Scène héroïque
La Révolution grecque
Scène héroïque (La Révolution grecque) H21 | |
Page de titre d'une partition manuscrite. | |
Genre | Cantate |
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Musique | Hector Berlioz |
Texte | Humbert Ferrand |
Langue originale | Français |
Effectif | Duo de basses, chœur et grand orchestre |
Durée approximative | 22 min |
Dates de composition | 1825-1826 |
Création | Salle du Conservatoire, Paris Royaume de France (Seconde Restauration) |
Interprètes | Nathan Bloc (dir.) |
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La Scène héroïque (La Révolution grecque) est une cantate composée par Hector Berlioz, en 1825 et 1826, pour duo de basses, chœur et orchestre. La création a lieu le dans la salle du Conservatoire. Il s'agit de l'une des plus anciennes partitions conservées de Berlioz, avec la Messe solennelle exactement contemporaine.
Composition
[modifier | modifier le code]Hector Berlioz entreprend de composer cette cantate[1] en 1825[2]. Rabroué par Kreutzer[3], « inaccessible » à l'admiration témoignée par le jeune musicien[4], Berlioz demande à son ami Humbert Ferrand d'écrire le poème[5] : sujet d'actualité[6], la révolution grecque « occupait alors tous les esprits[7] ».
Création
[modifier | modifier le code]Grâce au soutien de son maître Lesueur[8], la première audition publique de la Scène héroïque a lieu le dans la salle du Conservatoire, concert auquel Lesueur et Reicha assistent, ainsi que Hérold, Auber et Habeneck[9]. Berlioz présente au même concert les ouvertures de Waverley et des Francs-juges, ainsi que la cantate « La Mort d'Orphée, déclarée inexécutable par le jury de l'Institut[10] » remplacée à la dernière minute par le Resurrexit de la Messe solennelle[9].
Le compositeur avait dû réaliser les copies de toutes les parties d’orchestre[11]. L'exécution de sa cantate fut gâchée, par la faute du chef d'orchestre Nathan Bloc qui, « en prenant un mauvais tempo pour le motif de trombone », imposa « au concert une conclusion passablement terne[12] ».
Kreutzer et Le Sueur se querellent encore au sujet de Berlioz, qui rapporte leurs propos dans ses Mémoires : « Poussé à bout par mon maître, il finit par lui répondre sans déguiser sa mauvaise humeur. « Eh ! pardieu ! que deviendrions-nous si nous aidions ainsi les jeunes gens ?… » Il eut au moins de la franchise[13] ».
Berlioz réalise une seconde version, intitulée Le Triomphe de Napoléon, pour chœur d'hommes et orchestre d'harmonie en juillet 1833[14], seule partition pour orchestre d'harmonie avec la Symphonie funèbre et triomphale[15]. Les exécutions, prévues pour le 28 juillet place Vendôme et pour le 9 août à l'Opéra, seront annulées malgré une répétition par Habeneck le 22 juillet[14].
Présentation
[modifier | modifier le code]La Scène héroïque est référencée H21 dans le catalogue des œuvres de Berlioz établi par le musicologue américain Dallas Kern Holoman[2].
La partition est en quatre parties[16] :
- Prélude — Allegretto impetuoso ( = 80) en la majeur, à deux temps (noté ), récitatif et air du héros grec ;
- Allegro assai animato ( = 112 en ré majeur, scène avec le prêtre et les soldats ;
- Prière — Larghetto ( = 96) en sol majeur, à
; - Finale — Allegro non troppo ( = 80) en ut majeur à quatre temps (noté )
L'œuvre réclame un chœur mixte à neuf parties (SSATTTBBB) et un grand orchestre : 4 flûtes, 4 hautbois, 4 clarinettes en Ut et 4 bassons, pour les pupitres des vents, 4 cors, 2 trompettes, 3 trombones et tuba, pour les pupitres de cuivres. La percussion ajoute 2 harpes, les cymbales, la grosse caisse et le tam-tam aux timbales. Le quintette à cordes classique est constitué des premiers violons, seconds violons, altos, violoncelles et contrebasses.
Analyse
[modifier | modifier le code]Pierre Citron présente le jeune compositeur ainsi : « Révolte, liberté, ces idées apparaissent à de nombreuses reprises dans l'œuvre de Berlioz ; elles éclatent ou affleurent donc souvent dans ses Mémoires. Dès 1826, La Révolution grecque, « scène héroïque à grands chœurs et à grand orchestre », est un hommage aux combattants d'une guerre de libération. En 1827 et 1828, il commence à écrire son opéra des Francs-juges, où éclate la lutte contre la tyrannie [17] ».
Berlioz ne connaissait pas encore l'œuvre de Beethoven[18], et « la marque de Lesueur et Spontini est sensible dans cette vigoureuse œuvre de jeunesse[19] ». La Messe solennelle et la Scène héroïque sont « les plus anciennes compositions complètes qui survivent[20] » et le meilleur témoignage musical des « années de formation » de Berlioz[21].
Discographie
[modifier | modifier le code]- Gérard Garino (ténor), Lieuxe Visser et Ruud van der Meer (basses), Dutch Radio Choir & Radio Symphony Orchestra, dirigés par Jean Fournet (1988, Denon CO-72886) avec La Mort d'Orphée, Le Cinq mai et L'Impériale — concert public du .Pierre-René Serna signale cet enregistrement réunissant des « pièces rares et magnifiques, remarquablement restituées[22] ».
- Hector Berlioz : The Complete Works (27 CD, Warner Classics 0190295614447, 2019)
- Scène héroïque (H 21A) par Nicolas Rivenq (baryton), Laurent Naouri (basse), le chœur Les Éléments, l'Orchestre national du Capitole de Toulouse et Michel Plasson (dir.), CD 6
Bibliographie
[modifier | modifier le code]Biographie
[modifier | modifier le code]- Hector Berlioz, Mémoires, Paris, Flammarion, coll. « Harmoniques », (ISBN 978-2-7000-2102-8) présentés et annotés par Pierre Citron,
- David Cairns (trad. de l'anglais), Hector Berlioz. La formation d'un artiste (1803-1832), Paris, Fayard, , 710 p. (ISBN 2-213-61249-8), traduit par Dennis Collins,
- Pierre Citron, Cahiers Berlioz no 4, Calendrier Berlioz, La Côte-Saint-André, Musée Hector-Berlioz, (ISSN 0243-3559).
Monographies
[modifier | modifier le code]- Pierre-René Serna, Berlioz de B à Z, Paris, Van de Velde, , 264 p. (ISBN 2-85868-379-4)
Articles et analyses
[modifier | modifier le code]Notes discographiques
[modifier | modifier le code]- (fr + en) Satsuki Inoue (trad. Didier Boyet), « Berlioz, Œuvres vocales profanes », p. 3–10, utrecht, Denon (CO-72886), 1988 .
Références
[modifier | modifier le code]- Serna 2006, p. 149.
- Serna 2006, p. 46.
- Cairns 2002, p. 172.
- Cairns 2002, p. 173.
- Cairns 2002, p. 175.
- Cairns 2002, p. 218.
- Citron 1991, p. 81.
- Cairns 2002, p. 220.
- Citron 2000, p. 16.
- Citron 1991, p. 116.
- Cairns 2002, p. 297.
- Cairns 2002, p. 315.
- Citron 1991, p. 82.
- Citron 2000, p. 36.
- Serna 2006, p. 197.
- Inoue 1988, p. 3.
- Citron 1991, p. 20.
- Cairns 2002, p. 267.
- Serna 2006, p. 47.
- Cairns 2002, p. 174.
- Serna 2006, p. 98.
- Serna 2006, p. 68.
Liens externes
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- Ressources relatives à la musique :