Tanzim Hurras ad-Din
Tanzim Hurras ad-Din | ||
Idéologie | Salafisme djihadiste | |
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Objectifs | Renversement du régime baasiste de Bachar el-Assad Instauration d'un califat régi par la charia |
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Fondation | ||
Date de formation | ||
Pays d'origine | Syrie | |
Actions | ||
Zone d'opération | Gouvernorats d'Idleb, Lattaquié et Hama | |
Organisation | ||
Chefs principaux | Abou Hammam al-Chami | |
Membres | 1 000 à 1 800[1],[2] | |
Allégeance | Al-Qaïda | |
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Tanzim Hurras ad-Din (arabe : تنظيم حراس الدين, Les Gardiens de la Religion) est un groupe salafiste djihadiste actif depuis 2018 lors de la guerre civile syrienne.
Histoire
[modifier | modifier le code]Fondation et affiliations
[modifier | modifier le code]Tanzim Hurras ad-Din est formé au début de l'année 2018 et publie son premier communiqué le en appelant à l'union des djihadistes contre le régime de Bachar el-Assad[3],[4].
Rapidement, Tanzim Hurras ad-Din bénéficie du ralliement de plusieurs petites formations djihadistes ayant fait défection de Hayat Tahrir al-Cham à cause de la rupture de son allégeance à al-Qaïda[3]. Ainsi le , Jaych al-Malahim, Jaych al-Badiya et Jaych al-Sahel rallient Tanzim Hurras ad-Din, suivis peu après par Saraya Kabul, Jound al-Charia et Jound al-Aqsa[3],[4]. Le mouvement compte également parmi ses combattants d'anciens membres du groupe Khorassan[3].
Le , Tanzim Hurras ad-Din prête officiellement allégeance à l'émir d'al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri[3].
Le , Tanzim Hurras ad-Din fusionne avec Ansar al-Tawhid ; les deux groupes forment alors une nouvelle coalition baptisée Nusrat al-Islam[3].
En , Tanzim Hurras ad-Din forme une nouvelle alliance avec Ansar al-Tawhid, le Front Ansar Dine et Ansar al-Islam appelée Wa Harid al-Mumimin, qui rejette l'accord russo-turc de Sotchi établissant une zone démilitarisée à Idleb[5].
Commandement
[modifier | modifier le code]Tanzim Hurras ad-Din est dirigé par Abou Hammam al-Chami, un Syrien ancien membre du Front al-Nosra et vétéran d'Irak et d'Afghanistan[3]. Parmi les autres commandants figurent de nombreux Jordaniens comme Iyad al-Tubasi, Bilal Khreesat, le cheikh Sami al-Oraydi, Abou Abd al-Rahman al-Makki, Khaled al-Arouri et Abou al-Qassam[3].
Le , six chefs de Tanzim Hurras ad-Din, dont deux Tunisiens, deux Algériens, un Égyptien et un Syrien, ainsi que trois combattants, sont tués par une frappe aérienne américaine contre une réunion tenue dans l'ouest du gouvernorat d'Alep[2],[6],[7],[8].
Un chef tunisien, Sayyaf al-Tounsi, ancien membre du Front al-Nosra et de Hayat Tahrir al-Cham, impliqué dans le massacre de 23 druzes à Qalb Laouza le , est tué par une frappe de drone, probablement américaine, à Idleb, le [9].
Le 27 juin 2022, un autre chef du groupe, Abou Hamza al-Yemeni, est tué par une frappe américaine dans le gouvernorat d'Idleb, alors qu'il se déplaçait seul à moto[10].
Le 23 août 2024, le Saoudien Abu Abdul Rahman al-Makki est tué par une frappe de drone américaine au sud d'Idleb alors qu'il circulait à moto[11].
Effectifs
[modifier | modifier le code]En , d'après Le Monde, Tanzim Hurras ad-Din compte un millier de combattants[1]. L'Observatoire syrien des droits de l'homme estime pour sa part en qu'il compte 1 800 hommes[2].
Zones d'opération
[modifier | modifier le code]Tanzim Hurras ad-Din est actif dans les gouvernorats d'Idleb, Lattaquié et Hama[3].
Rapports avec l'État islamique
[modifier | modifier le code]Le groupe a demandé à ses membres de ne pas s'associer à l'État islamique (EI) sous la menace d'expulsion du groupe et de poursuites[12], tandis que l'EI a déclaré que le groupe était apostat dans son journal hebdomadaire Al-Naba (en)[13].
Toutefois, il est considéré qu'il existe des sympathisants de l'EI dans l'organisation. Avant la fondation du groupe, qui a débuté en 2017 en tant que sous-faction de Hayat Tahrir al-Cham, l'EI aurait commencé à tisser des liens avec ces éléments.
L'EI a également commencé à élaborer un plan d’urgence lors de son déclin, qui impliquait le regroupement dans des parties d'Idleb occupées par l’opposition, notamment en demandant aux Forces démocratiques syriennes lors de la bataille de Baghouz de quitter la région pour se rendre à Idleb[14]. Ce groupe a également joué un rôle dans le processus, avec l'EI qui l'infiltrait, en recrutant des membres du groupe pour agir en tant qu'agents, y compris des hauts responsables, en facilitant un flux de combattants déplacés originaires d'anciens territoires contrôlés par l'EI pour se joindre à l'organisation Tanzim Hurras ad-Din (THD). Enfin, pour procéder à des assassinats et des campagnes de sabotage contre des individus du groupe et d'autres groupes et individus opposés à l'EI, puis déclarer son allégeance officielle à l'EI, quand celui-ci aurait considéré que le moment était bien choisi[15].
En 2018, les médias irakiens et des représentants de la sécurité ont affirmé avoir capturé des membres de l'organisation Tanzim Hurras ad-Din intégrés aux combattants de l'EI à Boukamal, une ville frontalière de la Syrie, à la frontière irakienne en direction du gouvernorat d'Anbar en Irak, mais la validité de ces informations a été mise en doute[15],[16].
Avant la fondation de Tanzim Hurras ad-Din, Sami al-Oraydi (en), qui occupe une position influente au sein du groupe, a critiqué l'EI et affirmé qu'ils étaient des kharidjites. Il les a appelés « des assassins musulmans ». Il a également déclaré qu'Abou Mohammed al-Adnani, le porte-parole officiel de l'EI à l'époque, était ignorant et ne comprenait pas ce qu'il disait, ainsi que plusieurs messages sur Twitter critiquant l'EI, au cours de son mandat en tant que haut responsable de la charia à al-Nusra[17]. En 2016, Saif al-Adel, membre égyptien d'Al-Qaïda, devenu plus tard chef de facto de l'organisation, a également critiqué l'EI, affirmant qu'ils étaient « tordus » et avaient des « pensées perverses »[18].
En , un média non officiel de l'EI appelé Muhajireen Foundation, qui fournit des rapports et des mises à jour sur les événements pouvant affecter les combattants étrangers de l'EI déplacés en Syrie, a publié une infographie illustrant trois opérations anti-EI distinctes menées par Hayat Tahrir al-Cham (HTS) à Idleb. L'un des raids menés par HTS visait des membres de l'organisation de Tanzim Hurras ad-Din et Ansar al-Tawhid liés à l'EI. Deux des individus arrêtés étaient des Égyptiens. Cependant, auparavant, en , la même fondation avait mis en garde les membres de l'EI déplacés à Idleb d'éviter de grands rassemblements et d'éviter Hayat Tahrir al-Cham et l'organisation Tanzim Hurras ad-Din, car ces deux groupes avaient arrêté plusieurs membres de l'EI. Au travers de cette mise en garde, HTS et THD étaient qualifiées « d'apostats »[19].
En , d'après un carnet de reçus de l'EI qui aurait été retrouvé par des associés de l'ancien responsable des services de renseignement américains Asaad Almohammad, des analystes ont déclaré que Baghdadi payait les membres du groupe pour qu'ils le cachent. Selon les récépissés, l'EI leur a versé au moins 67 000 USD du début de 2017 au milieu de 2018, dont 7 000 USD à l'été 2018 pour préparer les bases destinées aux combattants de l'EI de la « province d'al-Khair » (nom mélioratif donné par l'EI à la région de Deir ez-Zor), laissant supposer qu'ils ont aidé à faire passer en contrebande des membres de l'EI. Aymenn Jawad Al-Tamimi (en) a souligné le fait que deux groupes s'opposent. Cependant, Tamimi a également spéculé sur le fait que certaines des ressources financières obtenues pouvaient être des affabulations, à l'exception de celles de mars à qui lui ont été présentées[12].
On[Qui ?] pense également que certains membres pourraient également faire partie d'une faction pro-État islamique, en dépit de la position officielle du groupe qui est critique et généralement opposée à l'EI. Celle-ci prône que les membres de THD ne doivent pas s'associer à des membres de l'EI car cette organisation les considère comme des hérétiques en raison de leur soutien aux talibans et à al-Qaïda, ainsi que de l'hésitation de THD à affronter Hayat Tahrir al-Cham, malgré les tensions qui les opposent[20].
Selon The Guardian, la bâtisse qui abritait Abou Bakr al-Baghdadi, le « calife » de l'organisation terroriste État islamique avant le raid de Baricha appartenait à Abou Mohamad Salamé, dit Abou al-Bara al-Halibi ou encore Abou Mohammed al-Halabi, « chef de groupe » de Tanzim Hurras ad-Din[21],[22].
Selon des villageois de Baricha, Abou Mohammed al-Halabi a également été blessé lors du raid et son corps aurait été emporté par des agents spéciaux[20]. En revanche selon Der Spiegel, le propriétaire de la maison est Salam Haj Deeb, membre de l'État islamique depuis au moins 2013[23].
Références
[modifier | modifier le code]- Marie Jégo, Benjamin Barthe et Madjid Zerrouky, « A Idlib, la Turquie s’emploie à neutraliser les groupes djihadistes », Le Monde,
- AFP, « Syrie : plusieurs chefs d'un groupe lié à el-Qaëda tués dans la région d'Idleb », L’Orient-Le Jour,
- Matteo Puxton, « Syrie: comment al-Qaïda reprend pied en zone djihadiste », France Soir,
- Thomas Joscelyn, « Jihadists form ‘Guardians of the Religion’ organization in Syria », The Long War Journal,
- Matteo Puxton, « Syrie: Ansar al-Tawhid, l'autre groupe djihadiste affilié à al-Qaïda », France Soir,
- « Statement from U.S. Central Command on strike against al-Qaida in Syria », U.S. Central Command,
- (en) « More casualties raise to 9, the number of casualties of “Hurras al-Dien” organization in the aerial bombardment that targeted a leaders’ meeting west of Aleppo », OSDH,
- « Washington frappe un camp d'al-Qaïda dans le nord-ouest syrien » [vidéo], France 24, .
- « Syrie: un chef djihadiste tunisien tué par un drone à Idleb », Le Figaro avec AFP,
- « Une frappe américaine vise un haut responsable d'un groupe lié à al-Qaida en Syrie », Le Figaro avec AFP,
- Washington dit avoir tué un responsable djihadiste en Syrie, Le Figaro avec AFP, 24 août 2024.
- Aymenn Jawad Al-Tamimi, « The New York Times and Alleged Payments to Hurras al-Din: Clarification », sur Aymenn Jawad Al-Tamimi
- (ar) « تنظيم “الدولة” يكفر تنظيم “حراس الدين” في إدلب » [« L’organisation « Dawla » rend mécréante l’organisation « Horras Eddine » à Idlib »] [archive du ], Enab Baladi,
- Rukmini Callimachi et Ivor Prickett, « A Desperate Exodus From ISIS’ Final Village », sur NYTimes,
- Asaad Almohammad, « The Islamic State's Effort to Co-Opt Tanzim Hurras Ad-Din. » [PDF], The George Washington University,
- « Is Iraq’s ‘Guardians of Religion’ aiming for a ‘Sunni region’? », sur english.alarabiya.net
- « Sami al-Oraidi », sur Counter Extremism Project,
- « Al Qaeda insider returns to Twitter, discusses group's global leadership », sur Long War Journal
- « (Poster) Al Muhajireen Foundation (Unofficial IS) : Security Alert For Brothers Avoid Large Gatherings HTS & Tanzim Huras al-Din (Guardians of Religion / AQ In Syria) are Hunting You in Idlib, Syria - 29 January 2019 », sur Terrorism Research & Analysis Consortium
- Nabih Bulos, « The quiet man who harbored Islamic State leader Baghdadi », LA Times, (lire en ligne, consulté le )
- (en) Martin Chulov, « Nowhere left to run: how the US finally caught up with Isis leader Baghdadi », The Guardian,
- Armin Arefi, « Le trouble jeu de la Turquie dans la chute d'Al-Baghdadi », Le Point,
- (en) Christoph Reuter, « The Hunt for the World's Most-Wanted Terrorist », Der Spiegel,