimes de guerre - de même que la détention d'otages » et ajoute : « La punition collective des civils palestiniens par Israël est aussi un crime de guerre, de même qu'est illégale l'évacuation forcée de civils »[257]. Le 15 novembre, le Conseil de sécurité de l'ONU vote à nouveau en faveur d'une proposition appelant à un cessez-le-feu humanitaire à Gaza, à une augmentation de l'aide humanitaire et à la libération immédiate et inconditionnelle des otages emmenés à Gaza, alors que jusque-là, les propositions étaient bloquées par le veto de la Russie ou des États-Unis[286].
OTAN : le porte-parole Dylan White déclare dans un communiqué que l'organisation condamne « les attaques terroristes du Hamas contre Israël, partenaire de l'OTAN » et qu'« Israël a le droit de se défendre »[652].
- Union africaine : l'Union africaine demande aux deux parties de « revenir, sans conditions préalables, à la table des négociations pour mettre en œuvre le principe de deux États vivant côte à côte[653]. »
- Union européenne : la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen dénonce l’attaque « insensée » du Hamas contre Israël. Elle ajoute que « cette violence, ce n’est ni une solution politique, ni un acte de bravoure. C’est purement du terrorisme. L’Union européenne se tient aux côtés d’Israël »[654].
- Ligue arabe : les États membres de la Ligue arabe se réunissent en urgence le 11 octobre au Caire, à l'appel de la Palestine. Le sommet adopte une résolution dans laquelle il réclame la levée du siège, et dénonce les violations du droit international par Israël[655],[656].
« Nous demandons la cessation immédiate de la guerre israélienne contre la bande de Gaza et l'escalade dans la bande et ses environs. Appelons toutes les parties à faire preuve de retenue et mettons en garde contre les répercussions humanitaires et sécuritaires catastrophiques »
Puissances occidentales
Cinq États occidentaux — les États-Unis, la France, l'Allemagne, l'Italie et le Royaume-Uni — expriment leur soutien à l'État d'Israël, notamment « dans ses efforts pour se défendre et défendre son peuple contre ces atrocités », dans une déclaration conjointe publiée le 9 octobre[657].
Organisations humanitaires et non gouvernementales
Le 9 octobre, Human Rights Watch (HRW) indique que la conduite du Hamas et d'Israël constitue des crimes de guerre[658],[257]. Un mois plus tard, le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Volker Türk, s'affiche sur cette même position[257].
Peu après les attentats terroristes, l'organisation Médecins du monde demande l'instauration d'un corridor humanitaire dans la bande de Gaza[209].
Le , Amnesty International affirme avoir enquêté sur cinq attaques israéliennes entre le entre le et le , et qu'elle « détient des preuves accablantes de crimes de guerre, alors que les attaques israéliennes anéantissent des familles entières à Gaza »[659].
HRW et Amnesty International ont accusé Israël d'avoir utilisé du phosphore blanc le 10 et 11 octobre 2023[660],[661],[662].
Le dernier jour du mois, Reporters sans frontières (RSF) dépose une plainte pour crimes de guerre auprès du bureau du procureur de la Cour pénale internationale (CPI), pour la mort de 9 journalistes et 2 blessés dans l’exercice de leurs fonctions, et pour la destruction totale ou partielle des locaux de plus de 50 media à Gaza[663],.
Alors que plusieurs chefs d'Etat et de gouvernement sont accueillis le 8 novembre à Paris par Emmanuel Macron pour évoquer la situation préoccupante au Proche-Orient, treize organisations dont Médecins sans frontières (MSF), Amnesty International ou la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), les appellent « à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour obtenir un cessez-le-feu immédiat » et à « garantir l'entrée de l'aide humanitaire à Gaza et le respect du droit international humanitaire »[257].
Réactions politiques nationales
En France
En France, tous les partis représentés au Parlement condamnent l'offensive du Hamas[664]. La France insoumise (LFI), bien que condamnant les violences faites aux civils, met vivement en cause la politique israélienne de colonisation qu'ils accusent d'avoir une part de responsabilité dans la situation actuelle, s'attirant les critiques de plusieurs observateurs et de ses adversaires politiques[665],[666],[667]. Jean-Luc Mélenchon et plusieurs membres de LFI (Manuel Bompard, Louis Boyard, Mathilde Panot, Danièle Obono, etc.) renvoient dos à dos les deux parties et refusent de parler d’« attaques terroristes », évoquant néanmoins des « crimes de guerre » de la part de la branche armée du Hamas[668],[669],[670],[671],[672].
Le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) de Philippe Poutou écrit sur son site : « Le NPA ne se joint pas à la litanie des appels à la prétendue “désescalade” […] Le NPA rappelle son soutien aux PalestinienNEs et aux moyens de luttes qu’ils et elles ont choisi pour résister. » Le communiqué se termine par le mot « intifada », suivi d’un point d’exclamation, faisant selon Le Figaro, « ainsi explicitement l’apologie des deux vagues de violences populaires dirigées contre les militaires et les civils israéliens[668]. » Face à la polémique, le NPA choisit de maintenir ses positions dans un second communiqué publié le . Le lendemain, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, annonce sur le plateau de Quotidien que le pôle national de lutte contre la haine en ligne a ouvert une enquête pour « provocation aux actes de terrorisme » et « apologie du terrorisme » contre ce parti. L'enquête est confiée à la brigade criminelle de Paris[673],[674].
Le parti des Indigènes de la République de Houria Bouteldja publie sur X le 8 octobre : « Que la Résistance palestinienne qui mène son action avec détermination et confiance dans des conditions héroïques reçoive en ces heures terribles toute notre fraternité militante »[668].
En réponse, le sénateur Stéphane Le Rudulier (LR) demande à la Première ministre, Élisabeth Borne, de dissoudre « le NPA, La France insoumise, la Jeune Garde, les Indigènes de la République ». Il annonce également son intention de déposer une « proposition de loi pour pénaliser l’antisionisme »[675].
Le 11 octobre, le président du Sénat, Gérard Larcher, prononce un discours dans lequel il qualifie les attaques du Hamas de « crimes contre l'humanité », avant de demander aux sénateurs et aux membres du gouvernement d'observer une minute de silence[676]. Le lendemain, le président de la république, Emmanuel Macron, consacre sa première adresse aux Français depuis la crise de la réforme des retraites aux évènements en Palestine[677].
Au Soudan
Bien que le Soudan ait officiellement normalisé ses relations avec Israël en début d'année, la population soudanaise reste fortement antisioniste et la quasi-totalité de la classe politique du pays (Mouvement islamique soudanais, Parti du congrès populaire (en), Alliance des forces populaires, Parti communiste soudanais, Forces de la liberté et du changement – Conseil central etc.) salue l'attaque du Hamas en des termes très élogieux[595],[678],[679].
Manifestations pro-israéliennes, pro-palestiniennes ou pour la paix
Au cours des trois premières semaines de combats entre Israël et le Hamas, au moins 4 385 manifestations liées au conflit sont enregistrées dans près de 100 pays et territoires, dont 86 % en solidarité avec les Palestiniens, 12 % avec Israël et 2 % appelant à la paix[680].
À la suite des soutiens affichés de certaines franchises d'entreprises à Israël au début d'octobre, des vagues mineures de boycott voire de vandalisme s'ensuivent dans les pays du Moyen-Orient et en France. McDonalds est particulièrement pris pour cible. Les entreprises expliquent pour leur part que les soutiens par leurs franchises à Israël n'ont pas été autorisés[681],[682],[683].
En France
Le , des manifestations « en soutien à Israël » rassemblent des milliers de personnes dans plusieurs grandes villes de France (Paris, Strasbourg, Lille, Marseille). Dans le cortège parisien, sont présents plusieurs personnalités politiques de premier plan comme l'ex-président de la République Nicolas Sarkozy, la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran, le ministre de la Fonction publique Stanislas Guerini, le député PS Boris Vallaud, le sénateur écologiste Yannick Jadot, le président des Républicains Éric Ciotti et les présidents de région Valérie Pécresse, Xavier Bertrand et Laurent Wauquiez[685]. Les avocats Arno Klarsfeld et Sarah Saldmann regrettent qu'il n'y ait eu « pratiquement que des Juifs et des politiques » à ce rassemblement[686],[687]. Plus tard dans la semaine, Philippe Lellouche, Christophe Dechavanne et Léa Salamé tiennent des propos allant dans le même sens[688].
Le , le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, ordonne l'interdiction systématique des « manifestations propalestiniennes » et l'arrestation des organisateurs de ces dernières[689]. En dépit de cette interdiction, plusieurs manifestations propalestiniennes ont lieu le jour même dans plusieurs grandes villes de France (Paris, Rennes, Lille, Toulouse)[690]. La plus importante, celle de Paris, rassemble près de 3 000 personnes autour de la place de la République où le monument à la République est taggué d'un « Free Palestine »[691]. Le , le Conseil d'État valide l'interdiction des manifestations propalestiniennes tout en estimant que celle-ci doit se faire « au cas par cas »[692]. Le , une première manifestation propalestinienne autorisée se tient à Paris et rassemble près de 4 000 personnes, toujours autour de la place de la République[693],[694]. À cette occasion, des centaines de manifestants prononcent le takbir (Allahu akbar)[695], provoquant les ires de certaines personnalités politiques de droite et d'extrême droite[696],[697]. Le , une nouvelle manifestation propalestinienne autorisée a lieu sur la place de la République, rassemblant cette fois 15 000 à 30 000 personnes, dont plusieurs cadres de La France insoumise (Nadège Abomangoli, Manon Aubry, Clémence Guetté, Jean-Luc Mélenchon, Mathilde Panot, Manuel Bompard, Thomas Portes, Emmanuel Fernandes, Antoine Léaument, Aurélie Trouvé, Arnaud Le Gall) qui avait appelé y à participer[698]. La manifestation propalestinienne suivante est interdite par le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, qui voit dans ses organisateurs (la CAPJPO, le NPA etc.) de potentiels soutiens vocaux du Hamas[699]. L'interdiction est confirmée par le tribunal administratif mais la manifestation se tient tout de même le , rassemblant 3 000 à 4 000 personnes (dont quelques élus de la NUPES : Yannick Jadot, Aurélien Taché, Éva Sas, Sabrina Sebaihi, Thomas Portes et Jérôme Legavre) dans le quartier des Halles. Les manifestants sont retenus sur la place du Châtelet par un dispositif de nasse concentrique et 1 487 d'entre eux sont verbalisés à hauteur de 135 euros pour « participation à une manifestation interdite »[700].
Début novembre, les manifestations pour Gaza et les Palestiniens se déroulent dans le calme mais un discours hostile en arabe tenu par un militant de BDS est signalé par le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, à la justice[701]. Le 11 novembre, 16 200 manifestants défilent, également dans le calme, à Paris et plusieurs milliers en province contre le « massacre » et pour réclamer un cessez-le-feu à Gaza[684].
Le dimanche 12 novembre, une manifestation nationale pour la République et contre l'antisémitisme, initiée par Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher, rassemble à Paris et dans les autres villes de France plus de 180 000 manifestants silencieux.
À l’initiative de 500 personnalités de la culture (dont Isabelle Adjani, Sami Bouajila, Claude Lelouch, Pierre Richard, Elsa Zylberstein, Laure Calamy, Leïla Slimani, Philippe Geluck ou encore Michel Jonasz), une marche silencieuse, solidaire, humaniste et pacifique brandissant pavillons blancs défile à Paris, dimanche 19 novembre, pour arrêter la « guerre fratricide » entre Palestiniens et Israéliens. Elle part de l’Institut du monde arabe, passe par le Musée d’art et d’Histoire du judaïsme pour se rendre ensuite vers Arts et métiers[702].
Elle intervient au lendemain d’une nouvelle série de manifestations en France, à l’appel de plusieurs syndicats de gauche (CGT, FSU, FO et Solidaires), pour un « cessez-le-feu » immédiat et « en solidarité avec le peuple palestinien », en exhortant le gouvernement français à s’investir davantage au profit des Palestiniens pour résoudre le conflit[702]. À Paris, ont notamment défilé Marine Tondelier (EELV), Fabien Roussel (PCF), Olivier Faure (PS) ou Mathilde Panot (LFI), alors qu'en province, 83 villes étaient également mobilisées[703].
Le 25 novembre, la manifestation féministe forte de 80 000 personnes, d’ordinaire pacifiste et défilant annuellement à Paris contre les violences sexistes et sexuelles, se déroule sous tension, sur fond de guerre Israël-Hamas, avec de nombreux drapeaux et pancartes en faveur des femmes palestiniennes, alors que les soutiens aux Israéliennes violées et mutilées par les hommes du Hamas le 7 octobre et dénonçant le silence des principales associations féministes reçoivent au mieux un accueil froid ; des disputes et violences ont lieu dans le cortège[704].
Ailleurs en Europe
En Allemagne aussi, le gouvernement interdit tout type de manifestation de soutien au peuple palestinien, menaçant l’ordre public, bien que nombre de personnes bravent cet interdit à Francfort et à Düsseldorf[705].
D'autres manifestations en faveur de la Palestine sont également interdites dans la capitale autrichienne, en Hongrie et dans des parties de la Suisse[706].
Si l'ONG Human Rights Watch s'inquiète de « l'augmentation alarmante » d'actes antisémites de par le monde, elle défend également les droits de la liberté d'expression et de protestation à travers les manifestations pro-palestiniennes qu'elle souhaite pacifiques[707] car, selon elle, « le droit des Juifs d'Europe à vivre à l'abri de la violence et de la discrimination se fait au détriment des droits d'autres personnes qui souhaitent exprimer leur point de vue sur ce qui se passe au Proche-Orient »[707].
Le 18 novembre, plusieurs milliers de personnes manifestent à Lisbonne (Portugal), à Amsterdam (Pays-Bas) ou à Varsovie (Pologne) en faveur des Palestiniens et d'un cessez-le-feu entre les belligérants[703].
Au Moyen-Orient
Dès l'annonce des agressions du Hamas, en Égypte, en Turquie, au Liban, en Syrie, au Yémen, en Irak ou en Tunisie, la « rue arabe » est en liesse, se réjouissant des succès du Hamas sur la population israélienne et continue à soutenir la cause palestinienne en vue de sa victoire et la destruction d'Israël[655],[708].
Les pays arabes, unanimes, regroupent les manifestations les plus importantes de citoyens dans les rues de villes au Liban, en Jordanie, en Irak, en Égypte, à Bahreïn, au Yémen, en Afghanistan ou encore en Syrie, pour les mêmes raisons. À Bagdad, la manifestation de vendredi est suivie d’une gigantesque prière de rue avec plusieurs centaines de milliers de croyants[705]. En Tunisie, la manifestation propalestinienne du 18 octobre à Tunis est l'une des plus importantes que le pays ait connu depuis son indépendance. Le politologue Mohamed-Dhia Hammami estime qu'« elle est comparable à la manifestation du 14 janvier 2011 qui a contribué à l’effondrement du régime de Ben Ali »[709].
Lors des commémorations du centenaire de la République turque du 28 octobre 2023, le président Recep Tayyip Erdogan qui a précédemment affirmé que « le Hamas n'est pas une organisation terroriste et ses miliciens sont des libérateurs »[710], privilégie le soutien à Gaza aux célébrations nationales ; un énième grand rassemblement gagné tout entier à la cause palestinienne a lieu à Istanbul où Erdogan arborant les couleurs de son pays et de l'État palestinien accuse tour à tour l’Occident et Israël d’être coupables et responsables des « massacres à Gaza » et de « crimes de guerre »[711],[712].
Ailleurs dans le monde
Le mouvement américain Black Lives Matter prend position en faveur des Palestiniens, avec notamment un dessin montrant un combattant du Hamas s’infiltrant à l’intérieur des frontières israéliennes en parapente, en écho aux terroristes du Hamas arrivés de la sorte sur le sol israélien pour commettre des massacres[713],[714].
Dans la première semaine après le 7 octobre, des milliers de personnes manifestent de New York à Athènes (Grèce) en passant par Djakarta (Indonésie), Tokyo (Japon), Barcelone (Espagne) ou encore Brasilia (Brésil) et ailleurs pour exprimer leur rejet des représailles israéliennes sur la bande de Gaza et soutenir la population gazaouie[705].
Aux États-Unis où vit la plus grande communauté juive hors d’Israël, une manifestation à New York organisée par le mouvement Voix juive pour la paix (en) (JVP), soutenue par le parti new-yorkais des Socialistes démocrates d'Amérique[705], contre les bombardements israéliens à Gaza, conduit à l'arrestation de plusieurs centaines de personnes : 200 selon la police à plus de 300 selon les organisateurs. Les participants juifs portent alors des sweat-shirts noirs avec des slogans tels que « Pas en notre nom » et « Cessez-le-feu maintenant »[715].
Le 16 novembre, des centaines de membres du Mouvement islamique du Nigeria (IMN) manifestent dans les rues de Kaduna, portant des drapeaux palestiniens et des mannequins représentant des enfants morts, en solidarité avec les Palestiniens et pour dénoncer la guerre que mène Israël contre le Hamas mais des affrontements entre la police et un groupe chiite nigérian pro-iranien font un mort et plusieurs blessés[716].
Actes antisémites
En France
Depuis le 7 octobre 2023, le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin annonce que ses services ont recensé 719 « évènements ou incidents antisémites » et indique 4 948 signalements à la plateforme PHAROS « pour menaces, propos antisémites ou apologie du terrorisme »[717]. Début novembre, plus de 850 enquêtes sont ouvertes pour des faits antisémites (dont « brimades, insultes, violences physiques, attaques ciblées… »[718]) ou d'apologie du terrorisme[719], soit en moins d'un mois bien plus que durant toute l'année 2022[718]. Les jours suivants, le bilan dépasse les 1 000 faits antisémites.
Fin octobre, plusieurs centaines étoiles de David bleues - symbole de la religion juive - peintes au pochoir sont retrouvés en banlieue parisienne sur des murs de maisons, de banques et d'établissements publics dans les villes de Saint-Ouen-sur-Seine, Aubervilliers ou Vanves puis dans les XIIIe, XIVe, XVe et XVIIIe arrondissements de Paris. Cette affaire, fortement médiatisée et dénoncée comme acte antisémite inquiétant, conduit à l'arrestation d'un couple de Moldaves en situation irrégulière, soupçonnés d'avoir agi pour un commanditaire. Leur expulsion précipitée et le peu d'informations fournies par les autorités suscitent des interrogations, en comparaison avec les réactions habituelles face à d'autres actes antisémites[720]. Un commanditaire serait Anatoliï Prizenko, homme d’affaires moldave pro-Kremlin[721], qui souhaitait selon lui « soutenir les juifs d'Europe »[722]. L'enquête de VIGINUM et des services de renseignement établit un lien avec l'opération de désinformation Doppelgänger. Le 9 novembre, un communiqué officiel de la diplomatie française condamne une ingérence numérique russe, en particulier l’implication de nombreux comptes attribués au réseau Doppelgänger, dans la publication et l'amplification artificielle de la diffusion des photos des étoiles de David taguées sur les réseaux sociaux qu’ils ont été les premiers à propager en ligne[723],[724].
D'autres villes françaises sont gagnées par la vague de l'expression antisémite. Des menaces apparaissent également sur certains murs, telles que « Un bon juif est un juif mort »[725], « Mort à Israël » ou « De la mer au Jourdain, Palestine vaincra », habituels slogans pro-palestiniens pour l'éradication d'Israël[726].
L'influenceuse et mannequin française Warda Anwar, alias Haneia Nakei, ironise sur l'assaisonnement devant accompagner le « gigot de bébé » juif brûlé dans un four en Israël[727],[728] - alors que des voix mettent en doute cette atrocité[729],[730]. Avant elle, Refaat Alareer, professeur de littérature à Gaza, s'exprimant fréquemment sur les écrans américains et « ayant l’habitude de faire des commentaires antisémites ignobles », avait demandé pour ce bébé cuit à mort par les terroristes : « Avec ou sans levure chimique ? »[234].
Début novembre, l'ancienne collaboratrice sur le Moyen-Orient auprès du ministère des Affaires étrangères Sophie Pommier est filmée dans une rue du IIe arrondissement de Paris en train d'arracher les portraits des otages retenus à Gaza depuis le 7 octobre puis crier « Israël assassin ! ... Yes, I am a terrorist »[731]. Ecrivain[Notes 8], chercheuse, spécialiste de l'Égypte, ex-chargée de cours à Sciences Po Paris, elle intervient dans les media français (France Culture, France Inter, RFI, Europe 1, France 24...), alors que sur les réseaux sociaux, elle compare notamment « les attaques terroristes du Hamas à la résistance française contre l’occupation nazie »[732],[731]. À la demande de la ministre Catherine Colonna, une enquête administrative est diligentée sur les conditions de son recrutement au Quai d'Orsay[733],[734].
Alors que les signalements de menaces personnelles et d'actes antisémites se multiplient en France depuis l'agression du 7 octobre et le début de la guerre entre le Hamas et Israël, le parquet de Paris est saisi mais la population juive s'inquiète[735]. Le ministre Gérald Darmanin fait rapidement placer quelque 10 000 membres des forces de l’ordre devant 580 sites (écoles juives, associations cultuelles et synagogues)[391] et renforce le niveau de sécurisation de plusieurs personnalités françaises[208]. Olivier Véran, porte-parole du gouvernement, affirme que « la France n'est pas antisémite » mais qu'il existe une « espèce d'antisémitisme rampant, latent, qui est en train d'exploser, parce qu'il y a ce conflit israélo-palestinien »[719].
L'A.P.-H.P. porte plainte après la découverte sur les murs jouxtant la faculté de médecine de l'hôpital Bichat à Paris, le 7 novembre, de « tags à caractère antisémite » : « Free Palestine », « Décolonisons la médecine », « Fuck antisémitisme » ou « Fuck apartheid » aux couleurs du drapeau palestinien. L'ensemble des syndicats représentatifs des médecins libéraux, des étudiants et internes en médecine, condamne « fermement » cette fresque antisémite[736],[737].
S'exprimant publiquement le 8 novembre sur la montée de l'antisémitisme et l'intransigeance de la République sur le sujet, Emmanuel Macron met les Français en garde contre un amalgame entre « le rejet des musulmans et le soutien des juifs »[257].
Ce même jour, face à la recrudescence des actes antisémites en France, Xavier Bertrand, président des Hauts-de-France voudrait que « les juges puissent obliger » les personnes coupables d’antisémitisme à voir le film des attaques du Hamas du 7 octobre, à l'image du début du procès de Nuremberg, en 1946 où l'« on a obligé tout le monde à visionner les images des atrocités »[738].
Ailleurs en Europe
Comme la France, la Grande-Bretagne, la Belgique avec notamment des drapeaux nazis ou l'Allemagne avec une synagogue attaquée aux cocktails Molotov[739], et bon nombre de pays européens touchés par cette vague, tous enregistrent une hausse « historique » d'actes antisémites perpétrés contre les Juifs, des habitations ou des édifices juifs dans plusieurs villes de leurs pays, après les attaques sur Israël du 7 octobre, et tentent de renforcer leur protection[391],[740],[706],[741],[742].
Le 5 novembre 2023, la Commission européenne estime que « les Juifs d'Europe vivent de nouveau dans la peur » à la suite de la recrudescence des incidents antisémites à travers l'Europe[743].
Dans le Caucase
Le , l'aéroport de Makhatchkala, capitale de la république russe à majorité musulmane du Daghestan[744], est pris d'assaut et doit fermer après son invasion jusqu'au tarmac par plusieurs centaines de manifestants propalestiniens agités, certains munis de drapeaux palestiniens et vociférant « Allah Akbar », à la recherche d'Israéliens et Juifs[745],[746] pour les lyncher, parmi notamment les passagers du vol WZ 4728 annoncé en provenance de Tel Aviv, qui sont restés enfermés dans l'avion au sol pendant des heures[747]. Des blessés sont déplorés dans cette tentative de pogrom : la police locale est restée immobile dans un premier temps[746]. Parallèlement, des dizaines d’autres personnes fouillent un hôtel de Khassaviourt qui hébergerait des « réfugiés juifs » et d'autres encore incendient le centre culturel juif en construction à Nalchik et y inscrivent des menaces antisémites telles que « mort aux juifs »[748]. Cette région du Caucase russe avec son antique petite communauté juive (environ 800 familles) est déjà en proie à de multiples incidents antisémites[746]. Israël rappelle alors la Russie à protéger ses citoyens et le Premier ministre israélien souligne qu'Israël « voit avec gravité les tentatives d’attaquer des citoyens israéliens et des juifs dans le monde »[749]. Certains affirment que le Kremlin serait l’instigateur de ce début de pogrom, tandis que le Kremlin accuse l’Ukraine d’y avoir joué un « rôle clé », ce que Kiev dément[748].
Ailleurs dans le monde
Fin octobre, les États-Unis constatent une augmentation de 400 % d'actes antisémites sur leur sol par rapport à l'année 2022[707]. Le FBI alerte sur le risque d'attaques antisémites - et islamophobes - inspirées par le conflit Israël-Hamas sur le territoire américain[258].
La synagogue d'El Hamma en Tunisie, comprenant le mausolée de Yossef El Maarabi[750], un rabbin légendaire du XVIe siècle, est incendiée et fortement dégradée par une foule scandant des slogans islamistes[751] le , provoquant l'émotion de la communauté juive tunisienne, le pouvoir tunisien restant silencieux[752],[753].
Début novembre, le Premier ministre du Canada Justin Trudeau dénonce la montée « terrifiante » de l’antisémitisme et de l’islamophobie à travers le pays : des menaces haineuses de violence ont visé des entreprises juives et des garderies d'enfants juifs, des affrontements ont éclaté entre étudiants pro-israéliens et pro-palestiniens à l'Université Concordia à Montréal, qui a entraîné des blessés et une arrestation, des cocktails Molotov ont été lancés sur des synagogues et un centre communautaire juif, des coups de feu ont également été tirés sur deux écoles juives de Montréal[754],[755].
En raison de la recrudescence significative d'actes antisémites de par le monde, début novembre, Israël déconseille à ses ressortissants de voyager à l’étranger et aux Juifs du monde de marquer extérieurement leur appartenance religieuse[756],[757].
Le 15 novembre, du carburant est versé à deux reprises sur la porte de l'immeuble abritant une synagogue et un centre religieux toujours à Erevan, dans une tentative d'incendie[758],[759].
Réactions du monde de la culture
Dans un message adressé le aux musiciens du West-Eastern Divan Orchestra et aux étudiants de l'Académie Barenboïm-Saïd, Daniel Barenboim écrit : « J'ai suivi les événements de ce week-end avec horreur, et la plus grande préoccupation, alors que j'observe la situation en Israël et Palestine empirer […] L'attaque du Hamas sur la population israélienne civile est un crime atroce, que je condamne fermement. La mort de tant de personnes au sud d'Israël et à Gaza est une tragédie qui marquera durablement »[760]. Les jeunes musiciens israéliens et palestiniens de l'orchestre et de l'académie rongés par l'angoisse tentent de passer au-dessus des tensions pour continuer malgré tout à s'asseoir ensemble aux pupitres[761]. Pour Laurent Petitgirard, « Barenboïm mérite le Prix Nobel de la Paix »[762].
Tous les concerts étant annulés, l'Orchestre philharmonique d'Israël dirigé par Lahav Shani a diffusé le 22 octobre sur son site internet un concert lors duquel le public était remplacé sur les fauteuils par l'image des otages. L'orchestre a interprété l'Hatikvah suivi de la Fanfare to Israël (1950) de Paul Ben-Haim et de la Symphonie héroïque de Ludwig van Beethoven[762].
Décision qui fait débat au Royaume-Uni, l'Université de Cambridge a annoncé le 25 octobre l'annulation des représentations de Saül de Georg Friedrich Haendel. Selon la déclaration de la présidente de la Cambridge University Opera Society, « compte tenu des parallèles de ce conflit, [la] production n'était pas en mesure d'affronter pleinement les problèmes qui présentent une synchronicité frappante avec le conflit en cours au Moyen-Orient »[762].
Debora Waldman, directrice musicale de l'Orchestre national Avignon-Provence, dont l'apprentissage musical s'est déroulé au kibboutz Ga'aton (en), a déclaré : « Il est trop tôt pour moi pour m'exprimer, je suis sans paroles, effondrée, au-delà de l'entendement humain. Mais aucune origine ou croyance ne peut justifier ces agressions inhumaines »[763].
Igor Levit, pianiste germano-russe et militant engagé contre l'extrême droite et l'antisémitisme, a affirmé : « Mon cœur d'homme est brisé, mon cœur juif est brisé. Il m’est presque impossible d'exprimer avec des mots la douleur de ce qui arrive au peuple d'Israël. Des enfants, des femmes, des personnes âgées, kidnappées, assassinées. Cette barbarie du Hamas me révolte. Et je suis extrêmement en colère. Je ne suis pas religieux. Je ne sais pas comment prier. Mais qu’il s’agisse de prières, ou simplement de toutes mes pensées : elles vont toutes à ceux qui souffrent »[763].
L'Orchestre philharmonique de Berlin dirigé par Kirill Petrenko, les chœurs et orchestres de la Radio, le Konzerthaus, le Staatsoper Unter den Linden, le Deutsche Oper et le Komische Oper de James Gaffigan ont condamné l'attaque du Hamas contre Israël et la catastrophe humanitaire générée dans la région, exprimant « soutien et pensées à tous, tant du côté israélien que palestinien » dans une lettre co-signée le , 85e anniversaire de la nuit de Cristal[764].
Premier musicien classique à réagir publiquement à l'attaque terroriste perpétrée par le Hamas, Ievgueni Kissine s'exprime dans un message vidéo enregistré dans la grande salle du Philharmonique, s'adressant directement au Hamas qui, ne retenant pas les leçons de l'histoire, « ne réalise pas que nous sommes immortels. Nous sommes là depuis plus de 3 000 ans. Beaucoup de gens ont tenté de nous exterminer mais à chaque fois ils ont échoué [...] » et stigmatisant Vladimir Poutine qui a « mis le feu à l'Ukraine, s'est allié avec le diable dans le Haut-Karabagh et maintenant avec le Hamas »[765].
Crimes de guerre ou contre l'humanité
Les termes de « crime de guerre » et « crime contre l'humanité », voire « génocide », sont utilisés tour à tour pour décrire les actes meurtriers perpétrés par les deux camps, palestinien et israélien[766],[658],[767],[768].
Pour Marco Sassoli, professeur de droit international, les diverses agressions subies par Israël le 7 octobre constituent un « crime de guerre »[767]. Mais pour Yaacov Garson, également spécialiste en droit international, il s'agit de « crimes contre l'humanité et pas de crimes de guerre » car dans le droit international, le crime de guerre représente un « dérapage » lors d'une guerre entre deux armées régulières de deux États souverains, alors que le crime contre l’humanité se caractérise par le fait que « les civils sont visés à dessein et en amont »[769].
Des familles de victimes franco-israéliennes ont ainsi déposé plainte auprès du parquet national antiterroriste pour « crimes contre l’humanité » contre le Hamas[769].
De même, concernant Gaza, des experts indépendants mandatés par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU condamnent « la rétention des fournitures essentielles telles que la nourriture, l’eau, l’électricité et les médicaments », imposée par Israël. Ils ajoutent que « de telles actions vont précipiter une grave crise humanitaire à Gaza, où la population est désormais exposée à un risque inéluctable de famine ». Ils déclarent, en outre, que « la famine intentionnelle est un crime contre l’humanité »[770].
Pour Karim Khan, procureur de la Cour pénale internationale, « empêcher l’accès de l’aide humanitaire peut constituer un crime de la part d'Israël ». De plus, il indique que « les écoles, les hôpitaux et les mosquées » ne doivent pas être des cibles militaires. Dans le même temps, il demande la libération des otages détenus à Gaza[771].
À partir de la mi-octobre, plusieurs organisations ou personnalités indiquent que la situation actuelle à Gaza pourrait être qualifiée de « génocide » : appel du 15 octobre de plus de 800 enseignants-chercheurs publié par l'organisation Approches tiers-mondistes du droit international[772], Council for of constitutional rights (en)[773],[774], l'anthropologue Didier Fassin[775]. D'autres ont directement accusé Israël de génocide[776],[777],[778].
Le 30 octobre, Moussa Abou Marzouk, haut membre du Hamas, condamne sur Al Jazeera « l'Autorité palestinienne et certains pays arabes qui appellent secrètement l'Occident à éliminer le Hamas » et ajoute que le Hamas peut compter en revanche « sur le Hezbollah et nos frères en Cisjordanie »[779]. Le lendemain, Marzouk déclare sur la chaîne russe en arabe Russia Today que les 500 kilomètres de tunnels construits dans la bande de Gaza ne sont pas destinés à protéger les civils palestiniens mais à protéger le Hamas des bombardements, et à servir de bases à ses combats. Il laisse entendre que le Hamas n’a jamais construit d’abris pour que les civils puissent se cacher lors frappes de représailles, parce que, dit-il : « c'est la responsabilité de l'ONU de protéger les habitants ... (et celle) de l'occupation (Israël) de leur fournir tous les services dont ils ont besoin »[779],[780]. Ce même jour, Hamad Ghazi, porte-parole du Hamas, répète qu'Israël n'a pas sa place sur terre, qu'il doit être détruit et que le Hamas réitèrera plusieurs fois le même type de massacres que celui mené le 7 octobre jusqu'à l'anéantissement d'israël[241],[243].
Le 2 novembre, plusieurs experts indépendants mandatés par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU déclarent également dans un communiqué commun, que le peuple palestinien « court un grave risque de génocide »[781],[782].
Jacques Semelin rappelle que « dans les termes employés par Israël, on voit que l'intention est d'éradiquer le Hamas plutôt que la Palestine » alors que le Hamas « professe l'intention de détruire Israël » dans sa charte de 2017[783], ce que rappelle aussi Georges Bensoussan : « Il s'agit d'éradiquer toute présence juive de la mer au Jourdain, donc de détruire l'État d'Israël. C'est en ce sens que ce qu'il s'est passé le 7 octobre et le programme lui-même du Hamas est un programme de type génocidaire »[784].
Le 8 novembre, le chef du service de presse du gouvernement du Hamas, Salameh Maarouf, accuse l'ONU de « collusion » avec Israël dans le « déplacement forcé » de civils : « L'UNRWA et ses responsables portent la responsabilité de cette catastrophe humanitaire » car ils se sont « pliés dès le premier instant aux diktats de l'occupation, quittant leurs positions et renonçant à leur responsabilité envers des centaines de milliers d'habitants »[257].
Le 9 novembre, un groupe d'avocats, de juristes et de citoyens, mené par l'avocatGilles Devers, estimant que les conditions sont réunies pour qualifier de « génocide » les massacres en cours à Gaza, déposent à La Haye une plainte contre Israël et demande à la CPI de mener des investigations[785].
Le 14 novembre, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale des États-Unis, John Kirby, déclare que l'utilisation à usage militaire des hôpitaux gazaouis constitue un crime de guerre[282].
Analyses
Rôle et intérêts de l'Iran
Pour la chercheuse Frédérique Schillo, alors que les États-Unis essayaient de stabiliser le Moyen-Orient via les accords d'Abraham et une normalisation des relations entre Israël et l'Arabie saoudite, l'objectif de l'attaque du Hamas « est de créer un embrasement dans la région, afin de torpiller le rapprochement entre Israël et les pays arabes sunnites »[786].
Selon Pierre Servent, spécialiste en stratégie militaire, le Hamas n'a pas la capacité de monter tout seul une opération aussi sophistiquée[787]. D'après lui, le Hamas a probablement bénéficié de l'appui du Hezbollah chiite ou de l'Iran[787].
Selon Firas Maksad, chercheur au Middle East Institute (en) :
« Il existe un intérêt commun entre le Hamas et son parrain, l'Iran, lequel redoute de voir se développer un nouvel axe entre Israël, l'Occident et l'Arabie Saoudite qui l’affaiblirait au niveau régional »[788]
Pour le spécialiste à l'Institut de relations internationales et stratégiques David Rigoulet-Roze, l'attaque multiple du 7 octobre est une offensive inédite du Hamas comparable aux attentats du 11 septembre 2001, « forcément élaborée depuis des mois avec des aides extérieures, comme celle du Hezbollah libanais », et ne figure qu'« une séquence d’un scénario », possiblement en vue d'un « affrontement global » avec Israël : le Hamas attend l'attaque israélienne de la bande de Gaza, qui serait une guerre urbaine synonyme de « cauchemar pour toute armée régulière ». Il ajoute que ses « conséquences sont incalculables », mais qu'« il faut s’attendre à un changement de monde »[382].
Pour François Hollande, il existe un risque de guerre qui pourrait se répandre dans la région. Selon lui, le Hamas n’aurait jamais pu faire cette opération sans l’avoir préparée depuis longtemps avec le soutien de l'Iran[789].
Opinions d'experts sur les impacts, causes et conséquences
Plusieurs agences de presse et observateurs décrivent le conflit en cours comme une « Troisième Intifada », faisant suite aux première (1987-1993) et deuxième intifadas (2000-2005)[790]. De nombreux analystes et responsables considèrent plutôt l'assaut initial sur Israël comme une guerre de Kippour II[382] et comme « un 11 septembre israélien »[791],[382]. RFI indique que « les observateurs parlent déjà de « tournant » historique »[792].
Pour l'intellectuel et historien Yuval Noah Harari, le Hamas savait que « l'attaque laisserait les Israéliens incandescents, angoissés par la douleur et la colère, et les terroristes comptaient sur une réponse israélienne massive, infligeant une énorme douleur aux Palestiniens », et que la riposte israélienne soit condamnée en retour[793].
L'ancien ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine regrette l'échec de la communauté internationale pour la paix dans cette région et avance que « Même les plus pacifistes des Israéliens, même les plus clairvoyants, savent bien que l'armée israélienne n'a pas d'autre choix que d'aller détruire la branche armée du Hamas » ; selon lui, « rien ne peut empêcher la bataille de Gaza »[794],[795].
Pour Charles Enderlin, journaliste expert du conflit israélo-palestinien, c'est « l’événement le plus traumatique de l’histoire d’Israël » et « le plus grand massacre de Juifs depuis la Shoah ». Il accuse les gouvernements israéliens d'avoir favorisé l'implantation du Hamas à Gaza en voulant éliminer la gauche palestinienne du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), responsable d'attentats, en soutenant pendant 20 ans l’islam radical du cheik Ahmed Yassine, « la branche la plus extrémiste des Frères musulmans », jusqu'en 1988 et la création du Hamas et sa charte qui préconise itérativement la destruction d’Israël[796]. En 2005 Ariel Sharon décide le retrait d’Israël de la bande de Gaza pour la laisser au Hamas qui élimine le Fatah et l’Autorité autonome palestinienne. Selon lui, cette stratégie, reprise par Benjamin Netanyahou, est faite pour d'affaiblir l'OLP et l'Autorité palestinienne afin il n’y ait jamais d’accord pour un État palestinien. « Netanyahou maintient le blocus de Gaza, mais en autorisant le financement du Hamas par le Qatar ». L'arrivée de l'extrême droite « religieuse, messianique, raciste et homophobe » en 2022 dans le dernier gouvernement Netanyahou a pour objectif « la totale conquête territoriale de la Cisjordanie » favorisant la montée des violences et les attaques de colons. Selon Enderlin, « l’armée a donc envoyé de nombreuses unités, dégarnissant les abords de Gaza ». Pour lui, la gauche israélienne doit lutter contre ce gouvernement car « toute personne qui a soutenu la politique de colonisation de Netanyahou soutenait de fait le renforcement du Hamas »[797].
Rigoulet-Roze considère que la question des otages israéliens représente « un dilemme moral » pour Israël car, rappelle-t-il, dans la culture juive, « la vie humaine n’a pas de prix » et dans l’Histoire juive, « le rachat des captifs » tient une place centrale[382] ; ce sont des principes halakhiques du pikuah nefesh (en) - préservation de la vie[798].
Une polémique autour de l'usage du mot « génocide » illustre aussi le rôle pris par la guerre des mots dans le conflit israélo palestinien[799],[800],[801], l'usage de ce terme étant politique[802],[568]. Deux ans auparavant, israéliens et palestiniens s'accusaient mutuellement de génocide[803].
Selon le chercheur Hugo Micheron, spécialiste du l'islamisme :
Depuis le 7 octobre, Daech et Al-Qaida cherchent à s’emparer de l’engouement déclenché par le Hamas contre Israël pour le rediriger vers la validation de leur lutte à mort avec l’Occident, et notamment contre le modèle politique européen[566].
Notes et références
Notes
- Parmi ces 1 200 morts, au moins quarante ont la nationalité française — AFP et TOI, « Hommage aux victimes françaises du Hamas par Macron quand le bilan sera certain », Times of Israel, (lire en ligne, consulté le )
- En temps habituel, Israël fournit à la bande de Gaza moins de 10 % d'eau potable. Le reste est livré par l’Egypte ou produite par l’usine de dessalement de Gaza - laquelle ne peut pas fonctionner correctement quand le carburant livré par l'ONU est volé par le Hamas pour un usage militaire (TF1infos, 20-10-2023). Le 29 octobre 2023, deux des trois aqueducs venant d'Israël sont réouverts, qui fournissent environ 10 % de l'eau consommée dans la bande de Gaza (Times of Israel, 29-10-2023).
- Un missile Qadr est « une version améliorée du Shahab-3 iranien. Mesurant 15 mètres de haut, il emporte une ogive de 700 à 1 000 kilos et fonctionne au propergol, le carburant des fusées. Sa portée est d’environ 2 000 kilomètres ». Lire en ligne sur La Voix du Nord
- Un grand nombre de réfugiés israéliens ont trouvé temporairement asile dans la station balnéaire d'Eilat, au sud d'Israël. Lire en ligne
- Ces vidéos ont uniquement été montrées à la presse étrangère, délestée de téléphone ou caméra, pour épargner aux familles et à la population israélienne la violence de ces images. Lire en ligne sur Europe 1 du 23 octobre 2023. « Tsahal aurait refusé de le montrer à ses propres soldats pour éviter «l’esprit de vengeance» ». Lire en ligne sur Libération du 2 novembre 2023
- Une de ses particularités est d'avoir pu s'échapper une première fois lors du bombardement du bâtiment dans lequel il était retenu par le Hamas à Gaza, d'avoir tenté de s'approcher de la frontière mais avoir été repris quatre jours plus tard par des civils gazaouis qui l'ont remis au Hamas. Lire en ligne sur le Figaro
- Une première libération de 10 Thaïlandais interviendra près d'un mois plus tard. Lire en ligne sur Libération
- Elle est auteur de plusieurs livres dont l'un est intitulé Le voyage nocturne de Mahomet, et destiné à faire découvrir aux enfants la vie du prophète, fondateur de l'islam. Lire en ligne
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Voir aussi
Articles connexes
- Conflit israélo-palestinien
- Hamas
- Jihad islamique palestinien
- Affrontements de mai 2023 entre Gaza et Israël
- Allégations de crimes de guerre commis par Israël
- Terrorisme palestinien
- Accusation de génocide palestinien
- Guerre des mots
- Parti de Allah (Hezbollah),
- Tunnels de combat dans la bande de Gaza
Rapports
- Israel and Hamas October 2023 Conflict - 77 pages. - Ce rapport a été remis aux élus du Congrès des Etats-Unis par les chercheurs du parlement pour leur expliquer la crise.
Liens externes
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- Carte interactive des massacres (lieux, victimes) du 7 octobre
- « Attaque du Hamas : retour sur le 7 octobre, une journée en enfer en Israël » sur Le Monde
- « "Génocide", crimes "de guerre" ou "contre l’humanité"… Quels mots pour la guerre Israël-Hamas ? » sur France 24
- « Israël-Palestine : les mots de la guerre » sur Radio France
- « Les otages, des boucliers humains » sur Radio France