Images pour orchestre
Images pour orchestre L 118 (122) | |
Esquisses orchestrales pour les parties 1 et 3 d'Ibéria, manuscrit autographe de Debussy. | |
Genre | Symphonie |
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Nb. de mouvements | 3 |
Musique | Claude Debussy |
Effectif | Orchestre symphonique |
Durée approximative | 30 à 35 minutes |
Dates de composition | 1905 à 1912 |
Dédicataire | Emma Debussy |
Création | Paris |
Interprètes | Concerts Colonne |
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Images pour orchestre est une œuvre pour orchestre en trois parties de Claude Debussy. Debussy compose cette partition entre 1905 et 1912. Il avait d'abord pensé écrire cet ensemble d'images pour deux pianos, comme une suite aux Images pour piano, ainsi que le montre une lettre à son éditeur Durand datée de . Cependant, vers , dans une autre lettre à Durand, Debussy a commencé à penser à arranger l'œuvre pour un orchestre plutôt que pour deux pianos[1].
Présentation
[modifier | modifier le code]Les Images pour orchestre sont composées entre 1905 et 1912. L'œuvre est dédiée à Emma Debussy, la seconde femme du compositeur[2].
Comme triptyque orchestral dans son intégralité, la partition est créée, sous la direction de Debussy, le à Paris, aux Concerts Colonne[2]. Le mouvement Ibéria avait cependant déjà connu une première exécution publique le , aux Concerts Colonne, sous la direction de Gabriel Pierné[3], et Rondes de printemps avait été donné le aux Concerts Durand, salle Gaveau, sous la direction du compositeur[4].
Mouvements
[modifier | modifier le code]I. Gigues (1909–1912)
[modifier | modifier le code]Le premier titre des Gigues était Gigues tristes. Debussy se servit de ses souvenirs d'Angleterre pour inspiration principale de cette musique, en plus de la chanson « Dansons la gigue » de Charles Bordes[5], il s'inspira en particulier de l'air populaire écossais « The Keel Row »[6].
Une polémique est née à propos du rôle d'André Caplet dans l'orchestration de Gigues. Robert Orledge et Williametta Spencer admettent que Caplet a assisté Debussy dans le travail d'orchestration[5],[7]. En revanche, François Lesure a établi, en se fondant sur l'examen des manuscrits de la Bibliothèque nationale (MS 1010), que Caplet ne l'avait pas assisté pour l'orchestration[8].
II. Ibéria (1905–1908)
[modifier | modifier le code]Ibéria est la plus populaire des trois Images et forme en elle-même un triptyque dans un triptyque. Les trois parties d’Ibéria sont :
- Par les rues et par les chemins
- Les parfums de la nuit
- Le matin d'un jour de fête
La musique s'inspire d'impressions d'Espagne. Richard Langham Smith a commenté le vœu de Debussy de restituer des éléments visuels dans des termes musicaux[9], et cite quelques phrases de Debussy à Caplet tirées d'une lettre du . Il s'y émerveille de la transition réussie entre « Parfums de la nuit » et « Le Matin d'un jour de fête » : « Ça n'a pas l'air d'être écrit »[10].
Matthew Brown a brièvement commenté l'emploi par Debussy de techniques telles que les progressions incomplètes, les épisodes parenthétiques et les interpolations dans Ibéria[11].
III. Rondes de printemps (1905–1909)
[modifier | modifier le code]Debussy a repris deux chansons enfantines, « Nous n'irons plus au bois » et « Dodo, l'enfant do », dans ce mouvement[11]. Brown, Dempster et Headlam ont étudié la structure tonale de ce mouvement[12].
Discographie
[modifier | modifier le code]Présentés dans l'ordre chronologique des dates d'enregistrement, toutes les références citées comportent les trois mouvements : Gigues, Ibéria et Rondes de printemps.
chef | orchestre | date | label | note | ||
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Ernest Ansermet | Orchestre de la Suisse romande | 1949 | Decca | |||
Pierre Monteux | Orchestre symphonique de San Francisco | 3 avril 1951 | RCA | |||
Désiré-Émile Inghelbrecht | Orchestre national de la Radiodiffusion française | Ibéria : 18 janvier 1954 ; Gigues, Rondes de printemps : 8-23 mars 1957 | Ducretet-Thomson et La Voix de son maître | |||
Eduard van Beinum | Orchestre royal du Concertgebouw | 24-25 mai 1954 | Philips | |||
Pierre Monteux | Orchestre symphonique de la BBC | concert, 11 mai 1956 | ICA Classics | |||
Manuel Rosenthal | Orchestre du Théâtre National de l'Opéra | 1959 | Véga 30MT10183/Adès 203892/5 CD Accord 476 1076 | (OCLC 659151750 et 659071000) | ||
Ataúlfo Argenta | Orchestre de la Suisse romande | 5 mai 1957 | Decca | |||
Armin JORDAN | Orch. Suisse romande | mai 1988 | ERATO |
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Leonard Bernstein | Orchestre philharmonique de New York | 27 octobre 1958 | Sony SMK47545 | |||
Ernest Ansermet | Orchestre de la Suisse romande | février 1961 | Decca | (OCLC 658527888) | ||
Pierre Monteux | Orchestre symphonique de Londres | 18-21 mai 1963 | Philips |
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André Cluytens | Orchestre de la Société des concerts du Conservatoire | 1964 | EMI | |||
Jean Martinon | Orchestre symphonique de Chicago | concert, 19 janvier 1967 | Youtube | |||
Pierre Boulez | Orchestre de Cleveland | 17 novembre 1967 | Sony 88697561752[16] |
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Sergiu Celibidache | Orchestre de la RAI de Turin | concert, 17 octobre 1969 | ||||
Michael Tilson Thomas | Orchestre symphonique de Boston | 1971 | DG 2530145 | |||
Jean Martinon | Orchestre national de l'ORTF | 1973 | EMI 1566729 | (BNF 38121411) | ||
Bernard Haitink | Orchestre du Concertgebouw | décembre 1977 | Philips | |||
André Previn | Orchestre symphonique de Londres | 1979 | EMI CDC7470012 | (BNF 38097963)
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Daniel Barenboim | Orchestre de Paris | 29 mai/5 juin 1981 | DG 2532058 | (BNF 38439565)
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Charles Dutoit | Orchestre symphonique de Montréal | mai 1988 | Decca | (BNF 4255024) | ||
Simon Rattle | Orchestre symphonique de Birmingham | février 1989 | EMI CDC7499472 | (BNF 38184168) | ||
Leonard Bernstein | Orchestre de l'Académie nationale Sainte-Cécile | juin 1989 | DG 4297282 | (BNF 38212043) | ||
Pierre Boulez | Orchestre de Cleveland | mars 1991 | DG 435 766-2[18] |
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Mikko Franck | Orchestre philharmonique de Radio France | 7 septembre 2006 | RCA | |||
Jun Märkl | Orchestre national de Lyon | janvier 2008 | Naxos 8.509002 | (OCLC 811642590) | ||
Emmanuel Krivine | Orchestre philharmonique du Luxembourg | février 2009 | Timpani 1C1165 | |||
Daniele Gatti | Orchestre national de France | 7 septembre 2011 | Sony | |||
Stéphane Denève | Orchestre national royal d'Écosse | 10-12 octobre 2011 | 2 SACD Chandos CHSA 5102 | |||
Jos van Immerseel | Orchestre Anima Eterna | concert, 9 février 2012 | Zig-Zag Territoires | |||
Michael Tilson Thomas | Orchestre symphonique de San Francisco | 22-25 mai 2014 | SFSMedia SFS 0069 | |||
Simon Rattle | Orchestre philharmonique de Berlin | concert, 20 mai 2015 | ||||
Emmanuel Krivine | Orchestre national de France | 27-30 octobre 2017 | Erato | (OCLC 1057752781) | ||
Emmanuel Krivine | Orchestre national de France | concert, 24 mars 2018 | Youtube | |||
Ransom Wilson | Texas Festival Orchestra | concert, 7 juillet 2018 | Youtube | |||
Mark Elder | Hallé Orchestra | 10-11 mai 2019 | Hallé HLL 7554 | (OCLC 1200739840) |
Enregistré dès 1930 Iberia figure au catalogue des disques de plusieurs chefs de l'époque : Piero Coppola (1930), Arturo Toscanini (1950)[19], Fritz Reiner (1941, 1945 et 1957), puis Paul Paray (décembre 1955, Mercury)[20] ; au contraire d'Inghelbrecht qui enregistre Gigues et Rondes De Printemps (1959) pour EMI, avec l'Orchestre national. Jean Fournet livre Iberia en 1965, avec la Philharmonie Tchèque[21] et Celibidache en 1992, à Munich (EMI)[22], en avril 1980 avec le LSO, en mai 1994 de nouveau à Munich (DVD Ideale Audience) et avec la SWR de Stuttgart (Les Enregistrements de Stuttgart, volume IV DG)[23]. Charles Munch a aussi enregistré en concert la seule Iberia avec l'Orchestre national en 1962 (Music & Arts et une autre prise de la même année, publiée chez Montaigne) et 1968 (Guilde Internationale du Disque / Accord / coll. « via classique » FNAC classique)[24].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) Robert Orledge, « Debussy's Musical Gifts to Emma Bardac », The Musical Quarterly, vol. LX, no 4, , p. 544–556 (DOI 10.1093/mq/LX.4.544, lire en ligne, consulté le ).
- Lesure 2003, p. 540.
- Lesure 2003, p. 541.
- Lesure 2003, p. 542.
- (en) Williametta Spencer, « The Relationship between André Caplet and Claude Debussy », The Musical Quarterly, vol. LXVI, no 1, , p. 112–131 (DOI 10.1093/mq/LXVI.1.112, lire en ligne, consulté le )
- (en) Peter J. Pirie, « Portrait of Debussy. 5: Debussy and English Music », The Musical Times, The Musical Times, Vol. 108, No. 1493, vol. 108, no 1493, , p. 599–601 (DOI 10.2307/953799, lire en ligne, consulté le )
- (en) Robert Orledge, « Debussy's Orchestral Collaborations, 1911-13. 1: Le martyre de Saint-Sébastien », The Musical Times, The Musical Times, Vol. 115, No. 1582, vol. 115, no 1582, , p. 1030–1033, 1035 (DOI 10.2307/960380, lire en ligne, consulté le )
- (en) Robert Orledge, « Reviews of Books: Claude Debussy: biographie critique par François Lesure », Music & Letters, vol. 77, no 1, , p. 132–133 (lire en ligne, consulté le )
- (en) Richard Langham Smith, « Debussy and the Art of the Cinema », Music & Letters, no 54 (1), , p. 61-70 (lire en ligne).
- Paul Driver, « Debussy through His Letters », The Musical Times, 128 (1738), décembre 1987, p. 687-689.
- (en) Matthew Brown, « Tonality and Form in Debussy's Prélude à 'L'Après-midi d'un faune », Music Theory Spectrum, vol. 15, no 2, , p. 127–143 (DOI 10.1525/mts.1993.15.2.02a00010, lire en ligne, consulté le )
- (en) Matthew; Dempster, Douglas; and Headlam, Dave Brown, Douglas Dempster et Dave Headlam, « The ♯IV(♭V) Hypothesis: Testing the Limits of Schenker's Theory of Tonality », Music Theory Spectrum, vol. 19, no 2, , p. 155–183 (DOI 10.1525/mts.1997.19.2.02a00020, lire en ligne, consulté le )
- (en) Christophe Howell, « Claude Debussy : La Mer, Images… », sur musicweb-international.com, .
- Diapason, Dictionnaire des disques et des compacts : guide critique de la musique classique enregistrée, Paris, Laffont, coll. « Bouquins », , 3e éd., xiv-1076 (OCLC 868546991, BNF 34951983), p. 293.
- (en) Christophe Howell, « Claude Debussy : Prélude à l'après-midi d'un faune, Nocturnes, Images », sur musicweb-international.com, : « En 1963, Monteux avait 88 ans […] tout le monde l'aimait tellement qu'on ne remarquait pas qu'il n'était pas toujours capable de capter la verve et la tension qui lui avait rarement fait défaut pendant la plus grande partie de sa carrière. Les Images en sont un bon exemple. L'orchestre joue magnifiquement mais la musique fait souvent long feu ».
- Lors d'une de ses rééditions ce disque a été distingué d'un « 10 » par Laurent Barthel dans le magazine Répertoire no 19.
- Diapason 1988, p. 294.
- Lors d'une de sa sortie ce disque a été distingué d'un « 10 » par Laurent Barthel dans le magazine Répertoire no 53.
- « L'enregistrement mono d’Iberia par Arturo Toscanini est étonnant à plus d'un titre. D'abord, par le caractère résolument « moderne » d'une interprétation qui ne sacrifie jamais au prétendu « impressionnisme » de Debussy, mais fait, au contraire, ressortir les audaces d'écriture et de l'orchestration. Ensuite, par la lumière que Toscanini projette sur ce triptyque, dont le dernier volet […] est particulièrement éblouissant[17]. »
- Lors d'une de ses rééditions ce disque a été distingué d'un « 8 » par Laurent Barthel dans le magazine Répertoire no 75 : « La Mer et Iberia furent les tout premiers enregistrements effectués par Mercury à Detroit. D'un strict point de vue technique, ils sont déjà impressionnants ». Le magazine Diapason no 412 lui ayant délivré un « 5 » et Le Monde de la musique, un « Choc »…
- (OCLC 1000302935)
- (en) Christophe Howell, « Claude Debussy : La Mer, Iberia », sur musicweb-international.com, : « De toute évidence, le problème est le mouvement central. Les Parfums de la nuit entrent et sortent avec une atmosphère considérable et pendant la majeure partie de la distance, une douce cadence est maintenue. Mais le temps, comme l'élastique, ne s'étirera que jusqu'à présent sans se rompre et il y a des moments où la musique frôle dangereusement l'immobilité. […] Les performances antérieures [et intégrale] semblent préférables [1969 à la RAI de Turin] ».
- (en) Ian Dentelle, « Claude Debussy : La Mer, Iberia », sur musicweb-international.com,
- Lors de sa réédition le disque a été distingué d'un « 9 » par Jean-Marie Brohm dans le magazine Répertoire no 64 : « Iberia est magnifique de force et d'imagination rythmique (un festival pour les instruments percussifs ), de poésie nocturne, jamais alanguie, toujours frémissante d'inquiétude, de feria dans l'éclatante clarté : Munch burine la chair de son orchestre en faisant sourdre l'irrépressible mouvement interne. » ; et distingué de « 5 » diapasons par Stéphane Roch dans le magazine Diapason no 400 « Une traduction debussyste hautement attachante et originale ».
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Antoine Goléa, Claude Debussy, Paris, Seghers, coll. « Musiciens de tous les temps », , 190 p. (OCLC 489771383), p. 128–130.
- François Lesure, Claude Debussy : biographie critique, Paris, Fayard, , 614 p. (ISBN 2-213-61619-1).
- Edward Lockspeiser (biographie) et Harry Halbreich (analyse de l'œuvre) (trad. de l'anglais par Léo Dilé, biographie), Claude Debussy, Paris, Fayard, coll. « Bibliothèque des grands musiciens », (1re éd. 1962 (Lockspeiser)), 823 p. — biographie : 7-529 et œuvre : 533-748 (OCLC 730042487, BNF 34675767), p. 687–699.
- François-René Tranchefort (dir.), Guide de la musique symphonique, Paris, Fayard, coll. « Les Indispensables de la musique », , 896 p. (OCLC 757032780), p. 205.
Liens externes
[modifier | modifier le code]- Charlotte Landru-Chandès, « Tout savoir sur Les Images pour orchestre de Debussy », sur France Musique, .
- Interprétation filmée des Images pour orchestre par l'Orchestre philharmonique de Radio France, John Eliot Gardiner (dir.), en ligne sur France Musique.
- Ressources relatives à la musique :
- (en) Claude Achille Debussy – Ibéria: Images for Orchestra, No. 2 [article d'auteur inconnu datant de 1935].